:
On dirait que M. Hanley tentait de parler plus fort que moi.
Monsieur Hanley, c'est bon de vous voir.
[Français]
Chers collègues, j'ai l'honneur de présenter le projet de loi devant votre comité aujourd'hui. Je tiens à souligner l'urgence et l'importance de ce projet de loi. Imaginez: nos lois ont été mises à jour pour la dernière fois il y a plus de 20 ans. La dernière fois que nous avons fait le travail nécessaire pour les Canadiens, c'était il y a plus de 20 ans, avant même que Facebook, Twitter et le iPhone n'existent. Alors, imaginez la nécessité d'agir de façon décisive et rapide.
On ne peut pas se permettre selon moi de passer outre à l'occasion de moderniser les lois sur la protection de la vie privée des Canadiens et des Canadiennes, qui s'attendent à ce que nous posions des gestes concrets. Je pense que le projet de loi répond à leurs attentes.
De plus, la technologie évolue rapidement, vous l'avez vu. Depuis que nous nous sommes vus la dernière fois, les Canadiens et les Canadiennes ont vu apparaître plusieurs nouvelles technologies, comme ChatGPT. Nous sommes tous confrontés à l'immense puissance de l'intelligence artificielle, qui représente de grandes possibilités, mais aussi — soyons honnêtes — des risques.
[Traduction]
Le projet de loi constitue la réponse dont le Canada a bien besoin face à des défis pressants. Il servira à bâtir un cadre plus robuste pour la protection des renseignements personnels et à mettre en oeuvre un nouveau cadre de réglementation de l'intelligence artificielle et des principes de la Charte canadienne du numérique.
[Français]
Le projet de loi mettra en œuvre des réformes cruciales pour mieux aligner notre projet de loi sur la protection de la vie privée sur les meilleures pratiques internationales, y compris le Règlement général sur la protection des données de l'Union européenne. Une grande partie de cela consiste à renforcer les pouvoirs du bureau du commissaire à la protection de la vie privée du Canada pour qu'il puisse rendre des ordonnances, obliger les entreprises à fournir des informations ainsi que recommander certaines des sanctions les plus élevées parmi les pays du G7.
[Traduction]
Il est aussi urgent de fournir des balises afin de régir la technologie de l'intelligence artificielle, qui progresse vite et qui est adoptée rapidement dans toute l'économie canadienne.
Je suis heureux de dire que je participerai à un immense sommet demain à Montréal. C'est le sommet All In avec Yoshua Bengio. Des milliers de personnes viendront de partout dans le monde pour écouter les Canadiens et voir ce que nous pouvons faire ensemble.
Le projet de loi vise à mettre en place des garde‑fous robustes pour le développement, le déploiement et l'utilisation responsables des systèmes d'intelligence artificielle. La partie 3 du projet de loi, la Loi sur l'intelligence artificielle et les données, est conçue pour protéger les Canadiens contre les risques liés à l'intelligence artificielle, pour favoriser de l'innovation digne de confiance ainsi que pour consolider la place du Canada comme chef de file mondial en matière de gestion responsable de l'intelligence artificielle.
Le Canada est l'un des premiers pays à proposer un cadre juridique sur l'intelligence artificielle. L'adoption de la Loi sur l'intelligence artificielle et les données signifiera pour tout le monde qu'il s'agit d'un domaine sécuritaire au Canada. Permettez‑moi de vous dire que nos homologues du Japon, de l'Union européenne et des États‑Unis ont tous pris contact avec nous. Ils voient le Canada comme un leader en la matière.
[Français]
Tout d'abord, laissez-moi vous dire ce que la future loi sur l'intelligence artificielle et les données ne fera pas: elle ne fera pas double emploi avec des domaines dans lesquels les lois existantes sont déjà efficaces. Elle ne réglementera pas non plus les nombreuses applications créatives et utiles de l'intelligence artificielle qui ne nécessitent pas l'intervention du gouvernement, par exemple pour vérifier la grammaire ou aider à décider quel choix de musique ou de film on pourrait aimer.
Certains systèmes d'intelligence artificielle, comme ceux qui déterminent si on obtient un prêt ou l'emploi désiré, peuvent toutefois avoir des conséquences réelles pour les familles canadiennes et les consommateurs et consommatrices. Selon moi, ce que nous proposons va permettre une innovation responsable, assortie d'un certain nombre de règles pour protéger les Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Il y a aussi les nouvelles technologies, comme ChatGPT. Comme vous l'avez vu dans les derniers mois et même hier, nous ne savons pas exactement de quoi sont capables les dernières innovations. Vous n'avez pas à me croire, mais je vous conseille de lire la lettre signée par Yoshua Bengio et des centaines de personnes de partout dans le monde pour nous avertir que nous devons agir.
