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Bonsoir à tous. La séance est ouverte. Soyez les bienvenus à la réunion n
o 4 du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 20 janvier 2022, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur les minéraux critiques. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 25 novembre 2021. Les membres peuvent participer en personne ou au moyen de l'application Zoom. Quant aux règles sanitaires en vigueur, je pense que tous les connaissent maintenant. Ceux qui sont présents à Ottawa doivent donc prendre les précautions nécessaires.
Cela étant dit, je vais vous présenter les témoins qui nous font l'honneur de comparaître ce soir et que nous remercions.
Nous recevons l’honorable François‑Philippe Champagne, qui est député de Saint‑Maurice—Champlain et ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie; Mme Cherie Anderson, directrice adjointe des exigences au Service canadien du renseignement de sécurité; M. Simon Kennedy, sous‑ministre au ministère de l'Industrie, Mme Katherine Burke, directrice générale de la Direction générale de l'examen des investissements; M. Jeff Labonté, sous‑ministre adjoint du Secteur des terres et des minéraux du ministère des Ressources naturelles; M. Dominic Rochon, sous‑ministre adjoint principal du Secteur de la sécurité nationale et de la cybersécurité du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile.
Sans plus tarder, nous allons commencer par l'allocution d'ouverture du ministre Champagne, qui doit partir à 18 h 30. Quant aux fonctionnaires, ils seront présents pour répondre aux questions des députés pendant toute la durée de la réunion, soit jusqu'à 19 h 30. Je tenais à faire ces précisions aux membres du Comité.
Vous avez la parole, monsieur le ministre.
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, je vous remercie de m'accueillir au Comité ce soir. J'en profite pour vous souhaiter une bonne année 2022.
Je vous remercie également de me donner l'occasion de rétablir les faits concernant l'approche du Canada en matière d'examen des investissements étrangers, et plus particulièrement ceux qui concernent les minéraux critiques.
[Traduction]
Premièrement, je tiens à être très clair avec tous les Canadiens et les Canadiennes qui nous regardent ce soir. En vertu de la Loi sur Investissement Canada —qu'on appelle communément la LIC —, tous les investissements étrangers font l'objet d'un examen en profondeur. Ce processus se déroule sans égard au pays ni à l'industrie concernés et s'applique quelle que soit la valeur de l'investissement. Il comprend plusieurs étapes et est dirigé par mon ministère, de concert avec les services de renseignement et de sécurité nationale du Canada.
Les investissements dans les minéraux critiques font l'objet d'un examen extrêmement rigoureux. Vous vous souviendrez qu'en mars 2021, c'est moi qui ai mis à jour les lignes directrices nationales en matière de sécurité du domaine public pour tout ce qui concerne les minéraux critiques. En tant qu'ancien ministre de l'Infrastructure, du Commerce international et des Affaires étrangères, je réfléchis à ces questions de divers points de vue depuis de nombreuses années. C'est aujourd'hui la perspective sur laquelle je m'appuie en ma qualité de ministre de l'Industrie du Canada.
Les transactions touchant des minéraux critiques sont systématiquement et rigoureusement scrutées à la loupe. Neo Lithium n'y échappe pas. Je tiens à le souligner sans équivoque: l'acquisition de Neo Lithium a fait l'objet d'un examen attentif du gouvernement et des experts de la sécurité nationale, un point c'est tout.
[Français]
Soyons clairs, nous ne ferons aucun compromis sur les questions de sécurité nationale. C'est notre priorité absolue.
Le cadre d'examen de la sécurité nationale intégré à la Loi est un outil crucial qui nous permet de protéger le Canada contre ces menaces.
[Traduction]
Cela dit, je suis conscient que tout le monde ne connaît pas très bien le fonctionnement de la Loi, donc permettez-moi de vous détailler un peu le processus.
Dès le tout début, les services de sécurité et de renseignement évaluent l'information et les renseignements liés aux actifs canadiens visés par une acquisition ou à l'entreprise créée, à l'investissement et à l'investisseur étranger. Il y a souvent des consultations auprès des alliés du Canada.
