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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous.
Je vous souhaite la bienvenue à la trente-huitième réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinabe.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le jeudi 2 juin 2022 et à la motion qu'il a adoptée le lundi 13 juin 2022, le Comité se réunit pour étudier l'implication de Hockey Canada dans une affaire d'allégations d'agressions sexuelles commises en 2018.
La séance d'aujourd'hui se déroule en mode hybride. La plupart d'entre vous connaissent maintenant les règles. Conformément à l'ordre que la Chambre a pris le 25 novembre 2021, les députés qui sont présents en personne dans la salle doivent porter le masque en tout temps.
La directive du Bureau de régie interne adoptée le 10 mars 2022 exige que tous ceux qui assistent à la séance en personne portent le masque. Ceux qui participent à distance au moyen de l'application Zoom doivent mettre leur micro en sourdine lorsqu'ils ne parlent pas. Lorsque je les désigne par leur nom, ils activent leur micro pour prendre la parole.
Je rappelle à ceux qui se joignent à nous à distance qu'ils peuvent entendre l'interprétation en cliquant sur l'icône en forme de globe, qui se trouve au bas de leur écran. Ils peuvent ainsi choisir la langue qu'ils préfèrent. Ceux qui se trouvent dans la salle sont au courant de la règle habituelle. Il suffit de se brancher pour obtenir l'interprétation.
Je rappelle que tous les propos doivent être adressés à la présidence.
Je dois demander au Comité s'il accepte que M. Tom Renney, M. Scott Smith et M. David Andrews, de Hockey Canada, soient conseillés ou assistés par un avocat, M. Andrew Winton, pendant leur comparution. Le Comité est‑il d'accord?
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On a déjà dit à M. Winton qu'il était là uniquement à titre d'avocat et de conseiller et qu'il ne devait ni prendre la parole ni répondre aux questions.
Merci beaucoup de nous l'avoir rappelé, monsieur Nater.
Le Comité entame l'étude de l'implication de Hockey Canada dans l'affaire des allégations d'agressions sexuelles qui ont été commises en 2018.
Les participants sont ici pour deux heures. Les voici: Andrew Winton, avocat, et les témoins Scott Smith, président et chef de l'exploitation, Hockey Canada; Dave Andrews, président, Fondation Hockey Canada; Tom Renney, chef de la direction.
Commençons. Les témoins doivent savoir qu'ils ont chacun cinq minutes pour présenter un exposé au Comité, après quoi il y aura un échange de questions et réponses.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente et membres du Comité, d'avoir invité Hockey Canada à comparaître.
Je m'appelle Tom Renney et je suis le chef de la direction de Hockey Canada. Je suis accompagné de Scott Smith, président et chef de l'exploitation de Hockey Canada, et de David Andrews, président du conseil d'administration de la Fondation Hockey Canada.
Notre ancien collègue, Glen McCurdie, qui a quitté en décembre son poste de vice-président principal chargé de l'assurance et de la gestion des risques, n'est pas là à cause du décès récent de son père. Nous remercions le Comité de la compassion dont il fait preuve en ne l'obligeant pas à comparaître.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de répondre aux questions des députés au sujet des allégations qui visent des membres de l'équipe nationale de hockey junior de 2017‑2018 et du règlement conclu récemment par Hockey Canada avec la plaignante dans cette affaire. Je tiens à préciser au préalable que Hockey Canada a amorcé une démarche dont le but est de changer la culture de notre sport et de le rendre plus sécuritaire et plus inclusif. Nous reconnaissons que des problèmes de mauvais traitements, y compris l'intimidation, le harcèlement, le racisme, l'homophobie et les sévices sexuels, existent dans le hockey, comme dans d'autres sports et dans notre société. Nous nous sommes attaqués à ce problème bien avant l'incident de London, mais nous reconnaissons que, en tant que dirigeants, nous devons en faire plus, et nous sommes déterminés à le faire.
Avant de passer à vos questions, je voudrais situer le contexte. Étant donné que certaines des réflexions entendues dans l'espace public au sujet de cette question très grave reposent sur des conjectures, je tiens à m'assurer que nous partons d'un ensemble commun de faits. Hockey Canada est au courant de reportages selon lesquels nous n'aurions pas enquêté sur cet incident, nous aurions tenté de le camoufler et nous aurions tenté d'escamoter l'affaire. Rien n'est plus faux.
Hockey Canada a été mis au courant de l'incident le lendemain du jour où il aurait eu lieu. Nous avons immédiatement lancé une enquête, en commençant par communiquer avec la police. Nous avons commandé une enquête indépendante et nommé un comité d'arbitrage indépendant composé de juges pour examiner les conclusions de l'enquête. Nous avons également avisé Sport Canada, comme nous sommes tenus de le faire en tant qu'organisme national de sport qui reçoit des fonds fédéraux.
Notre organisation, nos dirigeants et notre personnel ont collaboré pleinement avec les organismes d'application de la loi et l'enquêteur tout au long de leurs démarches, en leur donnant accès à tous les renseignements demandés. Nous ne pouvons pas parler de l'enquête entreprise par la police de London. Pour notre part, l'enquête indépendante que nous avons commandée n'a pas pu être menée à terme parce que la jeune femme a préféré ne pas parler à l'enquêteur. C'était son droit, et nous avons respecté sa volonté, tout comme nous continuons de respecter sa volonté claire et réitérée de ne pas s'identifier et de ne pas identifier les joueurs impliqués. Il est compréhensible que l'opinion publique s'indigne du fait que les joueurs en cause n'ont jamais été identifiés ni sanctionnés, mais la décision revient à la jeune femme dans cette affaire, et nous encourageons tout le monde à tenir compte de sa volonté fondamentale de protéger sa vie privée avant toute autre chose.
