:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 140e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
[Traduction]
Avant de commencer, je vous rappelle quelques consignes, même si la plupart d'entre vous les connaissent déjà, par exemple où placer votre appareil afin d'éviter de causer des chocs acoustiques aux interprètes. N'oubliez pas de lire cette petite carte. Vous avez cet autocollant sur lequel placer votre équipement.
La réunion se déroule en mode hybride. Je pense que vous connaissez les règles. Vous devez vous adresser à la présidence et poser vos questions par son intermédiaire. Ne parlez que si je vous donne la parole. Ne prenez pas de photos de votre écran Zoom et ainsi de suite. La plupart d'entre vous connaissent maintenant la chanson.
J'imagine que Mme Tait aussi la connaît.
Nous allons commencer.
À 30 secondes de la fin de votre intervention, je vous ferai un signe du pouce ou un signal quelconque pour vous en informer.
Je souhaite la bienvenue à Catherine Tait, de CBC/Radio-Canada.
Madame Tait, soyez la bienvenue. Comme vous le savez, vous disposez de cinq minutes.
:
Merci, madame la présidente, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
C'est la cinquième fois que je me présente devant vous en 12 mois. À chacune de mes comparutions, je vous ai demandé avec insistance de prendre en compte la fragilité du secteur médiatique canadien et l'importance d'un diffuseur public fort, capable de s'assurer que les Canadiens et Canadiennes continuent d'avoir accès à des nouvelles et des contenus d'information fiables et crédibles, produits par des journalistes canadiens, afin qu'ils puissent continuer de découvrir tout le talent et de nos artistes et l'excellence de nos athlètes amateurs et célébrer leurs réussites, et qu'ils puissent maintenir le contact et échanger entre eux, où qu'ils vivent.
Pourtant, certaines personnes sont convaincues que nous n'avons plus besoin d'un diffuseur public et que les options de rechange se comptent aujourd'hui par milliers, mais ces options sont‑elles exploitées par des Canadiens, pour les Canadiens? Est‑ce qu'elles offrent un journalisme indépendant qui répond à des normes de qualité clairement définies? Est‑ce qu'elles investissent dans la programmation canadienne? Est‑ce qu'elles veillent à faire découvrir les artistes de notre scène musicale et littéraire, en français, en anglais et dans huit langues autochtones?
[Français]
Il y a 90 ans, un gouvernement conservateur a fait un choix, celui d'investir des fonds publics dans la création d'un diffuseur public canadien afin de protéger la culture canadienne. À l'époque, la menace venait des stations de radio américaines qui diffusaient leurs ondes au nord de la frontière.
Aujourd'hui, la menace est bien plus grande. Les entreprises étrangères inondent notre marché et elles empochent 94 % des revenus tirés des services numériques au Canada. C'est la survie même de l'industrie médiatique canadienne qui est en péril, de même que l'accès de la population à l'information dont elle a besoin.
[Traduction]
D'autres pays continuent d'investir dans leurs médias publics. Et ils investissent beaucoup plus que nous, en moyenne 78 $ par habitant, soit plus du double du montant investi au Canada.
À l'heure actuelle, CBC/Radio-Canada coûte aux Canadiens 32 $ par année, soit moins de 3 $ par mois. En fait, c'est plutôt le moment d'augmenter notre investissement dans la radiodiffusion publique, pas de le réduire.
Nous vous avons remis de la documentation sur quelques‑unes des façons dont CBC/Radio-Canada sert la population canadienne.
Voici ce qui est en jeu: les contenus de nouvelles et d'information auxquels la majorité des Canadiens font confiance, l'avenir du plus grand investisseur dans la création d'émissions canadiennes originales, les émissions de radio et les balados les plus populaires et l'accès à un service numérique gratuit qui accueille chaque mois 21 millions de Canadiens pour s'informer sur l'actualité.
[Français]
CBC/Radio‑Canada, c'est tout cela. Financée par l'ensemble de la population canadienne, elle sert tous les Canadiens et les Canadiennes, où qu'ils vivent et quelle que soit leur langue. Au moment où d'autres médias canadiens font des compressions budgétaires et où les auteurs, les créateurs, les musiciens et les athlètes canadiens ont de moins en moins d'occasions de se faire remarquer et de bâtir leur carrière, comment peut-on penser que le fait de sabrer le financement en radiodiffusion publique pourrait améliorer les choses pour qui que ce soit?
[Traduction]
Voici ce que Ken Whyte, un auteur conservateur et le tout premier éditeur en chef du National Post, a dit récemment à propos de l'idée de définancer CBC:
Cette mesure pourrait faire du bien à certains conservateurs, mais ne fera rien de bon pour la culture du pays, notre compréhension du Canada, la capacité de nos différentes régions de communiquer entre elles, de se comprendre et même de se disputer. Elle ne va qu'empirer les choses.
Je conseille vivement aux membres du Comité d'aller à la rencontre des Canadiens et des Canadiennes. Parlez à des gens de Trois‑Rivières, de Saint‑Boniface, de Prince Rupert, de Rankin Inlet, qui comptent sur CBC/Radio-Canada pour s'informer. Parlez à des auteurs canadiens qui connaissent de grands succès de librairie après que leur livre a été présenté dans le cadre des émissions Le combat national des livres ou Canada Reads. Parlez à ceux et celles qui comptent sur nous dans des situations difficiles, que ce soit une pandémie, des feux de forêt ou des inondations, parce que nous leur fournissons l'information nécessaire pour protéger leur famille.
