:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 104e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien. Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé de la nation anishinabe algonquine.
[Traduction]
Comme nous le savons, la réunion se déroulera sous forme hybride. Tous ceux qui participent en mode virtuel se connecteront à Zoom, mais n'oubliez pas qu'il est interdit de prendre des photos de l'écran Zoom ou de la réunion.
Par ailleurs, vous n'êtes pas obligés de porter des masques, mais ce serait bien si vous pouviez le faire parce que nous avons entendu l'administrateur en chef de la santé de l'Ontario dire que les gens risquent de tomber très malades et que les hôpitaux commencent déjà à se remplir. C'est un point à ne pas oublier.
Je vous rappelle que si vous voulez poser des questions ou obtenir des réponses, vous devez vous adresser à la présidence. De plus, faites attention à votre son, car l'écho produit par les objets à proximité de vous pourrait causer des problèmes aux interprètes, en raison des accrochages acoustiques, qui sont très néfastes pour eux.
Nous accueillons aujourd'hui, comme demandé, la ministre des Sports, l'honorable Carla Qualtrough.
Les fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien qui l'accompagnent sont Isabelle Mondou, sous-ministre du Patrimoine canadien, et Emmanuelle Sajous, sous-ministre adjointe, Sport. De l'Agence de la santé publique du Canada, nous accueillons Nancy Hamzawi, première vice-présidente, et Michael Collins, vice-président, Direction générale de la promotion et de la prévention des maladies chroniques.
Sans plus tarder, je vous souhaite la bienvenue, madame la ministre. C'est un plaisir de vous voir ici. Je vous félicite de gérer un portefeuille qui, je le sais, vous tient à coeur puisque vous avez vous-même été une athlète olympique.
Commençons par votre déclaration. Vous avez 10 minutes.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour à toutes et à tous. Je vous remercie de m'avoir invitée à me joindre à vous aujourd'hui.
Madame la présidente, je tiens à dire que je serai heureuse de rester plus longtemps pour rattraper le temps que nous avons perdu. Si cela convient à tout le monde, je peux rester pendant l'heure entière. Je vous laisse le soin d'en décider.
Je voudrais commencer par souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin anishinabe.
[Français]
C'est avec plaisir que je rencontre les membres du Comité permanent du patrimoine canadien pour discuter de mon mandat en tant que ministre des Sports et de l'Activité physique.
Notre gouvernement a agi rapidement pour protéger la population du pays pendant la pandémie de COVID‑19 et a mis en place de nombreuses mesures pour que les Canadiennes et les Canadiens puissent s'occuper de leurs familles et payer leurs factures. Depuis, conformément à mon mandat, nous travaillons pour rebâtir le système sportif et pour exploiter le pouvoir du sport au profit du plus grand nombre de Canadiennes et de Canadiens possible.
[Traduction]
J'ai repris mes anciennes fonctions à un moment où le système sportif canadien est à la croisée des chemins. Ma propre expérience d'athlète m'a fait découvrir tout le pouvoir et le potentiel positif du sport, mais nous avons également constaté, à maintes reprises, qu'en l'absence de mesures de protection et de reddition de comptes suffisantes, le sport peut avoir un effet négatif.
Je tiens à saluer les survivantes et survivants qui ont eu le courage de dévoiler leurs expériences, notamment au cours de l'examen de votre comité sur la pratique sécuritaire du sport. J'admire leur courage. Ce qui leur est arrivé n'aurait jamais dû se produire et je m'engage à les aider.
En ce qui concerne le rapport sur la pratique sécuritaire du sport, je salue le travail de votre comité et j'attends impatiemment sa publication et ses recommandations.
Dans le cadre de mon mandat, j'ai annoncé hier la création d'une commission indépendante et impartiale sur l'avenir du sport au Canada. Cette commission sera mise en place au cours de la nouvelle année. La commission constituera un forum qui exposera les expériences des victimes et des survivantes et survivants, soutiendra leur guérison et suscitera la participation d'un grand nombre de personnes qui proposeront des façons d'améliorer le système sportif au Canada. La commission adoptera une démarche tenant compte des traumatismes, centrée sur les survivantes et survivants et axée sur le respect des droits de la personne.
