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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 26 janvier 2022, le Comité se réunit pour une étude de projet de rapport concernant les minéraux critiques. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021. Les membres du Comité peuvent participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
Je veux d'abord remercier tous les témoins qui se joignent à nous. Nous leur sommes reconnaissants de prendre de leur temps précieux pour nous parler aujourd'hui.
Nous recevons M. Jeff Dahn, professeur à l'Université Dalhousie; M. Benoît La Salle, président-directeur général de l'entreprise Aya Gold and Silver; Mme Meredith Lilly, professeure agrégée à la Norman Paterson School of International Affairs, de l'Université Carleton; M. Pierre Gratton, président et chef de la direction de l'Association minière du Canada; M. Brendan Marshall, vice-président, Affaires économiques et du Nord, aussi de l'Association minière du Canada; et Mme Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec.
Chaque témoin aura cinq minutes pour faire sa présentation. Pour le bon déroulement du Comité, je vous avise que, quand je présenterai un carton jaune, cela veut dire qu'il reste une minute, et, quand je montrerai un carton rouge, cela veut dire que le temps de parole est écoulé. Cela s'applique aux allocutions d'ouverture et aux tours de questions.
Sans plus tarder, nous passons la parole à M. Dahn, professeur à l'Université Dalhousie.
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Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner.
Je suis professeur au Département de physique de l'Université Dalhousie. Je suis également conseiller scientifique en chef de Novonix, située à Bedford, en Nouvelle-Écosse. Mon groupe de recherche, qui compte environ 30 personnes, est financé par Tesla et le CRSNG depuis 2016 dans le cadre des programmes de partenariats de recherche du CRSNG, financement qui sera maintenu au moins jusqu'en 2026.
Je fais des recherches sur le lithium et les batteries au lithium-ion depuis 1978. De 1985 à 1990, j'ai travaillé chez Moli Energy Ltd, à Maple Ridge, en Colombie-Britannique, où nous avons commercialisé la première pile au lithium rechargeable au monde. Nous avons aussi mis au point une technologie au lithium-ion qui a été commercialisée en 1994. Je suis un spécialiste en chimie des batteries au lithium-ion. Mes recherches portent principalement sur l'augmentation de la densité énergétique, la prolongation de la durée de vie et la diminution des coûts des batteries au lithium-ion.
Le Canada a une énorme capacité de recherche dans le domaine des accumulateurs perfectionnés. Il y a des programmes de calibre mondial aux universités Dalhousie, Waterloo et Western, au CNRC, au Centre canadien de rayonnement synchrotron, à Hydro-Québec, etc. Comme dans d'autres secteurs, le Canada manque de capacité de fabrication.
Fabriquer une batterie au lithium-ion, ce n'est pas comme faire des toasts. Pour les rôties, on met le pain dans le grille-pain, on appuie sur le bouton et, 90 secondes plus tard, les rôties sont prêtes. Les batteries au lithium-ion sont fabriquées à l'aide d'une série de machines de précision: enrobeuses d'électrodes, découpeuses d'électrodes, enrouleurs ou machines d'empilement d'électrodes de cellule, machines de remplissage d'électrolyte, machines d'assemblage de cellules, etc. L'utilisation de ces machines exige un savoir-faire et une expertise considérables, étant donné les spécifications.
Au Canada, deux entreprises ont le savoir-faire requis et fabriquent donc des batteries au lithium-ion: Electrovaya, à Mississauga, et E‑One Moli Energy Canada, en Colombie-Britannique. Ces entreprises relativement petites sont reconnues pour la fabrication de batteries au lithium-ion d'excellente qualité qui ne sont fabriquées nulle part ailleurs au Canada. Electrovaya fournit des batteries pour chariots élévateurs à des fabricants, notamment Toyota. E‑One Moli fournit des batteries à Dyson, pour les aspirateurs portables, et à d'autres entreprises. Ces deux sociétés ont fait des demandes dans le cadre du Fonds d’investissement stratégique afin d'étendre leurs activités de fabrication au Canada. Les demandes d'Electrovaya ont été rejetées, et l'État de New York mène maintenant une campagne de séduction pour inciter l'entreprise à s'y établir dans le cadre de son expansion. La demande de la société E‑One Moli pourrait être retenue, semble‑t‑il, mais ce processus a commencé en 2019. C'est beaucoup trop long. Ces entreprises devraient être encouragées plutôt que découragées, et même être poussées par le gouvernement fédéral à élargir leurs activités au Canada.
Passons maintenant aux matériaux pour batteries au lithium-ion et à la chaîne d'approvisionnement nord-américaine. Novonix a ouvert à Chattanooga, au Tennessee, une usine de fabrication de graphite synthétique dont la production devrait s'élever à 40 000 tonnes de graphite par année d'ici 2025. L'usine est alimentée en énergie nucléaire et hydroélectrique peu coûteuse par la Tennessee Valley Authority. En principe, Novonix aurait pu s'établir au Québec en raison de l'accès à de l'hydroélectricité propre, mais les mesures incitatives du gouvernement du Tennessee étaient très attrayantes. Les gouvernements doivent comprendre qu'il faut rivaliser pour attirer les entreprises à un endroit précis.
Le Canada a diverses ressources nécessaires à la fabrication de batteries au lithium-ion: lithium, nickel, cobalt, fer, phosphore, manganèse, cuivre, aluminium et graphite naturel. Toutefois, le traitement du lithium et du graphite, de l'extraction à une forme convenant à la production de matériaux de batterie, n'a rien de simple. De même, synthétiser à grande échelle et à faibles coûts des matériaux actifs cathodiques à partir de métaux ou de composés métalliques exige une expertise qu'on ne trouve pas partout au Canada.
Le soutien du gouvernement sera nécessaire pour attirer des partenaires possédant le savoir-faire, le capital et l'expérience nécessaires pour mettre en valeur ces ressources en produisant des matériaux de batterie à valeur ajoutée au Canada. Le choix des partenaires et la structure des ententes qui seront conclues pour les attirer nécessiteront une approche très réfléchie.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
Je m'appelle Benoît La Salle. Je suis le fondateur et le propriétaire de plusieurs entreprises dans le secteur minier.
Nous exerçons nos activités à l'échelle internationale dans le domaine des métaux nécessaires à la fabrication des batteries, soit le nickel, le cuivre, le cobalt et le graphite. Le seul projet qui nous manque, c'est celui lié au lithium. Nous devons faire quotidiennement face à la réalité de la course à l'appropriation des métaux liés aux batteries.
M. Dahn vient de présenter la technologie et le savoir-faire nécessaires à la fabrication des batteries. Le Canada est un chef de file dans ce domaine, mais, pour des raisons que je ne comprends pas, on n'a pas assuré la protection des intrants dans le processus. Nous l'avons vu dernièrement en ce qui a trait au lithium, alors que le Québec a vendu ses projets de lithium à des Australiens. Nous l'avons vu encore récemment en Ontario avec le projet de Noront Resources, qui devait être acheté par BHP, mais qui est sur le point d'être vendu à des Australiens. Nous vivons cette situation au quotidien. Nous exploitons l'un des plus grands gisements de graphite naturel du monde, qui est situé en Guinée. Nous sommes sollicités quotidiennement par des entreprises étrangères.
M. Dahn a dit qu'il fallait appuyer les sociétés dans le domaine de la transformation, et il a tout à fait raison. Nous sommes actuellement sollicités par la Hollande, la France, la Belgique et la Norvège pour aller y installer des unités de transformation de graphite naturel, notre matière première.
C'est la même chose pour le nickel. Nous exploitons un grand gisement de sulfures de massifs riches en nickel, ce qui est très rare. Nous en avons ici, au Canada, dont le très beau gisement situé à la baie de Voisey, qui a été découvert dans les années 1990. Il a été vendu il y a plusieurs années à l'entreprise brésilienne Vale.
