:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour, tout le monde.
Je vous souhaite la bienvenue à la soixante-douzième réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé des peuples algonquins anishinabes.
[Traduction]
Le Bureau de régie interne et les autorités de santé publique n'exigent plus le port du masque, mais les masques et les respirateurs constituent toujours d'excellents outils pour prévenir la propagation de la COVID‑19 et des autres maladies transmissibles par voie aérienne.
Je veux profiter de l'occasion pour rappeler à toutes les personnes dans la salle qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de cette réunion. Elle sera diffusée en ligne, où vous pourrez la visionner.
Je veux aussi que les participants en ligne sachent qu'il se trouve au bas de leur écran une petite icône qui représente un globe. En cliquant dessus, ils entendront la traduction en anglais ou en français. Des oreillettes sont à la disposition de tout le monde dans la salle, afin d'entendre la traduction.
Toutes vos interventions doivent s'adresser à la présidence, et ne parlez pas tant que je ne vous en ai pas donné l'occasion.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 20 septembre 2022, le Comité se réunit aujourd'hui pour poursuivre son étude sur la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Nous discuterons aujourd'hui du sujet avec des témoins. Nous accueillons Wendy Glover, enseignante au secondaire et consultante en développement des athlètes, qui comparaît à titre personnel. Nous souhaitons aussi la bienvenue à Ryan Sheehan et Kim Shore, les co‑fondateurs de Gymnasts for Change Canada. Nous recevons le secrétaire du conseil d'administration de l'Association athlètes du Canada, Robert Hedges, qui comparaît par vidéoconférence. Nous accueillons aussi MacIntosh Ross, professeur adjoint de la Western University, qui représente Chercheurs contre les abus dans les Sports au Canada.
Bienvenue.
Nous commencerons par...
:
Votre amendement est prudent, monsieur Bittle. Je crois que M. Waugh hoche la tête. Tous les autres en font autant.
Monsieur Waugh, si vous le voulez bien, nous allons mettre votre motion de côté jusqu'à ce que nous obtenions ce libellé. M. Bittle discutera avec le légiste de la formulation à privilégier. Si vous vous entendez, nous pourrons aller de l'avant.
Notre greffier, M. MacPherson, me dit qu'il existe un gabarit qu'il pourra ajouter à la motion. Nul besoin de nous adresser au légiste.
Monsieur MacPherson, si nous avons le gabarit et que nous recevons la version modifiée avant la fin de la réunion, nous pourrons peut-être revenir à la motion aujourd'hui. Qu'en pensez-vous?
:
Voulez-vous tout de suite voter sur la motion et sur l'amendement reprenant le commentaire de M. Bittle?
Des députés: Oui.
La présidente: Très bien. Quelqu'un s'oppose‑t‑il à l'amendement de la motion tel que l'a proposé M. Bittle? Le greffier va trouver le gabarit.
(L’amendement est adopté.)
(La motion modifiée est adoptée.)
La présidente: On dirait bien que la motion est adoptée à l'unanimité. C'est merveilleux. Merci à tous.
Dites donc, pourrions-nous toujours coopérer ainsi? Vous avez fait du joli travail, monsieur Waugh.
Chers témoins, vous disposez de cinq minutes chacun.
Nous commençons par Wendy Glover, qui est enseignante au secondaire et consultante en développement des athlètes.
Vous avez cinq minutes, madame Glover. Merci.
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Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs, je veux vous remercier de m'avoir donné tort. Permettez-moi de m'expliquer. J'enseigne à des adolescents et j'incarne une devise simple: « Arrêtez de vous plaindre et répondez aux préoccupations. »
Il y a environ 12 ans, alors que je baignais dans le réseau des sports pour les jeunes en tant qu'enseignante, parent et entraîneuse, j'ai fait de multiples observations et vécu beaucoup de frustration. Je me sentais impuissante à insuffler du changement positif dans ce milieu, alors j'ai lancé un programme de leadership sportif dans une école secondaire pour aborder mes préoccupations.
Au fil des années, j'ai dit aux plus de 500 élèves athlètes adolescents participant à mon programme: « Vous serez un jour adultes et, si vous devenez des citoyens actifs et sensibilisés, vous serez peut-être en mesure d'améliorer le monde du sport, que j'aurai quitté avant que la tâche ne soit terminée. »
Je dis que je me suis trompée parce que j'avais tort de penser que ma voix ne serait jamais écoutée. J'avais presque complètement perdu espoir que le monde du sport puisse être amélioré, mais vous nous avez tous donné, aux Canadiens et à moi, une lueur d'espoir, et je vous en remercie.
J'ai étudié l'enseignement de l'éducation physique et de la santé de la maternelle à la 12e année. J'ai eu l'occasion d'enseigner dans une école primaire pendant 5 ans et j'ai passé les 20 dernières années au niveau secondaire. J'occupe depuis 12 ans un rôle unique dans l'enseignement puisque je suis spécialiste de la santé, du bien-être et de la gestion sportive. Ce rôle me permet d'enseigner la science et le leadership du sport en plus de fournir aux élèves athlètes de la communauté sportive des conseils sur le développement athlétique et des possibilités d'apprentissage expérientiel.
Dans le cadre de mon travail, j'examine les modèles de développement sportif et j'en enseigne les applications appropriées aux élèves athlètes qui évoluent dans le monde du sport. J'aide aussi à planifier les cheminements sportifs, scolaires et professionnels des élèves athlètes du niveau secondaire au niveau postsecondaire. J'enseigne et j'évalue le développement physique, cognitif, social et affectif des jeunes et des adolescents tel qu'il s'applique dans le sport. J'ai conçu des programmes et des cours qui sont offerts dans le réseau scolaire ontarien.
Pour les athlètes adolescents, je me sers souvent de recherches fondées sur les données probantes afin de concevoir des programmes et de créer des ressources pour répondre à leurs préoccupations, par exemple un guide pour les jeunes qui déménagent et logent chez des familles hôtes. Nous consultons les recherches et les athlètes, puis nous créons des documents et des programmes qui répondent aux besoins que les jeunes athlètes ont eux-mêmes exprimés.
Il y a deux ans, on m'a encouragée à contribuer à la communauté de hockey au sein de la Ligue de hockey de l'Ontario en tant que chercheuse et conseillère en développement personnel pour les Knights de London. Mon expérience en éducation était pertinente. De plus, mes enfants ont grandi dans le réseau et sont maintenant dans la vingtaine. L'un d'entre eux est un joueur professionnel. Mon mari est un ancien joueur de hockey professionnel qui entraîne des équipes de jeunes hockeyeurs depuis de nombreuses années. Je connais le monde du hockey et les joueurs qui jouent dans la Ligue de hockey de l'Ontario.
Je n'ignore pas le rôle que j'ai joué dans le monde du hockey quand mes enfants en faisaient partie. Je ne savais tout simplement pas quoi faire puisque mes efforts étaient souvent mal accueillis. Je crois que ma perspective unique et ma compréhension de celles des différents intervenants du hockey m'aident à saisir les problèmes rongeant le sport et les complexités auxquels on se heurte quand on tente de les régler.
Par exemple, comment s'attendre à ce que les administrateurs de hockey réagissent adéquatement au comportement des adolescents alors qu'ils ont très peu, ou pas du tout, de formation à cet égard? Ils ne sont pas des enseignants. Ils ne sont pas habitués à faire de la discipline auprès des adolescents et à gérer leur comportement.
Le mot « discipline » a le sens d'enseigner. Lorsqu'on est témoin de comportements inappropriés, il faut les dénoncer, offrir des enseignements, imposer des conséquences et donner des occasions de s'améliorer. Nous ne sommes pas en mesure d'inculquer des comportements appropriés chez certains joueurs du système et de les surveiller. Il est aisé de rejeter la responsabilité sur les leaders sans comprendre pourquoi ils dirigent leurs organisations comme ils le font. Ils ont besoin qu'on les aide et qu'on les oriente davantage.
Il faut offrir plus de programmes de formation sur le développement des enfants et des athlètes aux joueurs, aux parents et aux intervenants puisque de nombreux problèmes découlent d'un manque de compréhension. Le simple fait de suivre des cours en ligne ne garantit pas que les parents, les joueurs et les intervenants comprennent les concepts, ont appris les valeurs appropriées et les suivent ou les appliquent adéquatement.
Cette notion importe parce que c'est le manque de compréhension et d'application des valeurs qui entraîne une gouvernance et des comportements imparfaits. Tout système qui s'applique à de grands groupes présente des défauts. On ne peut strictement pas comparer avec justesse l'expérience des joueurs à l'échelon le plus élevé du hockey mineur à Toronto à celle des joueurs de la Nouvelle-Écosse, du Nord de l'Ontario ou des Prairies puisque les environnements sont différents.
On doit accorder une marge de manœuvre aux organismes de sport provinciaux dans leur application du modèle. Cette ambiguïté a permis aux organisations sportives locales d'appliquer les règles sous le couvert de pratiques exemplaires, alors qu'elles ne sont pas dans l'intérêt fondamental des enfants. Des adultes bien intentionnés ne saisissent pas comment le développement des athlètes devrait se produire, ce qui est une notion essentielle. Les dirigeants doivent souvent être formés et évalués, et ils doivent fréquemment obtenir l'appui d'un mentor. Je ne crois pas que les dirigeants qui prennent les décisions peuvent s'acquitter de leurs tâches efficacement s'ils ne sont pas bien encadrés.
Il faut changer la façon dont les adultes dirigent les sports. Il faut créer plus de postes rémunérés, d'équipes interdisciplinaires et de partenariats communautaires. Nous devons créer plus de canaux de communication. Nous devons concevoir et enseigner plus de programmes d'éducation, et...
