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Bonjour à tous et à toutes. Je vous souhaite la bienvenue à la 145
e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Avant de commencer, j'aimerais rappeler à toutes les personnes participant à la réunion en personne dans la salle de lire les consignes indiquées sur le petit carton qui est devant elles concernant l'utilisation des oreillettes et du microphone. Il en va de la santé et de la sécurité de tous, tout particulièrement des interprètes, que nous remercions chaleureusement de leur travail et de leur aide.
Conformément à la motion adoptée le jeudi 19 septembre 2024, le Comité reprend l'examen des pratiques liées aux cartes de crédit et de leur réglementation au Canada.
Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui, de l'Agence du revenu du Canada, Mme Luisa Rizzo, directrice générale de la Direction des décisions de la TPS-TVH.
Nous accueillons également plusieurs représentants du ministère des Finances. Il s'agit de Mme Judith Hamel, directrice générale de la Division des services financiers, de M. Nicolas Marion, directeur principal des Politiques des paiements, de Mme Amanda Riddell, directrice des Immeubles et institutions financières à la Division de la taxe de vente, ainsi que de M. Warren Light, expert-conseil à la Division de la taxe de vente.
Enfin, de Statistique Canada, nous accueillons M. Matthew MacDonald, directeur de la Division des prix à la consommation, M. Matthew Hoffarth, directeur adjoint de la Division des comptes économiques nationaux, ainsi que Mme Jennifer Withington, statisticienne en chef adjointe au Secteur de la statistique économique.
Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue au Comité permanent de l'industrie et de la technologie et je vous remercie de vous prêter à l'exercice.
Sans plus tarder, je cède la parole à Mme Rizzo pour son allocution d'ouverture de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Luisa Rizzo et je suis la directrice générale de la Direction des décisions de la TPS/TVH, Direction générale de la politique législative et des affaires réglementaires de l’Agence du revenu du Canada.
Je désire vous remercier de m’avoir invitée à assister à cette réunion.
Afin d’établir un contexte utile aux discussions aujourd’hui, j’aimerais décrire brièvement le rôle de l’Agence du revenu du Canada dans l’administration de la Loi sur la taxe d’accise relativement à celui des autres organismes fédéraux.
Comme vous le savez, le ministère des Finances est responsable d’élaborer et d’évaluer la politique fiscale du gouvernement fédéral et la législation au moyen de laquelle la politique devient une loi.
L’Agence du revenu, en tant qu’administratrice, est responsable d’établir les fonctions pour mettre ces lois en application, ce qui s'entend de fournir des renseignements au public et aux intervenants, d'établir des processus au moyen desquels les particuliers et les entreprises peuvent remplir leurs obligations fiscales et recevoir des prestations et, bien sûr, de poursuivre des activités d’observation pour s’assurer que chaque personne respecte la loi telle qu’elle est voulue par le Parlement. Le rôle de l’Agence du revenu du Canada est d’interpréter les dispositions de la Loi sur la taxe d’accise telles qu’elles sont écrites. Par conséquent, je peux vous parler de l’application de la loi.
De plus, veuillez noter que l’ARC n’a aucun rôle à jouer dans la politique du secteur financier ni dans la réglementation des cartes de crédit.
Monsieur le président, ceci met fin à mon introduction.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Judith Hamel et je suis directrice générale de la Division des services financiers au ministère des Finances du Canada.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Nicolas Marion, directeur principal des Politiques des paiements, qui fait partie de mon équipe. Nous accompagnent également nos collègues de la Direction de la politique de l'impôt.
[Traduction]
La Division des services financiers a pour rôle de fournir des conseils et des analyses à la sur les politiques liées aux paiements et à la protection des consommateurs de services financiers et aux paiements de base. Notre travail s’arrime à celui de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, qui est chargée de surveiller la conformité des pratiques commerciales des institutions financières sous réglementation fédérale. L'Agence est également chargée d'éduquer les consommateurs de produits financiers, notamment sur leurs droits et responsabilités.
Avant de laisser la parole à Nicolas Marion pour parler de notre rôle en matière de politique des paiements, je vais vous donner un bref aperçu des obligations de protection des consommateurs prévues par la Loi sur les banques en ce qui concerne l'obtention et l'utilisation des cartes de crédit. Ces obligations se divisent en trois catégories: les obligations d'information, les restrictions en matière de pratiques commerciales et les obligations de responsabilité.
[Français]
Les obligations d'information et de divulgation visent à garantir que le consommateur est bien informé, qu'il comprend son contrat de carte de crédit et qu'il reçoit en temps opportun les informations essentielles. Par exemple, les banques doivent fournir certaines informations d'emblée aux consommateurs lorsqu'ils demandent une carte de crédit, y compris un encadré récapitulatif qui affiche de manière visible les principaux taux d'intérêt et frais associés à la carte.
Les obligations en matière de pratiques commerciales visent à protéger les consommateurs en assurant des conditions de prêt équitables. Par exemple, en vertu de la Loi sur les banques, les banques doivent accorder aux titulaires d'une carte de crédit un délai minimum de 21 jours pour effectuer un paiement minimum sur leur solde impayé. Autre exemple, les banques doivent obtenir le consentement du consommateur avant toute augmentation de la limite de crédit.
Les exigences en matière de responsabilité protègent les consommateurs en cas de fraude. En cas de transaction non autorisée par carte de crédit, la Loi sur les banques fixe la responsabilité maximale du client à 50 $. Toutefois, dans la pratique, Visa, Mastercard et American Express se sont engagées à n'imposer aucune responsabilité financière aux consommateurs victimes de transactions par carte de crédit non autorisées.