Je crois fermement que les athlètes doivent avoir leur mot à dire dans l'évolution du système sportif canadien. À cette fin, nous continuerons d'affecter des fonds à AthlètesCAN afin de renforcer ses capacités et d'accroître le rôle des athlètes dans le système sportif. En outre, le Comité aviseur d'athlètes de Sport Canada sera élevé au rang ministériel. En janvier, nous lancerons un nouvel appel de candidatures auprès des athlètes qui souhaiteraient siéger à ce comité, qui me fera part directement de leurs commentaires et de leurs points de vue sur la politique et les programmes sportifs. De plus, pour garantir une plus grande indépendance, nous commencerons à retirer le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport et le programme Sport sans abus du Centre de règlement des différends sportifs du Canada.
Nous reconnaissons tous que la pratique sportive est indispensable à un mode de vie sain. Mon mandat indique clairement qu'on doit avoir recours au sport pour encourager les Canadiennes et Canadiens, en particulier les enfants et les jeunes, à intégrer l'activité physique à leur vie quotidienne et à en accroître la pratique. Même avant la pandémie, moins de la moitié des adultes, des enfants et des jeunes respectaient les recommandations actuelles en matière d'activité physique. Les taux de sédentarité étaient déjà élevés. Nous devons faire davantage pour aider les Canadiennes et Canadiens à bouger et à adopter un mode de vie sain et actif.
Je continuerai à travailler avec nos partenaires, dont les gouvernements provinciaux et territoriaux et les organismes de l'ensemble du système sportif canadien afin d'accroître les possibilités de pratique sportive pour tous les Canadiens et Canadiennes. Cela signifie qu'il faut également veiller à ce que les communautés sous-représentées aient un meilleur accès à des activités sportives et physiques positives, comme nous le faisons par l'entremise de l'initiative Le sport communautaire pour tous. Grâce à cette initiative, nous appuyons les programmes sportifs communautaires pour les groupes en quête d'équité, en particulier les personnes noires, les Autochtones, les personnes 2ELGBTQI+, les personnes handicapées et les nouveaux arrivants et arrivantes. Cela nous permet ainsi d'éliminer les obstacles à leur participation sportive et au maintien de leur activité physique.
[Français]
Notre gouvernement cherche toujours à assurer la diversité afin que tous nos systèmes reflètent la diversité du Canada. Le sport ne fait pas exception. Je continuerai à travailler pour que le système sportif et le système d'activité physique de notre pays reflètent sa diversité.
Je me réjouis de continuer à promouvoir l'activité physique et à encourager toutes les Canadiennes et tous les Canadiens, en particulier les enfants et les jeunes, à intégrer et à accroître l'activité physique dans leur vie quotidienne.
[Traduction]
Dans le budget de 2023, nous avons annoncé l'affectation de 10 millions de dollars sur deux ans au programme Soyons actifs de ParticipACTION afin d'augmenter le niveau d'activité physique des Canadiennes et Canadiens moins actifs, plus précisément de celles et ceux pour qui le manque d'activité physique cause des inégalités en santé. Nous contribuons également à l'élaboration des Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures de la Société canadienne de physiologie de l'exercice. Ces directives fournissent des conseils sur le nombre d'heures optimal d'activité physique, de comportement sédentaire et de sommeil pour les personnes de tous les âges.
Nous continuerons à travailler avec les parties intéressées ayant une expertise en matière d'activité physique et de santé, ainsi qu'avec les organismes sans but lucratif qui soutiennent les populations en quête d'équité. Cela comprend les tables rondes sur les modes de vie sains, dont le rapport Ce que nous avons entendu a été partagé avec les parties intéressées et sera bientôt mis en ligne.
