:
J'ouvre maintenant la séance.
Bonjour à toutes et à tous. Je vous souhaite la bienvenue à la 141e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
J'aimerais rappeler à tous les députés et à tous les témoins de bien prendre connaissance des directives concernant l'utilisation des microphones et des oreillettes, parce qu'il en va de la sécurité et de la santé de tous, particulièrement celles des interprètes. D'ailleurs, je profite de l'occasion pour remercier ces derniers de leur travail.
Conformément à la motion adoptée le jeudi 19 septembre 2024, le Comité reprend l'examen des pratiques relatives aux cartes de crédit et de leur réglementation au Canada.
Aujourd'hui, nous sommes heureux d'avoir plusieurs témoins avec nous. Nous accueillons M. Alexandre Lampron, directeur des affaires gouvernementales du Conseil québécois du commerce de détail, qui témoigne par vidéoconférence. Je vous remercie de votre présence, monsieur Lampron.
Du Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, nous recevons Jeff Brownlee, présent ici à Ottawa.
[Traduction]
Nous accueillons M. Bryan Bossin, chef des Relations gouvernementales et des Affaires extérieures.
Enfin, nous recevons M. Brian Peters, directeur des Politiques publiques chez Stripe.
Je vous remercie de vous joindre à nous. Comme vous le savez tous, vous disposerez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, puis nous passerons à la discussion.
[Français]
Sans plus tarder, monsieur Lampron, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Membres du Comité, bonjour.
Tout d'abord, je tiens à remercier le Comité de permettre au Conseil québécois du commerce de détail, ou CQCD, de s'exprimer sur la question des pratiques des cartes de crédit et sur leur réglementation au Canada.
Permettez-moi de vous rappeler que le CQCD est l'acteur incontournable de l'écosystème du commerce de détail québécois. Il regroupe plus de 45 000 commerces dans tout le Québec, dont plusieurs ont leur siège social, ici, au Québec, et qui emploient plus de 483 000 personnes.
Le dossier des cartes de crédit n'est pas nouveau pour nous, mais il nous apparaît important de vous exprimer à nouveau notre point de vue. D'abord, contrairement à la croyance populaire, l'utilisation des cartes de paiement, surtout les cartes de crédit, n'est pas gratuite. Des frais sont facturés au détaillant pour l'utilisation de ces services. Il s'agit pour nous d'une taxe privée déguisée qui pénalise tous les détaillants et les consommateurs.
Notre première proposition consiste donc à demander au gouvernement fédéral de limiter les frais de transaction par carte de crédit au même niveau qu'en Europe, soit à un taux 0,5 %. Plus de 27 pays, comme l'Australie, la France et l'Allemagne, pour ne nommer que ceux-là, ont plafonné ce taux à 0,5 % depuis bientôt près de 10 ans. Il existe d'ailleurs un consensus des organisations qui représentent le commerce de détail au Canada sur la nécessité de plafonner ces frais au plus vite.
En maintenant des frais d'interchange aussi élevés, le gouvernement contribue à appauvrir davantage les consommateurs et notre économie. Ces frais ont une influence sur les prix des marchandises qui sont vendues en magasin en ajoutant aux frais d'exploitation du détaillant. Il s'agit d'une autre pression à la hausse des prix pratiqués dans le commerce de détail. En 2023, le gouvernement fédéral a conclu une entente avec Visa et Mastercard afin de réduire les frais d'interchange liés aux cartes de crédit pour les petites entreprises. Le tout est entré en vigueur samedi dernier, le 19 octobre 2024. Le problème persiste, toutefois. Les frais sont encore beaucoup trop élevés par rapport à la cible que nous réclamons. Plus encore, le CQCD croit que la réduction des frais d'interchange devrait s'appliquer à tous les détaillants et non seulement aux petits commerçants.
Aucun détaillant, quels que soient son chiffre d'affaires et sa taille, ne devrait avoir à financer les programmes de mise en marché des cartes de crédit et des banques. Nous reconnaissons aux émetteurs de cartes de crédit le droit de payer et de facturer les coûts du système numérique nécessaire à la mise en place de celui-ci. Nous émettons toutefois de sérieuses réserves sur la nécessité de maintenir des frais si élevés dans le cadre d'un système qui est déjà déployé. Le CQCD est d'avis que les détaillants sont pris en otage.
En effet, le paiement comptant est appelé à disparaître. Les téléphones intelligents font aussi que le paiement comptant se fait de plus en plus rare. Le paiement électronique, lui, a explosé. Le « Rapport canadien sur les modes et les tendances de paiement 2024 », dévoilé au début du mois d'octobre par Paiements Canada, le confirme. En 2023, les transactions de paiement de détail par carte représentaient près des deux tiers, 63 % du volume total des paiements, soit 33 % par carte de crédit et 30 % par carte de débit. Le CQCD estime que les cartes de crédit sont un outil essentiel et facile.
Toutefois, les émetteurs de certaines cartes, dites de privilège, offrent aux détenteurs de ces cartes des points, des récompenses ou des avantages particuliers. En raison des prix au détail qui montent pour tous les consommateurs, ce sont les plus fortunés qui gagnent davantage de points sur le dos des simples consommateurs, qui ont accès seulement à une carte de crédit non payante. Ce système est d'une grande iniquité pour les détaillants et les consommateurs québécois et canadiens. Le coût des programmes de points devrait être assumé par ceux qui en bénéficient. À l'heure actuelle, ce sont les détaillants et les consommateurs les moins fortunés qui en subissent le préjudice final. Notre deuxième proposition consiste donc à recommander au gouvernement fédéral d'appliquer le principe de l'utilisateur-payeur et à exiger la transparence quant aux frais associés à ces programmes.
En conclusion, le CQCD prône un plafonnement des frais des cartes de crédit à 0,5 %, quel que soit le modèle de carte de crédit choisi par le client. Cela faisait d'ailleurs partie des recommandations que le CQCD avait émises dans son mémoire lors des consultations en prévision du budget fédéral de 2022‑2023.
Une intervention pour assurer un meilleur contrôle des frais de cartes de crédit pour tous les détaillants serait avantageuse pour plusieurs raisons: une meilleure équité entre les consommateurs, une injection de fonds pour les détaillants et dans l'économie canadienne, la possibilité pour les détaillants d'offrir de meilleurs prix, ainsi qu'une meilleure compétitivité générale de nos entreprises.
