J'ouvre maintenant la séance.
Je vous souhaite la bienvenue à la 79e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien. Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel et non cédé des peuples algonquins anishinabes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride.
[Traduction]
Ceux d'entre vous qui ont déjà participé à une séance hybride ici savent qu'au bas de leur écran se trouve un globe. En cliquant sur le globe, on peut choisir la langue dans laquelle on souhaite suivre la réunion. Voilà pour une chose.
Par ailleurs, les autorités de santé publique et le Bureau de régie interne n'exigent plus le port du masque à l'intérieur. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le masque demeure un excellent outil pour prévenir la propagation de la COVID‑19.
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'ils ne sont pas autorisés à prendre des photos de leur écran. Il est interdit de prendre des photos de ce qui se passe ici. Cela est accessible sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 20 mars 2023, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur l'utilisation actuelle et continue de tactiques d'intimidation et de subversion par les géants du Web pour échapper à la réglementation au Canada et à travers le monde.
Nous avons deux témoins parmi nous.
Je vous rappelle également de ne pas prendre la parole avant que je vous nomme. Veuillez vous adresser à la présidence chaque fois que vous prenez la parole.
Avant d'aller plus loin, accueillons nos deux témoins de Meta Platforms. Il s'agit de Kevin Chan, directeur des politiques mondiales, et de Rachel Curran, cheffe des politiques publiques, Canada.
Vous disposez de 10 minutes en tout. Vous pouvez décider vous-mêmes de la manière de les utiliser. Je vous ferai signe lorsqu'il ne vous restera plus que 30 secondes.
Allez‑y, monsieur Julian.
Madame la présidente, j'ai aussi des questions de clarification sur la façon dont les choses se sont déroulées.
Effectivement, nous avons envoyé une sommation à comparaître à des représentants de Meta, et celle-ci nous a ensuite fait une demande par l'entremise de notre greffier. Nous avons accepté d'envoyer une invitation par la suite, mais la sommation à comparaître était déjà envoyée à Meta. Par courtoisie et à la demande de celle-ci, si je me souviens bien, nous avons donc ajouté à cette sommation une lettre d'invitation. J'invite le greffier à me corriger s'il y a lieu. Meta s'était engagée à ce que les gens que nous avions invités comparaissent. M. Clegg faisait partie des gens dont on nous avait confirmé la présence, et nous avons cru à la bonne foi de Meta en tenant pour acquis que M. Clegg était lié, non seulement par son engagement à comparaître à la suite de l'invitation, mais aussi indirectement par la sommation que nous avions envoyée quelques jours plus tôt.
Alors, quelles ont été les raisons données? Y a-t-il lieu de croire qu'on nous a roulés dans la farine? J'aimerais aussi savoir si le greffier a plus de détails sur les motifs qu'on a donnés au moment où on a annulé la comparution de M. Clegg devant le Comité. Tout ce que nous avons vu, c'est une mise à jour de l'avis de convocation d'aujourd'hui, qui montrait l'absence de M. Clegg sans aucune autre indication.
Des explications ont-elles été données, oui ou non? Je ne pense pas que ce soit aux témoins de répondre à cela, étant donné que c'est probablement une conversation qui a eu lieu entre le Comité et Meta.
Le greffier peut-il nous donner plus de précisions là-dessus?
:
Merci, madame la présidente.
Je suis tout à fait d'accord avec la motion, bien que je note, comme vous l'avez dit, madame la présidente, que nous avons déjà convoqué M. Clegg et que nous avions convoqué M. Zuckerberg, et qu'aucun des deux n'est ici. Nous avons convoqué un autre employé canadien de Meta, et il n'est pas ici non plus. Il y a deux personnes ici, et aucune d'elles n'a été invitée ou convoquée par le Comité. Je trouve cela extraordinaire.
Je serais disposé à ce moment‑ci à renvoyer cela à la Chambre au lieu de convoquer de nouveau M. Clegg, mais je serais certainement favorable au fait de le convoquer de nouveau. Je trouve cela étrange, car comme vous l'avez dit, madame la présidente, tout cela repose sur une motion qui a été adoptée il y a des semaines. La portée de la motion par laquelle nous avons invité ou convoqué Meta ici n'a pas changé.