[Traduction]
En outre, en 2022, de nouveaux principes renforcés ont été introduits dans la loi sur les banques, fixant une norme plus élevée pour les pratiques de vente des banques en ce qui concerne tous les produits et services, y compris les cartes de crédit. En vertu de ces nouvelles règles, les banques doivent mettre en place des politiques et des procédures pour s'assurer que les produits qu'elles proposent et vendent sont adaptés aux besoins financiers du consommateur.
[Français]
Je cède maintenant la parole à Nicolas Marion.
Monsieur le président et distingués membres du Comité, mon nom est Nicolas Marion. Je dirige la section de la Politique des paiements au ministère des Finances. Notre section joue un rôle important dans le soutien d'un écosystème de paiements sûr, efficace et performant qui répond aux besoins des consommateurs, des commerçants et des entreprises. Nous fournissons à la des conseils stratégiques et des analyses sur les questions liées aux cartes de paiement, aux systèmes de compensation et de règlement de paiement, ainsi qu'à la réglementation des fournisseurs de services de paiement.
En ce qui concerne les cartes de crédit et de débit, je mettrai l'accent sur deux instruments politiques. Le premier est le Code de conduite destiné à l'industrie des cartes de paiement au Canada, entré en vigueur en 2010 et révisé à deux reprises, en 2015 et cette année, comme annoncé par le gouvernement le 1er octobre.
[Traduction]
Le Code de conduite pour l'industrie des cartes de paiement au Canada prévoit une plus grande transparence et une meilleure divulgation pour les commerçants des frais qu'ils paient. Il établit les droits des commerçants en ce qui concerne les changements de frais. Il permet aux commerçants de choisir librement les options de paiement qu'ils acceptent et prévoit une procédure de traitement des plaintes pour les commerçants. Le code a été approuvé par tous les grands opérateurs de réseaux de cartes de paiement et est intégré dans les règles de leurs réseaux. L'ACFC, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, veille au respect du code.
[Français]
Le deuxième instrument est les accords conclus avec Mastercard et Visa, qui ont sensiblement réduit les taux d'interchange payés par les commerçants. Historiquement, il y a eu trois séries d'accords, qui ont pris effet respectivement en 2015, 2020 et, plus récemment, le 19 octobre dernier.
Notre section soutient également les initiatives liées à la modernisation des systèmes de paiement, qui visent à améliorer la sécurité, l'efficacité et l'utilité du système de paiement, afin de mieux répondre aux besoins des consommateurs et des entreprises, particulièrement dans une économie numérique.
[Traduction]
Ces initiatives comprennent l'élargissement du périmètre réglementaire du secteur financier par la mise en place d'un régime de surveillance des fournisseurs de service de paiement en vertu de la Loi sur les activités de paiement de détail; l’élargissement de l'accès au système de paiement en étendant l'admissibilité à Paiements Canada à d'autres entités réglementées, telles que les fournisseurs de service de paiement supervisés par la Banque du Canada; soutenir le développement d'un système de paiement rapide par Paiements Canada appelé le Système de paiement en temps réel.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Merci, monsieur le président, de m’avoir invitée. Je m’appelle Jennifer Withington et je suis statisticienne en chef adjoint par intérim responsable des statistiques économiques.
Je suis accompagnée de Matthew MacDonald, responsable des prix à la consommation, et de Matthew Hoffarth, responsable des comptes financiers.
À Statistique Canada, nous nous attachons à fournir des renseignements exacts et opportuns sur les indicateurs économiques qui reflètent les réalités des Canadiens. De l’indice des prix à la consommation, du PIB et des indicateurs du marché du travail aux comptes du bilan national, nous donnons un aperçu clair du paysage économique du Canada pour aider les décideurs, les entreprises et le public à prendre des décisions éclairées.
Je suis ici aujourd’hui pour vous faire part des tendances récentes en matière d’endettement des ménages et d’utilisation des cartes de crédit, qui sont consignées dans nos statistiques agrégées sur le crédit. Nous espérons que cela complétera les renseignements que vous ont fournis les témoins précédents, en fournissant au Comité d’autres données sur le contexte financier actuel et son incidence sur les dépenses des ménages et l’inflation.
Les programmes des données agrégées en matière de crédit de Statistique Canada révèlent les habitudes financières et le fardeau de la dette des Canadiens, intègrent les données relatives aux soldes des cartes de crédit et des prêts à la consommation, les coûts de l’effet de levier et du service de la dette, et d’autres tendances en matière d’emprunt. Par exemple, à la fin de 2019, les ménages canadiens avaient une dette cumulée de près de 2,4 billions de dollars, soit 1,81 $ par dollar de revenu disponible. L’endettement par carte de crédit représentait un cinquième de tous les emprunts auprès des banques, y compris des marges de crédit dont les marges de crédit hypothécaires qui en constituaient près de la moitié. En août 2024, l’endettement des ménages atteignait près de 3 billions de dollars, bien que les niveaux d’endettement relatifs aient légèrement diminué pour s’établir à 1,76 $ par dollar de revenu disponible, ce qui reflète la croissance des revenus.
Sous l'effet de la hausse de l’inflation en 2021‑2022, les soldes des cartes de crédit ont dépassé les niveaux de 2019 pour atteindre 104 milliards de dollars à la fin de 2023. Compte tenu de la nature fongible de l’argent, nous ne pouvons pas attribuer directement la hausse des soldes des cartes de crédit à des pressions découlant d’achats plus coûteux ou à un plus grand volume d’achats. Toutefois, les deux facteurs pourraient intervenir, en particulier les achats plus coûteux, compte tenu de l’inflation récente.
