:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous et à toutes. Bienvenue à la réunion no 49 du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 5 octobre 2022, nous étudions aujourd'hui le projet de loi .
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022.
[Traduction]
Je tiens à remercier les nombreux témoins que nous accueillons aujourd'hui. Merci de prendre le temps de vous joindre à nous en ce lundi matin.
De l'Agricultural Producers Association of Saskatchewan, nous recevons M. Ian Boxall, et de l'Association d'entretien automobile, M. William Hanvey.
[Français]
Nous recevons aussi Joshua Dickison et Alexandra Kohn, de la Fédération canadienne des associations de bibliothèques, ainsi que Catherine Lovrics, de l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada.
[Traduction]
D'OpenMedia, nous accueillons Matthew Hatfield.
[Français]
Nous accueillons aussi John Lawford, du Centre pour la défense de l'intérêt public.
Sans plus tarder, je donne la parole à M. Boxall, de l'Agricultural Producers Association of Saskatchewan.
[Traduction]
Monsieur Boxall, la parole est à vous pour cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
L'APAS est l'organisation agricole généraliste de la Saskatchewan, représentant des agriculteurs et des éleveurs de toute la province.
Les agriculteurs de la Saskatchewan ont les plus grandes exploitations agricoles du pays. Nous devons avoir accès à de l'équipement moderne pour être en mesure de cultiver nos terres. Au cours de la dernière décennie, l'équipement agricole a été abondamment modernisé. Cette modernisation a contribué à faire de la Saskatchewan l'endroit le plus durable au monde pour produire des aliments, du carburant et des fibres. Grâce à l'intégration d'outils numériques et mécaniques, nous pouvons faire beaucoup plus avec moins, et nous avons 30 ans d'avance sur le reste du monde en ce qui concerne le contrôle des sections, la culture sans travail du sol et l'agriculture de précision.
Le statut de chefs de file mondiaux en matière de durabilité vient avec des coûts supplémentaires. Les producteurs dépenseront des millions de dollars cette année pour de nouvelles pièces d'équipement. En 2021, 5 % de toutes les dépenses agricoles seront consacrées à l'équipement, sans compter le carburant nécessaire à son fonctionnement.
La Saskatchewan a une saison de croissance très courte, ce qui signifie que le travail des agriculteurs est dépendant du temps. Pendant la récolte, l'ensemencement et d'autres périodes critiques de production, si un agriculteur manque une seule journée de travail, cela peut avoir une incidence sur la qualité, la quantité et la valeur nette de ses récoltes. Cela peut engendrer des milliers de dollars de perte pour le producteur.
Il est extrêmement important de pouvoir réparer rapidement une pièce de machinerie. En général, les producteurs peuvent effectuer à la ferme la plupart de ces travaux. Un agriculteur peut aussi se rendre chez un concessionnaire ou faire effectuer le travail par un tiers ou un atelier de réparation après-vente. La Loi sur le droit d'auteur en vigueur limite toutefois ce que les producteurs peuvent faire à la ferme et ce que les ateliers de réparation du marché secondaire peuvent faire eux aussi. Les agriculteurs doivent plutôt se rendre chez le concessionnaire pour ces réparations, ce qui représente des délais et des dépenses supplémentaires pour faire le travail.
En fin de compte, cela ajoute un obstacle et une contrainte supplémentaires pour effectuer rapidement et efficacement les réparations. En réalité, cette situation peut être si extrême que certains producteurs vont se résoudre à acheter de l'équipement de remplacement simplement pour continuer à produire. Ainsi, lorsque l'équipement tombe en panne et qu'il est impossible de le faire réparer, le remplacement de cette pièce d'équipement engendre un coût supplémentaire.
Il est essentiel de modifier la Loi sur le droit d'auteur afin d'élargir les travaux que les producteurs et le marché secondaire peuvent faire pour que le marché reste transparent et compétitif. Les producteurs ne cherchent pas à se soustraire aux dispositifs de sécurité ou aux contrôles des émissions. Nous voulons pouvoir réparer nos équipements de la façon la plus efficace et rentable pour nos exploitations. Les producteurs souhaitent plutôt que des modifications soient apportées à la Loi sur le droit d'auteur afin de l'adapter à l'agriculture du XXIe siècle et de nous harmoniser avec nos homologues internationaux.
Les producteurs de la Saskatchewan continuent d'entretenir de bonnes relations avec leurs concessionnaires d'équipement, et nous apprécions les connaissances et l'expérience qu'ils apportent au secteur. Nous apprécions les innovations que les fabricants proposent régulièrement pour contribuer au succès de l'agriculture. Les producteurs veulent toutefois plus de souplesse et la possibilité de contrôler leurs coûts. Des modifications à la Loi sur le droit d'auteur faciliteraient tout cela. Nos machines et notre équipement nous ont permis de réaliser cet objectif, mais cela signifie aussi que nos dépenses sont élevées, et nous devons pouvoir contrôler les coûts de toutes les façons possibles.
Je vous remercie de m'avoir permis de vous parler au nom du secteur agricole de cette question importante. L'APAS a l'intention de soumettre un mémoire au Comité avant la fin de votre étude.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Je m'étais dit de ne pas faire ça.
Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'offrir l'occasion de vous parler du projet de loi .
Je suis Bill Hanvey, président et directeur général de l'Association d'entretien automobile, qui a son siège à Bethesda, dans le Maryland, juste à l'extérieur de Washington, DC.
L'Association d'entretien automobile est la voix du secteur de l'entretien automobile qui représente environ 400 milliards de dollars. Nous fournissons des ressources en matière de défense des intérêts, d'éducation, de réseautage, de technologie, de veille commerciale et de communication pour soutenir les intérêts collectifs de nos membres, des entreprises fournissant des pièces, des produits, des services et des réparations de qualité pour les 290 millions de véhicules circulant aujourd'hui sur les routes des États-Unis.
Le secteur de l'entretien et de la réparation des véhicules est un service essentiel qui comprend la fabrication de pièces de rechange, les réseaux de distribution et les ateliers d'entretien et de réparation. Dans le monde entier, notre secteur est responsable du maintien du fonctionnement sécuritaire de plus d'un milliard de véhicules sur la route. Les ateliers indépendants de réparation automobile sont présents dans toutes les administrations et circonscriptions du monde. Ces ateliers indépendants veillent à ce que les automobilistes de chaque collectivité, y compris les collectivités petites et éloignées, disposent d'un accès raisonnable et rapide à des services automobiles essentiels.
Partout dans le monde, les consommateurs sont confrontés à une menace importante pour leur droit de faire réparer leur véhicule dans l'atelier de réparation automobile de leur choix. Les véhicules ressemblent de plus en plus à des téléphones portables, connectés au réseau sans fil à tout moment. Ces véhicules connectés collectent des milliers de points de données sur l'état des systèmes du véhicule. Les constructeurs automobiles se transmettent ensuite ces données sans fil, empêchant les ateliers de réparation indépendants d'y avoir accès.
Sans accès à ces données, des risques importants pèsent sur le marché secondaire de l'automobile. Par exemple, sans accès aux données, les ateliers de réparation indépendants ne peuvent pas réparer un véhicule. Il devient plus difficile de s'assurer que les véhicules fonctionnent de manière aussi efficace et sûre que possible. De plus, les consommateurs perdront le droit de faire réparer leur véhicule dans l'atelier de réparation automobile de leur choix. Aux États-Unis, environ 70 % des réparations hors garantie sont actuellement effectuées dans des ateliers de réparation indépendants. Il faut protéger ce marché secondaire de l'automobile ouvert, équitable et concurrentiel pour répondre aux besoins des consommateurs.
L'Association d'entretien automobile appuie l'intention et les principes qui sous-tendent ce projet de loi. Le projet de loi est un pas dans la bonne direction lorsqu'il s'agit d'uniformiser les règles du jeu pour l'entretien et la réparation de biens de consommation, ce qui est important non seulement pour le secteur de l'automobile, mais pour de nombreux autres secteurs. Le projet de loi arrive à un moment crucial, car les fabricants de biens, y compris de véhicules, sont devenus de plus en plus habiles à créer une boucle fermée pour l'entretien, le diagnostic et les réparations.
