Bienvenue à la 87e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je tiens à souligner que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Aujourd'hui, la réunion se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 juin 2022. Bien que les autorités de santé publique et le Bureau de régie interne n'exigent plus le port du masque à l'intérieur, je vous recommande d'en porter un pour votre propre bien.
J'aimerais profiter de l'occasion pour vous rappeler qu'il vous est interdit de prendre des photos de votre écran. Vous pourrez consulter les délibérations sur le site Web de la Chambre.
Pour ceux d'entre vous qui participent en mode virtuel, si vous cliquez sur l'icône représentant un globe terrestre que vous voyez au bas de votre écran, vous aurez le choix de la langue d'interprétation. Veuillez mettre votre micro en sourdine quand vous ne parlez pas et prendre la parole seulement à l'invitation de la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 20 septembre 2022, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Aujourd'hui, nous accueillons deux groupes de témoins et nous allons répartir...
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Je vous remercie, monsieur Lemire.
Avons-nous le consentement unanime du Comité?
Un député: Non.
La présidente: En l'absence de consentement unanime, nous allons devoir demander au témoin de comparaître une autre fois. La greffière va prendre des dispositions pour cela.
Au cours de la première heure, soit de 11 heures à midi, nous accueillons Susan Auch, médaillée olympique et ancienne directrice générale de Patinage de vitesse Canada. Nous entendrons ensuite Karl Subban, de Ban Ads for Gambling.
Madame Auch, vous avez cinq minutes à votre disposition pour votre déclaration préliminaire. Vous pouvez commencer.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente ainsi que tous les membres du Comité, de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
Je fais un peu d'asthme en ce moment, je vous demanderais donc d'être patients avec moi.
Enfant, j'ai fait de l'athlétisme, joué à la ringuette et nagé à la piscine locale. J'ai fait des courses de vélo autour du parc Birds Hill et, bien entendu, j'ai patiné sur des étangs gelés. Je chéris cette période de mon enfance où je faisais du sport. Ces débuts prometteurs ont éveillé en moi un amour à vie du sport et nourrissent ma passion pour une pratique du sport sécuritaire, équitable et inclusive pour tous les athlètes canadiens.
Dans le système sportif canadien d'aujourd'hui, ce n'est malheureusement pas possible. Je le sais par expérience. Je suis une quintuple olympienne, triple médaillée olympique et la première patineuse de vitesse à avoir reçu le prix Bobbie Rosenfeld à titre d'athlète féminine de l'année. J'ai également été intronisée au Temple de la renommée olympique ainsi qu'aux temples de la renommée du Canada, de l'Alberta et du Manitoba, en plus d'avoir reçu l'Ordre du Manitoba.
Je suis également une survivante et une victime de représailles du système sportif canadien.
Aveuglée par un désir bien enraciné et acquis de devenir une source de fierté pour mon pays et ma collectivité, j'ai enduré un traitement qu'aucun jeune ne devrait subir. J'ai payé un prix élevé pour mes succès olympiques et un prix encore plus élevé quand j'ai réintégré le monde du sport dans l'espoir d'y apporter des changements positifs.
La violence verbale, le harcèlement sexuel et l'isolement ont commencé dès mon déménagement à Montréal et se sont poursuivis quand je suis venue vivre à Calgary pour faire du patinage de vitesse à l'échelle internationale. Je me souviens qu'avant mes courses, mon entraîneur me criait par la tête, le doigt pointé sur mon visage: « Ne va pas tout foutre en l'air! » Je me rappelle le harcèlement sexuel constant que je subissais de la part de mon entraîneur sur la glace, au dortoir, dans l'ascenseur et même dans les bureaux de l'Oval olympique de Calgary, à tel point que, pour sortir de là, j'ai dû me faufiler entre les cloisons et les fenêtres. Quand la goutte a fini par faire déborder le vase, je l'ai envoyé paître et j'ai été suspendue de l'équipe.
J'ai toujours pensé que ma capacité de concentration et ma résilience venaient du fait que j'avais survécu à ces abus, mais aucun jeune Canadien n'est obligé de passer par là pour gagner des médailles. Il est impossible de savoir ce que j'aurais pu accomplir si je n'avais pas eu à gaspiller toute cette énergie pour survivre au système. Ce sont les problèmes systémiques enracinés dans le milieu du sport qui permettent les abus et les représailles à l'endroit de quiconque les dénonce ou tente d'apporter des changements.
Dès la création de l'organisme À nous le podium, au début des années 2000, les organismes de sport ont commencé à recevoir les fonds dont ils avaient grandement besoin pour aider les athlètes à compétitionner à l'international. Dès 2006, nous avons obtenu des résultats étonnants. Aujourd'hui, À nous le podium est entièrement financé par les deniers publics et son champ d'action dépasse largement la répartition des fonds pour le sport de haute performance, ce qui a d'ailleurs posé pas mal de problèmes.
Les membres de la haute direction d'À nous le podium imposent leur présence dans les entrevues avec des membres du personnel des organismes nationaux de sport et, aujourd'hui, même dans les entrevues avec les membres de la haute direction de ces organismes. À nous le podium et le Comité olympique canadien se placent entre l'équipe de conseillers en haute performance et l'organisme de sport, ce qui nuit généralement à l'employeur. À nous le podium exerce des pressions sur les directeurs généraux pour les obliger à maintenir en poste ses employés préférés, sans égard à la culture problématique qui est en train de s'installer ni au dépassement flagrant des dépenses, payées par les contribuables. En général, les gens qui aiment À nous le podium sont protégés par l'organisme. Nous le constatons dans le roulement incessant des employés qui sont congédiés d'un organisme de sport et ensuite réembauchés dans un autre.
Le pire, c'est qu'À nous le podium exerce des pressions sur les organismes de sport pour qu'ils s'abstiennent de signaler toute allégation d'abus si cela risque de leur faire perdre des médailles olympiques, même s'il s'agit d'allégations de harcèlement ou d'abus sexuel. En 2016, après que j'ai eu dénoncé le président de Patinage de vitesse Canada pour harcèlement, le directeur général a opté pour la médiation au lieu de lancer une enquête, ce qui a permis à l'agresseur de démissionner avec des félicitations. Les témoins, dont un employé de Patinage de vitesse Canada, n'ont pas été interrogés et n'ont jamais été visés par une enquête. Quant à moi, la victime, après avoir signé une entente de non-divulgation, j'ai été isolée et réduite au silence. J'ai été laissée sans protection.
Lorsque j'ai été nommée directrice générale intérimaire, l'un des témoins de l'incident est devenu directeur et, l'été dernier — malgré mes objections au président —, il a été nommé président du comité des ressources humaines de Patinage de vitesse Canada. J'ai été congédiée peu après, même si la situation de Patinage de vitesse Canada n'avait jamais été aussi bonne depuis longtemps. Les directeurs généraux sont dans une situation impossible. Soit nous restons fidèles à nos convictions et accordons la priorité à notre devoir de diligence envers les athlètes, soit nous nous nous plions aux desiderata d'À nous le podium et du Comité olympique canadien en devenant leurs marionnettes. En général, Sport Canada se tient à l'écart des conflits.