À l'heure actuelle, je constate qu'il y a une demande pour tous les métaux nécessaires à l'électrification des transports. Cette demande touche aussi beaucoup d'autres domaines, notamment les communications, la technologie 5G et l'informatique. Tous ces métaux se trouvent dans les batteries, ce qui touche l'électrification des transports, les domaines de l'aéronautique, des communications et de la défense. Nous sommes très sollicités.
Comme je vous l'ai mentionné, nous avons un gisement important de sulfures de massifs riches en nickel, en cuivre et en cobalt, lequel est situé en Côte d'Ivoire, ce qui représente une grande découverte.
Savez-vous qui viendra nous visiter la semaine prochaine sur le site? C'est une équipe chinoise. Quand les représentants de cette équipe ont vu nos résultats, ils nous ont tout de suite appelés pour manifester leur intérêt. Ils comptent venir nous voir, ils veulent nous soutenir et nous financer.
Notre groupe est composé de sociétés canadiennes basées à Montréal. Nous exploitons nos ressources partout dans le monde, mais, la réalité, c'est qu'une véritable course aux métaux se dessine tous les jours.
Lorsque nous nous sommes vus il y a huit mois, je vous disais que nous allions perdre le contrôle du lithium. Savez-vous à combien s'élève le prix du carbonate de lithium depuis que nous nous sommes parlé? Saviez-vous que le cours du carbonate de lithium, depuis les 14 derniers mois, a augmenté de 743 %? Ce que le Québec a vendu à des Australiens pour 80 millions de dollars vaut 1,2 milliard de dollars aujourd'hui. Le prix de l'hydroxyde de lithium a monté de 504 %, celui du cobalt de 100 % et celui du sulfate de nickel de 59 %.
La prochaine ressource qui va exploser, c'est le graphite. Nous en avons au Canada, en Ontario et au Québec. Nous avons un énorme gisement à Conakry, en Guinée. Des gens nous appellent pour créer des associations, parce que, la réalité, c'est que nous avons beau avoir la technologie, nous avons beau dire que nous savons comment fabriquer des batteries, si l'usine n'a pas d'intrants, nous ne ferons pas cela avec de l'eau, avec de l'air et avec du sable. Il faut du nickel pour produire des cathodes et du graphite naturel pour produire des anodes.
Il y aura une guerre pour les intrants. Les Chinois, les Australiens, les Européens se positionnent et, nous, nous les aidons. Nous leur vendons nos ressources naturelles. C'est ce que nous sommes en train de faire. J'ai les ressources, alors je vais travailler avec ceux qui veulent travailler avec nous, mais c'est inacceptable, ce qui a été fait dans le cas du lithium. Je l'ai dit ouvertement, je l'ai dit dans les journaux, mais on a quand même fait des transactions et on a vendu nos projets.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui pour discuter avec les membres du Comité. J'ai lu les précédents témoignages devant le Comité. Je sais donc que les membres du Comité sont bien au fait de l'importance des minéraux critiques pour le XXIe siècle et pour la transition vers une économie verte.
Les séances précédentes du Comité ont surtout porté sur la vente de Neo Lithium à une société d'État chinoise sans examen complet relatif à la sécurité nationale. Je sais que vous avez abondamment entendu parler de ce processus.
En vertu des lignes directrices améliorées sur l'examen des transactions liées aux minéraux critiques, le gouvernement a jugé qu'il n'y avait aucun risque de préjudice pour la sécurité nationale pouvant justifier un examen complet relatif à la sécurité nationale, et ce, même s'il s'agissait de la vente, au prix d'un milliard de dollars, d'une entreprise canadienne du secteur des minéraux critiques à une entreprise d'État chinoise.
À mon avis, ces trois simples facteurs — la valeur de la vente, la sensibilité du secteur et l'implication d'une entreprise d'État — auraient dû déclencher automatiquement la tenue d'un examen complet relatif à la sécurité nationale. Étant donné que cela n'a pas été le cas, et pour traiter du mandat élargi du Comité, j'aimerais me concentrer sur les façons dont le Canada peut utiliser le processus d'examen relatif à la sécurité nationale à meilleur escient afin de protéger les intérêts du Canada dans le secteur des minéraux critiques à l'avenir.
Premièrement, on a fait valoir, dans de nombreux témoignages devant le Comité, que les autorités canadiennes se concentrent sur le renforcement de la capacité du Canada dans le secteur en matière de minéraux critiques, en particulier les mines et les installations de traitement au Canada. Je pense que c'est essentiel. J'ai examiné les meilleures façons dont le Canada peut se positionner sur le plan géopolitique. Cependant, alors que le Canada cherche à mettre en place une chaîne d'approvisionnement nationale, il est aussi profondément investi sur la scène internationale. Nous sommes une nation commerçante, après tout. Nous devons absolument comprendre la chaîne d'approvisionnement mondiale, savoir quels pays la contrôlent et connaître la nature de leurs relations avec le Canada et ses alliés.
En outre, nous devons nous préoccuper de la vente de sociétés minières canadiennes, même lorsque les mines se trouvent à l'extérieur du pays. Mes recherches ont porté sur la relation entre la viabilité des activités d'extraction de minéraux critiques au Canada comparativement aux activités d'extraction à l'étranger. Plus de la moitié de l'approvisionnement mondial en cobalt provient du Congo où il est extrait, dans bien des cas, par des enfants réduits à l’esclavage, dans des mines appartenant à des sociétés chinoises ou contrôlées par elles. Le Canada a lui-même d'importantes réserves de cobalt, comme vous venez de l'entendre, mais on considère souvent que les activités d'extraction ne seraient pas rentables, au Canada, notamment en raison de nos coûts de main-d'œuvre relativement élevés, de nos normes environnementales et de nos processus réglementaires. Toutefois, alors que les États-Unis et l'Europe se préoccupent davantage des répercussions d'une dépendance à l'égard de la Chine sur la sécurité nationale et prennent conscience des piètres valeurs véhiculées par rapport à la main-d'œuvre et à l'environnement dans les chaînes d'approvisionnement étrangères actuelles, le Canada peut devenir un concurrent puissant justement parce qu'il a des normes élevées.
Deuxièmement, j’aimerais souligner que même si le Canada doit chercher à développer sa propre capacité de production de minéraux critiques, il n'est pas dans l'intérêt de la communauté internationale que les chaînes d'approvisionnement mondiales soient dominées par un seul pays, encore moins par la Chine. Entre 2010 et 2012, la Chine s'est servie de son monopole sur les principaux minéraux critiques pour réduire l'offre mondiale et augmenter les prix. Heureusement, les États-Unis, le Canada et d'autres pays ont obtenu gain de cause devant l'OMC à cet égard, mais je vous déconseille de compter sur une telle stratégie à l'avenir.
La crise qui secoue actuellement la chaîne d'approvisionnement mondiale nous a appris qu'une autonomie et une diversification accrues sont essentielles à la résilience de la chaîne d'approvisionnement. Les pays qui n'ont pas la chance d'avoir des minéraux critiques en abondance comme le Canada, par exemple les pays européens, dépendent tout autant de ces minéraux pour la transition écologique. Les événements actuels à la frontière de la Russie et de l'Ukraine démontrent pourquoi la question des chaînes d'approvisionnement résilientes protégées contre la militarisation par un ou deux pays autoritaires est un enjeu de sécurité nationale pour l'Europe.
En conclusion, je dirais que le Canada peut jouer un rôle important dans une stratégie mondiale sur les minéraux critiques, à la fois par l'établissement de mines au Canada et par l'application plus stratégique de notre processus d'examen de la sécurité nationale, dans le cadre duquel nous consultons officiellement nos alliés au sujet d'importantes transactions dans le secteur, même s'il est question de mines situées à l'extérieur du pays ou de mines qui extraient des minéraux qui ne sont pas considérés comme revêtant un intérêt immédiat pour les entreprises canadiennes. Pour que le Canada puisse jouer ce rôle de chef de file mondial, son processus d'examen de la sécurité nationale devrait refléter une approche plus nuancée et stratégique capable de s'adapter à l'évolution du contexte géopolitique international au lieu d'être axée sur des transactions individuelles et sur les intérêts immédiats du Canada.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions du Comité.