Nous savons que l'intelligence artificielle peut faire beaucoup de travail utile pour nous, mais elle peut aussi servir à diffuser de fausses images et de fausses vidéos à une échelle inouïe. Nos lois actuelles ne sont pas conçues pour contrer ce genre de risques, mais la Loi sur l'intelligence artificielle et les données comblera ce manque.
Je sais que dans tous les partis, on se soucie de ces questions et que votre comité peut jouer un rôle crucial dans la protection des Canadiens. Veillons à ce que la technologie soit juste pour tous les Canadiens et à ce que nous ayons à nouveau confiance dans ces outils.
[Français]
Bref, notre projet de loi repose sur des bases solides. Cependant, je tiens à dire que j'ai également écouté les suggestions visant à l'améliorer, comme nous devons toujours le faire.
Mon bureau et mon ministère ont tenu plus de 300 rencontres avec des universitaires, des entreprises et des gens de la société civile sur le projet de loi. Nous avons aussi entendu d'importantes contributions de la part du Comité et de nos collègues parlementaires. J'ai également parlé directement avec le commissaire à la protection de la vie privée et écouté ses recommandations. Non seulement nous l'avons consulté et écouté, nous avons aussi présenté des amendements qui vont dans le sens de ses demandes. Je pense que mes collègues vont être heureux d'entendre les modifications que nous apportons.
[Traduction]
Au cours des 18 derniers mois, nous avons aussi pris des mesures pour renforcer les fondements de la protection des renseignements personnels au Canada, notamment en augmentant le financement du commissaire à la vie privée de près de 20 millions de dollars. Nous avons aussi produit un document d'accompagnement de la Loi sur l'intelligence artificielle et les données pour mieux expliquer le cadre de l'intelligence artificielle responsable.
Je voudrais maintenant vous présenter les amendements que notre gouvernement entend proposer pour améliorer le projet de loi. J'invite mes collègues à prêter particulièrement attention à ce que je m'apprête à dire.
Tout d'abord, nous allons proposer un amendement pour reconnaître le droit fondamental à la vie privée des Canadiens. Je pense qu'il s'agit là d'une grande victoire et d'un grand progrès pour le Canada. Je donne le crédit à mes collègues, à votre comité — comme vous me l'avez déjà dit — et aux intervenants de partout au pays de nous avoir aidés sur cette voie.
[Français]
Le projet de loi reconnaît déjà d'importants nouveaux droits en matière de protection de la vie privée, notamment l'exigence d'un langage clair de la part des entreprises pour améliorer le consentement des gens, ainsi que le droit à la mobilité des données et le droit de demander la suppression de celles-ci.
Nous voulons plus particulièrement nous assurer que les Canadiens peuvent dormir tranquilles, en sachant que leur droit à la vie privée sera respecté. J'encourage donc tous mes collègues à voter en faveur de l'amendement. Garantissons ensemble le droit fondamental à la vie privée des Canadiens.
[Traduction]
Je pense qu'il s'agit d'un grand pas en avant et que le Canada sera vu comme un chef de file mondial.
[Français]
Ensuite, on m'a entendu parler des enfants. Nous devons prendre soin de nos enfants, particulièrement sur Internet; je pense que cela fait consensus au pays.
Je suis le beau-père de deux jeunes filles et c'est une question qui me touche, comme l'ensemble des parents au pays. C'est pourquoi notre gouvernement proposera d'ajouter des amendements pour reconnaître et renforcer la protection accordée aux renseignements personnels des enfants. En ce qui concerne les enfants, à mon avis, on doit toujours en faire plus pour les protéger sur Internet, et c'est certainement ce que nous entendons faire.
[Traduction]
Enfin, je souligne que le commissaire à la vie privée doit être en mesure d'obtenir justice plus rapidement, même si le projet de loi renforce grandement sa capacité de rendre des ordonnances de conformité et de recommander les sanctions parmi les plus sévères au monde. Nous allons donc proposer des amendements pour donner au commissaire plus de flexibilité afin de conclure des accords de conformité avec les entreprises non conformes au terme de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Ainsi, le commissaire pourra conclure les affaires rapidement sans l'aide des tribunaux. C'est également un aspect que mes collègues autour de la table ont soulevé.