Quant aux poursuites d'avril dernier, nous avons réglé rapidement parce que nous estimions avoir l'obligation morale de réagir au comportement auquel se seraient livrés des joueurs invités à une de nos manifestations sportives. Bien que nous ne sachions pas exactement ce qui s'est passé ce soir‑là et que nous ne connaissions pas l'identité des personnes en cause, nous reconnaissons qu'il s'agit de comportements inacceptables et incompatibles avec les valeurs et les attentes de Hockey Canada, et qu'ils ont clairement causé un préjudice. Nous avons estimé que la réponse correcte à la démarche judiciaire de la femme ne devait pas l'obliger à participer à des délibérations judiciaires prolongées. Le règlement lui permet d'obtenir le soutien dont elle pourrait avoir besoin pour tourner la page.
Bien que l'enquête n'ait pu tirer aucune conclusion quant au rôle que quelque joueur aurait pu avoir dans l'incident, l'enquêteur a fourni des conseils sur les points à améliorer. Nous avons donné suite à ses conseils et continuerons de le faire dans le cadre de notre travail visant à améliorer la culture de notre sport. Ce travail comprend l'amélioration de notre code de conduite et de nos programmes de sensibilisation. Nous serons heureux de discuter plus en détail de ces efforts aujourd'hui.
Comme je l'ai dit au début, la promotion de ce changement de comportement est une priorité pour notre organisation.
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Merci, madame la présidente, et merci aux témoins de s'être joints à nous.
Mes questions seront relativement brèves, et j'espère que j'aurai aussi des réponses relativement brèves.
Je vais parler d'« agressions alléguées », parce que les allégations n'ont pas été prouvées en justice. Nous respectons la vie privée de la plaignante, de la personne en cause, et aucune de nos questions ne visera à obtenir des indications qui permettraient de l'identifier. Il me semble que c'est ce qui convient dans les circonstances.
Je voudrais savoir, tout d'abord, quand, au juste, Hockey Canada a été mis au courant de l'incident présumé qui se serait produit à London le 19 juin.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Nous semblons avoir oublié une personne dans nos échanges, et c'est la jeune femme. À sa demande, nous ne l'avons évidemment pas identifiée, parce qu'elle ne veut pas l'être, et elle ne veut pas non plus identifier les joueurs.
Cela dit, vos questions tiennent la route. Ne vous méprenez pas: je crois qu'elles sont bonnes et solides. Elles donnent à réfléchir. Nous sommes là pour apprendre. Nous sommes là pour comprendre ce que souhaitent vos électeurs en ce qui concerne les réactions qui s'imposent, les conseils et la voie à suivre pour assurer la sécurité, la santé et le plaisir de tous dans les sports, car il ne s'agit pas que du hockey. Je comprends tout à fait.
Je peux vous dire que depuis 2018, nous avons pris conscience de la valeur d'un interrogatoire rigoureux, peut‑on dire, des entraîneurs qui pourraient en fait s'intéresser à l'un ou l'autre de nos programmes de haute performance. Il s'agit de programmes qui s'adressent à des jeunes de moins de 16 ans jusqu'à moins de 20 ans, et du côté des femmes, aux membres de l'équipe nationale des femmes. Nous nous efforçons de faire ce qu'il faut, sans nier l'importance de vos réactions ni des questions que vous avez abordées. Nous y réfléchirons et intégrerons ces réflexions, si elles s'avèrent nécessaires et pertinentes pour nous, ce qui est le cas aujourd'hui, pour savoir ce que nous devons faire à l'avenir.
Comme M. Smith l'a dit, nous avons amorcé une démarche. Nous assumons l'entière responsabilité de la situation actuelle et nous voulons assumer l'entière responsabilité de ce que nous ferons demain. Nous avons cette obligation envers tous les Canadiens.
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Merci, madame la présidente.
Nous sommes convaincus de pouvoir améliorer la portée et la qualité de ce que nous faisons concernant notre code de conduite. Ce code est intégré à nos programmes de haute performance et à nos concours, et nous ne tolérons aucune infraction. Là où, à mon avis, nous avons un problème à l'interne, c'est que les limites sont floues quand s'agit d'événements non couverts par le code de conduite, comme l'Ordre du hockey au Canada et le gala, mais aussi des colloques, des cliniques, etc.
J'ai hâte de voir ce que fera notre directeur de la sécurité dans le sport pour nous aider à trouver des moyens d'atténuer les problèmes des femmes dans notre pays.
Nous ne sommes pas sûrs d'avoir toutes les réponses pour l'instant. Et nous ne le prétendons évidemment pas. Comme M. Smith l'a dit tout à l'heure, nous sommes loin d'être parfaits, mais nous ne sommes pas du tout...
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Je n'ai pas parlé de l'enquête. Je crois vous avoir dit que je ne le pouvais pas. Je vous ai dit que nous avions fait trois signalements à Sport Canada. C'est l'un d'eux.
Si vous me permettez de revenir un instant sur les incidents de 2018, nous n'avons pas été en mesure de confirmer ce qui s'est passé ce soir‑là par l'entremise de notre enquêteur indépendant. Donc, ce n'est pas parce que le code de conduite a été renforcé depuis l'incident que nous approuvons ce qui a pu se produire ce soir‑là. Nous n'avons simplement pas pu confirmer qui était impliqué et ce qui s'est passé.