Merci de votre attention.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie du temps que vous m'accordez aujourd'hui.
Au nom des 22 000 dépanneurs du Canada, qui emploient 188 000 personnes dans les collectivités de tout le pays, je tiens à souligner les coûts importants que les frais de carte de crédit représentent pour les activités quotidiennes de nos magasins de détail.
En bref, ces frais, qui arrivent juste derrière la masse salariale, ont une incidence directe sur notre capacité d'investir dans nos magasins et les travailleurs qui servent les collectivités canadiennes 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année.
Le côté pratique est important pour les collectivités. Des données recueillies récemment par notre industrie ont révélé que 6 Canadiens sur 10 — dont une majorité écrasante de personnes de moins de 40 ans, d'ailleurs — croient que les dépanneurs sont importants pour répondre à leurs besoins hebdomadaires. Les Canadiens estiment également que nos magasins sont responsables, sécuritaires et dignes de confiance, autant d'attributs dont nous sommes très fiers. Bien que nous soyons essentiels pour tant de Canadiens, ils ne savent peut-être pas que les dépanneurs perçoivent plus de taxes que tout autre secteur de la vente au détail.
Contrairement à votre boulangerie, à votre café ou à votre boutique de vêtements, qui imposent environ 13 % de TVH, les dépanneurs prélèvent quelque 48 % de taxes parce que nous vendons des produits fortement taxés, comme les loteries, le carburant et le tabac. Pour mettre les choses en perspective, nos membres ont recueilli plus de 11 milliards de dollars en taxes l'an dernier pour le gouvernement fédéral seulement, ce qui totalise environ 525 000 $ par magasin.
À cela s'ajoute le passage aux paiements numériques sans contact. L'an dernier, plus de 70 % de tous les achats d'essence dans nos points de vente au détail ont été effectués par carte de crédit, et ce chiffre augmente de jour en jour. Les paiements sans contact sont la nouvelle norme de nos magasins, ce qui crée de nouvelles pressions pour nos entreprises.
Les dépanneurs sont également doublement pénalisés par les frais de carte de crédit. Nous payons des frais d'interchange non seulement sur les produits vendus, mais aussi sur les taxes appliquées à ces produits. Par conséquent, nos détaillants sont submergés par des frais excessifs qui pénalisent nos magasins pour la seule raison qu'ils perçoivent des taxes pour le gouvernement.
Malheureusement, la promesse faite en 2019 d'éliminer les frais d'interchange sur la portion des taxes de ventes au détail n'a toujours pas été tenue. Par conséquent, chaque dépanneur paie de sa poche près de 14 000 $ par année en raison des taxes de ventes payées par carte de crédit.
Certains membres du Comité se demandent peut-être pourquoi nos magasins n'imposent pas un supplément aux clients pour aider à compenser ces hausses des coûts. La réponse est simple: la compétitivité. Si nous voulons soutenir la concurrence des magasins à grande surface et offrir des produits aux prix demandés par les clients, nos membres n'ont d'autre choix que d'absorber le coût de la perception des taxes.
Je tiens également à dire très clairement que les récents changements, visant à plafonner les frais d'interchange pour les petites entreprises, n'aideront pas l'industrie des dépanneurs. Cette mesure n'est utile qu'aux plus petites entreprises ou microentreprises du Canada, et exclut nos entreprises de taille moyenne. Le pire, c'est que les grandes sociétés comme Walmart et Costco ont le pouvoir de négociation d'exiger de meilleurs taux auprès des sociétés de cartes de crédit et des transformateurs, laissant un grand nombre de PME sans solution à ce coût croissant des affaires.
Je tiens également à préciser aux membres du Comité que ces frais ont une incidence directe sur la survie de nos magasins. L'an dernier, 1,5 dépanneur par jour fermait ses portes au Canada. Malheureusement, la majorité d'entre eux se trouvent dans des régions rurales et éloignées où les dépanneurs sont souvent le seul endroit pour se procurer des produits essentiels.
Nos magasins exhortent les décideurs à agir. Les propriétaires de dépanneur ne devraient pas avoir à débourser parce qu'ils sont tenus de payer des frais d'interchange sur les taxes. C'est non seulement inutile, mais aussi une mauvaise décision politique.
La suppression des frais d'interchange sur la portion de la taxe de vente pourrait se faire au moyen d'un crédit d'impôt pour les entreprises admissibles. Les détaillants se feraient donc rembourser les frais qu'ils paient exclusivement sur la taxe de vente.
Bien sûr, nous accueillerions favorablement une réduction générale des frais, mais cela doit s'accompagner de règles strictes qui empêchent les acquéreurs de refiler directement les coûts supplémentaires aux commerçants.
En conclusion, il est tout à fait aberrant qu'une industrie essentielle comme les dépanneurs et les stations-service paie de sa poche pour avoir le privilège de percevoir des taxes. Imaginez si on disait aux Canadiens que le gouvernement fédéral va facturer aux contribuables des frais d'administration de 2,5 % chaque fois qu'ils paient leurs impôts. Il y aurait de l'indignation. Bien franchement, nous ne comprenons pas pourquoi il n'y a pas de considération semblable pour nos entreprises locales, qui sont une porte d'entrée à l'entrepreneuriat pour tant de personnes, y compris de nombreux nouveaux Canadiens.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité au nom d'Interac Corp.
Interac est une entreprise de technologie financière et de réseau de paiement fondée, détenue et exploitée par des Canadiens. Nous sommes fiers de célébrer notre 40e anniversaire cette année.
La plupart des Canadiens connaissent notre marque et nos produits. Ce que certaines personnes ne savent pas, c'est que derrière notre logo familier, il y a un réseau complexe qui sert à faciliter les paiements de plus de 20 millions de fois par jour. Grâce à notre réseau, les Canadiens d'un océan à l'autre peuvent accéder facilement à leur argent en toute sécurité et à faible coût.
Au cours de mon exposé, je vais vous donner un aperçu du fonctionnement de notre réseau et me concentrer sur deux domaines prioritaires pour Interac: notre engagement à fournir des options de paiement à faible coût et notre souci de maintenir la confiance et la sécurité.
Le réseau de débit Interac permet d'effectuer des paiements chez plus de 500 000 commerçants, notamment aux points de vente, en ligne et avec un appareil mobile. Le service de virement électronique Interac permet aux entreprises et aux consommateurs d'envoyer ou de demander facilement de l'argent d'un compte bancaire à un autre n'importe où au pays. L'an dernier, les Canadiens ont effectué plus de 6,6 milliards de transactions de débit Interac et 1,2 milliard de transactions de virement électronique Interac.