J'ai eu le privilège de discuter avec des gens de partout au pays ces six dernières années. Je sais qu'une majorité de Canadiens aiment leur diffuseur public. D'autres ne l'aiment pas, et je les ai rencontrés aussi. Nous écoutons leurs suggestions sur ce que nous pourrions mieux faire, par exemple, déployer des journalistes dans des communautés délaissées par les médias, lancer des balados locaux, donner aux Canadiens de nouvelles façons de nous dire ce qui est important pour eux.
Si j'ai appris une chose durant mon mandat, c'est que CBC/Radio-Canada est un service indispensable, qui unit les gens de partout au pays. Perdre notre diffuseur public, ça ne fera pas du Canada un meilleur pays.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Écoutez, je pense que Mme Tait a clairement demandé plus d'argent dans sa déclaration préliminaire. Si la dirigeante de l'organisation refuse de prendre cet engagement, de dire qu'elle n'acceptera pas une prime qui pourrait s'élever à des centaines de milliers de dollars de fonds publics, au moment où des gens sont mis à pied, les conservateurs ne croient pas que... La dernière fois que CBC/Radio-Canada a demandé plus d'argent, cet argent a servi à payer des primes.
Madame Tait, par respect pour la société que vous avez dirigée au cours des dernières années, êtes‑vous prête à dire, aujourd'hui, que vous allez refuser, si elle vous est offerte, une prime financée par les contribuables?
:
Madame la présidente, puis‑je répondre aux accusations mensongères du député?
Toutes les entreprises médiatiques du pays suppriment des emplois. Notre industrie est en crise. Dans notre cas, nous avions prévu la suppression de 800 emplois. Nous avons travaillé fort pour nous assurer qu'il s'agissait, dans la plupart des cas, de postes vacants. Au bout du compte, nous avons donc supprimé 205 postes.
Je pense que nous ne parlons pas des bonnes choses ici. Les revenus générés par nos services numériques ont triplé depuis mon arrivée à CBC/Radio-Canada. En fait, les cotes d'écoute sont en hausse sur les plateformes numériques parce qu'avec tout le respect que je dois au député, le nombre de téléspectateurs en général est en baisse.
Si je peux me permettre, nous devons nous appuyer sur les faits. J'ai fourni à tous les membres du Comité cet excellent document préparé par mon personnel sur les faits concernant CBC/Radio-Canada. Je vous encourage vivement à prendre le temps de le lire pour en savoir plus sur le comportement des téléspectateurs canadiens. Ils sont en ligne. Les Canadiens regardent les émissions de CBC/Radio‑Canada sur YouTube et sur des téléviseurs connectés.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci également à Mme Tait de se joindre à nous aujourd'hui.
Comme elle l'a mentionné tout à l'heure, c'est la cinquième fois qu'elle vient témoigner ici. Il est évident que, chaque fois qu'elle comparaît, les conservateurs essaient de parler du plan qu'ils ont présenté aux Canadiens pour se débarrasser de la CBC.
Nous savons que le diffuseur public joue un rôle important au Canada français, dans les régions rurales et partout au pays. Il est aussi un élément important du patrimoine de notre pays et il en fait la promotion.
Il y a beaucoup de fausses idées qui circulent au sujet de CBC/Radio‑Canada. Ce sont des mensonges propagés par les conservateurs qui cherchent à créer l'illusion que l'auditoire de la société d'État est en chute libre. En fait, je vous ai déjà posé cette question deux fois. En réalité, les cotes d'écoute sont en hausse, si nous tenons compte de la façon dont les gens consomment le contenu médiatique aujourd'hui.
La question que nous devons nous poser, je suppose, c'est où en sommes‑nous aujourd'hui. Est‑ce que la transition vers les plateformes numériques a permis à la CBC/Radio-Canada d'accroître son auditoire?
J'espère que les conservateurs écoutent bien cette réponse, parce que pour une raison quelconque... Je ne sais pas pourquoi ni où il y a blocage — je ne parle pas du Bloc —, mais du blocage face à l'information qui leur est présentée. Pour une raison quelconque, ils reviennent toujours aux cotes d'écoute. Nous savons que l'audience est en hausse et nous savons aussi que CBC/Radio‑Canada réussit très bien à rejoindre les Canadiens.
C'est intéressant. Les conservateurs acceptent aisément que beaucoup de nos médias au Canada aient été achetés par des entreprises américaines. À l'instar de nombreux pays du G20, nous avons chez nous un diffuseur public qui appartient aux Canadiens et qui promeut le contenu canadien.
Comme je l'ai dit à la première réunion à laquelle vous avez assisté, j'ai grandi en regardant CBC/Radio-Canada. Bon nombre des personnages qui ont peuplé mon enfance venaient de CBC et de TVOntario, dont je suis aussi un fervent partisan. C'est notre patrimoine dans ce pays. Les émissions de télévision des années 1970 et 1980 n'auraient jamais pu être diffusées sur des réseaux américains si elles n'avaient pas été financées par les contribuables canadiens.
Je ne comprends pas pourquoi les conservateurs sont si hostiles à CBC, l'un des derniers véritables réseaux nationaux canadiens à travailler directement avec les Canadiens, à être financés par les contribuables et à être de propriété publique. Je n'arrive tout simplement pas à comprendre pourquoi ils s'y opposent à ce point. Pourtant, quand on regarde la tendance qui se dessine au Canada et les médias dans leur ensemble, ils semblent d'accord, pour une raison ou une autre, avec le fait que des entreprises américaines acquièrent des entreprises et des médias canadiens. C'est très difficile à comprendre.
L'une des faussetés qu'ils véhiculent, c'est qu'ils peuvent garder Radio‑Canada et se débarrasser de la CBC.
Je vais donc vous poser la question suivante. S'agit‑il de deux entités autonomes ou sont‑elles interreliées à différents niveaux? Pouvez‑vous dissocier ces deux entités de la radiodiffusion en espérant qu'elles survivront ou qu'au moins, l'une d'elles survivra?
