:
J'ouvre maintenant la séance. Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel et non cédé des peuples algonquins anishinabes.
Je vous souhaite la bienvenue à la 66e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
[Traduction]
Comme vous le savez tous, nous nous réunissons aujourd'hui en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022.
Bien que le port du masque ne soit plus exigé par les autorités de la santé publique et le Bureau de régie interne, je vous invite tous à envisager cette possibilité, pour votre sécurité et celle des autres, surtout dans les salles qui ne sont pas ventilées, étant donné que l'Organisation mondiale de la santé considère toujours que nous sommes en pandémie.
Je veux rappeler à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran et de prendre des photos de son écran. Nos délibérations pourront être consultées sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 20 septembre dernier, nous poursuivons notre étude de la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Les personnes ici présentes savent comment avoir accès à l'interprétation. Pour ceux qui participent en mode virtuel, je vous rappelle qu'il y a au bas de votre écran une icône de globe terrestre sur laquelle vous devez cliquer pour entendre l'interprétation.
Pour la première heure de notre séance d'aujourd'hui, nous accueillons par vidéoconférence Mme Sarah-Ève Pelletier, commissaire à l'intégrité dans le sport.
Madame Pelletier, vous avez cinq minutes pour nous présenter vos observations préliminaires. Lorsqu'il ne vous restera que 30 secondes, je vous l'indiquerai verbalement, car les témoins qui lisent leur exposé ne voient pas toujours les signaux qu'on essaie de leur faire.
Bienvenue, madame Pelletier. Vous avez cinq minutes.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Chers membres du Comité, comme l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens, j'ai été horrifiée d'entendre tant d'histoires de maltraitance dans le sport.
Je vous remercie sincèrement de la préoccupation constante que vous portez à cette question cruciale. Je tiens également à souligner le travail important du Comité permanent de la condition féminine et de son étude sur les femmes et les filles dans le sport.
[Traduction]
Je me permets d'être optimiste en constatant le vaste engagement à mieux faire pour améliorer le sort de nos athlètes et de nos jeunes, et à apporter les changements nécessaires pour que les Canadiens puissent pratiquer le sport à tous les niveaux dans des environnements sûrs et accueillants.
Je suis persuadée que le travail de ces comités, grâce en grande partie aux nombreux athlètes qui les ont fait bénéficier de leurs connaissances et de leur vécu, débouchera sur des recommandations concrètes et utiles. Je me réjouis à la perspective des enseignements que je pourrai tirer de ces études. J'espère pouvoir vous transmettre aujourd'hui autant d'information que possible afin de contribuer à notre effort collectif pour rendre la pratique du sport plus sécuritaire.
Le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, ou BCIS, a vu le jour il y a huit mois avec pour mandat d'administrer et de faire respecter le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport, le CCUMS. Il y a jusqu'à maintenant 53 organisations sportives financées par le fédéral qui ont adhéré à ce code, celui‑ci étant déjà en vigueur pour 36 d'entre elles.
Il est désormais possible pour un athlète ou une autre personne victime de maltraitance ou de discrimination de porter plainte en toute sécurité à l'encontre d'un intimé relevant d'un signataire du programme. Ces plaintes sont entendues par des experts formés pour tenir compte des traumatismes. Il s'agit de professionnels indépendants pouvant avoir de l'expérience en matière de droits de la personne, de violence sexuelle et de travail auprès des enfants et des mineurs.
Jusqu'ici, nous avons jugé recevables toutes les plaintes relevant de notre compétence. Cela se traduit par 17 dossiers faisant l'objet d'une enquête par des professionnels indépendants. Il en résultera des sanctions directement exécutoires qui pourront être et seront effectivement imposées aux individus trouvés coupables.
Ayant reconnu dès notre entrée en fonction la nécessité de s'attaquer aux problèmes systémiques et de veiller à ce que les différentes entités aient des comptes à rendre, nous avons élaboré et mis en œuvre un processus d'évaluation des organismes sportifs. Les rapports d'évaluation ainsi produits seront rendus publics. Pour que l'exercice en vaille vraiment la peine, nous publierons ensuite un rapport de suivi faisant état des changements apportés par l'organisation à la suite de l'évaluation initiale.
Il faut bien sûr d'abord et avant tout que les organisations donnent suite aux recommandations qui leur sont adressées, mais nous espérons que ces rapports publics contribueront à les responsabiliser davantage tout en permettant à d'autres intervenants, comme les partenaires financiers dans le sport, de prendre les mesures qui s'imposent en fonction des gestes posés par chaque organisation.
Nous continuons à jeter les bases de notre bureau en demeurant bien conscients des limites structurelles avec lesquelles nous devons pour l'instant composer. Je vais maintenant essayer de vous donner une idée générale de ces limites au sujet desquelles je serai ravie de vous fournir de plus amples détails en répondant à vos questions.
Premièrement, le Code de conduite universel précise bien la nécessité de tenir un registre des sanctions consultable par le public de telle sorte qu'il ne soit plus possible pour un intimé de passer d'une région du pays à une autre. Conformément à son mandat, le BCIS tient d'ores et déjà un registre des sanctions, mais ne peut pas toujours rendre accessible au public cette information en raison des lois sur la protection de la vie privée actuellement en vigueur dans les provinces et les territoires. Le problème pourrait notamment être réglé si l'on adoptait des mesures législatives rendant obligatoire un tel registre.
Deuxièmement, on ne peut pas pour l'instant obliger un individu ou une organisation n'ayant pas adhéré au Code à contribuer à une enquête du BCIS. Comme certains groupes l'ont suggéré, l'attribution de pouvoirs d'assignation aux enquêteurs et aux évaluateurs indépendants nous permettrait de compter sur un processus d'évaluation et de traitement des plaintes plus solide et plus efficace.
Troisièmement, et cela ne relève pas du BCIS, pour progresser de façon systémique et durable vers la pratique sécuritaire du sport, il est essentiel de se donner un ensemble harmonisé de règles en matière de maltraitance et de discrimination ainsi qu'un mécanisme digne de confiance permettant de se pencher sur les questions touchant tous les niveaux du sport au Canada et l'ensemble de ses structures. On devrait carrément éliminer toutes les discontinuités qui empêchent les victimes d'avoir accès à l'aide dont elles ont besoin ou qui offrent une porte de sortie à ceux qui veulent se livrer à des méfaits. Dans la même optique, les efforts de prévention et de sensibilisation doivent débuter avec les entraîneurs, les parents et les jeunes dès qu'ils commencent à faire du sport de telle sorte que chacun connaisse bien ses droits et ses responsabilités. À tous les niveaux, la connaissance des consignes à respecter pour une pratique sécuritaire du sport doit être jugée aussi fondamentale que l'apprentissage des habiletés techniques et des règles du jeu.