Payer un loyer, faire l'épicerie et envoyer de l'argent aux amis et à la famille: voilà ce qu'Interac aide les gens à faire. Les produits Interac sont connus pour être des options à faible coût afin d'effectuer et d'accepter des paiements. Nos frais sont structurés pour soutenir les petites entreprises, et les aider à contrôler leurs coûts tout en offrant à leurs clients des options de paiement faciles et sûres. C'est pour cette raison que des organisations comme la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante ont fait remarquer que la carte de débit Interac sert bien les entreprises depuis des décennies.
Il est important de noter que les paiements par carte de crédit ne transitent pas sur le réseau Interac. La différence, c'est que nous offrons aux Canadiens la possibilité de payer et d'échanger des fonds directement de leur compte bancaire.
Plus de 300 institutions financières, des grandes banques aux petites caisses d'épargne et de crédit, participent au réseau Interac. Les institutions financières ont des comptes bancaires et émettent des cartes de débit à leurs clients. Les entreprises de traitement des paiements fournissent aux commerçants le matériel et les logiciels nécessaires pour accepter les paiements Interac. Nous sommes donc en mesure de servir les consommateurs et les entreprises dans toutes les régions du pays.
Étant donné le rôle important qu'Interac joue dans la vie des Canadiens, la sécurité et la confiance ne sont pas seulement une priorité, mais sont au cœur de tout ce que nous faisons. Nous sommes fiers qu'Interac soit la marque de services financiers la plus fiable au Canada depuis de nombreuses années. Grâce à des contrôles de la fraude de calibre mondial et au respect de normes de paiement nationales et internationales, nous protégeons les transactions financières de millions de Canadiens. Nous accordons de l'importance à la confiance que les Canadiens nous accordent et nous ne la prenons pas à la légère.
Dans le contexte d'une augmentation rapide des services en ligne, Interac prévoit mener les Canadiens à la prospérité numérique. Nous savons qu'il faudra redoubler d'efforts pour réduire la fraude et offrir des produits novateurs qui répondent aux besoins des Canadiens. La facilité d'accès, les transactions abordables, sûres et sécurisées sont la proposition de valeur unique d'Interac.
Nous demeurons déterminés à permettre aux consommateurs et aux entreprises du Canada de participer à l'économie numérique d'une manière qui favorise leur réussite.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Stripe est une entreprise technologique qui construit des infrastructures économiques pour Internet. Les entreprises de toutes tailles, qu'il s'agisse de petites entreprises en démarrage ou de sociétés publiques, utilisent notre technologie pour accepter des paiements, lutter contre la fraude et gérer leurs activités en ligne.
Stripe a commencé ses activités au Canada il y a un peu plus de 10 ans. À l'époque, l'un des plus grands défis pour les entreprises en ligne était l'acceptation des paiements, ce que nous avons simplifiés avec seulement sept lignes de code. Depuis, notre plateforme a pris de l'expansion et offre une gamme de services, comme la détection de la fraude, les paiements en personne, les abonnements, le calcul des taxes et plus encore.
Nous sommes fiers d'être capables de soutenir les entreprises canadiennes, qui ont augmenté leur volume de paiements sur Stripe de plus de 50 % au cours des deux dernières années. Le mois dernier, nous avons annoncé l'ouverture d'un nouveau bureau à Toronto. Nous embauchons également pour soutenir des milliers d'entreprises canadiennes.
Le marché canadien des paiements est de plus en plus concurrentiel. Aux dernières nouvelles, plus de 50 entreprises offraient des services de traitement des paiements, qu'il s'agisse de grandes banques, d'entreprises technologiques ou d'acteurs spécialisés bien connus. La grande majorité des frais que des entreprises comme Stripe facturent pour le traitement des paiements par carte, soit 80 à 90 %, vont à la banque qui a émis la carte. Le reste sert à couvrir les coûts de l'entreprise de traitement, dont la responsabilité en cas de fraude ou d'autres pertes que nous subissons.
En décembre 2023, Visa et Mastercard ont annoncé qu'elles réduiraient certains frais d'interchange des cartes de crédit pour un sous-ensemble de petites entreprises au Canada. Les frais de participation aux réseaux de cartes et les frais d'interchange varient selon plus de 50 facteurs, y compris le type de carte, le type de transaction et la catégorie de l'industrie. Souvent, les taux diminuent et augmentent plusieurs fois par année.
Stripe offre deux modèles de tarification. Le premier est la tarification interchange plus, dans le cadre de laquelle les frais de réseau et d'autres coûts sont refilés aux entreprises. Stripe transmet la récente réduction de l'interchange aux entreprises qui ont ce modèle de tarification. Ce modèle expose également les entreprises à des augmentations de prix, dont certaines ont été considérables récemment.
Le deuxième est la tarification standard. Il s'agit de notre taux fixe qui ne change pas avec les fluctuations des coûts du réseau lors des transactions. Notre objectif ici est de faire en sorte qu'il soit facile pour les petites entreprises en démarrage d'accepter les paiements. Ce modèle de tarification est simple et prévisible. Il permet aux propriétaires de petites entreprises de se concentrer sur leur exploitation.
La tarification standard de Stripe aide également les petites entreprises à croître, car elle comprend des services à valeur ajoutée qui luttent contre la fraude, améliorent les taux d'acceptation des cartes de crédit et mettent à jour les renseignements sur la carte pour réduire le roulement. Les entreprises qui utilisent la dernière suite d'optimisation des paiements de Stripe ont vu leurs revenus augmenter de 11,9 % en moyenne.
Ces dernières années, la tarification standard à taux fixe de Stripe a préservé les entreprises de l'augmentation générale des coûts de traitement. Au cours de la dernière année seulement, les coûts pour le traitement des cartes de crédit au Canada que paient les entreprises à tarification standard ont augmenté de 0,036 %, principalement en raison des récents changements fiscaux. À titre de comparaison, la réduction des frais d'interchange pour les petites entreprises se chiffre à environ 0,02 % en moyenne pour l'ensemble des entreprises canadiennes qui paient le prix standard à taux fixe de Stripe. Cela signifie que les coûts ont augmenté dans leur ensemble. Cependant, les entreprises qui ont notre tarification fixe ne verront aucun changement à leurs coûts. Le prix standard de Stripe pour les paiements par carte au pays n'a pas changé depuis plus de huit ans.