L'Association d'entretien automobile souscrit à la proposition d'élargir les exclusions des interdictions de contournement de logiciels dans le but de réparer ou de diagnostiquer un produit. Bien que l'exemption soit similaire à celle prévue par sa loi sœur, le Digital Millennium Copyright Act, ou DMCA, aux États-Unis, nous croyons que cette disposition est supérieure, puisque la loi américaine en vigueur oblige les industries à demander une exemption propre à un produit tous les trois ans. De plus, il semble que l'exemption prévue dans ce projet de loi couvre aussi la disponibilité des outils de contournement utilisés par les réparateurs indépendants pour diagnostiquer et réparer un produit. L'inclusion de cette disposition devrait accroître l'efficacité de ce texte de loi en empêchant les fabricants d'utiliser des logiciels pour entraver la concurrence dans le secteur de la réparation.
En outre, l'Association d'entretien automobile recommande aux organes législatifs du monde entier d'inclure un libellé législatif transparent qui élimine la possibilité pour les fabricants d'empêcher les ateliers indépendants d'obtenir des renseignements sur les diagnostics, la réparation ou l'entretien dans le but d'effectuer des réparations légitimes sur tout appareil — téléphones cellulaires, équipement agricole, automobiles ou camions lourds.
À cette fin, nous souscrivons aux amendements exposés par notre organisation soeur, l'Association des industries de l'automobile du Canada, l'AIA Canada. Ces modifications, qui comprennent des changements corrélatifs à la Loi sur la concurrence, aideraient à renforcer l'obligation d'un fabricant de permettre l'accès aux renseignements sur le diagnostic et la réparation.
Le droit de réparer des biens de consommation, y compris des véhicules automobiles, est nécessaire pour qu'un marché secondaire de l'automobile véritablement ouvert, équitable et concurrentiel continue d'exister. Le droit à la réparation est un mouvement mondial. Dans l'État du Massachusetts, 75 % des électeurs ont appuyé le projet de loi d'État sur le droit à la réparation. En mars 2021, les toutes premières lois sur le droit à la réparation sont entrées en vigueur dans l'Union européenne. Elles obligent les fabricants à mettre à la disposition de tiers les renseignements sur les pièces et la réparation de leurs produits, et je crois savoir que 83 % des Canadiens conviennent que les constructeurs automobiles devraient être tenus par la loi de communiquer leurs données aux ateliers de réparation indépendants.
Il est essentiel que les propriétaires de véhicules, et non les constructeurs automobiles, soient les propriétaires des données relatives à leurs véhicules. Pour que notre secteur demeure concurrentiel, les constructeurs automobiles devraient être tenus d'assurer l'accès à ces données afin que les consommateurs puissent continuer à choisir où faire réparer leur véhicule.
Je vous remercie à nouveau de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. J'ai hâte de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Joshua Dickison. Je suis membre du Comité du droit d'auteur de la Fédération canadienne des associations de bibliothécaires et agent du droit d'auteur à l'Université du Nouveau-Brunswick. Je suis accompagné d'Alexandra Kohn, également membre du Comité du droit d'auteur de la FCAB et bibliothécaire spécialiste du droit d'auteur et des collections numériques à l'Université McGill.
Nous vous sommes très reconnaissants de nous offrir cette occasion de vous rencontrer pour parler du projet de loi .
La FCAB est la voix unie et nationale de la communauté des bibliothèques du Canada. Nous représentons les intérêts des bibliothèques publiques, universitaires, scolaires et spécialisées, ainsi que tous ceux qui se soucient d'améliorer la qualité de vie des Canadiens par l'accès au savoir et à l'alphabétisation.
La FCAB applaudit le gouvernement du Canada pour le dépôt du projet de loi et appuie le droit à la réparation. Comme nous le soulignons dans notre mémoire, la FCAB croit que des modifications supplémentaires et essentielles s'imposent pour que le projet de loi sur les mesures de protection technologiques, les MPT, réussisse à être équilibré et technologiquement neutre.
Les bibliothèques, les archives et les musées, ou BAM, pour faire court, croient que tous les Canadiens devraient pouvoir contourner les MPT à toutes les fins, sauf la contrefaçon, y compris le droit à réparer les produits. Le droit à réparer devrait être un droit des utilisateurs au Canada. Il est essentiel pour préserver l'équilibre du droit.
Les MPT empêchent nos communautés de s'acquitter de leur mandat socialement bénéfique de préserver et de maintenir l'accès à leurs collections au fil du temps. Les bibliothèques et les archives jouent un rôle essentiel en donnant accès à de nombreux objets et dispositifs qui contrôlent l'accès à l'information, comme les imprimantes, les lecteurs optiques et les équipements de numérisation, et en permettant aux innovateurs d'utiliser nos espaces de fabrication, nos bibliothèques de prêt d'outils et nos imprimantes 3D. Nos collections comprennent de plus en plus de produits, de dispositifs et d'applications basés sur des logiciels, notamment des livres électroniques, des ensembles de données, des jeux vidéo, des ordinateurs, des points d'accès WiFi, etc.
Sans un droit à la réparation, la capacité des bibliothèques et des archives à fournir un accès aux services et aux collections est menacée. Par exemple, certaines bibliothèques universitaires canadiennes ont fait l'acquisition d'Espresso Book Machines, une technologie d'impression sur demande, pour plus de 100 000 $ chacune. En raison des modalités de licence qui restreignent la réparation de l'équipement, bon nombre de ces machines sont devenues inutiles et leurs pièces sont vendues en raison des coûts prohibitifs associés à l'acquisition des licences de logiciels et de l'incapacité de réparer ou d'adapter les logiciels pour en poursuivre l'utilisation.
Les archives doivent avoir le droit de réparer les produits activés par un logiciel, par exemple, dans le cadre de leurs activités de préservation et, dans certains cas, simplement pour répertorier correctement leurs fonds. Les bibliothèques de l'Université de Toronto ont perdu l'accès à 55 disques de matériel didactique achetés pour des études de cas en raison de l'obsolescence des formats de fichiers et du manque de documentation sur le code source du logiciel exclusif.
Les professionnels de l'information craignent que les appareils et les logiciels obsolètes ne soient plus pris en charge ou qu'ils soient jugés non rentables par leur fournisseur et que de précieux renseignements soient perdus ou rendus inaccessibles si des réparations et des modifications ne peuvent être faites en toute légalité afin d'en préserver le contenu et l'accès à celui‑ci.
Le cadre législatif du Canada sur les MPT va au‑delà de nos obligations en vertu des traités internationaux et a des conséquences considérables et préjudiciables pour la préservation de notre expression culturelle. Le libellé actuel déforme l'équilibre voulu des droits, étouffe de plus en plus l'accès et l'innovation et va à l'encontre des principes de la neutralité technologique. Les bibliothèques sont les gardiennes des archives culturelles et les enseignantes de la protection du droit d'auteur pour les créateurs et les utilisateurs. Refuser des droits aux utilisateurs simplement à cause du support refroidit la culture du droit d'auteur.
La FCAB et l'ensemble de la communauté des bibliothèques comprennent et reconnaissent la complexité des enjeux liés au droit à la réparation. Nous saluons également les efforts visant à améliorer l'exception d'interopérabilité prévue dans le projet de loi . Nous applaudissons la tentative du gouvernement du Canada de trouver un équilibre entre les préoccupations des titulaires de droits et celles des utilisateurs comme objectif clé de la poursuite de la réforme du droit d'auteur.
La communauté des bibliothèques joue un rôle essentiel en fournissant aux Canadiens l'accès à toutes les formes de contenus. Cet accès à l'information est essentiel pour que les Canadiens contribuent régulièrement au bien-être économique, social et culturel de nos communautés.
Nous vous remercions encore une fois pour cette occasion et nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, au nom de l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada, je vous remercie de l'invitation à comparaître dans le cadre de votre étude.
L'IPIC est l'association professionnelle des avocats de brevets et de marques de commerce qui exercent dans tous les domaines de la propriété intellectuelle. Je m'appelle Catherine Lovrics, ou Cat, et je suis ici en tant que présidente du comité de l'IPIC sur le droit d'auteur et de notre sous-comité sur le droit à la réparation.
L'IPIC reconnaît que les lettres de mandat de 2021 font état de l'objectif stratégique de mettre en œuvre un droit à la réparation pour prolonger la durée de vie des appareils électroménagers et de modifier la Loi sur le droit d'auteur pour permettre la réparation des appareils et des systèmes numériques, une quête qui a poussé l'honorable député à déposer le projet de loi .
Nous sommes heureux d'entendre l'ouverture à l'amendement du projet de loi, y compris de la part du député lui-même. Les observations écrites de l'IPIC suivront et comporteront des propositions d'amendements précis au projet de loi que vous pourrez étudier et qui visent à aider le gouvernement à réaliser ses objectifs.