[Français]
Ensuite, nous travaillerons ensemble sur la première loi sur l'intelligence artificielle proposée dans notre pays. Lorsque j'ai déposé ce projet de loi en juin 2022, nous avions intentionnellement conçu un projet de loi flexible, reconnaissant que l'intelligence artificielle se développe extrêmement rapidement. L'exigence fondamentale est de permettre une réglementation future et flexible permettant aux entreprises de continuer d'innover et, évidemment, de protéger les Canadiens.
Notre gouvernement a l'intention de proposer des amendements clés pour ajouter plus de structure, de précision et de clarté dans l'ensemble de la partie sur l'intelligence artificielle, tout en préservant cette flexibilité. C'est ce qui a permis à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui est encore en vigueur au Canada, d'évoluer au cours des décennies. Il faut avoir de la flexibilité. C'est le modèle canadien qui nous a permis d'avoir du succès jusqu'à présent. La bonne nouvelle est que notre projet de loi a été conçu de manière flexible, afin que de nouvelles catégories d'intelligence artificielle puissent être ajoutées sous forme modifiée.
[Traduction]
Chers collègues, sachez tout d'abord que je vous ai entendus. N'oubliez pas que notre projet de loi porte seulement sur les systèmes d'intelligence artificielle à incidence élevée. Nous allons proposer un amendement afin de définir les catégories de systèmes qui seraient normalement considérées comme à incidence élevée, par exemple les systèmes qui prennent des décisions importantes sur les prêts ou l'emploi.
De plus, nous allons imposer des obligations précises et distinctes pour les systèmes d'intelligence artificielle d'utilisation générale comme ChatGPT. Je pense que nous agissons de manière très opportune. Ces systèmes sont déjà accessibles au public, ils peuvent interpréter une grande variété de commandes et générer du texte, des images et de l'audio.
Ensuite, j'ai entendu qu'une différentiation plus nette de la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle était nécessaire pour que les entreprises respectent des obligations claires. Ainsi, il faudrait faire une distinction entre une personne qui développe des systèmes d'intelligence artificielle et un gestionnaire qui déploie ces systèmes dans son entreprise.
Par ailleurs, nous allons renforcer et clarifier le rôle du commissaire à l'intelligence artificielle et aux données proposé dans le projet de loi, y compris en lui permettant de communiquer de l'information et de coopérer avec d'autres organismes de réglementation, comme le commissaire à la vie privée ou le commissaire de la concurrence.
Enfin, nous allons présenter des amendements ciblés pour préciser des définitions clés et certaines exigences, afin d'harmoniser notre loi à la Loi sur l'intelligence artificielle de l'Union européenne et aux lois d'autres économies avancées de l'OCDE. Ainsi, nous veillerons à ce que les entreprises d'intelligence artificielle canadiennes soient conformes à la législation en vigueur dans d'autres pays et qu'elles aient accès aux marchés internationaux. L'interopérabilité des entreprises est fondamentale dans le monde dans lequel on vit.
En terminant, monsieur le président, j'espère que ces amendements importants vous paraîtront aussi convaincants à vous qu'à moi. Nous faisons de notre mieux pour obtenir l'aval du Comité et pour que les Canadiens puissent être fiers de notre projet de loi.
[Français]
Je suis optimiste quant au potentiel du Canada dans l'économie numérique mondiale. J'ai hâte de collaborer avec vous pour mettre en œuvre une nouvelle loi sur la protection de la vie privée et sur l'intelligence artificielle responsable, parce que je pense que le Canada peut servir de modèle à l'échelle internationale. Les yeux du monde sont tournés vers le Canada pour voir comment nous allons adopter ce cadre pour aider nos entreprises à faire de l'innovation responsable tout en protégeant l'intérêt des Canadiens.
Merci.
:
Des gens nous ont dit qu'ils voulaient que le commissaire à la protection de la vie privée ait plus de mordant, comme on dit, en ayant des pouvoirs accrus et la capacité de rendre des ordonnances et d'imposer des sanctions. Si des entreprises ne se conforment pas — M. Perkins a évoqué cette possibilité —, il importe d'avoir un organisme de réglementation capable de prendre des mesures énergiques.
D'une part, nous voulons une loi, mais d'autre part, il y a aussi l'application de la loi. Nous avons un commissaire à la protection de la vie privée qui aura maintenant... Je peux vous dire, pour lui avoir parlé, qu'il se réjouit de la modernisation de la loi. Non seulement nous l'avons fait, mais nous lui avons également donné les moyens de l'appliquer, car le but étant d'aider à protéger les Canadiens, modifier la loi sans nouveau financement aurait été malhonnête, à mon avis.