Après ces consultations, les investissements susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale sont portés à l'attention du gouverneur en conseil, qui peut ordonner la tenue d'un examen approfondi en vertu de l'article 25.3 de la Loi. Si la transaction ne répond pas aux critères prévus dans la Loi pour justifier un examen approfondi, parce qu'on considère qu'elle ne porte pas atteinte à la sécurité nationale du Canada, le processus prend fin.
Les gens font l'erreur de croire que la sécurité nationale n'est prise en considération que s'il y a examen approfondi. Je tiens à bien souligner qu'il n'est pas nécessaire de tenir l'examen prévu à l'article 25.3 pour que les services de sécurité et de renseignement et les autres organes d'enquête examinent un investissement. Dès que nous apprenons l'existence d'une proposition d'investissement, les autorités désignées pour mener enquête en vertu de la Loi sont exactement les mêmes à chaque période du processus d'examen en plusieurs étapes.
C'est le processus d'examen qui a été suivi dans le cas de Neo Lithium. Ceux qui prétendent que cette transaction n'a pas fait l'objet d'un examen des risques pour la sécurité nationale déforment consciemment ou inconsciemment les faits. Ils ne présentent que quelques éléments hors contexte et sautent directement à une autre étape du processus plus loin dans la chaîne de vérification que prévoit la Loi.
Nous disposions d'assez d'informations pour déterminer, dès ce stade de l'examen, que cette transaction ne présentait pas de risque d'atteinte à la sécurité nationale.
[Français]
Permettez-moi de le répéter en français: la transaction de Neo Lithium a été attentivement examinée par des experts, et aucun préjudice ou risque à la sécurité nationale du Canada n'a été identifié pour justifier une extension de l'examen.
[Traduction]
Il faut souligner que la Loi contient des exigences strictes en matière de confidentialité pour protéger à la fois les renseignements commerciaux sensibles communiqués par les entreprises pendant l'examen et toute information classifiée liée à la sécurité nationale du Canada.
Il est de notoriété publique, et il vaut la peine de le répéter, que si Neo Lithium est une entreprise établie et incorporée au Canada, la mine se trouve en Argentine, ses activités se tiennent en Argentine et pratiquement tous ses employés sont basés en Argentine.
Enfin, nous parlerons sûrement beaucoup des minéraux critiques au cours des prochaines années — du moins je l'espère —, si bien que je tiens à préciser certaines choses.
On pourrait être porté à croire à tort que tous les minéraux critiques sont de même ou d'égale valeur. Le fait est que les minéraux critiques peuvent prendre diverses formes et revêtir divers degrés d'importance pour la chaîne d'approvisionnement du Canada. Chacun mérite une analyse et des mesures uniques.
[Français]
Nous comprenons l'importance des minéraux critiques. C'est pourquoi, dans le budget de 2021, notre gouvernement a annoncé un financement afin d'améliorer l'approvisionnement du Canada en minéraux critiques.
De plus, le et moi élaborons actuellement une stratégie canadienne sur les minéraux critiques, en plus de notre investissement de 8 milliards de dollars dans l'initiative Accélérateur net zéro, pour attirer des investissements majeurs dans toute la chaîne d'approvisionnement des batteries de véhicules électriques.
[Traduction]
Pour ce qui est du lithium et de la production de batteries, par exemple, il y a le carbonate de lithium et l'hydroxyde de lithium. Nous n'avons pas besoin, en Amérique du Nord, d'importer de carbonate de lithium pour produire des batteries électriques. Nul besoin, d'ailleurs, de creuser beaucoup pour comprendre que l'hydroxyde de lithium est l'option privilégiée par les fabricants automobiles, les entreprises manufacturières, les fournisseurs de cathodes et les consommateurs en Amérique du Nord, en Europe et au Japon pour la production de batteries destinées aux véhicules électriques.