À cette fin, notre sous-comité a concentré ses efforts sur le libellé du projet de loi lui-même, en tenant compte de l'ensemble du régime de la Loi sur le droit d'auteur, d'une comparaison avec les approches de nos partenaires commerciaux, ainsi que de la conformité aux obligations du Canada en vertu de traités. Je vais vous en présenter quelques points saillants aujourd'hui.
Du point de vue du droit d'auteur, le droit à la réparation concerne les exceptions qui permettent de contourner les mesures de protection technologiques, ou MPT. Depuis 1997, le Canada reconnaît que des protections juridiques adéquates à l'égard des MPT sont indispensables à la protection du droit d'auteur. Depuis, le recours aux MPT est devenu partie intégrante...
Depuis 1997, le Canada reconnaît que des protections juridiques adéquates à l'égard des MPT sont indispensables à la protection du droit d'auteur. Depuis, le recours aux MPT est devenu partie intégrante de l'économie numérique.
Aujourd'hui, les MPT ne jouent pas seulement un rôle important dans la protection de la propriété intellectuelle, elles sont aussi utilisées pour assurer la sûreté et la sécurité. Par exemple, les MPT permettent de garantir le respect de normes en matière de santé, de protection de la vie privée, de sûreté et d'environnement une fois que les produits sont entre les mains des consommateurs.
En adhérant à différents traités sur le droit d'auteur, le Canada a non seulement accepté de protéger les MPT, il a aussi convenu que toute exception à la protection des MPT doit être très soigneusement élaborée, étayée par des données probantes et ciblées de façon étroite afin de garantir qu'elle demeure efficace. L'IPIC croit que des modifications s'imposent pour se conformer à nos obligations en vertu de traités, y compris les traités de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, ou OMPI, relatifs à Internet et l'ACEUM.
Nous sommes préoccupés par l'approche générale adoptée dans le projet de loi actuel et les conséquences involontaires susceptibles d'en découler. Nous avons entendu l'honorable député , parmi d'autres témoins devant le Comité, expliquer la nécessité d'élaborer un cadre pour le droit à la réparation. Nous sommes d'accord, un cadre s'impose.
En particulier, l'IPIC appuie les exceptions fondées sur les données probantes qui permettent de contourner des MPT pour permettre un droit à la réparation. Nous recommandons que les biens qui bénéficient de l'exception soient précisés dans un règlement, sous réserve d'un cadre qui évalue le cas d'utilisation donné.
Nous avons proposé un cadre réglementaire qui tiendrait compte de facteurs comme le fait qu'il est effectivement démontré que la MPT a un impact négatif qui justifie le contournement; que le fait de permettre l'accès aux programmes informatiques permettrait la réparation et non la violation du droit d'auteur; et que le comportement ne comporte pas de risque pour la santé, la sécurité, la protection de la vie privée et la sûreté. Un tel cadre serait conforme à nos obligations découlant de traités, permettrait de mieux nous harmoniser avec nos partenaires commerciaux et de gérer d'autres risques, tout en visant à réaliser les objectifs stratégiques énoncés dans les lettres de mandat.
De plus, et surtout, l'IPIC est d'avis que les exceptions ne devraient pas permettre la distribution ou le trafic d'outils de contournement. Nous recommandons d'amender le projet de loi en conséquence pour permettre aux fournisseurs de services d'exercer le droit à la réparation au nom des consommateurs.
Toute exception qui permettrait la distribution d'outils de contournement soulève de sérieuses préoccupations. Par exemple, comme l'indique le guide de l'OMPI sur les traités Internet, une fois mis sur le marché dans un but précis, ces outils devraient alors être disponibles pour tous et pourraient être utilisés en toute impunité. Permettre la vente d'outils de contournement est non seulement déphasé par rapport à nos partenaires commerciaux, mais incompatible avec les données probantes présentées devant ce comité.
De nombreux témoins ont parlé de l'importance de ce projet de loi pour permettre un solide marché secondaire des services de réparation. Ces commentaires illustrent une mauvaise compréhension apparente du projet de loi. Tel qu'il est rédigé, le projet de loi n'introduit pas d'exception pour les fournisseurs de services, et l'IPIC propose que le projet de loi soit modifié à cet effet.
L'IPIC recommande aussi des amendements pour garantir que ce qui constitue une réparation est compris comme étant le bon fonctionnement d'un produit selon ses spécifications approuvées. Nous pensons qu'il est important de préciser que le projet de loi permet les réparations et non les modifications. Les spécifications des fabricants visent à respecter des normes pour protéger l'environnement ainsi que la santé, la vie privée et la sécurité des Canadiens.
L'IPIC préconise aussi l'étude du droit à la réparation dans le contexte de la justification commerciale des fabricants qui déclinent toute responsabilité et annulent les garanties si un produit est modifié ou mis à niveau avec des pièces de rechange non autorisées.
Les MPT étant une protection essentielle à l'économie numérique et connectée, bien au‑delà de la propriété intellectuelle, le gouvernement devrait garantir que les réparations sont sûres, qu'elles ne présentent aucun risque pour la santé, les blessures ou les dommages matériels et qu'elles préservent la sûreté, notamment en protégeant les renseignements personnels des Canadiens et en empêchant l'interception pour prendre le contrôle non autorisé d'un produit de consommation. C'est particulièrement important compte tenu de l'explosion de l'Internet des objets et des produits contrôlés par ordinateur, comme les voitures à conduite autonome, et à une époque où le piratage et les rançongiciels sont omniprésents, de même que le terrorisme parrainé par des États.
Enfin, nous recommandons aussi de petits amendements techniques au projet de loi pour régler une référence redondante à un « programme d'ordinateur » à l'article 1 du projet de loi: un « programme d'ordinateur » est une œuvre.
En somme, les modifications que nous proposons fournissent un cadre pour des évaluations au cas par cas qui tiendrait compte des risques et des avantages. L'IPIC reconnaît que le projet de loi C‑244 n'est qu'un élément d'un cadre et qu'un cadre solide ferait intervenir d'autres domaines du droit, les provinces étant à l'avant-garde pour faciliter un droit à la réparation concret.
Je vous remercie tous de votre attention et je vous invite à poser vos questions. Je vous renvoie à notre mémoire et à nos propositions d'amendements, qui suivront sous peu.
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Bonjour. Je m'appelle Matt Hatfield et je suis le directeur des campagnes d'OpenMedia, une communauté de près de 300 000 personnes au Canada qui travaillent de concert pour un Internet ouvert, accessible et sans surveillance.
Je vous parle depuis le territoire non cédé des nations Sto:lo, Tsleil-Waututh, Squamish et Musqueam.
Je suis ravi d'être ici pour vous dire que le projet de loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur est un projet de loi essentiel et plein de bon sens que vous devriez adopter sur‑le‑champ. Les Canadiens doivent être pleinement propriétaires des produits qu'ils achètent, ce qui signifie qu'ils doivent pouvoir les faire diagnostiquer et bien réparer par quiconque, y compris eux-mêmes. Le projet de loi C‑244 nous aidera à le faire.
La technologie numérique est de plus en plus intégrée à tout. Non seulement les ordinateurs et les téléphones, mais les voitures, les appareils électroménagers et même les vêtements sont maintenant intelligents et connectés numériquement. Nous assistons à la naissance de l'Internet des objets, un monde dans lequel tout ce que nous possédons peut communiquer numériquement. Si nous parvenons à faire des citoyens et des consommateurs les propriétaires à part entière et les principaux bénéficiaires de ce monde, l'avenir s'annonce passionnant, mais si nous permettons à l'Internet des objets de nous arracher le contrôle de nos biens, en nous laissant en plan avec des réfrigérateurs, des équipements agricoles et tout ce qui nécessite l'approbation constante des centres de données du fabricant d'origine pour remplir leurs fonctions de base, nous sommes à l'aube d'un cauchemar.
Un projet de loi solide ayant pour effet de renforcer les droits, comme le projet de loi , sera déterminant pour la suite des choses.
Dans le monde prénumérique, produire un excellent produit et en vendre beaucoup était considéré comme un bon modèle d'affaires. Dans le monde numérique, de nombreuses entreprises considèrent que c'est un jeu de dupes. Pourquoi demander un prix unique alors que vous pouvez transformer votre produit en un service et toucher des frais perpétuels pendant toute la vie du consommateur? Certaines pratiques sont relativement bénignes et favorables aux consommateurs, comme la plupart des services de diffusion en continu, mais d'autres sont carrément injustes et parasitaires.
