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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la trente-neuvième réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 1er juin 2022, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi concernant le développement d'une économie verte dans les Prairies.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022.
Vous connaissez les règles. Je vous demande donc d'agir en conséquence ainsi qu'à ceux qui sont à distance.
Avant de commencer, j'aimerais souligner la présence dans la salle, avec nous, à Ottawa, de M. Rémy Trudel, professeur associé à l'École nationale d'administration publique, ou ENAP, et ancien ministre au gouvernement du Québec, qui a dirigé plusieurs ministères.
Monsieur Trudel, je vous remercie d'être avec nous.
[Applaudissements]
Il est accompagné de ses étudiants à la maîtrise, à l'ENAP. Bienvenue à la Chambre des communes et au Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
Je veux simplement vous aviser, chers collègues et membres du public, que le ministre du Développement économique, de l'Investissement et du Commerce du Manitoba, M. Cliff Cullen, devait se joindre à nous, mais que, malheureusement, il a eu un empêchement et il ne pourra pas être avec nous pour la première heure.
Nous allons commencer par les témoins qui étaient prévus pour la troisième heure, c'est-à-dire, de l'Alberta Beef Producers, la Dre Melanie Wowk, présidente, et M. Mark Lyseng, chef d'équipe, Relations et politiques gouvernementales, qui participeront à la réunion par vidéoconférence.
Nous recevons aussi, de Cameco Corporation, M. Dale Austin, chef, Relations gouvernementales et, finalement, de l'Association canadienne des bovins, M. Dennis Laycraft, vice‑président exécutif et, fort probablement, M. Tyler Fulton, officier en liberté, qui participeront à la réunion par vidéoconférence.
Avant de céder la parole aux témoins qui sont avec nous aujourd'hui, je vais passer la parole au greffier pour qu'il préside à l'élection d'un vice‑président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes du Canada de me donner l'occasion de parler aujourd'hui au nom de l'Alberta Beef Producers.
Je m'appelle Melanie Wowk. Je suis vétérinaire et éleveuse à Beauvallon, en Alberta. Je comparais aujourd'hui à titre de présidente de l'Alberta Beef Producers, un organisme comptant 18 000 producteurs qui est dirigé par des membres élus. Mark Lyseng, responsable de l'ABP pour les relations et politiques gouvernementales, est également avec nous aujourd'hui. Mes enfants, qui seront la cinquième génération d'intendants de notre terre, mon mari et moi-même appartenons à la nation métisse.
J'espère que vous avez tous eu le plaisir de traverser nos prairies et de découvrir leur beauté. Ces prairies, qui sont de véritables prairies naturelles, des terres vallonnées, tapissées de communautés végétales d'herbes indigènes, sont gérées par des producteurs de bovins. Étant moi-même l'un de ces producteurs, je suis ravie de l'intérêt que suscite l'écologisation des économies des Prairies.
Notre industrie répond exactement à ce qu'est un secteur moteur de l'économie qui apporte des avantages environnementaux. Les producteurs de bovins sont les gardiens de la terre et sont en relation symbiotique unique avec les pâturages libres qu'ils gèrent. Nous investissons et travaillons avec diligence pour assurer la santé de ces pâturages, puisqu'ils sont la source du fourrage de notre bétail. Les pâturages, l'ensemble de l'écosystème et la société profitent de la santé de ces biotopes naturels, car ils favorisent la séquestration du carbone, la purification de l'eau et la préservation d'habitats cruciaux.
La contribution des prairies dans le cycle du carbone est grandement sous-évaluée. On estime que, à l'échelle mondiale, les prairies séquestrent environ 34 % du stock terrestre de carbone. Ce qui est remarquable dans le cas des prairies, c'est que la très grande partie du carbone qu'elles stockent — environ 97 % — se trouve dans le sol, ce qui constitue une protection contre les événements perturbateurs comme le feu. Malheureusement, lorsque ces prairies sont défrichées ou utilisées pour construire des logements, jusqu'à 50 % du stockage de carbone est perdu à jamais.