Je ne comprends pas que quelqu'un qui envoie une lettre le mardi pour accepter de se présenter devant le Comité puisse se décommander le vendredi précédant la réunion. S'il est vrai que Meta n'aime pas la façon dont le Comité a libellé le titre de la réunion, c'est extraordinaire aussi. Meta veut nous dire quel projet de loi nous devrions adopter, et veut aussi dicter au Comité le titre de ses réunions. Je suis sidéré.
Merci, madame la présidente.
À titre d'éclaircissement, j'aimerais lire la motion proposée par M. Housefather et adoptée par le Comité. Elle a été adoptée par le Comité, qu'elle l'ait été à l'unanimité ou non.
La voici:
Que, compte tenu de la position dominante de Meta et Google, des actions récentes des deux compagnies au Canada, qui peuvent être considérées comme des tentatives d'intimidation envers le Parlement canadien, lesquelles suivent un cycle de tactiques subversives et systématiques utilisées par les géants du web à travers le monde pour éviter de rendre des comptes, le Comité entreprenne une étude sur l'utilisation actuelle et continue de tactiques d'intimidation et de subversion par les géants du Web pour échapper à la réglementation au Canada et à travers le monde, et qu'à ce titre, le Comité tienne au moins cinq réunions; et que, dans le cadre de cette étude;
I) Le Comité convoque les dirigeants de Meta…
Il y a le nom de tout le monde. Il y a Mark Zuckerberg, Nick Clegg et Chris Saniga.
Il est ensuite mentionné que Meta Platforms doit nous fournir des documents, que nous n'avons pas reçus, comme vous le savez bien. Comme le savent les membres du Comité, on nous a envoyé des documents génériques qui sont du domaine public. En fait, nous avons ordonné la production de ces documents, et nous ne les avons pas encore reçus.
Soyons très clairs sur ce dont il est question. On a demandé au Comité de mener une étude sur « l'utilisation actuelle et continue de tactiques d'intimidation et de subversion par les géants du Web pour échapper à la réglementation au Canada et à travers le monde ». C'est le libellé exact de la motion. C'est le libellé exact du titre de la réunion d'aujourd'hui. En fait, cela a été fait dans le cadre d'une audience publique, de sorte que Meta était parfaitement au courant — tout comme Google et tous les autres — du contenu de la motion. Ce n'est pas un tour de passe-passe. Je veux être très claire là‑dessus.
Nous allons entendre Mme Gladu, puis M. Julian.
:
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent du patrimoine canadien, je suis heureux de comparaître de nouveau devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Kevin Chan, et je suis directeur des politiques mondiales pour Meta Platforms. Je suis accompagné de ma collègue Rachel Curran, notre cheffe des politiques publiques au Canada.
Madame la présidente, comme vous le savez, le greffier de votre Comité nous a écrit le vendredi 28 avril pour confirmer que nous étions invités à témoigner devant vous dans le cadre de votre étude sur la « réaction des entreprises de l'industrie des technologies de l'information au projet de loi ».
Nous étions ravis d'avoir une fois de plus la chance de faire part au Comité de nos importantes préoccupations concernant la Loi sur les nouvelles en ligne, et nous avons volontiers accepté l'invitation. Pour vous montrer à quel point nous prenions cette occasion au sérieux, notre président des affaires mondiales, M. Nick Clegg, a confirmé sa participation en tant que témoin principal.
Or, jeudi dernier, le 4 mai, nous avons été informés par le greffier du Comité que le titre de l'audience avait été modifié pour un autre beaucoup plus inquiétant, qui n'avait apparemment rien à voir avec la Loi sur les nouvelles en ligne. Compte tenu de ce revirement de situation, Meta a avisé le Comité vendredi que notre président ne se présenterait plus.
Je crois que nous étions tous impatients de participer à une discussion de fond sur le projet de loi aujourd'hui, à l'instar des pourparlers réfléchis qui ont eu lieu la semaine dernière avec le Comité sénatorial permanent des transports et des communications. L'événement semblait marquer le point culminant des délibérations législatives.
[Français]
Comme vous le savez, le greffier de votre Comité nous a écrit le vendredi 28 avril pour confirmer que nous étions invités à témoigner devant vous dans le cadre de son étude sur, et je cite, la réaction des entreprises du secteur des technologies de l’information au projet de loi C‑18.
