:
Mesdames et messieurs, je déclare la séance ouverte.
Soyez les bienvenus à la 35e séance du Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 26 septembre 2022, le Comité se réunit pour étudier les appels frauduleux au Canada.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes adopté le jeudi 23 juin 2022.
Afin de nous éclairer de leurs lumières aujourd'hui, nous recevons les témoins suivants du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes: M. Ian Scott, président et premier dirigeant; M. Steven Harroun, chef de l'application de la Conformité et enquêtes; et M. Alain Garneau, directeur, Mise en application, Télécommunications, Secteur de la conformité et des enquêtes.
Merci beaucoup, messieurs, de vous joindre à nous aujourd'hui pour cette réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
Sans plus tarder, je cède la parole à M. Scott pour cinq minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je dois vous dire que votre voix ne nous parvient pas très bien. Je vais voir ce qu'il en sera avec les autres membres, mais nous ne vous entendons pas très bien.
[Français]
Nous vous remercions de nous avoir invités à prendre la parole sur le thème des appels frauduleux au Canada, une question qui a particulièrement préoccupé le CRTC.
Comme vous le savez, nous avons participé à l'étude du Comité en mars 2020, et nous sommes heureux de fournir une mise à jour concernant nos activités.
Je suis accompagné de Steven Harroun, chef de l'application de la Conformité et enquêtes, et d'Alain Garneau, directeur de la mise en application, Télécommunications.
Les auteurs d'appels non désirés, qui sont souvent de nature frauduleuse, cherchent non seulement à profiter des Canadiens, mais aussi à saper leur confiance dans leur système de télécommunications. L'une de nos priorités au cours des dernières années a été de mieux protéger les Canadiens et d'empêcher que le plus grand nombre possible de ces appels ne leur parvienne.
[Traduction]
Il n'y a pas de solution unique, pas de solution miracle, qui puisse mettre fin à ce fléau. C'est pourquoi nous avons mis en place une stratégie robuste qui s'appuie sur un certain nombre de solutions techniques et réglementaires.
Tout d'abord, depuis deux ans, les fournisseurs de services de télécommunications sont tenus de bloquer les appels contenant des numéros qui ne peuvent normalement pas être composés, comme un numéro apparaissant comme 000-000 suivi de quatre chiffres. De toute évidence, ce n'est pas un véritable numéro. Ils sont bloqués automatiquement. Par ailleurs, les fournisseurs pourraient plutôt offrir à leurs abonnés des services de filtrage d'appels, qui ont des fonctions de gestion des appels plus avancées.
Les appelants peuvent également agir de mauvaise foi en utilisant de faux numéros d'appel pour dissimuler leur identité et leurs intentions, une pratique connue sous le nom de la mystification de l'identité de l'appelant, qui a pris énormément d'ampleur au cours des dernières années. Pour lutter contre cette pratique illégitime, nous avons exigé des fournisseurs de services qu'ils mettent en oeuvre le cadre STIR/SHAKEN en juin de l'année dernière. Nous avions discuté de cette mesure avec le Comité. Essentiellement, cette technologie permet aux fournisseurs de services de vérifier si l'identité d'un appelant est digne de confiance. Cette attestation se fait par l'authentification et la vérification de l'information sur l'identité de l'appelant pour les appels vocaux sur protocole Internet. Cela permet aux Canadiens de déterminer quels appels sont légitimes et lesquels doivent être traités avec prudence. C'est en quelque sorte le principe d'un feu rouge, d'un feu jaune et d'un feu vert.
Nous attendons les premiers rapports annuels des fournisseurs de services. Ces rapports nous aideront à évaluer la progression de la mise en oeuvre et les résultats obtenus. Nous savons cependant que de nombreux problèmes techniques avec lesquels nous étions aux prises, à l'instar de l'industrie, ont été résolus et que des fournisseurs plus modestes se joignent à nous pour offrir le même type de protection.
En outre, l'intelligence artificielle est une nouvelle arme prometteuse dans la lutte contre les appels frauduleux. Bell Canada a mis au point une solution utilisant l'intelligence artificielle pour bloquer les appels dont le caractère frauduleux est confirmé dans le réseau de l'entreprise. Nous lui avons permis de procéder à un essai. Nous avons approuvé l'essai et, encouragés par les résultats d'un essai de 15 mois, nous avons approuvé sa demande de mise en oeuvre de cette technologie de façon permanente en décembre dernier. À ce jour, plus de 1,5 milliard d'appels ont été interceptés et bloqués à la source. C'est autant de fois que vous n'avez pas eu à répondre à un appel que vous ne souhaitiez pas recevoir.
[Français]
Le CRTC travaille également avec l'industrie des télécommunications en vue de mettre au point un processus permettant de retracer les appels jusqu'à leur point d'origine dans le réseau. Le secteur a procédé à un essai qui a donné des résultats positifs. Nous avons donc demandé aux fournisseurs de services de commencer à mettre en place ce processus en vue de son déploiement complet. Les renseignements que nous serons en mesure de recueillir en localisant l'origine des appels nuisibles nous aideront à améliorer nos efforts d'application de la loi.
Bien sûr, nous continuons à superviser la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus. Les Canadiens ont enregistré plus de 14,6 millions de numéros de téléphone sur la liste depuis son lancement en 2008. Les plaintes soumises par l'intermédiaire de l'opérateur de liste contribuent à influencer nos efforts de sensibilisation et nos mesures d'application.