La présidente: Madame Glover, pourriez-vous conclure?
Mme Wendy Glover: ... il nous faut plus de redditions de comptes.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
J'ai commencé à pratiquer la gymnastique à l'âge de trois ans. Plein d'énergie, j'ai été sélectionné pour l'équipe nationale pour la première fois à 11 ans. Depuis, j'ai pris part à des compétitions par groupe d'âge lors de quatre championnats mondiaux et à des coupes du monde, remporté deux fois les Championnats panaméricains et participé à deux championnats mondiaux.
À l'âge de 15 ou 16 ans, j'ai été agressé sexuellement par une personne que je croyais être un thérapeute de l'équipe nationale, un agent de contrôle antidopage — la personne qui vous regarde uriner au moment d'un test de contrôle —et un juge international. Voici quelques-unes des expériences que j'ai vécues. Excusez-moi pour le langage que je m'apprête à employer. Il m'a dit que je ferais mieux de m'être « rasé les jambes, les aisselles et le trou du cul » la prochaine fois qu'on se verrait. Il a refusé de me donner de la glace à moins de pouvoir me masser l'entrejambe, moment où il m'a dit de « bouger ma bite ou qu'il le ferait pour moi », pour ensuite mettre sa main dans ma combinaison de sport et mes sous-vêtements, saisir mes parties génitales à deux reprises, et me dire en fin de compte d'y mettre de la glace. Il a raconté à mes coéquipiers et à moi-même ne pas avoir pu avoir de sexe pendant une longue période après avoir eu un piercing génital masculin.
En 2013, son contrat avec Gymnastique Canada n'a « pas été renouvelé, » et il est allé travailler dans une clinique dans un club de gymnastique, où il a fait la promotion de fausses qualifications professionnelles.
En 2019, mon entraîneur a tenté de faire un signalement à Gymnastique Canada, mais on lui a dit que l'affaire n'était plus du ressort de l'organisme. J'ai passé un an à tenter de trouver le véritable titre professionnel de cet homme. Au départ, on nous a fait croire qu'il était physiothérapeute; il ne l'était pas. Ensuite, on nous a dit qu'il était thérapeute du sport. Il n'avait pas détenu ce titre depuis 2002.
J'ai fini par déposer une plainte auprès du Centre canadien pour l'éthique dans le sport, qui a demandé à Gymnastique Canada de faire enquête. Je me suis entretenu avec Gretchen Kerr, qui était la responsable du bien-être au sein de l'organisme depuis 30 ans. Dix mois se sont écoulés avant que j'aie des nouvelles. En fin de compte, elle m'a confié que quatre autres personnes s'étaient manifestées pour lui raconter leurs expériences avec cet homme. Le rapport de Mme Kerr ne contenait aucune recommandation de sanction ou de mesure disciplinaire. On nous a plutôt demandé de signaler l'affaire à l'ordre des massothérapeutes. Nous avons été étonnés de découvrir que cet homme, qui était envoyé partout dans le monde à titre d'employé de soutien médical, était un simple massothérapeute. Il n'a jamais été sanctionné par Gymnastique Canada.
En juillet 2021, j'ai publié un billet sur les réseaux sociaux déclarant que j'avais été agressé sexuellement et que le signalement que j'avais fait auprès de Gymnastique Canada m'avait brisé davantage que l'agression elle-même. Deux jours plus tard, on m'a proposé un appel avec Mme Kerr pendant lequel elle m'a demandé pourquoi j'éprouvais tant de colère contre Gymnastique Canada. Elle m'a dit que je n'avais jamais déposé de plainte officielle et que je n'avais donc aucune raison d'être contrarié. De plus, si j'étais prudent quant à mes publications, elle s'assurerait d'en arriver à un résultat qui nous satisferait tous les deux.
Après cet appel avec Mme Kerr, j'ai commencé à planifier mon suicide. Je confierais mon chien à un ami en prétendant devoir sortir de la ville pour la fin de semaine. J'utiliserais le tuyau du climatiseur pour faire entrer le gaz d'échappement de ma voiture dans l'habitacle. Je laisserais ma voiture tard le soir dans un stationnement vide du service de transport d'Edmonton et je programmerais l'envoi d'un courriel à ma famille pour qu'elle puisse retrouver mon corps.
Cet appel avec Mme Kerr a marqué pour moi la fin de tout espoir. L'organisme auquel ma famille et moi avions confié mon bien-être physique et mental pendant deux décennies ne pouvait même pas se résoudre au strict minimum de faire enquête sur mon cas à moins d'y être forcé, et a ensuite tenté de me réduire au silence.
Enfin, 15 ans après mon agression, cet homme a signé un engagement avec l'ordre des massothérapeutes après trois chefs d'accusation d'agression sexuelle et accepté de renoncer à son permis de pratique « dans l'intérêt public. » J'ai aujourd'hui des liens avec 19 personnes qui ont, elles aussi, subi les violences sexuelles de cet homme.
Le récent rapport McLaren affirme que 83 % des répondants ont eu une expérience positive de la gymnastique. Je ne suis pas en désaccord avec cette statistique, parce que, ironiquement, mon expérience de la gymnastique a été exceptionnelle à 99 %.
Deux constatations se dégagent: nous sommes nombreux à accorder une immense importance au sport, et on ne pourra mettre fin à la culture qui tolère, voire facilite les mauvais traitements au sein du monde sportif canadien qu'en déclenchant une enquête nationale. Les nuits où je me suis senti irrémédiablement brisé ont été nombreuses. Je n'ai pas été brisé par le sport. J'ai été agressé dans le monde du sport et brisé par le système. Comme l'a affirmé la , des années de thérapie ne devraient pas être nécessaires pour se remettre d'une carrière sportive. C'est un coût trop élevé.
Aujourd'hui, vous entendrez de nombreux exemples concernant une chercheuse issue du monde sportif qui influence l'orientation des initiatives en matière de sport sécuritaire à tous les niveaux. Alors que Mme Kerr a aujourd'hui l'occasion de soutenir la tenue d'une enquête nationale, elle s'y oppose. Cette chercheuse ne veut voir personne d'autre examiner de plus près la corruption dans le monde sportif et a déclaré qu'elle sait déjà tout ce qu'il y a à savoir pour améliorer le système sportif, mais elle ne déclare aucun de ses conflits d'intérêts. Elle reçoit des millions de dollars pour faire de la recherche sur les mauvais traitements dans le monde sportif. Elle a comme étudiant au doctorat le président d'AthlètesCAN, qui a nommé Mme Kerr chargée de dossiers de cet organisme. Mme Kerr est la responsable du bien-être à Gymnastique Canada depuis plus de 30 ans. Elle a eu l'occasion d'améliorer le monde de la gymnastique pendant 30 ans et, pourtant, voilà où nous en sommes.
La situation n'est pas l'affaire de quelques pommes pourries et de quelques complices. Il s'agit d'une crise systémique relative aux droits de la personne et à la violence dans l'ensemble du système sportif. Bien que nous soyons reconnaissants de pouvoir faire part de notre vécu sur une tribune comme celle‑ci, nous effleurerons à peine le problème. Ma situation n'est que l'une des expériences inappropriées et de maltraitance que j'ai rencontrées dans le monde de la gymnastique au cours de ma carrière.
C'est le summum de l'arrogance que de déclarer déjà tout savoir. Nous demandons une enquête nationale pour contraindre certaines personnes à témoigner et ainsi éclaircir les liens complexes entre le financement, les conflits d'intérêts et la corruption.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je pensais qu'il n'y avait que moi qui avais les hanches trop larges à l'âge de 10 ans, et dont l'entraîneur allait voir des danseuses nues pour pouvoir nous raconter les grands écarts que faisaient les filles sur les tables en verre.
Je pensais qu'il n'y avait que moi que l'entraîneur terrorisait pour me pousser à essayer de nouvelles techniques — dont une m'a causé une fracture à une jambe — et à qui il hurlait des choses comme: « Tu me fais perdre mon temps, tu gaspilles ton énergie et l'argent de ta mère. »
N'y avait‑il que moi qui me faisais embrasser de force par un entraîneur marié, qui ratais des séances d'entraînement pour l'éviter, qui ai subi deux crises épileptiques après un accident d'entraînement qui n'a fait l'objet d'aucune attention médicale, et qui ai obtenu une bourse complète dans une école de premier rang de la National Collegiate Athletic Association, ensuite déclinée afin d'échapper à cet entraîneur prédateur qui, plus tard, a été banni à vie?
J'ai passé toute mon enfance dans le monde de la gymnastique. Malgré tout, j'adorais ce sport. Mais j'ai passé de nombreuses années de ma vie adulte à guérir de cette expérience — et je ne suis pas la seule.
En 2018, j'ai intégré le conseil d'administration de GymCan, ou Gymnastique Canada. Il devenait évident que la gymnastique avait de graves problèmes de droits de la personne et de maltraitance infantile à régler. J'étais prête à aider à le faire. Au début, il y a eu de l'intérêt, mais ensuite, de la résistance, de la manipulation par le déni et des insultes. Un jour, on m'a demandé de démissionner, car j'avais dénoncé trop souvent des actes répréhensibles.
Voici quelques faits saillants.
En 2016, le président du conseil d'administration de GymCan a été arrêté pour possession et distribution de matériel pornographique juvénile. Il avait été en prison pour prostitution infantile en 1992, et personne n'était au courant.
De 2015 à 2018, les dirigeants ont été informés par le personnel et par d'autres de comportements inappropriés de la part de plusieurs entraîneurs. Ces renseignements ont été supprimés, et l'organisation a esquivé son devoir de diligence. Les entraîneurs ont poursuivi leurs activités, et au moins un a récidivé.