À mon avis, bien des gens considèrent les allégations et la déclaration comme des faits avérés. Je ne suis pas en mesure de discuter de beaucoup de ces allégations, parce que je n'ai pas d'information, mais je sais que trois d'entre elles sont carrément fausses. Selon l'une d'elles, nous n'aurions pas fait de signalement au service de police de London. Nous l'avons fait. Selon une autre, nous n'aurions pas confié l'enquête à une tierce partie. Nous l'avons fait. Enfin, nous n'aurions pas offert de soutien à la jeune femme, mais nous l'avons fait.
Le problème, c'est que, malgré tous nos efforts pendant 26 mois, nous n'avons pas été en mesure de confirmer ce qui s'est passé ce soir‑là.
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Merci, madame la présidente.
Je le répète, pendant les compétitions, nous avons des mesures très strictes pour surveiller les joueurs, le personnel en général et, évidemment, les bénévoles qui participent à ces événements. Je crois que, durant un événement comme le gala, par exemple, nous devons, comme l'a suggéré le rapport indépendant, renforcer notre surveillance de la soirée et évidemment de nos joueurs. Je ne peux pas me voiler la face. Je suis d'accord avec vous. C'est certainement notre faute, et ce sera évidemment prévu dans le code de conduite.
Je comprends votre préoccupation. Je ne suis pas en désaccord. J'assume la responsabilité de la situation actuelle, comme je l'ai fait à l'époque. Nous avons apporté des améliorations, mais il ne fait aucun doute que vos préoccupations sont légitimes. Nous les partageons et nous travaillons fort, comme je l'ai déjà dit, pour appliquer les recommandations du rapport indépendant concernant la surveillance d'événements non liés au hockey ou hors compétition. Je rappelle que les limites étaient floues, mais il est vrai que nous n'avons pas été à la hauteur.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je vais parler de ce que nous avons fait à l'automne 2018 concernant notre code de conduite. J'y ai fait allusion, mais je vais vous donner quelques détails. Nous l'avons renforcé. Nous avons approfondi le travail de sensibilisation et précisé nos exigences. Nous sommes en train d'ajouter à nos mesures de sensibilisation une formation sur les agressions sexuelles et un rappel de notre code de conduite et des clauses de moralité.
Nous sommes en train de... Nous avons chargé un consultant indépendant d'examiner toutes nos initiatives de sensibilisation. Cela va de la violence à l'intimidation, en passant par le harcèlement, l'inconduite sexuelle, la conformité, etc. Je suis convaincu que nous avons besoin d'une évaluation approfondie de ces mesures pour nous assurer — pas seulement nous ici, dans cette salle, mais tous les Canadiens — qu'elles feront advenir les changements que nous souhaitons dans le monde du hockey.
Je vous dirais très franchement que nous sommes probablement en retard à cause des deux années de va-et-vient dans le monde du sport en raison de la pandémie. Nous ne sommes pas les seuls dans le monde du sport à vivre cette situation, mais nous voulons que tous les Canadiens sachent que nous voulons poursuivre la sensibilisation.
J'ai dit publiquement que je ne voulais pas que la sensibilisation consiste à cocher des cases. Je ne veux pas simplement cocher la case « Oui, j'ai pris cette mesure de sensibilisation ». Je veux que les gens investissent du temps dans des étapes de sensibilisation qui vont susciter les changements de comportement que nous souhaitons tous et dont les Canadiens pourront être vraiment fiers.
Nous sommes en train d'examiner toutes nos initiatives à cet égard, et je crois que cela prendra encore 8 à 10 mois. Il s'agit notamment de mesures de sensibilisation à la violence, à l'intimidation et au harcèlement, au regard desquelles je tiens à dire que nous sommes à l'avant-garde dans le domaine du sport grâce au travail effectué avec Respect Group depuis le début des années 2000.
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Madame la présidente, c'est moi qui vais prendre la parole.
Il s'agit ici d'allégations de viol collectif. À la lumière des réponses que vous nous avez données aujourd'hui, je sens que la Fondation Hockey Canada a été plus ou moins proactive. Elle a fait des enquêtes et des rapports, mais ces derniers ne sont pas complets. Elle est responsable du règlement hors cour. Bien que l'on ne savait pas ce qui s'était produit, on s'est empressé de payer pour camoufler l'affaire.
En camouflant cette affaire, la Fondation Hockey Canada a démontré une certaine forme de complicité. On parle d'une enquête indépendante, qui a été menée sans que l'on parle, notamment, aux responsables ayant organisé la soirée où les événements se sont produits, c'est-à-dire la Fondation Hockey Canada. J'espère sincèrement que vous n'avez pas fait pression sur la victime dans le but d'assurer cette entente à l'amiable.
J'aimerais que vous rendiez publics les procès-verbaux du conseil d'administration et ceux de la Fondation Hockey Canada de juin 2018 à aujourd'hui. De plus, j'aimerais savoir à combien de reprises les allégations d'agression sexuelle étaient inscrites à l'ordre du jour de ces rencontres.
Conséquemment, j'aimerais vous faire réfléchir. L'affaire Kyle Beach a été réglée, et on a enlevé de la Coupe Stanley le nom du responsable de l'agression sexuelle. Dix ans plus tard, on a congédié les entraîneurs et les directeurs généraux qui ont pris la décision d'étouffer l'affaire.
Pendant un an, on n'a pas permis aux joueurs des Tigres de Victoriaville qui ont posé des gestes scandaleux, dont Logan Mailloux, de jouer.
