:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la trente-et-unième réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 15 juillet 2022, le Comité se réunit pour faire la lumière sur les pannes de service chez Rogers Communications au début du mois de juillet.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022. Dans le cas des députés présents dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Dans celui des députés qui participent à la réunion au moyen de l'application Zoom, utilisez la fonction « main levée ». Le greffier et moi-même allons tenter de respecter du mieux que nous pouvons l'ordre de prise de parole.
Aujourd'hui, pour la première heure, nous recevons, et nous le remercions de sa disponibilité, l'honorable François‑Philippe Champagne, député de Saint-Maurice—Champlain et ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie. Il est accompagné de M. Simon Kennedy, sous-ministre, ainsi que de M. Éric Dagenais, sous-ministre adjoint principal, Secteur du spectre et des télécommunications, et de M. Mark Schaan, sous-ministre adjoint délégué, Secteur des stratégies et politiques d’innovation.
Pour la deuxième heure, chers collègues et membres du public, nous recevrons, de Rogers Communications, M. Tony Staffieri, président et chef de la direction, ainsi que M. Ron McKenzie, chef de la direction de la technologie.
Sans plus tarder, monsieur le ministre, je vous cède la parole.
:
Monsieur le président, chers collègues, c'est un plaisir d'être avec vous aujourd'hui.
Nous sommes réunis aujourd'hui parce qu'un événement inacceptable s'est produit au pays le 8 juillet dernier. Je sais que plusieurs d'entre vous ont entendu d'innombrables histoires d'électrices et d'électeurs frustrés qui ont été touchés par la panne survenue chez Rogers à cette date. Je peux vous dire que, moi aussi, j'en ai beaucoup entendu parler.
La panne de Rogers a touché tous les Canadiens et toutes les Canadiennes, et pas seulement les plus de 12 millions de clientes et de clients qui ont été directement touchés. Comme je l'ai déjà dit à maintes reprises: ce qui s'est passé le 8 juillet est tout à fait inacceptable, point final.
À juste titre, les Canadiens méritent des réponses.
[Traduction]
Monsieur le président, c'est pourquoi il était si important pour moi de comparaître devant le Comité aujourd'hui. N'oublions pas que des millions de Canadiens ont été privés de leur téléphone cellulaire et d'un accès à Internet pendant plus de 15 heures. Des centaines de milliers de petites et moyennes entreprises ont dû refuser des clients parce qu'elles n'étaient pas en mesure d'utiliser Interac pour effectuer des transactions. Des ministères ont perdu la capacité de fournir des services aux Canadiens. Ce qui est le plus inquiétant, c'est que de nombreux Canadiens n'étaient plus en mesure d'appeler le 911.
Je le répète: c'est tout simplement inacceptable, point à la ligne. C'est le message que j'ai transmis à Tony Staffieri, le chef de la direction de Rogers, à maintes reprises depuis le 8 juillet. J'ai joint ma voix à celles de millions de Canadiennes et de Canadiens pour exprimer en termes non équivoques leur frustration devant cette panne encore jamais vue dans notre pays. M. Staffieri a reconnu que Rogers avait rompu un lien de confiance avec le public et il a accepté de prendre une série de mesures pour régler cette affaire rapidement et de façon décisive.
Bien que la responsabilité de la panne incombe uniquement à Rogers, nous devons maintenant être en mode solution. C'est l'attitude que j'ai adoptée depuis les toutes premières heures de cette panne.
J'en ai été informé par mon personnel en fin d'après-midi le 8 juillet, heure de Tokyo — c'était très tôt le matin ici à Ottawa —, alors que je terminais une mission d'une semaine au Japon. Quelques heures plus tard, j'apprenais que la panne semblait maintenant plus grave que ce que nous pensions d'abord. J'ai immédiatement pris le téléphone, pour communiquer non seulement avec le chef de la direction de Rogers, mais aussi avec ceux de Telus et de Bell, pour voir comment ils pouvaient aider.
Le lendemain, dès mon retour au Canada, j'ai convoqué une réunion avec les chefs de direction de Rogers, Telus, Bell, Vidéotron, Shaw, SaskTel et Eastlink. Je leur ai demandé de prendre des mesures immédiates pour améliorer la résilience et la fiabilité du réseau partout au Canada. Dans un premier temps, j'ai exigé que, dans les 60 jours, leurs entreprises concluent un accord formel garantissant trois choses: l'itinérance d'urgence, l'assistance mutuelle et un protocole de communication pour informer le public et le gouvernement lors de pannes majeures et d'autres urgences.
Mesdames et messieurs, le temps file et il reste 45 jours pour respecter cet engagement.
De même, la Federal Communications Commission des États-Unis a récemment adopté des mesures pour améliorer la résilience du réseau, le 6 juillet.
Comme vous le savez, le CRTC mène aussi une enquête minutieuse sur la panne, y compris sur les mesures que Rogers met en place pour prévenir des pannes semblables. J'ai aussi demandé au Comité consultatif canadien pour la sécurité des télécommunications de faire des propositions supplémentaires afin d'améliorer la résilience du réseau d'après les conclusions de l'enquête.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, nous envisagerons d'autres mesures pour assurer la résilience du réseau que les Canadiens méritent.
[Français]
Pour conclure, je souligne que tous les Canadiens méritent des réseaux de communication fiables, abordables et résilients. C'est pourquoi nous allons insister pour que les fournisseurs de services de télécommunications au Canada soient mieux préparés pour prévenir de futures pannes. Nous devons également continuer à tenir les fournisseurs de services de télécommunications du Canada responsables, et nous le ferons au nom des Canadiens et des Canadiennes.
En terminant, permettez-moi de dire ceci: certains verront aujourd'hui une occasion d'aborder un certain nombre de questions relatives au secteur des télécommunications, au secteur de la concurrence, à la fusion proposée entre Rogers et Shaw, en passant par de nombreux autres sujets connexes, j'en suis certain. Cependant, aujourd'hui, je crois que les Canadiens qui se joignent à nous s'attendent à ce que nous parlions de deux choses bien précises.
D'abord, que s'est-il passé le 8 juillet et pourquoi? Ensuite, quelles sont les solutions pour nous assurer qu'une telle situation ne se reproduise plus?
Sur ce, c'est avec plaisir que je répondrai aux questions de mes collègues de la Chambre des communes.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être ici ce matin.
