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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord vous remercier, chers collègues. Vous faites partie d'un des comités les plus importants de la Chambre des communes pour assurer la prospérité du Canada à long terme. C'est donc un plaisir d'être parmi vous, alors qu'on définit la politique industrielle, qui permettra au pays d'avoir de la prospérité pour les générations à venir.
[Traduction]
Comme vous le savez, monsieur le président, je suis ravi de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Je suis désolé de ne pas avoir pu témoigner la dernière fois; je pense qu'un conflit d'horaire est survenu.
Votre comité réalise un travail essentiel pour éclairer, façonner et améliorer nos politiques relatives à l'industrie. Je vous suis reconnaissant de vos réflexions, de votre travail et de votre leadership dans l'élaboration des meilleures politiques possible.
En cette nouvelle année 2023, de rapides changements continuent de s'opérer dans l'économie, au Canada comme ailleurs dans le monde. De profonds courants redéfinissent des industries entières, autant au sein des chaînes d'approvisionnement canadiennes qu'à l'étranger. Notre époque et notre économie sont marquées par une transformation verte et numérique qui ouvre pour le Canada des débouchés comme on n'en voit qu'une fois par génération. Cette révolution numérique entraîne des modifications dans la conduite des affaires, un phénomène qui découle des nouvelles technologies de pointe, comme l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et la biotechnologie.
Je tiens à souligner que j'ai annoncé ce matin de nouveaux investissements en intelligence artificielle à Scale AI, une de nos grappes d'innovation mondiales.
Certains d'entre vous ont participé à notre voyage à Washington.
[Français]
Sébastien Lemire, notamment, était avec moi à Washington, la semaine dernière. Je peux vous dire que nos voisins américains reconnaissent le leadership du Canada en matière d'intelligence artificielle, d'informatique quantique et de cybersécurité. Ce sont des technologies comme celles-là qui nous permettront d'avancer dans l'économie du XXIe siècle.
[Traduction]
Les conséquences des changements climatiques deviennent sans cesse plus évidentes et poussent les gouvernements, les investisseurs et les consommateurs à exiger des produits et services à faible empreinte carbone. Par ailleurs, la pandémie, la guerre en Ukraine et le contexte géopolitique complexe mettent en lumière le risque d'instabilité dans les chaînes d'approvisionnement et le besoin de nous adapter en faisant preuve de résilience.
J'en reviens à mon voyage à Washington la semaine dernière avec la . La résilience des chaînes d'approvisionnement était sur toutes les lèvres dans les conversations que nos partenaires souhaitaient tenir avec la délégation canadienne.
De nombreux pays reconnaissent que, pour assurer la robustesse et la résilience de nos économies à l'avenir, nous devons focaliser sur le numérique, le développement durable et les progrès scientifiques et technologiques. Nous avons travaillé diligemment afin de mettre en place les conditions gagnantes qui vont assurer le succès du Canada.
[Français]
Le Canada a une occasion unique, et je dirais même une occasion générationnelle, vous m'avez entendu le dire, d'être un chef de file de l'économie de demain. Je le dis souvent, le Canada a tout ce dont a besoin l'économie du XXIe siècle, c'est-à-dire une économie qui sera basée sur le savoir, une économie plus numérique et plus durable.
En effet, je crois que le Canada peut être le partenaire stratégique de choix pour ses alliés partout dans le monde, car il a ce dont a besoin l'économie du XXIe siècle.
C'est précisément la vision et le message que j'ai rappelés à mes homologues lors de mes récentes visites à Tokyo, à Berlin, à Séoul, à Londres, à Bruxelles ainsi qu'à Washington, où je me trouvais la semaine dernière, comme je le disais.
[Traduction]
Bon nombre de nos partenaires stratégiques ne se demandent plus pourquoi ils feraient affaire avec le Canada, mais plutôt quand et comment ils pourraient s'en faire un allié. Ils réalisent que très peu de pays peuvent en offrir autant que nous. Nous possédons les cinq éléments qui propulsent l'investissement.
Le premier élément est le talent, pour lequel le Canada demeure un important pôle d'attraction. Mon collègue Sébastien Lemire m'a entendu le dire et le répéter souvent au cours de nos réunions.
Ensuite, nous exploitons de robustes écosystèmes dans les secteurs de l'automobile, du véhicule électrique, de l'aérospatiale et de la biofabrication.
Nous disposons des ressources naturelles, comme les minéraux critiques, nécessaires à la fabrication des batteries et des semi-conducteurs.