Notre travail continu avec l'industrie, le Centre antifraude du Canada et la GRC nous permet d'échanger des informations au sujet des communications nuisibles. Nous sommes également en contact régulier avec un certain nombre de ministères et d'organismes fédéraux, notamment l'Agence du revenu du Canada, le Bureau de la concurrence, Emploi et Développement social Canada et le Centre de la sécurité des télécommunications. Grâce à cet engagement, nous pouvons avertir les Canadiens de l'existence de campagnes illégitimes, en temps utile, afin de les aider à ne pas être victimes de fraude.
Le Comité est toutefois bien conscient que le problème des appels frauduleux ne se limite pas à notre pays.
[Traduction]
Le problème des appels frauduleux ne se limite pas au Canada. C'est un problème dans de nombreux pays, particulièrement dans les pays anglophones. Rien qu'aux États-Unis — je pense que je vous ai déjà fait part de ces chiffres —, on estime que 2 100 appels automatisés sont envoyés aux consommateurs chaque seconde, dont près de 50 % peuvent être des appels frauduleux.
Nous avons établi des accords officiels pour échanger de l'information et de l'expertise, ainsi que fournir un soutien aux enquêtes, avec nos homologues aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon.
Grâce à toutes ces initiatives, et avec l'aide de l'industrie et de nos partenaires nationaux et internationaux chargés de l'application de la loi, nous faisons des progrès considérables en vue de protéger les Canadiens et de rétablir la confiance dans le système de télécommunications canadien.
Sur ce, mes collègues et moi-même serons heureux d'essayer de répondre à vos questions.
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Je remercie beaucoup M. Scott et les autres représentants du CRTC pour leur présence aujourd'hui.
Je devrais d'abord vous remercier pour tout le travail que vous avez accompli dans ce dossier. Je pense que tous les partis sont d'avis que de réduire la fraude est une bonne chose pour tout le monde, peu importe l'allégeance politique.
J'ai lu avec intérêt le rapport que vous nous aviez fourni la dernière fois que nous avons discuté de ce sujet. En lisant le rapport, j'ai eu l'impression que vous aviez fait beaucoup de chemin au cours de la dernière décennie, et je pense que si quelqu'un mettait sur pied un centre d'appels frauduleux, disons dans ma ville, Regina, et que toutes les victimes étaient des gens de Saskatoon, je soupçonne qu'il y aurait de très bonnes chances que les fraudeurs se fassent prendre. J'ai également lu qu'un grand nombre des appels frauduleux proviennent de l'étranger, ce qui m'a amené à lire la quatrième recommandation formulée dans le rapport, à savoir que les accords de libre-échange actuels et futurs devraient contenir les mesures de prévention en question.
J'aimerais commencer par parler de la liste des numéros de télécommunication exclus. Pouvez-vous nous expliquer de quelle façon cette liste peut ou devrait faire partie des futurs accords de libre-échange?
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Nous devrions probablement commencer par scinder cette question. Mes collègues m'aideront à cet égard.
La liste des numéros de télécommunication exclus s'applique aux appels de télémarketing. Un ensemble de règles s'applique à cet égard. Il y a aussi la LCAP, la Loi canadienne anti-pourriel, qui s'applique à d'autres types de communications. Il faut donc prêter attention à la terminologie.
La liste des numéros exclus permet aux Canadiens d'y inscrire leur numéro de téléphone afin qu'ils cessent de recevoir des appels de la part d'entreprises de télémarketing légitimes. Elle est administrée par le CRTC. Les Canadiens sont très nombreux à y avoir inscrit leur numéro. Mes collègues peuvent vous donner des chiffres précis à cet égard si vous le souhaitez. Je vous ai donné une idée approximative du nombre de numéros. Plus de 14 millions de Canadiens ont inscrit leur numéro sur cette liste.
Il y a une exemption pour les organismes de bienfaisance et les sondeurs. Il y a aussi une exemption pour les partis politiques, que vous avez vous-mêmes approuvée. Nous recevons beaucoup de plaintes provenant de personnes qui se demandent pourquoi elles reçoivent encore des appels de… Nous ne voulons pas discuter de cette question. Nous respectons la volonté du Parlement, et le problème n'est pas là.
Le problème ce sont les entreprises qui refusent de s'inscrire — les entreprises de télémarketing légitimes qui ne s'inscrivent pas à la liste — ou les entreprises illégitimes. Nous nous occupons des entreprises qui refusent de s'inscrire. Nous recevons des plaintes à leur sujet, nous les recherchons et, si elles refusent de s'inscrire, nous leur imposons une amende. Je dois dire honnêtement que nous faisons très bien ce travail.
Pour ce qui est des entreprises illégitimes, elles ne… Il peut s'agir d'entreprises canadiennes ou étrangères. Cela m'amène à parler de cette autre catégorie, celle comprenant des activités dont un grand nombre sont menées à l'étranger. Ce que nous devons faire à cet égard n'est pas tellement lié aux accords de libre-échange. Nous devons, premièrement, établir des mécanismes de coopération avec d'autres pays, et c'est ce que nous faisons. J'ai d'ailleurs examiné et modernisé récemment des accords avec les États-Unis et l'Australie afin de rehausser notre coopération. Deuxièmement, il faut des initiatives comme celle permettant de retracer les appels, que j'ai mentionnée durant mon exposé, qui nous permettront de déterminer d'où proviennent les appels.
Si les appels proviennent d'une région du monde en particulier, nous devons alors nous adresser à des agents dans cette région, et nos partenaires du milieu de l'application de la loi et le ministère de la Justice sont saisis de l'affaire. À ce moment‑là, il est plus difficile pour nous d'intervenir, car l'affaire n'est essentiellement plus entre nos mains.
