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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la quatre-vingtième réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 juin 2022.
[Traduction]
Même si les autorités de santé publique et le Bureau de régie interne ne vous demandent plus de porter un masque à l'intérieur de la Cité parlementaire, les masques et les respirateurs restent d'excellents outils pour prévenir la propagation de la COVID‑19 et d'autres maladies respiratoires. J'encourage donc leur utilisation.
J'aimerais maintenant aborder quelques questions d'ordre administratif. À titre d'information…Mme Crooks est la seule témoin aujourd'hui. En bas de votre écran, vous verrez un petit globe. Si vous cliquez sur ce globe, vous obtiendrez l'interprétation dans la langue de votre choix, soit l'anglais, le français ou le parquet.
Je tiens également à rappeler à tous les participants qu'ils doivent adresser leurs commentaires par l'entremise de la présidence. Par ailleurs, veuillez mettre votre microphone en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Veuillez le fermer dès que vous avez fini de parler, sinon nous recevrons toutes sortes de sons en provenance de la pièce.
Il est interdit de prendre des photos de votre écran. Vous pourrez visionner la réunion plus tard sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 20 mars 2023, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Aujourd'hui, nous accueillons une seule témoin. Il s'agit de la présidente de Canada Soccer, Mme Charmaine Crooks. Je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Crooks.
Madame Crooks, j'aimerais vous communiquer quelques renseignements utiles. Vous aurez 10 minutes pour faire votre déclaration préliminaire. Je vous avertirai 30 secondes avant la fin du temps imparti pour vous donner le temps de conclure votre exposé. Nous aurons ensuite une période de questions et réponses.
Veuillez commencer, madame Crooks. Vous avez 10 minutes. Je vous remercie.
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Bonjour, madame la présidente et membres du Comité.
Je m'appelle Charmaine Crooks et je suis la présidente bénévole nouvellement élue de Canada Soccer. Je suis honorée d'être la première femme et la première personne de couleur à occuper ce poste en 111 ans d'histoire. Puisque j'ai travaillé pendant des décennies pour améliorer l'inclusion, l'éthique et le bien-être dans le sport, je ne sous-estime pas l'importance de ce mandat et je me réjouis de servir tous les électeurs de Canada Soccer.
Aujourd'hui, j'aimerais d'abord vous parler de mes antécédents à titre d'athlète et de bénévole. J'espère pouvoir utiliser mon expérience pour faire avancer la conversation sur la bonne gouvernance et la pratique du sport sécuritaire au Canada.
Je suis née en Jamaïque dans une famille de neuf enfants. Je suis arrivée au Canada à l'âge de six ans. C'est au Canada que je me suis développée et que j'ai grandi à titre de personne et à titre d'athlète, et où je suis devenue membre de l'équipe nationale canadienne d'athlétisme et médaillée olympique.
J'ai été la première athlète féminine de l'histoire du Canada à participer à cinq Jeux olympiques. À titre d'ancienne compétitrice internationale à une époque où l'athlétisme faisait face à des problèmes systémiques en matière d'éthique sportive, je suis profondément consciente de l'importance d'une bonne gouvernance et d'un leadership éthique pour garantir un environnement de sport sécuritaire et équitable.
Lors des Jeux olympiques de 1996, j'ai été le porte-drapeau du Canada pour la cérémonie d'ouverture, en partie en reconnaissance de mon travail en dehors de l'athlétisme avec les organismes de sport et les athlètes. Cet honneur a confirmé mon engagement à promouvoir l'amélioration du sport.
En 2012, j'ai été décorée de l'Ordre du Canada pour mon travail d'athlète et de bénévole au sein du Mouvement olympique international, notamment pour mes efforts visant à élaborer le code de déontologie du Comité international olympique, ou CIO.
À titre de femme de couleur qui a évolué dans le système de sport d'élite mondial, j'ai fait l'expérience des réalités merveilleuses et malheureuses qui coexistent dans le sport. Que les mauvais traitements soient directement infligés à la personne ou qu'ils prennent la forme de microagressions, la douleur et les préjudices sont bien réels. À titre de dirigeants, nous avons le devoir de les éradiquer.