Divers facteurs sont pris en considération lorsque vient le moment de déterminer si quelque chose présente un risque pour la sécurité nationale: la nature et la valeur stratégique des gisements minéraux pour le Canada, l'aptitude des chaînes d'approvisionnement canadiennes d'exploiter la ressource, l'aptitude prévue du Canada de produire lui-même un bien, le prix de ce bien sur les marchés mondiaux, les circonstances géopolitiques actuelles et la nature de l'entreprise canadienne. Ce ne sont là que quelques-uns des facteurs importants que le gouvernement prend en compte pour déterminer si un investissement présente un risque pour la sécurité nationale du Canada.
Je dirais, monsieur le président, qu'il est irresponsable de les rejeter du revers de la main dans le seul but de respecter une échéance. Les Canadiens méritent que nous ayons une conversation sobre, réfléchie et fondée sur des faits sur la question. Le bilan de notre gouvernement démontre sans conteste que dès qu'il s'agit de la sécurité nationale, nous n'hésitons pas un instant à prendre des mesures robustes et que notre évaluation du risque évolue avec les circonstances économiques et géopolitiques.
[Français]
Je vous remercie [difficultés techniques].
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Je vous remercie beaucoup de cette question, monsieur Dong, parce qu'elle est très importante.
D'une part, nous voulons favoriser les investissements étrangers au Canada. D'autre part, nous voulons protéger notre sécurité nationale. Les lignes directrices que j'ai publiées en mars dernier visent à ce que les investisseurs du monde entier sachent bien que nous effectuerons un examen attentif relatif à la sécurité nationale pour vérifier toutes sortes de choses lorsque des entreprises ont accès à des données personnelles au Canada, qu'elles utilisent des technologies sensibles ou que des minéraux critiques sont visés, par exemple, ce qui répond à la question de mon collègue, M. Fast.
De toute évidence, c'était vraiment nécessaire. Comme je vous l'ai déjà dit, en ma qualité d'ancien ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, je suis très au courant des circonstances géopolitiques actuelles. J'ai donc consulté nos alliés, j'ai parlé avec mes collègues de l'Europe et des États-Unis, afin de pouvoir m'appuyer sur un réseau de partenaires de confiance pour assurer la résilience de notre chaîne d'approvisionnement. Je pense que c'était un signal fort et très nécessaire à envoyer pour indiquer au monde que le Canada est certes ouvert aux occasions d'affaires, mais qu'en même temps, il effectuera un examen approfondi relatif à la sécurité nationale dans certaines circonstances, comme lorsqu'il s'agit des minéraux critiques, pour que le monde sache exactement ce que nous ferons quand des investisseurs ont l'intention d'investir au Canada.
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Je vous remercie d'avoir posé cette question, monsieur Lemire.
C'est exactement ce que j'ai essayé de faire, en mars dernier, en émettant de nouvelles directives. Nous avons établi un cadre très clair en vertu duquel les transactions touchant les minéraux critiques, par exemple, sont sujettes à un examen encore plus approfondi. C'est ce que nous avons fait dans le cas de Neo Lithium et c'est ce que nous allons continuer de faire.
Comme vous l'avez dit, il faut étudier chaque transaction, mais il faut aussi regarder l'ensemble des transactions. Dans le cas de l'entreprise minière TMAC, au Nunavut, nous n'avons pas hésité à bloquer la transaction lorsqu'un investisseur étranger a voulu acheter la compagnie. J'ai également demandé à China Mobile de se départir de ses actifs au Canada.
Vous avez raison, et c'est pour cela que nous consultons nos alliés lorsque c'est nécessaire. C'est pour cela que nous avons un processus rigoureux, qui fonctionne bien.
Je continue de parler à mes partenaires sur la scène internationale au sujet des chaînes d'approvisionnement pour voir comment nous pouvons avoir des partenaires fiables en Europe et aux États‑Unis. De plus, au Québec, nous sommes en train d'établir tout un écosystème des batteries. Nous en avons déjà parlé. Évidemment, nous accordons énormément d'attention à toutes les questions qui touchent le lithium, le manganèse, le graphite, le nickel et le cobalt.