[Français]
Le Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport poursuit sa mission d'avancement du sport sécuritaire pour toutes et tous, et nous nous engageons à mettre en œuvre les recommandations formulées dans le cadre des études en cours, qui définiront quel sera notre rôle pour continuer à faire avancer cette importante priorité.
J'ai fait de la compétition sportive pendant 17 ans. Je me suis fait des amis pour la vie, et j'ai appris de précieuses leçons qui me servent encore aujourd'hui. Il est devenu très évident que je suis privilégiée d'avoir eu l'expérience positive que j'ai vécue. C'est tragique de voir qu'autant de jeunes personnes, au Canada, n'ont pas eu autant de chance. Nous devons de toute urgence éliminer la maltraitance dans le sport en pensant à ces personnes. Le sport, lorsqu'il est pratiqué correctement, a tellement de bonnes choses à offrir. C'est pourquoi je trouve si important que nous écoutions leurs histoires et leur voix collective et que nous nous mobilisions pour rendre le sport plus sécuritaire pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Madame Pelletier, je vous remercie et je vous félicite pour ce poste que vous occupez maintenant depuis sept ou huit mois.
Vous avez beaucoup parlé de la nécessité d'harmoniser les efforts pour la pratique sécuritaire du sport. Le problème vient du fait que les gouvernements provinciaux n'ont pas adhéré au programme, si bien que ce ne sont pas tous les sportifs au pays qui bénéficient de la protection du BCIS et du CCUMS.
C'est ainsi que la a dû se rendre en fin de semaine aux Jeux d'hiver du Canada dans les Maritimes pour parler non seulement aux athlètes, mais aussi aux différentes entités provinciales qui n'ont pas encore adopté le Code. J'y vois un problème.
Nous avons dépensé 16 millions de dollars sur une période de trois ans pour mettre en place le BCIS, et, à ce que je sache, nous n'avons toujours pas — exception faite du Québec qui a lancé son propre programme en 2014 — un seul gouvernement provincial parmi les signataires, à moins qu'il y ait eu des changements au cours des 48 dernières heures.
Pouvez-vous nous dire comment on pourra assurer une pratique sécuritaire du sport si les provinces et les clubs n'adhèrent pas au Code?
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Si mon souvenir est exact, il y a en fait entre 3 700 et 4 000 athlètes qui bénéficient de la protection de votre bureau. Vous n'exercez aucun contrôle sur les entités provinciales.
J'ai l'impression que la aurait dû avoir il y a un an déjà ce dialogue avec toutes les organisations sportives au pays. Voici toutefois que c'est à la dernière minute qu'elle se rend tout à coup aux Jeux d'hiver du Canada pour enfin en discuter, huit mois après l'entrée en fonction... Cela aurait dû se faire il y a un an. J'en suis complètement estomaqué.
J'en ai parlé avec les gens de ma province. La Saskatchewan n'a pas adhéré à ce programme, et elle n'est pas seule dans son camp. Il y a uniquement le Québec qui l'a fait en prenant ses propres dispositions en 2014. Votre organisation n'est pas au service de tous les Canadiens, loin de là. Pas moins de 80 % des athlètes au pays ne sont pas protégés; c'est actuellement le cas pour seulement 3 700 à 4 000 d'entre eux. Pour le BCIS, il y a un large fossé à combler entre ces organisations sportives nationales dont vous parlez et celles des provinces avec leurs différents clubs sportifs.
Des correctifs auraient dû être apportés il y a longtemps déjà, mais nous sommes encore en train de discuter de la question. Il y a 53 organisations sportives nationales qui ont adhéré au programme, ce qui ne correspond pas encore à un contingent complet, mais on déplore une absence totale de dialogue avec les provinces, une condition essentielle si l'on veut assurer une pratique sécuritaire du sport au Canada. Si les mesures ne peuvent pas être étendues aux provinces, ce programme aura été un véritable pétard mouillé, si vous me permettez l'expression.
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Le mandat que nous avons reçu du gouvernement fédéral s'applique effectivement aux organisations sportives financées par le fédéral et, comme je l'ai souligné tout à l'heure, 53 de ces organisations ont adhéré à notre programme et nous en ajoutons de nouvelles chaque jour.
Comme vous l'avez indiqué, il faut de toute urgence s'assurer de mettre en place des règles et des systèmes harmonisés de telle sorte que les victimes, quel que soit le niveau de sport qu'elles pratiquent, puissent demander de l'aide en toute sécurité. Les organisations ou les instances provinciales et territoriales peuvent toujours avoir accès aux services de notre bureau si ceux‑ci répondent à leurs besoins particuliers.
Il y a bel et bien un système en place au Québec — et j'ajouterais aussi au Nouveau-Brunswick —, et je sais que les autres gouvernements provinciaux et territoriaux suivent également la situation de très près. Je ne peux bien sûr pas parler en leur nom, mais je peux vous dire que, du point de vue du BCIS, il est vraiment urgent d'agir.
Pour remplir notre mandat le plus efficacement possible, nous devons déployer toutes les composantes du système en veillant à ne laisser aucune échappatoire possible. Nous pourrons ainsi progresser vers notre objectif commun de rendre la pratique du sport sécuritaire, que ce soit directement par l'entremise du BCIS ou dans le cadre d'un mécanisme harmonisé auquel nous allons contribuer.
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Merci, madame la présidente.
Comme vous l'avez mentionné dès le départ, il peut y avoir des gens qui regardent nos délibérations publiques sur cette question qui risque de les ébranler, et je comprends qu'il faut éviter de leur faire revivre ce traumatisme. Dans ma circonscription de Kitchener—Conestoga, il y a deux organismes, Women's Crisis Services et le Sexual Assault Support Centre, qui offrent du soutien aux gens de la région de Waterloo qui en ont besoin. Il y a donc de l'aide qui est offerte.