Nous prenons également des mesures pour lutter contre l'inactivité physique. Grâce au Fonds pour la santé des Canadiens et des communautés, nous consacrons près de 20 millions de dollars par an à la réduction des inégalités en matière de santé parmi les populations prioritaires qui ont plus de risques de développer des maladies chroniques.
[Français]
Je continuerai à travailler en étroite collaboration avec mes homologues provinciaux et territoriaux afin de coordonner les efforts visant à accroître la pratique d'activités physiques et d'activités de loisir ainsi que les modes de vie actifs et sains partout au pays.
Afin que les activités physiques et sportives soient plus sécuritaires, notre gouvernement contribue à la mise à jour des Lignes directrices canadiennes sur les commotions cérébrales dans le sport et d'autres ressources importantes sur les commotions. Ainsi, l'ensemble de la population canadienne aura accès aux conseils les plus à jour sur la prévention, ainsi que sur l'évaluation et la prise en charge des commotions cérébrales liées au sport.
[Traduction]
Mes partenaires provinciaux et territoriaux seront parties prenantes dans ce processus. En outre, les organismes de sport nationaux, provinciaux et territoriaux utiliseront les nouvelles lignes directrices pour mettre à jour leurs propres protocoles relatifs aux commotions cérébrales.
Pour ce qui est de l'avenir, je pense que nous avons une occasion sans précédent d'élaborer des recommandations pour faire progresser la nouvelle Politique canadienne du sport. À cet égard, nous prévoyons que tous les gouvernements provinciaux et territoriaux adopteront la nouvelle politique en 2024. La politique, qui est fondée sur des valeurs comme le maintien de la sécurité dans le sport, est le fruit de vastes consultations menées auprès des Canadiennes et Canadiens d'un bout à l'autre du pays. Ces consultations ont été organisées pour que nous puissions obtenir l'avis de toutes les parties intéressées du système des sports et des loisirs. Malgré tout, il nous reste beaucoup de travail à faire pour garantir que tous les Canadiens et Canadiennes, qu'importe leur âge, leur handicap, leur race, leur origine ethnique ou leur identité de genre, puissent faire du sport sans obstacle et en toute sécurité.
Au fur et à mesure que nos travaux progresseront dans les mois à venir, je sais que je pourrai compter sur votre soutien, vos conseils et vos commentaires sincères. Je me réjouis à la perspective de poursuivre notre collaboration.
Merci, madame la présidente.
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Je m'interroge également au sujet de l'annonce que vous avez faite hier, madame la ministre. Je sais qu'il y avait beaucoup d'éléments dans cette annonce.
L'une des questions que j'ai à vous poser concerne la tenue d'un registre des sanctions parmi les organismes nationaux de sport. Notre comité a entendu de nombreuses victimes, que ce soit dans le monde du soccer, de la gymnastique, du hockey, de l'escrime, de la boxe, de la natation, du volleyball, et j'en passe. Des athlètes ont été maltraités dans des dizaines d'organismes de sport partout au pays. Bien entendu, ils ont de graves inquiétudes à cet égard.
Une victime notable qui a pris la parole devant notre comité était Mme McCormack. Elle a demandé comment nous pouvions assister encore et encore, sans rien faire, à de tels incidents, qu'elle a comparés à des accidents de la route. Voici ce qu'elle nous a dit, en parlant de l'entraîneur de Soccer Canada: « Malgré cela, pour des raisons inexplicables, Canada Soccer lui a permis de continuer d'entraîner des adolescentes. Pendant 12 ans, nous avons été plusieurs à dénoncer ce prédateur à maintes reprises, mais en vain. »
Andrea Neil a dit ceci: « Canada Soccer n'a rien fait pour protéger la communauté, mais a plutôt choisi de minimiser son comportement prédateur et de camoufler le motif de son départ, avec pour résultat qu'il entraînait de nouveau des filles vulnérables quelques semaines plus tard. »
Bien entendu, on parle ici de Bob Birarda. C'est un cas très triste. Il s'agit d'une personne qui a agressé sexuellement de nombreuses filles dans le monde du soccer. Il semble que rien n'ait été fait à ce sujet, de sorte que ces filles se sont senties ignorées, impuissantes et vaincues.
