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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue à la 51e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je tiens à souligner que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le mardi 31 mai 2022, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes du jeudi 23 juin 2022. Certains membres sont présents en personne et d'autres assistent à la réunion virtuellement.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous nomme pour parler. Pour les personnes qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone au bas de votre écran pour l'activer.
En ce qui concerne l'interprétation, vous verrez un globe au bas de votre écran. C'est l'icône sur laquelle vous cliquez pour obtenir votre interprétation en anglais ou en français, selon ce que vous souhaitez. Vous avez le choix entre l'anglais, le français et le parquet. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette et le canal désiré.
N'oubliez pas que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
J'ai un dernier commentaire à faire. Un accident très tragique s'est produit avec un interprète parce que les témoins n'utilisaient pas les micros requis. On m'a demandé de m'assurer que tout le monde utilise le casque d'écoute qui lui a été envoyé par la greffière. Il est très important de ne pas oublier cela, parce que nous ne voulons pas être la cause de blessures pour nos interprètes.
Cela dit, je veux que le Comité sache que tous les témoins ont effectué des tests de connexion avant la réunion et qu'ils utilisent les casques d'écoute requis.
Nous allons commencer.
Nous recevons aujourd'hui trois témoins au sujet du projet de loi . Nous accueillons Sue Gardner, professeure de pratique McConnell, École de politiques publiques Max Bell, Université McGill, qui comparaît à titre personnel. Par vidéoconférence, nous accueillons Hal Singer, directeur général d'Econ One. Nous accueillons également par vidéoconférence Philip Palmer, président de la section canadienne d'Internet Society.
Madame la greffière, je ne vois pas M. Palmer.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
J'ai été journaliste au Canada pendant 10 ans, et j'ai travaillé à la radio, à la télévision et en ligne. J'ai été responsable de cbc.ca. J'ai dirigé la Wikimedia Foundation, l'organisme sans but lucratif qui exploite Wikipédia. Cela fait de moi la seule Canadienne à avoir géré une propriété Internet parmi les 10 plus importantes au monde. L'an dernier, j'étais professeure de pratique McConnell à l'École de politiques publiques Max Bell de l'Université McGill.
Je m'adresse à vous à titre personnel, en me fondant sur mes connaissances et mes expériences.
Je pense que le projet de loi est très mauvais pour trois raisons que je vais vous expliquer.
Premièrement, le projet de loi pose un mauvais diagnostic de la nature du problème. Le projet de loi C‑18 qualifie d'injustice le fait que Google et Facebook détiennent une si grande part du marché de la publicité numérique. Il s'agit d'une mauvaise interprétation ou d'un malentendu fondamental.
Imaginez que nous sommes dans les années 1920. Je fabrique des fouets pour les conducteurs de carrioles et vous fabriquez des voitures. Le projet de loi équivaut à ce que le gouvernement dise que vous devez me verser de l'argent indéfiniment parce que personne n'achète mes fouets.
Le secteur du journalisme était rentable parce que l'achat de publicité dans les médias était la meilleure façon — ou du moins une très bonne façon — de rejoindre le public. C'est moins vrai aujourd'hui. Google et Facebook ont créé des outils publicitaires beaucoup plus efficaces que les anciens. C'est pourquoi les annonceurs les utilisent. Google et Facebook ont dépassé l'industrie de l'information en matière d'innovation commerciale. Ce n'est pas une question d'équité. Ce n'est pas une question morale. Cela ne fait pas d'eux des méchants.
Selon ce que vous a dit Ben Scott, le gouvernement ne ferait qu'« arbitrer un concours entre les grandes sociétés technologiques et les grands diffuseurs ». Il a exhorté le Comité à se concentrer plutôt sur l'intérêt public. Mon message est le même.
Deuxièmement, le projet de loi ne favorisera pas un journalisme de qualité. Comme l'ancien président du CRTC, Konrad von Finckenstein, vous l'a dit vendredi, si vous voulez subventionner les diffuseurs de nouvelles, vous pouvez le faire de bien d'autres façons. Il a qualifié ce projet de loi d'inutilement compliqué. Je pense qu'il a raison.
Si l'objectif du gouvernement est d'appuyer un journalisme de qualité, le Forum des politiques publiques a énoncé une très bonne approche pour y parvenir. En 2017, il a publié le rapport « Le miroir éclaté », qui portait sur la crise dans l'industrie de l'information. Il a recommandé que le gouvernement commence à percevoir la taxe de vente sur les ventes publicitaires des entreprises étrangères au Canada, et que cet argent serve à établir un fonds pour le journalisme, qui serait administré par un organisme indépendant du gouvernement. Cela favoriserait un journalisme de qualité.
Le projet de loi vise peut-être le même objectif, mais il le fait en essayant maladroitement de forcer Google et Facebook à financer directement le journalisme proprement dit, ce qui est vraiment difficile. Google et Facebook sont des mégaentreprises du secteur privé de la Silicon Valley. Leur travail consiste à promouvoir leurs propres intérêts commerciaux. Ils n'ont pas pour mission de servir la population du Canada. Nous ne les élisons pas et ils n'ont pas de comptes à nous rendre.
Le gouvernement peut essayer de donner des directives très précises à Google et à Facebook et essayer de les forcer à faire ce qu'il veut, mais ce n'est pas simple. La façon la plus simple de procéder est de prendre leur argent et de créer un fonds.
Mon troisième point, c'est que le projet de loi aura des conséquences négatives imprévues importantes. Je veux surtout parler d'Internet et de ses utilisateurs.
Le projet de loi encouragera les pièges à clics et l'absurdité.
Le projet de loi incitera Google et Facebook à abandonner le secteur de l'information.
Enfin, le projet de loi inscrira dans des dispositions législatives l'idée que les liens Internet ordinaires « prennent de la valeur », ce qui nous place sur une pente glissante. Internet a été conçu pour être ouvert et pour croître de façon organique. L'ouverture d'Internet repose sur la capacité de créer des liens librement, et non seulement cela, mais aussi de la capacité de partager, de commenter et d'annoter les liens créés, ainsi que d'en tirer parti. Cela est bien compris.
Avec le projet de loi , le gouvernement crée des frictions en matière de liens. Cela nous rapproche d'un Internet fondamentalement commercial, où ce que nous verrons en ligne sera déterminé par des transactions d'entreprise. Ce genre de changement se produit très lentement. Il est le résultat cumulatif de nombreuses décisions qui, lorsqu'elles ont été prises, ne semblaient pas vraiment porter à conséquence. Le projet de loi représente un pas de plus dans cette mauvaise direction.
Merci beaucoup.
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Bonjour et merci de m'accueillir.
C'est un privilège de m'adresser à un auditoire canadien, et j'aurais aimé pouvoir le faire en personne.
J'ai beaucoup travaillé sur des dispositions législatives s'apparentant au projet de loi aux États-Unis, soit la Journalism Competition and Preservation Act, ou JCPA, pour le compte de la News/Media Alliance, un regroupement d'éditeurs de presse, et je vais parler de ces efforts. Les aspects économiques sont les mêmes.
Entre autres mesures de protection pour les éditeurs de presse, la JCPA leur accorderait une exemption au titre des lois antitrust, afin qu'ils puissent mieux coordonner leurs relations avec les géants de la technologie.
Avant d'aller plus loin, je tiens à être clair. Les exemptions au titre des lois antitrust sont rares, et c'est une bonne chose. Les entités puissantes ne devraient pas être à l'abri des contrôles qui se font dans ce contexte. Dans certaines circonstances limitées, toutefois, la coordination entre les petits fournisseurs lorsqu'ils traitent avec un gros acheteur est nécessaire pour surmonter un déséquilibre de pouvoir, qui fait en sorte que les prix des intrants et l'emploi ne se situent plus à un niveau concurrentiel.