Nous étions ravis d’avoir une fois de plus la chance de faire part au Comité de nos importantes préoccupations concernant la , et nous avons volontiers accepté l’invitation. Pour vous montrer à quel point nous avons pris cette occasion au sérieux, notre président des Affaires mondiales, Sir Nick Clegg, a confirmé sa participation en tant que témoin principal.
Or, le jeudi 4 mai dernier, nous avons été informés par le greffier du Comité que le titre de l’étude avait été modifié et remplacé par un autre, beaucoup plus inquiétant, qui n’avait apparemment rien à voir avec la Loi sur les nouvelles en ligne. Compte tenu de ce revirement de situation, Meta a avisé le Comité vendredi que notre président ne se présenterait plus.
Je crois que nous étions tous impatients de participer à une discussion de fond sur le projet de loi , aujourd’hui, à l’instar des pourparlers réfléchis qui ont eu lieu la semaine dernière avec le Comité sénatorial permanent des transports et des communications. Cet événement semblait marquer le point culminant des délibérations législatives.
[Traduction]
C'est donc dans cet esprit que j'ai le plaisir de vous lire la déclaration introductive que notre président des affaires mondiales, M. Nick Clegg, avait rédigée et était prêt à vous présenter pour votre étude originale sur la réaction des entreprises de l'industrie des technologies de l'information au projet de loi .
Voici sa déclaration:
« Madame la présidente, je m'appelle Nick Clegg et je suis président des Affaires mondiales pour Meta. Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser au Comité.
Madame la Présidente, la Loi sur les nouvelles en ligne repose sur un postulat fondamentalement erroné. Meta ne bénéficie pas injustement du fait que des personnes partagent des liens vers des contenus d'information sur notre plateforme. Il s'agit plutôt de l'inverse.
Les éditeurs choisissent de partager leur contenu parce que c'est avantageux pour eux de le faire, alors que ce n'est pas particulièrement intéressant pour nous. Nous avons donc pris la décision difficile de mettre fin à la disponibilité des contenus d'information sur Facebook et Instagram au Canada si ce projet de loi imparfait est adopté.
La vérité, c'est que les utilisateurs ne viennent pas vers nous pour des nouvelles. Ils viennent pour partager les hauts et les bas de leur vie, les choses qui les rendent heureux ou malheureux, qui les intéressent et les divertissent. Les liens vers des nouvelles ne représentent qu'une minuscule proportion de cela, soit moins de 3 % du contenu qui apparaît dans leur flux Facebook.
Mais les éditeurs de presse trouvent que nos services sont précieux. Nous estimons que le flux de Facebook a généré plus de 1,9 milliard de clics vers des sites d'éditeurs de presse inscrits au Canada au cours des 13 mois précédant avril 2022. Cela représente un marketing gratuit dont nous estimons la valeur à plus de 230 millions de dollars. Les éditeurs choisissent de partager leur contenu parce que cela génère du trafic vers leurs sites Web. Cela les aide à vendre plus d'abonnements, à élargir leur auditoire et à présenter leurs publicités à plus de gens qu'ils ne l'auraient fait autrement.
L'industrie traditionnelle de l'information fait face à de grands défis. De nouvelles technologies sont apparues, le comportement des consommateurs a changé et les anciens modèles d'affaires ne fonctionnent plus. Bien sûr, tout le monde souhaite que le journalisme de qualité prospère. Mais il est aussi insensé de prétendre que les sociétés de médias sociaux prennent de l'argent aux éditeurs que d'affirmer que les constructeurs automobiles ont volé l'industrie du cheval et de la charrette.
On dirait que nous discutons comme si Internet avait été figé dans le temps il y a 10 ans environ. La façon dont nos utilisateurs interagissent avec le contenu a radicalement changé. Depuis un an ou deux seulement, nous avons constaté un énorme virage vers la consommation de contenu de créateurs et de courtes vidéos. Le visionnement de vidéos représente plus de la moitié du temps passé sur Facebook et Instagram. Les gens partagent des Reels — notre format de courtes vidéos — plus de deux milliards de fois par jour sur Facebook et Instagram, un nombre qui a doublé au cours des six derniers mois.
Le monde est en constante évolution, et les éditeurs doivent s'adapter, comme tout le monde. Demander à une société de médias sociaux en 2023 de subventionner les éditeurs de presse pour du contenu qui n'est pas si important pour ses utilisateurs, c'est comme demander aux fournisseurs de services de courriel de payer les services postaux parce que les gens n'envoient plus de lettres.
