:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Il s'agit de la 143e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Avant de commencer, je vais faire quelques remarques d'ordre administratif.
Pour les personnes présentes dans la salle, il y a un petit autocollant rond placé sur le bureau devant vous. C'est là que vous devez mettre votre appareil. Si vous ne le faites pas, cela crée une interférence avec la transmission du son. Il y a également un petit carré d'instructions que vous devez lire, pour savoir quoi faire.
Personne n'est autorisé à prendre des photos des informations concernant le Comité, car elles sont affichées à l'écran ici. Vous pourrez plus tard les obtenir en ligne.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride, et cela nous cause un petit problème, car deux de nos intervenants qui doivent témoigner ce matin ont toujours du mal à se connecter. Je vous dirai de qui il s'agit.
Nous allons commencer, puis j'espère que les techniciens les auront aidés à se connecter.
[Français]
Il s'agit des témoins représentant la Fédération nationale des communications et de la culture et le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada.
[Traduction]
Ils ont du mal à se connecter.
Nous allons commencer, puis je suspendrai les travaux lorsqu'il sera temps de leur donner la parole. Ils peuvent venir, mais nous devrons ensuite leur demander de présenter leur déclaration de cinq minutes pour que nous puissions continuer. Si nous attendons encore longtemps, nous ne commencerons jamais la réunion à temps. Donc allons‑y.
Je vous rappelle tous que, lorsque vous prenez la parole, vous devez vous adresser à la présidence. Les questions sont posées par l'entremise de la présidence, et les réponses sont adressées à la présidence.
Encore une fois, tous les tests de connexion ont été effectués, sauf pour les deux personnes en question.
Nous allons commencer par les premiers témoins, Kris Sims et Ryan Thorpe, de la Fédération canadienne des contribuables. Vous pouvez vous partager le temps, mais vous aurez cinq minutes au total pour présenter votre déclaration. Je vais vous avertir lorsqu'il restera 30 secondes, littéralement, pour que vous puissiez conclure. Si vous n'arrivez pas à terminer votre exposé, vous pourrez aborder vos sujets pendant la période de questions et de réponses.
Qui parlera en premier? Madame Sims, allez‑y. Vous avez cinq minutes. Merci.
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Merci de nous avoir invités à nous adresser à vous tous aujourd'hui.
Je m'appelle Kris Sims. Je suis directrice pour l'Alberta de la Fédération canadienne des contribuables. Je suis accompagnée de mon collègue, Ryan Thorpe, le journaliste enquêteur pour la FCC.
Nous sommes ici pour parler au nom de milliers de contribuables travaillants qui veulent définancer CBC/Radio-Canada. Cela doit se faire pour trois raisons importantes: le coût de CBC/Radio-Canada, le fait que presque personne ne regarde CBC/Radio-Canada, et le fait que les journalistes ne devraient pas être payés par le gouvernement.
Le premier élément est le coût. CBC/Radio-Canada reçoit cette année 1,4 milliard de la part des contribuables. Cet argent pourrait plutôt servir à payer les salaires d'environ 7 000 ambulanciers et 7 000 policiers. Il pourrait plutôt aider à payer l'épicerie d'environ 85 000 familles canadiennes, pour une année. Au lieu de cela, les contribuables versent 1,4 milliard de dollars pour que CBC/Radio-Canada puisse distribuer des primes faramineuses, obtenir des cotes d'écoute excessivement basses et surpayer ses cadres déconnectés.
Catherine Tait, PDG de CBC/Radio-Canada, a refusé de dire au Comité si elle touchera une indemnité de départ lorsqu'elle quittera le radiodiffuseur public. Mme Tait estime qu'il s'agit d'une « affaire personnelle ». Ce n'est pas personnel s'il s'agit de l'argent des contribuables. Les documents obtenus par la Fédération canadienne des contribuables montrent que Mme Tait a reçu entre 460 000 $ et 551 000 $ cette année, en plus d'une prime pouvant atteindre 28 %. Cela représente 154 000 $. Cette prime est plus élevée que le revenu moyen d'une famille canadienne dans une année.
Vers la même période l'an dernier, CBC/Radio-Canada a demandé plus d'argent. Par la suite, juste avant Noël, CBC/Radio-Canada a annoncé des mises à pied dans ses salles de presse. J'ai travaillé dans bien des salles de rédaction, et ce n'est pas toujours rose d'être congédié, mais qu'en est‑il des primes versées à ce même moment? Des documents obtenus par la FCC montrent que CBC/Radio-Canada a distribué des primes totalisant 18 millions de dollars. Comme l'ont déclaré les Amis des médias canadiens, un groupe de supporteurs de CBC/Radio-Canada: « Cette décision est profondément déconnectée et est indigne dans le cas de notre radiodiffuseur public national. »
Nous remercions les députés du Parti conservateur, du Bloc et du NPD d'avoir voté pour tenir CBC/Radio-Canada responsable de ces primes.
Jetons un coup d'œil à l'auditoire. Selon le récent rapport trimestriel de CBC/Radio-Canada, sa part d'auditoire du réseau de nouvelles est de 1,7 %, ce qui signifie que plus de 98 % des Canadiens choisissent de ne pas regarder la chaîne de nouvelles de CBC/Radio-Canada. Voici les dernières nouvelles pour le Comité. Selon les documents obtenus par la FCC, l'auditoire du journal télévisé du soir de CBC/Radio-Canada est si faible qu'on a du mal à le mesurer. À Toronto, le bulletin de nouvelles de six heures de CBC/Radio-Canada est regardé par 0,7 % de la population de la ville. Les émissions de divertissement de CBC/Radio-Canada ne font guère mieux que ses nouvelles. Murdoch Mysteries, émission qui n'est pas produite par la CBC, tire le plus grand auditoire, avec environ 1,9 % de la population.
Enfin, les journalistes ne devraient pas être payés par le gouvernement. Une presse libre signifie des journalistes libres du gouvernement. Un journaliste payé par le gouvernement est en conflit d'intérêts direct. Vous ne pouvez pas obliger le puissant gouvernement à rendre des comptes quand vous comptez sur lui pour votre chèque de paye. CBC/Radio-Canada est un média financé par le gouvernement. Ce financement a déformé le paysage médiatique pendant des dizaines d'années, désavantageant des entreprises médiatiques privées, et c'est une maladie contagieuse. D'autres entreprises médiatiques sont désormais également rémunérées par l'État. En même temps, la confiance envers le journalisme a dégringolé. Environ 55 % des Canadiens pensent maintenant que les journalistes « tentent délibérément de tromper les gens en disséminant de l'information qu'ils savent erronée ou largement exagérée ».
Les Canadiens ont besoin d'une presse qui est libre du gouvernement, afin de pouvoir tenir leur gouvernement responsable.
CBC/Radio-Canada est un énorme gaspillage d'argent. Presque personne ne la regarde, et les journalistes ne devraient pas être payés par le gouvernement. Il est temps de définancer CBC/Radio-Canada.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs, merci de nous avoir invitées à comparaître ce matin.
Encore une fois, je m'appelle Marla Boltman. Je suis directrice générale des Amis des médias canadiens, un mouvement non partisan et à but non lucratif de citoyens et de citoyennes qui veillent à assurer la présence des voix d'ici au sein de nos médias.
Encore une fois, je suis accompagnée de Sarah Andrews, notre directrice des Relations gouvernementales et avec les médias, qui terminera notre déclaration liminaire en français.
Depuis presque 40 ans, notre organisation défend fièrement CBC/Radio-Canada et le rôle essentiel de la société dans la vie publique des Canadiens. Nos partisans entrent dans la catégorie des 75 % de Canadiens qui ont dit aux sondeurs aimer le travail que fait CBC/Radio-Canada ou vouloir conserver CBC/Radio-Canada, mais avec des améliorations.
Parlons franchement. Comme bon nombre d'entre vous, notre organisation était ici lors des compressions majeures à CBC/Radio-Canada sous le gouvernement Mulroney. En fait, c'est là que nous avons commencé nos activités. Nous étions ici pour les compressions sous le gouvernement Chrétien; nous étions ici pour les compressions sous le gouvernement Harper, et nous sommes toujours ici en attente que le gouvernement Trudeau fournisse l'argent qu'il a promis lors de la dernière élection.
En dollars réels rajustés en fonction de l'inflation, ces coupures et ces engagements non réalisés ont représenté une réduction de 36 % des crédits parlementaires de CBC/Radio-Canada. Entretemps, les attentes et les exigences ont augmenté. Les programmes autochtones ont assumé un rôle plus important, et la nécessité d'améliorer les services en français a entraîné une augmentation de 44 % des crédits parlementaires maintenant réservés à Radio-Canada. Toutes ces améliorations importantes ont signifié qu'il en restait moins pour les services en anglais.
Les technologies médiatiques ont aussi changé. Une société beaucoup plus petite a dû suivre ses auditoires sur Internet tout en continuant de les servir à la télévision et à la radio. L'argent nécessaire pour le faire devait venir de quelque part. Il a dû être récupéré de la télévision anglophone de la CBC.
Depuis 2013, nous avons observé une réduction de 40 % en dollars budgétaires réels pour la télévision anglophone. Au cours des dix dernières années, les dépenses ont diminué de 212 millions à 114 millions de dollars. Comme vous, nous avons été témoins de ce déclin et de cette déflation, où les Canadiens ne cessent de recevoir une offre télévisuelle en anglais de plus en plus petite, et nous avons vu nos auditoires aux heures de grande écoute pour nos émissions télévisées en anglais sous-financées chuter de 6,8 % à 5,2 %, aussi en dix ans. Ce sont les chiffres que tout le monde cite, mais entretemps, les cotes d'écoute de la première chaîne de CBC/Radio-Canada, de cbcnews.ca et de tous les services de Radio-Canada demeurent excellentes.
Pour que tous les Canadiens soient entièrement satisfaits avec CBC/Radio-Canada, il faudra deux choses: un financement à long terme adéquat et une vision. Nous avons besoin de ces éléments maintenant, car un radiodiffuseur public national robuste est particulièrement vital à une époque où l'ensemble de notre secteur médiatique canadien et de notre souveraineté nationale sont fortement menacés.
C'est le message que nos partisans, vos électeurs, veulent vous apporter. Ils ne veulent pas parler de définancer CBC/Radio-Canada, d'éliminer les nouvelles locales ou de réduire au silence des conteurs canadiens de talent. Ce dont ils veulent parler, c'est de la façon dont CBC/Radio-Canada peut servir ses auditoires ainsi que leurs voix et leurs valeurs. Ils comptent sur nous et sur vous pour trouver des solutions qui profitent à tous.
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La semaine dernière, Mme Catherine Tait a comparu devant ce comité pour la cinquième fois cette année.
Il est temps de passer à un autre appel. Nous devons plutôt travailler ensemble à créer un radiodiffuseur public encore meilleur pour ses actionnaires, soit le grand public canadien.
Nous vous suggérons de commencer par ce qui suit.