Les verrous numériques que le projet de loi interdira sont un exemple évident d'abus du pouvoir parasitaire de la part des sociétés manufacturières. Les verrous numériques forcent les consommateurs à quitter le marché concurrentiel et à entrer dans un marché monopolistique dans lequel le fabricant fixe le coût des pièces et des services de réparation. Parfois, ils enferment même les clients dans un marché de la réparation qui n'existe plus, car le fabricant ferme ses portes ou cesse de prendre en charge ses appareils bien avant la date prévue.
Il n'est pas surprenant que les clients trouvent souvent que les réparations dans ce système coûtent presque aussi cher qu'un nouvel appareil et qu'ils finissent par acheter un nouveau produit au lieu de réparer l'appareil, par ailleurs fonctionnel. Une enquête publique que nous avons commandée en 2019 a révélé que 76 % des Canadiens avaient jeté un appareil numérique qui pouvait être réparé et rendu pleinement fonctionnel en raison de problèmes réparables comme des piles mortes, un écran fissuré ou l'absence de mises à jour des logiciels de sécurité. Les appareils électroniques contiennent fréquemment des minéraux et des composés rares, dont certains sont toxiques, et représentent une part croissante de nos déchets collectifs, les déchets électroniques mondiaux nets augmentant d'environ 3 à 4 % par an.
C'est mauvais pour le consommateur, pour la société en général et pour l'environnement, c'est mauvais pour tout le monde, sauf pour la société manufacturière en question. Empêcher une perte sociale nette découlant de mauvaises motivations est exactement le genre de problème pour lequel nous avons besoin que le gouvernement intervienne.
Le projet de loi ne nous permettra pas d'y arriver à lui seul. J'espère que notre gouvernement adoptera aussi les modifications relatives à l'interopérabilité prévues dans le projet de loi et qu'il présentera peu après un projet de loi complet sur le droit à réparer. Nous sommes aussi d'accord avec les intervenants de la FCAB qui ont souligné l'importance des exceptions au droit d'auteur pour les archives.
Le tableau d'ensemble nous montre qu'il ne suffit pas d'empêcher les fabricants de poursuivre les réparateurs ou les clients qui brisent les verrous de leur logiciel pour réparer leurs appareils. Il faut faire beaucoup plus pour redresser le déséquilibre croissant entre ce que les fabricants choisissent de fournir et ce dont les Canadiens ont besoin pour un avenir écologique abordable. Pour ne citer que deux modifications logiques, j'espère que nous verrons bientôt l'obligation pour les fabricants de fournir des pièces de rechange, des instructions et des mises à jour de sécurité logicielle pour leurs produits pendant 5 à 10 ans après l'achat, comme cela existe dans l'Union européenne, et j'espère que nous verrons une loi exigeant que les produits affichent une cote de réparabilité à l'achat afin que les fabricants soient incités à rivaliser sur la durabilité et le rendement à long terme, et non seulement sur le prix d'achat.
J'ai eu le privilège de travailler cette année avec l'organisme environnemental sans but lucratif Équiterre à la rédaction d'un rapport très réfléchi sur la mise en oeuvre du droit à réparer au Québec et au Canada. J'invite tous ceux d'entre vous qui veulent voir ce droit pleinement mis en oeuvre à le lire attentivement.
OpenMedia a recueilli près de 20 000 signatures auprès de notre communauté d'une pétition vous demandant de légiférer pleinement le droit à la réparation. L'adoption du projet de loi est une étape cruciale et nécessaire pour répondre à cette demande. Nous avons été très encouragés par le niveau de consensus bipartisan qui s'est manifesté autour du projet de loi C‑244. Cela prouve que les rouages de la démocratie continuent de tourner et que vous, nos représentants, pouvez encore vous rassembler pour appuyer des mesures qui sont manifestement dans l'intérêt public. Nous espérons voir ce consensus continuer à progresser, tant sur le projet de loi C‑244 que sur un cadre législatif complet sur le droit à la réparation.
Je vous remercie de votre attention et je suis impatient de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je m'appelle John Lawford. Je suis directeur exécutif et avocat général du CDIP, un organisme de bienfaisance national sans but lucratif enregistré. Nous fournissons des services juridiques et de recherche au nom de consommateurs et, en particulier, de défense des intérêts de consommateurs vulnérables concernant la prestation d'importants services publics. Le CDIP est actif dans le monde de la protection des consommateurs numériques depuis plus de 20 ans.
Le CDIP appuie la création prévue dans le projet de loi d'une exception aux mesures de protection techniques en vertu de la Loi sur le droit d'auteur afin de permettre à des consommateurs et à des entreprises de contourner ces MPT dans le but de diagnostiquer, d'entretenir et de réparer un produit de consommation dans lequel un programme informatique est intégré. Le CDIP estime que les consommateurs devraient pouvoir réparer eux-mêmes leurs produits ou s'adresser aux réparateurs de leur choix.
Le fait que des pièces mécaniques ou électroniques aient été remplacées par des logiciels dans de nombreux biens de consommation, comme des appareils ménagers, des dispositifs médicaux et des véhicules, ne doit pas entraver cette possibilité. Actuellement, les consommateurs ne peuvent pas contourner légalement les MPT et sont donc contraints de faire appel aux services de réparation des fabricants ou aux ateliers de réparation agréés par ces derniers en cas de problème.
Cet accès restreint permet aux fabricants de fixer des prix excessifs, d'allonger les délais, de retirer l'accès aux utilisateurs lorsque les MPT ont été contournés, d'empêcher les utilisateurs d'accéder à leurs propres données et de créer d'autres conditions défavorables à l'utilité et à l'utilisation du produit, ce qui peut engendrer des préjudices financiers, psychologiques et même physiques aux consommateurs. Si le produit à réparer est un outil nécessaire au travail, comme un véhicule ou un banc de scie, les restrictions de réparation imposées par le fabricant peuvent conduire à la précarité de l'emploi.
L'incapacité des consommateurs à contourner les MPT peut aussi créer des situations de vie ou de mort. Dans le régime actuel, de nombreuses personnes qui possèdent des appareils médicaux à logiciel intégré, comme des pompes à insuline et des machines à oxygène, ne peuvent pas réparer elles-mêmes l'équipement médical ou demander à des techniciens qualifiés de le faire sans l'autorisation du fabricant. Cette incapacité à trouver des solutions plus rapides ou économiques pèse sur ces consommateurs et peut les conduire à ne pas entretenir ou à remplacer inutilement des équipements médicaux incroyablement vitaux et coûteux.
Les effets des options de réparation limitées n'ont été qu'exacerbés par la pandémie de COVID‑19 qui crée des perturbations du travail, des pénuries d'approvisionnement et un accès réduit aux services en personne.
L'expression du droit à la réparation dans le projet de loi couvre effectivement une gamme large et générique de produits à logiciel intégré. Cet aspect du projet de loi est une force et n'est pas trop large. Cela signifie qu'il s'applique tout autant à une pièce d'équipement agricole qu'à un thermostat, un appareil médical ou une console de jeu. Ce vaste champ d'application est nécessaire pour éviter le cloisonnement de droits variables des consommateurs à l'égard de produits particuliers.
Le diagnostic, l'entretien et la réparation sont tous des actes connexes qui servent l'intérêt public, dont les objectifs sont les suivants: la liberté des consommateurs et le droit d'utiliser leurs propres articles, dont ils sont légalement propriétaires; la prolongation de la durée utile de ces produits; l'évitement de coûts pour les consommateurs et de dommages environnementaux découlant de l'élimination inutile de produits en état de marche, qui contiennent souvent, comme nous l'avons souligné, des matériaux et des minéraux toxiques ou précieux et coûteux à obtenir; et un contrôle accru du moment et de l'expression de la demande des consommateurs, ce qui peut conduire à une concurrence accrue, à un choix pour les consommateurs, à des prix plus bas, à un meilleur service à la clientèle, à une plus grande innovation et au soutien de petits ateliers de réparation locaux.
Je vais parler brièvement de ce dont le projet de loi ne traite pas, soit l'interopérabilité qui, comme on l'a dit, fait l'objet d'un autre projet de loi, et les manuels du consommateur.
Le projet de loi ne prévoit pas d'exception à la violation du droit d'auteur qui permet aux consommateurs de trouver, reproduire et diffuser des renseignements comme les codes diagnostiques et les manuels de réparation dans le but de faciliter la réparation. Cette exception serait complémentaire à l'exception relative aux MPT dont il est question dans ce projet de loi et elle permettrait de mieux favoriser la création d'un marché de la réparation.