Vous avez tout à fait raison, nous pourrions effectivement poser plusieurs questions relativement à cet événement. Cependant, je vais m'en tenir à ce que vous avez suggéré. Je ne sais pas si nous pouvons voir cela comme un avantage ou un inconvénient, mais, pour couvrir tout le Canada, vous avez dû communiquer avec cinq entreprises, qui représentent 95 % de la clientèle au Canada.
Croyez-vous que cet événement met en lumière le manque de concurrence ou l'insuffisance de joueurs au Canada pour servir l'ensemble de la population et éviter que ce genre de chose se reproduise?
:
D'abord, monsieur Généreux, je vous remercie de la question.
En fait, il est certain que la concurrence favorise la résilience. Il s'agit d'un défi. Comme vous le savez, depuis le début, je parle d'abordabilité, de concurrence et d'innovation. C'est aussi pour cela que la première chose que j'ai faite, quand j'ai parlé au président et directeur général de Rogers, c'était d'exprimer la frustration des 12 millions de Canadiens et Canadiennes qui avaient été privés de service, des centaines de milliers de petites et moyennes entreprises un peu partout au pays, mais aussi des gens qui s'occupent des services d'urgence.
J'ai demandé que des mesures immédiates soient prises pour justement améliorer la résilience au pays. J'ai demandé aussi aux entreprises de télécommunications d'établir par un accord formel cette entente d'assistance mutuelle. Cela existait déjà, mais nous voulons que ce soit établi par contrat.
J'ai demandé aussi à ce que l'on permette l'itinérance dont nous avons besoin en matière d'urgence dans ces cas-là. Il faut aussi un meilleur protocole de communication avec les Canadiens et Canadiennes. Je pense aussi que, à cet égard, j'ai exprimé la frustration des Canadiens et des Canadiennes concernant le problème en matière de communication avec les citoyens et avec les clients pendant cette panne sans précédent au pays.
:
Monsieur le ministre, nous savons que 95 % de la population canadienne est desservie par environ cinq ou six grandes entreprises. Vous avez parlé du manque de résilience et du problème de se retrouver dans une situation où près du tiers, voire de la moitié des Canadiens n'est plus en mesure de communiquer, particulièrement avec les services d'urgence.
Vous avez demandé aux entreprises de se parler entre elles et d'établir un contrat. Je suis en affaires moi-même et je sais que toutes les entreprises ont différents niveaux d'engagement pour ce qui est, par exemple, d'investissements, d'établissement des priorités quant aux secteurs desservis, et ainsi de suite.
Vous avez notamment parlé aux dirigeants de Bell, de Telus et de Vidéotron. Ces entreprises ne se considèrent pas au même niveau non seulement sur le plan concurrentiel, mais aussi sur le plan des infrastructures qu'elles partagent ou possèdent.
Quelles garanties leurs dirigeants vous ont-ils données pour faire en sorte que dans 45 jours, comme vous le disiez, cette entente soit véritablement conclue?
Avez-vous obtenu un engagement de ces entreprises?
:
Oui, j'ai obtenu cet engagement.
Quand j'ai parlé aux dirigeants des entreprises, la question ne pouvait pas être plus sérieuse. En fait, je n'ai pas demandé, mais bien exigé qu'ils établissent un contrat formel pour faire trois choses bien précises.
Il est bon d'avoir un arrangement en matière d'assistance mutuelle, mais je veux que ce soit établi par un contrat formel entre les entreprises. Je veux aussi que l'itinérance en matière d'urgence soit codifiée et qu'il y ait un protocole de communication bien établi avec le gouvernement et avec les clients.
Il ne s'agissait donc pas juste d'intention, mais bien d'obligation et j'ai eu l'assurance...
:
Premièrement, il est certain que les entreprises de télécommunications au Canada écoutent le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, qui est l'autorité chargée de la réglementation. Deuxièmement, j'ai l'engagement formel des dirigeants de chacune des entreprises. Je peux vous dire que, quand je leur ai parlé, l'heure n'était pas aux opinions. Ce que je leur ai demandé était clair et direct. C'était une exigence formelle. Vous aurez l'occasion de le vérifier, car je crois que vous aurez le président de Rogers comme témoin.
Un comité a été formé, qui est chapeauté par le Groupe de travail sur la résilience des télécommunications canadiennes. C'est un groupe de travail qui existe déjà, coprésidé par des représentants de Rogers et par M. Éric Dagenais, un haut fonctionnaire de notre ministère. Ces personnes dirigent le travail qui sera fait dans les 45 jours qui restent.
Monsieur Généreux, je peux vous dire que, lorsque j'ai appelé les dirigeants des entreprises et que je leur ai demandé de se présenter le lundi, tous se sont présentés afin de trouver des solutions. Je crois que tous reconnaissent le fait que nous avons vécu un événement inacceptable et qu'il faut prendre des mesures immédiates.
Je dois être clair avec vous, monsieur Généreux: ce n'est qu'un début. J'ai dit aux dirigeants que j'allais exiger encore plus de choses d'eux. Le CRTC va tout de même poursuivre son enquête et nous allons examiner les recommandations qui seront faites. Ensuite, j'exigerai de ces entreprises d'autres mesures.
Je peux vous dire que, à l'heure actuelle, les dirigeants des entreprises conviennent avec moi qu'il faut en faire davantage pour augmenter la résilience des services de télécommunications au pays.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis très heureux de vous voir. Cela fait un certain temps. Merci beaucoup de comparaître devant le Comité.
Je me suis réveillé le 8 juillet et je ne pouvais faire fonctionner aucun de mes appareils. Comme beaucoup de Canadiens, ma famille a un contrat de service groupé chez Rogers — depuis plus de 20 ans —, alors il y avait un peu de panique. Heureusement, un de mes téléphones de travail était desservi par Bell, alors j'ai pu apprendre par les médias sociaux qu'il y avait une panne massive, comme l'ont rapporté tous les organes de presse, mais il n'y a eu aucune communication de la part de Rogers avant près de midi.
Comme clients de Rogers, nous voulions tous savoir ce qui se passait et quand le service serait rétabli.
Vous avez agi très rapidement cette fin de semaine‑là, en communiquant avec Rogers, mais avant cela, est‑ce qu'il y a eu des mesures proactives du côté de Rogers pour vous expliquer, vous qui êtes à la tête du ministère, ce qui était en train de se produire?