Les bovins ont ceci d'étonnant qu'ils convertissent les protéines végétales, sur des terres marginales, impropres à la culture, en source de protéines riches en nutriments pour notre consommation. L'intérêt de l'élevage bovin ne tient pas seulement au stockage et à la séquestration du carbone. En 2021, le Prairie Conservation Forum a écrit que sans prairie naturelle, il n'y a pas de faune. Je peux dire que nous voyons certainement beaucoup d'animaux sauvages sur notre ranch. De nombreuses espèces ont pour habitat les pâturages des éleveurs de bovins.
De fait, en Alberta, 85 % des espèces en péril se trouvent dans les prairies naturelles. Beaucoup de ces espèces sont en voie de disparition à cause de la perte d'habitat, qui comprend une perte estimée à 74 % des prairies de l'Alberta. Les éleveurs de bovins, par leurs pratiques courantes, protègent les prairies restantes et préservent les biens et services écologiques qu'elles apportent. C'est ce qui fait que notre industrie est unique en son genre. Nos activités sont compatibles avec les écosystèmes naturels et nous ajoutons une valeur économique à leur préservation.
En Alberta, les producteurs de bœuf contribuent plus de 4 milliards de dollars au PIB de la province, dont 2,7 milliards de dollars en revenus de travail, et le secteur de l'élevage bovin génère plus de 55 000 emplois, chacun d'eux créant 2,7 autres emplois dans d'autres secteurs de l'économie. Nous sommes une industrie qui continue d'aller de l'avant, qui cherche des gains d'efficience et des pratiques de gestion plus efficaces, Nous devons le faire pour assurer la survie de nos entreprises.
La gestion des pâturages n'a cessé d'évoluer depuis que je suis éleveuse. Nous produisons plus de livres de viande de bœuf en utilisant moins de fourrage et moins d'eau. Ces changements positifs résultent de la passion des agriculteurs et des éleveurs pour leur métier et, dans bien des cas, grâce aux organismes de producteurs et des initiatives de l'industrie, ainsi qu'au moyen de projets de recherche, comme notre partenariat de laboratoires vivants avec Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Beaucoup de changements se sont produits dans les pâturages naturels de l'Alberta au cours des dernières décennies, notamment l'adoption de pratiques de pâturage par rotation et les changements dans la génétique du bétail. Il y a aussi eu des changements moins connus, celui, par exemple, apporté par certains éleveurs qui ont volontairement transformé leur clôture traditionnelle afin de permettre les déplacements migratoires des antilocapres.
Ces dernières années, des initiatives pilotées par l'industrie, comme la certification par l'entremise de la Table ronde canadienne sur le bœuf durable et du programme Verified Beef Production Plus, ont servi de point de repère pour les producteurs. Ces initiatives nous poussent à améliorer nos pratiques de gestion tout en explorant de nouvelles possibilités de commercialisation.
Il y a de nombreux exemples de la façon dont les agriculteurs et les éleveurs, l'industrie et le gouvernement ont travaillé et continuent de travailler ensemble pour appuyer la continuité des pâturages naturels et de l'environnement, et il ne fait aucun doute que ces efforts de collaboration peuvent réussir.
Pour cela, nous devons d'abord reconnaître l'importance de l'apport positif des prairies naturelles dans toutes les discussions sur l'économie verte et l'environnement. Le rôle des terres boisées dans la séquestration du carbone est largement reconnu, mais nous oublions souvent celui de la prairie naturelle.
Nous devons également tenir compte des diverses possibilités qu'ont les producteurs en fonction de leur écorégion, des espèces indigènes présentes et des habitats qu'ils soutiennent, ainsi que de leurs modèles d'affaires. Autrement dit, une approche unique se prête mal aux initiatives de collaboration, qui doivent être assez souples pour s'appliquer à une grande région ou être propres aux collectivités locales et aux individus concernés.
C'est pourquoi nous devons entendre la voix des producteurs de bovins, qui sont les champions des écosystèmes de prairie diversifiés, et des chefs de file du secteur agricole canadien. L'industrie agricole doit participer aux efforts de collaboration, de la définition des objectifs, à l'évaluation des résultats, en passant par les étapes de mise en œuvre. L'industrie bovine de l'Alberta veut y contribuer.