J'ai été visée par des plaintes anonymes non fondées, sans grande importance, mais il est périlleux de les contester. Je me sens encore contrôlée, même si je ne travaille plus pour l'organisme ni pour ses filiales. Quand j'ai voulu apporter des changements à la gouvernance, le conseil d'administration a refusé de reconnaître que la diversité était tout aussi importante que les compétences, et le comité de nomination a préféré nommer un nombre disproportionné d'hommes blancs. Patinage de vitesse Canada a maintenant un président qui a dépassé son mandat et qui a siégé au conseil d'administration durant un plus grand nombre d'années que l'autorise le règlement. C'est un président inattaquable.
J'ai consacré 20 ans de ma vie au sport de haute performance, et j'ai travaillé 20 ans de plus dans le milieu du sport, bien souvent bénévolement. Cela n'a rien donné. Au bout du compte, ce que je retiens de mon expérience, c'est qu'il est impossible d'essayer d'améliorer le système sans subir des représailles, même pour une médaillée olympique qui possède les compétences et l'expérience nécessaires pour occuper un poste de haute direction.
Il y a encore beaucoup de sportifs qui ne sont pas capables de dénoncer les abus, par crainte de briser le code du silence ou parce qu'ils ont signé une entente de non-divulgation. Personne n'est en sécurité. Dans le milieu du sport canadien, il est mal vu de dénoncer et de vouloir changer les choses. Voilà pourquoi le système sportif continuera de s'effriter probablement jusqu'à son effondrement si nous ne lançons pas immédiatement une enquête nationale et si nous ne mettons pas fin aux ententes de non-divulgation qui camouflent les actes répréhensibles.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Merci à vous également, madame Auch.
Je dois vous dire que moi aussi, j'ai joué à la ringuette à Calgary dans les années 1970 et 1980. Je me demande donc si nous nous sommes déjà rencontrées à l'époque, peut-être dans des équipes rivales.
Pour moi, la pratique du sport a toujours été une expérience vraiment positive. J'y ai appris à développer l'esprit d'équipe, à devenir meilleure dans le sport et à perfectionner mes compétences. Nous avions vraiment des liens très forts quand notre équipe se rendait dans différentes villes pour participer à des tournois. J'essaie donc de concilier cette expérience avec ce qui se passe actuellement dans le milieu. Je n'ai jamais atteint le niveau olympique, je me demande donc si c'est au moment où les athlètes atteignent un niveau élevé de performance que le système connaît des ratés, que la culture se dégrade.
Nous n'accueillons pas seulement des patineurs ici à notre comité. Nous entendons des athlètes de différents sports. J'essaie de voir s'il y a un lien entre les violences que nous observons dans tous ces différents sports. Est‑ce qu'elles se produisent à un niveau avancé, chez les athlètes de très haut niveau? Y a‑t‑il un problème lié à la façon dont nous entraînons ces athlètes pour qu'ils atteignent un niveau si élevé? Est‑ce là que la culture commence à se dégrader?
Pouvez-vous nous donner votre avis à ce sujet?
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Les choses ont vraiment changé depuis les années 1970 et 1980. Je pense que le sport s'est grandement professionnalisé et qu'il est plus réglementé qu'il l'était dans notre enfance. Je pense que cela fait partie du problème. Cela commence dans les clubs locaux jusqu'aux équipes olympiques ou dans les sports professionnels.
Je pense que les organismes de sport poussent maintenant les enfants à se spécialiser dans les sports individuels trop tôt. Nous, nous avons eu la chance de pratiquer de nombreux sports. J'ai joué à la ringuette jusqu'à l'âge de 15 ans. Quelques années plus tard, je participais aux Jeux du Canada, en patinage de vitesse et en cyclisme. Je pense que ce n'est plus vraiment possible maintenant, parce qu'on essaie d'entraîner des petits robots qui vont gagner des médailles olympiques. Je pense que ce sont les organismes de sport qui sont responsables de cette situation.
Avant de quitter Patinage de vitesse Canada, j'ai bien sûr essayé de mettre en œuvre un meilleur programme de développement des athlètes, échelonné sur une période plus longue. L'un des objectifs était de permettre aux enfants de rester des enfants sur la glace, avant de les transformer en petits athlètes professionnels. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des athlètes ne deviennent pas professionnels. Ce qu'ils retirent du sport, c'est ce qu'ils ont appris quand ils étaient enfants. Tout ce qu'ils apprennent dans le sport, c'est durant leur enfance — la discipline, le perfectionnement, le sens du mouvement, l'utilisation des muscles, le développement des systèmes aérobie et anaérobie, les amitiés et les styles de communication efficaces. C'est ça, le sport. Par la suite, quelques athlètes vont un peu plus loin et deviennent des médaillés olympiques.
Nous devons encourager à la fois la pratique du sport et un mode de vie plus sain. Nous avons besoin que les médaillés olympiques, les héros sportifs nationaux et les athlètes professionnels soient des modèles qui incitent les familles et les enfants à faire du sport. Il faut aussi que les enfants, qui constituent le principal élément du système sportif canadien, puissent profiter de leur vie en tant qu'athlètes et ne soient pas contraints d'aller dans une direction qui ne leur convient peut-être pas.
J'étais tout à fait apte à devenir une athlète de niveau olympique. J'adorais le stress. J'adorais la compétition, mais je ne suis pas certaine que tous les enfants aiment cela. Tout le monde n'est pas fait pour cela. Pourquoi poussons-nous les enfants à atteindre ce niveau trop tôt?
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Il faut absolument que les organismes de sport respectent leurs propres politiques. Ce n'est pas pour rien que ces politiques existent.
Il y a un problème de conflit d'intérêts quand des parents occupent des postes d'entraîneur et de direction. Les documents sur les conflits d'intérêts ne servent pas seulement à démontrer l'existence d'un conflit d'intérêts et à le faire savoir à tout le monde. Si vous êtes en situation de conflit d'intérêts, vous êtes forcément partial. Vous ne pouvez pas dire que vous ne le serez pas. Ce n'est plus possible. C'est un élément très important.
Il devrait y avoir des politiques interdisant aux parents de participer au développement sportif de leurs enfants. Ils doivent être uniquement des spectateurs et non des entraîneurs, des administrateurs et des bénévoles au sein des conseils d'administration. C'est difficile, je le sais, parce que nous avons besoin de parents bénévoles. Il faut trouver un moyen de contrer toute cette ingérence extérieure.
Le problème, ce n'est pas seulement les parents. Ce sont aussi les entraîneurs qui, par exemple, veulent former leur propre équipe de natation, la seule équipe qui réussira à hisser ses athlètes jusqu'au niveau national. Il existe une rivalité entre les entraîneurs. Nous avons besoin d'un meilleur système de rivalité positive au Canada, au lieu de ce système de compétition néfaste qui pousse les entraîneurs à accélérer l'entraînement des jeunes athlètes pour qu'ils deviennent les meilleurs au monde. C'est malsain pour tout le monde.