Nous faisons également le suivi des frais de service pour les produits financiers, comme les frais de carte de crédit et de débit, les frais hypothécaires et d'autres frais pour la gestion des placements et les services de garde. Au deuxième trimestre de 2024, les ménages ont payé 6,8 milliards de dollars en frais divers, soit une augmentation de 35 % depuis 2019, bien que ces frais ne représentent que 1,7 % environ de la consommation des ménages.
À l’avenir, les taux d’intérêt élevés et les coûts plus élevés des biens et des services risquent de nuire davantage aux ménages vulnérables.
Statistique Canada demeure déterminée à surveiller ces tendances de près afin de brosser un tableau clair et complet de la résilience financière des Canadiens face aux pressions économiques, particulièrement en ce qui a trait aux dépenses essentielles.
À ce sujet, nous savons que l’inflation a été une préoccupation majeure pour tous les Canadiens, et cela en regard de presque tous les aspects de la vie quotidienne. À Statistique Canada, nous saisissons ces variations de prix, y compris les catégories essentielles comme l'alimentation, exprimées par l'indice des prix à la consommation, ou IPC.
Permettez-moi de prendre un moment pour expliquer notre approche et les mesures que nous avons mises en place pour nous assurer que les Canadiens comprennent bien l’inflation.
L’IPC mesure la variation des prix d'après l'évolution du prix d’un panier fixe de biens et de services que les Canadiens achètent régulièrement. Nous publions l’IPC chaque mois, en respectant des normes internationales rigoureuses, et nous sommes d'ailleurs considérés comme un chef de file mondial dans ce domaine, puisque nous mettons à jour notre panier chaque année pour refléter les habitudes de dépenses réelles des Canadiens.
Les prix de l'alimentation, une composante importante du panier de l’IPC, représentent 16,7 % dont près de 11 % en produits alimentaires courants. Nous saisissons les prix réels payés par les Canadiens au moyen de données scanographiques ou de données aux points de vente reçues directement des détaillants alimentaires. Ces données comprennent les rabais, les ventes et les quantités, ce qui nous fournit des dizaines de milliers de points de données sur les prix chaque mois pour des millions de transactions. Cette approche nous permet de mesurer l’inflation telle que les Canadiens la vivent réellement.
Nous tenons également compte de la réduflation, terme récent qui décrit la pratique consistant à réduire la quantité de produits vendus dans un même emballage, mais au même prix. Par exemple, la taille des détergents à lessive est passée de 2,47 litres à 1,85 litre, selon la marque. Le poids d'un paquet de fromage fondu est passé de 450 à 410 grammes. Le macaroni et le fromage en boîte sont passés de 230 grammes à 220 grammes ou 200 grammes, selon la marque. Bien que le terme « réduflation » soit nouveau, Statistique Canada en tient compte dans l’IPC depuis des décennies.
Ces changements sont documentés et ajustés mensuellement afin que l’IPC tienne compte de ces changements de quantités.
Nous avons également observé le phénomène inverse, c’est-à-dire que certaines choses ont pris de l’ampleur au fil du temps, comme les téléviseurs et les forfaits de données pour téléphones cellulaires qui offrent maintenant plus de données pour le même prix.
Statistique Canada comprend l’importance de disposer de données fiables, surtout en période économique difficile. Nous sommes ici pour répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je préfère un code de conduite plutôt que l'adoption de règlements pour contrôler et gérer les différents problèmes qui touchent l'industrie des cartes de crédit ou, d'ailleurs, toute autre industrie.
La gestion et la mise en œuvre de nouveaux règlements entraînent une bureaucratie accrue. Au lieu de cela, un code de conduite volontaire entre les décideurs et les intervenants de l'industrie est toujours le bienvenu.
Cependant, ce que je veux savoir, c'est ce qui se passe lorsqu'il y a une ou plusieurs pommes pourries dans l'industrie qui ne respectent pas le code. Parlons plus précisément de Stripe. L'entreprise Stripe a dit qu'elle ne relaierait pas les économies. Par conséquent, comment pouvons-nous faire en sorte que Stripe adopte la même conduite que ses pairs?
Monsieur Nicolas Marion, pourriez-vous répondre précisément à cette question, s'il vous plaît?
:
Encore une fois, on s'attend à ce que le code de conduite soit observé par tous les principaux acteurs. C'est ce qui évite de passer par la voie réglementaire.
En ce qui concerne la réglementation, par exemple, nous avons entendu dire que le plafonnement des frais d'interchange à 0,3 %, comme l'ont fait l'Union européenne et l'Australie, n'est pas efficace. Les acteurs de l'industrie trouvent d'autres moyens d'imposer des frais.
À la dernière réunion, on m'a dit que les frais imposés aux petites entreprises en France se rapprochent davantage de ce que paient les entreprises canadiennes, même si les chiffres montrent qu'ils sont réglementés à 0,35 %.
Quel mécanisme avons-nous à notre disposition? Pour utiliser l'analogie de la carotte et du bâton, avez-vous un bâton?
:
Merci, monsieur le président.
Je salue l'ensemble des témoins qui sont parmi nous aujourd'hui. Je les remercie de leur présence. Nous leur en sommes très reconnaissants.
Je vais d'abord m'adresser aux représentants du ministère des Finances.