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Je travaille effectivement beaucoup avec Québec. Cependant, j'aimerais revenir sur une chose, car je pense que le fonctionnement de la Loi sur Investissement Canada est mal compris.
Le processus d'enquête et les pouvoirs délégués d'enquête du ministre commencent le jour où l'on est informé de la transaction, soit par notification, soit par de l'information publique. Ce processus comporte plusieurs étapes, mais l'enquête de sécurité nationale commence dès le premier jour. Je pense qu'on faisait référence à une autre étape du processus, qui arrive plus tard. Je veux donc expliquer aux Canadiens ainsi qu'aux membres du Comité que l'étude de sécurité nationale commence le premier jour et se poursuit tout au long du processus.
Quand nous déterminons qu'il y a des motifs raisonnables de croire que la transaction pourrait porter atteinte à la sécurité nationale, nous poussons plus avant le processus. Comme je l'ai expliqué d'entrée de jeu, il faut bien comprendre ce fonctionnement, et je serai heureux d'en parler avec les membres du Comité.
On comprend mal le fait que l'analyse commence dès le premier jour, et non après 45 jours. Cela commence même dès que nous prenons connaissance d'une transaction par de l'information publique. Dès ce moment, nous commençons notre enquête.
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Je vous remercie de votre question.
Le Canada est bien placé pour être un chef de file, car il possède tous les ingrédients nécessaires à la production. Par exemple, nous avons du lithium, utilisé dans la production de batteries. Comme je l'ai mentionné, le Québec a plusieurs mines. Il s'y trouve, entre autres, la mine Nemaska Lithium, dont la raffinerie sera achevée prochainement, soit d'ici à deux ou trois ans. Par ailleurs, le Canada est l'un des grands producteurs de nickel de classe 1, essentiel à la production de batteries. Il y a aussi du cobalt du côté de l'Ontario. Comme je l'ai dit à mes collègues, la seule raffinerie de cobalt en Amérique du Nord se trouve à Cobalt, en Ontario. À mon avis, cela contribue au fait que le Canada est en mesure d'être un champion mondial en matière de minéraux critiques pour l'industrie des batteries. Au Canada, il y a également des mines de manganèse et de graphite. Au Québec, il y a des réserves de graphite.
De concert avec différents intervenants, j'essaie d'élaborer une stratégie qui irait de la mine jusqu'au plan de recyclage.
Comme on le voit de plus en plus, les grands passeurs de commandes, soit les manufacturiers européens et nord-américains, veulent plus de diversité sur le plan de la chaîne d'approvisionnement. Ils veulent des chaînes d'approvisionnement plus près d'eux. Le Canada est en mesure de faire de la production de manière responsable. En matière environnementale, cela se traduit par la sécurité sur le plan de l'approvisionnement, par la traçabilité et par le fait que le Canada est un partenaire fiable.
Mes collègues et moi sommes en train de bâtir tout un écosystème en vue de produire des batteries au Canada. Notre stratégie va de la mine au recyclage. D'ailleurs, au cours des prochains mois — du moins, je l'espère —, on fera de belles annonces qui vont permettre la concrétisation de notre vision: le Canada peut être l'un des grands producteurs de batteries en Amérique du Nord.
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Pourquoi n'a-t-on pas utilisé les 45 jours additionnels permis pour vérifier cette transaction?
Essentiellement, vous dites que le lithium de propriété canadienne en Argentine n'était pas le bon; finalement, ce lithium ne répond pas aux besoins du Canada. Par contre, il y a une compagnie chinoise qui a décidé d'investir 1 milliard de dollars pour l'acheter. Évidemment, cet achat inclut entre autres les équipements technologiques. Cela intéresse la Chine, mais pas le Canada.