Pour l'ensemble des entreprises canadiennes qui paient la tarification standard de Stripe, la réduction annuelle des frais d'interchange représente moins d'un dixième de pour cent de la réduction totale de 1 milliard de dollars que le gouvernement a promise.
Lorsque nous avons pris connaissance de la réduction des frais d'interchange pour un sous-ensemble de petites entreprises, nous avons longuement réfléchi à la meilleure approche. Pour notre tarification interchange plus, la décision de transmettre la réduction aux utilisateurs a été simple. C'est ainsi que fonctionne ce modèle de tarification. En ce qui concerne le prix fixe, nous avons conclu que la prévisibilité et la simplicité d'un prix unique sont plus importantes qu'une petite réduction. Si nous commencions à refiler les changements de coûts à tous les utilisateurs, ce serait effectivement la fin de la tarification fixe. Nous croyons que ce serait au détriment des entreprises qui ont choisi Stripe pour des prix prévisibles ainsi que pour les nombreux autres services que nous offrons.
Nous sommes profondément attachés au Canada. Nous continuons de livrer une concurrence énergique sur le marché et d'investir dans la technologie pour aider les entreprises canadiennes à croître, à exporter et à gérer leurs revenus.
Je vous remercie, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Le taux varie d'un magasin à l'autre et d'une bannière à l'autre. Prenons l'exemple de l'essence. Les frais peuvent aller de 1 à 6 ¢, selon la situation.
Je vais vous donner un exemple. L'an dernier, les frais étaient si élevés que dans le Canada atlantique, où les marges sur le carburant sont réglementées, beaucoup de détaillants dans l'Est offraient des rabais pouvant aller jusqu'à 7 ¢ le litre si vous payiez par carte de débit ou en argent comptant.
Les frais sont assez astronomiques dans notre secteur, étant donné ce que nos bannières vivent au quotidien. Or, nous sommes tout simplement uniques en raison de la nature des produits que nous vendons.
Les taxes sur le carburant sont cumulatives, que ce soit dans...
:
Vous adoptez une position de principe pour ce qui est de maintenir et de conserver la hausse de votre marge bénéficiaire et de vos revenus et de ne pas en faire profiter vos clients. D'autres entreprises, qui sont vos concurrents, comprennent le fait que, contrairement à l'Europe et à d'autres endroits, nous facturons ici des frais élevés aux commerçants.
Vous ne voulez pas faire comme Moneris, TD Capital, Chase ou Global Payments.
Vous n'êtes pas le seul. D'autres entreprises sont restées silencieuses. Je trouve incroyable que, lorsque vos revenus augmentent quand l'inflation fait augmenter le prix des produits, vous ne soyez pas prêts à dire: « Nous faisons beaucoup d'argent, alors nous allons nous aussi donner un coup de pouce à tous les commerçants au pays. »
C'est sans doute juste parce que le Canada est un petit pays pour une entreprise mondiale comme la vôtre qui exerce ses activités dans le monde entier, de sorte que vous ne vous souciez pas de ce dont le gouvernement, les contribuables et les entreprises ont besoin ici, tant que vous pouvez continuer à fonctionner avec votre taux de 2,9 %, soit le plus élevé comme nous venons de l'entendre, dans l'industrie. Le taux varie de 1 % à 3 %. Vous vous situez au haut de l'échelle. Vous avez beaucoup de marge de manœuvre.
:
Quelle est son importance?
Vous ne cessez de dire que votre prix n'a pas changé au cours des huit dernières années. Supposons que j'ai un taux de 1 % depuis huit ans. Si mon volume passe de 100 millions de dollars à 500 millions de dollars puis à 5 milliards de dollars, ce 1 % représente une belle somme.
Vous refusez de dire... Vous dites que vous offrez une tarification standard, ce qui est bon pour tous vos clients, mais vous refusez de nous dire quel pourcentage de vos revenus provient de ce modèle et de combien le volume a augmenté.
Vous dites que ce que le gouvernement a annoncé représente une petite différence. Dans ce cas, pourquoi ne pas accepter de l'appliquer? Si vos volumes étaient constants depuis huit ans, je serais d'accord. Je vous serais reconnaissant de ne pas avoir modifié votre tarification au cours des huit dernières années, mais ce n'est pas le cas.
Je ne comprends pas le raisonnement. Vous dites que, peu importe, ce que le gouvernement a fait, la différence est minime. Pourquoi ne pas transférer ce que vous appelez un petit avantage aux entreprises?
:
Merci, monsieur le président.
Je salue l'ensemble des témoins et les remercie d'être des nôtres aujourd'hui.
Monsieur Lampron, avant de vous poser une question, je vais commencer par une introduction. Moi, quand j'entends le gouvernement dire qu'il y a eu des ententes avec Visa et Mastercard pour baisser les frais d'interchange, j'ai l'impression de vivre dans un roman de Kafka où on nous fait accroire qu'il y a eu des baisses de frais. Quand j'entends mes collègues conservateurs demander pourquoi Stripe n'a pas fait profiter les commerçants des baisses de coûts, j'ai l'impression de vivre dans un film de science-fiction. Il n'y a pas eu d'entente. Le gouvernement a tout simplement demandé gentiment aux compagnies émettrices de cartes de crédit de lui proposer quelque chose et il a accepté à peu près n'importe quoi pour ne pas avoir à réglementer.
Monsieur Lampron, votre organisation demande depuis des années, à chaque consultation prébudgétaire, une réglementation sur les frais d'interchange; et le Bloc québécois vous appuie.
Je vais vous poser ma question sous forme d'exemple. Les fameuses ententes entre Visa ou Mastercard et les commerçants ne s'appliquent que si un commerce a un chiffre d'affaires de plus de 175 000 $ ou 300 000 $. Supposons que vous avez un restaurant. Vous avez 20 tables avec 4 sièges par table. Vous faites 3 services par jour, donc 240 services par année. Vous ouvrez 6 jours par semaine, 50 semaines par année, donc 300 jours par année. Vous servez donc 72 000 repas par année. Pour être admissible à l'entente avec Mastercard, vous devez vendre chacun de vos repas 2,43 $ ou moins. Pour être admissible à l'entente avec Visa — compagnie plus généreuse et magnanime —, il faut que chacun de vos repas coûte moins de 4,16 $.