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Bien sûr. C'est une très bonne question.
Je vais d'abord apporter quelques précisions. L'élément fondamental, c'est que les entreprises de télémarketing doivent acheter la liste des numéros exclus afin de s'assurer de ne pas appeler les Canadiens qui ont inscrit leur numéro sur la liste. Vous avez donc raison. La plupart des entreprises canadiennes légitimes achètent cette liste et elles n'appelleront pas les personnes dont le numéro y est inscrit. Je parle ici des entreprises qui appellent des Canadiens.
Il y a en effet des entreprises de télémarketing américaines qui achètent la liste. Il y a aussi des entreprises de télémarketing étrangères. L'année dernière, 943 entreprises de télémarketing ont acheté la liste. Je vais faire un calcul rapide. Environ 50 d'entre elles sont des entreprises étrangères, pour la plupart américaines, mais on compte aussi des entreprises du Royaume-Uni et du Maroc. Ces entreprises connaissent les règles en vigueur au Canada, et c'est pourquoi elles ont acheté la liste.
Il en va de même du côté des entreprises de télémarketing canadiennes. Elles doivent respecter les règles en vigueur aux États-Unis.
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Je vais essayer de répondre aux deux questions.
Premièrement, nous nous employons bien sûr à nous attaquer à la racine du problème en ayant recours à diverses solutions en collaboration avec les opérateurs en vue de limiter les appels. Comme je l'ai expliqué, c'est la première mesure à prendre.
La deuxième mesure à prendre, et vous avez raison, est particulièrement importante pour les personnes les plus vulnérables, les Néo-Canadiens, qui ne connaissent sans doute pas très bien le système et les organismes, les personnes âgées, etc. Nous avons recours à des outils éducatifs. Nous travaillons aussi consciencieusement avec d'autres ministères. Vous avez mentionné l'ARC, avec laquelle nous travaillons, durant la saison des impôts, pour diffuser des messages. Nous avons également un service du renseignement qui recueille de l'information afin de repérer les dernières tendances et nous communiquons cette information aux organismes d'application de la loi. Nous la communiquons aussi au public par l'entremise de gazouillis et d'autres moyens.
Pour répondre rapidement à votre dernière question, je dois dire que je ne peux pas vous fournir de chiffres à cet égard. Nous ne calculons pas cela de cette façon. Nous ne calculons pas combien nous dépensons pour la collecte de renseignements par rapport au nombre de plaintes que nous recevons. Bien entendu, nous pourrions vous fournir des statistiques au sujet de la part du budget du Conseil destinée au groupe de M. Harroun, mais il s'agirait seulement de chiffres globaux.
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Je vous remercie, monsieur Scott.
Je pose la question parce que je pense que le public veut savoir — il veut un chiffre — quelles sommes sont consacrées par les organismes gouvernementaux pour lutter contre ces escroqueries, et, sur le plan de la reddition de comptes, si les résultats visés sont atteints. Si nous n'avons pas de cible ou d'objectif, il est très difficile de réaliser quoi que ce soit.
Vous avez parlé de votre collaboration avec la GRC. L'année dernière, savez-vous combien il y a eu de condamnations à la suite des enquêtes qui ont été menées? Lorsque les gens signalent une fraude et qu'il y a une enquête, que se passe‑t‑il ensuite? Quel est le processus? Quel est le nombre de condamnations?
Nous pourrons alors discuter de la question de savoir si un amendement au Code criminel s'impose. Je ne sais même pas combien il y a eu de condamnations. Je n'ai entendu parler d'aucune condamnation dans les médias.
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Monsieur le président, je serai évidemment le dernier à vous reprocher d'avoir accordé ce temps de parole.
Je reprendrais la même boutade que j'avais dite lors de notre dernière étude de cette question. Nous, les francophones du Québec, avons quand même un avantage: quand nous recevons un appel en anglais, nous savons que cela risque d'être de la fraude.
Dans son rapport de 2020, le Comité souhaitait une plus grande collaboration entre les organismes gouvernementaux, dont le CRTC, la GRC, le Bureau de la concurrence et Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Le Comité avait entendu beaucoup de témoignages et de solutions. Il avait aussi été établi qu'une intervention de la part du consommateur était nécessaire pour détecter une arnaque.
Le 30 novembre 2021, le CRTC a publié un communiqué dans lequel il annonçait le lancement d'une nouvelle technologie, appelée STIR/SHAKEN, destinée aux fournisseurs de télécommunications et leur permettant de déceler les appels provenant de faux numéros.
Selon ce que j'en comprends, une seule entreprise a donné suite à votre annonce, soit Bell Canada. Qu'en est-il des autres fournisseurs de télécommunications? Déploient-ils eux aussi des efforts? Où en sont-ils?
Pouvez-vous donner des exemples d'initiatives grâce auxquelles il est possible de lutter contre la fraude visant les clients de ces entreprises?
Le cas de Bell, qui est récent, a été mentionné. À mon avis, c'est un très bel exemple d'une entreprise qui prend les choses en main. La compagnie Rogers a elle aussi fait une belle percée dernièrement. Elle a adopté une technologie fondée sur l'intelligence artificielle, qui utilise des algorithmes pour informer le destinataire de l'appel de l'identité de la personne qui l'appelle ou, à tout le moins, lui permettre de décider si l'appel semble légitime.