Nous pouvons compter sur des ressources énergétiques renouvelables en abondance. Les chaînes d'approvisionnement deviennent plus vertes, et nous pouvons produire de l'acier, de l'aluminium, des batteries et des semi-conducteurs plus verts.
Enfin, nous jouissons de l'accès aux marchés. Comme je le rappelle toujours à mes interlocuteurs internationaux et comme vous m'avez déjà entendu le dire, monsieur le président, nous ne sommes pas 38 millions de Canadiens, mais un pays donnant un accès préférentiel à un marché de 1,5 milliard de consommateurs. Notre message trouve des échos retentissant partout sur la planète.
Comme vous le savez d'ores et déjà, la proximité des ressources, des marchés et des chaînes d'assemblage dicte les décisions d'investissement. C'est pourquoi le Canada a obtenu de récents investissements stratégiques. Les chaînes d'approvisionnement relient le monde et ses régions, et mettent davantage l'accent sur la résilience que l'efficacité pure. Ces nouvelles dynamiques de marché mettent à profit les forces et les atouts que sait déployer le Canada.
Si vous le permettez, monsieur le président, je vais étayer mon argument à l'aide de quelques exemples concrets.
[Français]
Dans le secteur des sciences de la vie et de la biofabrication, nous avons investi massivement afin de mieux protéger la santé et la sécurité des Canadiens. Par exemple, nous avons attiré chez nous des champions, comme Moderna à Montréal, nous avons consolidé l'ancrage et la présence de Sanofi à Toronto et nous avons appuyé des firmes innovantes, comme AbCellera à Vancouver.
Dans le secteur de l'aérospatiale, des projets totalisant près de 2 milliards de dollars ont vu le jour et ont mis au défi les leaders de l'industrie de se projeter dans l'avenir en investissant dans l'aviation durable, y compris dans la propulsion hybride et les biocarburants. Je peux vous dire que les grandes sociétés manufacturières regardent ce qui se fait au Canada dans ces domaines de pointe. Le président de Boeing, par exemple, nous disait être bien conscient de tout ce qui se passe chez nous.
Dans le secteur de l'automobile, nous sommes sur la bonne voie pour les 20 à 30 prochaines années. Nous mettons en place un écosystème complet de véhicules électriques et de batteries, allant de l'exploitation minière jusqu'au recyclage. On n'a qu'à penser aux investissements faits récemment par des entreprises comme GM, POSCO, Umicore, LG et Stellantis. D'ailleurs, les entreprises LG et Stellantis construiront la toute première giga-usine de batteries au Canada.
BloombergNEF, comme vous l'avez vu récemment, classe maintenant le Canada au deuxième rang pour l'écosystème des batteries, derrière la Chine et devant des pays comme les États‑Unis. Il est intéressant de noter que nous avons réussi en moins d'un an à nous tailler une position enviable dans le domaine des véhicules électriques.
Non seulement nous avons obtenu de grands engagements clés de tous les grands constructeurs automobiles au pays, mais nous avons aussi signé récemment des ententes stratégiques avec Volkswagen et Mercedes‑Benz, comme vous l'avez vu, lors de la visite du chancelier allemand.
Nous travaillons aussi à décarboner des industries clés comme celle de l'acier, en partenariat avec ArcelorMittal Dofasco et Algoma Steel, et celle de l'aluminium vert, de concert avec Rio Tinto et Alcoa. Il s'agit du fameux projet Elysis, qui est reconnu partout dans le monde.
Bref, nous positionnons le Canada pour l'économie du XXIe siècle grâce à des investissements stratégiques axés sur le virage vert.
Or, notre vision ne s'arrête pas là.
Nous devons redoubler d'efforts pour devenir des leaders dans la production d'hydrogène. Nous devons stimuler les investissements dans les technologies propres, les technologies agricoles, la biotechnologie et les technologies financières. Nous devons sérieusement considérer la possibilité de produire des semi-conducteurs ici même, au Canada, et ainsi nous intégrer dans une chaîne de valeur nord-américaine. Vous vous rappellerez que je parle souvent du corridor Albany-Bromont. J'en ai d'ailleurs parlé quand j'étais à Washington. La mise en place de ce corridor nous permettrait d'avoir un rôle clé dans les semi-conducteurs en Amérique du Nord.