Tout d'abord, tout ce qui concerne CBC/Radio‑Canada ne devrait pas être une question partisane. Le radiodiffuseur public doit servir toute la population, peu importe l'allégeance politique.
Deuxièmement, la question de la gouvernance peut sembler une question politique aride, mais elle est fondamentale. Les nominations au conseil d'administration devraient être beaucoup plus indépendantes. Il devrait revenir au conseil d'administration, et non au , d'embaucher et de licencier le président ou la présidente.
De plus, tout comme cela se fait pour la BBC, le Parlement devrait négocier une charte à long terme avec le conseil d'administration de CBC/Radio‑Canada. Cette charte comprendrait des engagements en matière de performance, de responsabilité publique et de financement.
Troisièmement, CBC/Radio‑Canada doit mettre l'accent sur la production de nouvelles locales et régionales. Elle y parviendra en envoyant plus de personnel sur le terrain, ce qui nécessitera plus d'argent. L'embauche de 25 journalistes dans tout le pays, grâce à l'argent prévu dans la Loi sur les nouvelles en ligne, constitue un bon début et nous devons en avoir davantage.
Quatrièmement, nous déconseillons la stratégie consistant à tenter de sauver les meubles en éliminant la programmation de divertissement, autant pour les populations anglophones que pour les populations francophones. CBC/Radio‑Canada est la meilleure plateforme qui soit pour diffuser les émissions phares qui racontent nos histoires. Les gens ne veulent pas perdre cette programmation. Au contraire, ils veulent plus de contenus.
Le moment est venu de protéger notre radiodiffuseur public pour notre démocratie, pour notre souveraineté culturelle et pour les générations à venir.
Merci.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs, merci beaucoup de m'avoir invitée à parler de ce sujet très important.
Comme on l'a déjà mentionné, je m'appelle Brigitte Wellens. Je suis directrice générale d'une organisation communautaire appelée Voice of English-speaking Québec, ou VEQ, qui a été fondée en 1982. Nous sommes une organisation communautaire à but non lucratif qui se consacre à la préservation et à la promotion des intérêts d'une communauté anglophone dynamique dans la grande région de Québec.
Ce qu'il est important de noter concernant notre population, c'est que tous les cinq ans, de 20 % à 25 % de la population de notre région est renouvelée par l'arrivée de nouveaux arrivants. Les médias locaux font non seulement partie intégrante de leur processus d'intégration, mais ils sont au cœur de la vitalité de notre communauté. Sans eux, les communautés subissent une érosion progressive de leur capacité collective de célébrer les histoires et les réalisations locales, ou de réagir aux questions et aux difficultés qui touchent les membres de la communauté au quotidien, dans l'ensemble du Québec.
Notre communauté représente seulement 2,3 % de la grande région de Québec, ou tout juste plus de 17 000 personnes de la population locale. Elle est répartie sur un très vaste territoire, et il n'y a pas de grandes concentrations dans une zone précise de la région; c'est donc pourquoi il est absolument essentiel d'apporter l'information aux gens en temps opportun et d'une manière accessible à tous.
Le financement devrait permettre à CBC/Radio-Canada de doter adéquatement en ressources les stations locales et de leur permettre de réagir aux nouvelles fraîches, aux histoires, aux événements locaux et aux activités afin de promouvoir ce qui se passe sur le terrain. Nous sommes une organisation de la base, et je pense que CBC/Radio-Canada devrait s'associer à nous pour promouvoir et améliorer la vitalité de la communauté dans les régions de la province. Elle devrait également disposer des ressources adéquates pour le faire, en tant que société de radiodiffusion publique, afin d'être une participante active, aux côtés d'intervenants locaux et de membres de la communauté, et d'avoir une incidence positive sur la vitalité de notre communauté dans l'ensemble de la province.
Pour ce qui est de la représentation et des voix locales, en tant que directrice générale de l'organisation depuis les neuf dernières années et membre du conseil d'administration pendant sept ans au préalable, j'ai assisté au déclin constant des ressources locales. Une bonne partie de notre contenu n'est pas enregistrée à Québec, et j'ai vu la participation du personnel local de CBC/Radio-Canada à nos événements et à nos activités rassemblant les membres de la communauté de l'ensemble de notre région diminuer.
Il est très important d'améliorer non seulement l'accès au contenu produit, mais aussi les ressources financières auxquelles CBC/Radio-Canada a accès. Nous entendons parler du définancement de CBC/Radio-Canada. Au contraire, je pense que nous devrions améliorer ou augmenter le financement auquel la société a accès. Lorsque nous le comparons à celui du reste des radiodiffuseurs et des producteurs de nouvelles du monde, il nous manque des fonds, car nous recevons de 40 % à 50 % moins que d'autres radiodiffuseurs et producteurs. Nous devrions chercher à savoir quelles sont les cotes d'écoute réelles de CBC/Radio-Canada par habitant à la radio et à la télévision.
Je ne saurais insister assez là‑dessus. Nos nouveaux arrivants vont à la source de ce qui est le plus accessible pour eux. À Québec, c'est la première chaîne de CBC/Radio-Canada, mais elle est parsemée de petites vidéos d'autres régions, car il s'agit de la seule source de nouvelles locales et de contenu de toute la province de Québec. Je parle d'environ six ou sept heures par semaine. J'aimerais voir non pas une diminution, mais une amélioration de ces services et que ceux‑ci soient plus réactifs sur le terrain dans les reportages locaux et les nouvelles qui vont au cœur de tous les membres de notre communauté.
Merci beaucoup.
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Cela ressemble à une autre chose que a brisée.
Je suis curieux, pour ce qui est de... Très souvent, nous entendons les préoccupations des gens qui disent appuyer CBC/Radio-Canada et, en fait, même ceux‑là reconnaissent certaines des difficultés existantes, que ce soit les primes versées, les dépenses, le fait qu'ils n'aiment pas les émissions ou les préjugés existants. Or, ils disent: « Eh bien, nous en avons besoin, parce que c'est ce qui permet aux Canadiens de recevoir leurs nouvelles. » Je me demande si vous pouvez vous prononcer sur ces commentaires souvent répétés, surtout ici, dans la capitale du pays.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais commencer par Mme Sims et M. Thorpe. Merci d'être ici.
Je tiens à souligner que je pense que de nombreux Canadiens conviennent avec vous que les primes étaient inacceptables. Je le reconnais. Nous avons eu une conversation dans cette salle, et il était très clair, surtout compte tenu de la situation économique dans laquelle notre pays se trouve et des difficultés auxquelles les Canadiens sont confrontés, que c'est quelque chose qui n'a pas bien passé auprès des Canadiens. Je le reconnais.
Je veux toutefois parler de CBC/Radio-Canada comme d'un concept. En 1936, lorsque les conservateurs ont fondé CBC/Radio-Canada, cela visait à rassembler le pays et à l'unir. Si vous éliminez le montant en dollars et les primes, souscrivez-vous au concept de CBC/Radio-Canada?
CBC/Radio-Canada est plus qu'un seul radiodiffuseur télévisuel. C'est plus qu'un seul fournisseur de nouvelles. C'est beaucoup plus que cela. Par exemple, il y a des émissions pour enfants, une couverture électorale de notre pays, les Olympiques et la radio. Le matin, quand je me lève, j'ouvre toujours l'application CBC Listen. J'écoute les nouvelles du matin, mais aussi les nouvelles du monde. C'est ainsi que je reçois mes nouvelles. Je ne pense pas avoir allumé la chaîne de la CBC depuis longtemps. C'est habituellement directement par YouTube, le site Web ou l'application Gem.
Par rapport aux statistiques que vous avez fournies, je pense que Mme Tait a reconnu que l'auditoire à la télévision chutait, mais lorsque vous commencez à regarder la présence en ligne... Par exemple, le soir des élections, il y a eu neuf millions d'impressions sur le site Web. Nous voyons un énorme bond de l'écoute en ligne par la radio, YouTube et l'application Gem.
Je pense qu'il est juste de dire qu'il n'y a peut-être pas de croissance à la télévision — tous radiodiffuseurs confondus, nous avons observé un déclin — mais reconnaîtriez-vous que, pour ce qui est de sa présence en ligne, les chiffres connaissent une augmentation spectaculaire?
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Il y a deux ou trois choses.
Premièrement, encore une fois, nous sommes contre les médias financés par le gouvernement, un point c'est tout.
Deuxièmement, pour ce qui est des cotes d'écoute, j'ai trouvé très intéressant que Mme Tait et d'autres à CBC/Radio-Canada ne veuillent pas nous fournir leur nombre d'abonnés, pas des noms ou d'autres choses du genre, parce que ce serait insensé, mais leur nombre d'abonnés sur Gem. C'est une conversation qui a ressemblé à ceci:
« Bon. Presque personne ne vous regarde à la télévision. »
« Oh, faites-nous confiance. On récupère l'auditoire avec Gem. »
« D'accord. Combien de personnes comptez-vous sur Gem? »
« Je suis désolée. Je ne peux pas vous le dire. »
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Merci, madame la présidente.
Je profite de l'occasion pour dire que je suis extrêmement déçu de ne pas pouvoir compter sur Mme Charette lors de cet échange. Il aurait été extrêmement important de lui poser des questions. Ses points de vue et son expertise auraient grandement contribué à la discussion. Je crois que Mme Charette pourrait essayer de se reconnecter à la réunion à partir d'un autre ordinateur, en espérant que le problème provienne de l'ordinateur, et non des écouteurs qu'on lui a fournis. J'espère que nous pourrons entendre ce qu'elle a à dire d'ici la fin de cette rencontre.
En attendant, je voudrais parler avec les représentantes des Amis des médias canadiens, qu'on n'a pas entendues beaucoup, sauf lors de leur allocution d'ouverture.
D'abord, je vous salue toutes les deux. J'aimerais avoir vos opinions sur les propos tenus depuis le début de cette réunion.
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Nous avons beaucoup d'opinions. On ne sera pas surpris d'entendre que nous sommes pas mal en désaccord avec la Fédération canadienne des contribuables. C'est sûr que nous sommes d'accord pour dire que les primes ne sont pas acceptables, et le Comité a dit la même chose. Je pense que la majorité des Canadiens s'opposent aussi à l'idée d'accorder des primes. Cela dit, il est temps de passer à autre chose et de travailler ensemble pour améliorer CBC/Radio-Canada.
Je peux vous citer des statistiques. Je rappelle que 78 % des Canadiens veulent garder CBC/Radio-Canada. Ils veulent une version améliorée de CBC/Radio-Canada. J'ajouterai que 67 % des personnes qui s'identifient comme électeurs conservateurs veulent garder CBC/Radio-Canada. Je ne peux pas parler pour Mme Charette, mais les communautés francophones au pays veulent garder Radio-Canada, non seulement pour les services de nouvelles, mais aussi pour les services de divertissement et toute autre programmation d'information.