:
Je vous remercie de la question.
Comme je l'ai déjà expliqué, CBC/Radio-Canada ne reçoit qu'un seul crédit parlementaire. Les fonds sont ensuite répartis ainsi: 56 % vont aux services anglais de la CBC et 44 % aux services français de Radio-Canada. La distinction s'arrête là, parce que leurs services sont connectés et interdépendants, en ce sens que les deux entités se partagent les stations locales, l'équipement et la technologie.
Prenons l'exemple des Jeux olympiques, car j'ai oublié d'en parler tout à l'heure. Les Jeux olympiques ont été diffusés dans un esprit de collaboration absolue entre la CBC et Radio‑Canada. En fait, le diffuseur public assume environ 80 % des coûts, parce qu'il génère environ 80 % des revenus associés aux Jeux olympiques. Donc, sans la CBC, Radio-Canada ne serait pas en mesure de présenter les Jeux olympiques aux Canadiens.
Nous collaborons dans le cadre de nombreux programmes. Je vous donne l'exemple de l'une de nos stations régionales à Edmonton, où un journaliste de la CBC peut aller faire un reportage avec un caméraman de Radio-Canada. En fait, ces deux professionnels pourraient présenter des contenus ensemble dans leur langue respective.
Soyons clairs, ce ne sont pas deux entreprises distinctes. Elles forment un tout. Elles jouissent évidemment d'une très grande indépendance éditoriale, mais elles ont une infrastructure commune.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Tait, je vous remercie d'être de retour parmi nous. Je vais commencer à croire que vous y prenez goût et que vous allez vous ennuyer de nous après votre départ.
Comme plus de 80 % des Canadiens, je souhaite préserver notre diffuseur public. Il est essentiel, particulièrement dans le climat actuel, d'avoir une entreprise qui présente les nouvelles avec rigueur, même si certains contestent cet état de fait. Il faut sauver l'information à tout prix, et CBC/Radio‑Canada fait partie des outils dont on doit profiter pour le faire.
Cela dit, il existe quand même des frustrations tout à fait légitimes chez les utilisateurs — depuis l'arrivée des plateformes en ligne, on peut effectivement parler d'utilisateurs —, les téléspectateurs et les auditeurs. Par exemple, la fin de semaine dernière, je voulais regarder la finale de la Coupe Vanier. Je félicite d'ailleurs le Rouge et Or, qui a remporté une brillante victoire. Lorsqu'on ouvre l'application, on nous demande de nous connecter à notre compte et, pendant la diffusion du match, il y a des périodes de publicité. Ces choses deviennent frustrantes, à un moment donné. Les gens se demandent pourquoi ils doivent se créer un compte, même si c'est gratuit, pour accéder au contenu qu'ils paient avec leurs taxes et impôts. Vous connaissez la chanson.
Si on souhaite maintenir un diffuseur public en santé — c'est le cas de 80 % des Canadiens — et si on veut qu'il prospère dans l'environnement changeant dans lequel se trouve le monde des médias et de l'information, la solution serait peut-être de se libérer des frustrations qui reviennent assez souvent. Je sais que c'est très contesté par mes collègues conservateurs, mais, comme vous l'avez dit vous-même, injecter plus d'argent dans le diffuseur public permettrait de réduire le besoin de recourir à la publicité et aux abonnements. Cela contribuerait beaucoup à éliminer certaines des frustrations qui sont utilisées comme argument par ceux qui souhaitent mettre fin au financement de CBC/Radio‑Canada.
Avez-vous une estimation de ce que cela coûterait de plus, par Canadien, pour se libérer de la publicité dans les émissions d'information, dans un premier temps? On s'entendra pour dire que, si on enlevait tout d'un coup sec et qu'on augmentait substantiellement le financement public, cela pourrait donner un grand coup et cela ne s'absorberait pas si facilement que cela, du point de vue de la perception, du moins.
Qu'en pensez-vous? Avez-vous une idée du montant qu'on devrait s'attendre à débourser, en tant que Québécois et Canadiens, pour éliminer les frustrations qui reviennent le plus souvent en ce qui a trait au diffuseur public?
:
Vous parlez donc des abonnements et de la publicité.
Aujourd'hui, un montant d'environ 400 millions de dollars du budget de CBC/Radio‑Canada est lié aux revenus commerciaux. Cela veut dire qu'il faudrait alors remplacer ces 400 millions de dollars.
De plus, dans le cas de la publicité dans les services télévisuels, par exemple, il faudrait alors combler quelques minutes par de la programmation.
Je pense que mon prédécesseur, il y a presque sept ans, a précisé que le montant était à peu près entre 400 millions et 500 millions de dollars pour éviter ce genre de paiement.
:
Si on augmentait cette contribution à 45 $ par personne, les gens ne vivraient plus ces frustrations. Les gens qui adhèreraient à ce discours seraient peut-être moins nombreux, finalement, parce que les frustrations liées à l'offre du diffuseur public seraient un peu moins importantes.
Vous avez mentionné tout à l'heure qu'il est impossible de retirer le financement de la CBC sans que cela ait des effets majeurs sur les services en français de la SRC. J'aimerais avoir un peu plus de détails là-dessus. On peut penser, par exemple, aux styles de production qui rapporteraient de l'argent plus régulièrement. Vous avez parlé des Olympiques tantôt, mais cet événement a lieu une fois aux deux ans, Jeux d'hiver et Jeux d'été confondus.