Je pense avoir mérité cette occasion et d'avoir été élue pour prendre la direction de Canada Soccer afin d'utiliser mon expérience pour aider à améliorer l'organisme et le réhabiliter.
Parmi mes compétences qui, je l'espère, aideront votre comité dans son travail, je citerai mon travail avec le premier groupe d'athlètes actifs élus par nos pairs à titre de membres votants au Comité international olympique. Comme je suis membre de la Commission des athlètes du CIO, je m'efforce de renforcer la représentation des athlètes et la prise de décision au sein du Mouvement olympique et à soutenir les athlètes pendant et après leur carrière. J'ai également été membre des commissions de la culture et de l'éducation du CIO, de la Commission CIO 2000 — une commission sur la réforme —, de la commission d'éthique du CIO et de l'Agence mondiale antidopage. Je crois que ces expériences sont particulièrement pertinentes pour la discussion que nous aurons aujourd'hui sur la pratique sécuritaire du sport.
Outre mon rôle au sein du Comité international olympique, je suis aussi l'un des membres fondateurs de Right to Play, qui cherche à protéger, à éduquer et à responsabiliser les enfants en utilisant le pouvoir du sport. J'ai également continué de jouer mon rôle de membre bénévole du conseil d'administration du Comité olympique canadien et de membre du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver. Grâce à ces antécédents, je suis très consciente du pouvoir et de l'importance du leadership et du sport comme moyens d'atteindre la réalisation personnelle, de rassembler les gens et de favoriser les changements sociétaux. Je suis fière de mes efforts en vue de défendre les droits des athlètes et de promouvoir une pratique du sport juste, équitable et sécuritaire.
Je vous ai mentionné ces antécédents afin que le Comité puisse comprendre mon objectif, qui est de soutenir et de défendre les droits des athlètes, qui méritent notre plus grand respect et qui sont la raison pour laquelle nous faisons tout ce travail.
Dans mon nouveau rôle de présidente bénévole, j'ai le devoir de soutenir la mission de Canada Soccer, qui est de faire preuve de leadership dans la recherche de l'excellence dans le domaine du soccer à l'échelle locale, nationale et internationale. Nous nous efforçons de mener le Canada à la victoire, mais nous encourageons également tous les Canadiens à se passionner pour le soccer tout au long de leur vie et nous nous efforçons de faire en sorte que ce sport soit le plus sécuritaire au pays. Nous nous engageons à faire en sorte que notre association remplisse chaque jour tous les aspects de ce mandat. Au cours des dernières années, des progrès importants ont été réalisés pour assurer une plus grande mobilisation du conseil d'administration et, au cours des derniers mois, on a certainement observé une volonté d'accroître la transparence.
La modernisation de notre conseil d'administration s'est traduite par l'élection d'une femme de couleur à la présidence et de Paul-Claude Bérubé, avocat québécois et personne handicapée, à la vice-présidence. Au cours des derniers mois, la direction de Soccer Canada a amélioré son écoute et ses efforts en matière de collaboration. Nous avons commencé à travailler avec tous nos membres et partenaires pour créer un environnement plus propice et plus inclusif pour les joueurs, les entraîneurs, les arbitres, les administrateurs et les bénévoles.
Ce travail renforce les résultats que nous avons obtenus au cours de la dernière décennie, à savoir l'élaboration de solides protocoles de pratique sécuritaire du sport, comme la liste Sport sécuritaire de Canada Soccer. Il soutient également nos engagements en matière d'égalité salariale et de mise en place d'un environnement propice à la réussite à long terme des deux équipes nationales seniors. Nous continuerons à nous concentrer sur ces priorités pendant ma présidence, et nous réaliserons de nouvelles améliorations dans ces domaines.