Pouvez-vous confirmer que ces ententes sont de l'enfumage, que le gouvernement a tout simplement décidé de tromper le public et de laisser croire qu'il avait fait quelque chose, et que le dossier, en date d'aujourd'hui, n'est absolument pas réglé?
:
Monsieur Garon, je vous remercie de votre question.
Comme vous l'avez bien mentionné, c'est un peu pour ça que nous martelons chaque année, et ce, depuis plusieurs années, la nécessité de limiter les frais de transaction par carte de crédit à 0,5 %. Pour nous, un pourcentage plus élevé n'a pas de sens et nous souhaitons un taux de 0,5 %. L'Australie, qui est de taille comparable au Canada, a un taux de 0,5 % depuis un certain nombre d'années. Comme nous l'avons dit plus tôt, il est évident que les gens moins fortunés ne devraient pas faire les frais des plus fortunés, qui accumulent des points avec leur carte de crédit. L'important pour nous, c'est le 0,5 %.
:
Ce qu'on a démontré, c'est que ces ententes-là ne s'appliquent à personne, sauf peut-être à une coiffeuse qui travaille de la maison. Il n'y a pas d'entente.
Monsieur Brownlee, je vais faire le même exercice avec vous. Nous allons avoir du plaisir. Vous représentez des dépanneurs. Supposons que le client moyen — ce n'est pas le cas, je suis très généreux avec Visa et Mastercard — achète un sac de chips à 8 $, une cannette de Coke à 5 $, et un billet de loterie 6/49 à 2 $. Vous avez donc un client qui dépense 15 $. Selon mes calculs, pour être admissible à l'entente conclue avec Mastercard, le commerçant ne doit pas faire plus de 480 $ de chiffre d'affaires par jour. Pour être admissible à l'entente conclue avec Visa, le commerçant ne peut pas faire plus de 625 $ de chiffre d'affaires par jour. Dans un dépanneur ouvert 18 heures par jour toute l'année, s'il y a plus qu'une personne qui achète une cannette de Coke toutes les 30 minutes, aucun commerçant n'est admissible.
Expliquez-moi en quoi ces ententes-là sont utiles pour quoi que ce soit pour vos membres.
Je vous pose une dernière question, monsieur Lampron. Nous avons des entreprises de commerce de détail dans notre région, avec lesquelles les Québécois font affaire chaque jour et qui ont été à la une de l'actualité: il s'agit des épiceries et des marchés d'alimentation, dont le modèle repose généralement sur un gros volume, mais une faible marge de profits.
Lorsqu'on conditionne la baisse des frais d'interchange sur le chiffre d'affaires dans l'application de ces fameuses ententes avec Mastercard et Visa, qui ne sont pas des ententes même si on dit qu'elles le sont, il m'apparaît qu'on raye complètement de la carte les entreprises qui font un gros volume, mais qui ont une faible marge de profits. Il m'apparaît que les épiceries sont complètement évacuées de ces ententes, alors que ce sont des commerces où les Québécois et les Canadiens vont pour se nourrir quotidiennement, où les prix sont importants et où l'inflation s'est avérée importante ces dernières années.
Ne trouvez-vous pas que cela pose problème?
:
Quelle est la raison précise pour laquelle vous ne pouvez pas parler de vos revenus au Canada? J'aimerais savoir précisément s'il s'agit d'une directive du conseil d'administration, de votre PDG, ou si c'est votre opinion. D'où vient cette directive de ne pas communiquer cette information?
Nous connaissons vos pourcentages, mais nous essayons de déterminer exactement les avantages que Stripe et d'autres sociétés financières apportent à l'économie canadienne, et nous ne pouvons pas le faire sans avoir une idée de votre marge bénéficiaire et de sa valeur.
De plus, lorsque vous parlez d'une centaine d'employés au Canada, j'aimerais avoir une comparaison. Je viens d'une région où l'on fabrique des outils et des matrices, etc. Nous avons toute cette information et nous savons ce que font les gens.
Pouvez-vous me dire, pour les 100 employés, quelles sont les catégories d'emploi précises que vous avez? De plus, encore une fois, pour en revenir à la directive et aux raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas communiquer ces renseignements, d'où vient cette directive?
:
Je vous pose la question là, maintenant. Vous nous dites que vous ne pouvez pas nous donner d'information.
Il s'agit d'une audience publique et je demande des renseignements précis qu'on me refuse.
J'aimerais savoir et, en vertu de nos lois, je pense que j'ai le droit de savoir, qui prend la décision. Je n'obtiendrai peut-être pas cette information, mais en même temps, en tant que comité, nous devrions savoir qui ils sont et à partir d'où, concrètement, ils mènent leurs activités. Nous devrions savoir qui prend les décisions pour lesquelles M. Peters témoigne devant nous aujourd'hui.
J'aimerais savoir précisément pourquoi Stripe ne peut pas fournir ce type d'information, soit à partir d'où l'entreprise mène ses activités et qui ils sont. Je ne pense pas que cela va compromettre l'entreprise.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Peters, sur son site Web, Stripe dit que l'entreprise ne répercuterait pas, pour les petites entreprises utilisant certains modèles de tarification, les économies découlant de l'annonce du gouvernement concernant son entente avec Visa et Mastercard visant à réduire les frais parce que le coût du « traitement des cartes de crédit au Canada pour les entreprises utilisant la tarification standard a augmenté de 0,066 %, ou 3,6 points de base, principalement en raison de la réintroduction récente des taxes de TPS/TVH pour certains frais de systèmes de réseaux de cartes ».
Stripe a‑t‑elle fait du lobbying auprès du gouvernement fédéral canadien à ce sujet?
:
Je dirais que c'est un système très pratique à utiliser.
J'aimerais soulever deux points.
Nous vivons à l'ère de la commodité. Lorsque je fais un virement électronique Interac et que je dois ajouter quelqu'un, je dois inscrire son nom, son courriel et son numéro de téléphone. S'ils n'ont pas de dépôt automatique, je dois inclure une question de sécurité et la réponse. Pour des raisons de commodité, j'ai l'impression que les gens ne veulent pas passer par ces étapes. Ils veulent quelque chose d'un peu plus rapide.
Travaillez-vous, par exemple, à un code QR qu'on pourrait scanner pour remplir automatiquement le formulaire d'ajout d'un bénéficiaire? Est‑ce qu'Interac cherche à améliorer l'interface?