Sur le plan international ou sur le plan national, dans le sport, ce qui fait foi de tout, c'est le logo. Il semble que c'est ainsi que cela fonctionne. Quand des joueurs de la Russie ont été impliqués dans un scandale lié au dopage, on leur a retiré leur logo et ils ont pu participer aux Jeux olympiques. Les joueurs n'ont pas à être pénalisés de l'inaction de leur fédération ou, dans ce cas, de la complicité de celle-ci. Ils ont joué sous le logo Olympic Athlete from Russia.
Je pense que, la seule sanction acceptable en lien avec votre laisser-aller, c'est de vous demander de ne pas jouer sous le logo de Hockey Canada pendant la prochaine année. Le but, c'est de vous faire réfléchir sur la culture transmise par Hockey Canada et de vous faire assumer la responsabilité qui vous incombe. Selon moi, dans cette histoire, vous agissez en tant que John Doe 9.
Qu'en pensez-vous?
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Ce qui est arrivé à la victime est horrible. Aujourd'hui, rien dans votre témoignage ne laisse croire qu'il y ait eu un changement de cap concernant ces allégations sérieuses.
Il y a un fait que je trouve frappant. Lorsque vous avez parlé du code de conduite, vous avez mentionné que la majorité des joueurs de l'équipe n'ont pas été obligés de participer à l'enquête.
Avez-vous changé quoi que ce soit à cet égard?
Si un autre crime horrible se produisait, comme celui qui a été allégué en 2018, est-ce que tous les joueurs seraient maintenant obligés de participer et de coopérer à l'enquête interne menée par Hockey Canada ou aux enquêtes policières?
Ce sont des enquêtes qui mènent à la vérité et à la justice.
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Merci, madame la présidente.
J'ai été préoccupé par certains commentaires que j'ai entendus aujourd'hui. Je le dis en toute honnêteté à titre de parlementaire et à titre de parent, de parent dont les enfants font du hockey, de la ringuette et des sports organisés. Je reviens à la question de « reddition de comptes » par opposition à « responsabilité ».
Je reconnais que Hockey Canada a essayé d'assumer la responsabilité de cet incident, mais je suis très préoccupé par le fait que vous ne rendez aucun compte dans cette situation. Je vous ai entendus parler d'éducation, d'amélioration de l'éducation au sujet du code de conduite, mais mon Dieu, l'agression sexuelle est immorale, elle a toujours été immorale, et il ne devrait pas être nécessaire d'informer les gens que l'agression sexuelle est immorale. Je trouve cela profondément troublant. Il est troublant qu'au cours de ces quatre dernières années, personne n'ait été tenu responsable.
D'accord, vous avez apporté des changements, et c'est important, mais je constate que personne n'a rendu des comptes sur cet incident. Personne n'a perdu le privilège de porter la feuille d'érable sur son chandail. Personne n'a fait l'objet de mesures disciplinaires de la part de l'organisme. Personne n'a perdu son emploi dans votre organisme. Personne n'a été sérieusement tenu responsable par l'organisme. Je comprends que l'on ne veuille pas révéler l'identité de la victime, mais des individus qui portaient la feuille d'érable — des individus qui faisaient partie de l'équipe nationale — ont été accusés d'avoir participé à des agressions sexuelles très graves. Nous savons que la Ligue nationale de hockey mène actuellement son enquête, et je pense que Hockey Canada fera très mauvaise figure si la LNH exige que ces gens rendent des comptes et que Hockey Canada ne le fait pas.
Je vais partager mon temps avec M. Waugh et je vais vous laisser répondre à cela dans un instant.
On a beaucoup parlé de « tolérance zéro » aujourd'hui. J'aurais aimé que ce soit vrai, mais s'il y avait vraiment eu tolérance zéro, il y aurait eu plus de six, huit ou dix joueurs qui auraient participé à l'enquête indépendante. Tous les joueurs qui étaient à London ce week‑end‑là auraient dû être obligés de collaborer à cette enquête, au risque de perdre l'occasion et le privilège d'être associés à Hockey Canada. Les clubs faisaient face à leur propre situation, mais Hockey Canada aurait dû leur dire que ceux qui ne participeraient pas à cet examen par une tierce partie perdraient leur affiliation à son organisme. Hockey Canada aurait pu ainsi assumer la responsabilité de cette agression il y a quatre ans, mais il ne l'a pas fait et maintenant, quatre ans plus tard, nous découvrons enfin ce qui s'est passé il y a quatre ans.
Je vais vous demander de répondre à cela. Ensuite, M. Waugh vous posera sa question.
Merci.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Messieurs, le seul code de conduite qui devrait être acceptable, c'est celui de la tolérance zéro. Je veux bien laisser la chance au coureur, mais j'aimerais savoir si vous avez prévu de faire un audit complet des pratiques qui ont cours notamment dans le vestiaire des joueurs et lors de soirées festives qui se tiennent, par exemple, dans les bars.
Allez-vous tenir compte du fait qu'une vedette locale ou nationale peut avoir une position d'autorité par rapport à de jeunes femmes?
Surtout, seriez-vous prêts à vous engager, notamment au cours des trois prochaines années, à revenir devant le Comité pour faire rapport des mesures que vous avez mises en place en lien avec votre code de conduite et des résultats que vous avez obtenus?
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Je vais laisser M. Smith prendre une pause.
Nous souhaitons certainement, dans le cadre de notre initiative et de notre politique en matière de maltraitance, déterminer avec nos 13 membres à l’échelle du pays et 650 000 joueurs dans 2 500 associations de hockey mineur ce que le code de conduite doit inclure, le message qu'il doit porter et comment il est censé être mis en œuvre.