Je peux comprendre que le lithium utilisé est différent d'un endroit à l'autre, mais comment se fait-il que le Canada donne l'occasion à une entreprise appartenant à l'État chinois d'entrer en compétition avec lui? Même si le lithium se trouve en Argentine, la Chine l'acheminera vers son territoire pour le transformer. Après cela, elle va nous vendre des batteries. D'ailleurs, la Chine nous en vend déjà de façon assez importante. Il s'agit évidemment d'un bon coup pour la Chine.
Pourquoi n'est-ce pas le cas pour le Canada, compte tenu de la sécurité nationale sur le plan de l'approvisionnement et, comme l'a dit mon collègue, de la relation du Canada et des États‑Unis?
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Monsieur Généreux, je l'ai dit en anglais et je suis heureux de le répéter en français, la transaction de Neo Lithium a été revue. Nous nous sommes assurés qu'elle n'avait pas d'impact sur la sécurité nationale. De plus, elle a été assujettie au processus additionnel que j'ai mis en place en mars dernier.
L'élément que ceux qui nous écoutent doivent comprendre, c'est que le pouvoir d'enquête du ministre commence au moment où nous sommes conscients d'une transaction, ce qui peut arriver bien avant qu'elle soit notifiée au ministère. En vertu de la loi, le ministre a l'autorité d'enquêter, de demander la production de documents et de poser des questions à la compagnie, et ce, à partir du moment où l'information publique nous parvient.
Je sais que c'est la question du temps qui vous préoccupe. Ce que je dis, c'est que la loi nous permet d'enquêter avant même qu'il y ait une notification. Il n'y a pas deux processus d'analyse de la sécurité nationale, il y en a un seul. Il commence le premier jour et il comprend plusieurs étapes.
Quand nous arrivons à la conclusion que cela ne pose pas de danger sur le plan de la sécurité nationale, nous mettons fin à l'enquête. Nous recevons aussi des recommandations de la part des agences de sécurité nationale du pays.
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Je suis heureux que vous ayez posé la question, car une chose que je peux dire, c'est que nous avons effectué quatre fois plus d'examens que le gouvernement précédent et que nous avons bloqué deux fois plus de transactions que lui. Je pense que nous n'avons aucune leçon à recevoir des conservateurs au sujet de la sécurité nationale. Ce sera très clair dans le rapport annuel que nous allons présenter.
Écoutez, je suis heureux que vous ayez posé la question, car non seulement ai‑je publié, en mars, les nouvelles lignes directrices sur la sécurité en ce qui concerne les investissements étrangers, mais c'est moi qui ai instauré le nouveau cadre pour la sécurité de la recherche dans nos universités et nos collèges.
Vous vous rappellerez peut-être que nous avons bloqué la transaction touchant TMAC, au Nunavut, qui a fait l'objet d'une prise de contrôle par des intérêts étrangers. Comme dans le cas de Neo Lithium, nous avons pris le temps qu'il fallait pour examiner la transaction, et nous avons décidé de la bloquer pour préserver la sécurité nationale. Plus récemment, vous avez peut-être vu que, par l'intermédiaire du gouverneur en conseil, j'ai ordonné à China Mobile de se départir de tous ses actifs au Canada.
Les Canadiens qui nous écoutent ce soir peuvent comprendre que notre bilan est éloquent. La sécurité nationale est primordiale lorsque nous prenons des décisions. C'était le cas avec Neo Lithium. Je répète, pour que ce soit absolument clair, que le cas de Neo Lithium a été examiné sous l'angle de la sécurité nationale et qu'il a fait l'objet d'une évaluation approfondie, comme le prévoient les lignes directrices que j'ai publiées, pour garantir que la transaction ne porterait pas atteinte à la sécurité nationale du Canada.
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Je vous remercie beaucoup.
C'est une bonne question sur la transformation. Les minéraux venant du sol et de diverses sources ne se trouvent manifestement pas dans une forme qui peut être utilisée dans des activités comme la fabrication de batteries, la production de panneaux de silicone ou quoi que ce soit de cette nature. Le Canada dispose d'une capacité de transformation assez pousssée, pouvant notamment compter sur 27 usines de transformation de minéraux.