:
Merci beaucoup, monsieur Dong. Je suis heureux de vous revoir aussi, mon ami.
Comme vous le savez, je terminais une mission au Japon lorsque les événements se sont produits, lorsqu'on m'a informé du problème initial que nous avions avec le réseau de Rogers. Compte tenu du décalage horaire, nous étions en tout début de journée à Tokyo, si je me souviens bien — vers 4 ou 5 heures du matin —, lorsque j'ai su que c'était plus grave. C'est là que j'ai communiqué immédiatement avec Tony Staffieri, le chef de la direction de Rogers.
Évidemment, il comprenait la gravité de la situation et l'obligation qu'il avait d'en informer le ministre de l'Industrie. Lors de cet appel, je me suis d'abord renseigné sur l'état du réseau et sur le temps qu'il faudrait pour le rétablir. Évidemment, à ce moment‑là, j'exprimais la frustration de millions de citoyens canadiens, mais j'étais aussi en mode solution. Quand on a affaire à une crise de cette nature, une crise sans précédent...
Immédiatement après cet appel, j'ai communiqué avec les dirigeants de Bell et de Telus. Tout le monde a offert son aide. On a aussi demandé au Groupe de travail sur la résilience des télécommunications canadiennes de veiller à ce que Rogers nous fournisse une mise à jour, mais je dois avouer, monsieur Dong, ce que je retiens de ce qui s'est passé...
Voilà pourquoi j'ai exigé — je n'ai pas demandé, j'ai exigé — trois choses des entreprises de télécommunications du Canada, lorsque je suis rentré au pays quelques heures plus tard.
J'ai convoqué une réunion avec elles. Premièrement, je voulais officialiser l'entente d'assistance mutuelle. Je savais qu'il existait une certaine forme d'entraide tacite entre les réseaux, mais je leur ai dit: « Ce n'est pas suffisant pour les Canadiens. Il faut maintenant l'inscrire dans un accord formel exécutoire. »
La deuxième chose était l'itinérance d'urgence, et c'est assez semblable à ce que la Federal Communications Commission a fait aux États-Unis récemment, le 6 juillet.
Toutefois, je suis allé plus loin que cela, monsieur Dong, pour répondre justement à ce que vous disiez. Rogers a échoué à informer correctement la population canadienne. Elle a échoué à informer correctement le gouvernement du Canada. Il ne devrait pas incomber au ministre de l'Industrie de communiquer avec le chef de la direction de Rogers. Ce devrait plutôt être l'inverse...
:
Faisons attention de ne pas nous mêler dans les fuseaux horaires, parce que, rappelez-vous, monsieur Dong, j'étais à Tokyo à ce moment‑là. Quand j'ai dit 4 ou 5 heures, c'était 4 ou 5 heures du matin, heure de Tokyo. Il faut garder en tête qu'il était encore très tôt à Tokyo.
J'ai appelé aussitôt Tony Staffieri. Ce que vous dites, monsieur Dong, c'est exactement ce que j'ai fait valoir. En pareille situation, ce ne devrait pas être au ministre de courir après le chef de direction d'une grande entreprise de télécommunications au Canada. Ce devrait plutôt être l'inverse.
C'est pourquoi j'ai insisté sur les trois points que j'ai mentionnés. Je veux une entente formelle, et j'ai insisté pour qu'on ait un protocole de communication d'abord avec le public, parce que le public a le droit de savoir ce qui se passe, et ensuite avec le gouvernement du Canada. Il faut s'assurer de pouvoir mieux communiquer lorsqu'une telle chose arrive.
Je dois dire que depuis que c'est arrivé, le chef de la direction de Rogers a communiqué avec moi régulièrement pour me tenir au courant, et je pense que nous constatons déjà des améliorations à cet égard. Il faut que ce soit codifié, et c'est ce que fera l'accord exécutoire officiel.
:
Je suis heureux de vous revoir, monsieur Lemire.
D'abord, permettez-moi de vous dire que la téléréunion que j'ai tenue était avec les dirigeants des entreprises de télécommunications. Le CRTC, qui est un organisme indépendant, ne participait pas à cette réunion.
Aux premières heures de la panne, alors que nous nous demandions encore s'il s'agissait d'une cyberattaque, dès la première discussion que j'ai eue avec le président de Rogers, celui-ci m'a informé de ce qui était survenu. Il m'a expliqué les premières conclusions découlant d'une enquête interne. Il m'a déclaré que l'entreprise avait demandé à des experts internationaux de les aider à déterminer la nature de la panne. Elle avait également demandé à ses vendeurs d'équipement de l'aider à remettre le réseau en service le plus rapidement possible.
J'ai parlé au président de Rogers une autre fois par la suite. Plus tard, nous avons eu cette téléréunion avec les dirigeants des six autres grandes entreprises de télécommunications au pays. Voilà ce qui en est concernant la chronologie des événements.
Une chose qui me préoccupe, c'est que la stratégie que vous avez utilisée commande probablement le respect conféré par la loi — qui est à peu près nul. Je dis cela parce que la loi qu'il nous faut pour assurer une certaine surveillance est différente de celle d'autres collectivités et d'autres pays.
L'Australie est un bon exemple. L'Australie est maître de son réseau, et ses entreprises se font concurrence à l'intérieur de ce réseau.
Évidemment, c'est un service essentiel. La pandémie nous a prouvé la nécessité d'être branchés pour mener nos activités.
Que va faire le gouvernement pour rétablir ce service essentiel et donner plus de mordant à la loi dans ce domaine? C'est un peu comme un service public. Autrement, pour exiger des comptes, nous devons nous en remettre à n'importe quel ministre qui est copain-copain avec un groupe de dirigeants d'entreprises, qui reçoivent aussi beaucoup de cadeaux du public à un moment donné.
Je trouve que ce n'est pas suffisant. Quelles mesures législatives allez-vous prendre pour obtenir plus de contrôle et commander davantage de respect de la part de l'industrie, peu importe qui occupe le siège du chef de la direction et qui occupe le siège du ministre?
:
Je dois avouer que je n'étais pas d'humeur à entendre des commentaires. Je leur ordonnais de prendre des mesures. J'exprimais la frustration de millions de Canadiens et de Canadiennes. Je leur ai dit que cette panne était inacceptable. Comme notre collègue la députée Gray le signalait tantôt, j'ai aussi dit à l'époque que le CRTC devrait faire enquête là‑dessus. Même si la faute est attribuable à Rogers, soyons clairs: c'était la faute d'une entreprise qui a fait une erreur de codage dans une opération apparemment courante de mise à jour.