Ma question pour vous est la suivante: allez-vous créer un registre afin que les organismes nationaux de sport puissent signaler les sanctions?
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Je sais que vous vous êtes tous investis dans ce dossier et je respecte entièrement le travail que vous avez accompli.
Le fait d'exiger la production de preuves, d'obliger des témoins à comparaître et de pouvoir contre-interroger les victimes sont des éléments qui me préoccupent, en particulier parce que la commission n'a pas pour but de prouver les actes graves qui ont été commis dans le sport. Nous partons du principe que c'est le cas, et que nous croyons les survivants, nous croyons les victimes et nous voulons améliorer le système. Nous ne voulions pas mettre les athlètes, et les victimes en particulier, dans la position délicate de devoir témoigner.
Ensuite, bien sûr, il y a un élément très concret: lorsqu'on procède à une enquête publique dans un domaine qui relève principalement de la compétence des provinces, il faut négocier le mandat avec les provinces et les territoires, ce qui pourrait ajouter une année supplémentaire au processus. En outre, je ne peux pas garantir que toutes les provinces et tous les territoires seront d'accord, alors où cela nous mènerait‑il dans ce cas?
J'ai opté pour le modèle de la Commission de vérité et de réconciliation parce qu'il a répondu aux besoins d'une population vulnérable qui avait été traumatisée par un système qui ne l'a pas protégée. Il était tourné vers l'avenir. Il ne s'agissait pas d'une enquête publique et il n'y avait pas d'obligation de produire des preuves ou de faire comparaître des témoins. Il m'a donc semblé, ainsi qu'au gouvernement, que c'était la meilleure façon d'atteindre le résultat que nous souhaitons, à savoir améliorer et rendre plus sûr le milieu du sport.
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Merci, madame la présidente.
Madame Qualtrough, ce que vous nous avez proposé hier ne ressemble en rien à une volonté de réconciliation avec les survivants, compte tenu de ce qu'ils ont vécu individuellement. Nous espérions que vous parleriez davantage de la mise en place de procédures liées à l'enquête publique et, visiblement, compte tenu des sorties des supporteurs du CIO ainsi que d'AthlètesCAN qui ont été faites hier, cela représente pour moi la preuve que votre réponse à la crise a été préparée beaucoup plus pour eux que pour la population du Québec et du Canada et les victimes qui réclamaient une enquête publique indépendante.
Quand les seules personnes qui sont pointées du doigt depuis plusieurs mois sont celles qui vous félicitent aujourd'hui et hier, permettez-moi de douter des solutions que vous apportez.
Ma première question est la suivante: comment comptez-vous mettre fin concrètement à l'autorégulation des organismes sportifs et encadrer la législation et les mesures que vous allez mettre en place pour le faire?
On constate depuis plusieurs mois que c'est une machine qui se protège elle-même, et cette culture du silence a créé les abus toxiques qu'ont subis les victimes.
En vous concentrant sur le modèle de la vérité et de la réconciliation, vous enlevez les pouvoirs de contrainte sur les agresseurs, ou les méchants, si vous me permettez l'expression. Ils n'ont pas à venir témoigner. Si la mise au jour de cette situation a progressé depuis deux ans, c'est parce que le Comité permanent de la condition féminine ainsi que notre comité ont pu forcer la publication de documents et contraindre des gens à venir témoigner de leurs actions ou de leur inaction. Je pense particulièrement à Sport Canada, qui a fait la sourde oreille pendant des années et qui n'a pas réagi quand il a reçu des dénonciations.
L'enquête publique indépendante aurait permis d'aller au fond des choses, notamment sur les actions et l'inaction de Sport Canada, et la voie que vous avez choisie ne permettra pas de faire le ménage qui était attendu.
