:
Merci d'être généreux avec moi, monsieur le président.
Je voudrais d'abord saluer le travail de notre collègue Brian Masse.
[Traduction]
J'aimerais le féliciter de l'adoption à l'étape de la troisième lecture du projet de loi sur le parc urbain national Ojibway. Je pense que c'est une grande réalisation de la part d'un collègue. Nous devrions tous être fiers qu'un projet de loi d'initiative parlementaire soit ainsi reconnu. C'est entièrement grâce à lui. Je tenais à le déclarer publiquement, même si je sais que la plupart de ses questions ne porteront sans doute pas sur le parc national Ojibway aujourd'hui.
Je tiens aussi à remercier Andy Fillmore, mon secrétaire parlementaire, de tout son travail, et à vous remercier du travail de tous les membres de ce comité.
[Français]
Chers collègues, cela me fait grandement plaisir de vous voir et, surtout, d'avoir l'occasion de parler du projet de loi .
Autant nos collègues que les entreprises et différents intervenants ont manifesté beaucoup d'intérêt envers la modernisation de cette loi. La dernière fois que cette loi a été révisée, c'était en 2009. Je pense que mes collègues seront d'accord avec moi pour dire que le monde a beaucoup changé depuis.
Comme vous le savez, la Loi sur Investissement Canada joue un rôle important dans l'économie canadienne. Elle vise tout d'abord à encourager la croissance économique et ne prévoit une intervention que dans le cas où un investissement nuirait à la sécurité nationale du Canada.
La modernisation de la Loi vise à renforcer notre capacité à protéger la sécurité nationale et la propriété intellectuelle canadienne. Elle vise aussi à améliorer la transparence pour les investisseurs et à leur donner une certitude, tout en renforçant notre capacité à agir rapidement et fermement pour réduire les risques en matière de sécurité nationale.
J'apprécie les commentaires qui ont été formulés par de nombreux députés de la Chambre qui sont venus me voir directement. Plusieurs de mes collègues ont très justement souligné le fait que la sécurité nationale n'était pas et ne devrait jamais être une question partisane. Nous sommes tous unis dans notre objectif de protéger les intérêts des Canadiens et des Canadiennes.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais clarifier un élément au sujet duquel il semble y avoir un peu de confusion, soit celui des seuils déclencheurs.
Le projet de loi porte principalement sur l'examen relatif à la sécurité nationale de la Loi sur Investissement Canada, et non sur les examens de l'avantage net.
Pour déclencher les examens de l'avantage net, certains seuils financiers s'appliquent. Ces seuils sont évidemment publiés et mis à jour chaque année. Les montants varient selon que l'investisseur est une entreprise d'État ou qu'il est issu d'un pays membre de l'Organisation mondiale du commerce ou d'un pays avec lequel le Canada a un traité commercial.
Par contre, en ce qui a trait aux examens relatifs à la sécurité nationale, il n'y a pas de seuil financier déclencheur. Je le répète: il n'y a pas de seuil financier déclencheur. Tous les investissements, quelle qu'en soit la valeur, sont assujettis à l'examen relatif à la sécurité nationale, point final.
[Traduction]
À cet égard, je prendrai quelques minutes pour parler de trois thèmes soulevés, me semble‑t‑il, dans les débats et qui seront importants pour les députés autour de cette table.
Le premier est la capacité de protéger les intérêts du Canada. J'ai notamment entendu avec plaisir que l'on s'entend sur le fait que le gouvernement doit disposer des bons outils pour protéger les intérêts du Canada. À l'heure actuelle, c'est la boîte à outils qui prime. Je dirai que l'ambition est grande autour de cette table, mais vous découvrirez aujourd'hui que le ministre de l'Industrie dispose d'une boîte à outils très limitée pour contrer les menaces qui pèsent actuellement sur la sécurité.
Les modifications que nous proposons à la Loi sur Investissement Canada renforceront notre capacité d'adaptation face à des menaces en constante évolution et, je dirai, face à la situation géopolitique actuelle. Des engagements, par exemple, feront en sorte que nous ayons plus de latitude et permettront aux entreprises de s'engager fermement à atténuer toute préoccupation en matière de sécurité nationale liée à des projets d'investissement.
Jusqu'ici, un seul décret du gouverneur en conseil permettait d'imposer des conditions dans une transaction pour atténuer des risques. Il est généralement impossible de modifier ces décrets. En autorisant des engagements au niveau ministériel, il devient possible d'imposer ces conditions et de les modifier, ce qui nous donne plus de latitude pour les adapter afin de protéger la sécurité nationale.