Je vous remercie de votre attention, monsieur le président et membres du Comité.
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Merci beaucoup. Bonjour.
Je suis heureux de comparaître devant le Comité aujourd'hui au nom de Cameco Corporation pour contribuer à votre étude du projet de loi .
Le projet de loi et l'étude du Comité revêtent un intérêt particulier pour Cameco. Cameco, dont le siège social est à Saskatoon, en Saskatchewan, est l'un des plus importants producteurs mondiaux d'uranium destiné à la production d'énergie nucléaire et la plus grande société d'uranium cotée en bourse au monde. Nous occupons une position unique du fait de nos activités tout au long du cycle — extraction minière, raffinage, conversion et fabrication — de production du combustible nucléaire. La plupart de nos activités se déroulent en Saskatchewan et en Ontario, et nos effectifs au Canada s'élèvent, au total, à un peu plus de 2 900 employés et sous-traitants à long terme.
Cameco est fière d'être un élément important des chaînes d'approvisionnement de matières nucléaires et de minéraux critiques du Canada, sources d'électricité fiable et sans émissions en Ontario, au Nouveau-Brunswick et ailleurs dans le monde. Les secteurs de l'uranium et du combustible nucléaire du Canada jouent déjà un rôle important dans la mise en place des économies vertes à faibles émissions de carbone et sont à même de mener la transition vers la carboneutralité du fait qu'ils créent des emplois hautement spécialisés et bien rémunérés, qu'ils font appel à des fournisseurs dans une vaste gamme de métiers spécialisés et de compétences et qu'ils stimulent l'innovation dans diverses branches du secteur nucléaire, notamment celle des petits réacteurs modulaires.
Cameco est bien placée pour apporter une contribution et un appui dans l'élaboration d'un cadre pour une économie verte dans les Prairies qui fera entrer en ligne de compte toutes les formes d'énergie à faibles émissions de carbone et leur rôle dans la production d'électricité et dans la réduction des émissions produites par le secteur industriel et les transports.
Alors même que le Comité se penche sur ce que la mise en place d'une économie verte dans les Prairies pourrait exiger, nous devons reconnaître que les partenariats avec les Autochtones et les entreprises autochtones auront un rôle important. Comme vous le savez peut-être, Cameco est l'un des plus importants employeurs d'Autochtones au Canada. En effet, environ la moitié de la main-d'œuvre de nos mines et usines de concentration dans le Nord de la Saskatchewan provient de la région. Outre l'emploi, plus de 80 % des services dans les mines et usines de Cameco dans le Nord de la Saskatchewan, d'une valeur totale de plus de 4 milliards de dollars depuis 2004, sont achetés à des entreprises autochtones du Nord.
Notre succès tient aux partenariats à long terme et à la confiance mutuelle que nous avons établis avec les collectivités des Premières Nations et des Métis où nous exerçons nos activités, en particulier dans le Nord de la Saskatchewan. Pour optimiser les chances de succès, une économie verte dans les Prairies nécessitera elle aussi des partenariats avec les Autochtones et de solides entreprises autochtones tout au long de la chaîne de valeur.
Beaucoup des politiques économiques, énergétiques, environnementales et de sécurité nationale du gouvernement du Canada, dont celle proposée dans ce projet de loi, visent à atteindre la carboneutralité. Cameco est d'avis qu'il n'y a pas de voie vers la carboneutralité sans l'énergie nucléaire. Nous avons été heureux de la mention de l'énergie nucléaire dans le cadre, mais je ne suis peut-être pas d'accord pour dire qu'il s'agit d'une nouvelle source d'énergie.