Cette défaillance du marché est à la base des exemptions actuelles au titre des lois antitrust des États-Unis pour les coopératives agricoles en particulier et les travailleurs en général. L'élargissement de ces exemptions aux journaux dans leurs relations avec les plateformes Internet dominantes repose sur la même base.
Le fait que le terme « préservation » figure dans la loi américaine n'est pas fortuit. Selon le Pew Research Center, l'industrie de l'information a subi des pertes de revenus publicitaires chaque année depuis 2006.
La diminution des revenus publicitaires, en partie à cause du sous-paiement des plateformes dominantes, signifie une baisse des flux de trésorerie pour soutenir les journalistes et un effet clair sur l'emploi découlant du pouvoir de monopsone que détiennent les plateformes dominantes. Aux États-Unis, le nombre d'employés des journaux est passé de 71 000 en 2008 à 31 000 en 2020, selon Pew. En raison de la détérioration du paysage médiatique de l'information, des centaines de journaux locaux ont fait l'objet d'acquisitions ou ont déclaré faillite.
Google et Facebook recadrent des articles de journaux dans de riches aperçus contenant des grands titres, des résumés et des photos. Les plateformes sélectionnent également du contenu des journaux en y insérant de la publicité. Ce recadrage et cette sélection réduisent la probabilité qu'un utilisateur clique sur un article donné, privant ainsi les éditeurs de journaux de clics tout en enrichissant les plateformes technologiques dominantes. Cette appropriation gratuite du contenu des journaux réduit également le nombre d'abonnements. Lorsque des clics sur le contenu des journaux émanent des sites Web des plateformes, les revenus publicitaires générés sont taxés par les plateformes à des taux excessifs.
La meilleure façon de contrer le pouvoir de monopsone est que le gouvernement permette aux éditeurs de presse de coordonner leurs transactions avec les plateformes numériques en ce qui a trait aux modalités de paiement. Compte tenu de l'énorme déséquilibre des pouvoirs, la négociation collective en soi pourrait ne pas être suffisante pour obtenir des paiements concurrentiels, auquel cas une négociation structurée entre les parties, par exemple, un arbitrage obligatoire avec un mécanisme d'exécution, serait nécessaire comme filet de sécurité.
Curieusement, certains groupes anti-monopole traditionnels ont manifesté leur réticence à accorder des pouvoirs de négociation compensatoires aux journaux qui traitent avec des plateformes dominantes. Dans une déclaration commune, l'American Antitrust Institute, Public Knowledge, Consumer Reports et la Consumer Federation of America ont soutenu qu'une nouvelle exemption au titre des lois antitrust aurait pour seul effet de nuire aux consommateurs, aux citoyens et aux entreprises qui ne participent pas aux négociations que cette exemption est censée faciliter. Il convient de noter que certains de ces groupes dépendent des plateformes dominantes pour leur financement.
Pour remplacer la JCPA, ces mêmes détracteurs ont demandé une application plus rigoureuse des lois antitrust à Google ou Facebook, mais le comportement qui est dénoncé ici, le simple exercice du pouvoir de monopsone pour obtenir un tarif réduit pour le contenu des journaux, ne représente pas une restriction verticale reconnue en vertu des lois antitrust. L'extraction de contenu, le recadrage, la sélection et l'appropriation de valeur ne constituent pas des violations de l'article 2 de la loi Sherman des États-Unis. Contrairement à l'Europe, les États-Unis n'ont pas de norme sur l'abus de position dominante.
De plus, même si l'on pouvait trouver quelque chose d'autre dans le comportement des plateformes s'apparentant à une restriction verticale, une poursuite antitrust réussie contre, disons, Google, n'aiderait en rien les éditeurs dans leurs transactions avec Facebook. Si une poursuite antitrust était intentée avec succès contre Google ou Facebook, il faudrait plusieurs années pour rendre une décision, et les appels pourraient ne pas être réglés avant près d'une décennie. Entretemps, le sort des journaux continuerait d'être précaire. Compte tenu de leur précarité financière, on ne sait pas combien d'entre eux pourraient survivre sans une intervention aujourd'hui.
La JCPA a fait l'objet d'importantes modifications.
La présidente: Il vous reste 30 secondes.
M. Hal Singer: La version actuelle, qui prévoit judicieusement un arbitrage baseball ou arbitrage de la dernière offre, garantit que les éditeurs de tous horizons sont admissibles à participer aux négociations et impose une limite de taille — à tort, à mon avis — pour concentrer le soutien sur les petits joueurs et les organes de presse locaux.
En terminant, je voudrais mentionner qu'un amendement plus récent à la JCPA fait en sorte qu'une part importante des fonds — 65 % — recueillis serait attribuée aux éditeurs de presse en fonction de la part proportionnelle que représentent les journalistes dans les dépenses d'un journal. Autrement dit, les journaux qui se débarrassent de journalistes seraient punis par le mécanisme de répartition, car la part qu'ils obtiendraient serait réduite.
Je vous remercie de votre attention et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Au nom de la section canadienne d'Internet Society, je tiens à remercier le Comité de me donner l'occasion d'aborder cet important sujet.
Je voudrais tout d'abord dire qu'Internet Society appuie des initiatives visant à soutenir financièrement les agences de presse dans leur transition vers l'ère d'Internet. Nous croyons que des droits plus larges appliqués à toutes les plateformes de médias sociaux et à tous les moteurs de recherche, conjugués à la répartition du financement par un organisme véritablement indépendant, représenteraient une source de financement plus juste et plus fiable que le régime de négociation illusoire qui est au cœur du projet de loi .
Ni le projet de loi , ni la loi australienne sur laquelle il est fondé, ne prévoient une négociation basée sur la valeur du contenu de l'information pour les intermédiaires de nouvelles. Le processus de négociation est artificiel, et apparent plutôt que réel. En retirant aux intermédiaires de nouvelles des protections juridiques, il est conçu pour les contraindre à accepter d'indemniser les entreprises de presse, sous peine de sanctions pécuniaires excessives. Il soustrait les intermédiaires de nouvelles numériques aux exceptions et aux limites de la Loi sur le droit d'auteur, tout en laissant ces mêmes droits en place pour leurs concurrents et pour les agences de presse proprement dites.
Le gouvernement se sert de son pouvoir législatif pour forcer une poignée d'entreprises qui ont des modèles d'affaires réussis axés sur la publicité à indemniser une industrie dont les mêmes modèles d'affaires sont un échec.
J'aimerais soulever rapidement quelques points précis.
Premièrement, le projet de loi impose des coûts importants pour rendre accessible au public le contenu des nouvelles par l'entremise d'hyperliens. Les hyperliens sont le moyen par excellence pour les particuliers et les entreprises de chercher et de trouver des nouvelles et toute autre information en ligne. En imposant un coût aux intermédiaires de nouvelles pour les liens vers le contenu des nouvelles, le projet de loi C‑18 menace l'efficacité de l'extraction de l'information sur Internet et la capacité des Canadiens d'accéder à ce contenu. Le projet de loi C‑18 fera augmenter le coût de l'accès au contenu des nouvelles au Canada, directement ou indirectement.
Deuxièmement, la définition d'« intermédiaire de nouvelles numériques » au paragraphe 2(1) soulève des questions complexes de faits et de droit au niveau constitutionnel. Il est peu probable que Facebook et Google, par exemple, soient assujettis à l'autorité réglementaire fédérale.