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Monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Trevor Walker. Je suis président et directeur général de Frontier Lithium, une société canadienne établie à Sudbury. Nous avons un projet minier en phase de préproduction et nous visons à devenir un fabricant de lithium de qualité pour les batteries pour appuyer les chaînes d'approvisionnement pour véhicules et batteries en Amérique du Nord.
Nous développons le projet PAK lithium, qui se situe sur le territoire de la nation des Oji-Cris visé par le Traité no 5, dans le nord-ouest de l'Ontario. La ressource a d'abord été découverte à la fin des années 1990 par le gouvernement de l'Ontario, par l'intermédiaire de la CGO. Personnellement, je travaille à l'avancement du projet depuis le début de 2010.
Je suis appuyé par une équipe de direction et un conseil d'administration formés de Canadiens solides conscients de l'importance de bâtir une entreprise solide dans le nord de l'Ontario afin d'alimenter des chaînes d'approvisionnement au bénéfice des Canadiens, y compris les Autochtones. Il convient de souligner qu'un membre d'une collectivité oji-crie située à proximité de notre projet fait partie de notre conseil d'administration.
Pour vous donner une idée de notre taille actuelle, on indique dans notre récente évaluation économique préliminaire, publiée en 2021, que la durée de vie de la mine est de 26 ans, c'est‑à‑dire qu'elle contient suffisamment de produits chimiques à base de lithium pour soutenir la production de 500 000 véhicules électriques par année, environ, pour une valeur actualisée nette, ou VAN, s'élevant à 1,25 milliard de dollars après impôt. Nous développons notre ressource, et nous venons de commencer l'étude de préfaisabilité du projet. Elle sera publiée en 2022.
Le projet PAK est une source de lithium de niveau 1 d’envergure mondiale, ici en Amérique du Nord, parmi les trois meilleures au monde sur le plan de la qualité. Cela a suscité un intérêt sur la scène internationale. Plus important encore, peut-être, cette ressource est la clé pour attirer des producteurs de cathodes et de batteries au Canada et permettra d'appuyer la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques à batterie des deux côtés de la frontière. Il s'agit, par définition, d'une ressource stratégique pour le Canada.
Il est important de reconnaître que nous avons eu la chance, durant la mise en œuvre de notre projet, de recevoir du financement de programmes gouvernementaux de fonds d'innovation, notamment le Programme pour l’investissement dans le Nord de l'Ontario, pour appuyer le volet de nos activités prévues lié au traitement de produits chimiques.
Je crois savoir que le Comité permanent de l'industrie et de la technologie a produit l'an dernier un rapport exhaustif sur le développement de chaînes d'approvisionnement pour les minéraux critiques. J'espère que l'expérience que j'ai acquise pour mener le projet PAK lithium à l'étape de la production vous aidera au moins à progresser dans vos travaux en cours, afin d'améliorer la réponse du Canada dans ce dossier d'une importance capitale.
Le Canada a la chance d'avoir des minéraux critiques en abondance. Le pays est bien placé pour devenir un chef de file mondial dans le domaine des technologies vertes. Toutefois, pour tirer parti de notre avantage concurrentiel sur l'échiquier mondial, nous devons répondre à la question suivante: comment pouvons-nous exploiter nos avantages et surmonter une multitude d'enjeux nationaux et de complexités opérationnelles, qui plus est dans un délai dicté par le marché, tout en protégeant la valeur pour les actionnaires et les intérêts stratégiques des Canadiens en général?
Pour y arriver, nous devons avoir une compréhension de nos avantages, faire preuve d'honnêteté quant aux défis auxquels nous sommes confrontés, comprendre les marchés dans lesquels nous évoluons, réviser notre plan au besoin et accélérer sa mise en œuvre.
Compte tenu du temps qui m'est imparti, je vais examiner la question et présenter ce que je considère comme des solutions possibles.
Voici les avantages du Canada selon moi: l'abondance des ressources naturelles, notamment les minéraux, l'eau, l'énergie et l'énergie renouvelable; les minéraux critiques comme le lithium, dont dépendent les chaînes d'approvisionnement des batteries; la proximité des utilisateurs finaux et des marchés de la chaîne d'approvisionnement, comme le secteur de la construction automobile en Ontario et au Michigan et le marché nord-américain; les secteurs financiers et les ressources matures; une main-d'œuvre qualifiée; les coûts relativement faibles des intrants de l'activité minière, comme les terres, l'électricité et l'eau; la primauté du droit; la volonté politique; les Autochtones ayant le sens des affaires; l'esprit d'entreprise; la détermination.
Quant aux complexités, il y a selon moi le fait que les gisements de minéraux critiques sont souvent en régions éloignées, loin des infrastructures, et que nous dépendons maintenant de l'industrie pour la mise en œuvre, la conception et le financement des projets d'exploitation. En outre, bien qu'ils relèvent principalement de la compétence provinciale, la mise en valeur des mines et le traitement du minerai peuvent être réglementés par les autorités fédérales et municipales, et exigent des relations solides avec les Autochtones et l'apport des peuples autochtones. C'est très complexe.
À cause de leur complexité et de l'absence d'échéanciers, nos régimes réglementaires nous privent de l'avantage d'être les premiers sur le marché et compromettent notre capacité de devenir des chefs de file, voire des joueurs. Il est impossible de savoir à quel moment seront délivrés les permis nécessaires à l'aménagement d'une mine et de l'infrastructure et à la sélection et la construction d'usines de traitement chimique, ce qui constitue un obstacle et peut affaiblir financièrement les promoteurs miniers, ainsi que les exposer au risque d'être rachetés par des entités plus importantes, souvent de propriété étrangère. C'est ce à quoi nous sommes confrontés actuellement.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Pierre Gratton et je suis le président de l'Association minière du Canada, comme vous l'avez dit. Je suis accompagné de mon collègue, M. Brendan Marshall, qui est vice‑président aux Affaires économiques.
[Traduction]
Pour mieux cerner la question, il importe de faire la distinction entre les deux catégories générales de minéraux critiques qui sont au cœur du lien entre la sécurité et la durabilité de la chaîne d'approvisionnement: les éléments des terres rares et les matériaux liés à l'énergie propre. Les matériaux des deux catégories figurent sur la liste des minéraux critiques du Canada, mais les mesures stratégiques requises diffèrent.
Le nickel, le cobalt, le lithium, le manganèse et le graphite sont actuellement les minéraux de batterie les plus répandus. Le Canada possède tous ces matériaux, certains à l'échelle de production et d'autres en cours de développement. Dans le cas du nickel, nous disposons d'une capacité de premier ordre en amont et en aval pour l'extraction, la fusion et le raffinage du nickel. Notre nickel se classe au deuxième rang mondial pour sa faible intensité de carbone. Des volumes relativement importants de cobalt à faible teneur en carbone sont également produits au Canada. Le manganèse et le graphite sont produits en plus petits volumes, tandis que les projets avancés de manganèse, de graphite et de lithium en sont tous à divers stades de développement.
Toutefois, posséder les minéraux et les métaux nécessaires à la production de batteries n'équivaut pas à posséder la capacité de produire des matériaux à valeur ajoutée de qualité batterie. Le Canada ne produit pas encore de nickel, de cobalt, de graphite ou de lithium de qualité batterie. Toute sa production actuelle est destinée à d'autres usages.
Notre succès dépend de politiques gouvernementales qui renforcent la géoscience publique ciblée, qui augmentent les incitatifs à l'exploration des minéraux critiques permettant de trouver de nouvelles mines, qui réduisent les goulots d'étranglement dans le processus d'approbation réglementaire et qui encouragent la production de matériaux à valeur ajoutée pour les batteries, et ce, pour l'ensemble de la chaîne de valeur. Nous devons également éviter les conséquences non souhaitées des politiques, comme les mesures de lutte contre les changements climatiques qui mettent en péril les actuelles et futures mines hors réseau du Canada, alors que ces mêmes mines alimentent des fonderies et des raffineries de classe mondiale reliées au réseau qui exportent les métaux dont la teneur en carbone est la plus faible au monde.