L'accès à une importante alimentation électrique de base, fiable et sans émissions, est le fondement de toute économie verte. L'utilisation actuelle de l'énergie nucléaire dans le monde aide la planète à éviter quelque 2,5 milliards de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone chaque année. Cameco, de son siège à Saskatoon, tire grande fierté de sa contribution aux efforts mondiaux de réduction des gaz à effet de serre. L'uranium de la Saskatchewan, qui entre dans la production d'électricité de base propre, sans carbone, sera le moteur de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Cela dit, le gouvernement fédéral envoie des signaux contradictoires au sujet du recours aux technologies nucléaires pour atteindre les objectifs climatiques et soutenir la transition vers une économie verte. Le cadre de la politique climatique du gouvernement du Canada inclut clairement l'énergie nucléaire dans sa définition de la technologie propre et à faibles émissions de carbone; cependant, les récentes décisions qui ont exclu les technologies nucléaires de la réduction fiscale pour activités de fabrication au moyen de technologies à zéro émission et du cadre des obligations vertes du Canada envoient des signaux contradictoires aux marchés et aux investisseurs.
L'énergie nucléaire est une source d'électricité propre et sans carbone. Nous demandons, en ce moment où le cadre d'une économie verte des Prairies est en voie d'élaboration, que les gouvernements adoptent une approche sans a priori sur le plan technologique et mettent toutes les technologies de réduction des émissions sur un pied d'égalité dans les programmes et les investissements gouvernementaux. La voie la plus efficace vers une économie à faibles émissions de carbone exigera un recours ciblé et adapté à toutes les technologies énergétiques à zéro émission.
Les riches ressources naturelles du Canada et des Prairies sont depuis longtemps un puissant moteur dans nos efforts en matière de santé financière, de bien-être socioéconomique et de création d'emplois. La proposition, contenue dans le projet de loi, d'élaborer un cadre pour une économie verte dans les Prairies pourrait constituer l'occasion d'améliorer et de moderniser les contributions économiques du secteur des ressources des Prairies et de renforcer notre réputation d'exploitant responsable des ressources répondant aux normes des investisseurs ESG. La prospérité économique du Canada est, dans une large mesure, liée à notre capacité d'exploiter et d'exporter de façon responsable et durable nos abondantes ressources naturelles et les produits à valeur ajoutée qui en sont issus.
Cameco est favorable à l'objectif du projet de loi , qui consiste à collaborer avec les gouvernements provinciaux, les corps dirigeants autochtones et le secteur privé pour élaborer un cadre pour une économie verte dans les Prairies. Nous demandons que toutes les technologies à zéro émission, dont le nucléaire, soient prises en considération dans l'élaboration du cadre.
Merci de votre attention.
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Bonjour et merci de nous recevoir aujourd'hui.
Je m'appelle Tyler Fulton et je suis producteur de bovins de boucherie à Birtle, au Manitoba. Je suis actuellement président de Manitoba Beef Producers et représentant spécial de l'Association canadienne des bovins. C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui pour discuter des possibilités qui s'offrent dans les Prairies pour bâtir une économie verte et des répercussions que cela aura sur les producteurs de bovins.
La production de bovins de boucherie dans les provinces des Prairies compte pour une grande partie de notre secteur et l'un des plus importants moteurs économiques de la région. Nous sommes fiers, dans l'industrie de l'élevage bovin, d'être l'un des grands secteurs agricoles du Canada, de soutenir 348 000 emplois et d'apporter 21,8 milliards de dollars au PIB, tout en préservant 44 millions d'acres d'importants écosystèmes de prairie, qui stockent 1,5 milliard de tonnes de carbone.
Ce n'est pas tout. La production de bovins de boucherie au Canada est un chef de file mondial en matière de pratiques viables de production. Bien que les méthodes de production diffèrent selon la région et le terrain, notre objectif est partout le même: contribuer à l'économie canadienne, tout en préservant et en protégeant l'environnement naturel du Canada. Il est dans l'intérêt des éleveurs de bovins de boucherie de préserver l'environnement, et c'est pourquoi nous ne cessons de faire des efforts dans ce sens.
Les spécialistes canadiens du bœuf, de même que les membres de la Table ronde canadienne sur le bœuf durable, ont établi, sur une solide base scientifique, des objectifs jusqu'en 2030. Ces objectifs sont ambitieux, mais mesurables, et nous avons établi un plan pour les atteindre.