Troisièmement, les critères de l'article 6 selon lesquels un intermédiaire de nouvelles numériques doit s'identifier sont vagues et inappropriés. Ils sont empruntés à des concepts aussi différents les uns des autres que le droit de la concurrence et le droit du travail. Le projet de loi ne définit pas les marchés pertinents et ne précise pas non plus en quoi consiste le déséquilibre du pouvoir de négociation.
Nous exhortons le gouvernement à envisager de suivre le modèle australien à cet égard, lequel prévoit la désignation par le ministre de l'intermédiaire, en fonction de critères plus clairs — pas parfaits — énoncés à l'article 52E de la loi australienne.
Quatrièmement, l'article 27 comporte une définition double de l'expression « entreprise de nouvelles admissible ». L'alinéa 27(1)a) fait référence à « une organisation journalistique canadienne qualifiée », une définition aux fins de la Loi de l'impôt sur le revenu qui exige qu'une organisation réponde à des critères exigeants. Comme de nombreux intervenants l'ont souligné, l'alinéa 27(1)b) rend admissibles des organisations qui n'ont pas de normes journalistiques observables. Les fermes à clics et les agents étrangers ne devraient pas être des entreprises de nouvelles admissibles. Selon nous, l'article 52P de la loi australienne représente un meilleur modèle à cet égard.
Cinquièmement, l'article 24 empêche les intermédiaires de nouvelles de s'appuyer sur les exceptions et les limites du droit d'auteur. Cet article devrait être supprimé. Il annule toute approche fondée sur le marché pour déterminer la valeur du contenu de nouvelles pour les intermédiaires de nouvelles numériques.
La présidente: Il vous reste 30 secondes.
M. Phillip Palmer: Enfin, l'article 51 intègre des aspects du droit des télécommunications, soit la notion de discrimination injuste et de préférence indue. Cela n'a rien à voir avec les fonctions des intermédiaires de nouvelles. Cette disposition devrait donc être supprimée. L'article 52D de la loi australienne semble aborder ces questions de façon beaucoup plus claire.
Merci beaucoup. Je serai heureux de répondre à vos questions.
À mon avis, dans les débats sur la question de savoir si le projet de loi constitue littéralement une taxe sur les liens, on coupe les cheveux en quatre. Ces débats manquent un peu de pertinence.
La notion selon laquelle le fait de rendre accessible du matériel ou d'en faciliter l'accès enlève de la valeur à ceux qui l'ont créé représente le fondement même du projet de loi, et cette notion va à l'encontre des principes d'Internet, celui‑ci étant fondé dans son ensemble sur un concept de liaison, ainsi que de partage, d'annotation, de commentaires et de mise en valeur concernant le travail des autres. C'est ce qui rend Internet fantastique, mais cela a des limites. Nous avons une loi sur le droit d'auteur, et il n'est pas nécessaire ni avantageux de dire que les liens ou l'accès à ceux‑ci enlèvent de la valeur, parce que ce n'est pas le cas.
Je sais que les gens ont tendance à détester l'expression « casser Internet ». Je ne l'aime pas non plus, parce que cela ressemble toujours à une hyperbole. Je ne veux pas dire que si ce projet de loi est adopté, cela aura pour effet de casser immédiatement Internet ou de le rendre différent, mais cela va dans ce sens et représente un pas dans cette direction.
J'exhorte le Comité à adopter une perspective à long terme à cet égard. Internet est encore assez jeune. Il est là pour de bon. Je pense que les mesures que nous prenons aujourd'hui, qui peuvent sembler anodines et sans grande conséquence, façonneront Internet et auront un effet sur son évolution que nous pourrions regretter.
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Je n'y ai pas beaucoup réfléchi. En fait, j'ai étudié la question au moyen de sondages, afin de déterminer dans quelle mesure les éditeurs de presse créent collectivement de la valeur pour les plateformes individuelles. La réponse se situe dans les milliards de dollars, du moins aux États-Unis. C'est probablement la même chose au Canada.
Une certaine valeur est retournée en nature, mais n'oubliez pas que c'est seulement lorsque l'utilisateur clique sur des liens et les suit. Même à ce moment‑là, l'éditeur de presse sera assujetti à un taux supercompétitif ou à une taxe sur ces revenus.
Ce que je veux dire, c'est que si nous en arrivons à un arbitrage, la société de gestion collective des éditeurs de presse sera en mesure de présenter une étude, peut-être des sondages, qui démontreront la valeur des éditeurs de presse que les plateformes s'approprient. Google et Facebook devront embaucher leur propre économiste et il ou elle va proposer une contre-étude. À ce moment‑là, l'arbitre devra décider quelle estimation de la valeur générée par les éditeurs de presse est la plus juste, la juste valeur marchande qui découlerait d'une négociation volontaire, en l'absence d'un déséquilibre des pouvoirs, n'est‑ce pas? C'est ce que nous essayons de faire ici. Les forces du marché font en sorte qu'il n'y a pas de droits d'accès. C'est ce que le marché a déterminé, et cela vient du fait que Google et Facebook sont tout simplement trop gros dans cette négociation. La question est de savoir quel serait le taux concurrentiel pour cet accès, ce qui ne pourra être déterminé qu'au moyen de ce processus d'arbitrage.
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C'est exact, et c'est exactement la question que nous essayons de poser dans ces études d'évaluation: qu'est‑ce qui vous a amené là? Que cherchez-vous? S'agit‑il de nouvelles ou d'autre chose?
Nous pouvons effectuer des sondages et utiliser d'autres outils pour essayer d'estimer, du mieux que nous le pouvons, la valeur de la contribution des éditeurs de presse aux moteurs de recherche ou aux sites de médias sociaux. C'est exactement ce que nous allons essayer de faire dans ce contexte. Il incombera à l'expert de fournir aux éditeurs de presse la meilleure estimation possible, mais Google et Facebook auront également l'occasion de faire de même. Il est concevable que, dans le cadre d'un arbitrage baseball, ils l'emporteraient, et le chiffre qui en découlerait serait faible.
Personne ne devrait accepter cela comme une garantie que les journaux vont l'emporter à ce jeu, mais je pense que l'arbitrage baseball va amener les deux parties à faire la meilleure estimation possible. Après tout, si le résultat est une évaluation insensée ou extrême, si Google propose un chiffre de zéro pour qui est de la contribution des journaux, alors l'arbitre sera enclin à accepter l'offre des éditeurs de presse.
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Eh bien, pour ce qui est de la qualité, voici ce que nous essayons de comprendre dans nos études. Nous demandons aux gens qui sont sur les diverses plateformes pourquoi ils s'y trouvent, ce qu'ils consomment et ce qui les a amenés là. Je pense que ces deux mesures différentes tiendront compte de la qualité à l'étape de la répartition.
Au cours de la première phase, nous essayons de déterminer la valeur générée, au moyen d'approximations, c'est‑à‑dire combien de temps est consacré à la consommation de nouvelles et ce qui a amené les gens là. Dans la deuxième phase, nous essayons de répartir cette valeur en fonction de deux mesures. La première, du moins aux États-Unis, est la quantité de trafic que vous générez, votre part du trafic au prorata, qui représente en partie une mesure de la qualité. Deuxièmement, et c'est le plus important, notre Congrès a prévu que soient mis de côté 65 % de tous les produits de la vente pour les répartir en fonction de la part proportionnelle de journalistes employés par chaque agence de presse. C'est une mesure directe de la qualité, n'est‑ce pas? Plus il y a de journalistes à votre emploi, plus la part de revenu que vous allez recevoir est importante.