Par ailleurs, on dit que c'est le gouvernement qui finance CBC/Radio-Canada et qui paie les journalistes. Cependant, il faut réitérer que, selon le mandat de CBC/Radio-Canada, qui est défini par la Loi sur la radiodiffusion, son indépendance éditoriale est garantie. CBC/Radio-Canada ne reçoit pas de directives du gouvernement ni du Parlement, outre son mandat. Ses conditions de licence sont établies par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC, et le paiement des salaires se fait par CBC/Radio-Canada. Il faut donc reconnaître cette distance entre les élus et le radiodiffuseur public.
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Nous avons beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi l'idée de retirer ou de réduire le financement CBC/Radio‑Canada est prioritaire pour certaines personnes, alors que, comme je l'ai dit, plusieurs sondages montrent que ce n'est pas ce que les Canadiens veulent.
Selon notre propre sondage, qui a été effectué l'année passée au mois de décembre, il y a même une majorité des Canadiens qui consultent de CBC/Radio‑Canada pour les nouvelles. Pour la population anglophone, CBC est la source de nouvelles en qui les Canadiens ont le plus confiance. Pour la population francophone, au Québec particulièrement, La Presse est la première source, mais Radio‑Canada suit de très près. Je pense que, pour les communautés francophones hors Québec, Radio‑Canada est probablement une des seules sources d'information qu'elles ont sur le terrain.
J'ai déjà fait des entrevues avec Radio‑Canada en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie‑Britannique. Je suis certaine que le député aussi en a fait plusieurs. Si on retire ou réduit le financement, on ne peut pas être certain que les services seront maintenus. On a entendu Mme Tait, lorsqu'elle a comparu ici, dire à quel point les deux institutions sont proches. Du point de vue éditorial, elles fonctionnent cependant de façon séparée. Radio‑Canada a ses propres façons de faire les choses, mais, sur le plan des ressources sur le terrain, on sait qu'elles sont très proches et qu'elles travaillent souvent ensemble.
L'autre question qu'on ne pose pas souvent concerne le fait de savoir si la majorité anglophone accepterait de payer pour la population francophone seulement. Si on demandait à tout le monde de payer pour un service uniquement offert aux francophones, je suis certaine que les anglophones auraient leur mot à dire là-dessus.
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Merci beaucoup. Ma question s'adresse aux Amis des médias canadiens.
Depuis les 15 dernières années, plus de 500 salles de presse ont fermé dans l'ensemble du pays. Cela signifie que des milliers d'emplois dans toutes les collectivités du Canada sont disparus. Ces histoires ne sont pas racontées, surtout celles qui donnent l'heure juste. Ces déserts médiatiques sont inacceptables. Dans des collectivités comme la mienne, nous n'avons pas pu compter sur CBC/Radio-Canada, dont le studio est essentiellement resté fermé, avec une couverture intermittente au fil des ans.
Quelle est la responsabilité de CBC/Radio-Canada pour investir dans le journalisme local et régional, afin que les journalistes racontent nos histoires à partir de nos régions, pas à Winnipeg, pas à Toronto, mais dans les régions du Nord et les régions rurales du Canada?
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Notre boîte à outils contient un certain nombre d'outils que nous pouvons utiliser pour soutenir les médias d'information dans l'ensemble du Canada. Il y a la Loi sur les nouvelles en ligne, qui va injecter 100 millions de dollars par année dans l'écosystème des médias d'information canadiens. Nous avons déjà vu que CBC/Radio-Canada prend cet argent et le verse dans les petites collectivités. La Société l'a annoncé il y a quelques semaines. Elle envoie sur le terrain des provinces de l'Ouest 25 journalistes.
Notre objectif est que CBC/Radio-Canada soit sur le terrain dans les collectivités locales, car nous savons à quel point les nouvelles locales sont importantes. Nous avons entendu d'autres personnes ayant participé à l'appel le dire, et nous le dirons ici encore. Nous estimons que c'est sur le terrain et dans les collectivités que nous bâtissons la confiance, et c'est ce qui nous permet d'apprendre les uns des autres.
Si les nouvelles ne sont pas investies dans les collectivités locales, les gens ont tendance à se tourner vers les nouvelles nationales, qui ont tendance à être plus polarisées. Par conséquent, les gens s'éloignent des nouvelles, parce qu'ils ne veulent pas entendre des nouvelles polarisées; ils veulent entendre ce qui se passe dans leur collectivité. Si vous combinez cela à la désinformation et à la mésinformation que nous observons en ligne, nous assistons à une croissance de la méfiance envers les institutions publiques.
Je pense que CBC/Radio-Canada a la responsabilité de se trouver dans les collectivités locales pour mettre fin à la vague de mésinformation et s'assurer que les collectivités canadiennes ont un endroit où se réunir. Si nous ne nous parlons pas, alors nous ne nous réunissons pas, et cela nuit à notre capacité d'avoir une démocratie saine.
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Je vais répéter ce que j'ai dit tantôt. Il ne faut pas oublier que CBC et Radio‑Canada se partagent un même mandat, soit celui de divertir, d'informer et d'éclairer les Canadiens et les Canadiennes, les Québécois et les Québécoises. Cela comprend les populations francophones hors Québec et les populations anglophones au Québec.
Nous avons entendu Mme Wellens dire que CBC est l'une des seules sources d'information pour les anglophones qui habitent au Québec. Comme je l'ai dit tantôt, et comme l'a aussi dit Mme Tait lorsqu'elle a témoigné devant le Comité la semaine passée, bien que CBC et Radio‑Canada fassent leur travail séparément, ils partagent beaucoup de ressources pour s'acquitter de leur mandat et pour réaliser leur programmation. Le fait qu'on puisse éviter de toucher aux ressources de Radio‑Canada si on retire le financement de CBC est tout à fait impensable.
Un peu plus tôt, dans notre allocution, nous avons mentionné que Radio‑Canada recevait 44 % du financement de CBC/Radio‑Canada, présentement. C'est quand même un pourcentage extrêmement important. Plutôt que de retirer ou de réduire le financement, nous pensons que le Parlement devrait investir davantage dans CBC/Radio‑Canada et dans les nouvelles locales et régionales afin de renforcer le mandat de servir le public canadien dans tout le pays. Je sais que c'est une question très importante pour vous, madame la députée, et pour les gens de votre circonscription.
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Nous devons commencer par ce que nous avons mentionné dans notre déclaration liminaire. Nous devons éliminer la partisanerie de la question. CBC/Radio-Canada vise à servir tous les Canadiens, peu importe leur allégeance ou l'endroit du pays où ils vivent.
Même si elle peut avoir l'air d'une question stratégique aride, la question de la gouvernance est essentielle à la réussite du radiodiffuseur public. Les nominations au conseil d'administration de CBC/Radio-Canada devraient être beaucoup plus indépendantes, de la même manière, disons, que nous nommons les juges. Le conseil d'administration, et non pas le , devrait embaucher et congédier le président. Comme on le fait à la BBC, peut-être que tous les sept à dix ans, notre Parlement devrait entreprendre un processus d'examen de la charte qui comprend les engagements à l'égard du rendement, la responsabilité publique et l'obtention du financement.
Surtout, je pense que nous pourrions faire valoir que CBC/Radio-Canada a besoin d'un financement durable et à long terme. Nous parlons d'une organisation à laquelle nous demandons d'avoir une vision, de définir des objectifs et de mettre en œuvre ces objectifs alors qu'elle ne connaît pas son budget d'une année à l'autre.
Les Amis des médias canadiens comptent 10 employés. Notre budget est d'environ 2,6 millions de dollars. En tant que directrice générale, si je ne peux le faire sans savoir ce que mon budget sera pour un peu plus d'un an, alors je ne sais pas comment CBC/Radio-Canada peut le faire.
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C'est une excellente question.
À partir des données précises, nous savons que, en général, la confiance envers le journalisme a atteint un creux historique. Je pense que 55 % des Canadiens pensent maintenant que les journalistes disent des choses qu'ils savent erronées ou largement exagérées. Je suis journaliste, et je trouve cela troublant, car vous essayez de vous assurer de ne pas mal prononcer le nom d'une personne, ou donner la mauvaise date par erreur. Cependant, c'est maintenant la majorité des Canadiens qui ne fait pas confiance aux journalistes, dans la mesure où elle a l'impression d'avoir été délibérément trompée.
Je ne sais pas exactement pourquoi les gens délaissent ces émissions.
Je vous ferai également remarquer ceci: vous avez fait référence à des émissions importées d'autres pays qui sont diffusées sur CBC/Radio-Canada. Encore une fois, il est très intéressant de constater que Murdoch Mysteries est l'émission de divertissement de fiction qui a les meilleures cotes d'écoute. Elle n'est pas produite par CBC/Radio-Canada. J'ai essayé de trouver les 15 principales émissions — pas de nouvelles, mais seulement des émissions — et elle se classait au 16e rang. C'était le Great British Bake Off, qui est évidemment produite au Royaume-Uni... Elle n'était même pas produite par CBC/Radio-Canada. C'était une autre importation.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup à tous les témoins d'être ici ce matin.
J'aimerais poser mes questions à Mme Wellens.
Je regardais récemment un rapport de QUESCREN, je pense, une organisation de l'Université Concordia, comme vous le savez peut-être. Il s'agissait d'une étude qui a révélé que, depuis 2008, 104 organes médiatiques québécois, notamment journalistiques, radiophoniques et télévisuels, ont fermé leurs portes, ont fusionné ou sont passés en ligne uniquement, et environ 22 % d'entre eux étaient des organes de presse anglophones ou bilingues.
Selon la façon dont on regarde les statistiques, la population anglophone du Québec pourrait représenter entre 10 % et 15 % de la population. Compte tenu des fermetures de 22 %, il y a eu des répercussions disproportionnées, je dirais, sur la minorité anglophone, pas seulement à Québec et sur la Rive-Sud, comme nous en discutions, mais dans les populations anglophones qui vivent dans les petites collectivités de l'ensemble de la province de Québec.
Encore une fois, il est très important de souligner, comme vous l'avez fait, l'importance particulière de la radio — la première chaîne de CBC/Radio-Canada — comme source d'information fiable et de confiance pour ces collectivités, pas seulement à Québec, mais dans toute la province.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l'expérience à cet égard, au‑delà de la seule ville de Québec?
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Oui, absolument, madame Gainey. Je vous remercie de poser la question.
Dans des régions comme la Basse-Côte-Nord ou même la Côte-Nord, l'accès à Internet est inégal au mieux, voire inexistant. Nous parlons d'endroits où, à l'été, vous ne pouvez vous déplacer par voie terrestre. Il n'y a pas de route qui relie ces gens. Nous parlons de collectivités complètement déconnectées de tout, y compris d'un accès fiable à Internet.
CBC/Radio-Canada est la seule source d'information. Je suis surprise et troublée par ces données. Cela m'attriste. Je l'ai vu disparaître dans notre collectivité. Nous ne voyons plus la Gazette ni aucun autre média imprimé en anglais qui venait autrefois dans la région. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le Quebec Chronicle-Telegraph est le seul média imprimé auquel nous avons accès à Québec. Dans des régions de toute la province, je pense qu'il y a le Spec sur la côte de la Gaspésie et un journal local en Estrie, mais autrement, pour ce qui est des médias anglophones, il y a CBC Radio One. Il y a des années, nous avions Global, qui avait un bureau à Québec, mais il a disparu depuis longtemps.