En 2018, une enquête interne secrète a mené à la démission de deux dirigeants, dont un est aujourd'hui directeur général d'un autre organisme sportif national.
En 2017, deux des trois entraîneurs de l'équipe nationale féminine ont été arrêtés. Le troisième a été démis de ses fonctions en 2019, le directeur général déclarant que la gravité de la situation était telle qu'il était obligé de l'éjecter de son poste à la suite de plaintes officielles et officieuses. À l'inverse, la communauté de la gymnastique s'est fait dire qu'il était parti pour des motifs personnels.
Je me suis insurgée à plusieurs reprises, sans succès. La responsable du bien-être des 30 dernières années a insisté pour dire que Gymnastique Canada n'avait reçu qu'une seule plainte officielle au sujet de la conduite de cet entraîneur et qu'il était très inhabituel de suspendre ou d'expulser quelqu'un à la suite d'une seule plainte.
Je me demande encore combien de plaintes sont nécessaires pour justifier une enquête sur la sécurité dans le sport. Quel est le prix de la sécurité des enfants?
En juin 2021, je me suis opposée à la nomination d'un entraîneur à l'équipe canadienne, parce que la plainte officielle d'un athlète olympique restait non résolue, même après huit mois. En quelques jours, l'affaire a été abandonnée sans enquête. L'entraîneur est allé aux Jeux olympiques, et j'ai démissionné du conseil.
Voilà comment la gymnastique fonctionne au Canada depuis des décennies. La nomination d'un nouveau directeur général ne réglera rien. Le problème s'étend au‑delà du monde des gymnastes et au‑delà de tout organisme sportif national. Il s'agit d'un échec complet quant au devoir de protection des enfants et des athlètes; c'est un système qui protège les agresseurs et leurs complices. Si on faisait un match de hockey de ce rapport de force, le pointage serait de 0 pour les athlètes et de 1 pour le système sportif.
La toile du monde sportif canadien est complexe. De nombreuses personnes ont laissé tomber les athlètes, mais continuent à influencer le cours des choses, comme le code universel de conduite, la Politique canadienne du sport et le Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport, et participent aux discussions ministérielles. S'étonnera‑t‑on que tant d'athlètes se méfient des dirigeants de notre système sportif? Ce sont eux qui affirment aussi qu'une enquête nationale n'est pas nécessaire.
L'aveuglement volontaire, le déséquilibre des pouvoirs et les conflits d'intérêts non déclarés doivent être dévoilés et résolus. Les adultes doivent cesser de choisir de protéger leur héritage plutôt que de protéger les enfants. La résistance à une enquête nationale doit être examinée minutieusement. Nous recommandons de tenir une enquête nationale pour remettre en question le monde sportif canadien, puis pour le réparer.
Merci beaucoup.
:
Merci de me recevoir aujourd'hui et merci à tous les témoins présents pour leurs efforts déployés sur cet enjeu.
Je suis un athlète actif, quatre fois paralympien, et je fais partie de l'équipe nationale depuis 2007.
Je m'exprime aujourd'hui devant vous au nom d'AthlètesCAN, l'association des athlètes des équipes nationales senior, fondée en 1992 par des athlètes, pour les athlètes. Nous sommes un organisme indépendant dirigé par des athlètes, pour les athlètes. Nous sommes fiers d'être le porte-parole des athlètes des équipes nationales canadiennes.
AthlètesCAN a pour objectif de s'assurer que le système sportif est centré sur les athlètes, en formant parmi eux des leaders qui influencent les politiques sportives et qui servent de modèles inspirant une culture sportive forte. Nous comptons parmi nos membres des athlètes actifs et récemment retraités qui représentent le Canada dans les championnats mondiaux et qui reçoivent actuellement des fonds de Sport Canada.
Je fais partie du conseil d'administration d'AthlètesCAN depuis 2017. J'en ai été le vice-président et en suis à l'heure actuelle le secrétaire.
Aujourd'hui, j'aimerais aborder deux sujets: les projets que nous avons réussi à accomplir et ceux qui restent à réaliser pour bâtir un milieu sûr pour tous les membres de notre système sportif.
En 2019, AthlètesCAN a mené une étude sur la maltraitance dans le sport auprès de plus d'un millier de répondants. Parmi eux, 75 % ont déclaré avoir été exposés à au moins un comportement potentiellement néfaste de maltraitance.
Parmi les thèmes qui ont émergé de cette étude, notons l'excellence de performance à tout prix; la normalisation des mauvais traitements; le manque d'attention portée à l'équité, à la diversité et à l'inclusion; la culture de la peur et du silence; et le manque de confiance envers les organismes pour traiter les cas et mener les enquêtes. À la suite de cette étude et du recensement des thèmes, AthlètesCAN a tenu un sommet national sur le sport sûr en 2019, où sept énoncés fondés sur l'étude et sur les discussions ayant eu lieu ont fait consensus et ont été finalisés.
Deux des étapes primordiales décidées pendant le sommet consistaient à élaborer un code universel de conduite et à établir un organisme tiers indépendant de niveau national pour mener les enquêtes. Non seulement ces étapes ont-elles été réalisées, mais le travail s'est poursuivi quant aux cinq autres énoncés consensuels. AthlètesCAN se sert des conclusions de l'étude et des énoncés comme lignes directrices dans la prise de décisions et dans le travail relatif au sport sécuritaire.
Le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport a été publié en décembre 2019 et a été révisé à de nombreuses reprises depuis. Il s'agit d'une réussite incroyablement importante pour le monde sportif. Grâce à la création d'une norme relative au comportement dans le monde du sport au Canada, nous avons un cadre qui peut servir de fondement à toutes nos initiatives à venir.
Le Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport du Canada a aussi été établi récemment. La mise sur pied du Bureau, combiné au fait que tous les organismes sportifs nationaux sont tenus d'y adhérer, témoigne du travail qui a été accompli à l'échelle nationale depuis notre étude de 2019. Il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais des progrès ont déjà été faits.
AthlètesCAN est d'avis que le plus important pour l'avenir est de sensibiliser toutes les parties prenantes aux types de mauvais traitements dans le monde du sport. Cette sensibilisation doit être faite auprès des athlètes, des entraîneurs, des directeurs de la haute performance, du personnel des organismes sportifs nationaux, des directeurs généraux, du personnel des organismes de soutien médical, du personnel technique, du personnel de soutien, du personnel médical, des membres des conseils d'administration et bien d'autres. Tous doivent être mobilisés.
Nous ne pouvons pas aller de l'avant et prévenir les mauvais traitements à moins que tous les intervenants du monde sportif sachent de quoi il s'agit et qu'ils connaissent les responsabilités de chacun pour prévenir ce type de comportements. Pour y arriver, il nous faut adopter une méthode de sensibilisation complète à plusieurs niveaux fondée sur la recherche et sur les principes du Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport.
Nous ne pouvons nous fier uniquement à des formations en ligne et à des ressources qu'on peut avoir fini de parcourir en quelques clics. Nous avons besoin d'un organisme qui prendra la responsabilité d'élaborer ces formations, de les mettre sur pied, de les diffuser et de les maintenir dans l'ensemble du monde sportif, sans coût supplémentaire pour ceux qui les suivent.
Enfin, et c'est peut-être l'élément le plus important, il faut que tous se conforment à ces initiatives et que des vérifications soient menées pour s'assurer que les organisations sportives nationales rendent des comptes. Cela doit aussi être le cas pour tous les programmes, politiques, et ententes déjà en place dans le système du sport. Nous ne pouvons plus nous fier à l'intégrité des organisations pour nous assurer que toutes ces mesures sont respectées par toutes les parties prenantes.
En conclusion, j'aimerais ajouter que la mise en œuvre des mesures mentionnées doit être pancanadienne. Bien qu'il s'agisse d'un enjeu qui dépasse le mandat d'AthlètesCAN, nous reconnaissons la nécessité d'avoir un commissariat à l'intégrité dans le sport dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada. Cette idée s'applique aussi aux formations que j'ai abordées aujourd'hui.
Je vous remercie pour le temps et l'attention que vous accordez à cet important sujet.
Je m'appelle MacIntosh Ross. Je suis le coordonnateur de Chercheurs contre les abus dans les sports au Canada. Nous sommes plus d'une centaine de professeurs et des dizaines d'étudiants de premier et deuxième cycles.
Le but ultime de notre groupe est de faire entendre et d'amplifier les voix des survivants. Lorsque j'ai créé cette organisation avec quelques collègues animés du même esprit, nous estimions que ces voix suffisaient déjà à susciter une enquête nationale, mais la raison pour laquelle je m'implique en particulier n'a pas vraiment été mentionnée publiquement. C'est très simple.
En écoutant les courageux survivants qui se sont manifestés pour demander une enquête, je me suis revu petit garçon, alors que je n'avais que 10 ans. Tout comme Gordon Stuckless, le tristement célèbre agresseur des Maple Leaf Gardens, un homme en qui j'avais confiance a essayé de me pousser à me livrer à des actes sexuels dans le cadre d'un sport. Dans mon cas, il a exploité ma passion pour le gardien de but Patrick Roy. Il m'a offert une carte de hockey que je ne pouvais d'aucune façon m'offrir, à condition que je lui masse simplement les parties génitales. J'ai eu de la chance. J'ai dit « non » et j'ai pu filer, mais le mal était fait, et le mal est toujours là. Chaque fois qu'un survivant est ignoré lorsqu'il demande une enquête nationale, cette partie de moi, ce petit garçon, craint qu'il n'y ait pas de changement significatif et durable dans ce système.