Monsieur Marion, vous avez parlé de l'Énoncé économique de l'automne de 2022, où on avait annoncé l'intention de négocier une entente avec les parties prenantes, notamment en matière de frais d'interchange. J'aimerais vous lire l'extrait de l'Énoncé en question:
Le gouvernement entend négocier avec les réseaux de cartes de paiement, les institutions financières, les acquéreurs, les services de traitement de paiements et les entreprises afin de réduire les coûts de transaction de cartes de crédit pour les petites entreprises sans nuire aux […] points de récompense […]
Je souligne qu'on indique que le gouvernement entend négocier avec les entreprises.
Maintenant, nous avons reçu au Comité des représentants du Conseil québécois du commerce de détail, qui nous ont dit que ces ententes étaient insatisfaisantes et qu'elles ne s'appliquaient à presque personne parmi leurs membres. Nous avons reçu des représentants du Conseil canadien du commerce de détail, qui nous ont dit que, de toute évidence, ils n'avaient pas été consultés, parce que ces ententes sont pour eux inutiles et presque grossières. Nous avons reçu des représentants du Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, qui nous ont dit que 0 % de leurs membres était touché par ces ententes, puisqu'elles réduisent les frais d'interchange pour les entreprises dont le chiffre d'affaires est trop bas.
De plus, comme j'en ai fait la démonstration ici, on peut facilement déduire que ces ententes ne s'appliquent à aucun restaurant. On peut également déduire que ces ententes ne s'appliquent à aucun hôtel, à l'exception peut-être des gens qui font de la location de courte durée, laquelle contribue à la crise du logement.
Ma perception, c'est qu'il n'y a pas eu de négociations. Je pense que la ministre a tout simplement préparé un projet de loi qu'elle n'a jamais eu l'intention de faire adopter et en vertu duquel elle pouvait de toute façon imposer par règlement une entente qui était probablement inutile. Je pense que les sociétés émettrices de cartes de crédit vous ont fait une offre et que le ministère des Finances était bien content de nettoyer l'ardoise et de les laisser partir avec une entente qui ne s'appliquait à personne.
J'aimerais donc que vous nous disiez deux choses.
Premièrement, dans le cadre des négociations, quand Visa et Mastercard vous ont fait une offre, quelle a été la contre-offre du gouvernement? Avez-vous été satisfait de la première offre des sociétés émettrices de cartes de crédit?
Deuxièmement, pouvez-vous nous expliquer pourquoi la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, le Conseil québécois du commerce de détail, le Conseil canadien du commerce de détail et le Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, notamment, nous disent ne pas avoir été consultés? C'est en contradiction avec ce qu'on a pu lire dans l'Énoncé.
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Monsieur Marion, je dois vous interrompre, car j'ai peu de temps de parole.
Vous avez répondu à ma question. Le gouvernement avait promis de négocier avec ces parties prenantes. Ce n'est pas vous qui l'aviez promis, mais bien le gouvernement. C'était écrit dans l'Énoncé économique de l'automne de 2022. Or, vous venez de nous dire que le gouvernement n'a pas tenu sa parole, que ça n'a pas été fait comme c'était inscrit dans l'Énoncé, et qu'en conséquence, il a accepté des ententes qui n'étaient pas le fruit de la négociation qui était promise. Le gouvernement n'a donc jamais eu l'intention sérieuse de légiférer.
Il me reste environ une minute. Une négociation, c'est un processus qui mène à des offres et à des contre-offres. À la fin d'un processus, tout le monde finit par se rencontrer à mi-chemin. Par conséquent, j'aimerais savoir quelle a été la première offre des compagnies de cartes de crédit, et quelle a été la contre-offre du gouvernement pour qu'on en arrive où on est aujourd'hui. J'aimerais savoir si, au contraire, les compagnies ont tout simplement fait une proposition, et le gouvernement a plié.
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J'aimerais revenir aux questions. Je ne veux pas perdre trop de temps là‑dessus.
Cependant, pour le bénéfice de nos témoins, et pour revenir à ce que disait Mme Rempel Garner, le secret du Cabinet ne peut pas servir de bouclier pour toutes les questions.
Pour le Comité, nous examinerons dans le procès-verbal ce qui a été demandé. Je propose, en ma qualité de président, que nous envoyions une lettre aux fonctionnaires à qui on a demandé de fournir certains renseignements. Ils pourront ainsi se pencher sur la demande avec un peu de recul.
Il peut être difficile de déterminer, à brûle-pourpoint comme dans ce cas‑ci, si une information relève ou non du secret du Cabinet, mais nous pouvons la demander, voir ce qu'ils nous disent et prendre une décision à partir de là. C'est ce que je propose aux membres du Comité, si vous êtes d'accord.
Soyez libre de poser des questions pendant que vous avez la parole, monsieur Masse, mais en demeurant conscient du malaise dont M. Turnbull a parlé et du fait que les fonctionnaires ne sont pas libres de tout communiquer.
La parole est à vous, monsieur Masse.
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Oui, je pense que nous le pouvons.
Pour ce qui est des réseaux de cartes de paiement, nous avons parlé avec Visa, Mastercard et American Express.
Pour les institutions financières, nous avons parlé à la BMO, à la TD, à la CIBC, à la Banque Scotia, à la RBC, à la Banque Nationale et à Desjardins.
Pour ce qui est des associations de commerçants, nous avons parlé avec la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération canadienne des épiciers indépendants, le Conseil canadien du commerce de détail, le Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs...