Il est essentiel d'avoir des ressources proches du terrain. Lorsque je parle d'être « sur le terrain », je parle des collectivités locales. Il y a une minorité anglophone dans chaque région administrative de cette belle province, et ces gens ont besoin des nouvelles locales pour pouvoir accomplir leur devoir civique, être informés de défis et de questions importants qui se déroulent près de leur maison et pouvoir se faire une opinion et exercer leurs droits démocratiques.
CBC/Radio-Canada fait partie du tissu qui compose nos collectivités. Oui, nous ne sommes pas nombreux et n'avons peut-être pas la masse critique nécessaire pour pouvoir détenir nos propres médias privés locaux, mais c'est pourquoi CBC/Radio-Canada est si importante. Je dois rappeler à tous que la survie de notre communauté en dépend. L'article 42 de la Loi sur les langues officielles dit que CBC/Radio-Canada a le mandat de protéger cette information, et une responsabilité envers les collectivités francophones et anglophones de l'ensemble du pays.
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Je suis d'accord avec vous. Je pense que c'est un point important. Merci de l'avoir soulevé, ainsi que la Loi sur les langues officielles, pour ce qui est de l'ensemble du pays.
Comme Mme Tait et, en fait, Mme Bouchard, l'ont souligné la semaine dernière, il y a une idée selon laquelle nous pouvons définancer la CBC et protéger Radio-Canada ou protéger l'offre francophone. Je pense que les deux ont très clairement énoncé que ces deux organisations sont très étroitement liées. Elles partagent des bureaux; elles partagent des ressources, et vous ne pouvez tout simplement pas définancer la CBC ou lui causer un préjudice sans aussi causer un préjudice à Radio-Canada, qui est un autre élément important. Par conséquent, nous nuirions davantage à un système très fragile qui existe à Radio-Canada et à CBC/Radio-Canada au Québec et dans la communauté anglophone là‑bas également. Je suis bien consciente de l'importance de la CBC pour le groupe linguistique minoritaire au Québec.
Certains disent que si nous devions nous débarrasser de la CBC ou de Radio-Canada, nous verrions d'autres sources de nouvelles prospérer. Depuis 2008, 104 organes médiatiques québécois ont fermé leurs portes ou ont fusionné. Avez-vous vu de nouvelles sources médiatiques prospérer? Avez-vous vu d'autres sources essayer de prendre cet espace et de combler ce rôle dans notre démocratie et dans nos collectivités au Québec?
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Merci, madame la présidente. C'est court, deux minutes et demie.
Madame Sims, plus tôt, vous avez dit que vous étiez contre le financement de CBC. Vous avez appelé cela le corporate welfare. Du moins, c'est ce que j'ai entendu. Toutefois, quand je vais sur le site de la Fédération canadienne des contribuables, je ne vois aucune dénonciation de votre part des allégements fiscaux qui sont accordés par le gouvernement aux pétrolières de l'Alberta.
Comme vous êtes contre le corporate welfare, j'imagine que vous êtes absolument scandalisée par les milliards de dollars qui sont accordés par le fédéral aux compagnies pétrolières, qui font des milliards de dollars de profits.
J'aimerais avoir vos observations là-dessus.
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Comme je l'ai déjà dit, nous pensons que la clé est un financement durable à long terme. Il est impossible de diriger une organisation aussi importante que CBC/Radio-Canada selon un calendrier de 12 mois. C'est un objectif qui évolue sans cesse.
Selon moi, l'idée que le budget de CBC/Radio-Canada soit simplement un poste budgétaire du gouvernement fédéral est incroyablement… Franchement, cela semble ridicule. Si nous pouvons faire quelque chose pour changer cela, nous devrions le faire, pour toutes les raisons que j'ai mentionnées auparavant. Lorsque vous travaillez selon un calendrier de 12 mois, comment mettez-vous en œuvre une vision et comment atteignez-vous les objectifs?
En outre, comme nous l'avons dit dans notre déclaration préliminaire, et je vais me répéter, la gouvernance est fondamentale. Les nominations au conseil d'administration devraient être beaucoup plus indépendantes. Nous pensons que l'indépendance du conseil d'administration et de la nomination du PDG aidera à résoudre le problème de transparence et de reddition de comptes que le public éprouve, et cela nous rendra plus forts.
C'est aussi très important. Si vous regardez la BBC, elle est assujettie à une charte en vertu de laquelle son mandat est révisé tous les 7 à 10 ans. Cela comprend des engagements en matière de rendement, une responsabilité à l'égard du public et un financement sûr. Tout comme vous faites entretenir votre voiture tous les six mois ou tous les 3 000 kilomètres, ou peu importe, nous devons faire des vérifications régulières de notre radiodiffuseur public national. Cela assurera sa viabilité à long terme.
Comme nous l'avons déjà dit, CBC/Radio-Canada doit se remettre à diffuser des nouvelles locales et régionales de façon importante, en augmentant le nombre de ses employés sur le terrain dans les petites collectivités. Cela aura une grande incidence sur la survie et la prospérité de la Société.
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Je pense que c'est une question de reddition de comptes, quelque chose que la Fédération des contribuables réclame toujours.
La PDG, encore une fois, je le souligne, gagne environ 500 000 $ par année. La prime à laquelle elle a droit est supérieure à ce que gagne la famille canadienne moyenne en une année entière, sur l'ensemble de ses chèques de paye. Le fait que la Société ne rende pas de comptes est donc très préoccupant pour les contribuables, et nous ne croyons pas que cela puisse être réglé. Nous ne pensons pas que le gouvernement devrait injecter plus d'argent dans la Société. L'idée même est étonnante, car actuellement, CBC/Radio-Canada reçoit 1,4 milliard de dollars, et encore une fois, pour mettre les choses en perspective, cela représente les factures d'épicerie de 85 000 familles pendant une année entière. C'est une somme d'argent scandaleuse.
Quant à l'idée de verser plus d'argent à la Société alors qu'elle rend de moins en moins de comptes, nous ne pensons tout simplement pas que ce soit acceptable.
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Je pense qu'il faut qu'il y ait une conversation sur le sujet.
Vous avez dit, et vous l'avez dit très clairement, qu'il ne devrait pas y avoir de subventions de l'État, point final, et qu'il ne devrait certainement pas y avoir de subventions aux médias au Canada.
Êtes-vous inquiète du niveau de subvention que Postmedia reçoit du gouvernement fédéral, qu'il a à présent intégrée dans son plan d'affaires, et du fait qu'il prenne l'argent du contribuable, et verse des primes aux cadres, qui correspondent probablement, dans certains cas, à 10, 15, ou 20 fois plus que ce que CBC/Radio-Canada verse à ses cadres?
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Le Comité reprend les travaux. Nous reprenons la séance.
Je dois vous donner quelques informations. L'un de nos intervenants pour cette séance, Pierre Tousignant, ne peut pas comparaître. Mme Charette voulait comparaître, mais nous essayons toujours de la localiser, donc je vais entamer la séance. Je pense que nous devrions procéder sans continuer d'attendre que les gens arrivent.
Pour celles et ceux qui sont présents à la réunion, vous avez cinq minutes pour faire vos déclarations liminaires, et je vous préviendrai 30 secondes à l'avance pour que vous puissiez conclure. Vous pourrez apporter plus de précisions, s'il manque quoi que ce soit, au cours de la séance consacrée aux questions et aux réponses.
Bienvenue, madame Kolt, directrice, Culture et Initiatives communautaires, de Flin Flon. Veuillez commencer, madame Kolt, vous avez cinq minutes.
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Merci beaucoup, madame la présidente, messieurs les vice-présidents et membres du Comité.
Je tiens à sincèrement remercier le Comité de l'invitation à comparaître ce matin en tant que témoin devant le Comité permanent du patrimoine canadien pour discuter des conséquences du retrait de financement de CBC/Radio-Canada. J'apprécie sincèrement le fait que le Comité ait prévu de faire entendre une voix du Nord.
Pour vous donner une explication sur la façon dont je me suis formé une opinion sur le sujet, j'aimerais commencer par vous parler un peu de moi. Mon mari, Mark, et moi avons déménagé de Winnipeg à Flin Flon, au Manitoba, il y a presque 30 ans. Flin Flon est une ville semi-éloignée de 5 000 habitants, située à 800 kilomètres au nord de Winnipeg, et qui chevauche la frontière entre le Manitoba et la Saskatchewan. Nous sommes diplômés de l'école de musique de l'Université du Manitoba et nous avons étudié le piano en duo à New York. Mark était un accompagnateur pour la Royal Winnipeg Ballet et la compagnie Winnipeg's Contemporary Dancers.
Nous craignions que le budget de ces organisations ne subisse une réduction, donc Mark a décidé de changer de carrière. Il a été accepté à la faculté de droit, ce qui finalement nous a amenés dans le Nord, dans la petite ville de Flin Flon. Nous pensions que nous allions laisser tomber notre amour pour les arts à tout jamais, mais nous nous trompions lourdement.
Le Nord regorgeait, et c'est toujours le cas, de débouchés et d'ambition, surtout en ce qui a trait à la culture et à l'art. Depuis notre arrivée dans le Nord du Manitoba en 1995, nous avons fondé la Flin Flon Community Choir, qui s'est produite quatre fois au Lincoln Center et à Carnegie Hall, et a plus récemment participé à la première mondiale de la toute nouvelle œuvre d'Ola Gjeilo, Twilight Mass. Nous avons produit des comédies musicales de Broadway pour le public du Nord, comme Les Misérables et Mamma Mia! Nous avons fait découvrir la plupart des chefs-d'œuvre classiques aux choristes et au public du Nord, en jouant avec les orchestres symphoniques de Saskatoon et Winnipeg. J'ai fait partie du groupe de travail pour la Fête de la culture et j'ai siégé au Conseil des arts du Manitoba. Aujourd'hui, je siège aux conseils du Manitoba Chamber Orchestra, de la Manitoba Association of Playwrights et de l'Association chorale du Manitoba. Je suis la directrice actuelle de la culture et des initiatives communautaires à Flin Flon. Pendant 15 ans, j'ai occupé le poste de coordinatrice culturelle au Flin Flon Arts Council.
Je fais actuellement partie du conseil d'administration de l'organisme qui a fondé l'Uptown Emporium en 2020. Il s'agit d'un marché à la fois physique et en ligne pour les artistes et les artisans du Nord. Nous avons mis au point un plan d'exportation pour les produits du Nord du Manitoba, et pendant 15 ans, nous avons travaillé à la mise sur pied de la North Central Canada Centre of Arts & Environment. Nous avons plus récemment reçu un financement pour le réseau imagiNorthern du Conseil des arts du Canada, qui vise à soutenir et à améliorer la prospérité et le bien-être des artistes du Nord ainsi que de leurs communautés par l'entremise du secteur créatif.