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La campagne réunit un groupe de Canadiens passionnés de sport profondément troublés par la prolifération de contenu publicitaire faisant la promotion de paris sportifs durant la télédiffusion de matchs sportifs, dans les médias sociaux, sur les panneaux d'affichage, dans les arénas et les stades et aux alentours de ceux‑ci. Notre groupe compte des athlètes olympiques, des chefs de file du milieu du sport, des parents d'athlètes, ainsi que des chercheurs et des enseignants. Les publicités sur les paris sportifs causent un tel préjudice que nous exhortons le Parlement à interdire toute publicité du genre, de la même manière et pour les mêmes raisons qu'il a déjà interdit la publicité sur le tabac afin d'en minimiser les méfaits. Nous demandons également aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux d'interdire les paris sur les sports olympiques, paralympiques, les sports amateurs et éducatifs — c'est-à-dire les sports de niveau scolaire, collégial et universitaire. Pour nous, c'est une question de pratique sécuritaire du sport.
Tout d'abord, exhorter ou pousser des gens à parier galvaude l'esprit sportif et crée une forte pression extérieure sur les athlètes pour qu'ils livrent des performances d'une manière jamais envisagée. Au lieu de promouvoir l'athlétisme, la beauté du mouvement, les valeurs éthiques, le respect interculturel et l'esprit collégial du sport, les paris sportifs rabaissent le sens du sport à l'écart de points d'une équipe ou d'un joueur ou aux paris combinés faits durant un match. L'athlète se sent ainsi obligé de penser aux points et non à son équipe. Dans les sports où les paris sont autorisés, les athlètes sont de plus en plus soumis à des pressions abusives liées aux paris sur les médias sociaux.
Deuxièmement, bien qu'il soit encore tôt pour s'appuyer sur des données solides, nous entendons constamment dire que les paris sportifs, encouragés par des vedettes comme Wayne Gretzky, Auston Matthews et Connor McDavid, semblent avoir un pouvoir d'attraction en particulier sur de jeunes sportifs canadiens, dont beaucoup ont déjà des problèmes de confiance en soi et d'autres problèmes mentaux.
Ce qui ressort clairement de la recherche, c'est que les publicités mondiales faisant la promotion de paris sportifs, tant pour leur contenu que leur fréquence, incitent surtout des adolescents et d'autres personnes vulnérables...
La présidente: Il vous reste 30 secondes.
M. Karl Subban: Très bien.
Ce que nous disons, c'est qu'il est important de prendre note que de nombreux pays ont commencé à restreindre la publicité sur les paris sportifs. L'Italie et la Belgique l'ont complètement interdite et d'autres pays européens limitent les publicités aux moments et aux endroits où les enfants et les adolescents ne peuvent pas les voir.
Nous voulons que le recours à des vedettes du sport et à des athlètes de renom soit restreint et que toute publicité faisant la promotion de paris sportifs soit interdite.
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Une enquête nationale permettrait certainement de faire ressortir une partie de ces actes répréhensibles qui ne cessent de se répéter.
La semaine dernière, j'ai vu le témoignage du nouveau directeur général de Boxe Canada devant le Comité. C'est un vétéran d'À nous le podium où il a passé 10 ans comme conseiller en haute performance. Quand j'étais directrice générale de mon organisation, ces conseillers ne cessaient de nous intimider, mon personnel et moi. Ces conseillers en haute performance coûtent très cher. Je ne comprends pas.
Vous avez raison, c'est une porte tournante. Je pense que nous devons jouir d'une plus grande latitude en matière de recrutement. Nous devons nous demander d'où viennent ces personnes, pourquoi elles ont quitté la dernière organisation où elles travaillaient et ce qui s'est passé au sein de cette organisation. J'ai parlé d'un directeur général qui n'a laissé filtrer que le minimum de détails sur une agression sexuelle, parce qu'il était ami avec les agresseurs qui étaient dans la voiture. Il a ensuite été embauché au sein d'un autre organisme national de sport, Gymnastique Canada, et nous sommes aujourd'hui au courant de tous les problèmes qu'il y a dans cette organisation.
Ces gens ne peuvent pas continuer à se faire discrets parce qu'ils ont peur de perdre leur emploi, tout en sachant que des organismes comme À nous le podium et Comité olympique canadien les réembaucheront et les nommeront dans un autre organisme. Ces gens‑là menacent les directeurs généraux qui refusent de plier devant eux et de devenir leurs marionnettes. Ils les menacent de leur couper leur financement. C'est une épidémie dans le sport à l'heure actuelle.
Les organismes nationaux de sport pourraient vraiment aider les clubs locaux s'ils pouvaient fonctionner comme le souhaitent la plupart des directeurs généraux bien intentionnés. On nous force à nous concentrer sur les médailles à n'importe quel prix.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci également à nos témoins.
Madame Auch, je vous remercie pour toutes vos contributions au sport canadien.
Votre témoignage m'a attristé. C'est déchirant de vous entendre raconter ce que vous avez subi. Je pense que c'est encore plus troublant d'apprendre que cela touche tous les niveaux, même lorsqu'un organisme national de sport s'efforce de changer les choses. Ce que je comprends de vos propos, c'est qu'il existe divers moyens de protéger le statu quo et, de ce fait, de perpétuer les abus dont sont victimes les athlètes canadiens au sein des organisations qui financent les organismes nationaux de sport. Quand vous parlez de l'importance d'instituer une enquête nationale, c'est en grande partie, je pense, pour mettre fin à ces problèmes systémiques.
Dans quelle mesure les tentatives de camouflage des abus par des organismes de financement sont-elles à l'origine de la crise que nous voyons maintenant dans le sport canadien?
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Honnêtement, je pense que ces organismes n'ont pas seulement essayé de camoufler ces abus, ils l'ont carrément fait. Je pense que ce milieu traverse une crise.
À l'époque, le conseil d'administration m'avait demandé de devenir directrice générale. Je n'avais jamais eu l'intention de travailler dans le sport. J'ai accepté ce poste à titre intérimaire et j'en ressentais une grande satisfaction, mais À nous le podium exerçait de fortes pressions sur moi pour que je maintienne en poste un membre du personnel qui ne respectait absolument pas nos règles. Si je ne m'étais pas obstinée, rien n'aurait changé. Je me serais contentée de rester dans le milieu du sport, de diriger mon organisation, de faire ce qu'on me demandait et de ne pas faire de vagues. C'est ce qui se passe tous les jours, je crois. Mais j'ai tenu bon et j'ai dit: « Non, nous n'allons pas perpétuer cette culture malsaine ».
Bref, À nous le podium m'a menacée tout de suite après en faisant une intervention. L'organisme a créé un groupe de gestion de la haute performance et m'a interdit d'en faire partie, au sein de mon propre organisme, en échange de financement. Nous n'aurions pas reçu le même financement. On nous a menacés de nous couper les fonds, pourtant essentiels pour nos athlètes. C'est grâce à ce financement que nos athlètes peuvent compétitionner sur la scène mondiale, au plus haut niveau.