J'ai l'impression que c'est une façon d'aborder la question de la qualité: s'assurer que la répartition se fait en fonction du nombre de journalistes. Après tout, au bout du compte, nous essayons de redonner vie au journalisme. Pour ce faire, nous incitons les éditeurs à embaucher des journalistes, comme ils l'ont fait en Australie et dans d'autres pays où ils ont reçu récemment de l'argent.
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Cette mesure n'affecterait pas la gratuité d'Internet.
Voici pourquoi: Google ne va pas soudainement commencer à facturer des frais de recherche aux consommateurs parce qu'il doit verser un paiement forfaitaire aux journaux une fois par année. Ce montant forfaitaire n'entrera pas dans leur calcul des prix. Cela détruirait complètement leur modèle d'affaires s'ils disaient qu'au lieu de faire de l'argent avec la publicité, ce qui est au cœur de leur entreprise et de ce qu'ils font depuis une décennie ou plus, ils commençaient à exiger des frais pour les recherches. Ils ne feront pas cela.
C'est le même calcul pour Facebook. Si Facebook doit verser un montant forfaitaire une fois par année, qui ne varie pas en fonction du résultat et qui n'a pas d'incidence sur ses coûts marginaux... En tant que microéconomiste, je peux vous dire que cela ne changera rien à leur optimisation des prix et ne fera certainement pas en sorte que Facebook s'écartera de son modèle de média social gratuit en échange d'une monétisation de la publicité.
J'espère que cela répond à votre question sous divers angles, y compris celui de la gratuité d'Internet. Cela n'aura aucune incidence sur les décisions des plateformes en matière de prix.
Les recherches seront toujours gratuites. Les médias sociaux seront toujours gratuits, et un versement forfaitaire à la fin de l'année ne changera rien à cela.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Merci à nos témoins.
J'aimerais revenir à vous, monsieur Singer.
Nous avons entendu divers témoins au cours des dernières semaines. La grande majorité d'entre eux appuient fortement le projet de loi , y compris — et j'ai trouvé que c'était un point intéressant et un moment décisif — les journaux communautaires de l'Alberta et de la Saskatchewan. C'est là que se trouve la moitié du caucus conservateur. Les journaux communautaires de ces provinces sont de fervents défenseurs du projet de loi C‑18, même s'ils veulent qu'il soit amélioré.
Dans la circonscription que je représente, New Westminster—Burnaby, nous avons constaté une hémorragie du contenu des nouvelles locales en raison de ce que beaucoup qualifieraient de concurrence déloyale.
Je voudrais revenir à la Journalism Competition and Preservation Act des États-Unis. J'aimerais que vous nous parliez un peu de ce qui se passerait si elle n'était pas adoptée.
Le modèle australien est scruté par beaucoup d'autres pays parce que les médias locaux ont été décimés dans ce pays.
Que se passerait‑il sans la Journalism Competition and Preservation Act? Quelle serait l'évolution du journalisme aux États-Unis?
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Il est possible que les plus grands éditeurs puissent obtenir certains paiements unilatéralement, mais ce n'est pas l'objet du projet de loi. Ce n'est pas ce que nous essayons de faire.
Ce que nous essayons de faire, c'est de donner vie au journalisme en général, y compris aux journaux communautaires que vous avez mentionnés. Dans le cadre d'une négociation bilatérale entre un journal communautaire et Google ou Facebook, il est impossible que le journal puisse obtenir un paiement pour l'accès à son contenu.
Pensons à ce que ce collectif va créer, à ce que ce syndicat, pour ainsi dire, va faire des journaux. Cela va augmenter les pouvoirs des plus petits journaux de la coalition et va permettre de négocier collectivement, unis contre Google et Facebook. Ce sont eux les véritables bénéficiaires.
Ce que j'ai contre ce que j'ai vu se produire à l'étranger, c'est que, même si leur cœur était au bon endroit et qu'ils faisaient un pas dans la bonne direction, l'objectif principal est de renforcer les pouvoirs des petits journaux, et si vous ne pouvez pas faire cela, la démarche ne vaut même pas la peine d'être entreprise, à mon avis.
Ils vont se joindre à la coalition. Ils vont se présenter comme un seul bloc uni à la table de négociation, à condition que nous n'arrivions pas à une négociation volontaire. Je doute fort que ce soit le cas. Il y a un temps pour la négociation volontaire.
En cas d'échec, on passe à l'arbitrage exécutoire. À ce moment‑là, ils vont proposer un chiffre, qui correspondra à la valeur de la contribution de tous les journaux collectivement pour Google et Facebook. Google et Facebook auront l'occasion de contester cela et de proposer leurs propres contre-études et experts. L'arbitre décidera quelle valeur est la plus juste.
Tout ça pour dire que les petits journaux vont en profiter. Nous allons veiller à ce que tous soient inclus. On ne pourra pas faire de discrimination en fonction du genre de contenu ou des positions adoptées. Tous seront concernés. À la fin, nous aurons une répartition qui sera principalement dictée par le nombre de journalistes employés.
Vous avez soulevé la question des dispositions législatives antitrust et de la lutte contre les grandes entreprises technologiques. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit qu'il faudrait 10 ans pour venir à bout des appels interjetés par les grandes entreprises technologiques pour mettre fin à la législation antitrust. Grâce à leur pouvoir, elles peuvent interrompre les travaux pendant une décennie. Je pense que nous saisissons tous le pouvoir des grandes entreprises.
En ce qui concerne les échéanciers relatifs à la JCPA et au projet de loi , nous discutons actuellement de seuils pour nous assurer que le projet de loi est adopté, que les négociations ont lieu, qu'il y a un arbitrage de la dernière offre et qu'il y a un mouvement clair. Selon vous, quels sont les échéanciers appropriés?
Beaucoup ont dit qu'il devrait y avoir des délais plus courts de trois mois pour la négociation, l'arbitrage, puis l'arbitrage de la dernière offre. Tout cela se ferait dans un laps de temps relativement court, ce qui obligerait les grandes entreprises de technologie à travailler de bonne foi, plutôt que d'étirer les choses, comme elles le feraient certainement avec une loi antitrust.
Dans quelle mesure est‑il important qu'il y ait des délais relativement courts pour la négociation, l'arbitrage et l'arbitrage de la dernière offre?
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Je pense que c'est très important. Cela s'explique par la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les journaux.
S'ils pouvaient tenir le coup encore deux ans, nous pourrions peut-être nous permettre de laisser le processus se dérouler pendant un an. Nous n'avons pas des années pour agir.
Ce que je dirais, si vous me le permettez, c'est que chacune de ces échéances devrait être de quelques mois. Fixer une période de négociation volontaire, leur donner un mois pour essayer de trouver une solution, et passer à l'arbitrage exécutoire s'ils n'y arrivent pas.
En arbitrage, il y a une communication préalable. Des rapports d'experts sont rédigés. Je suppose que Google va pouvoir faire appel à un expert avant que nous arrivions dans la salle d'audience. Ils doivent être informés de la façon dont la méthodologie d'évaluation va fonctionner. Cela pourrait prendre un certain temps. Je pense que cela devrait être une question de mois et certainement pas d'un an. Il aurait fallu régler cette question hier.
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Merci, madame la présidente.
J'ai le sourire aux lèvres parce que M. Singer n'a aucune idée de ce qu'est le projet de loi , qui se situe exactement à l'opposé de ce dont il parle.