Pourquoi avoir choisi quelque chose de si facilitant?
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Madame la ministre, je vais enchaîner les questions très rapidement. Si je reprends la parole, ce n'est pas pour être impoli, mais pour tirer le maximum du temps dont je dispose. Je vais vous demander de me donner des réponses aussi concises que possible, et de répondre vous-même, à moins que je demande que ce soit un membre de votre personnel qui le fasse.
En tant que députés, nous avons la responsabilité de faire entendre la voix de nos concitoyens au sein de nos comités. Ce matin, je voudrais faire entendre la voix et le point de vue d'un survivant, Ryan Sheehan, qui affirme que l'annonce d'hier était, en fait, décevante.
M. Sheehan affirme que la célébration prématurée de tous les résultats par la ministre ne plaira pas aux survivants et aux intervenants, et que la commission n'a pas le pouvoir d'assignation. Il parle du fait qu'on ne prévoit pas de réelles protections pour les victimes. Il mentionne le fait que les victimes ont dû signaler les agressions qu'elles ont subies à sept organismes différents.
On a l'impression qu'il s'agit de n'importe quoi: aucune mesure de protection, une sorte d'improvisation, à l'image du Bureau du commissaire à l'intégrité dans les sports, le BCIS, qui n'avait aucun pouvoir et allait à l'encontre des souhaits des survivants.
En conclusion, la ministre s'est excusée auprès des survivants du fait qu'ils n'ont pas eu voix au chapitre jusqu'à présent, mais pourtant, elle tourne le dos à la seule chose sur laquelle la plupart des survivants s'étaient mis d'accord: une enquête publique.
Comment réagissez-vous à cela?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie les témoins, et en particulier la ministre, d'être avec nous aujourd'hui.
Madame la ministre, je suis très heureuse que vous ayez été nommée à ce poste, car j'ai déjà travaillé avec vous et je sais que vous êtes une femme d'action. Après deux années pendant lesquelles n'a rien fait de significatif pour s'attaquer aux très graves problèmes des sévices dans le sport, nous avions vraiment besoin que les choses changent.
Certains des survivants qui m'ont parlé ont exprimé leurs inquiétudes au sujet de l'enquête parce qu'ils craignent que, si elle dure 18 mois, cela ne retarde l'adoption de mesures. Les deux comités qui se sont penchés sur la question ont fait état de diverses mesures qui ne peuvent attendre: la vérification des antécédents de tous ceux qui vont travailler auprès de personnes vulnérables, comme les entraîneurs et les bénévoles; l'interdiction des ententes de non-divulgation pour protéger les auteurs d'agressions; le registre des délinquants que vous avez déjà mentionné, et j'ai été très heureuse des progrès réalisés; et le signalement de toutes les agressions sexuelles à la police au lieu de la tenue d'enquêtes par les organismes eux-mêmes.
J'ai entendu dans l'annonce que vous avez faite hier que la commission n'était pas la seule mesure et que vous alliez en prendre d'autres. Pourriez-vous nous donner une idée de ce que pourraient être ces mesures?
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Je vous remercie. Je suis très heureuse d'assumer ce rôle. J'aime examiner les systèmes et les réparer. J'espère y arriver pendant le temps que je passerai dans ce rôle.
Je pense qu'il y a une foule de mesures que nous pouvons prendre tout de suite. Hier, j'ai annoncé, en plus de la commission, six mesures immédiates. Le groupe consultatif des athlètes de Sport Canada relève maintenant du ministère. Il relève directement de moi et me conseillera.
Nous retirons le Bureau du commissaire à l'intégrité dans les sports du Centre de règlement des différends sportifs du Canada en raison des inquiétudes liées à son indépendance. Nous créons un groupe de travail international pour que les pays se réunissent, mettent en commun leurs pratiques exemplaires et discutent de ce sujet au niveau international.