Ce que je peux vous dire, à vous et aux autres membres du Comité, c'est que lorsque je parlais aux dirigeants de Bell et de Telus, tout le monde était en mode solution et essayait de voir, à mesure que la crise évoluait, comment on pouvait mettre à contribution du personnel, des experts, des réseaux. D'après ce que m'a dit le chef de la direction de Rogers, que vous entendrez comme témoin, je crois, il a même fait appel à des experts chez ses fournisseurs étrangers pour aller au fond des choses. Il fallait creuser loin dans le système pour régler le problème, comme on me l'a expliqué. J'étais donc heureux de constater un tel degré d'entraide volontaire, mais je veux aussi que ce soit codifié dans un accord juridiquement contraignant. L'assistance mutuelle fera donc partie de cet accord, tout comme l'itinérance d'urgence et un protocole de communication avec le gouvernement et le public.
:
Tout d'abord, je pense à la communication, et j'invite le Comité à voir... Les dirigeants de Rogers vont comparaître devant vous, et je pense que leur communication avec le public laissait à désirer. Les Canadiens méritent de meilleures réponses lorsqu'une telle situation se produit, et aussi les fonctionnaires de l'État.
J'ai dit très clairement lors de cette réunion qu'il s'agissait de mesures initiales et que d'autres suivraient, mais nous devons nous attaquer à la cause profonde. C'est un peu comme dans le cas d'une enquête sur un incident aérien: il faut aller au fond des choses pour comprendre ce qui s'est passé, quelles étaient les mesures de sécurité intégrée, à quoi ressemblait le processus d'examen, qui y participait, etc.
Une fois les preuves réunies, des recommandations viendront du CRTC, qui fera enquête, comme l'a dit la députée Gray. Nous allons suivre ces recommandations, car j'ai dit aux dirigeants que je les examinerais et que j'allais probablement exiger des mesures supplémentaires pour améliorer la résilience du réseau au Canada.
:
Ma première préoccupation, comme vous le savez, monsieur Gaheer, c'est d'améliorer la résilience du réseau. Il fallait d'abord comprendre ce qui s'était passé. Deuxièmement, il fallait déployer tous les moyens nécessaires pour rétablir le réseau le plus rapidement possible. Troisièmement, il fallait prendre des mesures immédiates pour améliorer la résilience. Quatrièmement, nous devons maintenant mener une enquête approfondie, afin de bien comprendre ce qui s'est réellement passé. Cinquièmement, je dirais que nous devrons envisager des mesures supplémentaires.
J'ai entendu ce que vous avez dit, et je crois que le député Masse a mentionné quelque chose de semblable. Pour l'instant, mon souci est de comprendre ce qui s'est vraiment passé. C'est la chose à faire, la prochaine étape logique. Une fois que nous aurons les conclusions et que nous aurons compris ce qui a causé cette panne inacceptable pour les Canadiens et les Canadiennes, nous saurons quelles mesures prendre pour la suite des choses.
Comme je disais, ce que nous avons fait ressemble beaucoup à ce que les États-Unis ont fait le 6 juillet pour la résilience du réseau, mais je suis prêt à aller plus loin dans notre examen. En ce qui concerne le Comité et le travail très précieux que vous ferez avec vos collègues, je vais certainement examiner vos recommandations avec beaucoup d'intérêt.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous savons que Rogers a un engagement financier de 26 milliards de dollars pour acquérir Shaw et que Rogers a peu investi dans son réseau depuis quatre ou cinq ans. Vous mentionnez évidemment l'importance d'améliorer la résilience des réseaux pour qu'ils soient fiables, abordables et résilients.
La présence d'un quatrième joueur, notamment dans le marché de la téléphonie cellulaire, prend-elle ici tout son sens?
À mon avis, cela est évident. En effet, c'est aussi la concurrence qui fait que les gens et les entreprises sont plus responsables et que celles-ci vont investir davantage pour la robustesse de leur réseau.
Y voyez-vous un lien?
:
Je vous remercie tout d'abord de votre question, monsieur Lemire.
Comme je le dis depuis le début, la concurrence fait partie de la résilience. C'est certainement une chose que j'ai à l'esprit.
Je peux vous dire que j'ai vu aussi, au cours de la fin de semaine, une communication du président de Rogers au sujet d'investissements additionnels pour améliorer la résilience du réseau.
Or, comme je le disais un peu plus tôt à nos collègues, il faut se rappeler que c'est la faute d'une entreprise. Il faut comprendre ce qui lui est arrivé, en tirer les leçons et s'assurer que tout le monde est plus résilient d'un bout à l'autre du pays.
Comme je vous le disais plus tôt, il faut vraiment mettre la barre plus haut. Il s'agit de voir ce que font les autres, ce qui n'a pas été fait chez Rogers et ce qu'il faut apprendre de cet incident.
Concernant le projet de fusion qui a été déposé, j'ai dit depuis le début que je ne permettrais pas le transfert de l'ensemble des licences de Shaw vers Rogers. J'ai aussi dit que ce qui est arrivé au cours des derniers jours sera évidemment dans mon esprit et, je l'imagine, dans celui d'autres organismes de réglementation, lorsqu'une proposition sera soumise à mon ministère et au sujet de laquelle j'aurai à prendre une décision.
:
Monsieur Masse, vous me connaissez. Je collabore toujours avec mes collègues des deux côtés de la Chambre. Comme je l'ai dit, les mesures immédiates que j'ai prises en l'espace de quelques heures ont été des premiers pas. Je n'ai rien exclu. Les recommandations du Comité sont les bienvenues.
Je pense que nous pouvons travailler ensemble sur la nouvelle orientation stratégique du CRTC. Certains l'ont qualifiée d'« historique » en ce sens qu'elle change la nature de ce qui compte pour le gouvernement et, je dirais, pour les Canadiens en général, à savoir que c'est la concurrence et l'abordabilité.