Outre les minéraux de batterie, un récent rapport de McKinsey sur les minéraux critiques et les technologies propres a relevé 17 matériaux, notamment l'uranium — dont le Canada est le deuxième plus grand producteur et sans lequel il est impossible d'atteindre la carboneutralité —, le cuivre, le zinc et l'acier, le charbon à coke et le minerai de fer, et beaucoup de ces minéraux figurent sur la liste des minéraux critiques du Canada. Sans une augmentation considérable des quantités de minéraux essentiels, la transition souhaitée vers une économie faible en carbone ne se concrétisera jamais, et le monde est franchement en meilleure posture sur le plan climatique lorsque ces minéraux proviennent du Canada, en raison de notre avantage carbone.
Aucun ensemble de matériaux ne symbolise mieux le dilemme de la sécurité de l'approvisionnement que les éléments des terres rares, utilisés dans un large éventail de produits essentiels dans les domaines des batteries, de la médecine, de l'énergie et de la fabrication de pointe. À ce jour, la Chine domine le marché de ces matériaux clés, contrôlant la majorité de la production et de la distribution, ce qui crée une trop grande dépendance à l'égard d'un seul pays pour l'approvisionnement.
À la différence des minéraux de batterie, le Canada ne dispose pas d'une chaîne d'approvisionnement préexistante pour les éléments des terres rares et a moins de moyens établis dans ce domaine que pour les minéraux de batterie. Le Canada possède des gisements, que des entreprises cherchent à les exploiter, et il produit certains éléments des terres rares comme sous-produits des processus de fusion d'autres métaux. Une grande partie du reste du monde est également dépendante des importations de la Chine et ne dispose pas d'une industrie minière préexistante de premier plan sur laquelle s'appuyer.
Bien que la création d'une chaîne d'approvisionnement en éléments des terres rares, ETR, au Canada nécessite plus de travail que celle d'une chaîne d'approvisionnement pour les batteries, le Canada ne doit pas renoncer à tirer parti de ses avantages concurrentiels pour créer une plus grande offre d'ETR pour la consommation intérieure et l'exportation. Cela représente un potentiel important pour le pays.
L'élaboration de la stratégie sur les minéraux critiques offre l'occasion de mieux faire reconnaître le rôle essentiel de l'industrie minière canadienne dans la réalisation des grands objectifs du gouvernement en matière de changements climatiques, de technologies propres et de réconciliation. Cette stratégie permettra au Canada de se positionner comme étant, à long terme, un partenaire fiable, sûr et durable de la chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques, tout en rendant le pays plus attrayant comme destination pour les investissements recherchés dans la fabrication de technologies propres à grande échelle en aval. Plus ces signaux seront rapidement communiqués au marché, plus les propositions globales du Canada pour ces investissements seront importantes.
Pour ne pas dépasser le temps imparti, nous vous avons transmis nos principales recommandations et je vais donc m'abstenir de vous en faire la lecture. Brendan et moi sommes impatients de répondre à vos questions.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir donné l'occasion de vous adresser la parole.
Je m'appelle Sarah Houde, je suis présidente-directrice générale de Propulsion Québec, la grappe industrielle des transports électriques et intelligents du Québec. Au nom de nos quelque 250 membres, je tiens à vous remercier de cette invitation à vous présenter notre vision, d'une part, sur la position du Canada comme source responsable de minéraux critiques et stratégiques, ou MCS — que j'appellerai ainsi pour gagner du temps —, et, d'autre part, sur le développement de la filière canadienne des batteries pour véhicules électriques.
Comme cela a été mentionné par tous les intervenants avant moi, le Canada occupe une position unique à l'échelle mondiale grâce à ses vastes ressources en MCS, notamment ceux en forte demande dans un contexte de transition énergétique, de déploiement de technologies propres et de relance économique durable post-COVID‑19. Il dispose également d'une expertise reconnue. Je pense que cela a été bien présenté par le professeur Dahn, qui en est un digne représentant. Le Canada a une belle expertise, qui est reconnue en développement industriel responsable. Il dispose aussi d'un bouquet énergétique dominé, dans certaines régions du pays, par des énergies renouvelables à faible empreinte carbone et disponibles à faibles coûts; d'un cadre réglementaire environnemental parmi les plus exigeants du monde; d'une main-d'œuvre qualifiée; et, surtout, d'un contexte géopolitique stable et prévisible. Cela lui donne, effectivement, un avantage concurrentiel, comme l'ont mentionné les intervenants précédents.
Ces forces consolident la position du Canada à titre de fournisseur de MCS et de composants de batteries sécuritaire, stable et responsable, trois termes qui doivent être au cœur de toute stratégie pancanadienne et pérenne de développement des filières des MCS et des batteries.
Si le Canada souhaite faire du développement de ces filières un succès, il est nécessaire qu'une quatrième dimension vienne s'ajouter à ces facteurs clés et qui n'est pas présente actuellement, c'est vraiment une approche pancanadienne de cette stratégie. En effet, et les autres grands acteurs internationaux actifs dans ces mêmes filières l'ont déjà démontré, il s'organise bien et nous avons un avantage, il n'existe aucune autre entité régionale capable à elle seule de réunir à la fois les ressources naturelles minières, les capacités techniques et technologiques requises pour la mise en valeur de ces ressources ainsi que les indispensables capacités financières pour développer ces filières sur son seul territoire, sans synergie interétatique.
C'est pourquoi il est de la plus haute importance que le gouvernement canadien assure un rôle de coordonnateur des actions de toutes les provinces et de tous les territoires par la création d'une vaste alliance canadienne dédiée au développement des filières des MCS et des batteries, et ce, en misant sur les forces et les atouts de chacune des provinces.
Cela devrait se réaliser dans le cadre d'une politique industrielle canadienne pour l'ensemble de l'industrie des transports électriques intelligents. Cette politique industrielle devra couvrir l'ensemble des aspects du développement de l'industrie, allant de la chaîne d'approvisionnement, à l'avancement de la recherche-développement, au financement de l'industrie manufacturière, jusqu'au développement d'un bassin important de talents de classe mondiale pour soutenir la croissance exponentielle qui est à nos portes pour ces entreprises.
De plus, le Canada doit tirer profit de sa position historique d'allié des États‑Unis pour travailler à la création d'une coalition Canada—États‑Unis pour permettre à l'écosystème industriel canadien des MCS et des batteries de se positionner comme un fournisseur sécuritaire, stable et responsable de matériaux et composants à valeur ajoutée et pas seulement de matières premières non transformées — encore une fois, comme l'ont précisé d'autres intervenants avant moi — pour ces marchés qui sont en forte croissance, entre autres, ceux des véhicules électriques et ceux de la transition énergétique.
On observe réellement une régionalisation des chaînes d'approvisionnement asiatiques, européennes et nord-américaines et, grâce à ce même positionnement continental à l'échelle nord-américaine, nous pouvons assurément être un partenaire stratégique et vraiment consolider un avantage stratégique.
Le Canada dispose aujourd'hui d'une opportunité économique incommensurable, possiblement la plus grande de son histoire. C'est une opportunité économique dont nous avons grandement besoin à l'aube de la transition économique que va engendrer l'atteinte de la carboneutralité en 2050. Nous allons devoir transiter d'une économie centrée sur les hydrocarbures à d'autres modèles économiques. Nous devrions absolument saisir cette opportunité économique qui se présente à nos portes. C'est vraiment une occasion unique de rebâtir notre économie sur de nouvelles bases, beaucoup plus porteuses pour l'avenir, de développer également notre sécurité énergétique et, encore une fois, de jouer un rôle absolument clé à l'échelle du continent nord-américain.