Et les sociétés Internet ne sont pas toutes pareilles. Meta n'est pas Google. Google est une société extrêmement prospère qui fait des choses extraordinairement utiles pour les gens, mais elle exploite un moteur de recherche dont le fonctionnement repose sur l'utilisation de liens vers des pages Web d'information. Pour sa part, Meta ne sollicite pas de contenu de sites Web d'actualités pour alimenter ses services; Meta n'a pas besoin de ce contenu et ne recueille pas ce contenu. Nos utilisateurs — et, dans ce cas‑ci, les éditeurs de presse — choisissent eux-mêmes de partager du contenu. À l'échelle mondiale, plus de 90 % des vues organiques d'articles d'éditeurs de presse sont générées par des liens publiés par les éditeurs eux-mêmes.
Dans le cadre du présent débat, j'ai beaucoup entendu dire que le projet de loi reproduit ce qui a été fait en Australie. En fait, il s'agit de textes législatifs différents à bien des égards, et le projet de loi C‑18 ira plus loin que la loi australienne. Premièrement, le code australien ne s'applique pas à Meta parce que Meta n'a pas été désignée par le Trésor là‑bas. Si nous finissons par être désignés et contraints de payer les éditeurs, nous devrons prendre la même décision difficile que celle que nous prenons au Canada. Mais ce qui est peut-être encore plus important, c'est que le projet de loi ferait du Canada la première démocratie à mettre un prix sur les liens gratuits vers des pages Web, ce qui va à l'encontre des normes mondiales en matière de droit d'auteur et met en péril la libre circulation de l'information en ligne. Le Canada et les libéraux du Canada ont depuis longtemps la réputation de croire au multilatéralisme et de défendre un Internet libre et ouvert. Le projet de loi C‑18 irait directement à l'encontre de cette honorable tradition de longue date.
J'ai passé 20 ans de ma vie comme législateur. Je sais donc à quel point il est difficile d'élaborer de bonnes politiques et des lois sensées. Dans ce cas‑ci, je crois que le projet de loi C‑18 est une mesure législative boiteuse qui engendrerait aussi une mauvaise politique économique. Le directeur parlementaire du budget estime que la plupart des fonds générés par la loi iront aux radiodiffuseurs, et non aux éditeurs locaux et régionaux qu'elle était censée soutenir. C'est Robin des Bois à l'envers. La loi subventionnerait les grands diffuseurs au détriment des éditeurs indépendants et des sites de nouvelles en ligne, ce qui fausserait les règles du jeu et rendrait la situation encore plus difficile pour les petits joueurs.
En définitive, cette loi place Meta dans une position défavorable. Pour nous y conformer, nous devons soit opérer dans un environnement réglementaire imparfait, soit mettre fin à la disponibilité des contenus d'information au Canada. C'est donc le cœur lourd que nous optons pour cette dernière solution. Comme l'a dit le ministre du Patrimoine canadien, il s'agit d'une décision d'affaires. Ce n'est pas que nous voulons le faire, mais nous devons le faire.
Je serai heureux de répondre à vos questions. »
Sur ce, madame la présidente, Mme Curran et moi serons heureux de répondre à vos questions aussi.
Il y a environ trois semaines, le projet de loi a été adopté à toute vapeur au Sénat. À l'origine, des amendements avaient été proposés, mais ils n'ont pas été retenus par le gouvernement actuel. Il a ensuite été renvoyé au Sénat. Là encore, le Sénat n'a pas procédé au second examen objectif qu'il méritait, et son adoption a été forcée. Il donne maintenant au gouvernement un pouvoir sans précédent pour contrôler ce que les gens peuvent voir, dire ou entendre en ligne.
Puis, au congrès des libéraux en fin de semaine, ils ont formulé une nouvelle intention — une proposition — celle de réglementer les sources de nouvelles, dans les faits. Essentiellement, il faudra que l'État approuve la source d'information d'un journaliste. Si le gouvernement approuve la source, l'article peut être publié. Si le gouvernement — par l'entremise du CRTC, j'imagine — ne donne pas son approbation, alors bien sûr l'article ne sera pas publiable. C'est une forme de censure.