Il existe deux niveaux de financement pour les organismes nationaux de sport. Il y a le niveau de référence, qui finance les activités de l'organisme national, la promotion du sport dans le pays, l'administration et toutes les tâches connexes. Il y a ensuite le fonds d'excellence. Le niveau de référence n'a pas changé depuis 30 ans. Le fonds d'excellence a été créé avant les jeux de Vancouver. Je pense que l'intention était louable, mais il a fini par échapper à tout contrôle.
À nous le podium veut tout contrôler, et cela pose un énorme problème dans le sport actuellement.
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Madame la présidente, merci beaucoup.
Merci à vous également, madame Auch.
Nous vous avons suivie pendant plusieurs années. Le patinage de vitesse est bien sûr très étroitement lié à Winnipeg et à Saskatoon. Catriona Le May Doan a compétitionné avec vous. Vous participiez à l'épreuve du 500 m et vous nous avez représentés avec brio à Lillehammer et au Japon. C'était formidable.
À nous le podium, si vous me permettez de parler en ma qualité d'ancien diffuseur... Quand nous nous préparions en vue des Jeux olympiques de Calgary, en 1988, et quand nous avons constaté par la suite les retombées que cet événement avait eues sur le pays, nous étions très fiers à l'époque. Et vous connaissez, bien sûr, les retombées des Jeux olympiques de 2010.
Au moment de la création d'À nous le podium, tout tournait autour des médailles. Je suis d'accord avec vous, mais quand votre pays est l'hôte des Jeux olympiques d'hiver, comme nous l'avons été à Calgary et à Vancouver, il est important que nos athlètes montent sur le podium. J'ai écouté ce que vous avez dit au sujet de l'organisme À nous le podium, mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. En 2010, il fallait que des athlètes et des équipes du Canada montent sur le podium. Cela a donné un sentiment de fierté aux Canadiens. Je sais que vous n'avez pas participé aux Jeux de 2010 — du moins je ne le crois pas —, mais j'aimerais savoir quels sont, selon vous, les principaux bénéfices qu'À nous le podium était censé apporter à Vancouver, en 2010.
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Comme je l'ai dit, les intentions concernant le programme À nous le podium étaient excellentes. En fait, j'étais commentatrice pour TSN, avec le conglomérat à Vancouver, pour les épreuves sur courte piste. J'y étais et j'ai vécu ce que j'appellerais probablement mes Jeux olympiques les plus agréables.
Comme je l'ai dit, ce n'est pas l'argent qui pose problème. Le problème, c'est que le programme À nous le podium a évolué depuis 2005, je crois, lorsqu'il a été mis en œuvre. À ce moment‑là, nous avions des directeurs de haut niveau un peu frustrés par l'ingérence, mais ils n'avaient pas de conseillers de haut niveau affectés aux sports et il ne leur appartenait pas de dire aux experts de ces sports ce qu'ils devaient faire avec l'argent.
Le travail que nos directeurs de haut niveau font pour tenter de plaire à À nous le podium est incroyable. Les experts de notre sport sont nos directeurs de haut niveau embauchés. À nous le podium pourrait avoir une place, mais pas comme il est actuellement. C'est totalement un organisme qui s'ingère dans les affaires des organisations sportives nationales et qui les intimide, à moins que vous n'emboîtiez le pas.
Encore une fois, une enquête nationale révélerait tout cela, ce qui nous permettrait de voir s'il y a une sorte d'organisation qui pourrait donner de meilleurs résultats qu'un organisme comme À nous le podium.
Bien sûr, je suis d'accord avec vous. Les médailles sont excitantes lorsque nous tenons des Jeux olympiques au Canada, et que nous les voulons, mais...
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Je ne suis pas en train de dire qu'il faut se débarrasser carrément d'ANP. Une partie d'ANP a ses avantages pour nous, mais il a des chevauchements avec les instituts sportifs canadiens, les associations d'entraîneurs et toutes les autres organisations multisports.
Je pense que ce qui serait utile... Ce qui me frustre, c'est le manque de souplesse qu'un organisme fédéral comme Sport Canada peut avoir. La seule expérience que j'ai eue avec l'Alberta, lorsque je me suis lancée dans l'immobilier, c'est qu'au lieu de l'Alberta Securities Commission qui guide l'immobilier en Alberta, il y avait le Real Estate Council of Alberta, qui pouvait jouir d'une certaine indépendance par rapport aux organismes gouvernementaux, de sorte qu'il pouvait fonctionner de la façon nécessaire pour être le plus efficace et le plus rentable possible, mais il avait également la souplesse pour prendre des décisions et être là pour appuyer les organisations qu'il était censé appuyer.
Je pense que l'un des problèmes, c'est que nous devenons très bureaucratiques au Canada. Je ne sais pas pourquoi le sport est régi par un organisme fédéral, par opposition à un conseil. Je pense que ce serait nettement préférable. Encore une fois, une enquête nationale répondrait à un tellement grand nombre de ces questions. Je n'ai pas toutes les réponses, c'est certain. Je ne suis pas une experte dans ce domaine.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins d'aujourd'hui.
Ma question s'adresse à M. Subban.
Je suis heureux de vous voir, monsieur. C'est intéressant. Je pensais au fait que nous travaillions ensemble au sein du conseil scolaire, et que nous travaillions ensemble à l'échelle provinciale, et nous voici dans cette tribune, alors je suis heureux de vous revoir.
La question que vous avez soulevée est très importante, et je suis tout à fait d'accord avec vous, mais j'aimerais faire appel à une autre expertise. Je sais que vous avez participé à l'élaboration de la stratégie ontarienne en matière de sports. Je sais que vous êtes un éducateur qui connaît du succès, un directeur d'école et le père de trois joueurs de la LNH.
Je vais vous rappeler une petite histoire. Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il y a une dizaine d'années, je vous ai appelé, parce qu'un entraîneur m'a appelé. L'entraîneur avait des problèmes. Il avait un jeune joueur noir qui était constamment harcelé. Le mot « n » était constamment utilisé. L'entraîneur m'a appelé et m'a demandé de lui parler. J'ai dit: « Vous savez, Karl serait mieux en mesure de parler à ce jeune homme. » C'est une question dont vous et moi avons parlé à maintes reprises.
Dans le cas du sport sécuritaire, le racisme a évidemment sa place dans cette conversation. Nous n'avons pas entendu beaucoup d'experts sur ce sujet, mais pourriez-vous nous parler de l'état actuel du hockey, en particulier en ce qui concerne le racisme, si vous voulez bien?
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Merci. Je suis heureux de vous revoir.