Le nouveau droit à l'information sur la réparation serait une expression du principe de l'utilisation équitable. Les exigences relatives aux renseignements sur la réparation pourraient être limitées à des contextes personnels, non lucratifs ou commerciaux, en fonction de l'équilibre que le Parlement établit entre les droits des équipements entiers et le droit à la réparation.
À défaut de traiter en détail de l'interopérabilité, je suis heureux de répondre aux questions. L'interopérabilité pourrait figurer soit dans ce projet de loi, soit dans le projet de loi . J'estime que la portée de l'interopérabilité est l'enjeu et nous pouvons discuter de la possibilité d'inclure une définition de l'interopérabilité dans la Loi sur le droit d'auteur, dans l'article à l'étude ici ou dans un autre projet de loi ou une autre loi.
En conclusion, le CDIP appuie le projet de loi à titre de mesure de protection des consommateurs nécessaire dans l'économie numérique.
Je vous remercie et j'attends vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître pour discuter de cet important projet de loi. Merci en particulier à M. Lawford d'être venu en personne. Nous lui en sommes reconnaissants.
Je pourrais peut-être commencer par M. Boxall.
Nous avons entendu les témoignages de l'Association of Equipment Manufacturers et de quelques autres représentants de l'industrie selon lesquels environ un tiers de l'équipement agricole amené chez les concessionnaires et les ateliers de réparation a été modifié. Le propriétaire, ou quelqu'un avant lui, l'a déjà modifié. C'est parce que les manuels de réparation, les codes et tout ce matériel sont disponibles pour les équipements agricoles, si j'ai bien compris. Un outil de diagnostic ne coûte pas très cher.
Cet outil est utilisé principalement à deux fins, soit augmenter la puissance du moteur, ce qui le désynchronise avec la transmission et engendre des problèmes, et supprimer des dispositifs de contrôle des émissions. Cela permet de consommer moins de carburant, mais évidemment, sans dispositif antipollution, il y a d'autres répercussions sur l'environnement.
Ce projet de loi est bien intentionné, mais certains secteurs, comme l'industrie de l'équipement agricole, montrent ce qui peut arriver s'il n'y a pas de restrictions sur les modifications.
Tout d'abord, pourriez-vous nous en dire plus sur les modifications qu'on observe actuellement?
Je pense que certaines modifications sont probablement apportées en ce qui concerne les émissions. D'après mon expérience dans ma propre ferme, c'est parce que ces dispositifs posent beaucoup de problèmes. Ils posent beaucoup de problèmes informatiques. Ils posent beaucoup de problèmes difficiles à résoudre. Une fois, nous avons perdu des jours avec une moissonneuse-batteuse qui nous posait des problèmes liés aux émissions.
Je comprends la frustration des producteurs qui les pousse à apporter des modifications. Je pense aussi que la loi offre une possibilité de limiter ces pratiques. Nous ne demandons pas de pouvoir augmenter la puissance ou de réduire les émissions, mais de pouvoir effectuer des diagnostics simples lorsque nous avons des codes d'erreurs. Lorsque nous avons des problèmes, nous devrions être en mesure de le faire nous-mêmes.
Oui, les fabricants ont mis en place des moyens de le faire à distance. C'est très bien si vous vivez à Toronto, mais cela ne fonctionne pas très bien dans les régions rurales de la Saskatchewan où il n'y a pas d'Internet ou de services de téléphonie cellulaire pour que ces concessionnaires puissent se connecter et voir ce qui ne va pas avec notre équipement. C'est une excellente idée de donner aux producteurs ou à la tierce partie, à des gens de la région, la possibilité de le faire.
Est‑ce que je crois que nous pouvons imposer des limites en ce qui concerne la puissance et la modification de l'équipement de manière à annuler la garantie? Tout à fait, mais le diagnostic et l'entretien simples de cet équipement devraient être accessibles à tous ceux qui le souhaitent.
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Je pense qu'il y a une inquiétude naturelle entourant la divulgation dans la mesure où ce projet de loi peut entraîner la divulgation de renseignements confidentiels sans restriction. Il y a une inquiétude naturelle lorsqu'il s'agit d'innovation. Je ne sais pas s'il s'agit d'une inquiétude commune à tous les secteurs.
L'IPIC propose l'élaboration d'un cadre pour tenir compte explicitement de ce type d'inquiétudes.
Je pense que notre inquiétude principale par rapport à ce que nous avons entendu ici et au projet de loi est qu'il adopte une approche universelle. À notre avis, une approche universelle n'est pas appropriée. Des produits différents soulèvent des préoccupations différentes, notamment en matière d'innovation. Dans la mesure où le projet de loi peut être amendé afin de créer un cadre qui met en équilibre les risques et les avantages dans des cas d'utilisation précis, c'est ce que nous favoriserions. L'une de ces considérations serait l'effet sur l'innovation.
Pour préciser, une partie de notre proposition reconnaît aussi que le droit d'auteur n'est qu'un élément d'un cadre dans la mesure où l'objectif est vraiment de parvenir à un droit concret à la réparation. En tant que communauté de la propriété intellectuelle, nous nous attendons à ce que d'autres modifications législatives soient proposées dans d'autres domaines du droit. La province aurait probablement son rôle à jouer.
Si nous regardons ce qui s'est passé dans d'autres ressorts, par exemple les normes de l'Union européenne sur le droit à la réparation prévoient que les fabricants devront fournir des pièces de rechange pour certains appareils ménagers pendant un maximum de 10 ans et que seuls les réparateurs professionnels seront soutenus.
Dans la mesure où nous envisageons un cadre, bon nombre des inquiétudes, y compris celles liées à l'innovation, peuvent être prises en compte comme faisant partie intégrante d'un cadre utile.
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Je faisais référence dans mes derniers propos quelque peu décousus à l'interopérabilité, parce que l'interopérabilité signifie différentes choses. C'est interopérable dans la mesure où l'on fait quoi? Je dis « interopérable » dans la mesure où il s'agit de faire des réparations. J'entends les fabricants dire qu'ils ne veulent pas que les gens modifient leurs équipements et que cela pourrait nuire à l'innovation. Au contraire, cela pourrait stimuler l'innovation.
Quoi qu'il en soit, tout ce que nous demandons ici, c'est que les consommateurs de produits de grande consommation puissent les faire réparer dans des ateliers indépendants, pas forcément agréés. En effet, la plupart des articles de consommation ont une faible valeur et un volume élevé, et pour quelque chose comme l'écran fissuré d'un iPhone, il n'y a aucune raison pour qu'on doive le remplacer chez Apple pour 580 $. Il est possible de le faire à bien meilleur marché avec des pièces qui sont toutes aussi bonnes ailleurs.
Les autres paramètres dont nous parlons... Il y a un autre modèle. Vous pourriez opter pour un cadre complet, le renvoyer au ministère et lui dire: « Donnez-nous un cadre complet et voyez quelles autres lois il modifie ».
Pour l'instant, notre expérience a montré que lorsque vous avez l'occasion de discuter de ce verrou logiciel, si vous voulez, vous devriez le retirer quand vous le pouvez. Nous avons eu ce débat lors de l'adoption de la Loi sur le droit d'auteur la dernière fois. Des groupes de consommateurs avaient dit à l'époque que nous allions revenir pour obtenir le droit à la réparation, et nous y voilà.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui, virtuellement et en personne.
Je vais adresser d'abord mes questions à M. Lawford, puis à M. Hatfield. Le Bureau de la concurrence a souligné que l'application de la Loi sur la concurrence pourrait s'inscrire en complément d'une exception au droit à la réparation en vertu de la Loi sur le droit d'auteur, comme le propose le projet de loi , afin de favoriser la concurrence dans les marchés de réparation de produits.
À votre connaissance, le Bureau de la concurrence a‑t‑il mené une enquête sur le droit à la réparation? Le cas échéant, quel en a été le résultat?
Je vais commencer par M. Lawford.
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Merci de votre question.
[Traduction]
Je me reporte à un document que je vais fournir au Comité. Son titre, « If a Machine Could Talk, We Would Not Understand It », veut dire que, si une machine pouvait parler, nous ne la comprendrions pas. Anthony Rosborough en est l'auteur. Selon lui, une définition doit être contextuelle.