Je vous remercie.
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Je n'ai pas vu les nouvelles d'aujourd'hui, mais il est certainement très important que le Canada consulte ses alliés pour les achats importants. Les États-Unis sont notre plus proche partenaire commercial et notre allié historique.
Avec les États-Unis en particulier, lorsqu'il s'agit de minéraux critiques, il y a quelques enjeux primordiaux. Premièrement, les États-Unis ont une vision très large de ce qui relève ou non de la sécurité nationale, et ils considèrent que les menaces qui pèsent sur l'industrie nationale constituent des menaces pour la sécurité nationale. Pour cette raison, il est très important que le Canada veille à ce que les ventes ou les transactions importantes dans lesquelles nous sommes engagés avec d'autres partenaires ne compromettent en aucune façon cette relation.
L'autre élément qui est vraiment important dans ce cas concerne la règle d'origine pour les automobiles, car nous avons une chaîne d'approvisionnement automobile intégrée. Les États-Unis, en particulier, ont des intérêts dans la façon dont cette chaîne d'approvisionnement évolue avec le développement des batteries pour véhicules électriques.
Il est vraiment important que le Canada se concerte avec les États-Unis sur ces questions. Nous ne savons pas dans quelle mesure cela s'est produit ou non dans le cas de cette vente particulière.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie l'ensemble des témoins de leurs présentations.
Sincèrement, je trouve que c'est l'une des rencontres les plus instructives du Comité. Le contenu de cette demi-heure de témoignages devrait vraiment être diffusé pendant les heures de grande écoute. C'est dans le très grand intérêt de l'ensemble des Québécois et des Canadiens.
Mes questions s'adressent à Mme Houde, de Propulsion Québec.
Je voudrais en savoir un peu plus sur la stratégie. Serait-il possible de nous donner des détails à ce sujet? J'aimerais surtout savoir quelles sont vos attentes par rapport à cette stratégie canadienne et au rôle du gouvernement fédéral, particulièrement en ce qui concerne la dynamique des relations provinciales-fédérales relativement aux provinces et au Québec. Avez-vous des craintes?
Nous savons que le contexte est favorable. Pouvez-vous nous donner les paramètres du moment propice pour saisir cette opportunité?
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Je vous remercie beaucoup de la question.
Comme l'ont mentionné d'autres intervenants, nous sommes dans une course qui s'est engagée à l'échelle mondiale. La demande pour les véhicules électriques est absolument inouïe, ce qui veut dire que tous les fournisseurs de la chaîne d'approvisionnement seront inondés de demandes. Si nos entreprises doivent faire affaire avec des fournisseurs asiatiques, par exemple, et que nous nous retrouvons à devoir gérer une longue liste de commandes, il est possible que nous subissions des ruptures de stock et que nous n'ayons pas accès à cette croissance économique, que nous ne puissions pas en tirer pleinement profit.
Les autres nations s'organisent en fonction de cette transition économique historique qui demande une planification et une coordination. Selon moi, c'est précisément là-dessus que le gouvernement fédéral devrait travailler en mettant au point une politique industrielle dans tous les secteurs, notamment en recherche-développement. Il faut déterminer quels sont les endroits où nous avons une chance de gagner et y concentrer nos efforts.
Le professeur Dahn a donné des exemples concrets d'entreprises qui sont traitées comme si elles ne faisaient pas partie d'un secteur stratégique. Or, il faut traiter ce secteur comme étant un secteur hautement stratégique. Il faut agir rapidement pour aider nos entreprises qui travaillent en recherche-développement. Ce secteur n'est pas mature sur le plan technologique, il est toujours en développement.
Nous devons absolument continuer à être les meilleurs en recherche-développement. Il faut développer un talent de classe mondiale. Ces entreprises auront besoin d'employés dont les programmes de formation ne sont pas encore suffisamment offerts dans les universités partout au Canada. Nous devons également renforcer notre chaîne d'approvisionnement et assurer sa verticalité.
Beaucoup de défis sont devant nous. Un chantier national titanesque est devant nous et il faut s'y attaquer. Cela nécessite une coordination, et c'est ce que j'attends de la part du gouvernement fédéral. Ma crainte, c'est que l'on ne soit pas assez rapide et que l'on soit en train de manquer cette occasion.
La beauté de la chose, c'est que tout le Canada pourrait en profiter. Chaque province peut en tirer profit d'une façon qui est complémentaire à une autre. C'est une occasion rare pour le gouvernement fédéral de pouvoir avoir un effet décisif sur plusieurs provinces à la fois.
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Si je comprends bien, il n'est pas trop tard, mais nous sommes quand même en retard.
En ce qui a trait à la décarbonation, il est urgent d'agir. Je me trouve à quelques mètres de la manifestation des camionneurs, et je peux dire que l'urgence de faire un virage électrique se sent.
Cela étant dit, le gouvernement devrait-il agir immédiatement en faveur du développement des industries destinées à la production de batteries et de composants de véhicules électriques au Québec? Devrait-il soutenir davantage la transition quant au développement et à l'assemblage de véhicules électriques au Québec et au Canada?
La position du gouvernement devrait-elle être incisive? Devrait-il accorder un financement à grande échelle équivalent à ce qu'il a accordé à la filière des sables bitumineux?
Au Québec, on ne construit pas d'automobiles. On construit d'autres types de véhicules, qui sont très populaires.
À l'avenir, la mobilité sera beaucoup plus partagée, beaucoup plus optimisée, et il y aura beaucoup plus de véhicules intelligents. Ces véhicules seront en forte demande. L'Ontario se concentre plutôt sur le véhicule électrique passager individuel.
Plusieurs politiques publiques peuvent être adoptées, notamment une loi zéro émission au niveau fédéral pour les véhicules personnels, mais aussi pour les véhicules moyens et lourds. C'est un projet qui existe déjà au Québec, ainsi qu'en Californie, et qui a grandement aidé à accélérer l'adoption du véhicule électrique. Ce sont toutes des mesures qui pourraient encourager à la fois l'offre et la demande.
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Merci pour cette question qui est vraiment très intéressante.
Les véhicules moins coûteux ayant une autonomie modérée sont généralement équipés d'une batterie au lithium-phosphate de fer, ce qui est une excellente chose vu que le fer et le phosphate sont des métaux très durables que l'on trouve en abondance.
Ce qu'il y a aussi de bien avec cette technologie, c'est qu'elle permet de nombreux cycles charge-décharge au fil de plusieurs années d'utilisation. Ces piles et ces véhicules pourraient servir aux fins des technologies de charge bidirectionnelle. Le véhicule stationné peut emmagasiner de l'énergie provenant du réseau lorsque le soleil brille ou que le vent souffle, puis redistribuer cette énergie une fois l'obscurité venue ou lorsque le vent cesse. Il s'agit selon moi d'une avancée très bénéfique. Ces véhicules ont tout de même une autonomie tout à fait acceptable, sans doute autour de 400 kilomètres.
À l'autre extrémité du spectre, on retrouve les véhicules ayant une très grande autonomie, environ 600 kilomètres, qui utilisent des matériaux pour électrodes positives davantage à base de nickel et qui coûtent plus cher. On s'inquiète même de la disponibilité du nickel à plus long terme, soit au‑delà de 2035. Tesla va être dans le portrait pendant un certain temps encore — peut-être un siècle, qui sait —, mais s'interroge quant à l'accès au nickel étant donné la vitesse à laquelle l'électrification s'intensifie.
J'estime qu'il est vraiment salutaire que la technologie se déploie ainsi en deux volets distincts, car chacun a sa place. Selon moi, bien des consommateurs vont laisser parler leur portefeuille en choisissant le véhicule meilleur marché offrant une autonomie moindre qu'ils vont pouvoir conserver pendant très longtemps.
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Je dirais même qu'il y a encore une place pour les véhicules à combustion que nous avons actuellement aux fins de certains types de déplacements, mais qu'ils en viendront peut-être à disparaître complètement.