Madame Pelletier, merci beaucoup de votre présence aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Le Bureau du Commissaire à l'intégrité dans le sport sert de plaque tournante pour la mise en œuvre du nouveau mécanisme indépendant pour un sport sécuritaire au Canada. Dans ce contexte, je me réjouis d'entendre que votre mandat consiste à recevoir les plaintes fondées sur des allégations de mauvais traitements et d'infractions au code de conduite et à veiller à ce qu'une enquête indépendante soit menée.
Pour la gouverne de ceux qui nous regardent, j'ajouterai que votre mandat consiste également à offrir un environnement sûr aux athlètes pour qu'ils puissent s'exprimer à l'abri de tout traumatisme; à lancer des enquêtes indépendantes; à recommander des sanctions contre les individus — comme vous l'avez indiqué au départ — qui sont trouvés coupables de comportements inappropriés; à recevoir des signalements par l'entremise d'une plateforme en ligne confidentielle, un élément très important; et à donner accès à des outils et à des ressources de sensibilisation et de prévention, notamment en matière de santé mentale et d'aide juridique.
Vous savez d'expérience que le sport peut nous apporter de grandes choses. Il permet aux enfants de prendre confiance en eux-mêmes, d'atteindre les objectifs qu'ils se fixent et d'acquérir des compétences qui leur serviront toute leur vie. C'est la raison pour laquelle, dans notre rôle de parents, nous encourageons nos enfants à faire du sport. Chaque parent devrait avoir l'assurance que ses enfants sont en sécurité.
Étant donné les inquiétudes que mettent au jour des études comme celle‑ci relativement au monde du sport, quel message voudriez-vous transmettre à ces parents? Quels changements doivent être apportés par tous les ordres de gouvernement? Comment pouvons-nous améliorer le système de telle sorte que chaque enfant puisse vivre une expérience positive comme la vôtre?
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Merci beaucoup. Je dois dire qu'en tant que jeune mère moi-même, j'ai les mêmes préoccupations que tous les autres parents au Canada.
Je dirais à tous les intervenants au sein du système sportif canadien — peu importe leur fonction ou leur niveau — que nous avons maintenant l'occasion de miser en priorité — et il faut le faire sans tarder — sur la prévention et la sensibilisation.
Il est bien certain que la connaissance des droits et des responsabilités de chacun, sans égard au rôle qu'il joue, n'est pas une garantie en soi, mais il devrait s'agir selon moi du point de départ pour tous les parents qui ne doivent pas hésiter à poser des questions et à aller au fond des choses pour essayer de comprendre ce qui se passe. C'est ainsi qu'ils pourront le mieux appuyer leur enfant dans son parcours sportif en veillant à ce que ce parcours soit aussi positif qu'il devrait l'être.
Pour ce qui est des mesures qui doivent être prises, j'ai déjà parlé de sensibilisation et de prévention. Nous pouvons bien déployer tous les moyens envisageables pour remédier aux mauvais traitements une fois que le mal est fait, mais nous devrions vraiment nous efforcer d'abord et avant tout de faire en sorte que de tels incidents ne se produisent plus. Il y a bien des moyens qui peuvent être mis en œuvre pour y arriver, mais cela doit notamment passer par la sensibilisation et la prévention qui doivent être au cœur de nos interventions.
La sensibilisation et la prévention ne peuvent pas seulement être envisagées dans une perspective théorique. Elles doivent se traduire par des mesures concrètes dans tous les sites d'entraînement, pour tous les sports et dans tous les clubs et tous les endroits où le sport se pratique, car c'est vraiment la seule façon d'opérer cette transformation de façon durable.
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Nous avons dit que le service de gestion des plaintes au Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport détenait des pouvoirs limités. J'en profite pour rappeler que tout le travail de prévention des inconduites et de sensibilisation aux ressources, aux politiques et aux pratiques exemplaires sert l'intérêt de l'ensemble de la communauté sportive canadienne.
Nous travaillons avec des programmes de recherche. Il existe un programme de subvention de la recherche. Il y a un programme de formation et d'accréditation. En plus de tout ce que fait le BCIS, les universitaires peuvent aussi beaucoup nous renseigner. Le milieu universitaire peut servir de tremplin afin de rehausser les efforts de tous et la mobilisation en matière de prévention et de sensibilisation.
Je tiens à m'assurer que le BCIS peut diffuser ou proposer de l'information et des ressources dans un secteur qui mérite selon nous une attention particulière. Nous avons investi beaucoup d'efforts, mais il reste du travail à faire de notre côté et, à notre avis, à tous les niveaux du sport.
Vous avez fait mention de programmes de santé mentale et d'aide juridique. Nous offrons des services aux personnes qui participent à nos processus. J'étais ravie de vous entendre parler d'autres ressources au début de votre intervention. Nous facilitons l'accès aux ressources communautaires ou autres pour ceux et celles qui participent à nos processus.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les membres du Comité de m'accueillir et de me permettre de participer à cette importante étude.
Madame Pelletier, je vous remercie de votre présence, et je vous remercie également d'avoir souligné le travail du Comité permanent de la condition féminine. D'ailleurs, vous avez participé à l'importante étude menée par ce dernier.
Tout le monde s'entend pour dire que votre organisation répond à un besoin. Cela dit, j'ai un peu l'impression qu'on construit un avion en plein vol, sans nécessairement avoir posé de diagnostic.
Vous avez parlé des limites de votre mandat avec une belle humilité. En matière de sports, ne serait-il pas pertinent que l'on mène une enquête publique indépendante, afin de poser un diagnostic réel et d'avoir des recommandations quant à la façon d'améliorer la situation?
J'ai l'impression que le monde du sport est carrément malade. L'article de Martin Leclerc, publié cette semaine, et les autres articles publiés précédemment par Rick Westhead et par l'ensemble de la classe médiatique nous apprennent qu'on bouge seulement quand les médias soulèvent des cas qui ont eu lieu dans le milieu sportif.
Je souhaite que nous vous donnions les meilleurs moyens de réussir, mais j'ai l'impression qu'il faudrait poser un véritable diagnostic si on veut changer les choses. Le monde du sport est malade, mais ce n'est pas en mettant un pansement qu'on guérit un cancer et qu'on règle la situation. Il faut connaître la situation en profondeur pour être en mesure de proposer de véritables mesures.
Ne pensez-vous pas qu'une enquête publique indépendante vous aiderait à avoir des fondations solides et à poser des gestes réels en vue de transformer le monde du sport?
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Je vous remercie de votre question et de vos commentaires.