Ce qui est intéressant, c'est qu'un journaliste, Paul Wells, qui est normalement très libéral et que les libéraux ont plutôt dans leur poche, a écrit un article vendredi pour décrire ce qui se passe ici.
Il a dit: « Il est impossible pour un gouvernement de subventionner le journalisme sans décider, tôt dans le processus, d'exercer ses prérogatives de propriétaire. »
Ce qui est intéressant, c'est que le gouvernement actuel a financé les médias à hauteur d'environ 600 millions de dollars. En tant que propriétaire d'une bonne partie des médias ici au Canada… Bien sûr, il y a beaucoup de sources indépendantes fantastiques et d'autres sources médiatiques, mais les grands médias ont tendance à appartenir dans une large mesure au gouvernement, parce que c'est lui qui les maintient à flot ou qui les soutient grâce à ces subventions massives.
Maintenant il semblerait, d'après leur congrès, que les libéraux cherchent à tirer profit de cette situation. Ils cherchent à exercer leur pouvoir. D'aucuns parleraient d'intimidation. En fait, je crois que c'est le mot que beaucoup de membres du Comité utilisent lorsqu'il est fait un mauvais usage du pouvoir. C'est de l'intimidation.
:
Je crois que c'était un point de débat.
Les politiques adoptées au congrès sont souvent présentées à la Chambre des communes, puis elles ont bien sûr une incidence sur les Canadiens. C'est préoccupant. C'est préoccupant pour Paul Wells et pour d'autres journalistes, car cela porterait atteinte à leur capacité de faire leur travail.
Mme Hepfner parle souvent du fait qu'ils sont incroyablement bien formés et qu'on devrait leur faire confiance pour raconter ce qu'ils ont découvert en faisant leurs recherches, alors je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne leur ferait pas confiance pour le raconter sans devoir d'abord faire approuver leurs sources par l'État.
Néanmoins, le gouvernement actuel a réussi à se faire intimidateur, parce qu'il possède une partie des médias. De la même façon, Facebook, ou Meta, se retrouve dans une situation où elle devra conclure des contrats monétaires avec des sources d'information, ce qui lui donne aussi un pouvoir incroyable. Il semble donc qu'elle se sert elle aussi de ce pouvoir pour prendre des décisions néfastes pour les Canadiens.
En fait, je ne vois pas de différence entre les deux. Je vois deux sources de pouvoirs énormes qui dictent aux Canadiens ce qui va se passer en matière d'accès aux nouvelles.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence. Quel que soit le contexte, je pense que, ce que nous avons constaté la dernière fois, lorsque nous avons finalement... Je vous remercie d'être venus, mais les personnes compétentes que nous voulions inviter devraient comprendre la frustration que nous avons ressentie lorsqu'elles ne se sont pas présentées. Il est très difficile pour nous d'obtenir des réponses claires aux questions, parce que ces personnes peuvent y répondre.
Quand vous voyez notre frustration, notre crainte à l'idée que nous n'arrivions pas là où nous étions...
Compte tenu des ressources dont vous disposez, le fait que vous ayez laissé entendre que vous ne saviez pas ce qu'était la motion initiale et que vous l'aviez appris à la fin de la semaine dernière, que je sois d'accord ou non avec celle‑ci... j'estime qu'il est très peu probable que cela ait été le cas et que vous saviez ce qu'était cette motion il y a longtemps, quand elle a été adoptée.
Vous avez des ressources incroyables, alors le fait que quelqu'un dise: « Je n'y vais pas à cause de celle‑là » entache vraiment la conversation dans la salle. C'est vraiment le cas, peu importe votre position ou la mienne. Les experts dont nous avons besoin de la présence rendent ces conversations beaucoup plus utiles.
Cela dit, je vais aborder précisément — et on y a déjà fait allusion — les contrats que vous avez déjà signés.
On dit que 14 de ces contrats ont été signés au Canada. Est‑ce vrai?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Les représentants de Meta nous disent qu'ils veulent respecter le Comité, sauf que M. Clegg a refusé de se présenter devant nous aujourd'hui. Ils ont parlé de transparence, sauf qu'ils refusent de divulguer les chiffres des revenus générés au Canada. Ils sont ici pour parler du projet de loi et, même s'ils admettent que le projet de loi a beaucoup changé, ils continuent de parler de la version initiale plutôt que de parler de la réalité.