La vérification des antécédents est en cours. Cela prend toujours beaucoup plus de temps que nous ne le souhaitons en raison des compétences dans ce dossier. Je comprends tout à fait qu'il s'agit d'un élément clé pour simplifier l'information. Si je fais partie d'un club en Alberta et que je veux savoir pourquoi l'entraîneur a quitté un club en Colombie-Britannique pour venir dans un club de natation dans ma province, il est vraiment difficile de trouver cette information, même pour un conseil d'administration engagé et ingénieux, et à plus forte raison, pour un conseil d'administration bénévole dirigé par les parents. Nous y travaillons.
Je ne me souviens pas de toutes vos questions. Je m'en excuse.
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Merci, madame la présidente.
Madame la ministre, vous avez été une athlète, et, depuis plus de 25 ans, vous êtes très engagée à différents paliers. De plus, vous êtes une des grandes architectes des divers mécanismes qui ont été mis en place dans le sport au Canada. Vous avez notamment été ministre des Sports de 2015 à 2017.
Je veux parler d'un cas précis, soit celui de Mme Kristen Worley. Vous aviez été interpelée, en tant que ministre des Sports, au moment où son histoire avait été dévoilée, mais vous n'aviez pas réagi. Mme Worley a eu gain de cause dans le litige porté devant un tribunal des droits de la personne en raison des violations à caractère sexuel qu'elle a subies pendant les examens imposés par le Comité international olympique, ou CIO. Le Canada a accepté cela sans lever le petit doigt. Nous connaissions tous la situation. Mme Worley a dû se débrouiller seule.
Dans le contexte actuel et selon ce que vous proposez, je pense qu'un cas comme celui-là a des limites. Vous avez un devoir de réconciliation, et c'est sous cet angle que les survivantes ont demandé que l'État, que le Canada, prenne ses responsabilités. Vous devez aussi supprimer l'autonomie des systèmes sportifs, qui auront protégé leur intégrité au lieu de protéger les victimes.
Allez-vous aligner la protection des athlètes sur les tribunaux civils et criminels ainsi que sur les tribunaux des droits de la personne?
En quoi la commission volontaire, que vous offrez comme réponse, va-t-elle pouvoir aider dans un cas comme celui de Mme Worley? Je rappelle que les tribunaux lui ont donné gain de cause.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie de comparaître. Merci à tous les témoins.
Notre comité s'est réuni et a entendu de nombreuses histoires. Je sais que vous connaissez ces histoires. Même si nous représentons différents partis politiques, nous sommes pas mal sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la façon dont nous protégeons les intérêts des victimes et créons une sorte de tribune où elles peuvent se faire entendre. Il y a aussi la responsabilisation des organismes qui... Tous les organismes sportifs ne sont pas en cause. Il y a beaucoup de bons organismes. Ce n'est pas chaque personne au sein d'un organisme qui est problématique, mais il existe une culture réellement pourrie dans le sport. Nous le savons tous, et cela a été un long processus pour les membres du Comité.
Je me réjouis qu'il existe une tribune où les victimes auront enfin une plateforme légitime pour s'exprimer sur ces questions de façon respectueuse, où elles seront protégées. Je pense que c'est une bonne chose.
Il y a autre chose qui me préoccupe. Comment pouvons-nous tenir les organismes responsables?
Je sais que ce n'est pas à vous, à titre de ministre, ni à nous, en tant que députés, d'aller sur le terrain, d'arrêter des gens et de les inscrire dans un registre. Cela ne fait pas partie du processus, mais comment pouvons-nous tenir responsables les organismes pourris jusqu'à la moelle ou les personnes qui en font partie si nous ne pouvons pas les obliger à se présenter devant une commission pour s'expliquer? Qu'en pensez-vous?
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J'ai énormément d'idées.