[Traduction]
Mon mandat comprend aussi la recherche scientifique et le développement, qui sont de véritables moteurs d'innovation et qui en sont ses principaux vecteurs. On m'a dit dernièrement que la recherche d'aujourd'hui constitue l'économie de demain. J'ai trouvé que cette formule résumait très bien de quoi il en retourne.
Nous avons donc récemment réinvesti dans la Stratégie pancanadienne en matière d'intelligence artificielle, en injectant 443 millions de dollars pour soutenir la mise en marché, la normalisation, le talent et la recherche. Nous avons de surcroît annoncé un investissement de plus de 360 millions de dollars dans notre Stratégie quantique nationale pour tirer profit de la position de leader qu'occupe le Canada.
La stratégie porte déjà ses fruits, notamment chez des champions comme Xanadu. Sachez que cette entreprise est la seule au monde à posséder un ordinateur quantique consacré à la chimie des batteries. Partout sur le globe, les experts du domaine des équipementiers parlent de Xanadu, un vrai champion canadien spécialiste de l'informatique quantique appliquée, un type de recherche faisant une réelle différence.
Nous avons en outre doublé nos engagements à investir en recherche et développement, de manière à mieux asseoir notre position concurrentielle.
Ce matin, j'ai annoncé que non seulement nous allions doubler nos investissements en intelligence artificielle, mais que nous allions aussi investir 750 millions de dollars de plus dans le programme Grappes d'innovation mondiales. De pair avec nos partenaires du secteur privé, nous investissons de vastes sommes.
Ces fonds permettront de rehausser les écosystèmes d'innovation dans les secteurs où le Canada profite d'un avantage concurrentiel majeur. De nombreuses initiatives en économie numérique voient le jour dans l'Ouest canadien. Grâce à l'industrie des protéines végétales, nous pouvons nourrir la planète. Nous misons par ailleurs sur la fabrication avancée, qui sert avantageusement notre écosystème. Mon collègue Brian Masse en connaît tout un rayon là‑dessus. Nous investissons également en intelligence artificielle, un domaine dans lequel le Canada bénéficie d'une longueur d'avance en matière de chaîne d'approvisionnement et de logistique. Enfin, nous investissons dans les technologies océaniques que l'on trouve dans l'Est canadien, où le Canada poursuit là aussi ses avancées.
Qui plus est, nous lançons une nouvelle plateforme afin d'aider les diplômés et les chercheurs à mettre en marché les produits des recherches réalisées en laboratoire. De nouvelles bourses et de nouveaux programmes s'adressent aux étudiants noirs particulièrement prometteurs. Nous annoncerons bientôt la nouvelle cohorte des chaires d'excellence en recherche, parmi lesquelles figurent des chercheurs recrutés à l'échelle internationale en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques.
Puisque le temps va me manquer, monsieur le président, je vais conclure en évoquant les actualités récentes sur la sécurité de la recherche.
Tout d'abord, les Canadiens doivent savoir que le gouvernement du Canada priorise la protection de la recherche et de la propriété intellectuelle contre l'ingérence étrangère, l'espionnage et le vol. Il s'agit en effet de ma grande priorité. En 2021, j'ai mis en œuvre des directives nationales relatives à la sécurité dans le cadre de nos partenariats de recherche. Nous avons investi 160 millions de dollars pour aider les universités à renforcer leurs capacités internes.
Nous devons cependant en faire plus, et j'inclus les provinces et les universités. Comme je l'ai dit au Comité des sciences, nous présenterons de nouvelles règles d'application obligatoire pour resserrer l'étau, compte tenu de la situation actuelle.
Je demanderai sous peu à la Fondation canadienne pour l'innovation de prendre une position plus ferme en matière de sécurité de la recherche. À la suite des événements récents, les organismes subventionnaires devront appliquer de nouvelles directives. J'exhorterai également les représentants des universités canadiennes à consolider la sécurité dans les partenariats de recherche, surtout lorsqu'entrent en jeu des renseignements de nature délicate.
Je réitère que nous devons en faire plus, tout comme les provinces et les universités. C'est ainsi que nous pourrons protéger la recherche au pays.
[Français]
En conclusion, permettez-moi de dire que le Canada n'a jamais été aussi bien placé pour tirer parti de l'innovation industrielle afin de s'assurer un avenir économique durable et résilient. Le Canada n'a jamais été aussi bien placé pour devenir le partenaire stratégique de choix du monde entier.
Saisissons l'occasion qui est devant nous, soyons ambitieux et faisons du Canada un leader dans l'économie du XXIe siècle.
Je vous remercie.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.