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C'est aussi ce que je pense. Merci.
Je ne sais pas à quel fonctionnaire des Finances poser cette question, mais j'aimerais parler d'Interac.
Vous savez peut-être que nous avons discuté un peu de tous ces frais Interac. Un membre du conseil d'administration d'une entreprise qui a comparu devant le Comité ne semblait pas savoir quels étaient les frais imposés par l'entreprise dont il était membre du conseil. Je trouve cela révoltant. Pour chaque entreprise dont j'ai été membre du conseil d'administration, je connaissais notre structure de prix; il y a donc lieu de mettre en doute la sincérité de son témoignage.
En fin de compte, les frais de virement électronique oscillent entre 6 et 43 cents, semble‑t‑il. Apparemment, si vous siégez au conseil d'administration d'Interac, et en particulier si vous êtes coprésident d'Interac, vous faites partie de l'une des deux entreprises, comme par hasard, qui paie six cents. Sinon, vous devez payer 43 cents en tant que fournisseur.
Le ministère a‑t‑il examiné le comportement anticoncurrentiel d'Interac et la façon dont il traite les autres institutions financières dans l'établissement des prix?
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Nous ne communiquons ou ne publions pas directement de renseignements sur les taux d'intérêt liés aux produits, mais nous déterminons un ratio du service de la dette qui mesure le coût du service de la dette des ménages par rapport à leur revenu.
Nous examinons beaucoup de données réglementaires des grandes banques pour nous assurer d'avoir les bons intrants dans ce modèle de ratio du service de la dette. Lorsque nous examinons ces renseignements — encore une fois, d'après les données réglementaires accessibles au public par l'entremise du Canadian Deposit Offering Rate, ou taux CDOR, et du site Web de la Banque du Canada —, nous constatons que les taux se situaient autour de 18 % au milieu de 2016. Ils ont augmenté lentement au fil du temps pour atteindre 20,5 % en 2024.
Pour ce qui est du ratio du service de la dette, l'idée, c'est que nous avons presque toujours... Dix-huit pour cent ou 20 %, c'est relativement élevé. Les marges de crédit hypothécaire, ou MCH, constituent une composante beaucoup plus importante de la dette non hypothécaire des ménages, et leur taux est habituellement variable.
Tout cela pour dire que nous ne constatons pas autant de pression sur les coûts du service que sur d'autres produits à taux variable comme les MCH. Cela dit, les soldes des cartes de crédit ont augmenté de façon substantielle depuis le début de la pandémie.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Marion, j'ai une question complémentaire au sujet des ententes, un mot que je déteste dans le cas des compagnies de cartes de crédit, parce que ce ne sont effectivement pas des ententes. Cela dit, j'ai une question concernant le processus.
Plus tôt, en réponse à une question de M. Masse, je crois, vous avez mentionné American Express. Même si nous savons qu'il ne s'agit pas du plus gros joueur sur le marché canadien, nous notons que cette compagnie n'a signé aucune entente. On a en quelque sorte établi, tout à l'heure, que le gouvernement avait vraiment très peu négocié. C'est du moins ce que vos réponses laissent entendre.
Que s'est-il passé quand vous avez appelé les gens d'American Express? Est-ce qu'ils se sont abstenus de répondre? Est-ce que ça s'est terminé de cette façon?
:
Je vais rester bref pour que le public comprenne de quoi il retourne et m'assurer que cette information est relayée.
La ministre est arrivée en 2022 et a dit aux compagnies que, si elles ne négociaient pas rapidement une entente, le projet de loi en question serait déposé par le gouvernement et on leur taperait sur les doigts. La compagnie Visa a déposé une entente qui touchait très peu de commerçants, du moins certainement pas dans le domaine des aliments et celui du logement, entre autres. La compagnie Mastercard a déposé quelque chose. Nous ne savons pas comment ça s'est fait, étant donné que vous ne voulez pas nous donner les détails. Il y a donc des ententes qui touchent très peu de commerçants, et, de toute évidence, American Express ne répond pas à l'appel.
Deux ans plus tard, vous êtes toujours en train de négocier, et aucun projet de loi n'a été déposé. Si je représentais une compagnie de cartes de crédit, je ne vous prendrais pas au sérieux. Expliquez-moi comment ces compagnies pourraient prendre le gouvernement canadien au sérieux alors qu'il leur a promis de leur taper sur les doigts si elles ne déposaient pas une entente et que vous en êtes encore à jaser avec les gens d'American Express.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être ici aujourd'hui. C'est une excellente discussion.
J'aimerais revenir à ce que M. Van Bynen a dit, qui a été un point commun aux discussions d'aujourd'hui. Cela concerne la nécessité d'obtenir un plus grand nombre de documents et davantage de précisions au sujet du processus de consultation qui a été lancé. Je pense que ce processus est important pour les travaux de ce comité. Je pense que tous les membres du Comité sont d'accord pour dire qu'en fonction des paramètres dans lesquels vous évoluez, vous devriez être en mesure de fournir ces renseignements.
Je tiens à dire clairement que nous aimerions obtenir plus d'information sur le processus de consultation et sur les personnes consultées. Nous aimerions que vous nous donniez plus de détails sur les négociations et les ententes conclues, sachant très bien qu'il s'agissait d'ententes volontaires, comme vous l'avez dit clairement.
De plus, nous aimerions obtenir de plus amples renseignements sur les discussions avec les entreprises de traitement des paiements et sur tout examen du contexte réglementaire pour les sociétés émettrices de cartes de crédit qui pourrait permettre de déterminer d'autres outils qui pourraient être utiles en prévision de la suite des choses.