Il m'a fallu des années pour en parler à mes parents. Pour les survivants du sport, se confier peut être une expérience atroce, mais ils le font parce qu'ils veulent que cela cesse. Ils veulent que la prochaine génération d'athlètes n'ait plus à faire face à cette situation. Ils veulent qu'il y ait un espace sûr pour le sport au Canada.
À Chercheurs contre les abus dans les sports au Canada, nous sommes plus d'une centaine à affirmer, de concert avec les survivants, qu'une enquête nationale est nécessaire et qu'il s'agit d'une question de droits de la personne qui touche tout le monde, de la base à l'élite. Les agressions sont très diverses: racisme, discrimination fondée sur la capacité physique, discrimination fondée sur l'âge, discrimination fondée sur le sexe. Elles sont manifestes et systémiques. Des athlètes, des entraîneurs, des officiels et même des spectateurs en sont victimes. Les agressions peuvent être physiques et psychologiques. La situation est absolument incontrôlable.
Les administrateurs sportifs n'ont pas ce qu'il faut pour favoriser le type de changement significatif et durable dont le système a besoin. Les mécanismes existants ne peuvent pas suffire à résoudre la crise actuelle des agressions dans les sports au Canada. Ce n'est pas Sport Canada qui va résoudre cette crise ni une extension de Sport Canada, car il ne s'agit pas d'un problème purement lié au sport. Il s'agit d'une question de droits de la personne dans le cadre de la pratique sportive. Si je me blesse au genou en donnant une conférence, je ne vais pas aller voir un autre historien pour obtenir un diagnostic parce que cela s'est produit dans une salle de classe; je vais aller voir un médecin.
En ce moment, le sport ne peut pas compter sur le sport. Il doit faire appel à des experts en droits de la personne, à des professionnels de la santé et à des juristes indépendants. Nous le savons. Je pense que nous le savons tous. La Coalition canadienne pour les droits des enfants le sait. Elle réclame elle aussi une enquête nationale, à juste titre.
Il y a beaucoup de choses que j'aimerais dire, mais je vais m'en tenir à l'essentiel. Je tiens à souligner que le et moi-même sommes tous deux des boxeurs. Beaucoup de gens pensent que la boxe est un sport solitaire, mais ce n'est pas le cas. Vous avez dans votre coin des gens qui veillent à vos intérêts.
Les politiciens, comme les boxeurs, peuvent parfois se laisser emporter par le feu de la compétition, mais il faut parfois que notre entraîneur jette l'éponge et nous sauve de nous-mêmes. J'espère que M. Trudeau se rangera dans le coin du peuple canadien. Il faut jeter l'éponge et sauver de lui-même le système sportif. Ce n'est pas un acte de capitulation. Ce n'est pas un acte de jugement à l'encontre des personnes impliquées. C'est un acte d'amour — pour les athlètes, les entraîneurs et les officiels qui ont besoin de vous plus que jamais. Jetez l'éponge.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous nos témoins d'aujourd'hui.
J'aimerais tout particulièrement vous remercier, monsieur Sheehan, au nom de l'ensemble du Comité. Nous sommes ravis que vous soyez ici. En racontant votre histoire, vous allez déclencher des actions concrètes et donner de l'espoir à de nombreuses personnes. Je vous remercie de votre témoignage aujourd'hui.
Je commencerai par dire qu'il est évident, d'après tous les témoignages que nous avons entendus, que lorsqu'une personne accuse quelqu'un d'agression sexuelle ou de toute autre forme d'agression dans un contexte sportif, l'affaire ne va nulle part. Dans le milieu sportif, on cherche à tout prix à protéger les coupables. Aucune mesure n'est prise. Si l'on saisit des instances telles que le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, il ne se passe rien. Le dossier se rend alors jusqu'à Sport Canada, et là encore, rien ne se passe. L'affaire aboutit au cabinet de la ministre et, là encore, rien ne se passe.
Il me paraît évident qu'il faut prendre des mesures immédiates, même avant une enquête nationale susceptible de prendre beaucoup de temps et de coûter très cher. J'ai été animatrice auprès de jeunes pendant des années; je participais à l'école du dimanche. Chaque fois qu'il y avait des allégations d'agression, elles étaient transmises à la police pour qu'un rapport soit établi. Il y avait un registre. Les gens devaient se soumettre à une vérification de la police pour montrer qu'aucune plainte n'avait été déposée contre eux afin qu'ils puissent continuer à exercer leur fonction.
Quand j'entends parler d'entraîneurs qui ont commis des agressions et qui ont ensuite déménagé à l'autre bout du pays pour trouver un autre emploi, et de PDG qui n'ont rien fait quand ils ont été témoins d'agressions et qui ont trouvé un autre emploi, il me semble évident que le problème doit être réglé en dehors de la sphère sportive.
Je vais commencer par vous, monsieur Sheehan. Êtes-vous d'accord avec cela? Quel est votre point de vue?
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous nos témoins d'aujourd'hui. Merci pour votre courage et pour vos histoires que vous relatez.
Je prends normalement beaucoup de notes, mais je n'ai pas été capable de le faire à cause des émotions qu'elles ont fait monter en moi.
Madame Glover, je pense que je vais commencer par vous.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont nous pouvons mieux éduquer les gens qui encadrent les athlètes? Vous semblez être dans la situation idéale, concernant les mesures contre le harcèlement et la discrimination... Quelles améliorations pouvons-nous apporter pour avoir des stratégies efficaces?
Nous entendons parler de suivre des cours en ligne et de cocher une case, peut-être de cours en personne, avec certification, mais ce n'est pas assez.
Comment pouvons-nous faire bouger les choses?
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Merci, madame la présidente.
Merci à chacun des témoins de leurs témoignages, qui sont tous plus poignants les uns que les autres. Cela nous aide à faire la lumière sur la pratique sécuritaire du sport.
Je remarque que les gens dans la salle ont aussi plaidé en faveur d'une enquête publique indépendante, parce que, dans bien des cas, le système actuel ne sert qu'à se protéger lui-même. Pour cette raison, il n'a pas permis de rendre justice.
J'aimerais commencer par poser des questions à M. Hedges, d'AthlètesCAN.
Monsieur Hedges, j'imagine que vous avez suivi les témoignages de jeudi dernier dans le cadre de cette étude et de celle du Comité permanent de la condition féminine.
En tant que membre du conseil d'administration d'AthlètesCAN, quelle est votre réaction aux témoignages d'aujourd'hui?
Quelle mesure votre conseil d'administration entend-il prendre par rapport à ce qui est présenté aujourd'hui, particulièrement en ce qui a trait aux sévices subis par les athlètes?
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Abordez-vous ces questions au sein du conseil d'administration?
Selon ce que je perçois, beaucoup des ressources gouvernementales ou financières, ou encore des ressources en matière de services-conseils passent par AthlètesCAN. On vous donne beaucoup de crédibilité, mais, lorsque vient le temps d'agir, votre organisation reste plutôt passive. On sent qu'il y a beaucoup de proximité entre votre conseil d'administration et Mme Kerr, de l'Université de Toronto, et ITP Sport. On sent que les choses tournent souvent en rond et servent à légitimer le statu quo.
J'ai de la difficulté à vous voir comme faisant partie de la solution.
Quand vous entendez des témoignages comme ceux présentés aujourd'hui, réfléchissez-vous à la façon dont vous pourriez agir, tout simplement?
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Vous avez commandé un rapport sur la violence et la maltraitance, et un sondage a été réalisé auprès de 1 000 athlètes. Cette étude a été réalisée par Mme Erin Wilson et par Mme Kerr.
Quelles ont été les conclusions de cette étude?
Évidemment, le problème central, c'est le besoin, pour les athlètes, d'avoir un lieu sécuritaire pour parler de leur expérience, pour faire avancer les choses en société. Cela est très important pour faire en sorte que la pratique du sport soit saine et sécuritaire. Il faut revoir la façon dont on fait partie d'un sport.
Êtes-vous en faveur de la tenue d'une commission d'enquête indépendante?
Aujourd'hui, plusieurs témoins ont réclamé la tenue d'une telle commission, et nous en entendons parler depuis plusieurs mois. En effet, de plus en plus de fédérations d'athlètes prennent position en ce sens.
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Merci à nos témoins, et en particulier à M. Sheehan et à Mme Shore. Il n'y a pas de mots pour exprimer à quel point nous sommes désolés de ce que vous, et tant d'autres athlètes, avez vécu.
Nous avons un système qui a permis aux prédateurs et aux agresseurs d'agir en toute impunité, et il n'y a eu jusqu'à présent aucune réaction de la part du gouvernement fédéral, ou des organismes fédéraux, pour remédier à cette situation. Nous devons veiller à ce que nos athlètes puissent pratiquer leur sport dans un environnement sécuritaire. Nous y tenons tous.
Le Comité a travaillé de manière non partisane pour trouver des solutions. Je suis profondément attristé par ce que vous nous avez dit aujourd'hui. À mes yeux, cela ne fait que confirmer à quel point il est important d'agir dans ce dossier.
Nous avons vu un certain nombre d'organisations qui ont tout simplement échoué à la tâche. Gymnastique Canada semble être l'une d'entre elles. Ian Moss, le PDG, a démissionné. Il y a eu les cas scandaleux et déplorables d'Alex Bard et de Scott McFarlane, et de tant d'autres.
Croyez-vous que Gymnastique Canada met en place toutes les mesures nécessaires pour protéger les athlètes et leur assurer un environnement sécuritaire? Si non, qu'est‑ce que Gymnastique Canada pourrait faire pour vous rassurer?
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Personnellement, je n'ai pas confiance en Gymnastique Canada.