J'ai été très strict avec les entreprises de télécommunications parce que c'était justifié. Comme je l'ai dit, elles m'ont écouté lorsque j'ai exigé... Personne n'a émis d'avis contraire. Elles ont dit: « Monsieur le ministre, nous ferons exactement ce que vous voulez dans les délais prescrits. »
Pour ce qui est de savoir si des mesures supplémentaires pourraient être prises quant aux pouvoirs qui seraient nécessaires en plus du projet de loi , je serais heureux d'examiner ce que le Comité pourra recommander, et je vais certainement examiner cela.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Je vous remercie de votre présentation.
Vous avez fait état des mesures que vous avez prises à partir du 8 juillet et dans les heures suivantes. Vous étiez à Tokyo, vous êtes revenu et vous avez fait les appels en question.
Le problème, c'est qu'une situation semblable était déjà survenue — qui n'était pas aussi grave que celle que nous avons connue cette année, cependant — et qui mettait en cause le même joueur, c'est-à-dire Rogers. Le 19 avril 2021, dans le sud de l'Ontario, des centaines de milliers de personnes ont été touchées par une panne de Rogers. D'un océan à l'autre, de la Colombie‑Britannique jusqu'en Nouvelle‑Écosse, il y a eu des répercussions majeures. Chaque citoyen canadien qui a subi les conséquences de cette situation a malheureusement eu à revivre la même situation 15 mois plus tard.
Qu'est-ce que votre gouvernement a fait, à partir du 19 avril 2021, pour éviter que survienne une autre situation malheureuse de ce type?
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Deltell.
Premièrement, comme vous l'avez dit, il s'agissait d'une panne d'une ampleur différente. J'ai exprimé très clairement aux millions de Canadiens, de même qu'au dirigeant de Rogers, que cette situation était absolument inacceptable.
Je répondrais à votre question en disant que nous avons fait trois choses pour donner plus de résilience à nos systèmes de télécommunications. La première a été d'affirmer notre intention d'exclure Huawei et ZTE des réseaux 4G et 5G au pays.
La deuxième chose a été de déposer le projet de loi , comme vous le savez. Je mentionnais plus tôt que cela permettra d'avoir des pouvoirs accrus en matière de cybersécurité, mais aussi, et je crois que c'est important pour le Comité, cela donnera au ministre de l'Industrie des pouvoirs additionnels. Comme on le sait, la sécurité ne fait pas aujourd'hui partie des objectifs de la Loi sur les télécommunications.
La troisième chose, et je m'arrête ici, concerne la nouvelle directive au CRTC portant sur la résilience.
Ces mesures avaient donc déjà été prises, et nous allons certainement continuer de travailler pour en faire davantage, comme je l'ai dit d'entrée de jeu.
:
Attendez un instant. Je ne me vante pas, je représente les Canadiens. C'est très différent.
Quand j'ai parlé aux dirigeants des entreprises, j'ai exprimé la frustration de 12 millions de Canadiens, la frustration de centaines de milliers de petites et moyennes entreprises et la frustration des gens qui s'occupent des services d'urgence. C'est cela, mon rôle.
Si vous voulez parler de manquement, de faute, de négligence, vous le ferez avec le président de Rogers lorsque vous le recevrez. Il devra expliquer devant tout le monde pourquoi, chez Rogers, il y a eu ce manquement. C'est là qu'est la faute.
:
Quand la panne est survenue le 19 avril 2021, pourquoi n'avez-vous pas été aussi proactif que vous l'avez été cette année?
Je comprends que plus de personnes ont été touchées cette fois, mais allez dire à ceux qui ont souffert deux fois de la même affaire que, parce qu'ils étaient moins nombreux, c'était moins important.
Je comprends que vous jouez du muscle aujourd'hui et montrez que vous avez été très proactif en 2022. L'ennui, c'est qu'il y a eu un problème similaire, mais entraînant des conséquences moindres, nous le reconnaissons, qui est survenu 15 mois avant l'événement de 2022. Les racines du problème sont exactement les mêmes.
Pourquoi votre gouvernement n'a-t-il pas agi de façon aussi proactive, comme vous dites que vous le faites aujourd'hui, alors que, il y a 15 mois, nous étions aux prises avec le même problème?
:
Je vous remercie de la question, chère collègue.
En fait, ils n'ont pas le choix. Quand je leur ai parlé et que je leur ai fait part de cette frustration de la part de plus de 12 millions de Canadiens et de Canadiennes, j'ai exigé qu'ils concluent un accord formel concernant les trois éléments que j'ai mentionnés plus tôt, c'est-à-dire l'assistance mutuelle, l'itinérance d'urgence et le protocole de communication.
J'ai également été clair en leur disant que ce n'est qu'un début et que, à la suite de l'enquête du CRTC, nous en ferons davantage. Comme nos collègues du Comité l'ont suggéré, nous regarderons les conclusions afin de voir ce que nous pourrions faire de plus. Je suis tout à fait ouvert à le faire. Ce que nous voulons, c'est être en mode solution et avoir un réseau plus résilient au pays.
:
Il s'agit d'abord d'augmenter la résilience et la concurrence.
J'ai aussi parlé au dirigeant d'Interac. Je pense qu'il y a là des leçons à retenir pour assurer qu'il y a plus de redondance dans les systèmes.
Comme je l'exprimais à notre collègue M. Deltell, il y a de sérieuses questions à poser au dirigeant de Rogers. J'ai moi-même posé ces questions, mais je pense que le Comité a un rôle à jouer pour voir ce qui s'est produit exactement et quelles mesures additionnelles pourraient être prises.
Nous avons pris des mesures immédiates à la suite de ce qui s'est produit, d'abord pour rétablir la connectivité, mais ensuite pour accroître la résilience, et j'espère que le Comité pourra aller au fond des choses. Le CRTC va le faire, et nous allons nous inspirer de ses recommandations pour voir ce que nous pourrions faire de plus, parce que nous voulons tous la même chose.
Nous voulons que le réseau soit plus résilient, comme je l'ai exigé de la part des différentes entreprises au pays. Nous voulons qu'elles travaillent ensemble pour procurer cette résilience à laquelle les Canadiens s'attendent relativement au système de télécommunications au pays.
:
Chers collègues, je vous demanderais de reprendre votre place. Nous reprenons la réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
[Traduction]
Nous reprenons la 31e séance du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 15 juillet 2022, afin que le Comité fasse la lumière sur les pannes de service de Rogers Communications au début de juillet.
Sans plus tarder, nous accueillons aujourd'hui M. Tony Staffieri, président et chef de la direction de Rogers.