Madame Hamel, puis‑je avoir la confirmation que vous fournirez ces renseignements par écrit au Comité à la demande du président?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je reviens aux représentants du ministère des Finances sur un autre thème. Certains des témoins que nous avons entendus ont remis des documents et ont fait des propositions. Certains d'entre eux parlaient de la nécessité de modifier, par voie législative, le taux usuraire au Canada.
Au Québec, le taux maximal qui est considéré comme usuraire par la Loi sur la protection du consommateur est, si je ne m'abuse, de 35 %. Le taux fédéral, par contre, est de 60 %. J'aimerais savoir s'il n'y aurait pas lieu éventuellement de réduire le taux maximal usuraire. Un taux de 60 % me semble extrêmement élevé. Il faudrait le réduire de façon à mieux protéger les consommateurs. Les institutions financières et autres peuvent être tentées d'augmenter sans arrêt les taux, comme ça a été le cas avec les cartes de crédit qui ont augmenté leurs taux de quelques points ces dernières années. Or, à un moment donné, il faut leur envoyer le message que, au-delà d'un certain taux d'intérêt, ça devient, à la limite, de l'immoralité.
:
Ça relève de votre pure bonté, monsieur le président.
Madame et messieurs de Statistique Canada, le sujet a récemment été soulevé ici par un témoin, M. Sylvain Charlebois, surnommé le « Food Professor ». Sur de nombreuses tribunes, il vous accuse de mal calculer le taux d'inflation en disant que vous ne tenez pas compte de la réduflation. Il dit qu'il vous a rencontrés, mais que ça ne vous a pas convaincus.
Au fond, il collecte ses propres données. Il s'est exprimé publiquement pour dire que vous ne calculiez pas correctement le taux d'inflation. Ça me surprend, parce que vous êtes une des quelques institutions fédérales en lesquelles j'ai encore confiance. Je sais que ce témoin n'a pas de formation pertinente et qu'il n'est certainement pas économiste.
Calculez-vous correctement le taux d'inflation? Tenez-vous compte de la réduflation? Comment se fait-il que certains universitaires puissent vous attaquer là-dessus? Pensez-vous que vous ne communiquez pas assez bien vos façons de faire?
Nous nous posons la même question, à savoir pourquoi il pense que nous ne mesurons pas l'inflation d'une bonne façon.
[Traduction]
Pour être clair, notre indice des prix à la consommation, ou IPC, est de très grande qualité. Nous suivons les pratiques exemplaires. Nous sommes des chefs de file mondiaux. Nous observons la méthodologie internationale.
Pour être encore plus clair, nous tenons compte de la réduflation. Nous ne comparons d'aucune façon des pommes avec des oranges. Nous comparons toujours des pommes avec des pommes et tenons compte de tout changement de quantité. Il y a ce que nous appelons les changements de qualité, qui tient compte également des quantités, et nous faisons des ajustements pour comparer des éléments du même genre, donc nous tenons compte de la réduflation.
Pour répondre à votre question sur nos moyens de communication, je dirais que nous en avons un certain nombre. Nous avons fait des balados. Nous avions une infographie sur la réduflation. Nous avons déployé de nombreux efforts pour que notre méthodologie soit claire. Notre méthodologie est aussi très visible pour tous les utilisateurs; cependant, nous continuerons d'essayer de communiquer cette information pour nous assurer qu'elle est claire à 100 % pour tous les utilisateurs, y compris pour M. Charlebois.
Merci.
Dans la même veine, je vais m'accorder un peu de temps.
L'IPC, du moins aux États‑Unis et un peu au Canada, a été très controversé au fil des ans. Permet‑il de surveiller adéquatement l'inflation? Il y a eu un changement au fil des ans; on est passé d'un panier fixe de biens au coût de la vie. Quel est alors le niveau de vie? Il fluctue.
Dans quelle mesure nos méthodes de calcul de l'IPC sont-elles différentes de celles des États‑Unis? L'exemple que j'ai lu concerne, par exemple, le changement de comportement des consommateurs. Si le prix du filet mignon augmente, vous passez à un steak d'aloyau, ce qui maintient l'inflation au même niveau, parce que le prix du steak d'aloyau a augmenté lui aussi.
Comment répondez-vous à cela? En quoi est‑ce différent au Canada? Est‑ce différent au Canada par rapport aux États‑Unis?
:
Ce serait formidable. Je suis prêt à parier que c'est autour du taux de la Banque du Canada, ou probablement plus bas. Il s'agit simplement du financement de la dette pour notre pays.
Je soulève ce point parce que, madame Hamel, vous avez parlé de 35 %. Je suis prêt à parier que le gouvernement du Canada ne paie pas 35 % ni 60 %, ce qui est le taux maximal actuellement, sur son financement de la dette, mais il s'attend à ce que les Canadiens puissent se retrouver dans cette situation.
Pouvez-vous nous donner un peu plus de détails au sujet des 35 % que cela représente? Votre réponse donnait l'impression qu'il en serait question dans le Code criminel, mais on ne sait plus à qui cela s'applique et à qui cela ne s'applique pas.
J'aimerais aussi savoir quelles sont les répercussions — qu'il s'agisse d'actes criminels, d'emprisonnement, d'amendes, de pénalités — pour ceux qui ne vont pas respecter cette pratique. Pouvez-vous nous expliquer clairement comment cela va toucher les Canadiens?