M. Moss aurait démissionné, mais aucune date ne nous a été communiquée concernant sa démission. Il était également directeur de la haute performance au sein de Gymnastique Canada, ce qui signifie qu'il choisissait les membres des équipes nationales et qu'il s'occupait de nombreuses questions connexes. Je ne sais pas ce qu'il en est exactement. Il y a eu une personne responsable du sport sécuritaire à Gymnastique Canada pendant quelques années, mais elle est partie. Je crois que c'était en septembre 2001. Après cela, pendant quelques années, toutes les plaintes relatives à la pratique sécuritaire du sport devaient être adressées directement à M. Moss.
Je n'ai pas confiance. S'il part, il emporte avec lui une tonne de connaissances et de renseignements que nous ne connaîtrons jamais. Le conseil d'administration actuel est en place depuis longtemps. Certains membres sont nouveaux. Lorsque M. Moss a démissionné, ils ont approuvé une déclaration disant : « Merci beaucoup pour vos services. Vous avez fait beaucoup pour le sport sécuritaire. »
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Je suis d'accord avec M. Sheehan.
Je tiens ici dans ma main la déclaration d'une jeune survivante qui a été violée par son entraîneur dans les toilettes du gymnase lorsqu'elle avait 7 ans. Lorsqu'elle était adolescente, l'homme en question est retourné au gymnase après avoir purgé une peine d'emprisonnement pour des crimes sexuels commis sur d'autres enfants, mais pas sur elle. En 2015, elle a déposé une plainte auprès de la police. Aucun des entraîneurs ou dirigeants dans sa province ne s'est manifesté. Personne n'a voulu dire la vérité. Ils ont tous fermé les yeux là‑dessus et se protègent les uns les autres. Bon nombre des entraîneurs qui savaient qu'il était dans le gymnase avec elle entraînent aujourd'hui des équipes nationales. Ils sont toujours en fonction et sont de connivence pour protéger un homme qui a déjà été en prison, un prédateur connu. Comme cela n'a rien donné avec la police, elle a intenté une poursuite au civil et a passé huit ans... Ce mois‑ci, elle était censée avoir une audience. Six semaines avant l'audience, tous les défendeurs ont accepté un règlement. Ils ont finalement reconnu qu'il y avait eu des actes répréhensibles.
Cependant, c'est une trahison de la part du système. Elle nous a dit — et cela ressemble à ce que M. Sheehan nous a dit plus tôt — que cette trahison de la part du système et des personnes en qui elle avait confiance l'a brisée davantage que l'agression dont elle a été victime à l'âge de 7 ans.
Je pense que les personnes qui élaborent toutes nos politiques, du sommet jusqu'au bas de l'échelle, doivent reconnaître le grave préjudice qu'elles causent. La négligence et les conflits d'intérêts... Je ne veux pas dénigrer qui que ce soit, car certaines personnes sont bien intentionnées. Elles ont peut-être perdu leurs objectifs en cours de route. J'ose espérer que ce ne sont pas des personnes malveillantes.
Les mêmes personnes que vous avez fait comparaître la semaine dernière profitent de la maltraitance dans le sport. Elles font peut-être du bon travail. Je ne sais pas qui fait du bon travail et qui n'en fait pas, mais certains profitent du fait que la situation ne change pas et que les mauvais traitements se poursuivent. S'il n'y a pas de mauvais traitements, à quoi bon faire une étude? Si tout ce dont nous avons besoin, c'est de l'éducation — si c'est la seule recommandation qui ressort des comités devant lesquels j'ai témoigné —, tous ceux qui s'occupent de l'éducation vont gagner beaucoup d'argent. Cependant, ils en sont réduits à deviner ce qu’il convient de faire. Même si ces personnes sont bien intentionnées, elles doivent s'appuyer sur des données probantes. Nous n'allons pas communiquer nos données à aucun des chercheurs qui ont comparu devant ces comités.
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Ces histoires témoignent d'un échec systémique.
Nous ne voulons pas demander à des survivants de raconter les choses horribles et embarrassantes que Ryan et moi avons dû dire aujourd'hui. Nous ne voulons pas que d'autres personnes aient à le faire. Nous voulons que les récits nous aident à comprendre ce qui fait défaut dans le système, y compris les modèles de financement et les relations entre les différentes organisations. Les organisations sont peut-être bonnes, mais il y a des personnes au sein de ces organisations qui...
J'ai travaillé avec un PDG qui a fermé les yeux sur des cas de maltraitance au fil des ans. Tous ces cas remontent à plus de 20 ans. Si vous cachez quelque chose et qu'on commence à parler de sport sécuritaire, vous ne direz rien. Vous allez essayer de dissimuler ce qui s'est passé ainsi que votre manque de jugement, au lieu de dire: « Vous savez quoi? J'ai commis une erreur il y a cinq ans. J'ai laissé un homme s'en tirer à bon compte et je n'aurais pas dû », ou « J'aurais dû imposer une sanction, mais je ne l'ai pas fait ».
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui. Je vous suis très reconnaissant, car j'ai été moi-même entraîneur bénévole dans la collectivité et j'ai organisé des séances d'entraînement dans les écoles.
Madame Glover, il y a un élément qui est absent: les parents. Je connais très bien une mère qui s'est adressée à l'organisation. L'organisation l'a dirigée vers une tierce partie.
Elle s'est adressée à la police, qui est allée de l'avant avec la plainte. L'organisation tierce s'occupe maintenant de l'affaire, mais l'organisation d'origine s'en est lavé les mains. Elle et son enfant sont donc victimes pour une deuxième fois.
Qu'en est‑il des parents? Comment faire pour qu'ils ne soient pas à nouveau des victimes? Les parents se sentent déjà énormément coupables de ne pas avoir réussi à protéger leur enfant.
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J'ai une fille gymnaste. Comme j'aimais la gymnastique, j'ai permis à ma fille de l'essayer. Elle s'est découvert une passion, mais elle a été maltraitée physiquement, émotionnellement et psychologiquement. Elle souffre aujourd'hui d'une douleur chronique au poignet à cause d'une blessure.
J'ai déposé une plainte auprès de Gymnastique Canada alors que j'étais membre du conseil d'administration et j'ai dit: « S'il vous plaît, ne m'accordez pas de traitement de faveur », et quatre ou cinq autres familles du même club ont déposé une plainte en même temps que moi.
Je n'ai pas eu de nouvelles pendant huit ou neuf mois, puis j'ai reçu un appel d'ITP Sport me disant que je devais reformuler ma plainte sur la feuille officielle et indiquer les aspects de la politique qui avaient été enfreints, selon moi, par les entraîneurs. J'ai tout de suite fondu en larmes, alors que je suis censée être cette femme sensibilisée... Vous savez, j'ai participé à l'élaboration de certaines politiques à Gymnastique Canada...
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Le problème tient en partie au fait que les sanctions sont uniquement fondées sur une plainte, et ce, même s'il y a des témoins. On impose alors une suspension de deux ans à un individu qui a causé à un enfant des torts dont ce dernier peut subir les séquelles pendant de nombreuses années. L'entraîneur en prend pour deux ans parce qu'on a tenu compte d'une seule plainte, et ce, même s'il y a eu cinq témoins. En réalité, il aurait fallu considérer qu'il s'agissait de cinq plaintes et peut-être que l'individu aurait dû se voir imposer une suspension de 10 ans.
On peut se demander qui décide des sanctions imposées à ces individus.
Je peux vous le dire. J'aurai 52 ans dans deux jours, et les torts que j'ai subis à l'époque... Je croyais m'en être remise, parce que j'avais quitté le milieu du sport, mais lorsque je suis retournée dans le milieu, que j'ai constaté que le problème est systémique et que c'était maintenant ma fille qui en était victime... J'ai cru que je pourrais régler le problème pour elle, c'est pour cela que j'étais au club tous les jours et que je m'efforçais de sensibiliser les entraîneurs. J'ai présenté des conférences à l'échelle provinciale et fait toutes sortes de choses. J'ai siégé à des conseils d'administration au sein de Gymnastique Canada, sans pour autant réussir à changer les choses.
La meilleure solution a été de sortir toute ma famille de là.
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Merci, madame la présidente.
Comme l'ont déjà fait mes collègues, je vous remercie tous du témoignage très important, émouvant et difficile que vous livrez aujourd'hui.
Monsieur Sheehan, comme mes collègues, je tiens à dire que je suis très heureuse que vous ayez réussi à surmonter les périodes terribles, difficiles et sombres que vous avez vécues, et que vous soyez ici pour raconter votre expérience et nous aider à apporter des changements.
Je veux signaler au Comité que, pas plus tard que la semaine dernière, la a déclaré que la question n'est pas de savoir s'il y aura une enquête, mais bien de déterminer la forme que prendra celle‑ci et comment elle sera structurée. À mon avis, il est vraiment important de circonscrire certains des problèmes observés relativement à la culture, car ces problèmes ne concernent pas seulement la gymnastique, ou le soccer, ou le hockey.
L'un des sujets qui ont été abordés par le Comité est le fait que les organisations sportives mettent l'accent sur la victoire et sur le soutien aux athlètes qui démontrent un talent extraordinaire dès leur jeune âge, et qu'elles poussent les athlètes à dépasser les limites de la saine pratique du sport. C'est ainsi que les organisations procèdent, au lieu de mettre l'accent sur le sport comme une activité que tous devraient pratiquer parce que c'est amusant et sain, et que cela favorise la socialisation, sans compter les nombreux autres bienfaits intellectuels et physiques qui y sont associés.
Je vais commencer par vous, madame Glover. Que pensez-vous de l'idée que le milieu sportif ne porte pas son attention sur les bons aspects du sport?