Il faut comprendre que la technologie STIR/SHAKEN n'a pas comme objectif de bloquer les appels, mais de permettre à la personne qui reçoit l'appel de décider de façon éclairée si elle veut y répondre après que celui-ci a été validé au niveau A, B, ou C. Sans entrer dans les détails, le rôle du fournisseur de services dont émane l'appel sera essentiellement d'authentifier ce dernier en certifiant qu'il provient de l'un de ses clients, qu'il le connaît et qu'il s'agit bel et bien de M. Ian Scott, par exemple. Le fournisseur de services de la personne qui reçoit l'appel lui confirmera qu'elle peut y répondre, que c'est bien M. Ian Scott qui l'appelle, et non une personne en Europe qui essaie de l'arnaquer.
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Je vais remonter un peu dans le temps pour vous fournir des détails.
Comme première étape, nous nous sommes attaqués aux appels utilisant la technologie de la voix par IP, le protocole d'Internet. La raison en est simple: au Canada, les réseaux MT, qui utilisent le multiplexage temporel, sont encore assez répandus. Imposer aux fournisseurs de migrer vers la technologie de la voix par IP, c'est une chose, mais il faut comprendre que des coûts sont associés à cela. Il faut donc procéder de façon progressive. Ce sera la prochaine étape.
Les États‑Unis ont adopté ou mandaté l'authentification hors bande, qui permet de certifier des appels même s'ils sont acheminés sur un réseau MT. C'est l'approche que nous avons adoptée au Canada. Il faut comprendre que le marché canadien est plus petit que celui des Américains. Il faut aussi penser à l'accès aux solutions technologiques offertes par les vendeurs.
Pour ce qui est des plus petits fournisseurs de services, le CRTC a récemment demandé à l'Autorité canadienne de gouvernance des jetons sécurisés d'augmenter leur couverture pour qu'ils aient, eux aussi, plus facilement accès à ces jetons. Nous faisons donc quelque chose pour les petits joueurs.
Ceux d'entre eux qui sont des revendeurs pourront en bénéficier par l'entremise du fournisseur de services avec lequel ils font affaire, lequel pourra valider leurs appels.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence parmi nous.
Pour ma première intervention, je pourrais peut-être demander à nos analystes d'examiner les 15 recommandations qui se trouvaient dans le rapport précédent pour savoir si on y a donné suite, et de les ajouter pour nous à un ensemble de recommandations. Il y en a 15 en tout.
Je vais m'adresser à M. Scott.
La cinquième recommandation portait sur un projet de loi pour l'échange d'information entre la GRC et vous.
Un ministère ou un ministre a‑t‑il communiqué avec vous ou établi un rapprochement à ce sujet? La recommandation provenait de votre témoignage au cours de la dernière session lorsque nous nous sommes penchés sur l'échange de ces renseignements, car, comme vous l'avez dit, c'est un gros problème et une question de champs de compétence.
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C'est dans notre rapport sur la liste de numéros de télécommunications exclus. À ce jour, nous parlons d'environ 11 millions de dollars au cours des 10 dernières années. Au cours de la dernière année, il s'agit d'environ 600 000 $.
Je pense que ce qu'il faut dire à ce sujet, et M. Scott y a fait allusion, c'est que les sanctions administratives pécuniaires que les entreprises ont volontairement... ou qu'elles ont reçues après avoir enfreint les règles de télémarketing. Ce sont des intervenants légitimes qui, si je puis dire, rachètent les péchés qu'ils ont commis dans le passé. Ils n'ont pas acheté la liste, ils n'ont pas appelé les bonnes personnes au bon moment et ainsi de suite.
Je pense que vous parlez davantage, monsieur Masse, de ce qui se rapporte à la fraude, c'est‑à‑dire la moitié. Ce n'est pas là que nous pouvons imposer nos sanctions administratives pécuniaires.
Si je peux me permettre de revenir à votre question précédente, monsieur Masse, je pense qu'il est important de comprendre que nous avons un régime civil. Vous pourriez me donner 10 millions de dollars demain et j'en serais ravi, car je pourrais affecter le CRTC au complet aux dossiers de télémarketing et de lutte contre les pourriels. Cependant, puisque nous avons un régime civil, pas un régime criminel, il est possible que vous ne soyez toujours pas satisfait des résultats obtenus pour ce qui est de la fraude.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, c'est toujours agréable de venir ici. Je me rappelle une bonne vieille phrase que je disais quand j'étais journaliste: « quand c'est bon, ce n’est jamais long. » J'ai trouvé que M. Masse avait de très bonnes questions, pertinentes.
De façon générale, quand il est question de ces appels, on a toujours le meilleur et le pire. C'est d'ailleurs le cas pour à peu près toutes les technologies de l'information. On peut avoir d'excellents outils, comme on peut assister à un dérapage inacceptable.
D'ailleurs, ne nous leurrons pas: nous sommes tous ici des hommes et des femmes politiques, nous avons tous mené une campagne électorale il y a près d'un an, et je pense que nous avons tous eu recours aux appels automatisés. Je suis très fier de mes cheveux blancs, qui prouvent que je ne suis pas le plus habile dans ce domaine, mais j'ai finalement accepté de dépenser un peu d'argent pour ces appels automatisés, ce qui est assez exceptionnel dans mon cas. J'avoue que j'ai été drôlement impressionné par les résultats tangibles que j'ai obtenus, puisque ces appels permettent de faire du pointage à coup de 2 000, 3 000 ou 4 000 personnes à l'heure. C'est rentable, il faut en être conscient.
Vous avez parlé de l'initiative de Bell Canada, qui s'est rendue à votre invitation pour déceler et corriger des failles de façon proactive. C'est le genre d'initiative que l'on doit faire mousser et encourager. Quand les entreprises privées qui vivent de ces appels choisissent de se discipliner de cette façon, on se dote ainsi des meilleurs outils pour la suite des choses. Je salue donc cette très bonne initiative.