Si je pouvais exprimer mon souhait le plus cher, je pense qu'au bout du compte, la commission devrait mener à un changement de culture. Dans le sport, le problème vient en partie du fait qu'il n'y a pas seulement les cas d'abus flagrants dont nous avons tous entendu parler; il y a aussi beaucoup de comportements très nocifs qui ont été normalisés dans le système sportif.
Bien des gens assument plusieurs responsabilités dans le système. Les organismes sont dirigés par des bénévoles et relèvent des autorités fédérales et provinciales. Ce sont des problèmes systémiques qui font en sorte que tant que nous n'aurons pas trouvé le moyen de rationaliser le système sportif et de régler ces conflits d'intérêts, le sport ne sera pas celui que nous souhaitons pour nos enfants. Ce sera vraiment difficile.
Je pense que le public exigera ce changement de culture. C'est ce qui nous motivera. J'espère que la visibilité de la commission permettra de mettre cette question en lumière et de la garder dans l'œil du grand public, qui commencera et devrait commencer à exiger un meilleur sport.
Il y a des pressions qui s'exercent. Des Canadiens ont participé à la normalisation de ces comportements — la moquerie, l'intimidation, le harcèlement, les taquineries et les insultes. Cela arrive, tout simplement. Il y a des parents qui crient après des arbitres sur la patinoire ou après les enfants d'autres familles qui jouent sur le terrain de soccer. Cela ne se fait dans aucun autre secteur. On ne le fait pas en éducation. Je ne me présente pas à mon entrevue parents-enseignants pour commencer à crier après les autres enfants qui ont obtenu le A que mon enfant aurait dû obtenir, mais on le fait dans le sport.
Je pense vraiment que le public doit prendre ses responsabilités et se rendre compte qu'un changement de culture d'envergure est nécessaire dans ce système.
Merci à vous tous d'être ici. Je suis heureux de vous revoir.
Madame Sajous, je suis ravi de vous voir après bien des années.
J'aimerais reprendre là où M. Shields s'est arrêté, si vous me le permettez, parce que je pense qu'il vaut la peine de comprendre la différence entre 85 et 100 %. De toute évidence, cela sous-entend que certaines personnes ne se sentiront pas en sécurité ou ne seront pas incluses.
Comment pouvons-nous agir de manière à rassurer les gens, à amener les athlètes et leurs familles à avoir le sentiment que nous leur avons rendu justice? Au bout du compte, c'est ce que tout le monde veut. Nous voulons nous assurer qu'à la fin de ce processus, les athlètes, les athlètes potentiels, leurs familles et les victimes sentent qu'ils ont été entendus et qu'ils peuvent regarder derrière et dire que tout cela en aura valu la peine si personne d'autre ne doit passer par là.
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Je vais donc récupérer tout mon temps.
La présidente: Oui.
M. Taleeb Noormohamed: D'accord. C'est bon.
Il y a environ 30 ans, j'étais un des seuls enfants à la peau foncée qui jouaient au hockey. Certaines choses considérées comme étant normales à l'époque ne seraient même pas envisageables aujourd'hui, et c'est pourtant ce qui se fait. C'est peut-être moins flagrant de nos jours, mais cela se fait encore.
Comment pouvons-nous faire en sorte à l'aide du processus que vous avez présenté, ou que nous allons présenter et qui va se concrétiser, que les personnes qui ont peur de se manifester seront non seulement à l'aise de le faire, mais pourront également le faire d'une manière qui ne va pas les traumatiser une autre fois et qui, surtout, n'aura pas de répercussions pour elles lorsqu'elles reprendront leurs activités sportives? C'est une chose de dire que nous ne voulons pas traumatiser à nouveau les gens, ce qui est terrible et épouvantable, mais c'est autre chose lorsque des personnes traumatisées à nouveau doivent reprendre la compétition. Elles doivent composer avec des préjugés parce qu'elles ont participé à ce genre de processus.
De quelle façon ce processus aidera‑t‑il les athlètes et les autres personnes qui sont actuellement dans le système, les entraîneurs et les autres intervenants qui veulent prendre position et faire la bonne chose? Pourront-ils le faire tout en continuant de se sentir en sécurité, non seulement pendant le processus, mais aussi après?