Nous sommes déterminés à apporter continuellement des améliorations et à laisser l'environnement dans un meilleur état pour la prochaine génération de producteurs de bovins de boucherie, en réduisant de 33 % le niveau des émissions d'ici 2030, en séquestrant 3,4 millions de tonnes supplémentaires de carbone chaque année et en préservant 35 millions d'acres de prairie naturelle. Ces efforts ont suscité notre enthousiasme quant à l'avenir environnemental et économique de l'industrie canadienne.
Pour ce qui est du projet de loi et du cadre à élaborer pour une économie verte, nous avons quelques observations à soumettre à l'examen du Comité.
Premièrement, il est essentiel d'inclure les producteurs de bovins à l'étape de l'élaboration du cadre. L'agriculture des Prairies est d'une grande importance économique, et les producteurs primaires sont les spécialistes dans ce domaine. L'inclusion de conseillers agricoles sera essentielle à la réussite à long terme.
Deuxièmement, le secteur canadien du bœuf a confiance de pouvoir atteindre ses objectifs de 2030, et nous recommandons que le cadre, quel qu'il soit, s'articule autour des objectifs établis par l'industrie. Ainsi, nous pourrons travailler à atteindre les objectifs convenus suivant une approche à caractère incitatif.
Du fait que l'innovation et la recherche visent la durabilité, de nouveaux outils sont créés qui ont une certaine utilité pour le public. Cependant, ils entraînent des coûts supplémentaires pour les producteurs. Je dois insister sur le fait que les producteurs primaires ne peuvent pas répercuter ces coûts, ce qui rendra la situation économiquement non viable. L'intégration de ces outils aux pratiques courantes ne se fera pas tout seul, et une approche réglementaire serait coûteuse et généralement inefficace. Nous savons que l'approche réglementaire fait augmenter les coûts et a pour effet de déplacer la production vers d'autres pays.
Le Canada possède l'un des meilleurs systèmes de production durable de bœuf au monde, avec des émissions de gaz à effet de serre inférieures de plus de la moitié à la moyenne mondiale. S'il y a des fardeaux réglementaires et financiers pour les producteurs, il devient impossible de maintenir une production efficace au Canada. Cela aura des répercussions néfastes sur notre sécurité alimentaire nationale et mondiale. Cela aura également de graves conséquences négatives sur bien des terres au Canada, délaissées par les éleveurs de bovins qui en étaient jusqu'alors les gérants.
Troisièmement, à l'alinéa 3(3)c) du projet de loi , il est question de prioriser « les projets qui créent une infrastructure naturelle et un environnement propre ». Connaissant les pâturages utilisés par le bétail dans les Prairies, nous recommandons fortement d'inclure la production bovine parmi ces projets, étant donné sa contribution positive à la biodiversité et à la préservation de la prairie naturelle de zone tempérée et des nombreuses espèces en péril qui y vivent.
Lorsqu'il est question d'écologisation de l'économie des Prairies, la prairie naturelle de zone tempérée un facteur clé à prendre en considération. Bien que le projet de loi mentionne à plusieurs reprises les forêts et l'exploitation forestière, il ne fait aucune mention de la prairie. Selon une analyse de Conservation de la nature Canada, au cours des 25 dernières années, environ 148 000 acres de prairie naturelle de zone tempérée ont été perdues en moyenne chaque année, converties à d'autres fins. Cela ne comprend pas les pâturages de culture et les terres à foin, qui sont perdus sensiblement au même rythme. Ces pertes nuisent à l'atteinte des objectifs clés en matière d'environnement et de changement climatique. En fait, une étude récente de Nature United a conclu que, parmi les solutions climatiques naturelles, la toute première qui s'offre à nous consiste à mettre fin à cette perte.
Les producteurs de bovins canadiens sont bien placés pour aider à résoudre le problème du changement climatique et à préserver ces prairies, tout en contribuant à l'économie du Canada.