Concrètement, dans la vie de tous les jours, comme véhicule de la culture québécoise et francophone, quelles seraient les conséquences sur la production d'émissions de variétés, et ainsi de suite, si on en venait à mettre fin au financement de la CBC?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je souhaite la bienvenue à Mme Tait à ce qui sera, j'imagine, sa dernière comparution au Comité à ce titre.
Madame Tait, vos fréquentes comparutions à notre comité démontrent à quel point les Canadiens tiennent à CBC/Radio-Canada. Il est impossible de représenter une collectivité rurale, nordique ou autochtone, ou de vivre dans une région francophone du Canada, si nous ne comprenons pas le rôle important que joue notre diffuseur public.
Pour bon nombre d'entre nous, CBC/Radio‑Canada a toujours été le seul diffuseur à relayer nos nouvelles locales, mais sa dépendance à l'égard des grandes villes pour vendre des nouvelles portant sur de petites collectivités est un problème. L'obsession de son conseil d'administration à verser des primes exorbitantes à ses cadres supérieurs, tout en supprimant des emplois, pose également problème.
CBC/Radio-Canada est notre diffuseur public. Il n'est pas là pour imiter les diffuseurs privés, qui accordent la priorité aux primes et aux profits et non aux emplois de leur personnel et à la diffusion de nouvelles locales. Les Canadiens méritent mieux de la part de CBC/Radio-Canada.
Au NPD, nous n'appuyons pas les attaques frontales des conservateurs contre le diffuseur public. Celui‑ci joue un rôle essentiel pour le Canada, pour notre démocratie et pour toutes nos collectivités, mais il doit faire mieux. Il est temps d'interdire à CBC/Radio-Canada de verser des primes. Il est temps d'investir dans les services locaux et régionaux, notamment dans les régions comme la mienne, où la société d'État n'a pas de présence permanente, sa station étant fermée depuis des années.
En terminant, madame Tait, j'espère que votre successeure prendra bonne note de ces commentaires pour guider le travail qui l'attend. Les enjeux liés à la possibilité de perdre notre diffuseur public sont trop importants.
En ce qui concerne les médias locaux, nous avons entendu dire ici, dans le Nord du Manitoba, que la CBC a finalement trouvé le candidat qui pourrait être nommé à un poste qui est vacant dans notre région depuis un certain temps déjà. C'est une très bonne nouvelle, sauf que nous savons que la dernière fois que cette promesse nous a été faite, le contrat n'a duré que deux mois. Je me pose des questions au sujet de la personne qui occupera cette fonction au début de l'année prochaine. Son mandat sera‑t‑il de plus de deux mois? Combien de temps peut‑on espérer que son mandat durera? Nous espérons évidemment, nous qui habitons dans le Nord et au Manitoba en général, qu'il s'agira d'un engagement à long terme de la part de la société d'État.
:
Cette nouvelle personne est la bienvenue, et nous espérons que celle qui vous succédera et CBC/Radio-Canada veilleront à ce que les régions comme la nôtre reçoivent le soutien nécessaire pour que leurs employés prospèrent et restent en poste durablement, car cela devrait faire partie du mandat de la société d'État.
Passons à autre chose. Vous avez dit clairement qu'à cause de la menace libérale de coupes générales de 3 %, vous avez dû mettre à pied des travailleurs. Les libéraux peuvent continuer à dire tout ce qu'ils veulent de la menace que les conservateurs représentent pour le diffuseur public — et ils n'ont pas tort —, mais le fait demeure que, à cause des mesures du gouvernement libéral, des centaines de Canadiens ne savent pas d'où viendra leur prochain chèque de paie. Entretemps, les cadres supérieurs ont reçu des primes presque deux fois plus élevées que les travailleurs les moins bien payés de CBC/Radio-Canada.
Si vous pouviez changer quoi que ce soit à ce qui s'est passé pendant votre mandat, renonceriez-vous à ces primes pour sauver les postes des employés?
:
Merci, madame la présidente.
Merci, madame Tait, d'être de nouveau parmi nous.
Je dirai d'emblée qu'à mon avis, certaines choses sont claires.
Premièrement, si CBC/Radio-Canada, qui est financée par l'État, est tenue de respecter une norme donnée, cette même norme devrait s'appliquer à des organisations du secteur privé comme Bell Média, CTV et Postmedia, qui ont reçu des millions de dollars en subventions des Canadiens.
Je n'ai pas l'impression que les conservateurs soient aussi révulsés lorsqu'il s'agit du secteur privé, qui continue de pomper de l'argent et dont les dirigeants touchent des millions de dollars, mais continuent allègrement de mettre à pied des employés tout en acceptant l'argent des contribuables.
Il n'est pas très honnête de prétendre qu'on va s'attaquer au radiodiffuseur public. C'est le seul qui rassemble les Canadiens et qui fait entendre la voix des collectivités rurales, autochtones et francophones d'un océan à l'autre et dont les employés, oui, sont payés sensiblement moins qu'ils ne le seraient dans le secteur privé.
Je suppose, madame Tait, que dans le secteur privé, vous gagneriez beaucoup plus d'argent qu'à CBC/Radio-Canada. Je connais de nombreux journalistes et d'autres employés de la direction et d'autres secteurs de la société qui gagnent beaucoup moins que ce qu'ils pourraient obtenir dans le secteur privé. Ils le font par amour pour leur pays et pour servir la mission de CBC/Radio-Canada.
Il me semble clair que le mouvement qui réclame l'abolition du financement de CBC/Radio-Canada est en grande partie attribuable à l'exploitation du sentiment de rage, par les conservateurs, et à leur posture idéologique. Pour quelque raison, ils veulent continuer à semer la division entre les Canadiens plutôt que d'avoir un radiodiffuseur public unifié qui offre un contenu de grande qualité aux Canadiens.