Radio-Canada, Rogers et Bell reçoivent la majeure partie de l'argent. Les journaux reçoivent des miettes. Notre situation n'est pas celle des États-Unis. Nous l'avons souligné à maintes reprises de ce côté‑ci. Les journaux de petite et de moyenne tailles ne reçoivent absolument rien.
Je vais passer à vous, monsieur Palmer, parce que vous avez des recommandations.
Les réponses de M. Singer me font rire parce qu'il n'a absolument aucune idée de ce que vise ce projet de loi. Il ne s'agit pas de l'industrie de la presse écrite au Canada. Je dis depuis des mois qu'elle reçoit des miettes. Je crois que CBC au niveau local, le radiodiffuseur public, devrait être exclu de ce projet de loi.
Qu'en pensez-vous, monsieur Palmer?
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Je crois que nous avons entendu cela de la part de Google, qui a déjà 150 ententes, mais aucune avec les petits et moyens journaux du pays, j'en suis sûr. Je pense que vous serez d'accord avec moi.
Cela fait des mois que nous répétons de ce côté‑ci que non seulement les journaux de l'Alberta et de la Saskatchewan, mais aussi beaucoup de journaux en Ontario, au Québec, dans les Maritimes et même en Colombie-Britannique, d'où vient M. Julian, sont exclus.
J'ai ici une note de CACTUS, l'Association canadienne des usagers et stations de la télévision communautaire, qui dit qu'elle sera pratiquement exclue de ce projet de loi.
Il y a tellement d'exclusions dans ce projet de loi qu'il faudra des jours pour obtenir les amendements nécessaires pour qu'il soit même à moitié présentable.
Qu'en pensez-vous?
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Eh bien, je suis ici à titre d'expert des dispositions législatives américaines, que j'ai aidé à rédiger. J'essaie de transmettre une certaine expérience et une certaine sagesse que j'ai acquises dans le processus qui a été mené aux États-Unis. Je ne me présente pas comme un expert de la législation canadienne. D'après ce que je comprends, il y a beaucoup de points communs entre les tactiques et les aspects des deux projets de loi.
Je signale que nous avons inclus les radiodiffuseurs également, bien que les radiodiffuseurs aux États-Unis n'aient pas les mêmes protections que celles des journaux. Je dirais qu'un chiffre sera présenté par la coalition des journaux, et ce chiffre correspondra à la valeur de leur contribution à chaque plateforme, peu importe ce que les éditeurs proposent. Les éditeurs viseront donc un certain montant en fonction de la contribution qu'ils auront à la marge, les radiodiffuseurs viseront un autre montant, et les journaux, une autre encore.
À mon avis, nous ne devrions pas essayer de déterminer quelle coalition va obtenir plus que les autres. Au lieu de cela, nous devrions trouver un moyen de mettre de l'argent entre les mains des éditeurs de presse et de le répartir équitablement en fonction de la qualité du journalisme qu'ils proposent.
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Vous avez bien raison, c'est mon tour de deux minutes et demie. Je vais le prendre avec plaisir. Merci beaucoup. C'est moi qui étais mêlé, cette fois-ci.
Monsieur Palmer, vous avez déposé un mémoire à ce comité, il y a quelques jours. Dans celui-ci, vous parlez de solutions de rechange au projet de loi C‑18. Vous parlez notamment de la création d'un fonds, que l'on prélèverait, j'imagine, directement à partir des revenus déclarés des entreprises. Cela permettrait de rétablir l'équilibre, selon les besoins du marché.
Comment envisagez-vous la viabilité d'un tel fonds, compte tenu du fait qu'on a un gouvernement qui a plutôt tendance à encourager l'évitement fiscal et le recours aux paradis fiscaux par les grandes entreprises?
Ne craignez-vous pas que les grandes entreprises en ligne ne déclarent pas réellement les revenus qu'elles génèrent au Canada?
Cela ne pourrait-il pas ouvrir la porte à des litiges sans fin sur l'argent qui pourrait être mis à contribution dans ce fonds?
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Madame la présidente, il s'agit d'une question clé. Je pense qu'un fonds présente un certain nombre d'avantages réels par rapport à une approche réglementaire.
Le premier, qui permettra d'éviter un nombre considérable de litiges, découle du fait que la perception de recettes est clairement un pouvoir fédéral. Il n'est pas du tout clair que le gouvernement fédéral a un pouvoir de réglementation sur Google et Facebook. En fait, je crois que c'est le contraire, alors je pense que vous êtes en terrain constitutionnel plus sûr. Cela permet d'éviter, disons, quatre ans de litige pour se rendre à la Cour suprême du Canada.
Deuxièmement, cela signifie qu'on peut intégrer sans tarder tous les groupes qui le méritent. Vous n'êtes pas tributaire des grands journaux, par exemple, ou des médias d'information qui se regroupent et s'engagent dans le processus de négociation pour leur propre compte et laissent de côté tous les petits acteurs qui n'ont pas les ressources nécessaires pour être entièrement concurrentiels dans un processus de négociation.
Je pense qu'une redevance ou un fonds quelconque est en fait une solution de rechange très attrayante à ce genre de processus.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Singer, j'ai trouvé les commentaires de M. Waugh quelque peu insultants et inappropriés, et j'aimerais m'excuser au nom du Comité. Il devrait comprendre, je crois, le rôle plus important que jouent les journaux communautaires, y compris dans sa collectivité, où les associations de journaux hebdomadaires de la Saskatchewan et de l'Alberta réclament une loi comme celle-ci.
Monsieur Singer, je veux revenir sur ce que vous avez dit au sujet des nouvelles communautaires, parce que vous avez tout à fait raison de dire que l'une des raisons pour lesquelles nous assistons à une augmentation de la haine sous toutes ses formes toxiques — plus d'antisémitisme, plus de racisme, plus d'homophobie et de transphobie, plus d'islamophobie, plus de misogynie — c'est en partie parce que les liens que les journalistes communautaires et les journaux communautaires créent sont en train de disparaître alors que les grandes entreprises technologiques tentent de tirer profit de la haine.
Comme vous le savez, aux États-Unis, Stop Hate for Profit est une campagne importante qui mobilise tout un éventail d'organisations luttant contre la haine. Pourriez-vous souligner de nouveau l'importance d'avoir un secteur journalistique communautaire qui aide à contrer la façon dont les géants technologiques exploitent sans vergogne la haine pour renforcer leurs profits, afin qu'il y ait un certain contrepoids et que nous puissions commencer à rétablir les liens communautaires partout en Amérique du Nord?
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Je blâme certainement les géants technologiques pour beaucoup de choses, mais je ne veux pas nécessairement les blâmer d'être directement à l'origine de ce phénomène.
Permettez-moi de dire que l'effet pourrait être indirect. Autrement dit, leur modèle d'affaires nuit aux journaux communautaires locaux et, quand ces journaux communautaires disparaissent, la désinformation comble en quelque sorte le vide. Tous les liens que les journaux communautaires créaient autrefois sont maintenant flétris, les gens se sentent isolés et ils se déchaînent. Ils ne ressentent plus de lien avec leur communauté.
Qu'il s'agisse ou non d'un stratagème... Je ne veux pas laisser entendre que les géants de la technologie complotent à cette fin et que c'était l'objectif. Je ne crois pas qu'ils soient malveillants, mais je pense qu'un mal s'est produit.
Le plus important maintenant, je crois, serait simplement de trouver un moyen de remettre de l'argent dans les poches des journaux locaux, au lieu de critiquer ou de lancer des pierres.