Je me demandais si vous aviez entendu parler de l'un ou l'autre de mes projets. Le seul moyen par lequel je partageais cette information à l'échelle nationale, c'est par l'entremise de CBC/Radio-Canada. Les réseaux sociaux sont trop unidirectionnels. Si vous n'êtes pas mon ami sur Facebook, Instagram ou LinkedIn, il se peut que vous n'ayez aucune idée ou ne soyez pas au courant de mon travail.
Cela fait plusieurs années que nous n'avons pas eu de journaliste permanent dans le Nord du Manitoba. Ma relation avec CBC/Radio-Canada est bilatérale. Je dois avoir l'occasion de partager mes histoires avec le reste du pays. Les communautés rurales et du Nord dépendent de CBC/Radio-Canada pour recevoir de l'information factuelle, professionnelle et régulière sur les affaires internationales, nationales, provinciales et locales. Je crois que tous nos partis gouvernementaux ont compris que le pays est une mosaïque de voix, et que les voix rurales et du Nord doivent être entendues.
Comment garantir que ces voix soient entendues si nous fournissons moins de ressources et de soutien à l'entreprise? Comment est‑ce qu'un seul journaliste, si nous sommes assez chanceux pour en avoir un, peut servir tout le Nord du Manitoba? À mon avis, retirer le financement de CBC/Radio-Canada est une erreur. Je crains que, en affaiblissant la société, nous ne la condamnions à une mort lente. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons soutenir cette entreprise. De plus, qui remplacerait cette voix nationale? Certes, il ne fait aucun doute que ce vide sera comblé, mais je crains qu'il ne le soit par des myriades de Joe Rogan, de Rachel Maddow et Sean Hannity, à la place de nos voix canadiennes.
Le fait de perdre entièrement CBC/Radio-Canada serait dévastateur. Notre perspective doit être unie à l'échelle nationale. Mon fils aîné, un père de trois jeunes enfants, a exprimé à quel point il était important et très rassurant que la ait annoncé que le gouvernement échafaudait des stratégies pour composer avec une possible administration Trump avant les élections américaines. Avant d'avoir dit cela, il avait dit qu'il était rassuré, car il savait que nous écoutions tous ensemble les nouvelles, en tant que nation, en même temps et sans rhétorique incendiaire. Les nouvelles qui nous affectent, nous relient tous dans ce pays énorme, et qui sont tirées d'une source de nouvelles nationale fiable... Comment pouvez-vous y mettre un prix?
Le coût de CBC/Radio-Canada a fait l'objet de critiques. Évidemment, je n'ai quasiment aucune autorité pour commenter ce sujet. Il va sans dire que de nombreuses choses coûtent de l'argent. La gestion financière de nos universités fait l'objet de bon nombre de critiques, mais nous avons besoin d'universités. Même chose pour notre système de soins de santé, nous avons besoin d'un système de soins de santé.
Les actuaires et les politiciens peuvent délibérer sur les politiques et les procédures jusqu'à ce qu'ils prouvent des théories et règlent des problèmes. C'est ce qui est attendu. J'ignore juste comment on arrive à formuler des politiques sans complètement comprendre et soutenir le domaine en question.
Au lieu de retirer le financement, je demande que nous prenions un autre chemin. Nous devons établir une station de radiodiffusion locale dans un désert médiatique comme le nôtre. Dans une région où les distances physiques sont immenses et l'accès à d'autres formes de communication est souvent limité, CBC/Radio-Canada représente plus qu'un simple radiodiffuseur. Il s'agit d'un pilier de la vie en communauté, un gardien du patrimoine culturel et un service essentiel pour favoriser les liens et comprendre le Nord du Canada. CBC/Radio-Canada joue un rôle vital dans les communautés du Nord, en servant de source vitale d'informations, de liens et d'expressions culturelles pour certaines des zones les plus reculées et diversifiées du Canada.
Sans présence sur le terrain et sans soutien nécessaire...
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Bonjour, madame la présidente et membres du Comité.
Je suis Carol Ann Pilon, directrice générale de l'Alliance des producteurs francophones du Canada, ou APFC.
L'APFC est une association professionnelle, et elle représente les sociétés de production francophones des communautés de langue officielle en situation minoritaire, ou CLOSM. Depuis 25 ans, notre travail consiste à promouvoir le contenu audiovisuel exceptionnel produit par nos membres et à défendre sa valeur culturelle, économique, identitaire et linguistique pour l'ensemble du pays.
Nos membres viennent des quatre coins du vaste territoire canadien, du Yukon à la Nouvelle‑Écosse, en passant par le Nouveau‑Brunswick, l'Ontario, le Manitoba, l'Alberta et la Colombie‑Britannique.
Par leurs activités, nos membres et tous ceux qui y sont associés contribuent au dynamisme économique, à la vie culturelle et à la pérennité des communautés dont ils sont issus, tout en assurant l'expression d'une diversité de voix francophones au pays. Ils produisent des histoires originales et captivantes pour la télévision, le cinéma et les médias numériques. Ces histoires sont empreintes du lieu unique d'où elles émanent, et elles enrichissent la diversité de l'offre audiovisuelle canadienne. La production francophone des CLOSM représente 7 % de l'ensemble de la production indépendante de langue française au Canada. Environ 40 % des émissions produites dans la francophonie canadienne sont diffusées par Radio-Canada.
Le rôle de notre diffuseur public national est fondamental pour notre secteur, et il l'est tout autant pour garantir l'épanouissement et le développement de la francophonie canadienne. Cela est d'autant plus vrai à l'ère numérique, où nous disposons de plus en plus de sources de diffusion, mais où les réalités régionales sont de plus en plus rares à l'écran. Les CLOSM francophones, et particulièrement les jeunes, ont besoin de se reconnaître dans les émissions et les films qu'ils regardent. Pour cela, ils doivent avoir accès à une offre de programmation canadienne abondante, diversifiée et représentative de toutes les communautés francophones du pays.
Radio-Canada a des responsabilités particulières en cette matière. Celles-ci sont consacrées dans la Loi sur la radiodiffusion ainsi que dans la Loi sur les langues officielles. Ces deux lois, actualisées en 2023, offrent d'ailleurs une meilleure reconnaissance à la production indépendante francophone et aux CLOSM.
Radio-Canada joue un rôle de premier plan en ce sens qu'il permet à nos producteurs d'occuper la place qui leur revient dans le système de radiodiffusion canadien, en plus de rendre accessible le contenu original que ceux-ci produisent.
Notre radiodiffuseur public national contribue au développement des talents canadiens et crée des occasions qui diversifient la production indépendante en fait de représentation non seulement des régions, mais aussi des genres. Offrir aux citoyennes et aux citoyens canadiens une programmation variée est indispensable dans le contexte actuel, où le paysage audiovisuel est de plus en plus uniformisé.
Grâce à Radio-Canada, des séries dramatiques d'envergure ont été produites par des sociétés de production indépendantes francophones à l'extérieur du Québec. Je pense à la série Le monde de Gabrielle Roy, au Manitoba, à Mont-Rouge, au Nouveau‑Brunswick, et à Eaux turbulentes, en Ontario. En soutenant ces productions de fiction à plus grand déploiement, Radio-Canada a su réaliser trois grandes actions: que les professionnels et créateurs de nos communautés puissent exploiter leurs talents; que les régions hors des grands centres se retrouvent à l'écran et qu'on raconte des histoires locales qui touchent tout le pays; et qu'une place de choix soit faite au contenu franco-canadien dans la programmation.
Radio-Canada est une voix unique et essentielle dans le paysage médiatique. Dans bien des cas, ses stations régionales sont souvent les seules à offrir une programmation locale en français. Les francophones vivant à Moncton, à Toronto, à Winnipeg, à Victoria ou à Whitehorse cherchent auprès de ces stations ce que les grands groupes de radiodiffusion privés n'arrivent pas à leur offrir, c'est-à-dire une programmation précise qui les cible directement et qui est en français. De plus, Radio-Canada est le seul diffuseur à offrir une tribune à une masse critique de francophones et francophiles, tant au Québec que partout ailleurs au pays.
Pour conclure, j'ajouterai que l'APFC convient que le mandat de la société d'État est robuste. Dans un écosystème en pleine mutation, ses obligations sont nombreuses, et elles peuvent créer de fortes pressions. Le financement public qui soutient le radiodiffuseur national est majeur, mais il est aussi conforme à ses obligations. Radio-Canada est une institution fondamentale pour la démocratie.
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Bonsoir, madame la présidente, messieurs les vice-présidents, messieurs Waugh et Champoux, et les membres du Comité.
Je m'appelle Sylvia Martin-Laforge. Je suis la directrice générale du Quebec Community Groups Network.
Le QCGN représente aujourd'hui la communauté anglophone du Québec, la plus importante minorité de langue officielle du Canada, qui compte plus de 1,3 million de membres. Nous avons pour mission de défendre les droits et la vitalité de cette communauté unique. Aujourd'hui, je vais souligner le rôle essentiel de CBC/Radio-Canada dans l'appui de notre communauté, les défis avec lesquels nous composons et les mesures que nous devons prendre pour y remédier.
Pour commencer, il est essentiel de comprendre que la communauté anglophone du Québec n'est pas un simple prolongement de la majorité anglophone du Canada. Nous sommes une communauté culturelle et linguistique distincte et diverse, aux besoins uniques. Malgré notre taille, notre représentation dans les programmes, autres que les nouvelles, reste limitée. De nombreux Québécois anglophones se sentent ainsi exclus des grandes histoires.
Notre communauté compose avec des défis de taille, en particulier en ce qui a trait à l'accès aux médias. Il existe un fossé immense entre les zones urbaines et les zones rurales. Par le passé, les zones urbaines, telles que Montréal, tiraient profit des médias de langue anglaise variés, tandis que les communautés rurales composaient avec des infrastructures limitées, une mauvaise connectivité et un manque de contenu pertinent pour la population locale. Cette disparité a créé des déserts médiatiques à certains endroits, où les habitants se retrouvent dépourvus d'accès à de l'information fiable concernant leurs communautés.
Si la montée des réseaux sociaux a fourni certaines possibilités, elle a causé son propre lot de problèmes. Les algorithmes sur ces plateformes accordent la priorité à un contenu propice non pas à l'information, mais plutôt à l'interaction. Cela favorise les chambres d'écho et réduit l'exposition à des perspectives diverses, ce qui contribue ainsi à davantage isoler les voix minoritaires. Les diffuseurs publics tels que CBC/Radio-Canada sont particulièrement bien positionnés pour contrer ces tendances en accordant la priorité à l'inclusivité, à la diversité et aux reportages nuancés au niveau tant régional que local.