La question que je vous pose, madame Tait, est la suivante:
[Français]
À votre avis, pourquoi les conservateurs détestent-ils l'idée d'avoir un radiodiffuseur indépendant qui travaille pour les Canadiens, les Québécois, les gens de partout au pays?
:
Comme vous le savez, je ne commente pas les questions politiques.
Tout ce que je peux dire, c'est que le retrait du financement de CBC/Radio-Canada reviendrait à priver 80 % de la population des informations locales. Il priverait de leur gagne-pain des milliers de producteurs, de créateurs, de musiciens et d'auteurs indépendants.
On peut critiquer le fait qu'au cours de la dernière année, CBC/Radio-Canada a dû mettre à pied 141 personnes. Ce fut très difficile. N'oublions pas que le retrait du financement de CBC entraînerait au minimum 3 500 mises à pied dans cette société. Sans compter les milliers de musiciens, d'artistes, d'interprètes, de producteurs et de techniciens du son, etc., qui dépendent de la société.
En privant CBC/Radio-Canada de son financement, on priverait les communautés de langue française en situation minoritaire de leur bouée de sauvetage et on les priverait du fait français, on priverait les communautés autochtones et autres du Nord du droit d'entendre leurs informations dans leur langue et d'entretenir un lien avec le Sud. Cela priverait le Sud de la possibilité d'en apprendre davantage sur le Nord.
À mon avis, c'est tout à fait injustifié. Si vous me demandez une raison, je dirai qu'il n'y a aucune raison logique d'éliminer CBC/Radio-Canada. En fait, je me pose une seule question: « Pourquoi? » Cette entité, cette société d'État, a été créée par le Parlement. Pourquoi les parlementaires voudraient-ils détruire cette société d'État qui existe depuis 90 ans? S'ils ont un problème avec la façon dont nous nous acquittons de notre mandat, réglons le problème.
Nous discutons avec les Canadiens tous les jours. C'est pourquoi nous avons lancé une émission comme Cost of Living à Calgary. C'est parce que nous savions que nous avions besoin de plus d'émissions locales dans les régions. C'est pourquoi nous avons lancé des balados locaux partout au Canada et des canaux EXPRES locaux partout dans notre pays. C'est pourquoi nous embauchons plus de journalistes dans l'Ouest.
Nous ne voyons pas le retrait du financement de CBC/Radio-Canada comme une solution. Selon nous, cela ne ferait qu'empirer la situation au Canada.
Dans la même veine, nous avons entendu une autre fausseté de la part des conservateurs. Ils prétendent que CBC/Radio-Canada a perdu la confiance des Canadiens. Il n'en est rien.
Toutes les données montrent que la majorité des Canadiens, dont la moitié des électeurs conservateurs, croient toujours que CBC/Radio-Canada est une voix digne de confiance. Je ne sais pas trop à quelle moitié ils s'adressent, mais il me semble que si les données montrent qu'au moins la moitié des conservateurs et beaucoup d'autres Canadiens croient que CBC/Radio-Canada est un atout, leurs données et leurs recherches ne sont peut-être pas aussi solides qu'ils le croient.
Je reviens brièvement sur cette idée fantaisiste des conservateurs voulant qu'ils puissent appuyer la programmation en français au Québec seulement. On sait qu'ils ne se soucient pas des droits des francophones hors Québec. C'est probablement un peu trop dans la mouvance woke que de penser aux communautés autochtones et à l'idée de raconter les récits du Canada.
Comment cela se passerait‑il au Québec? Les conservateurs perpétuent le mythe selon lequel on pourrait faire fonctionner Radio-Canada avec succès sans l'infrastructure de CBC.
À quel point est‑ce ridicule?
Pouvez-vous nous dire ce qui se passerait si vous priviez CBC de tous ses fonds pour vous concentrer entièrement sur Radio-Canada? Vous avez donné l'exemple des Jeux olympiques.
Quel effet cela aurait‑il sur la qualité de Radio-Canada et sa capacité de livrer ce qu'elle essaie d'offrir?
:
Je dirais que les Jeux olympiques ne sont qu'un exemple. Il y en a bien d'autres.
Comme je l'ai dit, la technologie est l'épine dorsale de l'organisation. Nous sommes maintenant une entreprise numérique. La technologie du protocole Internet sur laquelle tous nos services sont hébergés est partagée et payée par les deux services. Si vous éliminez l'un, l'autre sera du fait même affaibli.
Voici un autre exemple. Lorsque je me suis jointe à CBC/Radio-Canada, Gem faisait ses premiers pas. Nous avons lancé Gem, et Tou.TV était installé sur sa propre plateforme. Nous avions deux plateformes distinctes. Nous avons harmonisé les deux, parce qu'il était logique, avec les deniers publics, de se concentrer sur une seule plateforme. CBC Gem et Tou.TV partagent la même plateforme.
Si on supprime le financement de CBC Gem qui contribue à cette plateforme, il n'y aura plus que la moitié d'une plateforme. Réfléchissons‑y. Comme je l'ai dit à M. Champoux, nous affaiblissons Radio-Canada dans tous les domaines où la technologie est en cause.
Madame Tait, nous avons un problème. Vous avez vous-même reconnu l'élan qui soutient le mouvement en faveur de la suppression du financement de la société d'État. Nous avons tous admis que c'est au cœur de l'attaque idéologique des conservateurs, mais les Canadiens ont certainement été contrariés de voir que CBC/Radio-Canada accordait des primes de 18 millions de dollars au moment même où ils sont nombreux à éprouver des difficultés. Un certain nombre d'employés du radiodiffuseur public ont été mis à pied. La société d'État n'investit plus autant qu'autrefois dans les services locaux.