Il ne fait aucun doute que nous n’avons aucune objection à ce qu’il y ait des audits et des rapports à mesure que nous avançons dans ce dossier. Il est très clair que cette affaire nous a tous beaucoup troublés. La reddition de comptes est là, et je pense que c’est bien. C'est notre responsabilité. Je pense aussi qu'en raison de la nature de la communauté du hockey de tout le pays et des autres ONS, puisque nous avons collaboré entretemps, nous continuerons de collaborer en tant qu’ONS pour que tous les Canadiens de toutes les dénominations sportives soient fiers de ce que nous faisons. N'oublions pas non plus que les fonctionnaires ont l’occasion de parler de quelque chose qu’ils connaissent, et non de quelque chose d’hypothétique.
Nous serions tout à fait d’accord avec tout ce qui nous obligerait à effectuer un audit annuel et à fournir cette information, comme nous le faisons par l’entremise de Sport Canada.
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Merci, madame la présidente.
Comme d’autres l’ont dit, représenter notre pays est un honneur. C’est un privilège. Lorsqu’une personne est impliquée dans des allégations d’agression sexuelle, elle déshonore son pays et crée ce que nous voyons, c’est-à-dire une expérience horrible pour la victime.
J’entends aujourd'hui des mots comme « tolérance zéro » et « fortement encouragés », mais je ne vois aucune mesure précise pour mettre fin à ce qui constitue des allégations d’agressions sexuelles horribles. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a toujours pas de participation obligatoire aux enquêtes, aux enquêtes criminelles. Quand je vois que la plupart des joueurs de cette équipe ne collaborent pas à l'enquête, alors que cela devrait être absolument fondamental pour toute participation à une équipe de hockey, et quand je vois qu’aujourd’hui vous n’étiez pas prêt à parler de deux autres enquêtes qui sont apparemment en cours, je ne vois pas de transparence non plus.
Pour rendre justice à la victime, il faut changer les pratiques afin qu’il n’y ait plus de victimes. Je ne le vois pas encore. Je ne vois pas de tolérance zéro lorsqu'un code de conduite permet d'opposer un simple refus, et que la majorité de l’équipe peut refuser de participer à une enquête.
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Ce tour est terminé. Je remercie les témoins d'être venus et d'avoir répondu à nos questions, mais je suis surprise, comme M. Julian et d'autres l'ont fait remarquer, que vous ne vous soyez pas préparés à répondre à d'autres questions concernant les problèmes de conduite, en général.
En tant que présidente, en écoutant tout cela, je suis surprise que cela se soit produit, que même si la victime a reçu une somme d'argent, et même si nous avons tous convenu que nous ne voulons pas savoir qui était impliqué, il n'y ait pas eu d'enquête interne qui aurait permis d'identifier les coupables, ou toutes les personnes présentes à cet événement.
Je pense qu'il y a eu impunité, et il ne suffit pas de dire ce que vous allez faire. Je me demande pourquoi il vous a fallu quatre ans pour trouver une personne qui s'occuperait de ce genre de comportement. C'est quelque chose qui aurait dû se faire presque immédiatement. Hockey Canada aurait dû faire cela à l'interne pour être transparent et assumer ses responsabilités.
Cependant, je vous remercie d'être venus et d'avoir répondu aux questions.
Je vais suspendre la séance pour accueillir notre prochain témoin.
Merci beaucoup.
:
Chers collègues, sommes-nous prêts à commencer?
Un député: Oui, madame la présidente.
La présidente: Merci.
Comme vous le savez, nous en sommes à la troisième heure de nos audiences. Nous accueillons aujourd'hui la ministre des Sports, l'honorable Pascale St‑Onge, et sa sous-ministre, Isabelle Mondou.
Sans plus tarder, je souhaite la bienvenue à la ministre.
Bienvenue, madame la ministre. Vous avez cinq minutes pour faire votre exposé. Il y aura ensuite une période de questions et réponses. Merci beaucoup.
Veuillez commencer, madame la ministre.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
C'est la première fois que je comparais devant votre comité à titre de ministre, mais j'aurais préféré que ce soit en d'autres circonstances. Cela étant dit, je vous remercie de me donner la possibilité de présenter mon point de vue sur la situation.
D'entrée de jeu, je dois dire que cette histoire m'a profondément choquée. Je partage pleinement l'indignation des Canadiennes et des Canadiens à ce sujet. Mes pensées vont d'abord et avant tout à la victime alléguée.
Ce que nous avons appris le jeudi 26 mai dernier a secoué tout le pays, à juste titre. Au-delà de notre indignation, nous devons nous poser de sérieuses questions sur la signification de cet événement.
Il s'agit d'un exemple tristement troublant de violence sexuelle fondée sur le genre et de culture du silence. Cette culture permet à des personnes contre qui pèsent des allégations de comportements odieux de ne pas être tenues pour responsables. Pendant ce temps, les victimes doivent porter un immense fardeau pour le reste de leur vie. Cette culture du silence n'apparaît pas d'elle-même. En effet, elle est permise par les choix que font les dirigeants et les personnes qui occupent un poste de leadership au sein des organisations sportives.
Madame la présidente, après tout ce que nous venons de traverser au cours des dernières années, notamment quant au mouvement #MoiAussi, ce type de culture ne doit plus être toléré. Compte tenu des faits qui nous sont rapportés par les médias, il y a lieu de se demander pourquoi cette organisation n'a pas choisi d'envoyer un message clair de tolérance zéro en matière d'inconduite sexuelle.