[Français]
Nous recevons également M. Ron McKenzie, chef de la direction de la technologie, chez Rogers Communications.
Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Sans plus tarder, je vous cède la parole pour cinq minutes.
:
Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité.
Je m'appelle Tony Staffieri, et je suis président et chef de la direction de Rogers Communications. Je suis accompagné aujourd'hui de notre nouveau chef de la technologie, Ron McKenzie.
Je comparais devant vous aujourd'hui parce qu'en tant que PDG de Rogers, je suis responsable de la panne du 8 juillet. Je suis également responsable des mesures précises que prend notre entreprise pour veiller à ce que cela ne se reproduise plus.
Ce jour‑là, nous n'avons pas tenu notre promesse d'être le réseau le plus fiable du Canada. Plus qu'un slogan de marketing, nous savons à quel point les services de téléphonie sans fil et Internet de Rogers sont essentiels. Les Canadiens doivent être en mesure de joindre leur famille, les entreprises doivent être en mesure d'accepter les paiements et, surtout, les appels d'urgence au 911 doivent simplement fonctionner à chaque fois.
À ceux qui ont été touchés par notre panne, je présente mes excuses.
Aujourd'hui, je voudrais vous expliquer comment nous travaillons pour regagner la confiance des Canadiens.
Je vais commencer par ce qui s'est passé et pourquoi il y a eu un retard dans le rétablissement de notre service. Je vais vous parler des mesures importantes que nous prenons pour éviter que cela ne se reproduise, et je vais conclure en vous parlant de certaines mesures que nous avons commencé à prendre pour mieux servir nos clients.
En termes simples, cette panne est le résultat d'une défaillance du système à la suite d'une mise à jour de notre réseau de base.
Étant donné l'énorme complexité de tous les réseaux modernes, il a fallu un certain temps pour comprendre ce qui avait causé la panne. Après avoir déterminé la cause, nos experts techniques ont eu besoin de plus de temps pour rétablir méthodiquement le trafic, car nous avions des millions de clients qui essayaient d'accéder à leurs téléphones, à la télévision domestique et à Internet, le tout à peu près en même temps.
Pour gérer les volumes de trafic qui revenaient, nous avons dû déconnecter physiquement l'équipement touché. Tout au long de ce processus, nous avons mis l'accent sur un objectif unique et primordial, soit le rétablissement du service à nos clients le plus rapidement possible.
Je comprends la frustration ressentie par nos clients qui ne savaient pas quand nos réseaux seraient de nouveau en ligne. Je voulais un échéancier, mais le fait est que nous n'en avions pas et que nous ne voulions pas fournir une estimation qui pourrait se révéler erronée.
Lors des conversations que j'ai eues avec les clients et les propriétaires de petites et de grandes entreprises, tout le monde voulait savoir ce que fait Rogers, aujourd'hui, maintenant, pour tirer des leçons de cette panne et s'assurer qu'elle ne se reproduira plus.
J'ai dit que nous ferons tous les investissements nécessaires pour que cela ne se reproduise pas. Cet investissement commence par les travaux en cours dans le cadre de notre plan de fiabilité approfondie. En collaboration avec le gouvernement et nos concurrents, nous faisons des progrès importants en vue d'un accord officiel visant à garantir que les appels au service 911 pourront toujours être effectués, même en cas de panne du réseau d'un opérateur.
Faire de cet objectif une réalité est la seule façon responsable d'avancer, et je m'engage personnellement à faire en sorte que cela soit possible pour tous les Canadiens. Je tiens à remercier le de son leadership dans ce dossier.
Pour ce qui est de notre réseau, nous allons faire notre part, et plus encore. Pour nous protéger contre une panne à l'échelle du système, nous établirons une norme plus élevée en séparant physiquement nos réseaux sans fil et Internet et en créant un réseau « toujours ouvert ». Pour être franc, cette protection supplémentaire coûtera cher. Nous estimons que cela coûtera au moins un quart de milliard de dollars, mais nous savons que c'est la bonne chose à faire.
Nous allons également poursuivre notre plan visant à investir massivement dans la fiabilité. Nous dépenserons plus de 10 milliards de dollars au cours des prochaines années pour bâtir et renforcer notre réseau. Cet investissement comprend une surveillance supplémentaire, plus de tests et une utilisation accrue de l'intelligence artificielle pour veiller à ce que les mises à niveau que nous apportons à notre réseau fonctionnent comme prévu.
Enfin, nous nous sommes associés à des entreprises technologiques de premier plan pour effectuer un examen complet de nos systèmes de réseau afin de tirer des leçons de la panne et d'en ressortir plus forts.
Lorsque ce travail sera terminé, nous partagerons les leçons clés avec nos concurrents et les autres partenaires de l'industrie.
Pour ce qui est d'améliorer les choses pour ceux qui ont été touchés par notre panne, nous avons déjà accordé cinq jours de crédit à chaque client de Rogers. De plus, nous travaillons avec nos clients commerciaux pour mieux comprendre les répercussions de la panne sur leurs organisations.
Monsieur le président, je sais que ce n'est que par nos actions et avec le temps que nous pourrons regagner la confiance des Canadiens. Nous pouvons faire mieux et nous le ferons.
Je remercie le Comité de nous avoir invités à prendre la parole devant lui aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Tout d'abord, les événements sont très, très différents.
Permettez-moi de parler de l'événement du 8 juillet. La façon de le décrire, c'est qu'à ce moment‑là, l'ingénieur n'avait aucun moyen... Comme le programme avait été exécuté cinq fois auparavant sans qu'il y ait le moindre incident, on ne croyait pas, on ne savait pas à ce moment‑là, qu'il y aurait un problème.
Ce qui s'est passé, c'est que lorsque le code a été modifié et que le filtre a été retiré, l'équipement s'est comporté de façon très différente selon qu'il avait été conçu par un premier fournisseur ou un deuxième fournisseur. C'était alors l'inconnue: le comportement de l'équipement d'un fabricant, qui exécute une norme d'une certaine façon, par rapport à celui d'un autre fabricant. C'est cette séquence qui a essentiellement causé l'inondation du réseau central.
:
Nous avons collaboré, et nous continuerons de le faire, avec tous les ordres de gouvernement afin d'assurer une transparence complète à l'égard de cet incident. Vous comprendrez qu'aujourd'hui, les réseaux sont extrêmement complexes. Nous prendrons tous les moyens à notre disposition pour investir dans les ressources et travailler avec des entreprises de premier plan partout dans le monde pour nous assurer de mettre en place la résilience et la redondance nécessaires pour que cela ne se reproduise plus.