En ce qui concerne l'inclusion, je tiens à saluer une étape importante qui fera date dans l'histoire du soccer féminin au Canada, soit la création d'une ligue professionnelle féminine nationale. Lors de la récente assemblée annuelle de Canada Soccer, nos membres ont voté à l'unanimité l'adhésion à Project 8, la nouvelle ligue professionnelle de soccer féminin au Canada. Nous approchons à grands pas du jour où des équipes professionnelles féminines au Canada contribueront à former la prochaine génération de joueuses de l'équipe nationale. Je suis ravie pour l'équipe de Project 8, et nous nous réjouissons de l'avenir prospère de la ligue et de ses joueuses.
Aujourd'hui, les joueuses et les joueurs de nos équipes nationales — et tous nos athlètes, arbitres, membres et partisans — méritent le meilleur environnement de sport qui soit. Nous continuerons à travailler au cours de l'année prochaine et au‑delà pour nous assurer que c'est le cas. À cet égard, au cours des dernières semaines, à titre de présidente par intérim et maintenant de présidente élue, j'ai entendu nos joueurs, nos membres, nos partenaires et nos partisans affirmer que la confiance, une plus grande transparence et une meilleure communication sont des éléments essentiels pour garantir que nous sommes un organisme stable et solide dont tous les Canadiens peuvent être fiers. J'ai entendu ces commentaires et je suis tout à fait d'accord.
En cette période d'évolution, mon mandat, ainsi que celui du conseil d'administration, est de poursuivre ce travail et d'améliorer les conditions dans tous les domaines de notre sport. Je pense que nous savons tous que le système sportif n'est pas parfait. Je suis certaine que les élus qui composent votre comité savent que la meilleure façon d'apporter des changements est de se mobiliser et de susciter ces changements de l'intérieur. C'est ce que je me suis toujours efforcée de faire et c'est ce que j'ai l'intention de faire dans mon nouveau rôle.
Mes priorités sont de veiller à ce que l'équité salariale soit réalisée et que les budgets des équipes nationales soient gérés efficacement pour assurer la réussite de nos programmes féminins et masculins, de participer à des discussions avec les intervenants de Canadian Soccer Business pour veiller à ce que les deux parties profitent également de ce partenariat et que les discussions sur le soccer féminin au Canada se poursuivent, de faire en sorte qu'un plus grand nombre de gens d'affaires et de joueurs s'engagent dans la gouvernance pour s'assurer qu'ils ont voix au chapitre au sujet de la direction que prend l'association, ce qui permet d'accroître le pouvoir de vote des membres et de veiller à ce que les gens aux plus bas échelons soient entendus dans l'ensemble de l'association, de garantir une transparence administrative et financière complète et d'éliminer l'incertitude et les malentendus qui ont causé certaines difficultés au sein de l'association et avec nos joueurs et enfin, de créer un environnement dans lequel les gens savent qu'ils peuvent participer à notre sport et exprimer leur opinion en toute sécurité, et dans lequel la diversité est valorisée et intégrée.
À titre de présidente par intérim, j'ai contacté et rencontré de nombreuses parties intéressées, notamment des membres territoriaux et provinciaux, des représentants des joueurs, des anciens joueurs, des membres de l'équipe de Project 8, des représentants de Canadian Soccer Business et d'autres. À titre de présidente, j'ai l'intention de poursuivre ce travail de sensibilisation que j'ai commencé dès ma première semaine.
J'ai passé ma vie à défendre les droits des athlètes. Je sais que pour instaurer la confiance, il faut faire preuve de transparence et respecter ses engagements. Je sais ce que c'est pour les athlètes de faire des sacrifices personnels et financiers, de s'entraîner pendant de longues heures, de passer du temps loin de leur famille et de mettre leur esprit et leur corps en jeu pour réaliser leurs rêves pour le Canada.
À titre de présidente, je suis enthousiaste et déterminée à saisir l'occasion de réhabiliter et de faire progresser Canada Soccer, afin de continuer à renforcer la base, à tirer parti du succès de nos équipes nationales et à maximiser le potentiel du sport professionnel, tant chez les femmes que chez les hommes. Cet engagement consiste notamment à me présenter devant vous aujourd'hui pour répondre à vos questions de manière directe et respectueuse.