Pour revenir au message que vous adressez à celle qui vous succédera, si vous pouviez changer quoi que ce soit à ce que vous avez fait à la présidence de CBC/Radio-Canada, renonceriez-vous aux primes pour sauver le poste des employés mis à pied?
:
Madame Tait, votre réponse fait partie du problème. CBC/Radio-Canada appartient aux Canadiens. Il ne fait aucun doute qu'il y a certaines obligations légales, mais il faut aussi souligner que nous vivons une période exceptionnelle. La survie même de la société d'État est menacée. Les Canadiens veulent un radiodiffuseur public qui leur rend des comptes au lieu de verser des primes aux dirigeants tandis qu'il supprime des emplois et refuse d'investir dans la radiodiffusion locale et régionale. J'espère que celle qui vous succédera réussira mieux à éviter que CBC/Radio-Canada ne soit déphasée à cet égard.
Nous avons demandé, et le NPD a demandé, d'interdire les primes à la direction, de veiller à ce que les employés soient maintenus en poste afin que la radiodiffusion locale et régionale puisse être offerte comme les Canadiens le méritent. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'une société d'État qui soit déphasée par rapport aux Canadiens.
[Français]
Je veux aussi vous questionner sur l'importance de la Société Radio‑Canada.
Quand le chef de l'opposition parle aux médias, en anglais, il évoque souvent son objectif consistant à mettre fin au financement de la CBC, mais il ne mentionne jamais la SRC. Il parle toujours uniquement de la CBC.
Son plan est pourtant clair: il veut mettre fin au financement des deux. Ses députés québécois et québécoises ne parlent jamais comme ses autres députés. C'est précisément la façon dont s'expriment « les deux solitudes » pour les membres du Parti conservateur. Ils disent une chose en français et une autre en anglais.
Pouvez-vous nous décrire comment les efforts déployés par le chef du Parti conservateur pour attaquer la CBC et la SRC ont influencé votre travail?
:
Madame Tait, j'ai une autre question à vous poser.
Depuis le début, il semble que seule la CBC peut faire bien des choses au Canada. Je dois répondre qu'effectivement, du moins au Parti conservateur du Canada, nous voulons préserver la Société Radio‑Canada. J'ai lu le document que vous avez montré plus tôt, qui est la preuve de l'échec de la CBC.
Je dis cela parce que, si on regarde les baisses d'écoute, le nombre d'heures totales de télévision que les gens ne regardent plus et le nombre d'heures où les gens utilisent les réseaux sociaux qui ont été instaurés par la CBC, on voit que c'est malheureusement un échec.
De plus, au Québec, on a besoin d'une télévision publique qui soit forte parce qu'on est dans un milieu francophone entouré d'anglophones. On a besoin des meilleures performances. Je regardais les temps d'écoute hebdomadaires, et ils ont diminué beaucoup plus du côté anglophone que du côté francophone. Les bonnes cotes d'écoute de la SRC font monter la moyenne de CBC/Radio‑Canada et propulsent la CBC vers le haut. De plus, je ne partage pas votre opinion selon laquelle, en coupant la CBC, on ne pourrait plus maintenir la qualité de la SRC.
Je pense qu'à la SRC, il y a des experts et des gens qui sont très bons et qui sont capables de protéger la culture francophone. Je les salue parce qu'effectivement, je pense qu'il n'y a pas une télévision en Amérique du Nord qui réussit aussi bien que la Société Radio‑Canada sur le plan public. C'est tout à l'honneur de la SRC. Malheureusement, on constate tout à fait le contraire du côté de la CBC.
Faire en sorte que la Société Radio‑Canada ne puisse pas jouer pleinement son rôle et investir autant d'argent public du côté de la CBC, n'est-ce pas tirer la SRC vers le bas?
:
J'ai posé la question plusieurs fois: va-t-on demander à la population canadienne de soutenir une institution nationale fédérale pour 20 % de la population? Personnellement, je trouve cela un peu exagéré, très franchement.
Il y a 80 % de la population qui écoute la radio, pour un total de 95 000 heures de radios locales chaque année. La population regarde 45 000 heures de télévision, de production audiovisuelle. Alors, pour dire que la CBC est un échec, vous devez avoir mis cela de côté.
En ce qui concerne la télévision anglophone, vous semblez vraiment avoir une vision du passé. On sait très bien que, dans le marché anglophone, la CBC n'est pas la seule à avoir perdu son auditoire télévisuel. Les gens sont en train de migrer vers YouTube, les services Connected TV, etc. On le voit très bien.
À mon arrivée, très peu de personnes regardaient CBC Gem et, aujourd'hui, il y en a 2 millions chaque semaine. C'est tout de même une importante transformation. Nous sommes en pleine mutation, monsieur Berthold.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie Mme Tait d'être avec nous encore une fois, ce matin. J'imagine que ce sera sa dernière comparution à notre comité.
En ce qui concerne la conversation autour de CBC/Radio-Canada, je me rappelle qu'au mois de mai, la porte-parole conservatrice responsable du dossier du Patrimoine canadien n'a pas été en mesure de répondre à une question très simple, à savoir si la Société Radio‑Canada devait rester.
Selon moi, son silence ou son incapacité à répondre affirmativement à cette question a vraiment démontré à quel point la SRC n'est pas mise en valeur ou considérée comme une organisation très importante du point de vue des conservateurs. Cela me met très mal à l'aise.
Je trouve que les deux organisations sont très importantes. Je pense surtout à la SRC, qui l'est pour les communautés francophones de partout au pays et du Québec, évidemment. C'est une organisation dont nous avons absolument besoin.
Sur ce point, est-ce vrai que la CBC et la SRC cohabitent dans des édifices partout au pays?
:
Je suis entièrement d'accord avec vous sur ce point.