[Français]
La radiodiffusion publique joue un rôle essentiel dans notre démocratie. Le réseau CBC n'est pas seulement un diffuseur; il s'agit d'une plateforme essentielle pour favoriser une citoyenneté informée et un discours inclusif. Les radiodiffuseurs publics renforcent la démocratie en fournissant des informations indépendantes, en promouvant le pluralisme et en tenant les dirigeants responsables de leurs actions. Pour paraphraser le politologue français Loïc Blondiaux, la démocratie, ce n'est pas le vote, c'est le débat qui le précède. CBC a toujours servi de forum au Canada, un espace public visant la tenue de débats éclairés et le partage des valeurs.
[Traduction]
Cependant, les problèmes surgissent lorsque CBC/Radio-Canada fonctionne comme un radiodiffuseur commercial, en privilégiant les cotes d'écoute au lieu de son mandat public. Les décisions de programmation centralisées prises à Toronto ont souvent négligé les besoins et aspirations des Québécois anglophones. Cette déconnexion mine le potentiel de CBC/Radio-Canada de jeter des ponts entre les communautés.
C'est au moment critique où nous en sommes que nous devons prendre des mesures décisives pour consolider le rôle de CBC/Radio-Canada en tant que diffuseur public. Cela suppose que CBC/Radio-Canada refasse le point pour qu'il s'assure d'octroyer en priorité des ressources pour servir les communautés minoritaires de façon efficace, de privilégier du contenu local et régional pour garantir la production et l'amplification d'histoires qui reflètent la diversité du Québec anglophone, d'investir dans l'infrastructure dans les communautés éloignées et rurales afin de combler le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines en améliorant la connectivité et l'accès aux talents et au contenu localisé, et de favoriser la collaboration afin de nouer des relations plus fortes entre l'entreprise et les organisations communautaires comme Y4Y — notre groupe de jeunes —, le Réseau du patrimoine anglophone du Québec et, bien sûr, le QCGN.
Pour conclure, CBC/Radio-Canada n'est pas qu'un simple radiodiffuseur. Il s'agit d'un pilier de notre structure culturelle et démocratique. Pour la communauté anglophone du Québec, CBC/Radio-Canada est une ressource vitale qui relie les communautés isolées, amplifie les voix minoritaires et favorise le fait d'avoir des citoyens informés.
Assurons-nous que CBC/Radio-Canada continue de servir en tant qu'agora à tous les Canadiens, de lieu où toutes les voix peuvent être entendues, les histoires, partagées, et les débats, façonner notre avenir.
Merci.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invitée à venir vous présenter le point de vue de notre organisation sur ces questions d'intérêt.
Je m'appelle Annick Charette. Je suis présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture, ou FNCC.
D'entrée de jeu, il m'a été difficile de situer exactement l'enjeu entourant les centaines de suppressions d'emplois à CBC/Radio-Canada. Les chiffres que nous possédons relativement à l'effectif de l'année précédente sont les suivants: 141 personnes au total ont perdu leur emploi, et 205 postes vacants ont été supprimés, ce qui fait un total de 346 postes sur l'ensemble de l'effectif de CBC/Radio-Canada, d'un océan à l'autre.
Dans les conditions actuelles, ces coupes de postes ont plus de répercussions sur la charge de travail des équipes que dans les services rendus à la population. Cependant, il ne faut pas minimiser les effets de la politique, qui vise à en faire toujours plus avec moins. On parle de stress accru, de multiplication des tâches, d'horaires prolongés et, dans le cas de l'information, de difficultés à couvrir un territoire de plus en plus grand avec un minimum de personnel.
Les travailleurs et les travailleuses de Radio-Canada sont des professionnels dévoués. Ils ont à cœur de servir le public en faisant preuve d'un engagement de qualité. Avant tout, ils portent en eux la fierté de travailler au sein du média de service public canadien, car, pour eux, Radio-Canada est un fleuron national.
Cela dit, c'est d'ailleurs de l'essence même de ce service public qu'il convient de discuter.
Radio-Canada appartient aux Canadiens. C'est un contrat social établi depuis presque 100 ans. La mission de Radio-Canada est de représenter l'essence et les valeurs du Canada à sa population, de lui garantir l'accès à de l'information de qualité sur l'ensemble de son territoire, de rejoindre les foyers canadiens les plus isolés pour créer une fenêtre sur ce pays exceptionnel, qui s'étend sur six fuseaux horaires et environ 9 980 000 kilomètres carrés. Aucun autre diffuseur ne peut remplir ce mandat, aucun réseau social n'a cette mission de se dévouer au peuple canadien et de refléter la réalité des Canadiens.
Plus que jamais, le média de service public a un rôle à jouer pour maintenir la cohérence de la société dans laquelle nous vivons. Il doit être le miroir et le porte-voix de la diversité, de ce qui nous distingue et de ce qui devrait nous unir par rapport à la mondialisation des marchés et à l'hyper domination de la standardisation américaine sur tous les modèles de consommation de produits audiovisuels.
Sommes-nous prêts, comme société, à abandonner la représentation de notre réalité et de notre identité culturelle, celle du Québec comme celle du Canada, aux humeurs des intérêts économiques du secteur privé ou à celles des multinationales telles que Netflix et Disney? C'est la question que nous devons nous poser quant à la valeur de CBC/Radio-Canada.
Sommes-nous disposés à effacer la spécificité de la culture canadienne et québécoise dans l'espace numérique?
L'information locale, partout au pays, tente de se maintenir tant bien que mal, en composant avec une baisse de 70 % de ses revenus publicitaires. Les fermetures de journaux se comptent par dizaines, et les radios et les chaînes de télévision réduisent leur couverture, ce qui fait qu'ils subissent une forte baisse de leurs revenus traditionnels.
Dans ce cadre, remettre entièrement aux salles de nouvelles du secteur privé la responsabilité de couvrir tout le territoire canadien est non seulement irréaliste, mais aussi irresponsable. Les déserts d'information s'étendent partout au pays, et CBC/Radio-Canada est la seule à pouvoir en stopper l'avancement. De plus, des citoyens bien informés sont le fondement d'une démocratie solide et éclairée.
Cela dit, est-ce que tout est parfait sous le toit de notre diffuseur public? Évidemment, la réponse est non. D'ailleurs, ce ne l'est pas non plus pour aucun média de service public partout dans le monde. Cette vocation et cette ambition ne peuvent se réaliser sans y associer des principes déterminants comme l'indépendance et la transparence ni sans l'apport d'un financement stable et pluriannuel, qui garantit sa capacité de se projeter dans l'avenir.
Le monde médiatique actuel se caractérise par la surabondance des contenus disponibles, par une pression concurrentielle croissante et par une mondialisation de l'offre. Il ne faut pas minimiser la très grande importance de CBC/Radio-Canada dans l'écosystème de production de contenu audiovisuel. Mettre à mal notre média de service public, c'est mettre en danger beaucoup d'acteurs de l'industrie médiatique, de producteurs de contenu, d'artistes, d'artisans et de travailleurs qui en vivent.
Radio-Canada, dans sa forme actuelle, ses pratiques et sa façon de faire, est-elle en mesure de faire face aux défis actuels et aux nouveaux paradigmes qui définissent son champ d'action? C'est une bonne question. Le contrat social implicite qui le lie au public est-il encore valable? On constate une distance croissante avec le public et encore plus à l'égard du jeune public, malgré des tentatives de s'en rapprocher.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour à tous. Merci d'être venus.
La nuit dernière, je sautais d'une chaîne à l'autre, et je suis tombé sur PBS Detroit. Ils organisaient une collecte de fonds à l'occasion des 90 ans de Willie Nelson. Croyez‑le ou non, les Canadiens ont sorti leurs portefeuilles et leurs cartes de crédit en soutien à PBS TV de Detroit. Ils étaient d'un grand soutien. Ils disposent de plusieurs programmes. En fait, je regarde PBS Detroit ici en Saskatchewan.
Je ne vous apprends rien si je vous dis que les médias ethniques explosent en ce moment même au Canada. Leurs voix ne sont pas entendues, donc qu'est‑ce qu'ils font? Ils ne peuvent pas facilement faire appel au gouvernement fédéral, donc, au lieu de cela, ils se sont mis à travailler d'arrache-pied avec leurs communautés pour faire entendre leurs voix par l'entremise des médias ethniques.
Je fais remarquer, madame Kolt, que les débuts d'APTN remontent à 1992. Pourquoi? Parce que le diffuseur public ne répondait pas à l'intégralité des besoins de la programmation autochtone, donc, en 1992, APTN a vu le jour. Aujourd'hui, c'est nous qui payons l'abonnement par l'entremise de notre câble.
En Saskatchewan, nous avons radio Missinipi à La Ronge. Ils font de l'excellent travail à La Ronge, et diffusent des histoires du Nord.
En Saskatchewan, je connais au moins quatre groupes autochtones qui souhaitent demander au CRTC de mettre sur pied une radio communautaire sans subventions du gouvernement fédéral.
Madame Colt, qu'en pensez-vous? Certaines personnes n'attendent pas que le gouvernement fédéral leur donne davantage d'argent. J'ai parlé de trois ou quatre exemples où les groupes ethniques et autochtones se sont mobilisés eux-mêmes pour amasser des fonds, et pour avoir une voix au sein de leur communauté. Qu'est‑ce que vous en pensez, vous qui venez de Flin Flon?
Madame Tait, la semaine dernière... CBC/Radio-Canada est incapable de garder un journaliste dans le Nord du Manitoba, et pourtant, la société est allée voir le gouvernement fédéral soutenant qu'elle avait besoin de 42 millions de dollars de plus, car son contrat l'obligeait à payer. La moitié de ces 42 millions de dollars a été allouée à la rémunération au rendement.
Êtes-vous d'avis que CBC/Radio-Canada gère atrocement mal son budget, dans la mesure où les bureaux de Winnipeg et ceux à Toronto grouillent de personnel de direction, mais qu'on ne sait pas affecter du personnel là où il faut? J'ai vu la semaine dernière qu'on avait annoncé en grande pompe qu'on allait embaucher 25 autres journalistes locaux et régionaux. Selon moi, il faut retirer les personnes à la direction et affecter des journalistes dans des zones rurales comme la vôtre, qui en ont plus que jamais besoin.
Madame Kolt, pouvez-vous me donner votre avis sur ce sujet? Nous avons vu qu'il y avait une explosion de personnel à la direction et [inaudible] n'est pas versé là où il faudrait, comme beaucoup de personnes en ont parlé ici, dans le Canada rural.
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Merci beaucoup, madame Pilon.
[Traduction]
Madame Kolt, ma prochaine question s'adresse à vous. Je vais tenter de regrouper toutes mes questions.
Nous avons entendu dire qu'il y a un conflit d'intérêts entre CBC/Radio-Canada et le gouvernement. Il y a 18 pays qui ont un radiodiffuseur public comme CBC/Radio-Canada. Croyez-vous qu'ils sont tous en conflit d'intérêts?
Pour ce qui est de ma deuxième question, je vais plutôt faire un commentaire. On nous compare aux États-Unis, seul pays du G7 sans radiodiffuseur public. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
Ma troisième question est la suivante: à votre avis, à quel point est‑il important que le Canada ait un radiodiffuseur national pour se protéger de l'ingérence étrangère et de la désinformation?