Il y a une question que je me pose depuis un moment déjà, et je ne sais pas si vous pourriez y répondre. Cela concerne les partenariats en recherche et développement comme on en établit par exemple ici même à l'Université de Windsor. Est‑ce que l'on s'emploie au Canada à rendre ces technologies transférables à d'autres genres d'appareils? En tant que consommateurs, nous commençons enfin à les voir apparaître entre autres dans les équipements d'entretien des pelouses et dans d'autres types de véhicules électriques.
Je serais curieux de savoir... étant donné que vous venez du milieu universitaire. J'ai toujours eu l'impression, pour une raison ou pour une autre, que ces différentes possibilités sont laissées de côté pour le moment. Il est bien certain que les plus récents modèles de camionnettes et d'automobiles demeurent les éléments les plus attrayants, mais il n'en demeure pas moins que les tondeuses, les outils de coupe et les autres équipements d'entretien extérieur permettent aussi de réduire nos émissions. Je me demande seulement si ce secteur reçoit toute l'attention qu'il mérite. Peut-être pourrions-nous exploiter un créneau spécial pour les autres types de véhicules et appareils.
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En effet. J'utilise une rallonge électrique, parce que je ne veux pas garder d'essence sur ma propriété. Je sais trop bien ce qui risque d'arriver. J'oeuvre au sein d'un mouvement environnemental qui s'emploie notamment à éliminer l'utilisation de pesticides pour les pelouses, et je sais que je pourrais causer des torts beaucoup plus considérables encore si je renversais de l'essence, de l'huile et toutes sortes d'autres produits en remplissant ma tondeuse. C'est quelque chose de vraiment important.
Comme je n'ai que six minutes, je vais me tourner du côté de Mme Lilly pour ma prochaine question. Dans vos observations [difficultés techniques]. Il a déclaré en 2015 que son gouvernement allait instaurer une plus grande transparence dans l'application de la Loi concernant l'investissement au Canada. Je crois comprendre que certaines des transactions en cours vont se heurter à des obstacles.
Pourriez-vous nous indiquer dans quelle mesure le processus est vraiment devenu plus transparent? Ce n'est pas ce que j'ai pu observer. Je suis là depuis un bon moment déjà et je ne vois pas de différence. J'ai posé la question au de façon très directe. Il ne m'a pas vraiment donné de réponse satisfaisante. Je voudrais que vous nous indiquiez si vous estimez qu'il y a davantage de transparence que par le passé. Et si ce n'est pas le cas, que pourrions-nous faire?
Je pense que ce serait beaucoup plus rassurant si nous pouvions compter sur un peu plus de transparence ou sur un processus d'examen par un tiers offrant une telle transparence. Cela nous mettrait davantage en confiance que ce qui est prévu dans l'accord qui nous a été soumis.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais seulement souhaiter la bienvenue à chacun de nos témoins et les remercier chaleureusement. Merci de nous consacrer ce temps pour nous faire bénéficier de vos précieuses connaissances.
Un bonjour spécial à M. Dahn qui enseigne à l'Université Dalhousie, ici même à Halifax. Je suis très heureux de vous voir. Je me souviens de cette visite à votre laboratoire alors que vous avez déballé une pile avec une précision chirurgicale pour me montrer exactement comment cela fonctionne. Je l'ai encore frais en mémoire. Merci pour ces explications et merci d'être avec nous aujourd'hui.
Je vais avoir une question pour vous tout à l'heure, mais je veux d'abord m'adresser à Mme Lilly.
Il y a un élément qui n'est pas ressorti clairement de votre témoignage. Voilà plusieurs années déjà que vous avez cessé de travailler pour le Parti conservateur au sein du Cabinet du premier ministre Stephen Harper. Vous sembliez laisser entendre que c'était plus récent. Auriez-vous une idée du nombre d'enquêtes en vertu de la Loi concernant l'investissement au Canada qui ont été entreprises par le gouvernement Harper, comparativement à ce que fait le gouvernement actuel?
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Merci, monsieur le président.
Je prends note de l'intervention de M. Fast. Je conviens avec lui que c'est un sujet très sérieux, et je vais m'abstenir de pousser plus loin dans cette direction. C'est une question sérieuse et aussi une question scientifique. La science est fondée sur les faits, et je tenais à m'assurer que le compte rendu reflète bien les faits en cause dans le cas qui nous intéresse.
Si vous me le permettez, je vais utiliser le reste de mon temps pour m'adresser de nouveau à M. Dahn.
J'ai bien aimé votre échange avec M. Kram concernant la différence entre le carbonate de lithium et l'hydroxyde de lithium. Je m'interroge au sujet de la densité énergétique. Comment entrevoyez-vous l'avenir pour ce qui est du stockage d'énergie dans les batteries? Est‑ce qu'il va passer par les batteries à haute densité ou par celles à faible densité?
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Mais encore, exactement. Je veux attirer votre attention sur ce qui suit. La course est réelle. Comme vous l'avez vu la semaine dernière, la Serbie a retiré le permis de Rio Tinto pour l'une des plus grandes mines de lithium au monde. Pour se justifier, elle a invoqué des raisons environnementales, mais tout le monde sait qu'il s'agit d'un repositionnement stratégique d'une matière exceptionnelle. La Serbie l'a fait et plusieurs pays sont en train de le faire. Quand des transactions se sont faites au Québec, j'avais dit aux politiciens que jamais l'Australie n'accepterait de vendre aux entreprises canadiennes une mine de lithium.
Le gouvernement fédéral doit mettre en place une politique d'accompagnement à tous les égards. La politique du Québec est très bien. Le Québec veut électrifier et aider, mais il a oublié l'aspect des minéraux. Nous ne pouvons pas laisser les minéraux partir et penser que nous serons intégrés au marché. Je suis souvent allé en Chine et je peux vous dire que notre graphite est présentement vendu entièrement aux Chinois. Demain matin, ils seraient prêts à nous acheter notre mine de graphite. Pourquoi? Parce que les Chinois ne veulent pas nous vendre des anodes ou des cathodes. Ils ne veulent pas nous vendre des blocs de batteries. Ils veulent nous vendre des voitures électriques à 18 000 $ ou à 20 000 $, comme des stylos Bic. Ils nous l'ont dit clairement.
Nous vendons notre matériel à ceux qui fabriquent l'anode pour Tesla et Volkswagen. L'objectif des Chinois, c'est d'arrêter de vendre des anodes et des cathodes, parce que ce n'est pas avec cela qu'ils font leur argent. Eux, ils veulent vendre des voitures. Ils l'ont dit clairement. Ils essaient de nous faire signer des contrats à très long terme pour contrôler la matière première, comme ils l'ont fait en Australie pour l'uranium, où ils ont complètement fermé le marché de l'uranium et où ils ont essayé de tout acheter. Pourquoi font-ils cela? Parce qu'ils savent qu'un jour ce minerai sera critique, qu'ils l'auront et que, nous, nous ne l'aurons pas. Qu'est-ce qui ressort de cela pour le Canada? Nous allons perdre notre industrie automobile de l'Ontario et nous allons perdre Lion électrique s'il ne se met pas à produire des anodes et des cathodes. N'allez pas penser que Tesla fabrique des batteries.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais que Mme Lilly réponde à ma question précédente, mais j'aimerais d'abord faire une mise en contexte au sujet du témoin. Je suis un néo-démocrate, mais c'est pendant l'administration Harper que mon projet de loi sur le droit de réparer a été adopté; qu'on a interdit l'utilisation des microbilles; que le pont Gordie Howe a été construit; que ma motion visant à reconnaître le génocide de Srebrenica a été adoptée à la Chambre des communes, de sorte qu'on en fait dorénavant mention au Musée canadien des droits de la personne; que mon travail sur les ponts et tunnels internationaux a pu se concrétiser et qu'on a interdit toute introduction de carpes envahissantes, de sorte qu'on en fait maintenant l'éviscération à la frontière. Ce ne sont là que quelques exemples. Si vous avez eu quelque chose à voir avec l'une ou l'autre de ces choses, je tiens à vous en remercier.