À mon avis, la façon la plus efficace de le faire est de mettre en place un mécanisme de conception dans le cadre duquel les deux plateformes peuvent émettre un chèque en fonction de la valeur qu'elles s'approprient. Un arbitre fixera ce montant. Ce montant devrait être réinvesti dans les journaux communautaires qui, avec un peu de chance, pourront rétablir tout ce qu'ils faisaient de très bien avant leur déclin.
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iciici Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Si je me reporte aux hebdomadaires de la Saskatchewan et de l'Alberta en particulier, je sais qu'il y en a probablement une douzaine dans ma circonscription. Ils n'appartiennent pas à cette association et ne sont pas d'accord avec cette position parce qu'ils sont propriétaires-journalistes. Ils en ont peut-être une... et ils ne voient pas la valeur de cela. Ils sont très clairs. Lorsqu'on dit ici que toute l'Alberta et la Saskatchewan... Non, ils n'ont pas le même point de vue. Permettez-moi de vous le dire.
Ils ont l'impression d'avoir été exclus de ce processus. Ils n'ont pas l'impression d'en faire partie. Ils ont l'impression que ce projet de loi va les tuer et qu'ils vont disparaître parce qu'il n'y a plus rien pour eux.
Lorsque vous parlez de négociations, ils ne peuvent pas se permettre d'y prendre part. Ils ne font pas partie des négociations des organisations et, comme nous le savons, l'argent est presque épuisé.
Madame Gardner, quelles sont les conséquences imprévues pour les petits journaux hebdomadaires avec un journaliste propriétaire? J'en ai un certain nombre.
J'ajouterais à cela les éditeurs indépendants et les entreprises numériques en démarrage — toutes ces petites entreprises, qu'elles fonctionnent au niveau local ou non.
Au départ, les entreprises indépendantes en démarrage s'opposaient au projet de loi C-18. Ensuite, lorsqu'il est devenu assez clair qu'il allait probablement être adopté — et je pense que cela s'est produit dans le cas de beaucoup d'entités — je crois qu'ils ont changé d'orientation pour essayer de le peaufiner et d'y apporter des amendements afin qu'ils soient moins désavantagés.
Ils n'en veulent pas et il n'est pas surprenant que les services de nouvelles locales n'en veulent pas non plus, surtout ceux qui en sont explicitement exclus parce qu'ils ont moins de deux journalistes employés à temps plein.
Les conséquences imprévues...
Je suis désolé. Allez-y.
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Exact. J'ai moi-même posé ces questions.
Je pense qu'il est très important que ce genre de projet de loi soit envisagé dans le contexte de ce qui se passe réellement dans l'industrie de l'information, et pas seulement dans le contexte où l'industrie de l'information a besoin d'argent en raison de la fragmentation des auditoires.
Je vais essayer d'être bréve, mais il fut un temps où nous regardions tous les mêmes nouvelles télévisées. Nous lisions tous à peu près les mêmes journaux. On nous offrait la même vision du monde. C'était bon pour la cohésion sociale, mais c'était aussi une mesure d'exclusion et de marginalisation pour beaucoup de gens différents. Ils ne se voyaient pas reflétés.
Nous assistons aujourd'hui à l'épanouissement de nombreux services d'information hyperspécifiques et quelque peu spécifiques destinés aux peuples autochtones et aux personnes particulièrement préoccupées par les changements climatiques. Il y a des entreprises en démarrage qui visent, je crois, la diaspora asiatique en Amérique du Nord et les milléniaux.
Plusieurs services différents existent aujourd'hui. Le projet de loi devrait tenir compte de cela et d'un certain nombre d'opinions différentes à ce sujet. Vous pourriez décider que des publications d'intérêt général sont importantes pour la cohésion sociale d'un pays dans son ensemble ou vous pourriez décider d'avoir un objectif de politique qui suit cette tendance et appuie de plus petits services d'information pour des groupes identitaires distincts et des ensembles d'intérêts distincts.
Ce projet de loi ne prévoit pas ce genre de choses, mais cela devrait être pris en compte dans tout ce qui vise à soutenir un journalisme de qualité au Canada, parce que cela fait partie de la question de savoir ce qu'est un journalisme de qualité.
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C'est ce qu'ils font. Il y a une loi aux États-Unis, le projet de loi sur l'auto-préférence, par exemple, l'interdiction de l'auto-préférence qui a été adoptée par le comité judiciaire du Sénat — je crois que le vote a été de 16 contre six. Soit dit en passant, le comité judiciaire du Sénat a adopté la JCPA, la loi sur la concurrence et la préservation du journalisme. Cette mesure était très populaire. Je crois que le vote a été de 15 contre sept. Les républicains l'ont également appuyé.
Je pense que le Congrès reconnaît que certains aspects du comportement de la plateforme échappent à l'examen antitrust. En particulier, quand on pense à ce que fait l'auto-préférence, il s'agit d'un comportement qui se produit à l'intérieur d'une entreprise. Il ne franchit pas une limite. Il n'y a pas de contrat disant qu'un fournisseur ou un client est exclusif... Par ailleurs, à court terme, cela n'a pas d'effet immédiat sur les prix. Lorsqu'Amazon fait une recherche sur ses propres marchandises dans son magasin, elle remplace habituellement un indépendant par quelque chose de moins cher, alors il n'y a pas d'effet sur les prix non plus. Il s'agirait d'horribles tendances factuelles à présenter devant un tribunal antitrust, où les juges examinent la jurisprudence quant à un comportement qui franchit une limite fixe et qui génère immédiatement un effet à court terme sur les prix.
À mon avis, cela constituerait aussi un horrible ensemble de faits quant aux journaux. Aucun juge ne reconnaîtra le raclage, l'indexation, la conservation et l'appropriation, ce qui revient essentiellement à faire de votre muscle monopsone une infraction antitrust reconnue. Ce n'est certainement pas une violation de l'article 2 de la loi Sherman.
Je pense que le Congrès reconnaît qu'il s'agit d'actes d'agression, d'actes anticoncurrentiels commis par les plateformes qui échappent à l'examen antitrust. Au lieu d'essayer de tout faire passer par un entonnoir antitrust, nous allons rédiger de nouvelles lois qui s'attaquent à ces agissements anticoncurrentiels en dehors des mesures antitrust, c'est-à-dire en utilisant des outils qui fonctionnent en dehors des lois antitrust, comme nous le faisons pour la JCPA.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur comparution aujourd'hui.
Il est clair pour moi que le projet de loi ne permettra pas d'atteindre l'objectif visé, qui est d'aider les petits journaux locaux, parce qu'il exclut ceux qui ont moins de deux journalistes à temps plein et que, manifestement, c'est Bell, Radio-Canada et Rogers qui vont recueillir la plus grande part de l'argent.
Je vais m'en tenir aux modifications que nous pourrions apporter au projet de loi, puisque la coalition néo-démocrate-libérale va imposer son adoption et je veux réduire le plus possible les dommages qui en résulteront.
Monsieur Palmer, vous avez dit que nous devrions supprimer la partie du projet de loi qui porte sur la préférence indue parce qu'elle pose problème, et que la disposition 52D de la loi australienne lui serait préférable.
Vous avez également mentionné une autre partie du projet de loi qu'il faudrait supprimer, mais je n'ai pas bien saisi. Pourriez-vous me dire de quoi il s'agit?
Je vous remercie également de vos remarques sur la probabilité d'une contestation constitutionnelle de la définition actuelle d'« intermédiaire de nouvelles numériques ».
De plus, vous avez mentionné que nous pourrions mieux définir une « organisation journalistique qualifiée », et je suis heureuse que vous recommandiez, pour les médias d'information, de reprendre les définitions de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Une autre idée que j'ai entendue est celle de M. Singer et elle portait sur la limite de taille des entreprises. Cette disposition a été introduite par voie de modification du texte original.