Chers collègues, nous savons que dans un cyberespace et un monde où plus de gens s'intéressent à la propriété intellectuelle et à nos ressources essentielles, nous avons besoin de souplesse pour être en mesure de répondre à la menace. Ce projet de loi nous permettra de rendre le processus d'examen plus efficace en habilitant le ministre de l'Industrie à ordonner, en consultation avec le ministre de la Sécurité publique, d'autres examens, au lieu de demander un décret du Cabinet. Il faut suivre le rythme des affaires.
La suppression de l'étape de l'obtention d'un décret du Cabinet à cette étape précise donnera plus de temps à nos partenaires de la sécurité et du renseignement pour réaliser une évaluation approfondie du risque pour la sécurité nationale. Nous devrions tous nous en réjouir, car nous voulons avoir les meilleurs renseignements pour permettre à un ministre de prendre une décision.
Cependant, je tiens à souligner que le Cabinet conserve le pouvoir de décision relatif à tout décret définitif concernant le blocage d'un investissement. Le pouvoir de prendre un décret définitif demeure inchangé, mais nous devons accélérer le processus avant l'étape finale, afin de suivre le rythme des affaires.
Le deuxième thème soulevé par les députés, monsieur le président, est celui de la protection de la propriété intellectuelle et des actifs incorporels. Nous savons tous que les entreprises possèdent maintenant beaucoup d'actifs incorporels, et nous devons nous assurer de les protéger. Il a été souligné aussi qu'il est important de protéger, comme je l'ai dit, la propriété intellectuelle et les actifs incorporels des entreprises canadiennes.
Notre gouvernement reconnaît la valeur de l'économie de l'immatériel en pleine croissance et est conscient des possibilités importantes pour tous les Canadiens. Ce projet de loi aidera à protéger les actifs incorporels des entreprises canadiennes en instaurant une nouvelle obligation de déposer un préavis et en conférant au ministre de l'Indutrie un nouveau pouvoir d'imposer des conditions provisoires à l'égard d'un investissement. Il s'agit donc d'obligations de dépôt de préavis et de conditions provisoires s'appliquant pendant l'examen du projet d'investissement.
Les députés comprendront que c'est ce qui compte, car avant de donner une approbation finale ou pas, il faut s'assurer que les entreprises ne divulguent pas de propriété intellectuelle à l'autre partie. De cette manière, le gouvernement peut faire en sorte qu'un tel préjudice ne se produise pas. Il me semble que c'est quelque chose que le Comité demande. Aussi étrange que cela puisse paraître, aujourd'hui, le ministre de l'Industrie n'a pas le pouvoir d'imposer des conditions provisoires qui permettent de figer la situation le temps de l'examen. Nous savons qu'avec des actifs incorporels, il n'est pas possible de revenir en arrière. Une fois que quelqu'un y a eu accès, les connaissances sont siennes. Nous devons éviter que cela se produise.
Le nouveau pouvoir permettra d'imposer des conditions et d'éviter le transfert de propriété intellectuelle, de secrets industriels canadiens et de savoir-faire technique à des entités étrangères avant la conclusion de l'examen relatif à la sécurité nationale. La Loi sur Investissement Canada nous permet déjà d'examiner les ventes d'actifs. Nous aurons maintenant les outils pour gérer ces cas beaucoup plus efficacement et, je dirai, dans l'intérêt des Canadiens.
Le troisième thème soulevé par les députés est celui de la transparence.
[Français]
Le projet de loi favorise la certitude et la transparence pour les entreprises et les investisseurs en détaillant les améliorations que nous allons apporter au processus d’examen en matière de sécurité nationale.
De plus, une protection robuste est prévue pour les renseignements qui sont fournis à Innovation, Sciences et Développement économique Canada, le ministère que je dirige, dans le cadre des examens, tant ceux pour la sécurité nationale que ceux pour l’avantage net.
Cette protection est nécessaire afin d’assurer le lien de confiance qui existe entre le ministère, les investisseurs potentiels et les entreprises canadiennes qui participent à une transaction. Pour cette raison, nous ne dévoilerons jamais publiquement cette information ni les circonstances précises des examens présents ou passés. Bien qu'il y ait des limites à ce qui peut être dévoilé, nous publions déjà nos décisions et nos directives afin de clarifier la manière dont la Loi sur Investissement Canada est appliquée.