Sur ce, j'invite les membres du Comité à regarder le court documentaire intitulé Guardians Of The Grasslands. Il est disponible en ligne et nous pourrons vous communiquer le lien après la réunion d'aujourd'hui.
Merci beaucoup du temps que vous nous avez accordé aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui. Je siège ici à titre de députée de la Saskatchewan.
Je suis très heureuse que vous soyez ici, monsieur Austin, et que vous nous parliez des prairies parce que, de toute évidence, il se passe beaucoup de choses dans notre province pour ce qui est de protéger notre environnement et de voir à le préserver comme il se doit pour les générations futures.
Grâce à l'agriculture, au pétrole et au gaz, aux activités de fabrication, aux possibilités qu'offrent les PRM, aux minéraux critiques et à la potasse, nous sommes une province riche qui a beaucoup à offrir au Canada. Ce qui est merveilleux, c'est que nous pouvons l'offrir de manière très viable et que nous nous soucions de protéger de notre environnement.
En vous posant des questions... J'ai entendu des bribes de tout ce que vous faites déjà. Ce qui me chagrine souvent, c'est d'avoir l'impression que l'on ne reconnaît pas où nous en sommes maintenant. Comme M. Fulton vient de nous le dire, les plans d'avenir sont encore plus ambitieux.
Monsieur Austin, vous avez parlé de votre réticence à admettre l'expression « nouvelle source d'énergie ». Pourriez-vous nous expliquer brièvement pourquoi vous la rejetez?
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Je suis très heureuse de cette réponse. Merci.
Je suis heureuse également des occasions que mes collègues et moi-même avons eues de rencontrer les gens de différentes entreprises autochtones du Nord avec lesquelles vous travaillez. C'est exemplaire, et nous espérons que des possibilités de ce genre s'offriront à vous de nouveau.
J'aimerais demander à M. Fulton... Il a mentionné la vidéo Guardians Of The Grasslands, que j'allais moi-même mentionner. Je suis heureuse qu'il m'ait devancée parce que, très franchement, c'est un documentaire remarquable. Je pense qu'il permettrait au Comité de bien comprendre l'importance de ces prairies.
Le projet de loi met l'accent sur la réduction des émissions, qui demeure le point de mire du gouvernement. De votre point de vue, que fait votre secteur pour réduire les émissions? Y a‑t‑il d'autres questions environnementales sur lesquelles nous devrions nous attarder, afin d'inclure les écosystèmes, la biodiversité et autres points de ce genre?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout d'abord, permettez-moi également de souligner la présence de M. Rémy Trudel. Vous vous souviendrez que cet homme a déjà été député de Rouyn‑Noranda—Témiscamingue. Il est l'une des premières personnes qui m'ont influencé dans ma vie citoyenne en tant que jeune militant ayant pu avoir accès à la vie politique. Il a peut-être même influencé le fait que j'occupe ce siège présentement.
Je vous remercie, monsieur Trudel. Je remercie aussi vos étudiants d'être présents également et de s'intéresser à ce qui se passe dans l'administration publique à l'échelon fédéral.
Monsieur Austin, vous ne vous êtes pas nécessairement prononcé contre le projet de loi . Au contraire, je pense que vous le voyez d'un regard favorable.
Quels sont les plus grands défis économiques auxquels les provinces des Prairies doivent faire face actuellement?
Le projet de loi C‑235 pourrait-il aider à relever ces défis, et pourquoi?
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C'est une réponse tout à fait acceptable.
Ce que nous avons découvert au cours du processus — a comparu également —, c'est qu'il n'y a pas eu de grands efforts de communications avec les organisations. Vous n'êtes donc pas seule dans votre cas. Votre témoignage est très valable. Vous n'êtes pas tenue de prendre position tout de suite. Ce sera à nous de décider plus tard ce que nous ferons ici.
Je vais peut-être passer à M. Austin.