Merci, madame Kolt.
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Merci, madame la présidente.
Je suis bien content de pouvoir accueillir Mme Charette, qui a eu beaucoup de problèmes techniques et qui a fait beaucoup d'efforts pour les régler, ce matin. Merci de votre persévérance, madame Charette.
J'ai prêté attention à vos propos lors de votre présentation. J'en conclus qu'il faudrait tenir tellement de discussions concernant CBC/Radio-Canada que nous sommes en train de perdre du temps précieux en ce moment. En effet, nous devons nous défendre contre des trucs qui, à mon sens, n'en ont aucun, au lieu de concentrer nos énergies sur l'avenir de notre diffuseur public. Or, à peu près 80 % des Canadiens, de même qu'une proportion encore plus grande de Québécois, s'entendent pour dire qu'il est nécessaire de le faire.
Quant à moi, je préfère que nous parlions de l'avenir plutôt que de perdre du temps à nous défendre contre des propos populistes qui relèvent plus de la désinformation que des faits et contre un argumentaire qui vise à retirer ou à réduire le financement de CBC. Cette idée, vous et moi ne la partageons évidemment pas.
Je sais que vous avez participé à un exercice de réflexion sur le renouvellement du mandat du diffuseur public et que la pérennité de celui-ci vous tient à cœur. Vous représentez quand même 6 000 membres du secteur de l'information, dont plusieurs gravitent autour de CBC/Radio-Canada.
Comment entrevoyez-vous l'avenir? Comment doit-on s'y prendre pour protéger ce diffuseur public dans les années à venir, dans ce contexte changeant, qui a déjà beaucoup changé depuis la dernière refonte de son mandat?
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Votre question comporte plusieurs éléments, mais je vais essayer d'y répondre le plus brièvement possible.
Comme je l'ai dit, Radio-Canada est un fleuron national et un radiodiffuseur public solide, qui répond à des standards élevés, lesquels sont reconnus internationalement.
J'ai en main une petite note tirée d'une lecture que j'ai faite sur le site de l'Organisation des Nations unies, ou ONU. M. Andrei Richter, professeur à l'Université Comenius, à Bratislava, écrivait ce qui suit:
Dans la cacophonie actuelle des messages contradictoires, de la désinformation et des interprétations contradictoires des événements, les [médias de service public] sont la voix d'un journalisme d'investigation de qualité s'appuyant sur la vérification des faits, le contexte et la raison. À cet égard, ils sont en mesure d'établir une norme pour les médias commerciaux afin d'assurer la diffusion d'informations opportunes et fiables au public, en particulier dans les situations d'urgence.
Je crois que cela résume assez bien le mandat de Radio-Canada. Ce qu'il faut retenir, c'est que le diffuseur public est mandaté par le gouvernement et par le peuple canadien pour dispenser ce service partout sur le territoire. Radio-Canada doit rendre des comptes aux gens du Manitoba, du Nord du Québec et de la Colombie‑Britannique, notamment, et c'est ce qu'il fait.
Devons-nous nous interroger sur son budget ou sa gestion? Il faut, bien sûr, avoir cette conversation afin de permettre à Radio-Canada de se moderniser. Il faut tenir cette discussion, mais il faut le faire en faisant preuve d'ouverture. Il ne faut pas qu'il y ait de dérives idéologiques. Il faut donner au peuple canadien une télévision forte, et il faut continuer à lui en offrir une à l'avenir. Il est vrai que le fait de retirer ou de réduire le financement de CBC aurait une incidence sur Radio-Canada au Québec, même si ce n'est pas dit de façon claire, nette et précise.
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Je pense que personne n'est dupe à cet égard, madame Charette. Nous avons tous compris que cela aurait une incidence majeure sur le milieu culturel, le milieu de l'information et les services en français partout au Canada.
Cela dit, j'aimerais parler de la question du financement.
Comme vous l'avez mentionné dans votre allocution d'ouverture, le financement du diffuseur public est à peu près de 33 $ par année par Canadien. On paie plus cher que ça pour Netflix, pour Spotify et pour un paquet d'autres abonnements. Pourtant, on dirait que 33 $ par année, ça fait peur à bien du monde. Vous l'avez dit vous-même, la moyenne mondiale tourne autour de 85 $ ou 88 $. En Allemagne, chaque citoyen paie 140 $ ou 150 $ par année. On n'entend pas les Allemands se plaindre de payer trop cher.
De plus, la réalité n'est pas la même au Canada. Ici, il faut couvrir les nouvelles dans les deux langues officielles et dans plusieurs langues autochtones.
On décrie souvent les bonis et le fait que CBC/Radio-Canada s'approprie une partie de la tarte publicitaire. La solution ne serait-elle pas de bien faire passer le message et d'augmenter considérablement le budget annuel de CBC/Radio-Canada quant au coût par habitant?
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Je pense qu'il faut non seulement maintenir le financement actuel, mais qu'il faut aussi l'enrichir. On a parlé des petits médias et des gens qui se sentent en compétition. Il faut se le dire: si Radio-Canada arrêtait de faire de la publicité, ça ne veut pas dire que ses revenus publicitaires iraient dans la poche des diffuseurs privés. Ils ne feront pas du dédoublement.
Par contre, je pense que la vision de Radio-Canada pourrait aussi comprendre le fait de soutenir l'information locale en partageant certains éléments de son existence avec des médias locaux qui ont aussi besoin de soutien, puisqu'ils ne peuvent plus survivre compte tenu de leurs revenus actuels.
Il y a peut-être des solutions, mais il faut avoir cette conversation. Comme je l'ai dit, il faut le faire en faisant preuve d'ouverture. Il ne faut pas mettre le couvercle sur la marmite qu'est Radio-Canada en disant que ça ne vaut plus rien, qu'on met ça de côté et qu'on doit réinventer le modèle. Nous avons quelque chose de solide, et il faut continuer de travailler là-dessus. Il faut, bien sûr, qu'il y ait une reddition de comptes. Nous sommes en droit de nous interroger sur les allocations budgétaires ou sur...
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Merci, madame la présidente.
Madame Kolt, merci beaucoup d'être venue nous parler aujourd'hui, de vous joindre à nous aujourd'hui et de nous faire part de votre travail visionnaire qui a tant apporté à notre région, à notre province et à notre pays. Merci de nous faire part de votre travail dans le domaine des arts, qui a aidé un si grand nombre d'artistes du Nord et d'artistes autochtones de notre région.
Vous avez transmis un message clair au sujet de l'importance de CBC/Radio-Canada pour les habitants des régions rurales du Nord. Vous avez également, par ailleurs, parlé de la nécessité que notre radiodiffuseur public investisse dans les régions comme la nôtre.
Je sais que vous avez fait mention de Peter Mansbridge. Notre région a déjà eu un bureau dynamique de CBC/Radio-Canada. En fait, Peter Mansbridge, comme nous le savons tous, du moins ici, a d'abord été découvert à Churchill, puis a été amené à CBC/Radio-Canada. Par exemple, Cynthia Greer de la bande de la Nation des Cris de Norway House a été l'une des premières personnes au pays à offrir des émissions entièrement en cri dans le cadre de la programmation locale de la station de CBC/Radio-Canada à North Country.
Il y a plusieurs années, Eric Robinson a travaillé comme producteur et radiodiffuseur pour CBC/Radio-Canada ici, dans le Nord du Manitoba. Ensuite, bien sûr, il est devenu un ministre du gouvernement. De plus, bien entendu, il y a Mark Szyszlo, qui a travaillé durant des décennies à notre station ici, à Thompson, mais il offrait des services à toute la population du Nord en circulant dans la région, en établissant des liens entre les communautés et en faisant part de nos histoires; non seulement, comme vous l'avez souligné, aux membres de nos propres communautés, mais surtout, à notre province, à notre pays et, dans certains cas, au monde.
Je me demandais si vous pouviez nous dire ce que cela faisait, étant donné le travail que vous faites, d'avoir la présence de CBC/Radio-Canada dans notre région, et ce qui en est ressorti? Pourriez-vous comparer cela à la situation depuis 2017 lorsque Mark Szyszlo a quitté son poste, quand notre station a été fermée et qu'il y a eu une couverture intermittente ici, dans le Nord?
Lorsque nous avons déménagé dans le Nord, nous pensions vraiment trouver une manière de rester connectés au reste du monde. Avoir un contact direct avec le monde... je ne peux exprimer à quel point c'était important, parce qu'il est vraiment compliqué d'essayer de rester en contact lorsqu'on est si loin des autres.
J'ai été en mesure de rencontrer pour la première fois Mark Szyszlo parce qu'il se promenait partout dans le Nord. Il allait dans chacune des communautés. Je pouvais l'appeler au sujet de... que ce soit au sujet de notre premier concert à Carnegie Hall ou de n'importe quoi dont nous voulions parler ensemble. Il était celui qui décidait s'il valait la peine ou non d'aller dans le Sud ou ailleurs dans le pays. Je me fiais à son opinion. Je me fiais à son professionnalisme. Je savais qu'il se souciait de ce qui se passait dans ma région et dans tout le Nord du Manitoba. C'est comme si quelque chose s'était éteint lorsqu'il est parti.
Donc, CBC/Radio-Canada a essayé très fort de maintenir une certaine communication entre le Nord et le Sud, mais c'est, à mon avis, pratiquement impossible d'y parvenir sans faire le travail sur le terrain, parce que la région est très grande et qu'il y a tant de choses qui se passent. Certaines choses font défaut à moins qu'il y ait une personne là‑bas pour nous soutenir.
C'est comme le jour et la nuit. Je travaille d'arrache-pied pour transmettre mon message. Toutefois, une fois de plus, c'est... je ne dirais pas impossible, parce que je crois que tout est possible au Canada, mais c'est extrêmement difficile. À mon avis, dans le Nord, j'ai l'impression que le travail que j'essaie de faire dans mon domaine est encore en grande partie « un travail de pionnier ». De nouvelles possibilités se présentent encore chaque jour, mais je dois être en contact avec mon milieu, mon pays et ma province, et cela fait défaut. Les cinq dernières années ont été très difficiles.
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Je ne vous surprendrai pas en vous disant que, pour les francophones, c'est une question de survie. Chez les anglophones, il y a peut-être une offre beaucoup plus grande sur le marché. De plus, d'autres services correspondent peut-être mieux à certains goûts du public anglophone. Ce qui m'inquiète, c'est que le public anglophone ne puisse plus faire la différence entre ce qui vient des États‑Unis et ce qui vient du Canada. Je suis aussi préoccupée par le fait que les anglophones consomment à la pièce.
L'obligation d'être performant est une chose. L'obligation de représenter la société en est une autre. Représenter la société canadienne, ça veut dire lui donner une voix au moyen de productions qui restent à faire et qui représentent des questions particulières pour les Canadiens.
Je ne sais pas si ce genre de production rejoindra un grand public. Cependant, si 25 000 personnes aiment l'opéra et que vous leur offrez ce contenu, vous avez atteint votre objectif de façon optimale. Je ne sais pas s'il faut offrir plus de contenus liés à l'opéra, mais c'est ça, la diversité. Les choix des diffuseurs sont importants.