L'un des problèmes vient évidemment de l'offre et de la demande. Par exemple, il n'existe pas encore de compagnie à grande échelle qui fabrique des éléments de batterie au Canada. La demande en matières transformées entrant dans leur composition suit quand cette demande existe, et c'est en Chine qu'elle existe actuellement, alors qu'elle croît partout ailleurs. Comme l'a fait remarquer le sous-ministre Kennedy, le Canada accroît son importance en attirant des partenaires et des entreprises pour que ces deux éléments fonctionnent ensemble.
L'autre problème, c'est que la transformation des minéraux est très particulière à de multiples égards, et il faut évidemment faire de la recherche-développement. Dans le dernier budget de 2021, une somme de quelque 50 millions de dollars a été accordée à RNCan pour se mettre à niveau, effectuer plus de recherches et soutenir la recherche dans le secteur de la transformation pour avancer et continuer de renforcer la capacité du Canada d'être en mesure de continuer de développer ses capacités de transformation.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur Labonté, comme vous le savez, le Canada a publié une liste de minéraux critiques en mars dernier. Cette liste a été dressée en collaboration avec les industries de l'exploration, de l'extraction et de la fabrication, et après plusieurs mois de consultation auprès des provinces et des territoires. Elle fournit certainement plus de certitude et de prévisibilité à l'industrie, aux partenaires commerciaux et aux investisseurs en ce qui concerne les ressources que le Canada a à offrir.
Par exemple, le Canada est le seul pays occidental disposant d'une abondance de cobalt, de graphite, de lithium et de nickel, des métaux essentiels à la fabrication des batteries de véhicules électriques de l'avenir. Bien entendu, les minéraux pouvant être produits au Canada sont essentiels à l'industrie et à la sécurité nationales, et ont le potentiel de soutenir des chaînes d'approvisionnement sûres et résilientes afin de combler la demande mondiale.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la stratégie en matière de minéraux critiques que le gouvernement est en train d'élaborer?
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Je vous remercie beaucoup de cette question. Je suis ravi d'avoir l'occasion d'y répondre.
Le gouvernement du Canada a effectivement publié une liste des 31 minéraux critiques les plus importants. Comme vous l'avez souligné, cette liste a été dressée après des consultations et une analyse des plus poussées. Les facettes qui ont été examinées pour cette liste concernaient l'importance des minéraux pour notre sécurité économique et le besoin pour le Canada de disposer de ces minéraux pour effectuer la transition entre l'économie actuelle et l'économie à faibles émissions de carbone de l'avenir. Il y avait également des choses qui seraient importantes pour des partenaires potentiels et des activités de durabilité.
Lors de l'élaboration de la liste, nous avons sélectionné des minéraux dont le Canada est doté et qui existent sur notre territoire. Ces minéraux pourraient être exploités ou le sont déjà, selon leur nature particulière.
En publiant cette liste, nous voulions aider le secteur des minéraux, les investisseurs, les acteurs en amont ou le milieu de la fabrication à comprendre d'où viendraient les matières et les minéraux. Nous voulions également faire comprendre quelle orientation nous prendrions au sujet de l'importance de ces minéraux pour l'économie et comment ces minéraux sont exploités. C'est une démarche importante, car les minéraux eux-mêmes sont une chose, mais leur exploitation, les partenariats qui sont noués et les normes réglementaires en sont une autre. La protection de l'environnement en application des normes les plus strictes possibles qu'il est nécessaire de prendre s'inscrit dans la manière dont le Canada se voit et dont il se présente sur la scène mondiale.
Les sociétés minières canadiennes sont actives dans 100 pays du monde et possèdent des actifs de plus de 200 milliards de dollars qui font partie de leur écosystème. De même, le secteur canadien des ressources minérales, fort de plus de 300 milliards de dollars en actifs, compte environ 1 400 entreprises qui exploitent, mettent en valeur, prospectent et utilisent ces ressources.