J'aimerais vous céder les deux prochaines minutes pour que vous puissiez répondre à la question de savoir si la transparence a augmenté ou si la Loi sur Investissement Canada a été améliorée au cours des dernières années, car j'aimerais voir des améliorations à cet égard.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Je tiens à préciser que je suis ici à titre non partisan. Je suis une auteure publiée dans le domaine de l'examen des minerais critiques au titre de la sécurité nationale. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui en tant que professeure respectée de commerce international.
Concernant la transparence, je suis favorable à la transparence, bien sûr. Je pense que le gouvernement doit être le plus transparent possible tout en préservant la sécurité nationale.
Je ne pourrais pas vous dire de manière objective dans quelle mesure les examens au titre de la sécurité nationale sont plus ouverts qu'avant, parce que je n'ai simplement pas tout suivi systématiquement. Je pense que ce qui est vraiment essentiel pour le gouvernement... S'ils veulent pouvoir garder certains aspects de l'examen de la sécurité nationale confidentiels — parce qu'il y a des moments où je crois qu'il est important que certains renseignements demeurent confidentiels —, je pense que les gouvernements doivent maintenir la confiance et veiller à faire preuve de diligence raisonnable et à respecter leurs propres lignes directrices.
Je pense que l'une des préoccupations, dans ce cas particulier — j'ai pris connaissance du témoignage pendant lequel vous avez posé ces questions au ministre —, c'est qu'il n'y a pas eu de réponse à des questions très fondamentales. Je pense aussi que le fait que ce projet n'ait pas fait l'objet d'un examen complet au titre de la sécurité nationale — le processus s'est arrêté à l'examen initial — soulève des questions quant à la mesure dans laquelle le gouvernement a fait preuve de diligence raisonnable. Quand ce genre de question se pose, la confiance envers les institutions commence à s'éroder. Quand la confiance s'érode, cela crée des problèmes de confiance du public également.
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M. Dahn est un spécialiste mondialement reconnu.
Il faut faire attention, parce que dans le lithium, on parle du spodumène si c'est de la roche dure, comme celle que nous avons au Canada. Le spodumène fait un y qui se transforme en carbonate ou en hydroxyde. C'est simple.
Nous, au Québec, à la North American Lithium, une entreprise que je voulais acheter, c'est de la roche dure. Nous voulions la transformer en carbonate parce que nous avions des batteries de grande capacité et un peu moins coûteuses. Quant à l'hydroxyde, il est utilisé pour des batteries plus spécialisées.
En Amérique du Sud, la situation est différente parce que le lithium n'est pas dans la roche, mais dans les sels. C'est de la chimie. En réalité, c'est que présentement au Québec, si nous devions construire une usine de batteries, il faudrait trouver du lithium, du graphite, du nickel, du manganèse.
En fait, c'est comme pour les masques. Quand nous avons eu besoin de masques, on a constaté que tous les pays du monde les gardaient chez eux.
Quand nous aurons besoin de lithium, de graphite ou de nickel, tout le monde en cherchera. La révolution que nous vivons en ce moment dans le domaine de l'électrification, c'est comme ce qui s'est produit pour le pétrole en 1907 avec les Rockefeller et Ford de l'époque. C'est le même changement de paradigme.
Le point que je veux soulever, c'est qu'il nous faut garder la ressource chez nous et pour nous, soyons intégrés. Je fais un parallèle avec l'Arabie saoudite, qui a su garder son pétrole en 1910.
Je m'adresserai aux gens de l'Association minière du Canada.
Je vous remercie des recommandations très concrètes que vous nous avez présentées. J'en comprends, notamment, que le gouvernement fédéral a pour rôle de simplifier l'approbation [difficultés techniques] d'un participant actif aux consultations et de faire en sorte que les choses avancent. Je crois que vous avez mentionné la Loi sur l'évaluation d'impact. En ce qui concerne le financement... Je comprends qu'il faut que le gouvernement fédéral facilite les approbations.
Compte tenu de l'augmentation de la valeur de ces produits, dans quelle mesure le gouvernement fédéral devrait‑il offrir du financement? Je sais que l'on nous demande, notamment, de doubler le crédit d'impôt pour l'exploration. Dans quelle mesure est‑ce toujours nécessaire?
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Bien sûr. Merci de cette question. Je suis heureux de vous voir, madame Lapointe.
J'ai déjà parlé du CIEM et des géosciences publiques, donc je peux peut-être laisser ces deux questions de côté. J'ai également fait mention de la nécessité de faire tout en notre pouvoir pour accélérer le processus réglementaire. Permettez-moi donc d'aller plus loin et de vous parler du fait que nous ne produisons pas le bon type de nickel. Nous produisons beaucoup de nickel, mais ce n'est pas le nickel qui est utilisé dans la fabrication de batteries.
Je pense qu'une partie de la stratégie consisterait à trouver comment inciter les entreprises produisant différents types de nickel, pour lesquels elles ont des clients, et qui n'ont aucun besoin impérieux de changer de clientèle, à se convertir à une autre forme de production afin de commencer à produire du sulfure de nickel pour le marché des batteries. C'est une avenue stratégique intéressante, selon moi. Le gouvernement aurait la possibilité d'affirmer qu'il serait dans l'intérêt du Canada qu'elles commencent à produire ce type de produit parce que notre secteur de l'automobile en a besoin et que nous devons trouver le moyen de combler cette lacune pour réaliser notre stratégie en matière de minerais critiques, puis de leur demander comment il peut les convaincre, en tant que partenaire, de changer leur fusil d'épaule? Je pense que ce serait très important. Prenons l'exemple de Sudbury. Il y a là‑bas deux grandes mines de nickel qui produisent du nickel et le vendent dans le monde entier. Comment les convaincre d'ouvrir une usine de sulfure de nickel au Canada? Je pense que c'est une très bonne question. J'espère que nous obtiendrons des réponses à cela dans un avenir rapproché. Ce serait un autre exemple du genre de mesures politiques dont nous avons besoin, à mon avis.
Je dirais aussi qu'on semble avoir tendance à focaliser sur les batteries elles-mêmes, alors qu'il y a énormément de possibilités économiques à exploiter depuis l'exploration jusqu'à la production des matériaux de qualité qui entrent dans la fabrication des batteries. Je crains que si nous concentrons toutes nos énergies à attirer une usine de batteries, cette usine finisse par importer des matériaux du monde entier. Nous n'aurons alors pas résolu le problème que nous essayons de résoudre, soit une dépendance excessive envers la Chine. Nous devons construire à partir de la base et combler les lacunes actuelles. Ainsi, les fabricants de batteries voudront s'installer au Canada parce qu'ils y trouveront tout ce qu'il leur faut. Je pense que nous mettons trop l'accent sur la finalité de l'usine de fabrication de batteries, mais que ce n'est pas là-dessus que nous devrions nous concentrer.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie encore tous les témoins de leurs témoignages. Leur rigueur et leur travail sont remarquables. Je tiens à souligner notamment la contribution de la Dre Lilly.
Je vais poursuivre avec M. La Salle pour que nous puissions profiter de son expertise.
Monsieur La Salle, avons-nous une expertise minière suffisante, au Canada, afin qu'elle soit pleinement intégrée?
Conséquemment, comment peut-on aider l'industrie à s'intégrer davantage?
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Premièrement, le Canada est reconnu mondialement pour son expertise minière de pointe. Nous travaillons partout dans le monde. Nous sommes très polyvalents. Il n'y a donc aucun souci à cet égard. Nous n'avons aucune difficulté à exploiter les mines nous-mêmes.