:
Comprenez-vous où je m'en vais avec ça? Je ne suis pas une bête de subtilité, en général.
Vous nous dites que ces fameuses ententes — qui n'en sont pas, je le répète, car le gouvernement fédéral s'est mis à plat ventre devant ces multinationales — s'appliquent au maximum à environ 10 % des montants des transactions pour une compagnie comme la vôtre, qui a possiblement comme clients des entreprises dont la taille moyenne est plus petite que celle de l'entreprise moyenne au Canada. Ça revient à dire, encore une fois, que ces ententes sont insignifiantes. Elles ne touchent pas la plupart des gens, ne touchent pas la plupart des commerces, ne touchent pas la plupart des Québécois et ne touchent pas la plupart des Canadiens. Le gouvernement fédéral se vante partout au pays d'avoir signé des ententes qui, essentiellement, ne sont rien d'autre que de l'enfumage et une façon de tromper le public.
Est-ce que mon analyse est complètement fausse?
:
Je n'ai pas vraiment besoin que vous fassiez un suivi. J'ai besoin de renseignements à cette audience en ce moment même.
Bien franchement, je trouve insultant que nous soyons censés assurer un suivi individuel alors qu'il s'agit d'une audience ici, au Parlement canadien. Vous arrivez de Washington, D.C., et personne n'est capable de répondre à ces questions apparemment.
Si vous dites que les postes d'ingénieurs sont les postes prédominants, c'est une très vaste catégorie. Ce n'est pas une catégorie qui est... Sur le plan financier, en ce qui concerne vos activités, j'aimerais savoir précisément quels sont ces types d'ingénieurs.
:
Il est quand même incroyable d'obtenir des non-réponses, plus que des réponses.
Monsieur Peters, vous dites essentiellement que, comme vous ne voulez pas deux catégories de clients, vous gardez le même taux pour des questions de prévisibilité dans le temps, afin que les gens assument toujours les mêmes coûts. Pourtant, faire passer des frais de 1 $ à 0,75 $ permet aussi de la prévisibilité. Je ne comprends pas la différence que ça représenterait. Vous auriez pu baisser les taux si vous l'aviez voulu, mais vous avez choisi de ne pas le faire. C'est quand même incroyable. Je vais m'arrêter ici concernant votre témoignage.
Messieurs Brownlee et Lampron, vous avez dit que plusieurs pays, dont l'Australie et l'Angleterre, avaient baissé les taux à 0,5 %, si j'ai bien compris. Des études empiriques ont-elles été menées pour démontrer que cette diminution de taux ou ce taux fixe dans certains pays avait aidé les PME? Au Canada, c'est actuellement la Semaine de la PME. C'est comme si le gouvernement avait fait un cadeau, ce qui n'est absolument pas le cas, la preuve en ayant été faite ce matin.
J'aimerais d'abord entendre la réponse de M. Brownlee.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai été banquier pendant une trentaine d'années. J'ai notamment travaillé sur le dossier des dépanneurs ou d'autres magasins qui devaient payer des frais pour le traitement de l'argent comptant, si bien que dans une certaine mesure, je pense que vous constaterez que vous bénéficierez des systèmes de paiements électroniques puisque vous n'aurez pas à payer ces frais de traitement qui existaient dans le passé. Je révèle peut-être mon âge et l'époque où j'ai travaillé dans le secteur bancaire dans une certaine mesure.
Dans un mémoire soumis dans le cadre des consultations prébudgétaires du budget fédéral de 2022, le Conseil du commerce de détail du Québec a recommandé d'éliminer les frais de traitement sur la taxe sur les produits et services et sur la taxe harmonisée sur les transactions par carte de crédit. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante estime que cela réduirait les frais de traitement imposés aux commerçants d'environ 500 millions de dollars par année.
Comment cette recommandation pourrait-elle être mise en œuvre? Je pense aux taux d'interchange qui sont généralement basés sur un montant de transaction qui inclut les taxes. Les transactions par carte de crédit pourraient-elles être ventilées de manière à exclure les taxes du montant utilisé pour calculer les taux d'interchange?
Monsieur Brownlee.
:
Le facteur de différenciation d'Interac est que nous aidons les gens à payer à partir de leurs propres comptes bancaires. Il s'agit de paiements au moyen d'un compte. Vous payez à partir de votre compte bancaire.
Dans le cas des services bancaires pour les gens, il existe un certain nombre d'applications différentes et de fournisseurs différents qui pourraient tirer parti de ces données. On autorise la communication de vos données de manière sécuritaire dans l'intérêt des consommateurs.
Comme je l'ai dit, Interac appuie l'établissement d'un système bancaire ouvert au Canada. Toutefois, de notre point de vue, nous veillons avant tout à ce que des produits comme les virements électroniques et le débit soient largement disponibles et fiables, et que les Canadiens leur fassent confiance, sachent comment les utiliser et puissent y accéder pour effectuer des transactions dans la vie quotidienne.
:
Merci, monsieur le président.
Je pense qu'il y a un facteur plus important en jeu ici. Comme nous le savons, le libre-échange international est mort. La mondialisation n'est plus. Aujourd'hui, tout tourne autour de l'amilocalisation, de la délocalisation dans les pays proches et de l'autonomie. Cependant, en ce qui concerne les investissements au Canada, nous suivons toujours la vieille logique: nous aimons les investissements étrangers directs, tant au Canada qu'à l'international, mais nous sommes également mûrs pour être choisis par de nombreuses entreprises internationales ayant des activités limitées au Canada.
Stripe a employé quelques personnes. Je suis sûr que certains ingénieurs brillants sont basés au Canada, mais les décisions de l'entreprise ne sont pas prises au Canada. Je ne sais pas combien d'impôt elle paie sur les revenus générés au Canada. De toute évidence, M. Peters, qui est venu de Washington, D.C., peut prétendre en toute légitimité que, comme il dirige une entreprise privée, il n'a pas le droit de divulguer cette information. Il dit que les frais de son entreprise n'ont pas changé au cours des huit dernières années. Quiconque connaît les rudiments du monde des affaires sait à quel point cette affirmation peut être trompeuse.
Par exemple, je pourrais dire que mes frais s'élèvent à 1 000 $ depuis huit ans sans divulguer que, il y a huit ans, mon volume d'affaires était de 100 millions de dollars. Maintenant, il atteint 1 milliard de dollars. Mais on n'a pas à le divulguer. On peut simplement dire que les frais ont été de 1 % au cours des huit dernières années.