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais ce qu'il dit en fait, comme je l'ai dit dans mes remarques, c'est « Interopérable dans quel but? » Si c'est dans le but de réparer l'article, alors vous avez besoin d'autant d'interopérabilité et de données que nécessaire pour réparer l'article. Si c'est pour autre chose, alors vous avez besoin d'une définition différente, et je pense que nous sommes bloqués sur la signification de l'interopérabilité.
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C'est parfait. Merci beaucoup.
Monsieur Boxall, vous avez parlé de l'urgence de réparer des machines agricoles, vu les conséquences que cela aurait, sinon. Certaines personnes s'opposent à ce projet de loi ou souhaitent l'encadrer davantage pour protéger le « marché » des réparations.
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre et de rareté tant des ressources que des matériaux, est-il encore possible d'offrir un service complet de réparation en région, notamment lorsqu'il est question de machinerie agricole?
Doit-on plutôt faire confiance à la créativité et à la capacité des producteurs agricoles de réparer leurs propres machines pour être pleinement efficaces et éviter de perdre de précieuses journées de travail?
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Merci, monsieur le président, et merci à tous nos témoins d'aujourd'hui.
Monsieur Hanvey, il y a environ 10 ans, j'ai travaillé avec L'Association des industries de l'automobile ici, votre organisation soeur — je travaille toujours avec elle — à la loi initiale portant sur le droit de réparer et le marché secondaire de l'automobile. Depuis, d'autres projets de loi ont vu le jour, et j'en ai un autre. Il a été adopté en première lecture à la Chambre des communes. Nous l'avons fait passer en comité. Il devait faire l'objet d'un vote final, mais les constructeurs automobiles, à l'époque les équipementiers, ont décidé qu'ils pouvaient s'accommoder de l'accord volontaire. L'association du marché secondaire s'est déclarée disposée à essayer ça d'abord. Nous savions qu'il y avait un trou important en ce qui concerne la numérisation des véhicules à venir, mais c'était volontaire. Tesla a choisi de se retirer, et il y a eu des hauts et des bas.
Je suis curieux de savoir ce qui se passe à l'heure actuelle aux États-Unis et ce que vous pensez de l'aspect obligatoire par opposition à l'aspect volontaire. J'ai proposé une nouvelle loi pour rendre le système obligatoire, parce que nous ne pouvons pas continuer à faire de telles bêtises.
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Exactement. L'accord volontaire qui a été conclu au Canada et aux États-Unis... Nous avons signé un protocole d'entente avec les constructeurs automobiles en 2013. Si ces accords sont bons en théorie, ils ne le sont pas forcément en pratique.
Tout d'abord, les accords volontaires n'abordent pas l'aspect télématique, c'est-à-dire la transmission sans fil des données de la voiture. Par conséquent, les protocoles d'entente en vigueur ne s'appliquent pas à la technologie actuelle qui est sur la route aujourd'hui.
Deuxièmement, les accords volontaires ne sont pas exécutoires. Il n'existe aucun mécanisme d'application juridique qui oblige les équipementiers à se conformer. Les constructeurs automobiles ne sont pas obligés de participer. Vous avez mentionné Tesla, et c'est l'exemple parfait. À l'heure actuelle, ce constructeur ne fournit de données à personne, si ce n'est à son propre réseau.
Le cadre du protocole d'entente exigeant des équipementiers qu'ils partagent les mêmes données avec les concessionnaires agréés et les ateliers de réparation indépendants ne fonctionne pas dans un modèle de vente directe, de sorte que les équipementiers essaient en fait d'exclure certains de leurs propres concessionnaires indépendants et de travailler uniquement avec leurs concessionnaires agréés.
Un accord volontaire, comme je l'ai mentionné, peut être bon en théorie, mais ne pas fonctionner forcément en pratique.
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C'est ironique, parce qu'ils veulent les mêmes normes de la part des consommateurs et les mêmes attentes, mais ils ne veulent pas offrir la réciproque.
Je vais maintenant m'adresser à M. Lawford et à M. Hatfield.
Je trouve qu'ici, le Canada est encore traité comme une colonie à bien des égards en ce qui concerne les questions de consommation, parce que nos lois sur la concurrence doivent être mises à jour. C'est drôle, car j'entends ces arguments. Vous pourriez présenter les mêmes arguments que certains des équipementiers présentent maintenant avec un tournevis et un marteau: c'est une question de sécurité publique; nous avons trop peur que les gens se blessent et qu'ils endommagent des objets.
N'y a‑t‑il pas aussi un peu de place pour l'innovation et l'ingéniosité? Je pense que ce qui m'inquiète, c'est que notre culture en Amérique du Nord consiste à réparer les choses que nous achetons. Il s'agit d'un changement culturel ainsi que d'un changement structurel dans l'économie. Si nous ne pouvons pas revenir à l'époque où nous étions des acheteurs à qui l'on permettait de faire des choses avec ce qu'ils achètent, alors nous avons réellement changé de culture.
Cette question s'adresse à M. Hatfield et M. Lawford.
Je pense qu'il faut regarder les incitations offertes ici et le type de système qu'elles produisent. Notre collègue, Mme Lovrics, s'inquiète de la portée excessive des droits des consommateurs qui pourraient être utilisés en dehors des réparations. Peut-être y a‑t‑il une possibilité de resserrer un peu le langage pour qu'il soit tout à fait clair que nous parlons de réparation ici.
Cependant, il faut également éviter de trop permettre aux fabricants de refuser l'accès aux consommateurs et à nos agents de réparation. Nous savons maintenant que dans un très large éventail de secteurs, beaucoup d'entre eux choisiront de refuser le droit fondamental et raisonnable de réparer dans les domaines des télécommunications, de l'automobile et de l'équipement agricole. Plus ces technologies numériques permettent de verrouiller les logiciels dans un nombre croissant d'appareils, plus cela nuira à notre culture, et plus nous, les consommateurs, nous retrouverons entourés de choses que nous ne contrôlons pas vraiment et sans la possibilité d'intervenir et de prendre les mesures nécessaires.
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C'est vrai. Je comprends qu'il y a parfois des règlements de sécurité et d'autres choses qui pourraient aussi s'appliquer. Mais, monsieur Gaheer, je pense que le problème est que les MTP du droit d'auteur portent sur les produits du monde réel, et c'est, à notre point de vue, une sorte d'exagération.
Si l'on retire la violation des MTP du droit d'auteur de la réparation, ce que l'on fait réellement, c'est retirer la capacité des fabricants à poursuivre les gens à l'extrême. Vraiment, c'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui. Ce que nous disons, c'est qu'il y a plus d'avantages à permettre un plus grand droit de réparer les produits de consommation et que le fait que les MTP s'étendent aux logiciels et aux programmes informatiques en tant qu'éléments protégeables par le droit d'auteur — et pourtant, ces programmes informatiques sont maintenant dans ce que nous utilisions comme des appareils ordinaires comme les moissonneuses-batteuses — cause des problèmes aux consommateurs.
Je dirige mon attention sur la Loi sur le droit d'auteur, parce qu'elle est utilisée pour étouffer le choix des consommateurs et l'innovation dans le marché de la fabrication de produits, bien que je comprenne que d'autres secteurs puissent se préoccuper de la sécurité automobile ou des appareils de santé.
Je ne sais pas si cela répond à votre question. C'est ce que j'ai de mieux.
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Oui. Pour répondre à votre question, les gens vont modifier leurs appareils, quoi que nous disions ici. Certains d'entre eux vont enfreindre les règles, mais nous n'arrêtons pas les utilisateurs les plus avertis en refusant le droit de réparer fondamental. Nous refusons le droit de réparer aux personnes ordinaires qui respectent la loi.
La partie dont vous parlez, qui va au‑delà de ce que nous faisons ici aujourd'hui, mais qui doit se produire, vise le fait que nous devons réaffirmer un ensemble raisonnable et fondamental de droits et d'attentes des consommateurs à l'égard des choses qui leur appartiennent. Si j'avais été propriétaire d'une machine à laver, d'une voiture ou d'un téléphone il y a 40 ans, j'aurais eu un ensemble d'attentes assez raisonnables quant à ce à quoi j'avais droit.
Cela doit être réintroduit dans la loi dans le contexte du numérique, et une partie de ce que nous obtenons du projet de loi et du droit de réparer plus étendu est le rétablissement de cet équilibre, parce que les choses vont de plus en plus contre l'intérêt de l'individu en ce qui concerne ces appareils.
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Merci, monsieur le président.
J'étais en fait présent à ce comité. Il y a beaucoup de matériel là, si quelqu'un veut passer le prochain mois à le parcourir. Nous avons voyagé dans tout le Canada et nous en avons débattu longuement.