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Monsieur le président, d'entrée de jeu, je juge appropriée ma demande des offres et des contre-offres. Je ne pense pas qu'il y ait de grands secrets commerciaux là-dedans. Il s'agit d'une négociation qui relève de l'intérêt public, d'autant plus que cette négociation avait été promise dans l'Énoncé économique de l'automne de 2022.
Considérant les échanges qui ont eu lieu ici aujourd'hui, je comprends que le ministère des Finances a encore de la difficulté à comprendre les tenants et les aboutissants de ce qu'il qualifie d'ententes sur le portefeuille des Québécois et des Canadiens. On évoque encore le fait que 90 % des entreprises profiteront de la mesure, mais on ne sait pas son effet en fonction du chiffre d'affaires.
Je rappellerai que, en 2022, quand le gouvernement libéral a annoncé qu'il négocierait avec Visa et Mastercard, c'était dans un contexte d'inflation alimentaire élevée. Or, on sait très bien aujourd'hui que ces ententes ne s'appliquent à aucun dépanneur au Québec et à presque aucun restaurant. De plus, ces ententes ne s'appliquent certainement pas aux épiceries qui ont comme modèle d'affaires un grand volume de transactions, mais une faible marge bénéficiaire; elles en sont exclues.
Je trouve donc que la motion de M. Patzer est une très bonne idée. Cela dit, et je sais que c'est extrêmement délicat, je suis assez convaincu que mes collègues « Brian Perkins » et « Rick Masse » seront d'accord pour qu'on n'appelle pas une autre collègue « Michelle Garon » dans la version française de la motion. Si c'était possible de corriger ça, j'en serais reconnaissant.
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Je ne suis pas certain de la nécessité d'une motion, mais je sais que les témoins, à qui j'ai demandé exactement la même information, se sont engagés à la fournir au Comité. J'ai l'impression qu'il y a une certaine rupture ici par rapport à ce qui s'est passé à ce Comité et que les membres étaient peut-être trop occupés à rédiger une motion pour prêter attention au témoignage qui a été donné.
Les témoins ici présents, Mme Hamel en particulier, se sont engagés à fournir ces renseignements, qui sont tous semblables à ce qu'exige la motion. Je ne vois pas pourquoi il faudrait une motion pour mettre cela par écrit. Nous avons déjà dit que le président avait offert d'écrire une lettre pour demander cette information. Nous avons également précisé cela dans le compte rendu, et Mme Hamel s'est clairement engagée à fournir cette information au Comité.
Je ne sais pas pourquoi on utilise le temps du Comité pour présenter une motion alors que les témoins se sont déjà engagés à fournir les renseignements demandés. C'est tourner en rond inutilement, me semble‑t‑il. Je ne vois pas pourquoi le témoignage des témoins n'est pas assez satisfaisant pour les députés et pourquoi leur engagement à fournir des documents serait insuffisant. Pourquoi faudrait‑il une motion? J'ai de la difficulté à trouver et à comprendre la raison d'être d'une motion lorsque des témoins ont dit volontairement qu'ils fourniraient l'information.
Si M. Perkins veut clarifier cela pour le compte rendu, c'est très bien, mais...
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Non, je n'avais pas tout à fait terminé.
J'ai appris quelque chose au comité de la procédure et des affaires de la Chambre, le protocole Simms, que vous pouvez invoquer, à l'occasion, pour avoir ces échanges informels, mais je n'ai pas donné la permission de céder la parole à M. Perkins. Il vient d'intervenir et de m'interrompre, mais ça va; nous sommes habitués à cela au Comité.
Lorsque les témoins, qui sont des fonctionnaires qui font un excellent travail et travaillent très fort chaque jour pour remplir leurs fonctions, s'engagent à fournir les documents et les renseignements demandés par le Comité, je ne vois pas vraiment pourquoi nous aurions besoin d'une motion pour les obliger à faire quelque chose qu'ils ont déjà accepté de leur propre gré. C'est ce que je reproche à cette motion. Je ne suis tout simplement pas certain de sa raison d'être, à part la motivation politique qui pourrait s'y cacher.
C'est tout pour le moment, monsieur le président, mais je pense que j'en aurai davantage à dire à ce sujet dans un instant.
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Merci, monsieur le président.
Je ne veux pas répéter ce que M. Turnbull a dit au sujet des documents que l'on s'attend à recevoir, ce que les témoins ont déjà confirmé. Je tiens à ajouter que les témoins ont également fait savoir que le ministère est en train de s'en occuper. Mme Hamel l'a mentionné tantôt.
Je peux comprendre que vous tentiez d'en tirer le plus possible, car le processus est encore en cours, dans une certaine mesure. Vous n'avez pas encore terminé.
Pour ce qui est de la réduction significative, le gouvernement a proposé de mettre au point une stratégie — en ce qui concerne votre ministère — pour obtenir des réductions significatives de la part des sociétés émettrices de cartes de crédit.
Nous avons entendu beaucoup de témoignages et de recommandations. Par exemple, notre gouvernement a récemment négocié une entente avec les sociétés émettrices afin d'offrir des frais de transaction moins élevés aux petites entreprises. Il va de soi que ce sera avantageux pour elles. Nous comprenons cela. Ce qui est malheureux, c'est que les sociétés qui répondent à nos attentes ne font pas l'unanimité.