Pour ce qui est du racisme dans le sport, de toute évidence, lorsque nous avons commencé, nous n'avions pas l'air d'une famille typique de hockey. Il y avait tellement d'obstacles sur notre chemin. Évidemment, il y avait la couleur de notre peau. Lorsque nous avons commencé avec P.K., mon premier fils, tout le monde savait qui étaient les parents de P.K. parce que nous étions les seules personnes de couleur dans l'aréna. Les choses ont changé, vous savez. Lorsque mon dernier fils, Jordan Subban, a été recruté par la LHO, je crois qu'il y avait 17 enfants de couleur cette année‑là. C'est bien.
Malheureusement, ce problème persiste toujours dans l'aréna. Évidemment, le coût est un problème et, évidemment, le racisme est un problème. La GTHL a créé un comité indépendant. J'étais l'un des membres de ce comité qui a formulé 44 recommandations sur la façon de rendre le sport plus accueillant et plus sécuritaire pour la diversité croissante des gens dans nos arénas.
Laissez-moi vous raconter ceci. Je suis arrivé au Canada en 1970. Je n'aimais pas ce nouvel environnement familial. Quand j'ai regardé par la fenêtre, je n'ai vu personne qui me ressemblait. Les gens ne parlaient pas comme moi parce que tous les enfants de ma rue parlaient français. Mais ces mêmes enfants m'ont invité à jouer au hockey avec eux.
Je pense que, d'une certaine façon, cet esprit manque dans nos arénas aujourd'hui. Je pense que nous prenons des mesures. Je pense que Hockey Canada est le chef de file et qu'il nous met sur la bonne voie. Je pense que les organisations de hockey partout au Canada prennent des mesures pour nous mettre sur la bonne voie.
Vous savez, je siège au conseil d'administration de la GTHL. Je participe aux audiences. Je sais que lorsque ces questions sont soulevées, nous avons des mesures en place non seulement pour éduquer, mais aussi pour continuer à communiquer à tout le monde que le hockey est pour tous.
Je pense que les choses s'améliorent, mais nous ne sommes pas encore rendus là où nous devrions être. Ce n'est pas seulement le racisme, mais aussi le coût.
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Je pense que le financement va aux bons endroits.
L'une des difficultés que j'ai rencontrées, c'est le refus de notre conseil d'administration de recommander des femmes ou des personnes noires, autochtones et de couleur, ce qui m'a beaucoup frustrée. En fait, dans le cadre d'un cours, j'ai parlé avec six membres de notre conseil d'administration environ un mois avant que je ne sois congédiée. L'homme — l'enseignant — m'a demandé pourquoi je pensais qu'il était difficile pour notre conseil, qui comptait sept hommes et une femme à l'époque, d'attirer des populations diversifiées. Je lui ai répondu que la diversité n'est pas aussi importante que les compétences pour eux.
Je ne comprends pas pourquoi nous devons choisir entre l'un et l'autre. Nous avons eu d'excellentes personnes noires, autochtones et de couleur et des femmes — des olympiennes — qui ont posé leur candidature. Le conseil d'administration de PVC a plutôt nommé un homme de la Colombie. Nous dépensons maintenant des milliers de dollars pour faire venir cet homme de la Colombie, plutôt qu'une ancienne olympienne de Calgary.
Les conseils d'administration doivent rendre des comptes. Il est difficile pour les PDG, qui sont leurs employés, de se battre contre eux s'ils ne veulent vraiment pas coopérer, compte tenu des exigences de financement avec lesquelles les PDG essaient de composer.
Monsieur Subban, je pense qu'un thème récurrent au cours de la dernière année sur lequel nous nous sommes penchés lorsque nous avons cherché à formuler des recommandations sur la sécurité dans le sport, c'est le pouvoir que l'argent a eu de perturber, dans un sens très réel, le système et de ne pas mettre en place tous les éléments nécessaires à la sécurité dans le sport. D'une certaine façon, l'argent a circulé librement sans aucune sorte de freins et de contrepoids.
Cela ne fait‑il pas partie du message que vous nous transmettez, à notre comité et aux Canadiens, à savoir que nous avons vraiment besoin de mesures de protection? Le fait d'avoir des publicités sur le jeu, par exemple, aide à injecter plus d'argent dans le système sportif sans que, par ailleurs, il y ait une fondation pour la sécurité dans le sport.
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Je vais commencer par régler rapidement quelques questions administratives pour tout le monde.
Nous accueillons Tara McNeil et Stephen Norris, qui représentent Bobsleigh Canada Skeleton. Nous entendrons ensuite Nathan Bombrys et Ashley Lewis, de Rugby Canada, et Debra Armstrong, chef de la direction générale de Patinage Canada.
Pour ceux d'entre vous qui assistent virtuellement à notre séance, il y a un petit globe au bas de votre écran. C'est pour l'interprétation. Vous pouvez appuyer sur ce globe pour obtenir la langue de votre choix.
Vous avez cinq minutes pour faire votre exposé, et ces cinq minutes sont réservées à l'organisation et non à chaque personne. Vous allez devoir partager votre temps de parole, sinon l'un ou l'une d'entre vous sera le seul intervenant. Nous aurons ensuite une période de questions.
Je vais commencer par Bobsleigh Canada Skeleton.
Qui va parler en votre nom?
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Merci, madame la présidente, de nous avoir invités à comparaître devant le Comité permanent du patrimoine canadien pour discuter de l'histoire de Bobsleigh Canada Skeleton, ou BCS, et de la voie à suivre pour l'organisme.
Je m'appelle Tara McNeil et je suis la présidente actuelle du conseil d'administration de BCS. Je suis accompagnée aujourd'hui de Stephen Norris, un membre du conseil d'administration et leader respecté dans le domaine du sport.
J'ai accédé à la présidence il y a peu de temps, en novembre 2022, après avoir accepté l'investiture de nos membres athlètes qui m'ont permis de poser ma candidature après quelques années difficiles pour les deux sports de luge au Canada. J'ai accepté cette responsabilité à titre bénévole parce que je me soucie vraiment de la sécurité physique et psychologique de tous nos athlètes, entraîneurs, membres du personnel, représentants bénévoles et de tous ceux et celles qui sont associés de près ou de loin au sport.
Permettez-moi d'insister sur le fait qu'une question liée à la sécurité dans le sport est une question de trop. Avec le nouveau conseil d'administration, je dirige l'organisme en veillant à ce que tous les employés de BCS évoluent maintenant dans une culture de respect, d'équité et de bienveillance. C'est totalement non négociable.
Bobsleigh Canada Skeleton est un organisme sans but lucratif dont la mission est de créer, d'encourager et de soutenir des champions mondiaux et olympiques. Outre nos entraîneurs, nous avons une organisation allégée qui ne compte que deux employés à temps plein, un employé à temps partiel et deux experts-conseils. Notre équipe, petite mais puissante, est très fière de sa riche histoire au fil des ans aux Jeux olympiques d'hiver, qui remonte à 1964.