Moi-même, en tant que maman, je crois qu'il est très important d'avoir des émissions dans les deux langues. Mes enfants parlent surtout l'anglais à la maison, mais ils écoutent beaucoup la télévision, la radio, les émissions sur les équipes de hockey en français et ainsi de suite. Nous écoutons souvent ces émissions en français, en famille, pour renforcer notre apprentissage du français.
J'imagine que beaucoup d'autres familles l'apprécient aussi.
[Traduction]
Je vais revenir au début.
Est‑il vrai que tous les pays du G7 ont un radiodiffuseur public?
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Oui, je pense que le coût se situe à 32 $ ou 33 $ par habitant comparativement à une moyenne de 78 $... N'oublions pas que la radiodiffusion publique allemande coûte 150 $ par habitant. N'oublions pas non plus que le Canada est un territoire unique, le deuxième en importance sur la planète, et que nous offrons des services dans six fuseaux horaires en anglais, en français et dans huit langues autochtones. Non seulement nous offrons des services de télévision, de radio, de diffusion numérique en continu et de baladodiffusion dans toutes ces langues, mais nous le faisons aussi sur un vaste territoire, ce qui signifie que le rapport coûts-avantages est extraordinaire.
Ce que nous offrons aux Canadiens est unique sur la planète, et c'est précieux, car, si je peux me permettre de répéter ce que j'ai dit dans ma déclaration liminaire, nous sommes le seul service médiatique national qui est partout présent: Est, Ouest, Nord, Sud, anglais, français, langues autochtones. C'est un privilège extraordinaire. C'est un trésor extraordinaire pour notre pays.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Tait, de comparaître, comme vous l'avez dit, pour la cinquième fois en 12 mois.
Il y a deux mois, CBC/Radio-Canada, votre organisation, a dit que les revenus publicitaires avaient diminué, ce que vous avez confirmé aujourd'hui. L'an dernier, à pareille époque, votre organisation a procédé à la plus importante réduction de personnel de son histoire. Depuis, et vous l'avez admis, 1,4 milliard de dollars de fonds publics ont été versés à CBC/Radio-Canada. Maintenant que nous savons que les recettes publicitaires sont à la baisse et qu'ils représentent 30 % des activités commerciales de la société, prévoyez-vous des réductions de personnel au cours du mois à venir?
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Il y a deux ou trois choses que je voudrais rectifier, madame la présidente, si vous me le permettez.
À propos de la plus importante réduction du nombre d'emplois jamais enregistrée, je dirai que, au cours des 10 années qui ont précédé mon arrivée à CBC/Radio-Canada, plus de 1 000 emplois ont été supprimés dans l'organisation. La perte nette d'emplois au cours des six années et demie de mon mandat est de 90, car, soit dit en passant, nous créons aussi de nouveaux emplois. Il s'agit ici de 141 postes occupés qui ont été perdus. Tenons-nous en aux faits.
Quant aux recettes publicitaires de la télévision, j'ai dit à maintes reprises...
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Merci beaucoup, madame la présidente, et encore une fois, merci à notre témoin.
Le programme des conservateurs est assez clair. Il s'agit de détruire le radiodiffuseur public et de le remplacer par des médias américains à but lucratif. Leur position et leur programme sont très clairs. C'est clair depuis cinq séances, et c'est clair aujourd'hui.
Encore une fois, je tiens à remercier notre témoin d'avoir présenté des faits qui contredisent tout ce que les conservateurs avancent.
J'aimerais vous poser une série de questions. J'aimerais que les réponses soient très brèves, simplement pour que nous puissions consigner officiellement la situation de CBC/Radio-Canada et l'image que les conservateurs essaient d'en donner.
Très brièvement, les cotes d'écoute sont-elles à la hausse ou à la baisse?
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Merci, madame la présidente.
Madame Tait, vous avez souvent donné à des députés conservateurs des réponses que vous m'aviez déjà faites. Personnellement, je les invite à écouter quand je pose des questions; ainsi, ils pourraient mieux utiliser leur temps de parole, par exemple en posant des questions auxquelles on n'a pas encore répondu.
Madame Tait, avez-vous été consultée par la ministre et par son comité consultatif au sujet du renouvellement du mandat de la Société Radio‑Canada.
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Merci, madame la présidente.
D'un côté, nous avons ici les libéraux qui appuient CBC/Radio-Canada, mais ce sont eux qui ont menacé CBC/Radio-Canada de compressions, ce qui a entraîné des pertes d'emplois. Ce sont aussi les mêmes libéraux qui ont approuvé des primes de 18 millions de dollars à un moment où les Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts et où de nombreux journalistes de CBC/Radio-Canada ont perdu leur emploi.
De l'autre côté, nous avons les conservateurs qui ont attaqué CBC/Radio-Canada et qui ont fait d'une campagne visant à abolir le financement de CBC un élément clé de leur programme, une attaque contre nos collectivités et notre capacité de raconter nos histoires et, bien sûr, notre identité canadienne. La réalité, c'est que les Canadiens méritent que CBC/Radio-Canada leur rende des comptes et qu'elle soit en phase avec eux sur tous les fronts, ce qui signifie qu'il faut interdire les primes à la haute direction.
Alors qu'on supprime des emplois à CBC/Radio-Canada, il est important que notre radiodiffuseur public fasse preuve de leadership et qu'il n'accorde pas la priorité aux primes à la haute direction au détriment des emplois et de la radiodiffusion locale. Nous avons aussi besoin d'un radiodiffuseur public qui investit dans le journalisme local. J'ai souvent parlé de ma région qui n'a pas de présence permanente de CBC/Radio-Canada, même si elle a une station de CBC/Radio-Canada depuis des années. Par conséquent, les engagements à l'égard de la radiodiffusion locale et régionale sonnent creux lorsque CBC/Radio-Canada est incapable, année après année, de faire le travail et d'assurer une présence de CBC/Radio-Canada dans notre région qui compte 85 000 habitants.