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Je vous remercie de ce que vous venez de dire. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est exactement ce qui se passe depuis 10 ou 15 ans... Le milieu tente de transformer les activités sportives chez les jeunes en vivier pour l'élite. Il faudrait plutôt adopter un modèle de développement à long terme des athlètes, ce qui permettrait à tout le monde de pratiquer un sport. Ce modèle comporte des aspects sociaux, émotionnels et physiques, ainsi que l'apprentissage du travail en équipe et de l'amour du sport. Il existe des filières pour ceux qui finissent par former l'élite d'un sport et qui vont au‑delà de la catégorie d'âge U18 ou U21, soit 5 % des athlètes, et pour ceux qui gagneront peut-être de l'argent en pratiquant leur sport, c'est-à-dire moins de 1 % des athlètes.
Cette professionnalisation du sport semble se produire de plus en plus tôt et on semble avoir oublié, exactement comme vous l'avez mentionné, pourquoi on fait du sport. C'est une occasion de célébrer les amitiés et de saluer les bons entraîneurs qui veulent que les enfants reviennent d'année en année.
On s'est concentré sur le bilan des victoires et des défaites et sur l'humiliation des équipes qui ne se hissent pas au sommet de leur division, et ce, au détriment des enfants. L'utilisation accrue des médias sociaux pour communiquer les résultats des équipes et mettre en vedette les joueurs ou les athlètes de moins de 18 ans...
Je ne sais pas non plus comment on a autorisé la publication constante de contenu sur les enfants en ligne. D'autres parents et associations... J'ignore s'ils ont l'autorisation de faire cela, car si on souligne le succès d'un enfant dans un sport un jour donné, on souligne par le fait même l'échec d'un autre enfant. Quel effet cela a‑t‑il sur les enfants?
Il y a un miroir, ou plutôt un bocal, et les enfants sont constamment jugés. Ils tentent de monter ou de descendre au classement. Ils sont évalués. Ils ressentent un sentiment aigu de compétitivité, même dans les divisions inférieures.
Je suis particulièrement contre ce que j'appelle l'Halloween. Pourquoi déguise‑t‑on les enfants en athlètes professionnels quand ils ont 12 ou 13 ans? On ne fait pas cela dans les autres sports. Les nageurs ne se réunissent pas en maillot de bain pour prendre des photos. Lors des tournois de volleyball, les gens n'affichent pas toutes sortes de publications où les jeunes font figure d'athlètes professionnels. Cela se produit quand les enfants sont de plus en plus jeunes. Cela vient bouleverser le développement psychologique chez les enfants et crée de la confusion entre l'identité et le rôle chez les adolescents.
Au lieu de former des athlètes pour qui la pratique d'un sport est une activité, on accole aux jeunes une étiquette de joueur de soccer ou de joueur de basketball. Ce sont deux choses distinctes.
Je suis désolée. Je vais m'arrêter ici.
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C'était une excellente réponse. Je vous remercie.
Je crois que cette situation ne fait pas que toucher les athlètes qui persistent dans la pratique d'un sport, mais qu'elle ostracise beaucoup d'enfants. En effet, beaucoup d'enfants pensent qu'ils ne sont pas faits pour les sports. Ils n'aiment aucun sport, ne ressentent aucun sentiment d'appartenance et ne savent pas jouer.
Il me reste seulement une minute, mais j'aimerais m'adresser à M. Hedges.
Vous avez dit que le pouvoir du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, le BCIS, devrait s'étendre aux provinces et aux territoires. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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Comme l'a dit M. Sheehan dans sa déclaration, c'est le comble de l'arrogance d'affirmer que l'on est au courant de tout ce qui se passe. Il est vrai qu'elle a fait de très nombreuses recherches sur la maltraitance des athlètes. Elle a défini et cerné le concept, mais cela ne nous aide pas nécessairement à régler les problèmes du système. Nous nous entendons tous pour dire qu'il y a de la maltraitance au sein du système.
À titre de membre du conseil d'administration, ce qui m'a le plus troublée, c'est que, d'après ce que j'ai compris, le poste d'agent responsable des questions liées au harcèlement au sein de Gymnastique Canada était un poste bénévole, ce qui était peut-être aussi le cas pour d'autres organisations sportives. Aucune surveillance n'était exercée. La personne qui occupait ce poste n'avait de comptes à rendre à personne. C'est comme si le poste avait été conçu pour une personne que l'on avait jugée digne de confiance il y a des dizaines d'années. Or, le poste a évolué et la situation s'est aggravée dans le milieu sportif.
J'ignore si Mme Kerr, ou quiconque occupant le même poste, pourrait se sentir contrainte de taire certaines choses par un directeur général. Dans mon témoignage, j'ai exposé les grandes lignes d'au moins trois occasions où j'ai pensé que quelqu'un allait avoir le courage moral de prendre la défense des athlètes, alors que, concrètement, elle — ou ils, je ne sais pas exactement — n'a même pas décidé de mener d'enquête sur la sécurité dans le sport. Ils ont décidé de traiter l'affaire comme une plainte relative aux ressources humaines.
Le problème, c'est que l'entraîneur concerné a alors commencé à dire autour de lui qu'il avait été congédié pour des motifs liés à la sécurité dans le sport. Or, le directeur général de Gymnastique Canada avait déjà publié une déclaration annonçant que l'entraîneur était parti pour des raisons personnelles. Ce dernier a donc pu obtenir un poste dans un autre club parce qu'aucune enquête sur la sécurité dans le sport, qui aurait sans doute jugé son comportement inapproprié, n'a été effectuée.
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Monsieur Ross, je vais poursuivre sur ce point si vous permettez.
J'étais en Saskatchewan à l'époque de l'affaire Graham James. Les deux joueurs cités, Sheldon Kennedy et Theoren Fleury, n'ont jamais eu... Ils vivent encore un calvaire aujourd'hui, 20 ans plus tard.
Ce n'est pas de Graham James qu'on parle, mais de Theoren Fleury et Sheldon Kennedy. Chaque fois qu'on voit ces deux joueurs, on les associe à cette affaire, mais M. James ne retient aucune attention. Il s'en est tiré. Il a quitté le Canada et est toujours entraîneur. On ne parle que de Theoren Fleury et de Sheldon Kennedy. Je suis navré pour eux, parce que cela les suivra jusque dans leur tombe.
Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet, monsieur Ross?
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Je suis d'accord avec ce qu'a dit Teresa Fowler, de l'Université de l'Alberta, la semaine dernière.
Ce qui me pose problème avec le Bureau du commissaire à l'intégrité dans les sports, c'est qu'il adopte une approche descendante alors qu'il faudrait faire le contraire. Il faudrait partir de la base, mais ce n'est pas ce qui se passe au Canada.
Je vais d'abord parler de la gymnastique, si vous le permettez. Madame Shore ou monsieur Sheehan, j'aimerais avoir votre opinion sur ce qui suit, car tout le monde cherche des bénévoles. On dit: « Oh, on a trouvé quelqu'un. Appelons‑le, demandons une vérification rapide de ses antécédents par la police et invitons‑le à se joindre à nous. » C'est exact, n'est‑ce pas? Tous les sports subissent ce genre de situation.
Pourriez-vous nous dire ce que vous en pensez? J'apprécie les observations formulées par tout le monde aujourd'hui, mais il faut partir de la base. C'est la seule façon de procéder pour que nous réussissions à régler le problème au pays.
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J'aimerais dire quelque chose rapidement au sujet de l'enquête nationale. Ce que j'espère, c'est que cette enquête débouche sur des recommandations de modifications législatives, car aucune recherche n'a été faite à ce sujet.
Monsieur Waugh, vous avez parlé de la vérification des antécédents. Cette vérification fait cruellement défaut. En effet, le système de la GRC et celui des services de police municipaux ne sont pas reliés. C'est ainsi que les prédateurs peuvent facilement se faufiler entre les mailles du filet.
De plus, ces vérifications ne sont pas gratuites. J'ai siégé au sein d'un conseil d'administration provincial où les entraîneurs et les juges étaient vraiment réticents à refaire les vérifications périodiquement parce qu'ils devaient les payer de leur poche, alors que leur salaire n'est déjà pas très élevé.
Je crois qu'il pourrait être utile de recommander des modifications en matière de protection de l'enfance au sein du système judiciaire.
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C'est un joueur d'exception, une de ces étoiles montantes que nous verrons jouer dans la Ligue nationale de hockey, et ce, très prochainement, semble‑t‑il. Malheureusement, son exemple montre que la célébrité attire parfois des admirateurs déchaînés.
Cette situation se répercute également sur les athlètes plus jeunes, qui voient cela. C'est ce à quoi ils aspirent.
Comment peut‑on protéger la vie privée de cet athlète? Là encore, je n'ai pas la moindre idée de la façon dont on peut empêcher les gens d'agir de manière inappropriée et de faire ce genre de choses. Ils veulent voir leur idole. Ils n'iront pas par quatre chemins.
Malheureusement, nous vivons dans un monde connecté par les médias sociaux. La mère devra donc continuer à réduire l'accès à ses plateformes de médias sociaux, car les gens pensent qu'ils ont le droit d'entrer en contact avec des athlètes.
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Je vous remercie beaucoup de poser la question. Je me ferai un plaisir d'y répondre.
Je ne suis pas une experte en matière d'enquêtes nationales, mais je sais qu'elles ont lieu.
Je crois parler au nom de la plupart des groupes de défense des intérêts des athlètes. Si nous pouvions mener une enquête en dehors de la sphère sportive, de concert avec des experts en droits de la personne et en protection de l'enfance, et en faisant entendre la voix des survivants qui n'ont pas encore été consultés, ce serait un premier pas dans la bonne direction pour produire quelque chose de concret.