M. Lemire a raison. Nous devrions peut-être obtenir une mise à jour à un moment donné.
Madame Lovrics, je veux vous donner l'occasion de répondre. Cela fait un moment que cela dure. Peut-être pourriez-vous en parler aux équipementiers et leur expliquer pourquoi il n'y a pas plus de consensus pour traiter cette question.
Mon projet de loi date d'il y a 10 ans. Depuis lors... nous avons maintenant un projet de loi libéral devant nous. Il y a un projet de loi conservateur. Je sais que le Bloc québécois s'est dit préoccupé par le traitement des consommateurs, de sorte que tous les partis politiques à Ottawa semblent maintenant être aux prises avec ce problème.
Que faut‑il faire, ou comment pouvons-nous obtenir une meilleure réponse des fabricants pour obtenir des améliorations raisonnables?
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Voilà la question fondamentale qui se pose à nous.
Au fait, je vous recommande vivement de vous accrocher à votre véhicule de 2009.
Des voix: Oh, oh!
M. William Hanvey: Cependant, les véhicules d'aujourd'hui sont des merveilles de technologie. Ils génèrent 25 gigas par heure de données qui sont reçues par les équipementiers par voie télématique. Elles sont transmises sans fil. Il y a plusieurs années, j'ai écrit un éditorial dans le New York Times sur la façon dont votre véhicule sait combien de kilos vous avez pris. Il existe même des points de données pour le moment où vous vous asseyez sur votre siège. Votre siège est un pèse-personne qui permet de modérer correctement le déploiement du coussin gonflable. Ce type de données est transmis aux fabricants d'équipements d'origine, à l'insu des consommateurs.
Il y a vraiment deux enjeux en cause ici. Nous demandons que le consommateur puisse choisir l'endroit où son véhicule est réparé en permettant à l'atelier de réparation indépendant d'accéder aux données de réparation et de diagnostic. Le deuxième est la sensibilisation du consommateur au fait que ces données pourraient éventuellement être vendues par les constructeurs automobiles, à l'insu du consommateur.
À qui appartiennent ces données? À l'heure actuelle, le consommateur n'a pas son mot à dire sur la destination des données. Je dirais donc qu'à ce stade, du point de vue de l'automobile, les données télématiques appartiennent en grande partie au fabricant de l'équipement d'origine.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de nous avoir offert leur temps et leurs connaissances expertes aujourd'hui.
M. Hanvey nous a dit que les propriétaires, et non les fabricants, doivent être les propriétaires de leurs propres données. M. Dickison nous a dit que les propriétaires doivent être en mesure de contourner les mesures techniques de protection pour faire faire des réparations, et non des modifications, là où ils veulent et comme ils veulent. C'est littéralement le droit de réparer. M. Hatfield a tenu des propos très forts sur la protection des droits des consommateurs par rapport aux profits des entreprises. Je suis d'accord en ce qui concerne chacune de ces propositions.
Je ne suis pas d'accord en ce qui concerne l'un des amendements proposés par Mme Lovrics, qui semble vouloir déplacer le fardeau de la preuve du propriétaire lorsqu'il s'agit de contourner une MTP. Je pense que le fardeau de la preuve devrait incomber au fabricant, qui devrait montrer pourquoi et quand la MTP ne devrait pas être contournée.
En d'autres termes, la souveraineté de l'individu doit toujours passer avant la souveraineté de la personne morale. C'est là où nous devons arriver avec ce projet de loi. Nous voulons amener le projet de loi au point où cela est réalisé.
Monsieur Hanvey et monsieur Lawford, comment pouvons-nous faire en sorte que le contournement des MTP garantit le droit à la réparation, mais protège contre les modifications qui pourraient être dangereuses? Que devons-nous changer dans ce projet de loi pour y parvenir?
Monsieur Lawford, vous êtes dans la salle. Voulez-vous prendre la parole?
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Bien. J'espérais découvrir un débat sur les distinctions entre la réparation et la modification. C'est extrêmement utile.
Si vous souhaitez approfondir la question et la soumettre au Comité pour qu'elle figure au procès-verbal, nous vous en serions très reconnaissants, monsieur Hatfield.
Madame Lovrics, vous demandez trois amendements. Je veux d'abord vous interroger sur les exemptions. Ensuite, si vous avez le temps, revenez et énumérez les trois amendements, si vous le pouvez.
Pour commencer, quelles sont les exemptions que vous demandez? Je crois que vous avez mentionné plusieurs catégories de produits. Pouvez-vous nous parler des exemptions que vous demandez, s'il vous plaît?
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Nous allons vous transmettre un mémoire qui présente les amendements proposés. Tout d'abord, d'un point de vue général, il faut établir des paramètres qui définiront ce qu'est une réparation. Le Comité a opté pour une approche axée sur les spécifications approuvées ou d'origine, ou les modifications à ces spécifications autorisées pour un produit donné, plutôt que sur la fonctionnalité.
Cela dit, le Comité n'a pas fait d'analyse comparative de la fonctionnalité et des spécifications. C'est quelque chose qui pourrait être fait.
Le deuxième amendement, et il est très important, vise à permettre que les technologies ou les dispositifs… Il y a trois types d'interdictions contre le contournement. La première interdiction vise le contournement direct, soit le contournement par le consommateur. La deuxième vise le contournement par un fournisseur de services, et la troisième concerne la commercialisation, ou non, de technologies anti-contournement, qui sont en fait des dispositifs de piratage. Le projet de loi actuel couvre la première et la troisième, mais pas la deuxième.
Nous demandons que le projet de loi soit amendé pour qu'il interdise la commercialisation des technologies de contournement, et qu'il prévoit plutôt une exception qui accorderait un droit de réparer aux fournisseurs de services. À notre avis, l'approche actuelle pose problème sur le plan de la conformité aux traités et elle nous mettrait aussi en décalage par rapport à nos partenaires commerciaux.
De plus, la plupart des témoins qui ont comparu devant le Comité ont demandé que les fournisseurs de services soient autorisés… Actuellement, ce n'est pas du tout ce que prévoit le projet de loi.
Le troisième amendement est lié aux paramètres. Comme je l'ai dit, il faut définir les produits de consommation, ou les produits en général, qui sont visés par le projet de loi. Nous avons énoncé divers facteurs dans le but surtout de régler les problèmes de conformité aux traités, y compris… Je comprends ce que vous voulez dire au sujet de l'approche, mais le fait est que les traités exigent une preuve de l'effet néfaste réel d'une mesure de protection technologique sur des utilisations non attentatoires d'une œuvre protégée par le droit d'auteur. Comme je l'ai dit, nous avons signé des traités et, pour l'instant, c'est ce qu'ils exigent.
C'est un des facteurs. Le droit de réparer serait reconnu, mais il faut tenir compte des effets sur les utilisations non attentatoires, s'assurer qu'il n'y a pas d'effet néfaste sur le marché d'une œuvre. Nous pensons aussi qu'il faudrait inclure des dispositions générales sur les effets préoccupants pour la santé et la sécurité des consommateurs et de l'environnement, les risques pour la cybersécurité, et les atteintes aux mesures de sécurité ou à la confidentialité des renseignements. Si le facteur peut être revu…
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Merci beaucoup à tous les témoins.
Madame Lovrics, selon vous, il est important que le gouvernement élargisse le cadre qui régit les MTP et la propriété intellectuelle connexe, y compris les renseignements des consommateurs. L'article 41.21 de la Loi sur le droit d'auteur permet déjà au gouvernement de modifier les règles anti-contournement en vigueur au Canada.
Jusqu'ici, le gouvernement s'en est abstenu, ce qui a amené des députés comme MM. et à déposer leurs propres projets de loi.
Concernant l'établissement d'un cadre, je suis d'accord avec vous qu'il doit être suffisamment large si nous voulons qu'il couvre l'ensemble des enjeux. Selon vous, le cadre devrait‑il être établi au moyen d'une mesure comme le projet de loi qui est à l'étude actuellement, ou plutôt au moyen d'un règlement, ce qui est déjà à la portée du gouvernement?
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Ce serait possible si l'approche réglementaire est retenue. Un cadre serait établi. Le droit de réparer s'appliquerait à certaines catégories de produits, compte tenu de différents facteurs d'évaluation établis dans le cadre.