Nous devons nous intégrer pour nous diriger vers la production de produits à valeur ajoutée, que ce soit l'hydroxyde, le carbonate ou le graphite, qui est la matière première entrant dans la fabrication de l'anode. En effet, le graphite n'est que le produit de départ. Il doit être travaillé et transformé pour produire l'anode. Tout cela se fait surtout en Chine, actuellement, alors que nous avons pourtant l'expertise nécessaire pour le faire ici. On vient de vendre North American Lithium aux Australiens, alors qu'une usine de transformation avait été installée à côté, laquelle n'a jamais été mise en marche. Il ne fait aucun doute que nous avons l'expertise nécessaire.
C'est là que le gouvernement canadien peut apporter son soutien, surtout sous forme de financement par emprunt. À l'international, les Français ont une agence française de développement et des appuis. Les Chinois ont énormément d'appuis. Les Américains ont des appuis. Nous, nous avons Exportation et développement Canada, ou EDC, qui est souvent très frileux. Si le gouvernement appuyait la deuxième transformation, il ne fait aucun doute que l'expertise serait au rendez-vous, de la mine à la première et à la deuxième transformation. Ensuite, on laisserait les fabricants de batteries venir s'installer ici, et les fabricants automobiles décideraient où ils veulent s'installer. Toutefois, il faut avoir la première partie, car c'est cela qui déterminera la direction qui sera prise.
Les Européens sont sur le pied de guerre en ce moment, surtout les Allemands, pour aller chercher la matière première, en faire la transformation chez eux, en Europe, et fabriquer des automobiles. Nous devons faire la même chose que les Européens.
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Monsieur Masse, je vais répondre à la question en français, vu que j'ai commencé mon intervention en français.
Vous avez absolument raison. Il y a eu une pause au début de la pandémie de COVID‑19, et on a vu tous les prix s'effondrer, notamment ceux du graphite et du lithium. On a vraiment senti un ralentissement dans l'industrie automobile et en ce qui a trait au stockage d'énergie, secteur qui est presque aussi important que celui de l'industrie automobile. Il y a environ huit mois, on a senti que l'industrie redémarrait, et le prix du cobalt a commencé à remonter doucement, tout comme le prix du cuivre.
Il y a huit mois, nous nous sommes dit que cela se produirait également pour le lithium. Tous les projets de lithium étaient morts. Nemaska Lithium et North American Lithium ont fait faillite. Montblanc International a décidé d'arrêter sa production parce que le prix était trop bas. Nous avons fait une offre en nous disant que le prix allait faire une remontée impressionnante. Il y a huit mois, le prix de l'hydroxyde a augmenté de 500 %, et le prix du carbonate, de 700 %. Cela va se maintenir.
Benchmark Mineral Intelligence comprend que c'est une question d'offre et de demande. Il y a un écart phénoménal pour le graphite, le lithium, le nickel et le cuivre. On ne parle pas du cuivre, mais, pour que tout le monde soit branché, cela va prendre des câbles en cuivre. La demande pour le cuivre est extraordinaire.
Ces prix vont continuer de monter. Nous, les entrepreneurs et les développeurs de projets, nous n'avons pas besoin de financement pour faire de la recherche et de l'exploration, car nous en avons les moyens. Nous allons exploiter la mine par nos propres moyens et, ensuite, nous allons faire la transformation en partenariat avec le gouvernement pour faire les produits finis.
Actuellement, le secteur minier n'éprouve pas de problèmes financiers. Il faut simplement nous donner les coudées franches pour permettre que nos projets soient découverts par nous, mis en valeur par nous et vendus par nous.
BHP, une entreprise australienne, vient d'ouvrir un bureau à Toronto afin d'acheter des projets au Canada.
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C'est la loi de l'offre et de la demande. Je me répète, mais, sur le site de Benchmark, on peut lire que l'entreprise fabrique en ce moment 240 usines, alors qu'elle n'a pas la matière première.
Volkswagen a annoncé, il y a quelques mois, qu'il devra acheter cent pour cent du graphite produit à l'extérieur de la Chine en 2024 pour ses usines de batteries. Comme la matière première n'est pas là, on revient évidemment vers nous et vers d'autres.
On a observé un ralentissement en ce qui concerne le lithium pendant la pandémie de COVID‑19. Les gens se sont dit que cette matière première n'était pas disponible. Tesla et Volkswagen ont affirmé très clairement qu'elles auraient besoin de batteries différentes pour des catégories de voitures différentes.
Comme le disait le professeur Dahn, il y a eu des variations — plus de nickel, moins de nickel, plus de graphite, plus de lithium —, puis on a vu la demande partir en flèche. On a également compris que les projets de l'Amérique du Sud étaient très longs à développer parce qu'il s'agit de saumures et que l'exploitation est compliquée et polluante.
La demande pour les voitures électriques est aussi montée en flèche. Comme en témoignent les données de partout dans le monde, cette demande augmente fortement.
Madame Houde, à ce sujet, lors d'une réunion antérieure du Comité — l'année dernière, je crois, M. Lemire pourrait nous le confirmer, et c'est peut-être même M. La Salle qui nous avait dit cela —, il a été mentionné qu'il fallait obtenir 21 permis avant d'ouvrir une mine au Québec.
Est-ce que la nécessité d'obtenir de nombreux documents de nature technique, comme les permis de construction, les permis délivrés par les gouvernements et les autorisations liées à l'environnement nous ralentira dans l'avenir au Québec, ou au Canada, plus généralement, pour l'exploitation de mines qui pourraient nous mettre à l'avant-garde dans ces secteurs?
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C'est une question très complexe. Je ferai de mon mieux pour y répondre.
Comme vous le savez, et comme nous l'avons vu dans le monde, surtout ici au Canada, il y a un énorme roulement de la main-d’œuvre et des capacités. Les baby-boomers prennent leur retraite. Nous perdons une vaste expérience.
L'une de nos observations est que pour progresser plus rapidement, nous pourrions peut-être commencer à nous pencher sur la collaboration avec les provinces — dans notre cas, avec l'Ontario — pour mettre sur pied des équipes d'intervention spéciale ou faire appel à quelques experts qui comprennent vraiment les occasions qu'offre un nouveau produit comme le lithium. Ce faisant, nous pourrions mettre l'accent sur les actifs qui peuvent être très importants pour renforcer la chaîne de valeur. Par l'entremise de ce processus, ce qui est important, vraiment — pour faire le lien avec la question autochtone —, c'est encore une fois de mieux comprendre, surtout dans le Nord, ce que l'exploration et l'exploitation minières signifient, et de renforcer les capacités pour optimiser la participation des Autochtones. C'est dans ces secteurs où, selon nous, les divers ordres de gouvernement peuvent jouer des rôles de premier plan pour vraiment contribuer à améliorer la situation.
Mon dernier point, ce que nous aimerions vraiment voir, c'est la possibilité de partage des recettes de l'exploitation des ressources pour les communautés autochtones dans leurs territoires traditionnels respectifs pour assurer une harmonisation avec les intervenants: les communautés, les gouvernements et les promoteurs comme nous. Assurer une harmonisation parmi les intervenants en conséquence et aller de l'avant rapidement sont des exigences de ce dont nous discutons tous ici aujourd'hui. Ce sera tellement plus facile. C'est une excellente façon de maximiser la participation.
Il y a une dernière chose concernant les communautés autochtones du point de vue fiscal, et ce n'est qu'une idée qui m'est venue à l'esprit pendant que quelqu'un avait la parole. Quand des membres d'une communauté travaillent dans des réserves — ici en Ontario, par exemple —, il n'y a pas d'impôt sur le revenu. Dès qu'on sort de la réserve — et il faut reconnaître que les actifs ne sont pas dans les réserves dans leurs régions visées par les traités respectives —, ils sont à l'extérieur. Le gouvernement pourrait peut-être envisager une réduction de l'impôt sur le revenu pour ces Autochtones pour les encourager à travailler sur leurs terres traditionnelles et favoriser une participation accrue afin de créer un plan ESG solide et une excellente image pour que le Canada participe à renforcer la chaîne d'approvisionnement.
Merci.