Si nous devons procéder en plusieurs parties, nous le ferons par tous les moyens possibles dans l'immédiat. Si nous devons le faire étape par étape, ministère par ministère, ou à l'échelle fédérale, provinciale et locale, entre autres, alors élaborons le plan, puis établissons le prix et voyons comment nous pouvons concrétiser le tout.
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Au Canada, et dans le monde du sport, c'est un peu unique en ce sens que nous avons bénéficié d'une tonne de collaboration positive entre le gouvernement fédéral et les provinces. L'inconvénient, c'est que la plupart de ces collaborations ont eu lieu dans le but de permettre aux athlètes d'élite de remporter des médailles.
On pourrait dire que notre obsession de la victoire à tout prix nous a conduits à lancer le programme À nous le podium, qui verse de l'argent à une poignée d'athlètes et qui préconise la mentalité de « gagner à tout prix ». L'avantage, toutefois, c'est que nous pouvons compter sur les relations qui existent déjà entre le gouvernement fédéral et les provinces en ce qui concerne le sport.
Si nous parvenons à faire cela au chapitre de la compétition internationale et du développement à long terme des athlètes, et d'autres choses de ce genre, nous pouvons certainement consacrer le même type d'efforts en matière de collaboration, dans un esprit de fédéralisme coopératif, à la protection des athlètes à tous les échelons dans notre pays.
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Absolument. C'est l'une des raisons pour lesquelles je peux, dans le cadre de mon travail, enseigner les systèmes sportifs aux athlètes assis devant moi.
Les gouvernements provinciaux peuvent fournir ce genre d'information dans le cadre de cours déjà dispensés au secondaire. Nous pouvons les offrir aux plus jeunes si nous le souhaitons. Nous avons la possibilité de réviser le programme d'études et de l'adapter. Là encore, comme M. Ross l'a mentionné, il faudrait passer par les gouvernements provinciaux, car ce sont les provinces qui s'occupent de l'éducation.
Il y a tellement d'écoles de sport gérées par le système scolaire de la Colombie-Britannique, chose qui n'existe pas en Ontario. Au Québec, il y a les cégeps. Les élèves bénéficient de plus de temps à l'école et d'une année d'études supplémentaire.
Il y a différentes façons de procéder dans chaque province, effectivement. Mes élèves en sont la preuve, et nous avons enseigné à près de 600 jeunes grâce à ces modèles sportifs. Ils connaissent bien l'initiative Le sport c'est pour la vie et le programme Respect et Sport. Ils obtiennent 10 à 15 certificats. Nous les encadrons. Ils travaillent auprès des collectivités à titre d'entraîneurs. Ils jouent un rôle de premier plan dans le sport, puis ils reviennent pour une évaluation et un encadrement constants. Bref, cela peut se faire par l'intermédiaire des écoles.
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins d'être ici et de nous faire part de leurs expériences. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Je siège également au comité de la santé, et l'une de nos études là‑bas porte essentiellement sur la santé des enfants. Nous avons beaucoup parlé du sport, de son importance et du fait que nos jeunes en ont grandement besoin. Nous voyons cela si souvent. J'ai une petite-fille de 4 ans qui fait de la gymnastique en ce moment. Elle adore cela, parce qu'elle est très active. La réalité, c'est que nous ne savons pas par où commencer. En tant que parents et grands-parents, nous sommes assis là et...
Certes, j'ai obtenu mon diplôme de kinésiologie avant d'entreprendre mon doctorat. J'ai fait une spécialisation en médecine sportive. J'ai donc ce bagage, mais le Canadien moyen ne dispose pas de ces renseignements. Il n'en a pas la moindre idée. Les parents n'en savent rien. Ils inscrivent leurs enfants à diverses activités sportives, qu'il s'agisse de gymnastique, de natation ou peu importe, et ils supposent que les personnes qui entraînent leurs enfants et qui les encadrent tout au long de leur progression possèdent les niveaux requis et continuent de les maintenir à jour.
J'ai été à la tête de l'organisme de réglementation de la profession de chiropraticien en Saskatchewan, puis à l'échelle nationale. Le fait est que nous réglementons les professions. Comment faire pour réglementer les entraîneurs, les instructeurs et les administrateurs? Avez-vous des idées à ce sujet?
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Oui, j'en ai. Je vous remercie beaucoup d'avoir posé cette question.
Je reviens sans cesse à l'exemple des cours de natation. En général, on ne rejoint pas une équipe de natation avant d'avoir atteint un certain niveau dans les cours de natation. Nous nous adonnons à des activités sportives et, comme vous l'avez dit, c'est une véritable jungle. Nous ne nous assurons pas que certains jeunes possèdent les compétences techniques nécessaires pour bien progresser dans la pratique du sport. Il existe des systèmes de dénonciation pour chaque sport afin d'évaluer les jeunes, mais on ne s'en sert pas. Il faut réellement évaluer les jeunes et informer tout le monde de ce qui se passe.
Comme vous le laissez entendre, nous avons recours à beaucoup de bénévoles. On ne va pas à des cours de natation sans payer les maîtres nageurs ou les instructeurs. Par conséquent, on demande à des bénévoles qui n'ont pas de formation d'enseigner des compétences qu'ils ne sont pas forcément capables d'enseigner de manière efficace.
Par exemple, au hockey, est‑ce qu'ils suivent le programme Patinage Plus avant de jouer des parties de hockey? On fait appel à des entraîneurs en développement des habiletés de hockey pour en quelque sorte compléter le programme, mais ce n'est pas obligatoire. J'ose croire que l'on doit probablement acquérir de bonnes compétences de patinage avant de recevoir des coups et de faire des mises en échec dans le cadre de ce sport.
Il y a des choses que je changerais et que je mettrais en place pour assurer une meilleure sécurité physique, mais je ne veux pas prendre trop de temps.
J'ai déjà été entraîneur de hockey jusqu'au niveau midget AA. J'ai aussi été entraîneur de soccer et d'autres sports, compte tenu de mes antécédents. J'ai suivi le programme d'athlétisme canadien... mais, en réalité, lorsque j'étais entraîneur, personne ne m'a parlé de tout cela.
À mesure que nous avançons, nous nous penchons sur la question de la santé mentale. Pour M. Sheehan et Mme Shore en particulier, c'est leur santé mentale qui a souffert en raison de ce qu'ils ont vécu. En décembre, le gouvernement fédéral a débloqué 2,8 millions de dollars pour accroître les connaissances de base en matière de santé mentale chez les entraîneurs et les dirigeants sportifs. C'est l'Agence de la santé publique du Canada qui a proposé ce projet. Elle a finalement obtenu 100 millions de dollars. Pourquoi ne pas diffuser ces renseignements et utiliser ces fonds pour nos athlètes afin que des gens comme M. Sheehan et Mme Shore puissent bénéficier de mesures et de séances de formation qui leur permettraient d'aller de l'avant?
Qu'en pensez-vous, monsieur Sheehan et madame Shore?
Nous avons amorcé cette enquête en nous penchant sur Hockey Canada. Notre étude s'est poursuivie à partir de là, et pour cause. Dans le dossier de Hockey Canada, j'ai personnellement eu l'impression que nous n'avions pas suffisamment abordé ce qui se passait dans la Ligue canadienne de hockey.
Madame Glover, vous êtes là. Je sais que vous n'êtes pas la directrice générale des London Knights et que ces décisions ne vous appartiennent pas, mais dans une situation comme celle de Logan Mailloux, comment votre organisation s'occupe‑t‑elle d'une personne qui se présente devant elle, qui n'a pas nécessairement commis de crime en soi et qui a été suspendue par la LNH? En tant qu'enseignante et en tant que personne qui cherche à rendre le sport plus sécuritaire — je vous crois sur parole —, comment abordez-vous une telle situation?
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J'aborde cette situation de la même façon que si j'enseignais à un élève de mon école qui éprouve des difficultés et qui a besoin de soutien, de conseils et de discipline.
Lorsque je travaille avec des jeunes au secondaire, il arrive très souvent que les élèves fassent des erreurs. Ce sont des adolescents. Leur cortex préfrontal se développe. Ils font quatre ans de plus ou de moins que leur âge chronologique sur le plan de la maturité physique, intellectuelle ou sociale.
Je considère l'élève en face de moi comme un individu à part entière. Comment évaluer et développer son système de valeurs? Comment combler les lacunes qu'il pourrait avoir?
Ce n'est pas différent des 500 élèves qui, je le répète, ont déjà suivi mon programme. Je les prends pour ce qu'ils sont et je les aide à aller de l'avant.
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Je pense qu'il est extrêmement difficile d'éloigner les enfants. Les deux dernières années du secondaire sont difficiles pour un adolescent qui, comme je l'ai dit plus tôt, essaie de bâtir son identité, sa place, ses amitiés et ce qu'il pourrait faire ou ne pas faire après l'âge de 18 ans.
La situation est très difficile parce que le sport lui-même est différent, par exemple, de la natation, du tir à l'arc, du taekwondo, de la gymnastique, etc. Je ne vois pas d'autre sport — corrigez-moi si je me trompe — où vous jouez dans une équipe avec des joueurs qui sont à un pas de la LNH ou qui ont signé dans la LNH, ou sont à un an de jouer dans des ligues de loisirs pour adultes, peut-être, à l'âge de 21 ans.
Il est très difficile pour les joueurs de se trouver dans cette situation où ils sont très près de réaliser leurs rêves, mais aussi très près de voir que les portes vont se refermer pour eux.