Monsieur Palmer, avons-nous la possibilité de faire quelque chose pour mettre une limite à la taille des entreprises participantes, de façon à empêcher que Bell, Rogers et Radio-Canada obtiennent la part du lion et à acheminer l'aide là où nous le voulons, c'est‑à‑dire aux petits médias d'information locaux?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je m'adresse d'abord à M. Singer.
J'ai eu le plaisir de passer au Congrès américain. Notre groupe de travail interparlementaire sur l'antisémitisme en ligne a tenu des audiences auxquelles Meta, Google, TikTok et Twitter ont comparu.
J'ai eu l'occasion de parler à beaucoup de parlementaires, du moins à la Chambre des représentants, et j'ai constaté un véritable consensus parmi les démocrates et les républicains, des deux côtés, que ce soit au sujet de l'article 230 ou du monopole des plateformes. Il fallait en faire davantage pour contrer les pratiques et les techniques de ces géants du Web.
Je sais que le sous-comité antitrust de la Chambre des représentants a récemment accusé des plateformes comme Amazon, Apple, Google et Facebook d'abuser de leur pouvoir monopolistique.
Comment ces géants du Web réussissent-ils consolider leur position dominante sur le marché? Quelles pratiques et techniques utilisent-ils qui suscitent toutes ces préoccupations?
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Pour ce qui est de trouver le dénominateur commun entre les divers genres de pratiques qui sont en litige, je dirais que la stratégie fondamentale appliquée par les plateformes est une variante de la restriction « anti-steering » ou de ce qu'on appelle la clause de la nation la plus favorisée.
Cela empêche tout courtier ou négociant, disons un développeur d'applis ou un commerçant, sur le site d'Amazon de sortir de la plateforme pour vendre ses produits à un prix inférieur. C'est dire qu'il est interdit, à l'extérieur de la plateforme dominante, de vendre à un prix inférieur à celui pratiqué sur la plateforme.
Google le fait avec des clauses « anti-steering », Amazon avec la clause de la nation la plus favorisée. Ils veillent ainsi à ce qu'aucune coalition, personne ou coalition de développeurs ou de commerçants ne puisse soutenir une plateforme rivale. Si ceux‑ci pouvaient réorienter les consommateurs en leur offrant des prix moindres à l'extérieur de la plateforme dominante, cela pourrait engendrer une certaine augmentation des emplacements et une certaine concurrence entre les plateformes, ce qui obligerait Google et Amazon à réduire les tarifs de participation imposés aux développeurs d'applis et aux commerçants, respectivement.
Ils se sont rendu compte que, s'ils réussissaient à empêcher ce genre de comportement, cette réorientation, ils pourraient maintenir des tarifs de participation artificiellement élevés. Ces tarifs artificiellement élevés, du moins en ce qui concerne Amazon, ont augmenté au fil du temps. Ils se répercutent tous sur le prix de tout ce que les clients achètent.
Il y a beaucoup de pratiques anticoncurrentielles en ce moment, mais je sais que je n'ai pas le temps de les aborder toutes. À mes yeux, c'est le point saillant, et il faut s'y attaquer. Je pense qu'elles sont carrément de nature antitrust. Nous devrions donner à ces poursuites antitrust une petite chance de faire sentir leurs effets dans ce domaine.
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Non, vous n'êtes pas les seuls. Ils menacent tout le monde. Ils ont aussi menacé de faire des choses répréhensibles aux États-Unis lorsque le projet de loi, devenue la JCPA, semblait être sur le point d'être mis aux voix au comité judiciaire du Sénat.
Qu'ils l'admettent ou non, je pense que Facebook et Google savent que les journaux et le journalisme de qualité empêchent en fait leurs plateformes de se transformer en fosse d'aisance. Imaginez qu'ils enlèvent tout ce contenu, comme ils menacent de le faire, qu'ils suppriment la qualité et gardent seulement le contenu de mauvaise qualité ou la désinformation. Toute la plateforme deviendrait une fosse d'aisance. Cela incitera les annonceurs à les abandonner, tout comme les utilisateurs.
Nous devrions prendre leurs menaces au sérieux, mais je ne pense pas qu'elles équivalent à grand-chose en bout de ligne. Ces plateformes ont besoin des journaux d'information, mais ils n'ont pas à les en ce moment parce que le déséquilibre du pouvoir joue tellement en leur faveur, n'est‑ce pas?
Ce que nous demandons, c'est de créer une structure dans laquelle un arbitre peut décider quelle est la juste valeur marchande, et nous pourrions ensuite aller notre chemin. Une fois le paiement effectué, c'est fini. Sauf le respect que je dois à Mme Gardner qui en a parlé, il n'y a pas de taxe sur les liens. Il n'y a pas de frais supplémentaires à payer chaque fois que quelqu'un clique ou pour chaque lien affiché. Il y a un montant forfaitaire pour l'accès. Par la suite, chacun est libre de faire ce qu'il veut avec le contenu, sous réserve des droits d'auteur qui s'appliquent.
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J'aurai également les 18 secondes de temps de parole que M. Housefather n'a pas utilisées.
Merci, madame la présidente.
Monsieur Palmer, je reviens au mémoire que vous avez remis au Comité la semaine dernière.
Dans ce mémoire, vous parlez de la définition du contenu des nouvelles qui est trop large et imprécise. Selon vous, la Loi pourrait s'appliquer aux services de baladodiffusion, comme Apple et Spotify, et aux assistants vocaux, comme Alexa et Siri, et, potentiellement même, les boutiques d'applications. Or, dans votre mémoire, vous n'expliquez pas en quoi cela peut être le cas.
Quand vous lisez le paragraphe 27(1) du projet de loi , qui précise les entreprises admissibles, comment pouvez-vous faire entrer ces entreprises dans ces critères?
Pouvez-vous me donner des précisions à ce sujet?
Monsieur Singer, j'aimerais revenir sur ce dont on parlait il y a quelques minutes, les propos haineux et la désinformation.
Nous avons été témoins de la prise de contrôle de Twitter par Elon Musk et de la promotion délibérée qu'il a faite d'une désinformation consternante au sujet de l'attaque contre le mari de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants. Les géants du Web ont été critiqués parce qu'ils refusaient d'agir rapidement pour contrer la désinformation. J'aimerais savoir si vous avez des observations à faire au sujet de cette désinformation croissante qu'on voit chez les géants du Web.
Il y a aussi l'autre aspect, le journalisme responsable. Il y a l'extrémisme crapuleux de Fox News, auquel nous opposons l'intégrité journalistique du genre qu'on voit, par exemple, à la Société Radio-Canada, qui s'attire souvent d'ailleurs l'hostilité des extrémistes.
Dans quelle mesure la JCPA s'applique‑t‑elle aux radiotélédiffuseurs publics, comme PBS, aux États-Unis? Quelle importance accordez-vous à ce que la radiotélévision publique soit régie dans un cadre, celui du projet de loi , par exemple, qui aide à contrebalancer cet extrémisme délirant que nous voyons de la part de Fox News et la désinformation délibérée transmise par Elon Musk sur Twitter et d'autres géants du Web qui semblent tirer profit de la mobilisation suscitée par cette désinformation?
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Je suis d'accord pour dire que beaucoup de choses ont été avancées aujourd'hui qui sont étrangères au projet de loi et qui n'ont pas rapport avec les entreprises de presse et leur relation avec les plateformes de diffusion de l'information.