[Traduction]
Il ne fait aucun doute que le droit de la victime à la vie privée est absolument primordial et doit être protégé. Trop souvent, les personnes qui dénoncent les agressions sexuelles qu'elles ont subies sont victimisées de nouveau dans le système qui est là pour les protéger. C'est une des principales raisons pour lesquelles tant de gens gardent le silence.
Il incombe à nos dirigeants sportifs et à la société de condamner ce genre de comportement. Ils doivent également faire tous les efforts possibles pour prévenir la violence sexuelle dans les clubs, les équipes et les événements qu'ils organisent et pour lesquels ils établissent un code de conduite et des règles d'engagement. Les agresseurs et leurs complices doivent être tenus responsables de leurs actes, ou de leur inaction. La tolérance zéro à l'égard de la maltraitance et des abus dans le sport est la seule option.
[Français]
Tous ceux qui sont en position d'autorité et de leadership doivent contribuer à mettre fin à la banalisation de la violence sexuelle. J'espère que tous ceux qui nous écoutent aujourd'hui entendent ce message et qu'ils se joindront à l'effort collectif pour mettre fin à ce type de violence.
Depuis 2018, en vertu des ententes de contribution chez Sport Canada, les organisations sportives que nous finançons ont la responsabilité de nous signaler les cas d'agression et de mauvais traitements. Cela permet deux choses à Sport Canada: d'abord, cela lui permet de s'assurer que l'organisation en question a mis en place des politiques sur la maltraitance et qu'elle les applique. Ensuite, cela lui permet de vérifier que les plaignants ont accès à un tiers indépendant pour examiner les plaintes et mener des enquêtes ou qu'ils sont dirigés vers les autorités compétentes. En vertu de ce protocole, Hockey Canada a signalé l'incident à Sport Canada, qui s'est assuré que les deux éléments mentionnés sont appliqués. Vous comprendrez donc toute notre consternation en apprenant, quatre ans plus tard, la tournure des événements.
Le 24 mai dernier, soit deux jours avant la parution de l'article ayant révélé cette histoire, j'ai reçu un appel de M. Tom Renney, président de Hockey Canada. Il m'a avisée qu'une histoire sortirait dans les médias concernant des allégations d'inconduite sexuelle datant de 2018 et impliquant des joueurs. Il m'a dit qu'une entente à l'amiable avait été conclue. M. Renney a alors terminé en m'indiquant qu'il ne pouvait me donner aucun autre détail en vertu d'une entente de confidentialité. J'ai donc appris les détails de cette sordide histoire en même temps que les Canadiennes et les Canadiens.
J'aimerais aussi rappeler qu'en tant que ministre des Sports, mon lien avec les organisations sportives est principalement financier. J'ai donc demandé qu'un audit soit réalisé afin de nous assurer qu'aucuns fonds publics n'ont été utilisés dans cette triste histoire. J'ai pris connaissance de la déclaration de Hockey Canada à ce sujet, mais, malgré tout, j'estime que, ensemble, nous devons aller au fond des choses. Je tiens à vous assurer de ma collaboration pleine et entière.
Aujourd'hui, il est permis de penser que, parmi les huit joueurs visés par des allégations de viol collectif, beaucoup d'entre eux jouissent d'une carrière lucrative dans le circuit professionnel. Quel message cela envoie-t-il à nos jeunes hommes, à nos filles, aux parents et aux amateurs de sport?
Je crois que le milieu du sport professionnel doit faire un examen de conscience. Les ligues de sport amateur et les ligues professionnelles doivent se comporter comme des entreprises citoyennes responsables. Les dirigeants de ces ligues, qui ont un auditoire immense et une influence sociale considérable, doivent envoyer un message sans équivoque quant à la responsabilité et à la tolérance zéro en matière de violence sexuelle.
J'aimerais aussi ajouter que le sport prend progressivement une plus grande place dans la vie des joueurs, à mesure qu'ils cheminent vers une carrière dans les rangs professionnels. L'entourage de ces jeunes et les organisations ont, à mon avis, la responsabilité de les encadrer adéquatement, notamment sur les questions de consentement et de comportement sexuel toxique.
C'est pour cette raison, membres du Comité, que votre travail aujourd'hui est si important. Il arrive à un moment charnière pour le sport, et ce, à tous les égards. Des efforts considérables sont actuellement déployés pour opérer un changement de culture où les comportements toxiques et les agressions n'ont pas leur place.
J'ai récemment annoncé des mesures pour augmenter la responsabilité et favoriser une meilleure gouvernance au sein des organisations sportives que nous finançons. Notre dernier budget accorde aussi 16 millions de dollars pour la création du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, un mécanisme indépendant souhaité par les athlètes et les organisations pour le traitement des plaintes.
Nous allons continuer à travailler très fort afin de rendre nos sports sécuritaires, mais ces efforts doivent aussi être soutenus par ceux qui sont en position de leadership dans le sport, à tous les égards. On ne peut plus tolérer des histoires comme celle qui nous a tous bouleversés le 26 mai dernier. Cela ne peut plus se reproduire.
Je vous remercie.
Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre St‑Onge, d'être ici et merci, madame Mondou, pour cette conversation très importante.
Prétendre que ces graves allégations sont troublantes est probablement un euphémisme, d'après les témoignages que nous avons entendus. Certains peuvent penser que cette affaire est réglée, mais ce n'est pas le cas. Cela soulève des questions au sujet de la responsabilité des joueurs, d'un comportement abusif systématique et de ce qui se passera à l'avenir, et c'est pourquoi je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Je pense que nous convenons tous que ces comportements abusifs ne devraient pas être tolérés ou acceptés. J'aimerais vous donner l'occasion de nous parler, à titre de ministre des Sports, de votre réaction lorsque vous avez appris la situation à Hockey Canada.