Avec l'énergie nucléaire, il y a une responsabilité pour ce qui se passe par la suite. J'ai travaillé sur le dossier du dépôt en profondeur des déchets radioactifs dans la région de Bruce, qui est devenu tout un problème. Êtes-vous au courant des coûts hérités? Dans le cas du nucléaire... Les États-Unis nous ont demandé d'arrêter de stocker les déchets dans un dépôt en profondeur que nous construisons et auquel ils s'opposent parce qu'il est à proximité des Grands Lacs et que l'établissement des coûts n'a pas été fait.
A‑t‑on l'intention de procéder différemment? Toute la collectivité est déchirée. En fait, la Première Nation de Saugeen l'a rejeté. On a ensuite essayé de le déplacer juste à côté et de tenter sa chance à cet endroit. Y a‑t‑il quoi que ce soit dans le modèle actuel, pour ce qui est du nouveau nucléaire, qui tiendra compte de tout ce qui n'était pas prévu? Il s'agissait auparavant, en grande partie, de choses secondaires: manteaux, chaises et autres objets. Tout devient radioactif.
Allez‑y, je vous prie.
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Je ne commenterai pas le projet de stockage dans des couches géologiques profondes ni les discussions entourant le dépôt à Bruce, car je ne suis pas suffisamment au courant de ce projet.
Je dirais, concernant la discussion sur le combustible épuisé, que les coûts de stockage des déchets radioactifs, quelle que soit la façon qu'il se fait, sont entièrement établis pour toute installation nucléaire. Les coûts de stockage du combustible épuisé ou des déchets radioactifs sont déjà intégrés dans le coût total. Au Canada, depuis de nombreuses décennies déjà, ces déchets sont stockés de façon sécuritaire sur le site des centrales nucléaires. Si un dépôt dans des couches géologiques profondes était construit, il offrirait des possibilités de stockage et de récupération sécuritaires du combustible épuisé.
La récupération a son importance, car une grappe de combustible libère très peu de l'énergie qu'elle contient quand elle passe dans le réacteur nucléaire. De nouvelles technologies ont été mises au point qui pourraient permettre de récupérer le combustible épuisé, de le réutiliser et d'en extraire de l'énergie. Ce processus, qui est entièrement géré et contrôlé de près par l'Agence internationale de l'énergie atomique, continuera d'être utilisé en l'absence de dépôt dans les formations géologiques profondes.
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C'est une bonne question. Merci beaucoup.
Nous pourrions continuer à accomplir notre bon travail. Nous croyons fermement qu'il est très utile de parler souvent de notre industrie, du rôle qu'elle joue partout ainsi que dans l'Ouest canadien, particulièrement en Saskatchewan.
Il est également utile de réunir des tables où les gouvernements fédéral et provincial peuvent collaborer avec l'industrie. Comme vous le savez, il est parfois difficile pour tous les ordres de gouvernement, l'industrie, les groupes autochtones et le public de se trouver sur la même longueur d'onde. Cet enjeu est important. Il est utile de mener des conversations franches sur ce qu'il serait possible de faire.
Pourrions-nous nous en passer? Oui, probablement, mais nous finirions — nous, ou quelqu'un d'autre — par lancer nous-mêmes ces conversations.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aime ce que j'entends ici. Les gens parlent beaucoup de consultation. Selon ce projet de loi, « pour élaborer le cadre, le ministre consulte » le gouvernement, tous les ministres, les organismes autochtones et le secteur privé. Cela m'inquiète, parce que l'élaboration du cadre relève du gouvernement fédéral. Oui, vous serez consultés, et je vous dirai honnêtement que je trouve cela excellent.
Malheureusement, personne n'a mentionné que ma province et, je crois, les provinces des Prairies, n'ont pas eu l'impression qu'on les entendait, qu'on les écoutait et que l'on respectait le travail qu'elles accomplissent. C'est ce que je vous entends dire aujourd'hui, en particulier les éleveurs et M. Austin. Vous accomplissez un travail énorme. Il serait vraiment utile de communiquer et de travailler ensemble.