On peut aussi dire que ce que le gouvernement propose est si minime qu'on ne fera pas profiter les commerces des avantages — sans, encore une fois, préciser le pourcentage. On s'est fait dire que la compagnie facture les clients d'affaires de deux façons: avec les frais d'interchange plus et avec la tarification standard. Or, le témoin n'est pas prêt à divulguer la proportion de transactions suivant la tarification standard et la proportion suivant le modèle des frais d'interchange plus: « Nous sommes une entreprise privée. Nous sommes une entreprise internationale. Nous ne savons même pas d'où viennent les membres de notre conseil d'administration. » Bien entendu, ils le savent, mais de toute évidence, ils ne peuvent pas préciser où ils se trouvent.
Nous avons un véritable problème. Comment les décideurs canadiens peuvent-ils élaborer des politiques pour aider les consommateurs et les entreprises du Canada alors que nous ne parvenons pas à obtenir de renseignements pertinents et parlants de la part d'entreprises en croissance comme Stripe? C'est devenu une grande entreprise. Je sais que, il y a 8 ou 10 ans, elle était probablement encore en phase de démarrage, mais c'est maintenant un géant mondial.
Monsieur Peters, je vous remercie d'être venu de Washington. Je vous en suis très reconnaissant. Vous auriez pu comparaître par vidéoconférence. Vous êtes venu ici en personne.
Que pouvez-vous nous dire pour nous aider à mieux comprendre le modèle et le taux étranger? De façon générale, je ne suis pas en faveur d'emboîter le pas à l'Australie et de fixer les frais d'interchange à 0,35 % — la proportion des frais australiens, je crois —, ou peut-être à 0,5 %, la proportion que l'Union européenne impose.
Que pouvez-vous nous dire pour nous aider à mieux comprendre?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Lampron, chaque fois que quelqu'un paie par carte de crédit, le commerçant paie des frais, qui varient en fonction du type de carte utilisée, Visa, Mastercard ou American Express, et du programme de récompenses associé à la carte, qui peut être plus ou moins généreux. Typiquement, les transactions effectuées avec une carte ayant un programme de récompenses généreux coûtent plus cher aux commerçants. Pourtant, ceux-ci demandent à tous leurs clients le même prix pour le même produit. Ça fait que les gens moins riches, plus pauvres, ou avec des cartes qui ont des programmes moins généreux finissent par financer les voyages gratuits, les vols d'avion et les chambres d'hôtel payées avec des points de gens qui ont plus de sous. Nous ne sommes pas contre les programmes de récompenses, mais ça nous apparaît être une pratique régressive.
Quand les gens de Mastercard sont venus ici, nous leur avons suggéré d'afficher sur la facture la structure des frais de carte de crédit, de la même façon qu'on affiche la TPS, la TVQ et les autres taxes. On montrerait aux gens ce qu'ils paient pour Air Miles ou pour d'autres programmes semblables, en plus des taxes. On pourrait aussi permettre aux commerçants de moduler les frais et de facturer directement aux consommateurs les frais associés à leurs généreux programmes qui leur paient des voyages. C'était une proposition.
Les gens de Mastercard nous ont dit que cette opération, qui serait essentiellement une opération de transparence, est déjà permise. Les commerçants peuvent déjà le faire. Si un commerçant veut ajouter un montant à la facture de quelqu'un qui a le plus généreux programme de récompenses au monde, il peut déjà le faire.
Comment la réponse des gens de Mastercard est-elle accueillie par vous et vos membres? Y a-t-il des gens qui le font? Est-ce que ça fonctionne? Les contrats permettent-ils à vos membres de le faire? Sinon, essaie-t-on encore une fois de nous enfumer tout simplement en disant que, si le système fonctionne au détriment des personnes qui ont moins de moyens, finalement, c'est la faute des détaillants, et non celle des émetteurs de cartes de crédit?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Peters, mes questions s'adresseront encore à vous.
J'ai siégé au conseil d'administration d'un détaillant international. J'ai siégé au conseil d'administration d'une institution financière. J'ai également fait partie des équipes de direction de ces grandes organisations, alors je connais le rôle d'un conseil d'administration, et le rôle d'un conseil d'administration n'est pas d'offrir des conseils. Le rôle du conseil d'administration est de gouverner et de prendre les décisions définitives. Son rôle n'est pas de prodiguer des conseils. Ses membres participent aux grandes décisions et à l'approbation ou au rejet des grandes décisions de gestion.
Par conséquent, je trouverais stupéfiant que le conseil d'administration de Stripe, qui comprend Mark Carney, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada et le conseiller économique du , décide de ne pas se conformer aux exigences du gouvernement du Canada sans avoir de discussion. Êtes-vous en train de me dire que vous n'êtes pas au courant qu'une discussion a eu lieu?
:
Étant donné que vous êtes basé à Washington et que vous êtes également mêlés à ce lobbying, il serait peut-être utile que vous et le Comité sachiez en quoi ils consistent. Je vous demande donc de communiquer au Comité les régimes de rémunération de chaque membre du conseil d'administration.
Je vais passer à ma prochaine question. M. Patzer en a parlé.
Vous aimez ce prix fixe, mais il n'est pas fixé à l'échelle mondiale, puisque les prix diffèrent d'un pays à l'autre. Les prix semblent être assez élevés ici par rapport aux États-Unis. Mark Carney siège à votre conseil d'administration. Vous tirez probablement une énorme partie de vos revenus — bien que nous ne le sachions pas — des États-Unis. Vous offrez un taux beaucoup plus bas aux États-Unis, à la fois pour les frais en pourcentage — 2,7 % par rapport à 2,9 % au Canada — et pour les frais de transaction fixes — 5 ¢ par rapport à 30 ¢. C'est toute une différence.
Mark Carney a‑t‑il déjà suggéré à la direction de Stripe de ne pas facturer des frais plus élevés au Canada qu'aux États-Unis?
:
Je propose la motion parce que le conseiller financier du , qui a déjà annoncé qu'il allait briguer une charge publique en tant que candidat du Parti libéral, siège au conseil d'administration de Stripe; la a fait cette annonce grandiose selon laquelle nous rendons un grand service aux petites entreprises en réduisant leurs frais alors qu'en fait, l'une des principales entreprises grandissantes du Canada qui fournit ce processus refuse de mettre en œuvre cette réduction; et pendant tout ce temps, un membre de son conseil d'administration ne fait pas que conseiller et gouverner l'entreprise, il conseille également le premier ministre, et il bloque par la suite la mesure que le gouvernement du Canada souhaite prendre.