Je passe maintenant à des questions plus techniques, dans le désordre.
Premièrement, y a-t-il moyen d'arrêter à la source les appels non sollicités provenant de l'étranger, qu'il s'agisse des États‑Unis ou d'un autre pays inconnu et lointain? Est-ce possible sur les plans technique et juridique? Évidemment, une loi peut tout permettre au besoin. Pourrait-on configurer les téléphones canadiens de telle sorte que tous les numéros ayant un indicatif régional autre que le 418 ou le 613, par exemple, soient bloqués?
:
Non, ce n'est pas du tout quelque chose que le CRTC a considéré.
Je veux simplement dire que nous avons adopté une approche triple.
Premièrement, et comme le mentionnait M. Harroun tantôt, il y a une limite à ce que nous pouvons faire quant à la mise en application. Si nous avions plus d'argent, nous pourrions traiter plus de dossiers, mais, en fin de compte, il y aurait simplement plus de gens qui s'occuperaient de cette question.
Deuxièmement, nous faisons beaucoup de sensibilisation auprès des petites entreprises, mais aussi auprès des personnes âgées, un aspect que je vous laisse la surprise de découvrir dans notre prochain rapport.
Le troisième pilier est tout le travail que nous faisons en amont, ce dont a parlé M. Scott:
[Traduction]
Il y a le blocage d'appels par Bell, le blocage universel d'appels, la technologie STIR/SHAKEN, le dépistage des appels.
[Français]
Tout cela se fait en amont et il reste du travail à faire dans ce domaine.
:
D'accord. Et M. Harroun, le chef du groupe responsable, vous donnera des détails.
Évidemment, on pense d'abord aux communications avec le public et à des partenariats avec divers acteurs. Voici rapidement de quoi il s'agit.
D'abord, un de nos groupes, chargé du renseignement, examine tout ce qui passe par le centre antifraude et tous les renseignements que nous rassemblons pour caractériser les campagnes qui se profilent. Un député vient de dire que dès le lendemain de l'annonce d'un programme, par le gouvernement, ce programme donnait lieu à des appels frauduleux.
Pendant la période de déclaration des revenus, nous travaillons en étroite collaboration avec l'Agence du revenu du Canada pour rappeler aux contribuables que le gouvernement ne les menacera pas de peines de prison, etc. par texto ou par des appels téléphoniques.
Pendant la sensibilisation, nous prononçons des conférences dans les universités, des conférences sur la prévention des fraudes, des conférences qui s'adressent à des spécialistes du télémarketing et ainsi de suite.
Monsieur Harroun, pourriez-vous mieux structurer ce que j'essaie de dire?
L'essentiel, pour nous, est de rejoindre les Canadiens à divers niveaux, y compris les Canadiens lambda. Nous essayons de communiquer ce message à certains partenaires de notre gouvernement, mais nous nous adressons également à des associations du secteur. J'interviens beaucoup à diverses conférences, comme vient de le dire M. Scott, mais nous collaborons aussi avec nos homologues du Bureau de la concurrence et du Commissariat à la protection de la vie privée, en mettant en commun les renseignements que nous trouvons et en appuyant les campagnes.
Octobre — j'allais dire la semaine prochaine — est le mois de la prévention de la fraude. Nous participerons donc avec l'Agence du revenu du Canada et le Bureau de la concurrence ainsi que d'autres acteurs à la diffusion régulière de messages. Le CRTC possède une équipe hors pair de communicateurs dont les messages sont diffusés par notre site Web, nos réseaux sociaux, etc.
Nous essayons d'être aussi présents qu'il est possible de l'être dans cet espace.
:
M. Garneau voudra peut-être compléter ma réponse qui, je le crains, vous paraîtra un peu facile, et je vous demande d'avance de bien vouloir m'en excuser, mais ce sont les stratagèmes les plus sophistiqués. Les fraudeurs sont très opportunistes. Quand le gouvernement a mis sur pied un programme de soutien du revenu, au beau milieu de l'épidémie de COVID, il ne leur a fallu que quelques heures pour diffuser auprès d'éventuels bénéficiaires des messages disant que leur nom figurait à tel rang sur la liste et leur demandant de faire tel numéro ou de texter à l'endroit prévu un message pour obtenir leur remise.
Immédiatement après la panne de Rogers, ils diffusaient des messages à des destinataires censés avoir droit à un remboursement du diffuseur. Pour l'obtenir il suffisait de texter ou d'appeler. Ils ne perdent pas de temps. Ils sont très sophistiqués. Dans l'administration fédérale, nous recevons même de leurs messages. Certains de mes employés ont apparemment reçu des courriels de moi, mais ils ont eu la présence d'esprit de se rappeler que je ne leur demande habituellement pas d'aller acheter pour des milliers de dollars des cartes iTunes. Nous recevons des questions, comme les municipalités, de personnes qui doivent virer de l'argent pour un contrat ou n'importe quoi d'autre.
Que certains stratagèmes se déploient à grande ou à petite échelle, les fraudeurs sont futés. Ils ne perdent pas de temps pour profiter des annonces publiques et ainsi de suite. C'est dans ces circonstances qu'ils sont peut-être les plus efficaces.
À votre connaissance, monsieur Garneau, conservons-nous des statistiques particulières?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Selon ses propres chiffres, le Centre antifraude du Canada a reçu, depuis le début de l'année, plus de 50 000 signalements de fraude, pour des pertes estimées à 285 millions de dollars.