En un sens, en reconnaissant l'urgence d'agir, le Bureau du commissaire a, depuis les huit derniers mois, construit des fondations sur des bases très solides. Cependant, vu le sentiment d'urgence, il est vrai qu'on a commencé à faire voler l'avion alors qu'on le construit toujours.
Notre bureau a été établi à la suite de plusieurs consultations, qui se sont étalées sur plusieurs années et qui ont mis en lumière les problèmes existants. Nous avons donc la tâche de répondre à un besoin déjà connu.
Cela dit, notre bureau accueille favorablement toute occasion et toute initiative permettant de rendre le monde du sport plus sécuritaire et d'apporter un soutien nécessaire aux athlètes. Vous avez parlé d'une enquête publique. De notre côté, nous nous intéressons aux recommandations des différents comités, afin de trouver la bonne marche à suivre à cet égard.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie, madame Pelletier, de votre présence et de votre travail, et je vous félicite pour votre nomination.
Nous partageons tous le sentiment que le milieu sportif au Canada est en crise. Nous en entendons parler tous les jours. Depuis que nous avons commencé notre enquête, nous voyons à quel point cela n'est pas sécuritaire pour les enfants, pour les jeunes et pour les adultes.
Il n'y a aucun doute que nous avons beaucoup de travail à faire pour avoir un milieu sportif au pays où les athlètes peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes sans qu'il y ait la moindre violence ou maltraitance, ni parmi les athlètes ni aux yeux du public.
Tout à l'heure, vous avez parlé de 17 cas qui font l'objet d'une enquête.
Parmi ces 17 cas potentiels ou allégués de violence ou de maltraitance, pouvez-vous nous dire de quelles catégories il s'agit?
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Je vous remercie de votre question.
Le mandat du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport porte exclusivement sur les questions de maltraitance et de discrimination ou d'autres formes de comportements qui ont mené potentiellement à des formes d'agression. C'est exclusivement de ce type de dossiers que nous parlons.
Évidemment, la maltraitance, telle que la définit le CCUMS, peut prendre différentes formes, que ce soit de la maltraitance sexuelle, psychologique ou physique. Toutes ces formes sont absolument inadmissibles et constituent des comportements que nous considérons comme étant prohibés.
Je tiens à souligner, parce que parfois on l'oublie, que le comportement qui a permis à ces agressions de perdurer est aussi interdit.
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Je vous remercie de votre question.
Les sanctions pouvant être imposées sont décrites dans le CCUMS. Les sanctions ont trait à la participation au sport. Comme vous l'avez mentionné, dans les cas les plus graves, cela peut constituer une inéligibilité à vie à prendre part dans le sport.
Vous avez raison de dire que, même si certains comportements constituent des violations du CCUMS, ils peuvent également être criminels. Notre bureau et notre mandat ne se substituent pas au droit criminel. Nous ne remplaçons pas ce dernier; nous créons un système visant à protéger la participation sportive en plus du système criminel.
Évidemment, s'il y a des actes criminels, ils doivent être traités comme tels.
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Les facteurs permettant d'établir si le Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport peut mener une enquête concernent les sévices, la discrimination et les comportements prohibés.
Comme vous l'avez dit, l'organisation doit signer l'accord du BCIS.
Par ailleurs, le statut du participant constitue un aspect parfois plus délicat montrant bien les lacunes dans le système actuel. Le point d'ancrage de la législation si on veut, c'est nul autre que la personne qui aurait commis une ou des infractions. Le statut de victime, de survivant ou de personne touchée n'est pas déterminant. L'intimé — c.-à-d. la personne qui aurait commis les gestes reprochés — doit relever d'une organisation signataire de l'accord du BCIS pour qu'à tout le moins, une enquête puisse être déclenchée.
Dans les cas où notre pouvoir d'action serait limité, nous redirigeons les gens vers les ressources pouvant les aider, les accompagner et appuyer leurs démarches.
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Je vous remercie de cette excellente question.
Par souci de clarté, je précise que notre indépendance constitue un facteur capital pour les athlètes en cherchant à bâtir des relations de confiance. Sachez que nous ne menons pas les enquêtes nous-mêmes et qu'elles sont confiées à des enquêteurs indépendants. Les participants à l'enquête peuvent faire part de leurs inquiétudes, par exemple en cas de conflit. Je tenais à apporter cette légère précision.
En ce qui a trait aux renseignements liés aux plaintes que reçoit notre bureau, les athlètes nous répètent qu'ils ont besoin d'un lieu sûr, d'une institution qui les protégera contre les représailles. Nous devons leur garantir la plus grande confidentialité s'ils s'adressent à nous.
Ce respect de la confidentialité n'empêche pas les gens de parler de leur vécu. Il s'agit d'enjeux complètement différents. Nous ne communiquons jamais de renseignements à qui que ce soit à l'extérieur du BCIS. Nous ne transmettons rien ni au CRDSC, ni à Sport Canada.
Néanmoins, nous mettons l'accent sur la transparence de nos activités, notamment en produisant des rapports trimestriels. Nous cherchons à diffuser une information équilibrée et à poursuivre les discussions sur la pratique sécuritaire du sport. Mais nous ne pouvons pas faire de compromis quant à notre engagement envers ceux qui se tournent vers nous. Ceux qui portent plainte peuvent le faire en toute sécurité. Nous protégeons la confidentialité dans nos interactions avec ces personnes.
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Si je comprends bien, c'est la nature de leur organisation qui détermine s'ils sont couverts ou non. Ils ne le sont donc pas.
Le BCIS est aussi sous l'égide du Centre de règlement des différends sportifs du Canada, soit le CRDSC, dont certains membres sont nommés par la ministre et proviennent des fédérations sportives. Je pense notamment à Nick Lenehan, qui siège aussi au conseil d'administration de Gymnastique Canada. Je trouve un peu particulier qu'une athlète de Gymnastique Canada doive faire appel à votre organisme.
Les athlètes auraient-ils plus confiance si votre organisme était totalement indépendant, un peu comme le Bureau de la vérificatrice générale ou, évidemment, les juges, pour faire un clin d'œil à mon collègue?
Le fait que l'on vous ait donné les pouvoirs nécessaires pour forcer les fédérations à donner accès à leurs données complètes pour faire vos enquêtes me fait voir votre bureau comme un ombudsman des athlètes.
Votre mandat pourrait-il être élargi, à votre avis?