La seule façon d'aller au fond des choses, c'est de savoir à quel point Stripe est rentable. La seule façon de savoir si ses affirmations, selon lesquelles ses coûts augmentent, qu'elle doit faire payer aux Canadiens des frais plus élevés qu'aux États-Unis et en Europe, et que la TPS lui nuit d'une manière ou d'une autre, sont fondées, c'est que Stripe fasse preuve de transparence et fournisse les documents demandés. En tant que membres du Comité, nous avons le droit de demander que des témoins produisent des documents après avoir témoigné, et c'est ce que je fais ici aujourd'hui.
J'espère que mes collègues nous appuieront en votant pour la motion.
:
Le Comité est maître de ses travaux.
Je suis reconnaissant à tous les témoins d'avoir participé à la séance d'aujourd'hui. Je vous remercie de vous être joints à nous très tôt ce matin. Vous pouvez retirer, pour ainsi dire.
Monsieur Peters, je crois comprendre que vous ayez pris l'engagement de fournir des informations au Comité plus tard. Vous pouvez vous adresser à la greffière à cet égard.
Nous nous occupons maintenant de la motion.
Je propose que nous suspendions brièvement nos travaux, disons pendant deux minutes, afin que les membres du Comité aient l'occasion de lire la motion, de se consulter et de reprendre leurs travaux à 10 h 08.
La séance est suspendue.
:
Oui, monsieur le président, et merci.
Je ne peux pas dire que je fais preuve d'un enthousiasme juvénile à l'égard de cette motion. Je n'en suis pas particulièrement enchanté, mais il reste que cette motion nous permettrait d'obtenir de l'information qu'il serait utile de connaître pour mieux comprendre le marché et pour être capable de raffiner nos questions et notre compréhension de la chose. Cela dit, je suis quand même assez sensible au fait que Stripe n'est pas une société ouverte et que cette information est un peu de nature privée. Par conséquent, si M. Perkins voulait accepter un amendement favorable à sa motion, je suggérerais que nous consultions ces documents à huis clos, de façon à pouvoir mieux comprendre le marché.
Étant donné que nous demandons beaucoup de choses de façon très large, et qu'il n'est pas entièrement clair à la lecture du libellé que cette information va nous permettre de comprendre dans le détail comment la réduction ou non des frais s'est répercutée sur certains types d'entreprises, je pense qu'il serait courtois de la part du Comité de demander à ce que cette information soit discutée à huis clos. Évidemment, pour éviter que le débat ne dérape encore pendant deux heures, je m'en remettrais à M. Perkins pour savoir s'il serait disposé à le faire.
:
D'accord. Nous comprenons donc le sens de l'amendement qui est proposé.
Maintenant, nous débattons de l'amendement. Il n'y a pas de formulation exacte, mais nous pouvons rajouter une phrase à la fin de la motion mentionnant que les documents seraient accessibles au Comité à huis clos.
[Traduction]
Y a-t-il consensus en ce qui concerne l'amendement particulier que M. Garon propose, ou l'amendement fait-il l'objet d'un débat en ce moment?
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Cela nous ramène à la motion modifiée.
Les prochains intervenants sur ma liste sont le député Arya, puis la députée Rempel Garner.
:
Chers collègues, la députée Rempel Garner figure sur ma liste, mais comme il est 10 h 14, je ne crois pas que nous parviendrons à un accord à cet égard au cours de la présente réunion, si mon examen de la salle est correct.
Il y a encore des intervenants sur ma liste, alors je ne peux pas procéder au vote tant que ma liste ne sera pas épuisée.
Les partis pourraient peut-être discuter entre eux pour déterminer s'ils peuvent arriver à un accord. Sinon, nous pourrions revenir sur le sujet, et vous pourriez proposer de nouveau la motion, monsieur Perkins, au cours d'une autre réunion du Comité de votre choix, quand nous disposerons d'un peu plus de temps pour en discuter.
Madame Rempel Garner, vous avez très brièvement la parole. Notez qu'il est 10 h 15.
:
Premièrement, monsieur le président, en ce qui concerne les commentaires de mes collègues, je précise que, selon la procédure de la Chambre des communes, nous pouvons demander la production de n'importe quoi. Nous détenons le pouvoir suprême de le faire à la Chambre.
Chers collègues, j'aimerais simplement dire ceci pour le compte rendu. Je suis d'accord, en particulier en tant que conservatrice... J'appuie l'idée que l'industrie privée puisse garder certaines choses privées. Le fait est qu'un membre du conseil d'administration de cette entreprise se présente à la direction du Parti libéral, tout en continuant de jouer le rôle de conseiller économique, et il y a maintenant des documents... Le représentant de l'entreprise vient de dire qu'ils faisaient du lobbying relativement à ce dossier.
Le gouvernement fédéral n'a pas mis en place des écrans pour gérer le fait que M. Carney travaille pour l'entreprise; l'entreprise a déclaré qu'elle n'avait pas mis en place des écrans pour gérer la présence de M. Carney, et maintenant, l'entreprise dit ce qui suit: « Eh bien, nous ne savons pas ce qu'il en est. Il y a peut-être un problème au sein du conseil d'administration, ou peut-être pas. Nous n'en sommes pas tout à fait sûrs ». Je crois qu'il incombe à notre Comité d'aller au fond des choses.
Je pense aussi qu'il serait probablement utile que le Comité soumette cette question à la commissaire au lobbying, à un moment ou à un autre. J'appuie l'amendement de mon collègue visant à examiner cette question en privé.
La situation est en fait tout à fait ridicule. Une entreprise a ce genre d'entrées dans le cabinet du premier ministre et dans le cabinet de la ministre des Finances, et elle ne transmet pas les économies réalisées aux petites entreprises. C'est absurde. Nous devrions bien entendu vérifier si cette entreprise dit vraiment ce qu'elle affirme dire et aller au fond des choses.
Pour être honnête avec vous, je suis en fait sidérée, en particulier parce qu'ils ont indiqué qu'ils ne pouvaient pas nous communiquer le nombre de transactions qui ont été assujetties à la tarification standard comparativement à celles qui ont été assujetties à la tarification interchange plus, et qu'ils ont ensuite tenté de nous leurrer en prétendant que les économies avaient été transmises aux petites entreprises.