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Patrimoine canadien, en l'occurrence, Sport Canada, va effectuer un audit des bénéficiaires pour s'assurer que Hockey Canada a respecté les ententes de contribution existantes avec le ministère pour la période du 1
er avril 2018 au 31 mars 2023. Cela porte donc aussi sur les engagements à venir. La firme Samson, dont les services ont été retenus, va effectuer l'audit. Les auditeurs examinent présentement la documentation afin de planifier l'audit.
Il est prévu que la firme Samson visitera Hockey Canada, sur place, entre le 27 juin et le 7 juillet 2022. À cette occasion, les auditeurs pourront effectuer une revue financière des dépenses rapportées à Sport Canada. Ils pourront alors vérifier l'admissibilité de ces dépenses ainsi que la structure de gouvernance de Hockey Canada. Ils vont également vérifier les contrôles internes et les politiques mises en œuvre par Hockey Canada pour gérer les fonds accordés par le ministère.
Les auditeurs pourront aussi vérifier les politiques et les processus en vigueur pour gérer les exigences sur le harcèlement et les agressions, le règlement des différends, l'antidopage ainsi que toute autre exigence des politiques, tel qu'il est prévu dans les ententes de contribution.
Après la visite sur place, et d'ici la fin de juillet 2022, les auditeurs vont mettre la dernière main à leur revue et préparer les constatations préliminaires à des fins de validation. Une ébauche du rapport est prévue pour la fin d'août 2022. Ce rapport sera communiqué à Hockey Canada à des fins de validation et pour obtenir des réponses aux recommandations faites par la firme.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la ministre, comme vous le savez, en avril 2021, mon collègue du Bloc québécois Denis Trudel, qui est député de Longueuil—Saint‑Hubert, déposait une motion demandant au Comité permanent du patrimoine canadien d'entreprendre une étude sur la création d'un organisme indépendant pour le traitement des plaintes dans le sport. Cette motion avait été adoptée à l'unanimité.
En janvier 2022, mon collègue Martin Champoux et moi vous avons écrit pour faire suite à l'article du Globe and Mail afin que cet organisme soit créé. Vous avez créé l'organisme, et je tiens à vous en féliciter et à vous remercier de votre volonté de rendre le sport plus sécuritaire pour les athlètes. Dans le contexte actuel, ce ne sont pas les athlètes qui sont les victimes; les athlètes sont plutôt les agresseurs.
J'aimerais que vous me donniez une appréciation du témoignage des dirigeants de Hockey Canada, que nous avons entendu un peu plus tôt.
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Selon ce que je comprends, que ce soit sous votre autorité ou celle de vos prédécesseurs, Mme Mulligan devait rendre compte de l'information qu'elle avait reçue le 26 janvier 2018.
Par ailleurs, vous avez dit que vous n'aviez jamais été mise au courant auparavant du fait que des gestes indécents avaient été commis lors d'événements organisés sous la gouverne de Hockey Canada. Votre conseiller politique, M. Raphael Yacobi‑Harris, a rencontré des représentants de Hockey Canada à deux reprises, soit le 30 novembre 2020 et le 26 janvier 2021.
Pouvez-vous nous dire quel était l'objet de la rencontre et si Hockey Canada vous a informée des incidents indécents qui ont eu lieu à ce moment-là ou à d'autres moments?
Pouvez-vous aussi transmettre au Comité toutes les communications qui ont eu lieu par courriel ou par message texte entre votre cabinet et Hockey Canada entre le 18 juin 2018 et aujourd'hui? Cela comprend évidemment ceux de M. Yacobi‑Harris ou de tout autre membre de votre cabinet.
Pourriez-vous nous fournir toutes les communications qui ont eu lieu entre la journée où vous avez été mise au courant et aujourd'hui ainsi que les notes de breffage que votre cabinet a préparées?
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Je vous remercie beaucoup.
Nous vous en serions reconnaissants, car nous devons avoir une vue de l'ensemble de la situation, qui préoccupe les Canadiens et les Canadiennes. Il ne s'agit pas seulement de ce cas horrible, mais aussi des autres cas possibles. Le fait que Hockey Canada n'a pas été en mesure de répondre ou de donner d'information est aussi inquiétant.
Au sujet des ententes de contribution, les associations sportives financées par le gouvernement fédéral sont-elles toutes obligées de se doter d'un code de conduite?
Un tel code devrait-il être obligatoire?
Lorsqu'il y a une enquête, comme celle lancée dans le cas horrible lié à Hockey Canada, les ententes de contribution prévoient-elles la participation obligatoire des joueurs, des entraîneurs et de toutes les personnes en cause?
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Les ententes de contribution prévoient que les organisations sportives doivent mettre en place une politique contre le harcèlement, les agressions et les mauvais traitements dans le sport, c'est-à-dire une politique sur le sport sécuritaire. Les organisations doivent également se doter d'un mécanisme indépendant pour accueillir les plaintes et les traiter. Ce qui est prévu en ce moment dans les ententes de contribution se limite à cela.
Par ailleurs, les athlètes nous ont dit que, quand ils avaient recours aux mécanismes indépendants offerts par les organisations sportives elles-mêmes, ils avaient l'impression que ces mécanismes n'étaient pas assez indépendants. Ils n'y faisaient pas toujours confiance.