Or, Statistique Canada estime que la fraude est constamment sous-évaluée puisque seulement 13 % des crimes sont signalés à la police.
Je ne sais pas comment Statistique Canada fait pour savoir que seulement 13 % des fraudes sont signalées, mais, si ce pourcentage est exact et que cela représente 50 000 rapports de fraude et 285 millions de dollars, nous parlons ici potentiellement de milliards de dollars extorqués par la fraude. Est-ce que je calcule bien? Mon évaluation est-elle exacte?
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Je vais revenir un peu sur ce que M. Harroun a expliqué.
Pour nous, pour être qualifié de télémarketing, l'appel doit avoir un but commercial. Que l'entreprise soit légitime ou non, elle doit offrir un produit ou un service. Si l'appel est de nature criminelle, cela revient à dire que la personne utilise le réseau de télécommunications pour commettre un crime, ce qui ne relève pas du mandat du CRTC.
Par analogie, cela reviendrait à dire que, si une personne conduisait une fourgonnette Dodge au moment de commettre un vol à main armée, il faudrait demander au concessionnaire automobile de faire quelque chose. Voyez-vous où je veux en venir? Lorsqu'un crime est commis, même si le vecteur utilisé est le réseau de télécommunications, notre mandat s'arrête au niveau civil.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins du temps qu'ils ont accordé à notre comité.
Je tiens encore à souligner, pour le Comité, l'importance de la question. Ces appels ne sont pas seulement importuns. Je sais que, avant mes débuts dans la vie politique, des personnes âgées de milieux ethniques et minoritaires étaient ciblées dans leur langue maternelle. On leur commandait de déposer sous l'heure tel montant d'argent, sinon elles perdraient leur citoyenneté ou leur carte de résident permanent. Elles obtempéraient. Je sais que, dans un cas, la victime s'est ensuite suicidée, tant cette épreuve l'avait embarrassée. La question est donc très grave.
Monsieur Scott, vous avez évoqué une coopération entre votre organisation et des organisations homologues de l'étranger. Pourriez-vous en dire un peu plus? J'ai l'impression que nous devons prendre soin de toutes les personnes que, chaque année, nous faisons entrer dans notre pays et les protéger en raison de leur vulnérabilité. De quelle coopération s'agit‑il?
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Premièrement, je veux répéter — étant donné que je crois que vous êtes le deuxième député à faire valoir cet argument —, qu'il ne s'agit pas seulement de nuisance, et vous avez tout à fait raison de dire que c'est sérieux. Les chiffres cités par le député, pour ce qui est des montants potentiels associés à la fraude, sont énormes, et les conséquences sur la société aussi. C'est pourquoi nous sommes saisis de cet enjeu, et vous n'avez donc aucun désaccord de notre part.
Ce que nous essayons de faire, comme je l'ai dit précédemment, avec les organisations internationales, c'est d'échanger les pratiques exemplaires, de mettre à contribution nos connaissances et de coopérer. Je vais vous donner un exemple rapide. Nous avons récemment signé un nouveau protocole d'entente avec l'organisme de réglementation australien, et c'est en partie parce que la fréquence de ces appels augmente actuellement en Australie. La tactique est parfois différente, mais les modèles généraux sont semblables. Dans la mesure où nous pouvons le faire, nous leur ferons part de renseignements sur les techniques d'enquête, les techniques d'application et les renseignements que nous recueillons sur la manière la plus proactive de traiter ce problème.
Je vais vous donner un deuxième exemple. La nouvelle présidente récemment nommée de la Federal Communications Commission, la FCC, et moi nous sommes rencontrés à deux reprises. L'une de ses priorités, à l'instar de ses prédécesseurs, ce sont les appels automatisés, comme ils ont tendance à les appeler aux États-Unis. Par exemple, nous allons essayer d'accroître nos activités de retraçage des appels et dire: « D'accord, ce sont des appels au Canada en provenance des États-Unis ou d'un autre pays. » Par ailleurs, nous pouvons travailler avec les États-Unis et dire: « Si l'appel provient des États-Unis, où cela a commencé? ». Nous pouvons ensuite passer à la porte suivante, pour ainsi dire. Ensuite, on travaille à fermer ses portes avec les fournisseurs. C'est donc une combinaison d'échange de renseignements et de tactiques qui fonctionnent et de détermination des tendances.
Le dernier point que je vais soulever, c'est que lorsque nous parlons d'activité criminelle — et il y a une activité criminelle dans certaines de ces situations —, il faudra trouver la capacité de poursuivre ces affaires, que ce soit aux États-Unis ou dans un pays asiatique ou ailleurs, car à la source, l'activité est peut-être dans un autre pays, et nous devons prendre des mesures d'application de la loi là‑bas, et c'est un défi.
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Je comprends. C'est juste que j'hésite toujours à dire que les appels proviennent d'une région particulière du monde. Ils viennent de nombreuses régions. Les acteurs malveillants peuvent être n'importe où et utiliser des technologies n'importe où, mais vous avez tout à fait raison: il y a des exemples ici et ailleurs.
Il y a deux choses différentes ici. Nous travaillons avec des organismes aux vues similaires. Oui, nous avons traité avec l'organisme de réglementation des télécommunications indien, par exemple. Je ne sais pas si nous avons eu un engagement direct avec, par exemple, l'organisme de réglementation du Pakistan, mais nous travaillons aussi au sein d'organisations comme l'Institut international des communications, qui regroupe des organismes de réglementation du monde entier. Nous organisons une réunion ici à Ottawa en novembre. Nous y soulevons ces questions.