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Nous allons entamer la prochaine période de questions. Comme vous le savez, nous étudions la question de la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Nous accueillons trois nouveaux témoins. Il s'agit de Jennifer Fraser, autrice et conseillère pédagogique; Allison Sandmeyer-Graves, directrice générale de l'organisme Femmes et sport au Canada; Rob Koehler, directeur général de Global Athlete.
Nous avons trois témoins. Je tiens à leur faire savoir qu'ils disposent chacun de cinq minutes.
Je vais vous donner un avertissement sonore à 30 secondes de la fin pour vous prévenir qu'il est temps de conclure votre intervention, car nous n'avons pas autant de temps que nous le souhaiterions pour cette période de questions. Nous aimerions avoir le temps d'entendre vos témoignages.
Je vais céder la parole à Mme Fraser en premier pour cinq minutes. Allez‑y, s'il vous plaît.
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Certains administrateurs aussi se comportaient de manière répréhensible. Des parents nous ont appris que depuis au moins un an, ils avaient tiré la sonnette d'alarme au sujet d'abus perpétrés au sein de deux équipes ayant le même entraîneur. Cet entraîneur avait même avoué devant le directeur et les parents qu'il devrait être envoyé en probation. Au lieu d'obtempérer, les administrateurs ont engagé des athlètes adolescents pour mener des enquêtes bidon. Ils ont rompu la confidentialité et ont fait passer les 14 athlètes qui avaient signalé des abus pour des menteurs. Cette insinuation diffamatoire a été en grande partie répandue par eux.
Malgré leur devoir évident de protéger les enfants contre les abus, les administrateurs ont montré une insouciance déréglée et téméraire envers la vie et la sécurité de ces enfants. Ils ont ajouté le traumatisme de la trahison à leur comportement abusif, ce que la littérature scientifique qualifie de particulièrement dommageable envers les victimes.
Dans ce contexte, passons en revue ce que dit le Code criminel du Canada à propos de la négligence criminelle. On y lit ce qui suit:
Est coupable de négligence criminelle quiconque:
a) soit en faisant quelque chose;
b) soit en omettant de faire quelque chose qu'il est de son devoir d'accomplir,
montre une insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie ou de la sécurité d'autrui.
La négligence a des répercussions exponentiellement plus élevées dans le cas où un adulte a un devoir de responsabilité à l'égard d'enfants, d'adolescents ou de jeunes adultes. Les recherches sur le plan médical, psychologique, psychiatrique, neuroscientifique et neurobiologique démontrent de manière évidente que le fait d'exposer à répétition des enfants à des propos homophobes et misogynes, de leur crier dessus, de les rabaisser, de leur faire honte, de les menacer, de les humilier, de les agresser et de les punir lorsqu'ils s'expriment, provoque des dommages importants, durables et potentiellement mortels au cerveau et au corps.
Il est solidement documenté que toutes les formes de maltraitance et de négligence envers les enfants, et même envers les adultes, peuvent endommager la structure du cerveau et laisser des cicatrices neurologiques visibles sur les scintigraphies du cerveau, et mener à l'apparition de maladies chroniques au milieu de la vie. Par ailleurs, la maltraitance et la négligence peuvent pousser certaines victimes au suicide et à des comportements criminels.
Je rappelle que le suicide représente la deuxième cause de décès chez nos jeunes et qu'il est en augmentation.
La tenue d'une enquête judiciaire ne servira pas à répertorier les rapports concernant les abus chez les athlètes. Les athlètes ont déjà été nombreux à rapporter de tels abus, et ce, dans tous les sports. Une enquête judiciaire est nécessaire pour comprendre pourquoi les administrateurs et tous les autres responsables qui ont fait preuve d'insouciance déréglée ou téméraire à l'égard de la vie et de la sécurité des athlètes ne sont pas accusés de négligence criminelle.
Notre fils a choisi de cesser de jouer dans l'équipe de hockey de sa ligue à l'âge de 13 ans. Le hockey faisait partie des nombreux sports qu'il a dû abandonner pour se consacrer entièrement au basket-ball. Les abus infligés à notre fils, tels que j'ai déjà décrits, ont eu lieu au sein d'une équipe de basket-ball à son école secondaire, et les entraîneurs étaient des enseignants qualifiés. Le commissaire à la réglementation des enseignants et le bureau de l'ombudsman ont tous les deux camouflé ces abus.
L'enseignant aux comportements abusifs a affirmé que notre fils était l'un des meilleurs joueurs que l'école ait jamais vus en 100 ans d'histoire, et qu'il serait convoité par les équipes au niveau collégial. De même que cinq autres athlètes, notre fils, un athlète primé, a refusé de jouer lors de sa dernière année à l'école secondaire dans l'équipe de l'enseignant violent, sacrifiant ainsi son rêve d'intégrer une équipe au niveau collégial.
En signe de protestation, j'ai démissionné de mon poste d'enseignante dans cette école et j'ai trouvé un poste dans une autre école. En l'espace de trois ans, j'ai pu constater de visu que le commissaire chargé de la réglementation des enseignants camouflait d'autres abus. On a découvert que deux enseignants avaient commis des attouchements sexuels sur des élèves. L'un était un administrateur et un ancien enseignant d'anglais. L'autre était le directeur de l'école lui-même.
L'enseignant d'anglais vit à présent avec sa victime au Royaume-Uni, car, après avoir enseigné dans une autre province canadienne, il s'est vu interdire de pratiquer sa profession en Colombie-Britannique. Le rapport disciplinaire du commissaire, rendu public, édulcore les attouchements sexuels et autres comportements abusifs de l'enseignant. On y lit un passage mentionnant des « messages textes inappropriés ». Il travaille dans un établissement de développement avec des enseignants.
Quant à la victime du directeur d'école, bien qu'elle ait commis une tentative de suicide, elle a été invitée à participer à un processus de justice réparatrice de manière à ce que le directeur ne soit pas accusé. Le commissaire n'a pas pris de mesures disciplinaires officielles à l'encontre du directeur d'école et n'a pas soumis son brevet d'enseignement à de quelconques mesures restrictives...
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Madame la présidente, distingués membres du Comité, bonjour. Je me nomme Allison Sandmeyer-Graves et je suis la directrice générale de Femmes et sport au Canada, une association nationale sans but lucratif, qui travaille, depuis 42 ans, comme la voix et l'autorité dominantes sur la question des femmes et du sport.