Une tradition d'excellence a été créée grâce à près de six décennies de performances gagnantes soutenues de nos athlètes qui ont remporté des médailles. Ces femmes et ces hommes très en vue, qui représentent les Canadiens d'un océan à l'autre, font partie intégrante de leurs collectivités. Ce sont des modèles pour les jeunes, qui nous inspirent tous à nous améliorer à l'école, au travail, à la maison, dans la collectivité, où que nous soyons. Nous sommes convaincus que chaque athlète qui atteint ses objectifs personnels dans le cadre d'un cheminement sain et agréable est également un instrument de développement d'une population en meilleure santé et d'un Canada plus uni.
Oui, nous avons réussi sur la surface de jeu, mais comme pour toute mission, il y a de nombreux obstacles et de nombreuses difficultés à surmonter. Ce n'est un secret pour personne que notre organisation a connu sa part de défis au cours des dernières années, sans chef de la direction pour mener ses activités au jour le jour, et que nous sommes maintenant à la croisée des chemins. La confiance des partenaires a été brisée, et les relations ont été endommagées. Il est maintenant temps de façonner notre nouvelle vision pour l'avenir de notre organisation sportive.
Il y aura une nouvelle image de marque avec de nouvelles valeurs, mais pour l'instant, nous nous concentrons sur le rétablissement des éléments de base, c'est‑à‑dire la stabilité opérationnelle, la mise en œuvre de bonnes pratiques de gouvernance, s'assurer que BCS respecte le Code de gouvernance du sport canadien, et créer une culture de soutien qui assure le bien-être de tous les participants, y compris les athlètes, les entraîneurs, le personnel, les membres du conseil d'administration, les bénévoles et les officiels.
Tout en travaillant avec nos partenaires nationaux du sport, y compris Sport Canada, notre priorité absolue à BCS a été de travailler ensemble pour rétablir la confiance et des relations saines au sein et à l'extérieur de notre organisation, tout en établissant en même temps une base solide pour la création d'un avenir plus prometteur et plus durable, tant sur la piste qu'à l'extérieur de celle‑ci. Le nouveau conseil d'administration est déterminé à poursuivre dans cette voie, et nous ferons les choses correctement.
En plus de fournir les ressources essentielles dont nos athlètes et nos entraîneurs ont besoin pour s'entraîner et compétitionner en toute sécurité sur la surface de jeu, nous sommes tout aussi déterminés à faire en sorte que notre personnel dévoué dispose du soutien opérationnel et du leadership dont il a besoin au quotidien pour atteindre nos objectifs opérationnels et de performance à terme dans un environnement agréable, accueillant, positif et inclusif.
La voie à suivre pour rétablir la confiance, la responsabilisation et les relations a été décrite vendredi lors d'une réunion entre nos partenaires de Sport Canada et le conseil d'administration, suivie d'une rencontre subséquente avec nos athlètes. À la fin de cette réunion, j'ai reçu un mandat clair de Sport Canada qui décrit ce que nous devons faire pour atteindre notre objectif collectif. Sport Canada a mis en place, à juste titre, des conditions précises pour assurer une surveillance adéquate du financement public. Nous avons du travail à faire pour mettre de l'ordre dans nos opérations et notre gouvernance.
Notre priorité immédiate est de rétablir la confiance de nos partenaires, d'assurer l'engagement du conseil d'administration à l'égard de la stabilité opérationnelle et du bien-être des participants dans l'ensemble de nos sports, et de recruter immédiatement une ou un chef de la direction. Ce travail est déjà amorcé, et nous visons à terminer cette recherche très rapidement.
Les bonnes pratiques de gouvernance et la conformité de BCS au Code de gouvernance du sport canadien sont tout aussi importantes. Lorsque nos activités et notre conseil d'administration seront pleinement en place, nous nous efforcerons d'adopter tous les principes de gouvernance du Code de gouvernance du sport canadien d'ici 2025, comme l'a demandé Sport Canada. Cela nécessitera également un examen plus approfondi de tous nos règlements administratifs.
En terminant, Bobsleigh Canada Skeleton sait que le bien-être physique et psychologique des participants est une condition préalable à l'atteinte de leurs objectifs. Nous savons que nos athlètes veulent atteindre leurs buts associés au sport de haut niveau sur la scène internationale. Pour certains, cela signifie monter sur le podium. Pour d'autres, la victoire est tout aussi importante. Le soutien d'un espace de haut niveau et accueillant est l'élément le plus important.
La santé et le bien-être de tous les membres de la communauté tout au long du parcours dans les sports de haut niveau sont les plus importants.
Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche, mais je peux vous assurer que des changements sont en marche. La création d'un milieu plus sain, plus sûr et plus inclusif pour tous est, et sera toujours, notre priorité absolue. Nous devons toujours donner la priorité aux gens et les traiter avec respect, équité et bienveillance. Il ne s'agit pas d'un choix, et nous ne nous contenterons jamais d'en faire juste assez.
Merci.
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Bonjour, madame la présidente et membres du Comité.
Merci beaucoup de m'avoir invité aujourd'hui.
[Traduction]
Au nom de Rugby Canada, je tiens à remercier le Comité de son travail continu visant à rendre le sport au Canada meilleur et plus sécuritaire pour tous.
La mission de Rugby Canada est d'offrir des expériences de rugby à vie aux clubs et collectivités de partout au pays qui inspireront la participation de gens de tous les âges, de toutes les capacités, de tous les sexes et de toutes les origines ethniques afin qu'ils puissent être en santé et actifs et contribuer à leurs collectivités, que ce soit en jouant au rugby, en étant entraîneurs, en arbitrant, en faisant du bénévolat ou en offrant du soutien.
Au rugby, nous sommes fiers d'être un sport pour les gens de toutes les tailles et de toutes les formes physiques, ainsi qu'un sport avec de fortes valeurs d'intégrité, de passion, de solidarité, de discipline et de respect. Plus de 38 000 personnes sont inscrites à notre sport au Canada. Nous sommes également responsables de la formation de nos équipes nationales féminines et masculines au rugby traditionnel à 15 et au rugby à 7 que vous voyez aux Jeux olympiques.
Nous souhaitons que tous les joueurs de rugby vivent des expériences saines, agréables et enrichissantes dans notre sport. Nous croyons que pour que nos joueurs et nos équipes d'élite représentent le Canada au meilleur de leurs capacités, nous devons leur offrir un environnement sécuritaire et positif pour qu'ils puissent se préparer, s'entraîner et participer à des compétitions. Nous sommes déterminés à mettre la sécurité et le bien-être de nos joueurs et de nos participants au cœur de nos activités quotidiennes. Nous nous employons à créer une culture d'amélioration continue, où nous écoutons et éduquons, et où nous sommes attentionnés autant que nous performons.
Par le passé, notre organisation a connu des comportements qui ne cadraient pas avec nos valeurs. Ces expériences nous ont amenés à nous engager dans un parcours de changement important, conçu pour transformer Rugby Canada en un organisme national de sport mieux régi, plus transparent, mieux doté en ressources et plus efficace. Certaines de ces mesures comprennent une refonte de notre structure de gouvernance et la transition vers un conseil axé sur les compétences, dirigé par notre présidente, Sally Dennis, qui est la première femme à être présidente de Rugby Canada. Notre conseil d'administration compte deux administrateurs athlètes — un homme et une femme — élus par l'Association canadienne des joueurs de rugby, ou ACJR.