Je pense, je suppose, que nous sommes tous d'accord pour dire qu'il y a de nombreuses raisons de critiquer les géants du Web, notamment l'amplification algorithmique de contenus incendiaires. Je crois que la Chambre a l'intention de s'attaquer à ce problème en légiférant sur les méfaits en ligne. C'est une question de grande importance.
Je siège au conseil d'administration du Canadian Anti-Hate Network, qui a pour mission de dépister l'antisémitisme, les propos haineux de toutes sortes et le racisme au Canada, y compris sur les plateformes. C'est une question de taille, et je ne veux pas en minimiser l'importance ou en rire.
Je pense que votre instinct est sûr. L'hostilité envers les géants du Web ne cesse de croître depuis, disons, cinq ans, et cela fait d'eux une cible facile. Je pense que ce sentiment se manifeste quelque peu ici aujourd'hui.
Les géants du Web ont beaucoup d'argent. Je pense qu'il est tout à fait raisonnable de les imposer et, comme je l'ai dit, de se servir de ces recettes fiscales pour financer le journalisme, mais, pour ma part, je me passerais bien des jugements moraux qu'on entend et qui me paraissent peu appropriés.
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Ce n'est pas l'avis des créateurs et des innovateurs actuels, et je pense, puisque ce sont eux qui font le travail, que leur opinion est probablement assez juste.
À mon sens, ce projet de loi favorisera les entreprises qui ont la capacité de négocier des arrangements et qui emploient des avocats et des gens d'affaires, ainsi que celles qui ont un pouvoir de lobbying et une présence à Ottawa, ce que les petites entreprises n'ont certainement pas. Elles passent tout leur temps à tenter d'innover leur produit, à le peaufiner pour le rendre plus attrayant et amener les gens à payer un abonnement ou à s'inscrire à Patreon ou à une autre formule de participation qu'elles ont adoptée.
Une chose que je peux vous dire, ayant moi-même dirigé des entreprises de presse, c'est que plus vous avez de modèles d'affaires, plus votre vie se complique, plus vous avez de maîtres à servir et plus vous avez de compétences à acquérir. Lorsque j'étais à la tête de la Fondation Wikimédia, nous avons mis à l'essai de multiples modèles d'affaires pendant deux ans, puis nous nous sommes rabattus sur celui qui fonctionnait, c'est‑à‑dire celui où les gens ordinaires faisaient des dons simplement parce qu'ils le voulaient.
Ce n'est pas, je pense, une bonne idée d'essayer d'amener les entreprises en démarrage non seulement à chercher à plaire à leur public, mais aussi à tirer, on peut le supposer dans bien des cas, des revenus des utilisateurs, et encore à apprendre à bien négocier avec Google et Facebook et à coordonner leurs activités avec d'autres entités dans ce but, ainsi qu'à établir de bons rapports avec le gouvernement par l'entremise des fonds de journalisme local et de tout autre mécanisme que le gouvernement pourrait établir. Le gouvernement, c'est une autre partie prenante et une autre source de revenus.
C'est d'une complexité écrasante pour une entreprise qui est très petite, où la personne qui s'occupe du développement des affaires est aussi celle qui rédige les nouvelles et qui est en charge du site Web.
Je pense que le projet de loi nuira à l'innovation, qui est nécessaire au plus haut point. L'idéal que nous appelons de nos vœux, c'est un secteur journalistique viable et, pour cela, il faut innover.
Monsieur Palmer, M. Singer a parlé de... Il semble penser qu'il y a deux caisses, ce qui, encore une fois, montre qu'il comprend mal le projet de loi. Il a souligné le fait que les journaux pourront demander de l'argent, mais aussi que d'autres organes de presse pourront le faire. Ce n'est pas le cas. Dans ce projet de loi, il n'y a pas deux caisses. Il n'y en a qu'une seule et, en pratique, il y aura de petits journaux qui seront en concurrence avec de grandes entreprises comme Bell.
Nous avons entendu deux personnes différentes qui ont comparu devant le Comité, l'une représentant les quotidiens de l'Alberta, l'autre représentant les hebdomadaires de la Saskatchewan. Le représentant albertain a dit que, dans sa province, 50 % des journaux ne seraient pas admissibles parce qu'ils n'avaient pas au moins deux journalistes à temps plein et celui de la Saskatchewan a dit que 80 % seraient inadmissibles pour la même raison.
Si ce projet de loi a vraiment pour objet de protéger les journaux locaux, va‑t‑il l'atteindre?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais y aller d'une brève observation.
Des témoins nous ont dit que près de 500 sociétés médiatiques se sont effondrées au cours de la dernière décennie sous l'effet de l'évolution de la structure de cette industrie au Canada. On nous a dit également, et je pense que les conservateurs en conviendront probablement, qu'aucune valeur n'est attribuée au contenu médiatique diffusé par les géants du numérique.
Je m'étonne qu'on puisse supposer, en ouvrant Facebook, en cliquant sur un lien dans Twitter ou en navigant sur Google, que le contenu canadien n'a pas de valeur. Si nous convenons qu'elle a une valeur, il faut alors convenir que nous devrions déterminer ce qu'elle est, comme l'a suggéré M. Singer. C'est un processus très équitable. En fait, il s'agit de déterminer la valeur de tel contenu sur telle plateforme et le montant de sa monétisation, puis de payer l'éditeur en conséquence. C'est d'une grande simplicité.
Monsieur Singer, auriez-vous des observations ou des réflexions à nous communiquer à ce sujet? Y a‑t‑il quelque chose que vous aimeriez dire avant la fin de la séance?
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Oui, j'aimerais revenir sur un point signalé par Mme Gardner il y a un instant, à savoir que les petites entreprises n'auront pas les ressources voulues pour engager un lobbyiste pour négocier.
J'insiste respectueusement que la raison d'être d'une coalition est d'obtenir la participation de tous ceux concernés, de se faire représenter par un avocat et un spécialiste et d'assurer un financement collectif. Cette formule ne grèvera les ressources financières d'aucun petit éditeur. Personne n'aura à faire du lobbying ou à négocier. Il suffira de se joindre au collectif. Le collectif confiera le dossier à un avocat et à un économiste, qui se chargeront de négocier et de tenter d'obtenir la meilleure évaluation possible.
Je tiens à dissiper l'idée que ce système est conçu de telle sorte qu'il compliquera la vie des petites entreprises. En fait, s'il est bien structuré, il devrait leur faciliter la vie. Tout ce qu'elles ont à faire, c'est de se joindre à la coalition, puis, à condition de gagner en arbitrage, de toucher leur part au prorata du trafic généré et de l'emploi créé. C'est ainsi que nous procédons, du moins aux États-Unis.
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Cela clarifie les choses. Merci beaucoup.
Maintenant, pour revenir à cette question... et il va sans dire que nous envisageons des modifications, et je suis donc un peu perplexe devant la réaction de certains membres du Comité qui semblent penser que le projet de loi est à rejeter dans sa totalité parce qu'il y aurait des modifications à proposer. Il est évident que le projet de loi peut être amélioré. L'un des volets à examiner concerne les petits médias communautaires, les journaux propriétaires-exploitants ou les entités de radiodiffusion, telles que la radio communautaire, qu'on trouve souvent dans les petites collectivités.
Pouvez-vous nous parler de l'importance de l'approche adoptée en Australie, où Country Press Australia, qui représente environ 150 petits journaux communautaires, a obtenu des moyens non négligeables de financement qui ont contribué à la revitalisation du secteur, ainsi que de l'importance d'assurer l'inclusion des petits journaux communautaires? Une telle approche exigerait que nous envisagions d'apporter des modifications au projet de loi .