Nous avons parlé de nos plans, que je vais vous décrire de façon très générale, et mon collègue vous donnera les détails. Il y a, en fait, quatre points principaux. Le premier consiste à séparer physiquement nos réseaux sans fil et filaires afin que, si un réseau devait tomber en panne à l'avenir, nous puissions passer à l'autre réseau. Le deuxième est ce que nous appelons la partition de notre réseau. Si un incident se produit à un endroit précis, nous limitons le problème à cet endroit précis. Le troisième concerne les changements que nous apporterons à nos processus et à nos procédures dans le cadre de l'examen et de la mise en oeuvre du code, y compris la mise à l'essai.
Enfin, nous travaillons sur le protocole d'entente avec le bureau du ministre Champagne qui nous permettra de travailler plus efficacement avec nos concurrents, de sorte qu'en cas d'urgence ou de panne, nous puissions transférer les appels, mais surtout nous assurer que chaque appel au service 911 sera basculé sur un autre réseau.
J'aimerais commencer par une chose que vous avez mentionnée, monsieur Staffieri, au sujet de l'importance cruciale des services que vous fournissez, comme vous l'avez dit, pour rejoindre les familles, les entreprises qui acceptent les paiements et, évidemment, les appels au 911, dont vous avez parlé à plusieurs reprises. Dans certains cas, les services gouvernementaux n'étaient pas entièrement disponibles. J'aimerais donner l'exemple d'IRCC.
Êtes-vous d'accord pour dire que les services que vous offrez sont essentiels à cet égard?
:
D'accord. Je pense que cela se rapproche beaucoup d'un « oui ». Je l'accepte.
Nous avons entendu le ministre Champagne parler de l'incident et le comparer à un incident de transport aérien. Comme vous le savez, les compagnies aériennes sont, tout comme votre industrie, des oligopoles. Elles sont rigoureusement réglementées et elles sont essentielles pour les Canadiens. Dans ce contexte, comme mon collègue Brian Masse l'a mentionné plus tôt, si quelque chose de ce genre devait se produire, ce ne serait pas à l'entreprise d'offrir, de son propre chef, une indemnisation de deux jours, de cinq jours ou de sept jours. Une certaine indemnisation serait obligatoire.
Pensez-vous qu'il devrait y avoir un cadre réglementaire et un cadre juridique, et que ce ne serait pas à vous de décider du dédommagement à accorder aux Canadiens, mais à la loi?
:
Eh bien, permettez-moi de revenir à la question de la concurrence. Notre comité continue de revenir sur cette question. Cela a toujours été une question de prix et de mécontentement lorsque nous regardons ce que les Canadiens paient par rapport aux autres pays. C'est une grande source de consternation pour moi et d'autres membres du Comité, tous partis confondus, je crois.
L'autre leçon que nous avons tirée de cette panne, c'est que le manque de concurrence signifie non seulement que les Canadiens souffrent en ce qui concerne les prix, mais aussi que la résilience du réseau est mise à rude épreuve.
Lorsque nous en arrivons à l'idée d'ouvrir les réseaux de vos concurrents à vos clients, dans le contexte de la panne, vous avez dit au CRTC qu'aucun des réseaux de vos concurrents n'aurait été en mesure de gérer le volume supplémentaire et soudain d'utilisateurs sans fil (plus de 10,2 millions) et la hausse du trafic de voix et de données connexe.
La concentration des clients dans une entreprise en particulier, non seulement dans le secteur, mais dans votre entreprise en particulier, n'est-elle pas un défi à la résilience en soi?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Messieurs, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Je trouve votre attitude rafraîchissante, car vous comparaissez devant nous en toute humilité et sans complaisance.
Vous avez dit que vous étiez responsables et que vous aviez échoué. Cela est quand même un point de départ intéressant dans un contexte où nous souhaitons rétablir la confiance à court, à moyen et à long terme.
Je me questionne énormément sur l'état de la gouvernance chez Rogers, actuellement, qui est essentiellement assurée par un seul homme, c'est-à-dire vous, monsieur Staffieri.
Nous savons que, l'année dernière, la quasi-totalité des membres de la direction de Rogers a été licenciée.
Nous savons aussi que, il y a une quinzaine de mois déjà, votre entreprise a eu un problème de panne majeure. Nous n'avions alors pas senti le même niveau de responsabilité que celui que vous démontrez présentement.
Nous savons que vous avez également remercié votre chef de la technologie, M. Fernandes. Selon ce que je comprends, il a été tenu responsable de cette panne.
Comment pouvons-nous maintenant vous faire confiance, à vous qui contrôlez à peu près la moitié de l'infrastructure de télécommunications du pays, pour mener la suite des choses à court, à moyen et à long terme?
:
Merci de votre question, monsieur. Vous avez abordé plusieurs points.
Depuis que je suis devenu le PDG de cette entreprise, au début de l'année, je me suis concentré sur un certain nombre de choses, mais surtout sur le réseau. La résilience du réseau est très importante. Les investissements que nous avons faits dans le réseau sont beaucoup plus importants que ceux que nous avons faits au cours des années précédentes, et nous continuerons d'en faire davantage. La panne nous a montré qu'il est essentiel de faire ces investissements.
Nous voulons apporter des changements rapidement. Il y a des choses que nous savons devoir faire, nous avons tiré des leçons de la panne, et nous avons donc agi très rapidement. Je suis convaincu que notre nouveau chef de la technologie, Ron McKenzie, mettra en œuvre ces changements. Ron est ingénieur de formation et compte plus de 30 ans d'expérience en télécommunications à un niveau très élevé. Plus récemment, il a été président de nos opérations commerciales, où il a dirigé la conception et la mise en œuvre de solutions techniques complexes pour nos clients. Je suis convaincu que lui et son équipe mettront en œuvre les changements que nous devons apporter pour atteindre nos objectifs en matière de rendement du réseau.
:
Au bout du compte, c'était une décision d'affaires parce qu'il n'y avait pas d'argent.
De deux choses l'une: ou bien il s'agit d'un problème technique, dont nous devons discuter en tant que comité si nous laissons les opérateurs s'en charger, ou bien nous les laissons prendre des décisions qui n'accordent pas suffisamment d'importance à la redondance. C'est le suivi qui, à mon avis, est nécessaire pour déterminer, pour s'assurer...