Dans notre association, nous croyons dans la capacité du sport de favoriser l'équité pour les femmes dans tous les secteurs de la société. Nous sommes donc déterminés à créer un système de sports plus équitable et plus inclusif qui permettra aux femmes et aux filles de s'épanouir, en qualité de participantes et de chefs de file dans le sport et par le sport.
Comme le laisse entendre notre mission, nous privilégions les changements systémiques, la collaboration avec les organisations et leurs dirigeantes, à la recherche de solutions qui amélioreront le monde du sport de manière permanente. Grâce à notre recherche, à nos prises de position et à nos programmes, nous donnons aux organisations sportives et à leurs dirigeants le pouvoir de faire naître l'équité entre les sexes dans leur travail.
Notre travail nous amène à fréquenter tous les niveaux du système de sports, dans toutes les provinces et tous les territoires. Seulement en 2021‑2022, nous sommes entrés en contact avec 2 700 dirigeants sportifs et plus de 750 organisations sportives sur qui nous avons exercé notre influence. Voilà une statistique qui prouve notre compréhension profonde et unique en son genre du changement systémique dans l'ensemble du système de sports.
Sur la question du sport sans danger et, plus précisément, sur la façon de créer un système de sports sans danger, accueillant et inclusif, je souhaite communiquer les idées et les observations suivantes.
Je souhaite communiquer les idées et les observations suivantes. Comme je l'ai dit dans mes observations au Comité permanent de la condition féminine, en novembre, les mouvements appuyant l'équité entre les sexes et le sport sans danger sont inextricablement liés. Impossible d'obtenir l'un sans l'autre.
L'iniquité entre les sexes et le danger dans le sport sont deux problèmes structuraux et systémiques qui ont en commun de nombreuses caractéristiques. Ils plongent leurs racines dans un système de sports d'une autre époque et ils reposent sur des valeurs et des normes sociales en décalage par rapport à la société canadienne contemporaine. Ils sont profondément intégrés dans des politiques, des pratiques, des budgets et des cultures qui contribuent à les normaliser considérablement et à les rendre très difficiles à déstructurer.
Malheureusement, la charge de préconiser et de diriger les changements systémiques tombe ordinairement sur les épaules des opprimés. Ces derniers y œuvrent à partir d'une assise de pouvoir assez limitée, et ce travail les met en position encore plus précaire. Ce travail émotif, épuisant et sans cesse à recommencer coûte cher sur le plan personnel.
Hockey Canada est un bon exemple de ces problèmes structuraux en action, mais on en trouve des signes manifestes dans tout le système de sports. Preuve que, si les circonstances à l'origine de tel incident peuvent être uniques en leur genre, les conditions qui le créent ne le sont pas. Pour prévenir la maltraitance et l'iniquité entre les sexes, il faut systématiquement prendre en considération ces problèmes structuraux et en rechercher efficacement les causes profondes au lieu de s'arrêter aux symptômes.
J'offre à votre réflexion les leçons suivantes du combat pour l'équité entre les sexes qui s'est déroulé ces 42 dernières années, dans l'espoir d'accélérer le progrès vers le sport sans danger.
Jusqu'ici, contre l'iniquité entre les sexes, l'échelle et la portée des solutions n'ont pas concordé avec l'ampleur du problème. Il s'ensuit que le changement sur cette question est exceptionnellement lent, fragmentaire, éphémère et, en fin de compte, volontaire, l'organisation et leurs dirigeants se désengageant complètement selon leur bon plaisir. Faute d'une obligation cohérente de rendre des comptes et de structures incitatives, nous avons seulement pu compter sur le désir inné des organisations et de leurs chefs de changer, la perspective, pour ceux qui ne le voulaient pas, étant de subir les conséquences naturelles.
Si nous voulons que le sport sans danger évolue différemment, il faut nous préparer à voir grand et à agir en conséquence. L'objectif doit être le changement systémique. Les retouches et les programmes sans lendemain qui laissent intact le système actuel sont insuffisants. Transformation signifie révision exhaustive, fondée sur des valeurs, des modes de conception, de mise en œuvre et de mesure du sport au Canada, en s'appuyant sur une politique et une participation de l'État qui sont en harmonie et qui la soutiennent.
Nous avons besoin de plus que le rejet du statu quo. Il faut une vision nouvelle pour le sport, une stratégie faite sur mesure, qui s'appuie sur une compréhension fine du système actuel, qui part de la base et parvient à de grandes performances.
En conséquence, je répète notre appel à une enquête nationale ou à un autre mécanisme approprié qui nous aidera à obtenir ce résultat pour tout le système de sports. Nous croyons que cet effort aura des incidences positives majeures sur les multiples problèmes structuraux et qu'il contribuera directement à la création d'un système de sports qui produira le plus de valeur dans la vie de tous les Canadiens.
Comme toujours, Femmes et sport au Canada est déterminé à collaborer avec Sport Canada et le milieu sportif canadien pour aider à concrétiser cette potentialité.
Merci.
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Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Aujourd'hui, je n'entrerai pas dans les détails des histoires de sévices subis par des victimes de 15 disciplines sportives et des milliers d'athlètes qui se sont manifestés et qui ont raconté l'inégalité et les mauvais traitements physiques, sexuels, financiers et émotifs qu'ils ont subis. Ils ont eu droit à peu de recours.
La et le ont déjà reconnu à plusieurs reprises que le sport, au Canada, traverse une crise. Il est temps de réclamer une enquête judiciaire.
Je tiens à me focaliser sur l'écheveau complexe de dysfonctionnements qui ont favorisé les abus et la corruption de même que sur l'absence de transparence et la déresponsabilisation qui les perpétuent. Tous ces maux découlent intrinsèquement du rapport inégal de forces entre les administrateurs d'organisations sportives et les athlètes.
Le modèle sportif global établi par le Comité international olympique pour le monde du sport est reproduit dans presque tous les pays. Il vise à reposer sur un réseau compliqué d'agents et de pratiques sous le couvert de la stratégie convenue de l'autonomie sportive. Par exemple, pas plus tard que la semaine dernière, dans un courriel rendu public, ce comité demandait à tous les comités nationaux olympiques d'exercer des pressions sur leurs gouvernements nationaux respectifs pour qu'ils autorisent la participation de la Russie et de la Biélorussie aux Jeux olympiques de Paris en 2024.