Cependant, je lis ici une note qui remonte à l'été dernier, lorsque le gouvernement fédéral s'est réuni à Saskatoon avec ses homologues territoriaux et provinciaux et avec des intervenants pour élaborer ce qu'on appelle le Cadre stratégique pour l'agriculture — le gouvernement fédéral a un rôle à y jouer. Ils ont discuté de ce que les gouvernements pouvaient faire pour aider l'industrie agricole à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à mieux résister aux changements climatiques. Ce sont de bonnes intentions. Pourtant, je vous entends décrire tout ce que l'Association canadienne des bovins accomplit depuis longtemps. On n'en a pas tenu compte dans le processus d'élaboration de ce concept d'économie verte dans les Prairies. Si je vous comprends bien, vous affirmez que les mesures incitatives sont importantes pour vous au lieu d'être consultés, de participer au processus et de faire ce que vous faites le mieux.
Vous ai‑je bien compris, dans une certaine mesure? Vous vous trouvez dans une situation délicate. On vous demande aujourd'hui si vous appuyez ce projet de loi. Si je vous ai bien compris, vous tenez à la collaboration, car elle est cruciale. Ma province, la Saskatchewan, doit aussi assumer un certain niveau de responsabilité dans le cadre de l'exploitation des ressources qui s'y trouvent, car elles ont une forte influence sur le PIB et sur la richesse de notre pays.
Tout d'abord, j'aimerais demander aux représentants de l'Association canadienne des bovins quelle est l'importance, pour eux, de toute cette question d'incitatifs. Je lis ici que l'on envisage de lancer un projet pilote pour ceux qui adoptent des pratiques environnementales qui réduisent aussi les risques de production. Je ne peux penser à aucune industrie qui se préoccupe davantage de l'environnement et qui s'assure de protéger cet environnement tout en réduisant les risques de production.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les témoins de s'être joints à nous, en personne et virtuellement, et merci de nous consacrer de votre temps et de votre expertise aujourd'hui. Cette discussion a été fascinante.
J'ai consacré beaucoup de temps au dossier des petits réacteurs modulaires, et je suis d'accord avec vous, ils feront partie de notre bonne intendance environnementale. Cette conversation sur les prairies est tout à fait nouvelle pour moi, et je suis vraiment heureux d'en apprendre davantage sur l'industrie bovine et sur l'importance des prairies. Merci de nous avoir si bien éclairés.
Depuis quelque temps, les événements météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles augmentent en gravité et en fréquence. Ma région vient de subir les ravages de l'ouragan Fiona. Sur l'autre côte, il y avait des dômes thermiques et des feux de forêt. Dans votre région, c'est la sécheresse. Nous savons que les éleveurs de bétail font face à des pénuries critiques d'aliments pour animaux et d'eau lorsqu'ils cherchent à approvisionner leurs troupeaux pour l'hiver.
Ma question s'adresse à nos trois groupes de témoins. Pensez-vous comme nous qu'il est nécessaire de reconnaître l'importance de développer une économie verte dans les Prairies afin de lutter contre les changements climatiques qui causent ces difficultés aux éleveurs de bétail?
Nous pourrions commencer par le groupe de l'Alberta, si vous voulez bien.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai entendu la question sur le transport. J'avais aussi une question à ce sujet. Je me souviens qu'en 2018, Greyhound Canada a annoncé l'annulation de lignes dans plusieurs régions du Canada, dont les Prairies, mais je sais aussi que l'alinéa 3(3)a) du projet de loi prévoit de s'attaquer au problème « en traitant la question des options de transport limitées ou non existantes dans les petites villes et collectivités, et en présentant des solutions innovatrices de services de transport en commun dans celles‑ci ».
Je sais que ce n'est peut-être pas directement lié à votre industrie ou au groupe que vous représentez, mais il s'agit du transport pour les travailleurs et pour les résidents et c'est assez important pour le développement futur de ces collectivités, ainsi que pour la prévisibilité lorsque les municipalités, les provinces et le gouvernement fédéral s'assoient à la même table et présentent le plan pour le transport en commun.
J'aimerais que les témoins nous disent ce qu'ils pensent de ce paragraphe. Pensez-vous qu'il serait utile d'établir un plan directeur pour les options de transport en commun dans les Prairies?