Il y a une différence entre échanger des renseignements et des pratiques avec d'autres organismes de réglementation et l'autre chose dont vous parlez, à savoir l'application de la loi. Nous devons laisser aux organismes chargés de l'application de la loi et au ministère de la Justice le soin d'intenter des actions et à encourager leurs homologues internationaux à le faire. Cela échappe à notre compétence et à notre portée, pour ainsi dire.
Je n'ai pas apporté de statistiques avec moi aujourd'hui, mais la réponse courte est que l'industrie a pris de nombreuses mesures, et les résultats sont très encourageants. Les activités d'échange de cartes SIM ont considérablement diminué.
Je ne sais pas, monsieur Harroun, si vous avez les chiffres en tête.
Une grande partie du travail de l'industrie a été réalisée en coopération sous l'égide de l'Association canadienne des télécommunications sans fil. Elle a dit qu'elle mettrait en place des mesures par l'entremise de leurs membres pour ajouter des couches de protection supplémentaires. Ils se sont mis d'accord sur diverses mesures, et ils coopèrent, et ces mesures ont permis d'atteindre une réduction considérable. Le problème n'a pas été éliminé — il y a toujours des acteurs opportunistes —, mais la situation s'est grandement améliorée.
Je n'ai pas apporté ces statistiques avec moi, mais je peux confirmer que le problème est considérablement moindre. J'emploierai ce terme.
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Si vous me demandez de parler de la question de la physique quantique, je pense que je vais m'esquiver, et je ne suis même pas certain que je pourrais laisser à quelqu'un d'autre le soin de le faire. Je ne pense même pas pouvoir appeler un ami.
Si je peux me permettre de tenter une réponse, lorsque nous avons approuvé l'essai pour Bell et que nous avons enfin approuvé un service, les plus grandes contestations que nous avons reçues étaient, premièrement, des préoccupations concernant la vie privée et, deuxièmement, des préoccupations — si vous voulez — concernant les faux positifs, la possibilité de bloquer des appels légitimes. L'essai a montré qu'il n'y avait pratiquement pas de blocages accidentels ou erronés. C'est pourquoi, après avoir vu toutes les preuves de l'essai, nous l'avons approuvé.
Je n'ai pas entendu dire qu'il y a eu d'autres demandes. Rien n'a été porté à l'attention du Conseil pour l'instant, mais je suggère que nous abordions les projets ou propositions de la sorte de la même manière que nous l'avons fait avec le projet de Bell. Nous voudrions l'examiner, tenir une audience publique, obtenir l'avis du commissaire à la protection de la vie privée, des défenseurs de la vie privée et de tout autre universitaire ou professionnel sur les forces et les faiblesses, créer un dossier et prendre une décision. Nous sommes ouverts à toutes les solutions que l'industrie et les particuliers pourraient nous proposer. Nous les mettrons ensuite à l'essai avant d'en autoriser l'application.
J'espère avoir répondu à la question.
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Je vous en serais reconnaissant.
Je pense que le seul ajout... J'utiliserai les recommandations 12 et 13 comme exemples en lien avec le CRTC. Cela fait un certain temps que nous avons fait cela. Je n'ai pas les détails sous les yeux en ce moment comme c'était le cas lorsque nous avons étudié le dossier la première fois.
La recommandation 12 se lisait comme suit:
Que le gouvernement du Canada appuie la réalisation d'une enquête publique sur le portage non autorisé par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.
La recommandation 13 était la suivante:
Que le gouvernement du Canada présente un projet de loi pour protéger les Canadiens contre le portage non autorisé si le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes n'amorce pas d'enquête publique sur le portage non autorisé dans un délai de six mois.
Vous n'auriez pas à répondre précisément à ces recommandations. Il s'agirait de répondre à la question du portage non autorisé et du travail que vous avez effectué en lien avec une enquête publique ou d'autres travaux que vous auriez réalisés. Ce serait le genre de réponse écrite qui, à mon avis, serait utile.
La seule autre question que j'ai se rapporte à votre travail. Ce n'est pas un problème uniquement canadien. C'est un problème qui existe partout dans le monde. Vous l'avez désigné comme étant un défi dans d'autres pays anglophones et francophones. Je pense que vous avez également dit que l'Asie est un point névralgique pour les appels frauduleux.
Y a‑t‑il d'autres pays qui adoptent des pratiques exemplaires que, d'après vous, le CRTC devrait examiner sérieusement? Quels autres pays dans le monde s'attaquent à ce problème mondial et le font mieux que nous ou adoptent des pratiques exemplaires que nous pourrions adopter ici?
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Je vous en suis reconnaissant.
L'autre point sur lequel il serait utile que vous assuriez un suivi par écrit — et peut-être au sud de la frontière est le meilleur exemple — serait les secteurs où vous avez relevé des pratiques qui valent la peine d'être adoptées, celles que d'autres pays adoptent et que le CRTC adopte. Il serait bon pour nous de comprendre le travail que le CRTC a fait pour améliorer ses propres mesures, le modèle étant, « Nous avons consulté des gens au sud de la frontière, et voici des mesures que nous avons prises pour suivre leur modèle ». Si ce travail n'est pas entièrement terminé dans certains cas, il faut comprendre l'état d'avancement des travaux et suivre les meilleures pratiques que vous avez trouvées dans d'autres régions du monde. Je pense que c'est très utile lorsque c'est directement lié à votre travail.