Au Canada, cette année, nous avons eu un aperçu de cet écheveau complexe. Hockey Canada, grâce à des comptes financiers occultes, camouflait les problèmes de sévices, et, plus récemment, des athlètes ont mis en doute la transparence de Canada Soccer et de Canadian Soccer Business.
Ces organisations, reconnues sans but lucratif, se servent de différentes entités pour se financer et distribuer l'argent sans presque aucune surveillance. Combien d'autres sports au Canada disposent d'entités semblables?
L'enquête est nécessaire pour démêler l'écheveau des activités sportives au Canada. Elle doit faire l'analyse détaillée des conflits perçus et réels d'intérêts qui y existent.
Permettez que je vous donne des exemples.
À nous le podium reçoit plus de 2,9 millions de dollars du gouvernement canadien tout en étant financé par le Comité olympique canadien, la Fondation olympique canadienne et le Comité paralympique canadien. Qui surveille À nous le podium? Quelle est la raison d'être de cet organisme? Est‑ce un autre rejeton semblable à ceux de Hockey Canada et de Canadian Soccer Business, déjà évoqués?
J'aimerais examiner le milieu du droit. Au Canada, l'avocat est tenu à un devoir de diligence avant de prendre un client, mais, pour une raison quelconque, le sport l'autorise à se soustraire de cette pratique.
En ce qui concerne les chercheurs, nous devons nous demander comment il se fait que des chercheurs indépendants les trouvent dans des postes de pouvoir à la tête d'organisations sportives canadiennes et exerçant une influence sur les stratèges du sport canadien.
En ce qui concerne les enquêtes, nous devons analyser en profondeur les prétendues « enquêtes indépendantes » qui, non seulement ont des rapports avec le sport, mais qui sont également défrayées pour protéger l'image de marque du sport qui les finance. Qui représente les athlètes?
Dans tous ces scénarios, c'est le renard qui garde le poulailler.
Nous devons comprendre pourquoi de si nombreux employés et administrateurs qui ont essayé de provoquer le changement se retrouvent réduits au silence par des clauses de non‑divulgation. Pourquoi est‑il acceptable que des athlètes canadiens soient astreints au silence quand ils deviennent membres d'une équipe nationale?
Nous devons comprendre les relations qui existent entre les fédérations nationales de sport et les organismes provinciaux de sport. Les fédérations nationales obligent les organismes provinciaux à filtrer pour elles les droits d'inscription, mais elles invoquent commodément le prétexte qu'elles n'exercent aucune surveillance ni responsabilité sur ces organismes. Tout ça fait partie de l'écheveau utile de prétextes permettant d'éviter la reddition de comptes et la surveillance.
Au cours de l'année, des comités parlementaires ont entendu la , Sport Canada et des dirigeants d'organismes sportifs qui, soit défendaient le système actuel, soit acceptaient de donner suite à des recommandations visant à améliorer le système, mais sans obligation de mise en œuvre. Ils ont tous admis que le système, détraqué, a besoin d'amélioration.
Nous avons entendu directement votre comité dire que Sport Canada n'est pas apte à s'acquitter de la tâche. Il a amplement prouvé qu'il ne possédait ni les outils ni les dispositifs pour exiger une reddition de comptes. Le blocage du financement et les démissions sont tous du rafistolage qui ne va pas au fond du problème.
Le Bureau du commissaire à l'intégrité a été créé par les acteurs mêmes qui ont fait partie du problème. Cessons de nous fier aux témoignages anecdotiques de personnes incrustées dans le système et qui sont en conflits inhérents d'intérêts.
S'il vous plaît, ne me croyez pas sur parole. Ce serait également anecdotique. Une enquête judiciaire est la seule façon de vraiment comprendre le système sportif canadien.
Le gouvernement actuel a une occasion…
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Je veux remercier tous les témoins de s'être joints à nous.
Je veux d'abord poser rapidement une question à Mme Fraser.
Merci beaucoup d'avoir raconté l'histoire de votre famille. Il est tragique de constater l'ampleur des préjudices qui peuvent être causés à un jeune enfant et qu'il peut porter toute sa vie. Je pense que vous avez parlé de préjudices à long terme qui mettent la vie en danger. Je veux juste dire que c'est tout à fait inacceptable. Merci d'être ici pour défendre tous les enfants au pays.
J'ai toujours remarqué que dans le système d'éducation et les systèmes sportifs privés, nationaux et provinciaux, il y a des systèmes dans des systèmes. Avez-vous des conseils sur la façon dont nous pourrions mieux les coordonner? Dans certains cas, cela relève des commissions scolaires, alors que dans d'autres, cela relève de la province ou du pays.
Avez-vous des conseils sur la façon d'avoir un mécanisme de reddition de comptes dans un seul système, ou au moins sur la façon de le coordonner pour avoir des pratiques et des stratégies exemplaires? Avez-vous quelque chose à nous conseiller?
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Vous venez tout juste de le décrire vous-même parfaitement.
Nous avons besoin d'un organisme parlementaire qui, comme beaucoup de personnes l'ont dit, ne peut pas être influencé. Il doit être à l'abri de toute influence exercée par le monde politique, les écoles, le milieu de l'éducation ou le milieu du sport. Il doit se concentrer uniquement sur les mauvais traitements.
Cela commence à la maternelle en disant aux enfants, à leurs parents et à tous les autres de s'adresser à cet organisme en cas de mauvais traitements. L'organisme interviendrait sans conflit d'intérêts. C'est ce qui est envisagé comme modèle.
Ce n'est pas moi qui ai eu cette brillante idée. Je vais en parler dans les 10 pages que je vais remettre. Des travaux de recherche montrent que c'est la solution parfaite pour apporter des changements importants.
Je crois également, comme j'ai essayé de le dire dans mon exposé, que nous sommes maintenant dans une situation terrible où nous demandons très strictement des comptes aux enfants et aux jeunes compte tenu de nos lois, mais nos lois ne s'appliquent pas aux gens en position d'autorité par rapport aux enfants. C'est un grave problème. Je pense que nous devons changer cette dynamique.
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Je suis d'accord avec vous. Nous avons grandement intérêt à changer les choses.
Merci beaucoup.
Je veux passer à Mme Sandmeyer-Graves.