Pour ces jeunes, c'est difficile de vivre dans une famille d'hébergement sans avoir de contacts quotidiens avec leur famille, mais ils sont prêts à le faire. Mes enfants l'ont fait. C'est un risque que beaucoup veulent prendre.
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Oui. Mon principal problème avec le BCIS est qu'il est très réactionnaire, et je pense parler au nom de nombreux universitaires qui font partie de notre groupe. Il faut d'abord que quelque chose de grave se produise pour que le BCIS s'en mêle. Ce dont il est question dans la lettre que nous avons envoyée au , c'est d'agir en amont, de faire de la prévention pour changer une culture qui est déjà, comme vous l'avez dit, très toxique.
Nous ne pourrons pas y arriver en nous contentant de réagir à des cas individuels tout le temps. Nous devons réagir à ces cas — nous avons besoin d'un mécanisme de divulgation —, mais, en même temps, nous avons besoin de quelque chose de plus solide qui puisse réellement changer les choses de façon concrète. Nous pourrions tous nous en réjouir et les athlètes pourraient y croire. Chaque fois que vous voyez une de ces lettres « Escrimeurs pour le changement » ou « Patineurs artistiques pour le changement », c'est parce que beaucoup d'athlètes n'ont pas confiance dans le système de sport à l'heure actuelle. Ils doivent emprunter une autre voie. Ils ne font pas confiance aux personnes en haut de l'échelle pour rapporter les problèmes. Si c'est le cas, le BCIS ne fonctionnera pas.
Il faudra peut-être du temps pour qu'il s'établisse, mais le même argument est avancé concernant... Les opposants à une enquête disent qu'il faut donner au BCIS le temps de se mettre en place, il a besoin de temps. Dès qu'on parle d'enquête, toutefois, ils disent que cela va prendre trop de temps. Quelle est la bonne option, alors? Avons-nous le temps de le faire? Voulons-nous faire les choses correctement? Pourquoi les règles sont-elles différentes selon qu'il s'agit d'une enquête ou du BCIS? Je dirais qu'on insiste beaucoup pour le BCIS parce que des personnes très influentes veulent défendre ce qu'elles ont créé. C'est une réaction naturelle, mais en même temps, il faut se détacher de cette situation et penser à ce qui est le mieux pour l'ensemble de la nation.
Je pense qu'il faut une enquête nationale.
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J'aimerais revenir, madame la présidente, à Mme Shore, Mme Glover et M. Ross sur la responsabilité de Sport Canada.
Le syndrome ou la crise du sport toxique auquel nous assistons au pays touche presque tous les sports. C'est tout simplement incroyable. C'est tellement désolant de voir que nous n'avons pas protégé nos athlètes, nos enfants, le public.
Quelle est la responsabilité de Sport Canada qui s'en est lavé les mains au cours des dernières décennies? Il y a eu des recommandations pour contrer les agressions sexuelles et le racisme. Aucune n'a été mise en œuvre, et Sport Canada insistait pour que ce soit des conditions pour obtenir du financement du gouvernement. Dans quelle mesure Sport Canada est‑il responsable de cette crise incroyablement toxique et du gâchis que nous observons actuellement dans ce pays?
Je commencerai par vous, madame Shore.
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Comment puis‑je le dire autrement? Ne sont-ils pas ceux vers qui on se tourne? C'est une responsabilité qui leur incombe. Je dirais que les personnes qu'ils consultent pour obtenir des informations sur le terrain ont, sans doute, tout intérêt à soutenir leurs propres affaires ou le financement qu'elles reçoivent.
Je pense que le Canada et la culture canadienne, en général, ont désespérément besoin d'une image de « Nous sommes tous gentils et nous avons tous les intérêts des autres à cœur ». Cependant, je ne suis pas certaine que cela soit aussi vrai aujourd'hui qu'il y a 50 ans. Peut-être devons-nous regarder en arrière pour voir comment retrouver certaines valeurs canadiennes que nous avions il y a plusieurs décennies, lorsque nous nous préoccupions vraiment de nos voisins et de nos enfants.
Mon expérience est la suivante. Des parents dont les enfants se débrouillaient très bien au gymnase m'ont dit de me mêler de mes affaires. Lorsque j'ai commencé à parler au nom d'autres enfants que je voyais en danger au club de gymnastique — pas ma fille, parce que tout allait bien pour elle à l'époque —, des parents m'ont dit de me mêler de mes affaires.
Je pense qu'il faut encore un village pour protéger les enfants.
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Les discussions aujourd'hui sont très instructives et je vous remercie de vos témoignages. Madame Glover, je trouve qu'il est intéressant que vous ayez mentionné les compétences que les enfants acquièrent en natation. Ils suivent tous le programme de natation et gravissent les différents niveaux. C'est ainsi qu'on leur apprend à nager. C'est une compétence utile dans la vie.
Quand je travaillais dans les écoles, on apprenait aux enfants, à tous les enfants, à patiner. Cela faisait partie du programme d'éducation physique. Nous commencions en première année.
Il y a des différences entre les organisations de sport. Les réactions sont très différentes dans un aréna par opposition au soccer, au fait de commencer le soccer avec un enfant de quatre ans. C'est la ligue des papillons. Qu'ils courent après le ballon ou les papillons, cela n'inquiète personne.
Toutefois, dans un aréna de hockey, c'est totalement différent. Comment faut‑il en tenir compte? Vous parlez de culture, mais c'est très différent. Comment une enquête nationale pourrait-elle tenir compte des différences et de la façon dont le hockey est perçu dans ce pays?
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Je vous remercie. Je comprends.
Monsieur Hedges, on ne vous a pas oublié. Nous sommes heureux que vous soyez avec nous. Nous avons entendu parler à plusieurs reprises de la nécessité d'une enquête. Comme nous l'ont dit nos universitaires, c'est une chose de définir ce qu'est une « agression », mais c'en est une autre de faire quelque chose à ce sujet. Il faut prendre des mesures concrètes. On peut avoir autant de définitions qu'on veut, mais si on n'agit pas, on se perd.
Monsieur Hedges, vous avez parlé du sommet sur la pratique sécuritaire du sport que vous avez organisé. Vous avez notamment parlé d'un code de conduite universel, etc. Vous avez aussi parlé de mener des enquêtes. Pouvez-vous expliquer au Comité ce que votre organisation fait dans ce domaine, s'il vous plaît?
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Je vous remercie beaucoup.
Encore une fois, je tiens à remercier les témoins de leurs témoignages aujourd'hui.
Je veux revenir à M. Ross.
Quand on parle de pratique sécuritaire du sport, vous avez dit que le racisme était un problème. Nous avons eu des conversations avec de nombreuses personnes, mais c'est un problème qui n'a pas été soulevé souvent. Lorsqu'on lit les journaux et qu'on regarde les manchettes, on constate que ce problème ne concerne pas seulement des sports comme le hockey, mais qu'il sévit dans tous les autres sports également.
J'aimerais savoir, à votre avis, pourquoi le racisme ne fait‑il pas partie des sujets qui doivent être inclus dans le grand débat quand on parle de la pratique sécuritaire du sport en général? Avez-vous une idée à ce sujet?
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Vous avez tout à fait raison. Pour une raison quelconque, on classe le racisme dans une classe à part, loin de la pratique sécuritaire du sport. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais d'instinct, je pense que c'est parce que les administrateurs dans le système du sport qui détiennent le pouvoir sont des Blancs et majoritairement des hommes.
C'est exactement ce dont Akim Aliu parlait en essayant de trouver des occasions pour s'assurer de faire une place à des populations diverses au sein du hockey sur glace, par exemple, mais aussi dans tous les sports au Canada. Lorsqu'il en a parlé aux dirigeants de la GTHL, la Greater Toronto Hockey League, ils lui ont répondu que c'était impossible. Ils ont également affirmé qu'ils n'étaient pas racistes, mais ils ont dû essentiellement sanctionner l'un des leurs pour avoir été raciste lors d'une réunion immédiatement après que la décision a été prise.
Je pense qu'il s'agit d'un sujet dont les gens sont encore relativement mal à l'aise de parler, mais on le voit dans tous les sports. Malgré les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, nous ne voyons pas le genre d'engagement à l'égard des enfants autochtones qui est nécessaire. Près de chez moi, il y a encore des réserves qui n'ont pas d'eau potable. Si vous n'avez pas d'eau potable, comment pouvez-vous avoir un système de sport robuste? Ce n'est pas possible.
Je suis désolé, les mots me manquent, car cela fait des années, des décennies que nous en parlons dans les universités. Il ne semble pas que les gens veuillent prendre des mesures vraiment efficaces — le genre de mesures qu'Akim Aliu a suggérées — pour apporter, et garantir, des changements. Ils veulent des politiques, ils veulent en parler et passer à autre chose, mais cela n'apporte pas de changements.
Cela met fin à notre réunion d'aujourd'hui.
Je tiens à remercier nos témoins.
Trois d'entre vous sont des survivants, et l'une défend les droits. Je tiens à vous dire qu'il vous faut beaucoup de courage pour venir ici et faire face à la stigmatisation et aux traumatismes que vous avez subis, ainsi qu'aux réactions négatives auxquelles vous devez encore faire face, en tant que dénonciateurs et en tant que survivants.
Je veux que vous sachiez que vous parlez au nom de tant de personnes qui se cachent encore dans l'ombre et qui sont incapables, pour diverses raisons, de venir ici elles-mêmes.
Des députés: Bravo!
La présidente: Vos témoignages sont très touchants. Je sais que je peux parler au nom de tous les membres du Comité en disant que nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour remédier à ce problème systémique et triste que nous voyons et qui touche nos enfants.
Je vous remercie de votre attention.
La séance est maintenant levée.