Au terme des Jeux olympiques de Tokyo en 2021, le conseil d'administration de Rugby Canada a commandé un examen indépendant de haut niveau en réponse aux défis sur le terrain et hors terrain auxquels l'organisation fait face. Les conclusions de cet examen ont été publiées en mars 2022 et comprenaient 12 recommandations visant à améliorer la culture, la structure et la stratégie de Rugby Canada. En juillet 2022, Rugby Canada a apporté un changement de direction et m'a demandé de me joindre à l'organisation à titre de chef de la direction.
La bonne gouvernance et la responsabilité financière sont à la base du sport de haut niveau. Nous avons investi dans notre capacité organisationnelle d'organe directeur en créant de nouveaux rôles et en comblant les lacunes de notre organisation, y compris un directeur principal des finances et des services aux entreprises, un gestionnaire des ressources humaines et un directeur de haut niveau pour diriger les performances de toutes les équipes nationales de Rugby Canada.
Notre directrice de la gouvernance et des règlements, Ashley Lewis, qui s'est jointe à nous en janvier, est ici aujourd'hui pour appuyer Rugby Canada et le Comité dans le cadre de votre examen. Elle a fait un travail remarquable pour aider notre organisation à comprendre comment nous pouvons mieux gérer notre sport. Sous la direction d'Ashley, nous avons mis à jour nos politiques et nos procédures à l'échelle de l'organisation, y compris l'intégration de notre statut de signataire du Bureau du Commissaire à l'intégrité dans le sport, ou BCIS. Nous avons adopté une politique de réconciliation, d'équité, d'accessibilité, de diversité et d'inclusion, élaborée par notre comité indépendant sur l'éthique et l'intégrité, et signé un protocole d'entente avec l'Association canadienne des joueurs de rugby. Nous sommes actuellement en pourparlers avec l'ACJR au sujet d'une nouvelle convention collective pour nos joueurs.
Nous nous entretenons régulièrement avec nos joueurs et nos dirigeants au sein de notre organisation. J'ai personnellement passé du temps avec toutes nos équipes nationales et j'ai collaboré avec nos équipes féminines et masculines collectivement. Nous rédigeons actuellement un nouveau plan stratégique pour Rugby Canada afin d'établir l'orientation de notre organisation au cours des prochaines années, alors que nous nous dirigeons vers la Coupe du monde de rugby en Amérique du Nord en 2031 et en 2033.
Je pense que nous avons fait de réels progrès, mais nous savons que ces mesures ne sont qu'un début. Nous devons maintenant trouver les ressources nécessaires pour en faire davantage pour soutenir nos équipes, nos joueurs et notre communauté.
Après tout ce travail important et, sans aucun doute, difficile que votre comité a fait, je crois que, par respect pour vous et pour nos joueurs, je devrais terminer en parlant de certains des bienfaits que le sport et le rugby apportent aux collectivités partout au Canada. La pandémie a été longue et dure, mais le rugby est de retour. Les Canadiens se rassemblent pour jouer au rugby, être en santé, faire de l'exercice, tisser des liens avec leurs amis et leurs coéquipiers, participer à des compétitions, puis se serrer la main et partager la camaraderie après la partie. C'est le rugby.
Vos équipes nationales canadiennes regorgent de jeunes gens exceptionnels. Ils comptent parmi les jeunes hommes et femmes les plus impressionnants avec lesquels j'ai été associé. Vous devriez être fiers d'eux. En particulier, votre équipe nationale féminine est l'une des meilleures au monde. J'ai eu la chance de passer du temps avec elles à la Coupe du monde de rugby l'automne dernier, en Nouvelle-Zélande. Ces jeunes femmes sont non seulement des joueuses de rugby exceptionnelles, mais aussi des jeunes et des Canadiennes exceptionnelles.
Nous sommes l'hôte d'un important tournoi international féminin ici, à Ottawa, en juillet. J'invite tous les membres du Comité à y assister et à passer du temps avec ces femmes. Je vous assure qu'elles vous inspireront comme elles m'inspirent. Elles vous rendront fiers d'être Canadiens.
Elles méritent respectueusement notre appui.
Merci de poursuivre votre travail pour améliorer le sport au Canada. Il nous reste encore beaucoup à faire.
[Français]
Merci beaucoup de votre attention.
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Merci, madame la présidente, de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent du patrimoine canadien.
Je m'appelle Debra Armstrong et je suis la cheffe de la direction générale de Patinage Canada. C'est un rôle que j'occupe depuis novembre 2016.
Patinage Canada est un organisme national de sport sans but lucratif qui vise à enseigner le patinage aux Canadiens. Nos programmes sont offerts par l'entremise de 1 200 clubs de patinage, des écoles et des milliers d'entraîneurs partout au pays. L'an dernier, nous avons aidé 200 000 personnes inscrites à chausser leurs patins dans le cadre de nos programmes. Si un athlète souhaite perfectionner ses compétences, il peut s'inscrire à notre parcours de patinage artistique à titre d'athlète récréatif ou de compétition.
Nous sommes fiers de la communauté de patineurs que nous avons créée. Nous nous efforçons toujours de créer un environnement sécuritaire et inclusif. Toute violation ou inconduite est inacceptable dans notre sport.
Je suis la mère de trois filles, qui ont toutes fait du sport, et maintenant la grand-mère de trois enfants et je peux dire que la question de la violence dans le sport ne fait pas seulement partie de ma vie professionnelle, mais qu'elle revêt une grande importance dans ma vie personnelle. Mon expérience personnelle avec mes enfants m'a appris que le sport bien pratiqué a une incidence positive et aide les enfants à développer leur confiance en eux lorsqu'ils deviennent de jeunes adultes. Malheureusement, nous savons que les résultats ne sont pas les mêmes pour tout le monde et que, pour bon nombre d'entre eux, leur expérience dans le domaine du sport a été extrêmement dommageable pour leur bien-être.
Ce qui est particulier dans le sport, c'est qu'il a le pouvoir d'inspirer, du niveau local au niveau mondial. De la cour arrière aux Jeux olympiques, le sport touche bon nombre d'entre nous à différents niveaux. Je veux vraiment que tout le monde puisse profiter du sport dans un environnement sécuritaire et profiter des expériences positives et des leçons de vie que le sport peut offrir.
Patinage Canada sait que la sécurité dans le sport est essentielle à tout ce que nous faisons. Nous reconnaissons que, par le passé, nos politiques et nos processus n'étaient pas aussi solides qu'il le fallait pour lutter contre l'intimidation, le harcèlement, les abus et la discrimination. Nous avons fait des progrès dans ce domaine.
En 2019, nous avons lancé un programme national restructuré de sport sécuritaire. Cette mise à jour comprenait également l'adoption du Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport dans toutes nos politiques et procédures.