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C'est une bonne question. Le Canada a la chance de compter 20 projets de mise en valeur du lithium en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Québec.
Notre pays possède deux types de ressources en lithium: la saumure de lithium, qui ressemble à ce qu'on trouve dans la saumure ou les sources liquides. Après ventilation, séchage et évaporation, on obtient un résidu, le lithium, qui est le plus souvent celui qui se retrouve dans la transformation du carbonate de lithium, à la faveur de la façon qu'on le produit.
Le deuxième type provient de la roche, c'est‑à‑dire d'un gisement lithinifère. Après extraction, on traite le minerai pour en séparer le lithium, qu'on transforme surtout en hydroxyde. On a le choix entre deux procédés. La saumure peut donner de l'hydroxyde, et la roche peut produire du carbonate de lithium. Toutefois, les coûts de l'énergie, du transport du minerai et de la transformation de ce minerai font qu'il est plus efficace de procéder autrement.
Les plus avancés des 20 projets au Canada, les plus susceptibles d'une exploitation commerciale, se trouvent au Québec, où le secteur minier a déjà mis en valeur des ressources renfermant du lithium. D'autres travaux sont en cours en Alberta, où on exploite de la saumure de lithium, et en Saskatchewan.
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Absolument. Merci beaucoup pour la question.
Depuis deux ans et demi ou trois, le dialogue se poursuit activement avec les États-Unis, dans le cadre d'un plan d'action commun sur les minéraux critiques, et nous coopérons avec eux à l'intérieur de cinq groupes de travail. Des ministères fédéraux se partagent la tâche. Le ministère de M. Kennedy en copréside certains, tout comme notre ministère de la Défense et d'autres. Des domaines de collaboration s'articulent autour de la Défense. Nous faisons de la recherche sur [Difficultés techniques], et de l'innovation. Nous nous focalisons sur la mise en commun des renseignements, des données, sur la collaboration entre chercheurs et sur des activités commerciales et des promotions dans lesquelles des entreprises américaines gardent le Canada à l'esprit, et des entreprises canadiennes, les États-Unis.
Nous avons instauré un dialogue semblable avec l'Union européenne. Nous avons des partenariats avec elle pour les matières premières, depuis environ un an, et nous coopérons là‑bas à la recherche-développement et à l'instauration d'un dialogue multilatéral également.
Dans tous les cas, l'objectif est de miser sur nos intérêts communs pour le développement durable, de trouver, grâce à la recherche, le moyen d'améliorer la transformation, dans un souci de l'environnement, par exemple. Cette collaboration est prioritaire dans le dossier des minéraux critiques depuis un certain nombre d'années et, actuellement, elle ne faiblit pas.
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Depuis un an et demi, nous constatons toute la vulnérabilité de l'industrie automobile en ce qui concerne les puces. Hélas, on en a fabriqué pendant des années à Mississauga, et nous avons observé Taïwan implanter une stratégie nationale pour mettre la main sur cette activité. Même les États-Unis la reconstruisent. Ici, nous ne faisons rien de notable.
Je ne partage pas le même optimisme pour les piles. Monsieur Kennedy, le tableau de pointage affiche actuellement un beau gros zéro. Nous n'avons rien. Quelle est la part des États-Unis dans le secteur des piles électriques?
Lansing, au Michigan, qui se trouve à une heure de route de l'endroit où je suis, à Windsor, en Ontario, a obtenu une autre usine — une autre —, et l'État de New York a même annoncé des investissements locaux de plus de 150 millions de dollars dans les pièces détachées et les composants électroniques de véhicules électriques.
Que possèdent les États-Unis? Nous sommes au moins liés à leur chaîne d'approvisionnement, et le Mexique [Difficultés techniques] avoir une idée? Au moins, nous avons des liens avec ces deux pays qui ont augmenté leur production automobile de façon très notable ainsi que leur production de piles, contrairement à nous, mais, au moins, nous avons des partenaires qui l'ont fait.