Il nous semble évident, et d'autres témoins qui ont comparu devant le Comité semblent du même avis, qu'une approche universelle ne convient pas étant donné les considérations très différentes qui entrent en ligne de compte d'une catégorie de produits à l'autre. On vous a parlé des instruments médicaux. Vous avez eu beaucoup de témoignages concernant les véhicules électriques et les véhicules en général. Vous avez entendu parler du matériel agricole, et un peu également des appareils ménagers. Actuellement, toutes ces catégories, et tout l'éventail de produits potentiellement visés par le droit de réparer, seraient dans le même panier.
C'est une approche foncièrement inadéquate selon nous. Non seulement elle va à l'encontre de nos obligations issues des traités en matière de santé, de sécurité, d'environnement et de cybersécurité, mais elle ne tient pas compte des préoccupations différentes selon les catégories de produits. Les catégories ne peuvent absolument pas être traitées de manière uniforme.
Je vais débuter avec Mme Lovrics. Ma machine à laver est en panne. Je vais à la buanderie. Je n'ai aucun problème avec le fait d'aller à la buanderie parce que cela me rappelle de bons souvenirs. J'ai fait ma lessive à la buanderie de la rue Concession, à Kingston, pendant toutes mes études en sciences politiques et en droit, qui ont duré sept ans. Bref, je n'ai rien contre le fait d'aller à la buanderie du coin. J'y rencontre des électeurs et j'ai des discussions très intéressantes avec eux.
Cela dit, j'aimerais quand même que ma machine à laver soit réparée. Je crois que c'est un modèle Whirlpool Duet, et la garantie est épuisée depuis longtemps. En tant que consommateur, je ne devrais pas être obligé de faire affaire avec Whirlpool pour la réparation. Je devrais pouvoir appeler le service de réparation de mon choix.
Or, si je lis le projet de loi, il y est dit expressément qu'une MTP ne… Voici le libellé exact:
L'alinéa 41.1(1)a) ne s'applique pas à la personne qui contourne la mesure technique de protection qui contrôle l'accès à un programme d'ordinateur dans le seul but d'effectuer tout diagnostic, tout entretien ou toute réparation sur un produit auquel il est intégré.
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi nous voulons… Ou, au contraire, est‑ce que ce devrait être notre objectif? Quel est l'intérêt d'un marché dans lequel il serait interdit à quelqu'un d'effectuer un diagnostic, l'entretien ou la réparation de ses produits?
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En fait, nous proposons d'ajouter que la réparation peut être effectuée sur un produit de consommation afin qu'il fonctionne conformément aux spécifications d'origine ou aux spécifications modifiées qui sont autorisées pour ce produit.
Je pense que vous avez soulevé deux questions. Premièrement, la disposition s'appliquerait aux machines à laver et aux lave-vaisselle, mais aussi aux instruments médicaux, aux véhicules et à bien d'autres produits pour lesquels les considérations sont très différentes.
Tout d'abord, nous proposons de définir les catégories de produits visés, et ensuite de préciser sans équivoque que le droit octroyé est celui de réparer, pas de modifier.
Bien évidemment, les enjeux liés à la modification ne sont pas de la même nature pour une machine à laver et un véhicule doté d'un système antipollution ou d'autres…
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Permettez-moi de vous interrompre.
Le droit d'auteur a des objectifs précis, et la protection des consommateurs n'en fait pas partie, ni la protection de la santé. Le droit d'auteur a des objectifs de protection précis, et ce sont ces objectifs qu'il doit remplir. S'il y a des questions liées à la protection des droits des consommateurs à régler, elles doivent faire l'objet d'un autre débat et les solutions doivent être apportées dans d'autres lois et d'autres règlements.
En l'occurrence toutefois, l'important est que la protection du droit d'auteur, qui existe pour des raisons précises, ne doit pas empêcher des consommateurs d'effectuer un diagnostic ou une réparation de leurs biens…
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Tant mieux. J'ajouterais qu'il faut régler ces questions connexes, mais que le droit d'auteur n'a pas pour objectif d'offrir ces protections connexes.
Le deuxième sujet que je voudrais aborder… Regarder des vidéos sur YouTube ne me dérange pas. Cela dit, je ne veux pas être obligé de regarder des vidéos sur YouTube pour réparer mes appareils. Je n'ai pas beaucoup de temps libre. J'ai deux enfants, un de six ans et un autre de trois ans. Je n'ai pas beaucoup de temps. Mon travail de député est assez prenant. Comme beaucoup de gens, j'ai un emploi du temps chargé.
Je ne vais pas réparer ma machine à laver ni mon téléphone si la batterie doit être remplacée. Je vais faire appel à un fournisseur de services tiers.
Si je regarde le paragraphe (2) de l'article 41.121… Si le but est de protéger les consommateurs et de réduire les coûts pour eux, pourquoi ne pas encourager le marché de la réparation?
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Je ne suis pas certaine que vous avez bien compris notre proposition. Premièrement, nous sommes d'accord avec le droit de réparer. Ce qui nous pose problème, c'est le libellé du projet de loi. Des amendements sont nécessaires pour qu'il ne s'applique pas à tous les produits.
Deuxièmement, tel qu'il est rédigé actuellement, le projet de loi ne donne aucun droit aux fournisseurs de services. Les interdictions des contournements sont de trois types. La première vise le contournement direct, la deuxième vise les contournements par les fournisseurs de services, et la troisième porte sur les technologies ou les dispositifs. Le projet de loi actuel ne reconnaît aucun droit aux fournisseurs de services. Il vous permet à vous, à titre individuel, de bricoler votre lave-vaisselle, et il permet à des tiers de le pirater pour trouver le moyen de le bricoler, et ensuite de commercialiser un dispositif ou un outil qui vous permettra de le faire vous-même.
Nous sommes d'accord qu'il faut favoriser l'industrie des pièces de rechange et les fournisseurs de services, ce que ne fait pas le projet de loi actuellement.
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Merci. Je suis confortablement installé dans mon bureau.
Je voudrais donner le point de vue des bibliothèques. Nous ne voulons pas seulement un droit de réparer les services et les technologies auxquels nous offrons l'accès, qu'il s'agisse de livres électroniques, d'ordinateurs ou d'une connexion sans fil. C'est une partie très importante de ce pour quoi les bibliothèques veulent avoir accès au droit de réparer…
Nos institutions sont aussi d'extraordinaires creusets d'innovation. Comme je suis agent des droits d'auteur, je ne compte plus le nombre d'étudiants passionnés qui sont venus me parler d'une idée géniale pour laquelle ils devaient faire ceci ou cela. Notre institution est conservatrice, peu encline à prendre des risques. Je dois les informer au sujet des droits d'auteur, de ce que cela veut dire pour les utilisateurs et les titulaires du contenu protégé par le droit d'auteur. Je n'aime vraiment pas être celui qui jette une douche froide sur l'innovation.
C'est essentiellement ce que fait le projet de loi. Depuis une dizaine d'années, nous avons cumulé tellement d'exemples où l'innovation a été empêchée ou perdue dans des vidéos sur YouTube ou ailleurs où les gens la trouvent. Nous aimerions qu'il y ait un cadre pour la recherche et pour l'éducation, pas seulement dans un contexte commercial ou non commercial, mais à l'extérieur du processus réglementaire prescriptif. Il faut un cadre plus large pour le domaine de l'éducation.
Je suis certain que Mme Kohn, de l'Université McGill, pourrait aussi en parler longuement.
Merci de m'avoir donné la chance de m'exprimer.
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Merci, monsieur le président.
J'ai une question brève pour M. Dickison et Mme Kohn.
Je comprends très bien l'enjeu de la rapidité et de l'obsolescence pour les bibliothèques et les archives partout au Canada. Dans une vie antérieure, j'ai déposé des disquettes de trois quarts de pouce aux Archives nationales du Canada. Je ne sais pas à quoi serviront ces documents sur un ministre de l'époque Mulroney.
Comment concilier, pour ce que Mme Kohn a appelé l'information analogique — ou les livres papier, comme je les appelle —, qu'il faut protéger par le droit d'auteur pour favoriser l'innovation… Il faut garantir que le créateur en tire profit. Les écrits, la musique et les inventions technologiques sont tous les produits de l'innovation et de la créativité. Les lois sur le droit d'auteur et les brevets protègent ces œuvres pour que les auteurs en tirent profit.
D'un côté, vous êtes les gardiens des livres qui ont été générés dans un but lucratif et du droit d'auteur mais, de l'autre, pour certains types d'innovations, vous demandez le droit d'y avoir accès et, à toutes fins utiles, de pouvoir modifier une innovation parce que c'est possible maintenant.