Depuis 2020, toutes les questions liées à l'inconduite à Patinage Canada sont gérées par Patinage en sécurité, un système de signalement d'inconduite exploité par IntegrityCounts, un fournisseur de services tiers. Les plaintes reçues par l'entremise de Patinage en sécurité sont remises à un gestionnaire de cas externe indépendant afin d'assurer un processus distinct d'examen, d'enquête et de décision. Tous nos inscrits, leurs parents, leurs tuteurs et nos membres de partout au pays ont accès à ce mécanisme.
En 2022, Patinage Canada a signé une entente avec Sport Sans Abus. Sport Sans Abus traitera toutes les plaintes d'inconduite des personnes qui font partie de notre équipe nationale et de nos programmes de prochaine génération. Cela comprend les athlètes, les entraîneurs, les chefs d'équipe, le personnel et les membres de l'équipe de soutien intégrée. Sport Sans Abus sera également le système de signalement du conseil d'administration de Patinage Canada et des officiels internationaux.
Il faut du courage pour que les victimes d'abus puissent partager et signaler leurs expériences. Nous félicitons tous ceux et celles qui ont témoigné au cours de vos audiences. Nous voulons également reconnaître qu'il n'est pas facile pour certaines personnes dans notre sport de se manifester. Nous confirmons notre engagement à rendre le sport plus sécuritaire afin de pouvoir rebâtir ces relations. La confiance doit être gagnée, et c'est ce que nous espérons réussir.
Le sport, comme de nombreuses institutions, a des problèmes systémiques. Patinage Canada est à l'écoute des commentaires des personnes touchées négativement et continuera d'améliorer ses cadres d'éducation, de formation, de politiques et de procédures alors que nous nous employons à éliminer ces obstacles dans le sport. Nous appuierons et intégrerons également les leçons apprises tout au long du cheminement vers l'amélioration, y compris les conclusions de vos audiences.
Nous avons encore beaucoup de travail à faire et nous sommes prêts à déployer tous les efforts nécessaires. Nous assumerons nos responsabilités et nous serons vulnérables alors que nous rendons le patinage plus inclusif et plus sécuritaire pour tous. Comme communauté, nous devons offrir un environnement où chacun est respecté, valorisé et soutenu pour atteindre son plein potentiel afin que, dans notre cas, tous puissent vraiment vivre la joie du patinage.
Merci, madame la présidente.
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Je vous remercie de vos questions.
Je peux dire sans réserve qu'il s'agit d'une question incroyablement complexe.
Je vais commencer par dire, tout d'abord, que lorsque je suis arrivée, j'ai dit tout de suite que j'allais accorder le bénéfice du doute à tout le monde, même si je connaissais l'existence de ces allégations. La personne dont vous parlez s'est dite très préoccupée par le fait qu'elle avait été victime d'abus et qu'elle avait été traitée injustement. C'était ma première semaine au travail lorsque j'ai découvert cela. Honnêtement, nous sommes vraiment entrés dans une crise organisationnelle pour savoir ce qui se passait et ce qui s'en venait.
J'ai eu d'innombrables rencontres avec nos partenaires et nos conseillers juridiques à ce sujet pour déterminer ce qu'il fallait faire pour mieux soutenir le personnel, parce qu'ils ont dit avoir vécu une expérience très éprouvante aux mains des athlètes. Imaginez ma surprise et mon inquiétude face à tout cela. Cela dit, nous avons demandé l'avis d'un avocat-conseil sur la façon de gérer toutes les circonstances. Nous étions en contact quotidien avec nos partenaires sportifs pour savoir comment gérer cela. Nous avons nommé un chef de la direction intérimaire le plus rapidement possible, afin de pouvoir faire un examen approfondi des problèmes de dotation en personnel. En même temps, pour être franche, nos actifs ont été gelés. Nos finances ont été gelées. Nous n'avions même pas la possibilité de comprendre comment mettre le personnel en congé.
Nous avons connu une période très difficile, mais nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un nouveau plan de dotation en personnel. En grande partie, c'est entre les mains de... Il y a des changements en ce moment du côté de nos partenaires sportifs. Nous avons...
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Nous ne les avons pas encore reçues par écrit, et nous espérons les recevoir sous peu.
Je peux vous dire — et cela a été communiqué à nos athlètes et à notre personnel — que notre financement a été sujet à certaines conditions, comme la nomination d'un directeur général, la modification de notre gouvernance, l'ajout de membres au conseil d'administration — il nous y manque des membres clés et nous sommes à la recherche d'un trésorier et d'un autre membre du conseil — et la garantie que nos règlements administratifs soient rédigés et qu'il y ait une formation pour les membres du conseil, ce que nous entreprenons tous en ce moment. Nous sommes déjà en train de réécrire nos règlements. Ce sont là quelques-uns des exemples qu'on nous a donnés.
Une partie de notre financement sera considérablement amputée. Nous serons en période de probation pendant un an, et nous voulons nous assurer que notre organisation est stable sur le plan opérationnel, que notre gouvernance est renforcée quant aux règlements administratifs et que nous avons un conseil d'administration instruit et fonctionnel, ce à quoi nous travaillons déjà fort.
On nous fera part de ces lignes directrices précises. Les gestionnaires de Sport Canada viennent de nous en parler personnellement. Le Dr Norris et moi les avons rencontrés en personne pour savoir ce qu'ils prévoyaient de faire. Nous avons rencontré notre conseil d'administration vendredi dernier, il y a quelques jours à peine, ainsi que le groupe des athlètes, pour les informer que des changements se profilent à l'horizon.
L'un des changements dont je vais vous parler, c'est que notre statut de sport de base pour le bobsleigh a été temporairement suspendu, et nous devons travailler fort pour le récupérer, ainsi que le soutien à certains de nos athlètes en développement. Cela se comprend. En fait, nous avons demandé une meilleure reddition de comptes. C'est l'une des choses que j'ai faites immédiatement. Je leur ai dit de nous obliger à rendre davantage de comptes. Nous le souhaitons. Nous en avons besoin. Nous voulons établir cette confiance. Quel que soit le moyen utilisé pour y parvenir, c'est une chose que nous avons demandée, personnellement, dès le départ. Nous comprenons cela.
Les athlètes ont certes de la difficulté à le comprendre. Je peux vous dire qu'ils ont travaillé très fort pour créer une nouvelle administration et qu'ils se sentent un peu contrariés par d'éventuelles compressions budgétaires. Il leur semble paradoxal qu'on leur demande des changements maintenant, alors que leur financement est remis en question. Nous devons travailler d'arrache-pied... Nous avons fait beaucoup de travail pour établir un lien de confiance avec les athlètes — beaucoup de communication, beaucoup de temps et des assemblées publiques ouvertes où ils pouvaient exprimer leurs préoccupations.
Nous le comprenons et nous allons collaborer pour créer l'environnement le plus positif possible. Nous faisons entièrement confiance à la façon dont nos partenaires gèrent la situation. Nous savons que nous pouvons travailler ensemble pour obtenir le meilleur résultat possible. Au bout du compte, cela nous aidera à être plus forts.