Vous avez eu ce problème auparavant, et vous aviez promis de le régler. Que s'est‑il passé entre 2021 et aujourd'hui? C'est là où je pense que la confiance des consommateurs doit être réaffirmée, pour ce qui est de l'application commerciale.
Je pense qu'il faudrait peut-être examiner séparément le service 911 au Comité, mais que s'est‑il passé entre temps? Qu'est‑ce qui est différent? Pourquoi le correctif de 2021 n'a‑t‑il pas été apporté dans cette situation?
:
Merci. J'ai une dernière brève question. Je suis désolé de vous interrompre, mais c'est une question importante que je tiens à poser.
Une partie du problème que nous avons en ce moment est lié au fait que personne, au sein de votre organisation, n'a pensé à appeler le ministre, malgré la panne du service 911.
Vous êtes maintenant en train de réfléchir à ce que vous ferez pour les consommateurs et des choses du genre. Ce n'est pas une critique. Le ministre fait la même chose. Il est en train de réfléchir à de nouveaux mécanismes réglementaires... à de nouveaux processus.
Rogers serait-elle favorable à la mise en place d'un processus universel transparent pour les consommateurs, les entreprises et le public, pour l'ensemble des entreprises de télécommunications, autrement dit à une sorte de charte des droits autant pour les consommateurs que pour les entreprises de télécommunications? Peu importe que ce soit vous aux commandes de l'entreprise ou quelqu'un d'autre à l'avenir. Rogers serait-elle favorable à cela?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs Staffieri et McKenzie.
Vous avez, je crois, des clients au Québec. Je sais de façon certaine que vous en avez, étant donné que j'ai aussi été touché par la panne. En effet, je ne pouvais pas utiliser le service Interac.
Le gouvernement du Québec a-t-il été informé aussi rapidement que le ministre Champagne? En fait, d'après ce que nous avons compris, celui-ci vous a appelé parce que vous n'aviez pas communiqué avec lui.
Avez-vous informé le gouvernement du Québec de ce manquement touchant vos services?
:
Pour répondre à votre première question, nous disposons d'une équipe d'intervention d'urgence. Peu après le début de la panne, cette équipe, qui est bien préparée, a réuni les ressources requises, conformément à un plan mis en place longtemps d'avance sur la façon de réagir dans des situations semblables. Dans ce cas précis, nous avons été retardés parce que notre propre réseau était complètement paralysé. Nous avons néanmoins pris rapidement des dispositions pour avoir une autre source de connectivité, ce qui a causé des retards.
Malgré cela, dès 5 h 30 du matin, nous avons commencé à annoncer qu'il y avait un problème de réseau. Ce n'est que beaucoup plus tard que nous avons saisi l'ampleur du problème et compris qu'il s'agissait d'une panne nationale. Dès que nous l'avons su, nous avons communiqué la nouvelle sur les médias sociaux, soit vers 9 heures, ainsi qu'aux stations de radio.
Quand j'ai parlé aux Canadiens — à nos clients —, ils voulaient surtout savoir, tout comme nous, quelle était la cause de la panne et dans combien de temps elle allait être réparée. Nous n'avions pas les réponses à ces questions. Nous nous efforçons toujours d'être extrêmement transparents avec nos clients et les Canadiens en général et de leur donner le plus de renseignements possible, mais nous n'avions pas les réponses à ces questions. Au fur et à mesure que nous obtenions de nouveaux renseignements, nous les rendions publics. Ce n'est qu'à la fin de l'après-midi que nous avons su que nous avions une solution permettant la reprise du service. Nous avons alors rapidement communiqué la nouvelle par le biais de tous les canaux médiatiques pertinents.
:
J'hésite à vous croire parce que ce n'est pas la première fois que des acteurs de l'industrie tiennent des réunions privées auxquelles le public n'a pas accès. Le ministre peut faire un suivi, mais il ne sera pas en mesure de fournir des documents au Parlement ou à ce comité, ou n'est pas tenu de le faire.
Je ne vois pas comment cette approche renforcera la confiance du public. Je pense que les autres entreprises de télécommunication qui y participeront voudront probablement protéger leur réputation. Honnêtement, c'est la négligence publique qui est la cause de cet incident, soit par le biais du Parlement et des processus en place ici, soit par le biais de l'industrie même. Nous avons échoué collectivement à maintenir le service 911, un service censé être garanti.
Je vais terminer là‑dessus, monsieur le président. Je ne crois pas que cette approche va satisfaire le public. Ces réunions ne seront pas publiques. Les comptes rendus seront largement caviardés. Nous devrons faire une demande d'accès à l'information pour savoir ce qui se passe et même pour connaître l'horaire des réunions et ainsi de suite.
Cela m'inquiète, monsieur le président.
Permettez-moi de vous expliquer quelques principes. La fermeture de notre réseau d'accès radio — communément appelé le RAR — n'est pas une décision appropriée. Pour être en mesure de fermer le RAR, vous devez avoir accès au réseau. Quand notre réseau est tombé en panne, il a été paralysé jusqu'à environ 10 h 30. Ce n'est qu'après 10 h 30 que nous avons pu envisager la fermeture du RAR.
Mme Tracy Gray: D'accord...
M. Tony Staffieri: Si vous me permettez de terminer, nous avons envisagé cette solution, mais à ce moment‑là, nous avions déjà commencé à voir que certaines parties de notre réseau se rétablissaient. Nous avons donc décidé de ne pas fermer le RAR. Si nous l'avions fait, il est fort probable que la panne généralisée aurait duré au moins une journée de plus. Nous avions une décision importante à prendre, étant donné que nous constations qu'il était possible de remettre notre réseau en marche plus rapidement. Nous avons donc pris la décision de ne pas fermer le RAR.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur Gaheer.
Cela conclut notre deuxième et dernier tour de questions.
Je veux remercier messieurs Staffieri et McKenzie de s'être rendus disponibles pour le Comité.
Je remercie également le greffier, les interprètes, les analystes et le personnel de soutien.
Je rappelle aussi à tous les participants et aux membres du public que le Comité poursuit ses travaux cet après-midi à 14 heures pour faire la lumière sur les interruptions de service survenues chez Rogers au début de juillet.
Je vous remercie, tout le monde.
La séance est levée.