Le projet de loi instaure également de nouvelles dispositions pour la protection des renseignements dans le cadre du contrôle judiciaire des décisions. Cette modification permettra au gouvernement de s’appuyer sur des renseignements sensibles pour défendre ses décisions relatives à la sécurité nationale tout en protégeant ces renseignements contre la divulgation. Ces nouvelles dispositions vont permettre aussi aux demandeurs de participer plus pleinement aux procédures judiciaires.
En conclusion, j'aimerais remercier le Comité du travail qu'il a effectué au cours des dernières années, y compris ses études sur la Loi sur Investissement Canada. Les collègues autour de cette table ont tous contribué au résultat que nous présentons aujourd'hui. Nous avons tenu compte des commentaires et des recommandations de nos collègues, et le projet de loi s'en veut le reflet direct.
Je dirais même qu'il y a urgence d'agir, parce que plusieurs collègues, des deux côtés de la Chambre, m'ont demandé d'intervenir à plusieurs reprises. Je leur ai expliqué combien le manque d'outils dans notre boîte à outils nuisait, d'une certaine façon, à notre capacité à mieux défendre les intérêts canadiens.
Nous avons également pris en considération des recommandations présentées dans le cadre d’autres politiques annoncées récemment, telles que celle sur la protection des minéraux critiques. Comme vous avez pu le voir, j'ai déjà annoncé quatre politiques qui nous permettent de protéger les intérêts canadiens.
C’est avec beaucoup d'enthousiasme que je continuerai de travailler avec vous tous et toutes sur ce projet de loi. Comme je l’ai dit auparavant, je suis reconnaissant du fait que nous soyons tous d'accord pour dire que la sécurité nationale du Canada n'est pas une question partisane et que nous soyons unis dans notre volonté de travailler ensemble pour la protection du Canada.
Je veux remercier le Comité de son excellent travail.
Évidemment, c'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité, pour arriver aux meilleurs résultats possible, dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes.
Merci.
:
Je pense que vous le dites bien, monsieur Lemire.
Je suis pour la transparence. Il y a évidemment le rapport annuel et les choses qu'on peut faire à cet égard. Il y a la possibilité d'une révision judiciaire. Moi, je veux donner le plus d'informations possible aux parlementaires.
D'un autre côté, il faut savoir que nos décisions sont souvent basées sur des questions de renseignement. C'est donc ce juste équilibre qu'il nous faut trouver.
En ce qui concerne le rapport annuel, nous sommes prêts à regarder cela avec les membres du Comité. Nous pourrions essayer de voir si les gens souhaitent y trouver un peu plus d'informations, à condition que nous préservions cet équilibre essentiel. Comme vous le savez, c'est un processus qui, par sa nature, pour nous permettre de conserver la confiance des investisseurs, comporte des éléments confidentiels au sujet d'informations qui seraient de nature compétitive entre concurrents.
Je pense que, au moyen de nos énoncés politiques sur ce que nous faisons dans le rapport annuel, mais aussi dans la façon dont nous approchons maintenant le rapport annuel, nous donnons beaucoup plus d'informations qu'à l'époque. Les gens et mes collègues vont se rappeler que, concernant Neo Lithium, nous avons donné plus d'informations que par le passé. Les hauts fonctionnaires pourront vous en parler.
Je suis en faveur de cette transparence, mais, en même temps, je crois que nous devons garder cet équilibre en ce qui a trait aux renseignements, ce qui nous permet justement de prendre de bonnes décisions.
:
Certainement. Tout d'abord, permettez-moi de féliciter notre collègue d'une belle réussite avec la loi sur le parc urbain national Ojibway.
Pour moi, la façon dont nous avons structuré le marché avec Volkswagen est comme une très bonne réponse du Canada à l'Inflation Reduction Act, l'IRA. Nous avons dit que l'entreprise dans ce cas doit construire des installations. Nous parlons d'installations d'un coût de 7 milliards de dollars. Nous avons dit dans l'énoncé économique de l'automne que nous rendrions les règles du jeu équitable par rapport à l'IRA des États-Unis, mais qu'il n'y aurait pas de nivellement par le bas. Ce ne serait bon pour personne et ce n'est pas ce que je préconise à Washington et dans de nombreuses autres capitales du monde.