J'ai hâte de recevoir une partie de l'information que nous obtiendrons de cette stratégie, et peut-être une loi qui sera fondée là‑dessus. Franchement, il faudrait peut-être adopter une loi pour répondre à nos attentes lorsque nous négocions avec les sociétés émettrices de cartes de crédit afin de réduire les frais de transaction pour les petites entreprises. En définitive, si ces sociétés refusent d'y adhérer, il faudra trouver un mécanisme pour qu'elles le fassent.
J'entends dire aujourd'hui qu'il y en a qui ne le veulent pas — il y en a une en particulier — et ça me tape sur les nerfs, pour tout vous dire. Ce n'est pas possible, parce que nous avons des attentes et une raison de proposer ce mandat. Cela dit, c'est à suivre, bien entendu.
Une fois le processus terminé, et en ce qui concerne la transparence et les délibérations avec nos intervenants, je ne peux que m'attendre à ce qu'une bonne partie des documents qui ont été demandés à la réunion d'aujourd'hui soient transmis afin que nous puissions poursuivre cette discussion et nous assurer de bien faire les choses. De cette façon, la production de documents serait plus fluide.
Si j'en avais eu l'occasion, j'allais vous poser des questions à ce sujet. De toute évidence, on me prive de cette possibilité. J'essaie d'en tenir compte dans mes observations pour que nous puissions en discuter plus longuement à l'avenir.
C'est le dernier point que je veux soulever. Nous voyons souvent au gouvernement que nous avançons en fonction des conversations que nous avons avec nos intervenants. Soit dit en passant, nos intervenants les plus importants sont les Canadiens — les entreprises, oui, mais surtout les Canadiens, car ils sont touchés dans leur vie quotidienne par ce que font les commerçants et d'autres.
Malheureusement, nous constatons souvent que les Canadiens ne font que ce qu'ils doivent pour joindre les deux bouts. Ils sont forcés de se retrouver dans ces situations. Par conséquent, ce que nous essayons de faire, c'est de leur éviter de s'y retrouver ou à tout le moins d'atténuer les effets de ce à quoi ils auront recours. Malheureusement, nous avons des sociétés qui en profitent, ce qui nous fait réagir, oui, mais uniquement en réponse à des réactions.
Cela dit, pour ce qui est de cette motion, M. Turnbull a fait allusion au fait que vous allez... Que ce soit dans le cadre du processus de la stratégie ou de l'adoption d'une nouvelle loi, je ne peux que m'attendre à ce que cette information nous parvienne, peu importe qu'il s'agisse d'une motion ou du processus lui-même.
Madame Hamel, vous en avez parlé tout à l'heure. Je ne peux pas vous poser cette question tout de suite et vous demander de répondre par oui ou par non. D'après l'expression de vos visages, je vois bien que la réponse est oui, que cela va se produire. Or, je ne peux pas vous poser la question tout de suite parce qu'on en est à parler d'une motion.
Je peux parier sans crainte que nous allons recevoir cette information. Je ne suis pas prêt à perdre plus de temps sur cette motion.
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La pratique courante dans la plupart des comités auxquels j'ai assisté, même lorsqu'on invite des témoins ou qu'on demande des documents, c'est que la première étape consiste souvent à demander ces documents, ce que nous avons fait ici. Je crois que les fonctionnaires ont convenu de fournir exactement la même information, à une exception près, dont je parlerai dans un instant. C'est le paragraphe c) de la motion, qui me semble problématique.
Ce qui est intéressant, c'est que les membres du Comité tiennent mordicus à obliger nos fonctionnaires à fournir l'information qu'ils ont proposé de fournir eux-mêmes et qui correspond à la plupart de celle demandée dans cette motion. Le fait de les forcer à le faire est un excès de zèle... Le Comité peut utiliser son pouvoir pour exiger des documents, convoquer des témoins et exercer son autorité à titre de comité parlementaire permanent, mais uniquement quand il en a besoin.
Je pense que nous devrions réserver la mesure pour les moments où nous estimons vraiment que les témoins ou les personnes... Nous l'avons vu avec les témoins que nous avons invités à plusieurs reprises sans succès. Le langage de l'invitation devient plus ferme au fur et à mesure jusqu'à dire: « Écoutez, si vous ne venez pas de votre plein gré, nous allons vous obliger à comparaître. »
C'est un processus. Habituellement, nous ne nous précipitons pas pour imposer ce genre de choses sans passer par les étapes préliminaires. Lorsque nous avons des témoins assis ici et qui confirment qu'ils vont fournir l'information, pour moi c'est un abus de notre pouvoir parlementaire de ne pas les croire sur parole: c'est mon premier argument.
Deuxièmement, M. Masse a déclaré publiquement qu'il ne demandait pas d'avis confidentiel aux ministres. C'est exactement ce qui est demandé dans cette motion, alors si M. Masse appuie cette motion, mais qu'il a déclaré publiquement qu'il ne...
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Monsieur Perkins, vous n'avez pas la parole. Monsieur Perkins, c'est moi qui ai la parole et je suis le président.
C'est la fin de cette réunion du Comité. Si vous voulez présenter de nouveau cette motion, vous pouvez proposer de reprendre le débat à la prochaine réunion, qui aura lieu après la semaine de relâche. C'est à ce moment‑là que nous reviendrons sur le projet de loi , je vous le rappelle, chers collègues.
[Français]
Mesdames et messieurs les témoins, je vous remercie de vous être prêtés à l'exercice. Nous vous en sommes très reconnaissants. La vie de parlementaire n'est pas toujours simple, comme vous le savez. Nous vous remercions du travail que vous faites pour les Canadiens.
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.
La séance est levée.