Au Québec, il y a un public captif, parce que l'offre en français n'est pas très grande. Du côté anglophone, il y a une offre assez grande, mais cela n'a rien à voir avec la mission ou la performance. Si on évalue le diffuseur public uniquement en fonction de sa performance, on perd de vue l'objectif de son mandat.
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Comme Mme Charette l'a déjà mentionné, une offre incroyable de contenu médiatique de langue anglaise est disponible partout pour les Canadiens. De plus, ce contenu anglophone est aussi disponible pour les francophones. On voit que le taux de bilinguisme augmente au Canada, particulièrement dans les communautés francophones en situation minoritaire. Cela fait partie de notre réalité depuis toujours. On vit parmi les anglophones et on travaille parmi eux. La concurrence qui existe entre la production anglophone et la production francophone destinée aux communautés de langue française en milieu minoritaire est donc très importante.
Étant donné que la société Radio‑Canada est présente dans les régions, elle est en mesure d'offrir des contenus en français aux francophones en milieu minoritaire. Elle offre de l'actualité, mais aussi du divertissement qui est produit, par exemple, par les membres de l'Alliance des producteurs francophones du Canada. Néanmoins, l'offre de contenus francophones à laquelle les communautés francophones hors Québec ont accès est quand même beaucoup moins grande que l'offre à laquelle les Québécois ont accès.
De plus, grâce à sa présence, ce qui fait partie de son mandat, Radio‑Canada assure qu'il y ait des contenus qui sont un miroir des communautés. Ça devient encore plus important qu'auparavant, particulièrement chez les jeunes, car on sait à quel point ils consomment des contenus sur des plateformes comme YouTube. Beaucoup d'entre eux sont bilingues. Ces jeunes peuvent donc consommer de plus en plus de contenus médiatiques en anglais. C'est pourquoi il est important de continuer à soutenir la production de langue française et à offrir...
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Je vous remercie, monsieur Gourde, de votre question.
[Traduction]
Je dois dire que, au Québec, CBC/Radio-Canada est gérée depuis Toronto.
Malheureusement, nous croyons que le fait d'accorder une plus grande attention à la communauté anglophone du Québec, certainement dans les régions rurales, serait très utile pour notre communauté, pour nos jeunes et pour les emplois au Québec; donc, plus d'investissements au Québec seraient nécessaires.
J'espère que quelqu'un d'autre posera la même question, pour que je puisse poursuivre mes observations.
Merci, monsieur Gourde.
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Merci de poser la question.
Nous souhaitons vraiment que CBC et Radio-Canada continuent de collaborer, étant donné que, comme d'autres personnes l'ont dit ici aujourd'hui, la collaboration est l'ingrédient magique qui fait fonctionner ce radiodiffuseur public.
Je ne sais pas si les membres du Comité le savent, mais Statistique Canada mènera bientôt une étude, c'est‑à‑dire l'enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire. Statistique Canada a mené cette enquête post-censitaire en 2022 pour recueillir de l'information détaillée au sujet des populations anglophones au Québec et des populations francophones dans d'autres provinces et territoires. Cette enquête vise à comprendre les divers aspects de cette communauté, y compris l'accès à l'éducation et à la santé, ainsi que les pratiques linguistiques de tous les jours. Cette enquête sera incroyablement importante pour CBC/Radio-Canada quant à la prestation de services aux communautés.
De plus, les communautés de langue officielle ne vivent pas seulement dans les communautés de langues officielles. Nous vivons là où vit Mme Kolt; nous vivons partout au Canada, et nous devons donc collaborer pour offrir aux communautés de langues officielles en situation minoritaire des services de radiodiffusion dans les deux langues officielles.
C'est ce que je voulais dire, madame Lattanzio; et c'est aussi une enquête très importante qui, je crois comprendre, sera publiée juste avant Noël.
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D'abord, pour licencier des gens, il faut avoir des motifs de le faire.
Je sais que ça s'est passé dans un état de panique. De plus, de l'information inexacte circulait concernant le nombre de postes à supprimer. Un licenciement, ce n'est jamais plaisant. Évidemment, nous défendons tous les gens avec qui nous travaillons. Nous nous interrogeons toujours de l'effet que peut avoir la perte d'un emploi.
Comme je vous l'ai dit, cela a des effets sur les équipes et sur la capacité de vouloir s'y investir. Je travaille dans le milieu culturel, pas seulement dans celui de Radio‑Canada. Si on enlevait le financement de Radio‑Canada, cela aurait un effet incroyable sur les productions et sur la capacité de l'écosystème de production au Québec et au Canada.
Comme je l'ai aussi mentionné plus tôt, Radio-Canada déclenche des processus de financement, et elle génère des productions qui répondent à des standards différents des standards commerciaux, heureusement d'ailleurs.
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Merci, madame la présidente.
Vu la largesse que vous avez accordée à ma collègue tantôt, j'aimerais aussi bénéficier d'un peu de largesse de votre part, étant donné que, deux minutes et demie, c'est très court.
Cela dit, madame Charette, vous avez répondu en partie à une question que je voulais vous poser sur l'incidence des coupes de CBC sur Radio‑Canada et sur l'écosystème de production de contenu de qualité.
Cela m'amène à vous demander ce que vous pensez du rapport que le gouvernement du Québec a en main concernant l'avenir du diffuseur public. Certaines recommandations vous interpellent-elles plus que d'autres?
Madame Kolt, vous avez parlé de la manière dont la présence de CBC/Radio-Canada nous aide à transmettre l'information dont nous avons besoin, qu'il s'agisse d'événements mondiaux, de politique, d'art et de culture. Cette présence est également importante quand il s'agit d'urgences publiques. D'immenses incendies ont fait des ravages dans le Nord du Manitoba l'été passé, et un certain nombre de feux ont sévi à Flin Flon. Celui qui est survenu près de Cranberry Portage, comme nous le savons, était également très près de Flin Flon, ce qui a engendré une évacuation de dernière minute. Le feu était tellement intense qu'il a également brûlé les câbles à fibre optique menant à Flin Flon, privant Flin Flon, une des communautés les plus importantes dans notre région, de connexion Internet pendant plusieurs jours.
Nous savons qu'Arctic Radio a accompli un travail héroïque en informant les citoyens locaux de cette réalité, mais la vérité est que nous n'avons pas bénéficié d'une présence de CBC/Radio-Canada ici, dans le Nord, afin de parler de cette urgence publique, de parler de ce que signifiait cet effet domino pour nos communautés, des feux de forêt jusqu'à la perte de connexion Internet et des télécommunications. Surtout, CBC/Radio-Canada n'a pas accordé de voix à cette crise que certaines communautés du Nord ont dû affronter.
À quel point est‑il crucial que des médias installés localement et en région comme CBC/Radio-Canada nous fassent part de cette réalité, de cette précarité, surtout étant donné que nous savons que les urgences publiques comme les feux de forêt risquent de faire de plus en plus partie de notre vie ici, dans le Nord du Manitoba?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier nos témoins de leur contribution aux discussions que nous avons eues aujourd'hui.
Madame la présidente, dans le dernier bloc, j'ai mentionné qu'il avait été révélé grâce à une demande d'accès à l'information que le gouvernement libéral avait dépensé plus de 970 000 $ pour que Statistique Canada réalise une émission de baladodiffusion qui a récolté 229 abonnés au total. Il s'agissait d'un gaspillage incroyable de l'argent des contribuables, avec un rendement du capital investi pitoyable dans le meilleur des cas. Il s'agissait véritablement d'un gaspillage colossal de l'argent que les contribuables ont obtenu à la sueur de leur front.
Madame la présidente, je voudrais déposer la motion suivante, qui a fait l'objet d'un avis vendredi. J'espère qu'elle pourra être adoptée avec diligence afin qu'elle serve de déclaration claire de la part du Comité selon laquelle ce type de dépense est inacceptable:
Étant donné que, à l'heure où la population canadienne est confrontée à la pire crise du coût de la vie depuis une génération, des documents récemment obtenus révèlent que le gouvernement libéral a dépensé plus de 970 000 $ pour que Statistique Canada produise une émission de baladodiffusion qui compte seulement 229 abonnés, le Comité convoque le statisticien en chef et de hauts fonctionnaires de Statistique Canada et déclare à la Chambre qu'il condamne cet abus scandaleux de l'argent des contribuables.
Madame la présidente, je dépose cette motion ici, aujourd'hui, et j'espère que cette motion pleine de gros bon sens pourra être soutenue par le Comité.
Merci.
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Je voudrais remercier mon honorable collègue, M. Kurek, d'avoir déposé cette motion. J'ai un immense respect pour lui; cependant, il a dit qu'il s'agissait d'une « motion pleine de gros bon sens ». J'ai de la difficulté à comprendre où se trouve le gros bon sens dans cette discussion à propos d'émissions de baladodiffusion, alors que leurs propres membres sont muselés lorsqu'ils apparaissent dans des émissions de baladodiffusion et qu'ils y font des déclarations que leur chef n'aime pas.
Peut-être que l'opposition pourrait considérer l'ajout d'un amendement. Je sais qu'elle fait le tour des comités avec cette motion. Je crois que nous sommes rendus à huit en ce moment. Peut-être pourrions-nous amender cette motion afin d'inviter le député de Peace River—Westlock pour qu'il puisse en dire plus sur ses expériences avec les émissions de baladodiffusion et sur ce qui se passe lorsqu'il fait des déclarations que son chef n'aime pas ou lorsque les membres de son parti sont pris au dépourvu.
Parlons de statistiques. En fin de compte, c'est le gouvernement Harper qui a éviscéré Statistique Canada. C'est le gouvernement Harper qui a abandonné le questionnaire détaillé de recensement. C'est le gouvernement Harper qui a privé les experts, les entreprises, les parties intéressées ou les chercheurs de données de haute qualité lors de son mandat, mais nous sommes au courant qu'il n'aime pas la science, alors j'imagine que cela ne fait pas une grande différence.
Écoutez, notre gouvernement croit en une prise de décisions axée sur les données probantes. Il comprend l'importance des statistiques et des données et sait qu'il est important de rejoindre les Canadiens de nombreuses manières différentes. Je ne vais pas défendre cette émission de baladodiffusion, car il me semble qu'il s'agit de l'argument d'un homme de paille, d'un argument vide et fallacieux. J'estime que si les consommateurs sont véritablement intéressés à parler d'émissions de baladodiffusion, pourquoi ne mènerions-nous pas une enquête visant à découvrir pourquoi le député de Peace River—Westlock n'a pas été autorisé à comparaître à un comité pour parler de son propre projet de loi après avoir fait une apparition dans cette émission de baladodiffusion?
Pour éviter de gêner nos amis conservateurs, nous allons voter contre cette motion et passer à autre chose, ou nous pourrions bien nous mettre à amender cette motion d'une manière que mon cher ami n'aimerait peut-être pas.