Je suis donc un peu sceptique quant à la bonne foi de Meta à cet égard. De plus, des allégations extrêmement sérieuses ont été formulées envers Meta.
[Traduction]
Je parle bien sûr, madame la présidente, des horribles allégations contenues dans des rapports récemment publiés selon lesquelles Facebook amplifie la haine. Le rapport d'Amnistie internationale a révélé que l'entreprise avait amplifié la haine avant le massacre des Rohingyas au Myanmar, et le Bureau of Investigative Journalism a affirmé que Facebook permettait aux activistes d'inciter aux massacres ethniques au moyen de la haine et de la désinformation en Éthiopie. Selon certains rapports dont nous disposons, les manquements éthiques de Facebook ne sont pas accidentels; ils font partie du modèle d'affaires.
Comment réagissez-vous à ces allégations graves et scandaleuses selon lesquelles l'amplification des plus horribles violations des droits de la personne et manquements à l'éthique fait partie du modèle d'affaires de Facebook et de Meta? Comment réagissez-vous à ces allégations, et pourquoi devrions-nous vous croire maintenant lorsque vous vous présentez devant le Comité et affirmez que vous voulez respecter les lois et les valeurs canadiennes?
Encore une fois, c'est décevant. Tout cet exercice a encore une fois démontré le mépris de Facebook à l'égard non seulement de notre démocratie, mais aussi de celles du monde entier.
Monsieur Chan, vous avez témoigné à plusieurs reprises devant d'autres comités. De fait, vous n'êtes disposé à répondre aux questions que si c'en sont des faciles du Parti conservateur.
Vous avez même commencé en disant: « Oh, nous ne le savions pas. » La motion adoptée par le Comité était que « le comité entreprenne une étude sur l'utilisation actuelle et continue de tactiques d'intimidation et de subversion par les géants du Web pour échapper à la réglementation au Canada et à travers le monde ». Vous prétendez que vous ne le saviez pas? Je doute que vous n'ayez pas fait vos devoirs, monsieur Chan. Il est décevant que vous veniez comparaître pour induire le Comité en erreur à ce sujet.
Vous avez induit le Comité en erreur sur d'autres points. Vous affirmez que les médias reçoivent des centaines de millions de dollars en publicité gratuite, mais vous omettez la partie où votre entreprise se livre à des pratiques monopolistiques qui accaparent la grande majorité des revenus publicitaires, de sorte que la publicité gratuite ne vaut rien.
Je voudrais vous poser une question au sujet d'une rencontre tenue en 2018 entre le secrétaire britannique à la culture et Mark Zuckerberg, votre PDG. Ce dernier a menacé de retirer des investissements du Royaume-Uni si le gouvernement n'envisageait pas d'assouplir sa position en ce qui a trait à la réglementation des technologies.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi votre entreprise irait aussi loin contre une loi qui vise à protéger les enfants en ligne?
:
Non, monsieur Chan, nous allons poursuivre.
M. Kevin Chan: Je vois.
M. Chris Bittle: Nous allons passer à autre chose, monsieur Chan, parce qu'il est clair que ce n'est encore une fois que du mépris et des réponses évasives.
Je peux poser des questions faciles comme les membres du Parti conservateur, et je sais que vous y répondrez directement, rapidement et succinctement, mais je trouve étrange, et je pense que ce l'est aux yeux des Canadiens, que vous affirmiez d'une part que les nouvelles ne sont pas importantes pour votre plateforme, qu'elles ne représentent que 3 % et qu'elles ne sont pas importantes, même si vous voulez être une source d'information fiable et, d'autre part, que vous concluiez des ententes avec 18 éditeurs, mais nous n'avons aucune idée de qui il s'agit.
Vous choisissez les favoris. Nous tentons d'équilibrer les règles du jeu.
Les nouvelles sont-elles importantes? D'un autre côté, vous dites que vous dépensez des centaines de millions de dollars pour les nouvelles, que vous concluez des ententes et que vous êtes de bons joueurs, même si vous êtes une petite entreprise de technologie en démarrage qui a du mal à joindre les deux bouts jour après jour.
De quel amendement s'agit‑il, monsieur Chan?
:
Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir à la question de l'Australie. Encore une fois, je m'inquiète de l'ampleur du blocage de contenu qui a eu lieu dans ce pays et de la nécessité de veiller à ce que cela ne se produise pas ici.