Si, dans le cadre de votre travail — comme vous le dites, dans le cadre de votre régime législatif —, vous découvrez d'autres pratiques exemplaires dans vos relations qui ne sont pas propres au CRTC, mais qui pourraient être appliquées par un autre organisme, elles pourraient également être utiles au Comité. Vous n'aurez peut-être pas une longue liste, car cela ne relève pas forcément de votre compétence. Un suivi par écrit serait utile pour donner une idée de la façon dont vous apprenez des pratiques exemplaires ailleurs et y répondez.
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Merci. Nous ferons de notre mieux. C'est en quelque sorte un rapport d'activité et une liste de souhaits. Je n'essaie aucunement de minimiser... mais je pense que c'est ce que vous demandez, essentiellement.
Je tiens à être clair. Les deux recommandations auxquelles vous avez fait référence concernaient le portage, qui était à l'époque un problème croissant connu de tous. Par exemple, nous avons demandé à l'industrie, avec insistance, à prendre des mesures à cet égard, et elle l'a fait, qui plus est sans que nous ayons à tenir une instance publique. Leurs mesures ont eu du succès.
Évidemment, nous avons beaucoup de choses à faire et beaucoup de travail important à faire. Nous ne tiendrons pas une instance si nous estimons qu'un problème est résolu ou, du moins, en voie de l'être.
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Je comprends, et c'est exactement... Nous disons la même chose...
M. Nathaniel Erskine-Smith: Oui, exactement.
M. Ian Scott: ... ou nous sommes résolument d'accord.
Je tiens à dire que nous nous sommes attaqués au problème. Nous avons abordé la question en incitant l'industrie à agir, ce qu'elle a fait ou continue de faire...
M. Nathaniel Erskine-Smith: Exactement.
M. Ian Scott: ... et c'est un bon progrès.
Quant à l'autre question, nous ferons de notre mieux, et nous essaierons de présenter une liste modeste et raisonnable.
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Nous le pouvons, de manière globale. Voilà le genre de renseignements liés à ces appels que nous échangeons avec nos entreprises de télécommunications, ainsi qu'avec la GRC et le Centre antifraude du Canada. Nous partageons de l'information regroupée sur les campagnes que nous — les entreprises de télécommunications et nous — constatons.
Pour répondre à la question précise que vous avez posée plus tôt, je connais bien les FST, leurs services de lutte contre la fraude et les ressources dont ils disposent. Je suis certain qu'ils ont des mécanismes pour l'examen des plaintes des clients qui se disent victimes, par exemple. Le plaignant peut s'adresser aux organismes d'application de la loi, ou Rogers, par exemple, peut aussi s'adresser à la GRC, ou non.
Évidemment, il existe des recours dans le système de justice pénale pour les cas où des personnes sont victimes. Le défi, même pour le CRTC, c'est que nous faisons des signalements concernant les campagnes ou les activités de ce genre que nous constatons, mais pour nos collègues de la GRC, aux côtés desquels nous avons comparu la dernière fois, en mars, cela s'ajoute à une pile de cas à examiner toujours plus volumineuse.
Je suis convaincu qu'il y a des moyens, mais de notre côté, il y a des détails que nous ne pouvons pas partager. Nous pouvons transmettre des données agrégées. Nous pouvons organiser des conférences téléphoniques avec l'ensemble des intervenants pour confirmer que nous observons telle ou telle activité, mais nous ne pouvons pas transmettre de détails.
Quant au point que vous avez soulevé au sujet d'une victime qui est client de Rogers, Bell, Telus ou d'un autre fournisseur, nous sommes certains qu'il existe aussi un processus pour le traitement de ce type de dossier, mais nous n'avons absolument aucun rôle à cet égard. Cela se rapporte à votre commentaire sur l'aspect criminel.
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Si vous me le permettez, j'aimerais ajouter quelque chose.
[Traduction]
C'est peut-être M. Masse qui a soulevé cette question lors de séances précédentes, mais je pense qu'il y a une préoccupation à laquelle nous devons être très attentifs lorsque nous imposons des contraintes ou que nous ordonnons aux entreprises de téléphonie de prendre des mesures. Nous devons nous assurer que le coût de mise en œuvre de ces mesures n'est pas immédiatement refilé aux consommateurs. Je pense que c'est un point très important auquel nous prêtons une attention particulière.
Jusqu'à maintenant, je n'ai vu aucune entreprise proposer de nouvelles mesures en disant: « Nous pouvons vous protéger. Nous avons une nouvelle approche technologique formidable qui vous débarrassera de la plupart des appels indésirables pour seulement 2 $ de plus par mois sur votre facture de téléphone cellulaire ou de téléphonie résidentielle. »
Nous n'avons pas vu cela. Je dirais, personnellement, du point de vue d'un organisme de réglementation, que je ne serais pas très favorable à ce que les fournisseurs de service aient une telle approche. Je pense qu'il est dans leur intérêt de s'attaquer à ce problème, et qu'ils devraient se livrer concurrence pour la clientèle, en partie sur le plan de la protection et du service — pas seulement sur le plan de la qualité du service ou de la couverture —, mais aussi sur d'autres plans, notamment la protection contre les communications non désirées. Je pense que c'est dans leur intérêt, mais nous devons aussi veiller à ce que cela ne soit pas fait au détriment des consommateurs.
Je pense que c'est en partie ce qui sous-tend cela. Je ne suis pas très subtil, mais je peux dire que je ne verrais pas d'un bon œil que... Permettez-moi de reformuler: je m'attends à ce que l'industrie s'attaque à ce problème parce que c'est à la fois dans son intérêt et dans celui des consommateurs.