À mon tour, j'attends des membres du Comité qu'ils fassent preuve, lorsqu'ils me poseront des questions, du respect et de la bienséance que mérite ce sujet important et essentiel et qu'ils fassent la promotion des principes du sport sécuritaire, qui comprennent la création d'espaces sûrs pour la recherche de solutions et la discussion. Avec mes partenaires et tous les membres de notre association, j'exercerai mes fonctions de présidente dans le même esprit.
Je vous remercie de votre attention. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Je peux seulement me prononcer sur le présent, mais non sur l'époque.
Notre conseil d'administration s'est enrichi de l'arrivée de membres très expérimentés, issus du monde des affaires. Quelques nouveaux administrateurs indépendants viennent de s'ajouter à lui aujourd'hui. Je suis fière d'annoncer que près de la moitié sont des femmes et que la majorité proviennent du secteur privé. Nous pouvons nous en enorgueillir. Progrès pour nous, beaucoup d'entre eux s'expriment dans les deux langues officielles, notamment notre vice-président.
J'estime que la formation à la gouvernance est très importante, particulièrement pour les administrateurs d'organisations sportives. Nous sommes avant tout des bénévoles, mais beaucoup d'entre nous, peut-être, ont d'autres centres d'intérêt que le sport. Parmi les éventuelles modifications actuellement envisagées pour la gouvernance des organismes, citons notamment un niveau accru de savoir-faire. Nous cherchons constamment à nous entourer de personnes compétentes.
Mais des voix manquent à ce concert, notamment, à mon avis, celles des athlètes. J'ai fait partie de beaucoup d'organismes en ma qualité d'athlète, ce qui m'a donné voix au chapitre. Nous voulons donner cette chance à nos athlètes.
En ce qui concerne la défense des joueurs, une ancienne joueuse de l'équipe nationale fait maintenant partie du conseil d'administration.Elle en fait davantage partie en qualité d'administratrice indépendante, mais elle a voix au chapitre et elle est étonnante. On ne saurait se passer de son avis, puisqu'elle est passée par là.
Plus nous suivrons cette voie, mieux nous pourrons servir l'organisation.
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Merci, madame la présidente; merci à vous également, madame Crooks.
Revenons à un point soulevé par ma consœur Zarillo du NPD, le rapport McLaren qui, bien sûr, ne date pas de 2008. Il est beaucoup plus récent. Il comportait également une rétrospective de 2019, quand 14 joueuses de l'équipe U‑20 ont révélé avoir été victimes d'agressions et d'intimidation de la part de Birarda, une affaire ensuite très médiatisée.
Ce qui me semble étonnant, c'est que, à l'époque, Canada Soccer n'a pas tendu la main aux victimes alléguées. Il a simplement publié une déclaration très banale selon laquelle il ne possédait pas plus de détails sur cette affaire. Voilà qui met la puce à l'oreille. Vous n'êtes aucunement responsable de ce qui est arrivé en 2008, mais, en 2019, le conseil d'administration a semblé insensible.
Permettez que je vous questionne sur CSB. Je peux comprendre que le conseil d'administration ait eu à traiter une foule de motions à chaque réunion, mais, bien sûr, c'est l'entente la plus importante que Canada Soccer ait signée dans la dernière décennie. On pourrait croire que cette motion aurait été beaucoup plus mémorable et plus intéressante que toutes les autres.
Je sais qu'il y avait une équipe de négociateurs et des conseillers juridiques de l'extérieur, mais vous, en femme d'affaires très intelligente, vous auriez posé des questions. Avez-vous demandé aux négociateurs pourquoi ils ont accepté de signer une entente d'une durée de 20 ans qui donnait à CSB, mais non à Canada Soccer, la faculté de prolonger unilatéralement le contrat après 10 ans?