Nous avons dit que l'entreprise devrait d'abord construire l'usine et qu'ensuite, nous fournirions un soutien à la production. Je suis content parce que les conditions figurent dans le contrat, pour revenir à ce que vous disiez. C'est pourquoi j'expliquais aux députés avant cela, quand les gens disent que ce sera entre 8 et 13 milliards de dollars, ce ne sera le cas, peut-être jamais, que si Volkswagen fabrique une batterie et la vend, sous réserve que l'IRA soit en place ou de toute réduction dans l'IRA, que les montants soient réduits ou que l'IRA disparaisse, et après cela, ce sera rétroactif. Ensuite, il y a plusieurs conditions contractuelles à ce sujet dont je pense, pour revenir à ce que vous disiez, qu'elles sont la meilleure façon de protéger les contribuables canadiens parce que non seulement nous avons un investissement initial de l'entreprise, mais comme nous l'avons vu avec GM et Ford, si vous faites une analyse équivalente, si vous regardez les multiplicateurs qui sont normalement utilisés, un investissement comme celui‑ci générera entre 200 et 400 milliards sur 30 ans.
Pour les personnes qui étaient là avant la pandémie, un budget fédéral, c'est 300 milliards de dollars. Nous avons donc l'équivalent en 30 ans d'un budget fédéral complet en retombées économiques. Nous avons examiné la rentabilisation. C'est sur cela que j'ai mis l'accent. Quand on investit, ce doit être rentable.
Pour revenir à ce que vous disiez, nous avons dit qu'il y aurait 3 000 emplois directs. Si on y pense, ce sont 30 000 emplois indirects qui seront créés dans l'économie canadienne. Je réponds que c'est la réponse très judicieuse et très ciblée du Canada à l'IRA parce que, pour revenir à ce que vous disiez, nous avons dit que nous ne sommes pas les États-Unis et que le projet doit donc être ciblé, centré et très stratégique. Faire venir au Canada le tout premier fabricant européen et le premier équipementier en 35 ans, vous serez d'accord avec moi, c'est une belle réussite.
:
En effet, c'est une belle réussite. Je viens de la tradition des trois grands constructeurs automobiles, et c'est parce que c'est quelque chose que nous essayons d'obtenir depuis longtemps.
Nous voyons déjà les effets de l'IRA, l'Inflation Reduction Act, parce que même les entreprises canadiennes sous-traitent une partie des tâches pour être de nouveau admissibles aux États-Unis. Ça va devenir très compliqué, même pour l'outillage et la fabrication de moules, entre autres. Je vous remercie donc d'être en première ligne face à cette concurrence parce que, si nous ne faisons rien, c'en est fini de l'activité en général. Cela ne nous plaît pas à certains égards, mais c'est ainsi que ça fonctionne.
Je vais passer à une situation — en fait, cela concerne des terres près du parc urbain national Ojibway et à côté du pont Gordie Howe — afin de voir comment le projet de loi permettrait de la régler. Sel Windsor a été rachetée par une société de portefeuille, puis par une autre société du nom de Stone Canyon Industries. Il s'agit d'une société de portefeuille américaine.
Les employés sont maintenant en grève. Stone Canyon, qui a une réputation de fonds spéculatif antisyndicaliste, essaie de briser le syndicat. Il n'y avait pas eu de grève depuis une trentaine d'années. Il y en a une maintenant parce que Stone Canyon cherche à se débarrasser du syndicat.
Il s'agit, au fond, de savoir comment gérer ce type de situation avec cette loi, par exemple, lorsqu'une entreprise canadienne est rachetée par un acheteur légitime au départ qui a obtenu le feu vert, mais qu'ensuite, le gouvernement national d'un État étranger entre en jeu. Y a‑t‑il quelque chose que nous puissions faire dans ce cas? S'il s'agit d'une société de portefeuille, certaines de ces sociétés d'investissement privées appartiennent aussi à différents fiefs dans le monde, et nous ne savons pas d'où vient une partie des fonds.
Qu'en pensez-vous? Anbang est une autre société, chinoise cette fois, pour laquelle cette situation s'est présentée. C'est presque comme une stratégie de diversion où quelqu'un rachète une entreprise canadienne et, par la suite, en moins d'un an, parfois, elle est rachetée par une autre entité appartenant à un État.
:
Nous avons tenu de vastes consultations, parce qu'un projet de loi comme celui‑là a deux objectifs. Tout d'abord, je dirais qu'il s'agit de la mise à jour la plus importante depuis 2009, et je pense donc qu'elle est très souhaitée, si je me fie aux commentaires non seulement de mes collègues, mais aussi des entreprises canadiennes.
En ce qui concerne les entreprises canadiennes et la façon dont nous attirons les investissements au Canada, les facteurs importants sont la stabilité et la prévisibilité et, je dirais, la primauté du droit. Il est très important pour les investisseurs de savoir ce que nous allons faire. C'est pourquoi j'ai aussi rédigé plusieurs énoncés de politique générale, afin que les investisseurs sachent clairement ce que nous attendons d'eux en vertu de la loi et comment elle sera mises en application.