:
C'est une très bonne question.
Les gens de Sport Canada ont vu leur rôle différemment au cours des années. Au fil du temps, il a évolué. Les attentes des Canadiens envers Sport Canada ont aussi évolué.
Au départ, le rôle de Sport Canada consistait à offrir du financement à des organismes et à gérer le mieux possible les finances publiques par rapport à ce financement. Des histoires terribles ont été rapportées au fil des ans, et des gens ont exigé que les associations sportives soient tenues pour responsables de leur conduite. Comme la ministre l'a mentionné, cela se fait par le financement.
En ce qui concerne l'examen de conscience, je vous dirai que, lors de notre témoignage devant ce comité, il y a environ un an, je crois, un des points qui a été soulevé avait trait à la vérification. Quand nous faisions de la vérification, nous n'avions pas une équipe distincte susceptible de vraiment ajouter un niveau de surveillance supplémentaire. Nous avons prévu de l'argent dans le budget de 2023 pour créer cette équipe qui, comme dans bien d'autres ministères, existe pour s'assurer que les règles sont respectées. Cette capacité n'existait pas avant. C'est un des constats.
Nous avions aussi commencé à travailler sur une fiche de rendement, mais nous n'avions pas la capacité d'appliquer les résultats de façon plus rigoureuse.
Pardonnez-moi, c'est une réponse très longue.
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Merci, madame la présidente.
Je veux que l'on clarifie quelque chose pour tout le monde. Je n'utiliserai peut-être pas tout mon temps de parole.
M. Green a parlé, notamment, de toute la question de la production de documents. Je veux dire très clairement que le Parlement ne peut pas obliger la production de documents. Je veux m'assurer que les gens ne s'imaginent pas que nous avons le pouvoir d'obliger la production de documents. Si j'ai mal compris M. Green, il aura l'occasion d'apporter des précisions, je pense.
Ce que j'ai compris, c'est que la commission ne sera pas en mesure d'aller suffisamment loin, d'aller là où il faut aller, et que les parlementaires pourraient avoir un rôle à jouer en matière de production de documents, par exemple, les documents d'un entraîneur.
Pouvez-vous rassurer les gens en expliquant les pouvoirs dont dispose ce type de commission, afin qu'ils comprennent ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire?
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En fait, votre temps est écoulé.
Merci beaucoup aux fonctionnaires. Notre réunion est terminée. Je vous remercie du temps que vous nous avez consacré et de nous avoir expliqué bien des choses.
Avant de partir, chers membres du Comité, nous avons quelques points d'ordre administratif à examiner. Nous devons approuver un certain nombre de budgets.
Il y a un budget de 1 250 $ pour la séance d'information de la présidente du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada.
Sommes-nous d'accord pour approuver ce budget?
Des députés: D'accord.
La présidente: Il y a un autre budget, qui est de 500 $, pour la nomination par décret de Jean-François Bélisle au poste de directeur du Musée des beaux-arts du Canada.
Sommes-nous d'accord pour approuver ce budget?
Des députés: D'accord.
La présidente: Nous devons maintenant approuver un budget de 1 250 $ pour la nomination par décret de Catherine Tait au poste de présidente de la Société Radio-Canada.
Des députés: D'accord.
La présidente: Il y a ensuite un budget de 21 400 $ pour l'étude sur l'utilisation actuelle et continue des tactiques d'intimidation et de subversion par les géants du Web pour échapper à la réglementation au Canada et à travers le monde.
Sommes-nous d'accord pour approuver ce budget?
Des députés: D'accord.
La présidente: C'est tout. Je vous remercie beaucoup.
Pour nous mettre un peu dans l'ambiance de Noël, j'ai apporté du vin de la Colombie-Britannique.
Joyeux Noël à tous. J'espère que nous ne nous réunirons pas jeudi.
Merci.