En tant que parlementaires, notre rôle est de modifier la loi afin de donner au commissaire plus d'outils et plus de pouvoirs. Par exemple, on parle des ententes de consentement. Il n'est pas nécessaire de mobiliser l'ensemble du système judiciaire, mais en cas d'infraction, le commissaire pourra émettre des ordonnances et imposer des sanctions. Je pense que ce sera plus efficace, en fin de compte.
Vous vous souvenez peut-être que par rapport à la première version, le commissaire à la protection de la vie privée souhaitait un certain nombre d'amendements. Je dirais que nous avons tenu compte de tous ses amendements. La dernière fois que je lui ai parlé, il était favorable à ce projet de loi, car il comprenait que notre intention était de lui donner tous les pouvoirs nécessaires pour faire son travail.
Ce que je voudrais maintenant, si j'étais commissaire à la protection de la vie privée, c'est le financement, mais aussi une nouvelle loi qui me donnerait le pouvoir d'agir. Imaginez! Actuellement, notre commissaire à la protection de la vie privée est régi par une loi qui existait avant Google. Donc, manifestement, il n'a pas les outils nécessaires.
C'est quelque chose qui a été demandé. Si je me souviens bien, les membres du Comité ont également demandé que le commissaire à la protection de la vie privée ait un rôle et des pouvoirs bien définis, et c'est ce que nous avons fait en lui accordant des pouvoirs accrus pour s'acquitter du travail que les Canadiens attendent de lui.
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Merci beaucoup, madame Dabrusin.
Tout d'abord, vous avez de la chance de compter une industrie cinématographique dans votre circonscription. Je pense que beaucoup d'entre nous aimeraient en représenter une, parce que c'est sans contredit une formidable industrie qui apporte beaucoup de retombées économiques.
Vous avez tout à fait raison de dire que nos amis du Sud suivent de très près ce qui se passe au Canada, et je peux vous dire qu'ils ne sont pas les seuls: les pays de l'autre côté de l'océan Atlantique, en Europe, s'y intéressent aussi parce que tout le monde comprend qu'aucun pays ne peut avoir toutes les réponses sur l'IA.
Je pense à la coopération et à l'importance de prendre des initiatives au sein de l'OCDE ou du G7, comme l'initiative d'Hiroshima que nous avons lancée avec le Japon, qui présidait le G7. Même au sommet des dirigeants, il a été question d'IA. Le sujet est à ce point important de nos jours. Au Sommet du G7, les dirigeants ont parlé de l'intelligence artificielle: c'est dire à quel point c'est une priorité, et pas seulement pour les créateurs et les acteurs.
J'aimerais vous en parler plus en détail, mais je ferai bientôt une annonce, et on m'a conseillé de ne pas nécessairement tout dévoiler aujourd'hui. Une annonce à ce sujet est imminente et abordera une partie de la question. Vous avez tout à fait raison: nous devons mettre un peu l'accent sur la question et comprendre l'incidence que l'IA peut avoir. De plus, toujours au sujet de l'intelligence artificielle générative, j'ai vu un article hier, dans le New York Times, il me semble — je ne sais pas si mes collègues l'ont vu —, sur la façon dont, même maintenant, avec l'image et la voix, on réussit à... La technologie avance à une vitesse... Voilà pourquoi je dis espérer que mes collègues ressentent le même degré d'urgence que moi. Pas un jour ne passe sans que nous apprenions une nouvelle capacité de cette technologie qui dépasse ce que nous avions déjà vu. Il sera donc absolument nécessaire de nous doter d'un cadre qui permettra une IA responsable. Nous parlons beaucoup des défis et des risques, mais discutons davantage des nombreuses responsabilités liées à l'intelligence artificielle.
Demain, je rencontrerai des intervenants de l'industrie, comme Cohere au Canada, qui fait de l'excellent travail, et Xanadu. Il y a une tonne d'entreprises auxquelles je peux penser — Coveo crée beaucoup d'intelligence artificielle responsable dans notre pays —, alors nous voulons promouvoir l'innovation. Je pense que, par rapport au monde entier, on peut conclure que le Canada est à l'avant-garde de l'intelligence artificielle. Je me souviens que, à ma première réunion à Washington, on m'a dit: « Monsieur le ministre, s'il y a un domaine où le Canada jouit d'une énorme avance, c'est bien l'intelligence artificielle. » Nous sommes à la fine pointe de cette technologie, mais je pense que, pour continuer sur cette lancée, nous avons besoin d'un cadre, et c'est ce que nous proposons.