Nous avons mené de vastes consultations, mais je pense que c'est la raison pour laquelle je vous exhorte, chers collègues, ainsi que mes collègues des autres partis, à étudier très rapidement ce projet de loi jusqu'à sa conclusion, parce que j'ai dit — et je pense que certains collègues ont dû appliquer cette loi — que nous avons besoin de plus d'outils dans notre trousse. Je pense que ces outils seraient utiles au Canada, non pas pour moi, mais probablement pour les futurs ministres, afin de nous assurer qu'ils disposent de plus d'outils dans leur trousse.
Nous avons consulté de nombreux représentants de l'industrie et je dirais, monsieur Van Bynen, que l'un des points qui ont été soulevés, et que M. Lemire a mentionné, je pense, concernait les actifs incorporels et la propriété intellectuelle.
Les gens disent: « Monsieur le ministre, dans un monde riche en propriété intellectuelle, comment la protégez-vous en vertu de la loi? » Je dirais que les mesures que nous avons prises pour exiger le dépôt d'un avis préalable à la réalisation, mais aussi celles que nous avons mises en œuvre pendant la période où nous examinons la transaction sont les meilleures garanties. En effet, je le répète, pour que mes collègues le sachent, si nous menions aujourd'hui un examen de la sécurité nationale, aucune mesure provisoire ne pourrait être imposée.
Comme vous le savez, la propriété intellectuelle et les actifs corporels sont différents. Si des gens commencent à se parler et à échanger des secrets commerciaux, au moment où nous bloquons une transaction, il est probablement trop tard. C'est pourquoi j'insiste auprès de mes collègues pour leur dire que nous en avons vraiment besoin, parce que dès le départ, s'il s'agit d'une entreprise riche en propriété intellectuelle... Disons qu'une entreprise étrangère souhaite acquérir une société spécialisée en informatique quantique. Je voudrais imposer des conditions provisoires pour que personne ne parle aux employés de cette société avant que nous ayons décidé qu'il est dans l'intérêt du Canada d'autoriser la transaction. Personne ne devrait se parler, mais aujourd'hui, je n'ai pas ce pouvoir en vertu de la loi. Je pense que c'est une lacune pour mieux protéger l'économie du XXIe siècle. Il ne s'agit plus de briques et de mortier. Il s'agit de propriété intellectuelle. C'est l'un des points qui a suscité les réactions les plus vives de la part du milieu des affaires.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Monsieur Vincent, à la lumière des réponses du ministre à mes questions concernant Neo Lithium et les trois autres compagnies à qui on a demandé de retirer leurs billes, je vais vous prier de considérer divers éléments de contexte dans vos réponses.
On sait que le gouvernement du Canada s'apprête à investir dans l'usine de batteries de Volkswagen. J'ai ici la carte des mines au Canada et la liste des 31 minéraux critiques considérés importants pour la sécurité nationale. Il est reconnu que les mines canadiennes ne peuvent pas fournir l'ensemble du lithium ou des métaux rares nécessaires à la production des batteries, ni pour l'usine de Volkswagen ni pour d'autres usines éventuelles. Il faudra donc importer des matières pour être en mesure de fabriquer ces batteries et de les mettre en place.
Compte tenu de tous ces éléments contextuels, ne croyez-vous pas que des investissements de l'étranger seront requis dans l'ensemble des mines au Canada? Il y a tout de même des projets sur la table que nous voulons réaliser.
En vertu de la nouvelle mouture du projet de loi , que nous allons possiblement adopter, je pense que la durée de mise en place de ces mines et les investissements nécessaires vont demander beaucoup de travail aux fonctionnaires. Ils devront faire une analyse extrêmement importante. On parle beaucoup de la Chine, mais il y a potentiellement des entreprises d'autres pays qui voudront peut-être investir au Canada, dans ce domaine en particulier.
Les mots sont importants. Si je ne m'abuse, le ministre parle d'un nouveau créneau industriel pour le Canada. Il compare même ça à l'avènement de l'automobile au début du XIXe siècle.
Compte tenu de tous ces éléments, comment allons-nous donc pouvoir attirer des investisseurs étrangers au Canada, alors que la Chine produit actuellement 30 % de toutes les matières premières pour la fabrication des batteries?
Ma question est longue, mais je crois que vous comprenez le contexte.