Voilà pourquoi mes prédécesseurs et moi-même avons mis sur pied le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, qui est indépendant des organisations sportives et qui pourra recevoir les plaintes des athlètes et les traiter de façon transparente, professionnelle et indépendante.
Étant donné que les ententes de contribution sont le moyen dont je dispose, comme ministre, pour traiter avec les organisations sportives, je vais rendre obligatoire dans les prochains mois l'adhésion à ce mécanisme indépendant afin que les athlètes aient un endroit vers lequel se tourner lorsqu'ils ou elles devront faire face à des difficultés dans le sport.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la ministre, j'aimerais revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure.
En 2018, la ministre des Sports de l'époque avait mentionné que les organisations devaient signaler les allégations d'agression ou de harcèlement sous peine de se voir refuser leur demande de financement. Tout à l'heure, vous m'avez dit que Hockey Canada avait obtenu son financement, le cas ayant été signalé à la police.
Ai-je bien compris?
Qu'est-ce que cela donne qu'un cas soit signalé à la police si le financement est quand même accordé? Il y a quand même des allégations sérieuses liées à ce cas.
La ministre des Sports, en 2018, parlait de couper directement le financement. Je trouve que ce serait une très bonne chose.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la ministre, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui pour discuter de cette question très difficile, mais très importante.
[Traduction]
Comme le travail de l'ancienne ministre a été mentionné à quelques reprises, j'aimerais au moins signaler au Comité qu'elle a convoqué un groupe de travail pour lutter contre la violence fondée sur le sexe au Canada un an avant cet incident. La ministre Duncan a été et continue d'être une ardente défenseure de cette cause. En tant qu'ancienne gymnaste, elle a beaucoup d'expérience et elle continue d'être une excellente défenseure des droits des femmes. Je dis cela parce que j'étais membre de ce groupe de travail avant mon entrée en politique.
Nous sommes venus à Ottawa à plusieurs reprises. À ce moment‑là, nous avons établi quatre choses. Nous avons dit qu'il fallait un code de conduite universel. Il faut qu'il y ait un organisme indépendant pour enquêter, juger et régler tous les problèmes liés à la sécurité dans le sport. Cela doit être obligatoire pour toutes les organisations sportives nationales, et ce système doit être entièrement approuvé par le gouvernement fédéral.
Grâce aux 16 millions de dollars que vous avez veillé à faire inclure dans le dernier budget, ces quatre choses sont vraies.
J'ai écrit ma première lettre à Sport Canada en 1999. J'ai exhorté les ministres des Sports du Canada à agir et j'ai travaillé en toute indépendance avec eux pendant plus de 20 ans, et je suis secrétaire parlementaire pour les Sports depuis près de trois ans.
À mon avis, aucun autre ministre des Sports n'a travaillé plus fort ou n'a réagi aussi rapidement ou pris des mesures plus concrètes que vous, madame la ministre. Je tiens à le reconnaître. Évidemment, c'est mon opinion objective en tant que secrétaire parlementaire, mais je suis extrêmement fier du travail que vous avez fait, vous et votre équipe. Je tiens à vous remercier au nom du système sportif canadien. C'est quelque chose qu'on demandait depuis très longtemps au gouvernement actuel et aux gouvernements précédents.
Nous faisons du bon travail, et j'aimerais vous donner l'occasion de parler du travail que nous avons fait si récemment qu'il ne fera peut-être même pas les manchettes. C'était pas plus tard que la fin de semaine dernière.
Vous avez la parole.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie, cher collègue.
En tant qu'ancienne athlète qui a vécu des expériences merveilleuses dans la pratique du sport, que ce soit la natation ou le volleyball, je sais à quel point le sport est important dans la vie d'une personne, surtout un ou une jeune. Je sais à quel point c'est formateur, à quel point cela nous forme comme êtres humains et comment cela fait de nous les adultes que nous sommes aujourd'hui. C'est pourquoi les histoires d'agressions sexuelles dans le sport m'horripilent tellement, à un point tel que cela me motive pour faire changer les choses. Je tiens à travailler avec les acteurs du système sportif canadien pour briser la culture du silence et veiller à prévenir ce genre de situations.
Nous avons mis sur pied un comité composé d'athlètes pour faire en sorte que leur voix soit prédominante. Nous avons annoncé que, à partir d'aujourd'hui, le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport pourra recevoir les plaintes, et cela cadre avec les quatre objectifs que vous avez mentionnés. Nous avons également dit que nous allions...
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C'est moi qui interviendrai, madame la présidente, au lieu de M. Lemire.
En tant que porte-parole en matière de condition féminine, je suis contente que vous ayez parlé de la culture du silence, parce qu'il en est manifestement question dans cette histoire.
Dans l'affaire mettant en cause Hockey Canada, on rapporte que la victime n'a pas porté plainte. Cette culture masculine toxique, elle existe aussi dans de nombreux autres domaines publics. En effet, il y a eu notamment des cas à la Gendarmerie royale du Canada et dans les Forces armées canadiennes. En général, les victimes ont de la difficulté à porter plainte. Vous parlez beaucoup du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, qui a pour mandat d'aider les victimes à porter plainte contre leurs agresseurs dans le monde du sport.
Or, compte tenu de la hausse vraisemblable du nombre de dénonciations dans l'avenir, allez-vous vous assurer que ce bureau dispose de tous les moyens nécessaires pour arriver à traiter la hausse du nombre de plaintes?
Je suis mère d'une petite fille de 4 mois, Naomie. Je voudrais surtout que cette petite fille puisse pratiquer le sport qu'elle choisira en toute sécurité et qu'elle puisse fréquenter les sportives ou sportifs sans crainte.