J'ai été ministre des Sports en Ontario. En 2016, le gouvernement de la province a élaboré une stratégie pour les sports. J'ai été stupéfait par certains chiffres obtenus ainsi. En fait, j'ai reconsulté le document publié il y a six ou sept ans. J'ai été étonné de voir qu'au niveau cinq du Programme national de certification des entraîneurs, les hommes représentaient 89 % des entraîneurs en Ontario et les femmes, 11 %. Je me souviens que quelqu'un nous a donné la proportion d'entraîneuses pour les athlètes féminines aux Jeux olympiques d'hiver. Les chiffres étaient similaires. Il y avait quelque chose comme 10 % d'entraîneuses et 90 % d'entraîneurs, même pour les athlètes féminines.
Je ne pense pas que quelqu'un remettrait en question le fait qu'en augmentant le nombre d'entraîneuses dans le système, nous donnerions plus de pouvoirs et plus de modèles à suivre aux femmes, ce qui renforcerait le système dans son ensemble.
Avez-vous des conseils à donner au Comité à propos de ce que le gouvernement fédéral devrait faire pour encourager les jeunes femmes à rester plus longtemps dans le milieu du sport? Je sais que le taux de rétention est beaucoup plus élevé chez les hommes. De plus, avez-vous des conseils pour nous quant à la manière de renforcer encore plus le leadership au moyen de modèles féminins et d'entraîneuses dans le système?
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je remercie tous les témoins de leur présence et de leurs témoignages en faveur d'une enquête publique indépendante dans l'ensemble des sports.
Madame Fraser, je vous remercie de votre témoignage touchant. Je suis content que cette étude que nous faisons présentement nous donne la possibilité d'entendre ce genre de témoignage.
Vous avez contribué à un balado, récemment, dans lequel vous avez sonné l'alarme, en quelque sorte, en ce qui concerne la justice réparatrice.
Selon vos recherches et vos connaissances sur la maltraitance des enfants, ceux-ci ne recouvrent presque jamais une vie normale, car ils sont marqués à vie.
Que répondez-vous à des chercheurs comme Mme Kerr, M. Donnelly et M. Kidd, qui sont venus proposer cette approche au Comité permanent de la condition féminine, récemment?
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Puis‑je répondre en anglais?
Je pense que la justice réparatrice est dangereuse, car j'en ai vu le processus dans les deux écoles.
La première école a essayé d'utiliser la justice réparatrice pour... Des athlètes n'ont eu d'autre choix que de dire publiquement qu'ils ont menti au moment de signaler les mauvais traitements. Ils étaient maintenant censés recourir à la justice réparatrice pour blanchir leur nom, je suppose, ou se faire pardonner par les entraîneurs qui leur ont infligé de mauvais traitements. C'était psychotique, essentiellement. Des parents ont refusé de façon cinglante que leurs enfants subissent une autre forme de manipulation.
Dans la deuxième école où je me trouvais, comme je l'ai dit très rapidement dans ma déclaration, on a proposé une justice réparatrice pour tenter d'éviter que le directeur se fasse accuser d'agressions sexuelles. On a ensuite décidé que la fille avait des troubles mentaux graves au point de ne pas pouvoir gérer la situation. Ce sont là les répercussions sur son cerveau. Elle ne pouvait essentiellement pas dire si elle était la victime ou l'auteur du crime. C'est d'ailleurs ce qui a été tenté auprès d'autres élèves après coup.
Le concept de justice réparatrice a été mis au point par Katy Hutchison. Son mari a été battu à mort par des jeunes en état d'ébriété à une fête. Ils ne savaient même pas de qui il s'agissait. Ils se sont retrouvés en prison. Elle a décidé que l'adolescent, un jeune dans la vingtaine, devait être sauvé et qu'il ne devait pas passer le reste de sa vie en prison avec un casier judiciaire. Elle a cherché à rétablir la justice entre eux. C'était un acte aléatoire commis en état d'ébriété.
C'est différent lorsqu'il s'agit d'un adulte dans une position de confiance et de pouvoir qui maltraite des enfants. On ne peut pas comparer les deux scénarios. La justice réparatrice n'a pas sa place dans le milieu du sport. C'est manipulateur et destructif.
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C'est peut-être le cas, madame la présidente, mais j'espère pouvoir retourner enfin chez moi après trois semaines et plusieurs tentatives infructueuses pour me rendre à Vancouver. Mon vol part...
La présidente:[Inaudible]
M. Peter Jilian: Oui. Je préférerais que nous ne prolongions pas la réunion, si possible.
J'aimerais remercier nos témoins. Merci pour vos témoignages très convaincants.
J'ai le temps pour deux questions très brèves et je vais ensuite présenter une motion. Je vais la présenter pendant la période réservée aux questions puisque nous n'avons plus de temps.
Madame Fraser, ma première question brève est pour vous. Que recommanderiez-vous au gouvernement fédéral de faire maintenant? Nous parlons d'une enquête judiciaire, ce qui est très important, mais quelles mesures le gouvernement fédéral pourrait‑il prendre tout de suite?
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En ce moment, il faut déterminer pourquoi personne n'est accusé de négligence alors qu'on enfreint manifestement le droit pénal canadien. Je ne comprends pas pourquoi c'est ainsi. C'est la priorité. Il faut examiner cela très attentivement.
Pourquoi ces personnes dont nous entendons tous parler chaque jour dans les médias... Nous en avons beaucoup entendu parler. C'est la même chose pour le prêtre dans une église: il est excommunié. Vraiment? Pourquoi ne se retrouve‑t‑il pas en prison? La situation est la même ici. Ces personnes sont coupables de négligence. Elles ne protègent pas les enfants. Pourquoi ne sont-elles pas tenues criminellement responsables?
J'aimerais que cela se fasse de plus en plus et qu'il y ait beaucoup moins de jeunes qui se comportent de manière aussi choquante, déplorable, violente et révoltante. C'est à cause des adultes. Il n'est pas naturel de devenir aussi violent à moins d'évoluer dans un environnement masculin toxique. Ce n'est pas naturel. Pourquoi blâmons-nous sans cesse les enfants en aval et pas les adultes? C'est la première mesure à prendre.
Deuxièmement, je sais qu'une enquête judiciaire demande du temps, mais rien ne nous empêche de commencer maintenant en créant un organisme — indépendant du milieu du sport, des écoles, de l'Église et ainsi de suite — qui reçoit les plaintes et y donne suite et qui est composé d'experts en matière de maltraitance des enfants. C'est tout ce qu'il nous faut.