Selon des documents de dénonciation, Facebook a enfreint les politiques de sa propre entreprise lors de la mise en œuvre graduelle du retrait le 17 février 2021. Elle a fait fi des signaux d'erreur aux étapes de 10 %, de 25 % et de 50 % d'achèvement, alors que les cadres supérieurs ont ordonné que le déploiement complet entre en vigueur dans les heures qui ont suivi. Les erreurs auraient normalement dû interrompre le déploiement.
Voici un exemple d'une chose étrange qui s'est produite: les politiques de Facebook, que vous connaissez tous les deux très bien, exigent un examen préalable du contenu et une vérification croisée des listes de comptes sensibles comprenant ceux d'infrastructures essentielles en ligne afin d'éviter un blocage excessif et préjudiciable du contenu. Les dénonciateurs ont déclaré qu'« avant le retrait de l'Australie, apparemment pour la première fois de son histoire, Facebook ne dressait pas ni n'utilisait de listes de comptes sensibles avant l'activation du retrait dans ce pays », qui a menacé les campagnes de vaccination contre la COVID, la lutte contre les incendies de forêt et plus encore.
En réponse à d'autres employés de Facebook qui tentaient de corriger le blocage excessif, un membre de l'équipe d'intervention australienne a publié un message reconnaissant que l'inclusion des directives des équipes responsables des politiques et des services juridiques dans le blocage avait été jugée excessive.
Madame Curran, vous répondiez gentiment à mes questions tout à l'heure. Pouvez-vous confirmer que vous ne procéderez pas à un blocage excessif et que vous établirez une liste de comptes sensibles pour éviter un blocage excessif?
:
Merci, madame la présidente.
Je reviens sur la question de l'importance du contenu de nouvelles qu'on peut retrouver sur les plateformes, comme celle de Meta
Sur le plan de la circulation, 3 % du contenu recherché par les utilisateurs concernent les nouvelles. Vous avez dit qu'on a fait 1,9 milliard de clics sur des contenus d'information au cours de la dernière année, et vous avez ajouté que le marketing gratuit s'élevait à 230 millions de dollars. Vous admettez donc tout de même qu'il y a une certaine valeur attachée à ce contenu.
Ma question repose un peu plus sur l'intérêt qu'aura Meta à la suite de l'adoption du projet de loi . Vous avez mentionné plus tôt la signature d'ententes avec 18 entreprises de presse et je trouve ça tout à fait positif. En outre, je trouve intéressant de constater que, bien que l'actualité ne vous intéresse pas, vous signiez tout de même des ententes commerciales avec des entreprises de presse. Remarquez qu'il y a tout de même matière à se poser des questions là-dessus.
Si le projet de loi C‑18 est adopté, des initiatives visant à soutenir le journalisme local vont-elles encore être proposées? Ces ententes vont-elles se poursuivre? Meta va-t-elle garder un intérêt pour le contenu journalistique de qualité, surtout local?
Vous n'avez malheureusement que quelques secondes pour répondre, car je dispose de peu de temps de parole.
:
Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir à Mme Curran, qui a dit ceci il y a quelques semaines:
Je dirais que nous examinons encore toutes les options en fonction de notre évaluation de la loi.
C'était en réponse à une question visant à nous faire savoir si Meta allait agir de la même façon qu'en Australie.
D'après ce que je comprends de votre réponse à M. Housefather, vous affirmez sous serment que Meta ne touchera pas à l'information sur les situations d'urgence sanitaire et ne limitera pas ou ne suspendra pas les renseignements dont les gens ont besoin, comme maintenant en Alberta, concernant les incendies de forêt et les services d'urgence.
Toutes ces choses se sont produites en Australie de la façon la plus répréhensible qui soit. Des gens se sont vu refuser l'accès à des renseignements qui leur étaient cruciaux, peut-être pour sauver leur propriété et, souvent, pour sauver leurs proches. Meta a refusé l'accès à cette information.
Êtes-vous en train d'affirmer sous serment que cela ne se produira plus et que Meta n'empêchera d'aucune façon les Canadiens d'accéder à des renseignements qui sont fondamentaux pour leur santé et leur sécurité, ainsi que celles de leur collectivité, et que Meta ne recommencera pas?