Il est certain que nous espérons que la nouvelle personne qui doit prendre le relais au début de 2025 aura l'appui nécessaire de CBC Manitoba, de notre radiodiffuseur public, pour faire en sorte que notre région soit entendue. Nous voulons aussi nous assurer que les autres radiodiffuseurs locaux et régionaux disposent du soutien nécessaire pour faire leur travail. Ce n'est pas le rôle de CBC Manitoba de diffuser les nouvelles à partir de Toronto, de Winnipeg et de Vancouver. Il doit être question de nous tous.
Par conséquent, avec l'arrivée d'une nouvelle PDG et dans l'attente d'un nouveau mandat pour CBC/Radio-Canada, au NPD, nous espérons voir un réseau CBC/Radio-Canada fort qui s'assure que nous ne verrons plus de primes à la haute direction. Il faut interdire les primes à la haute direction, embaucher des journalistes et des communicateurs locaux et rouvrir les stations qui ont été fermées en veillant à ce que les lacunes, y compris dans les déserts médiatiques, soient comblées...
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D'accord, je vais donc passer en revue quelques éléments, et je dois dire que vous devez avoir toute une chambre d'écho si c'est votre impression, parce que lorsque nous parlons de la mesure dans laquelle CBC/Radio-Canada est coupée de la réalité des Canadiens, il suffit de regarder les primes que vous avez versées aux cadres supérieurs et à la haute direction pendant une crise d'abordabilité tout en mettant à pied le personnel de première ligne, ce que même Peter Mansbridge a reproché à CBC/Radio-Canada.
Si nous examinons toutes les mesures, tous les indicateurs clés de performance, les recettes publicitaires globales sont à la baisse et la confiance est à la baisse. Malgré les sondages que CBC/Radio-Canada a pu commander pour elle-même, les organismes tiers indépendants qui analysent la situation indiquent que la confiance à l'égard de CBC/Radio-Canada a chuté de 17 % en seulement quatre ans. L'auditoire est tombé à moins de 3 % aux heures de grande écoute. Cela signifie que, pendant les heures de grande écoute, 97 % des Canadiens se rendent dans leur salon pour regarder ce qui est à la télévision pour dire non à CBC/Radio-Canada, lui tourner le dos et choisir autre chose.
Compte tenu de tout cela, madame Tait, je tiens à vous remercier, au nom du Parti conservateur, des efforts que vous avez déployés pour nous aider à promouvoir la campagne visant à abolir le financement de CBC/Radio-Canada. Outre les membres du caucus conservateur, je pense que vous êtes celle qui a le mieux réussi à stimuler la demande en ce sens. Les 1,4 milliard de dollars de l'argent des contribuables ne sont pas destinés à un service de diffusion en ligne. Ils sont destinés à toute une gamme de produits dans laquelle les Canadiens choisissent d'autres sources d'information et de divertissement.
Encore une fois, je n'ai pas vraiment de question. Je tenais simplement à vous remercier des efforts que vous avez déployés pour nous aider à abolir le financement de CBC/Radio-Canada.
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Je tiens simplement à souligner qu'il ne s'agissait pas d'insultes. Il est peut-être insultant d'entendre que les recettes publicitaires sont à la baisse, mais c'est un fait. Il est peut-être insultant d'entendre que 97 % des Canadiens choisissent de regarder d'autres émissions que celles de CBC/Radio-Canada, mais ce n'est qu'un fait. Ce n'est qu'un fait que la confiance dans CBC/Radio-Canada a diminué de 17 % en seulement quatre ans.
Les fois où j'ai eu l'occasion de vous interroger au sujet de la confiance à l'égard de la société, vous m'avez répondu que le nombre de corrections publiées par CBC News avait augmenté. C'était la preuve ou une sorte de preuve qu'on pouvait faire confiance à CBC. Je vois les choses autrement. Lorsqu'une fausseté est diffusée aux nouvelles nationales et qu'une correction est apportée quelques jours plus tard, ou dans une publication en ligne, cela n'inspire pas confiance en CBC. Cela montre que CBC permet qu'un contenu soit diffusé avant de procéder à un examen, à une validation et à une vérification des faits appropriés.
Il est peut-être insultant d'entendre les montants en dollars des primes versées à la haute direction, mais je vais vous dire qui a vraiment trouvé cela insultant. Ce sont les travailleurs de première ligne qui ont été mis à pied lorsque CBC/Radio-Canada prétendait qu'elle n'avait pas assez d'argent pour garder toute cette main-d'œuvre et qui ont ensuite lu dans les journaux — ou appris dans une autre source d'information que CBC/Radio-Canada, parce qu'ils n'étaient probablement pas à l'écoute du réseau eux non plus — que la haute direction et les cadres supérieurs avaient tous touché des primes.
Ce ne sont que des faits. Tout ce que j'ai énuméré vient de sources indépendantes, de tierces parties, qui ont fait état de tout cela.
Encore une fois, je tiens à vous remercier de votre aide dans nos efforts pour abolir le financement de CBC/Radio-Canada.
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Je tiens d'abord à remercier M. Scheer pour ce monologue profondément gênant et pour être passé à notre réunion sans avoir entendu ce qui s'est dit auparavant. Je suppose que c'est une tendance que nous observons chez les conservateurs qui essaient de répandre de la mésinformation à l'américaine. Je suppose que ce n'est que seconde nature chez certains d'entre eux, et c'est très bien.
Je pense qu'il est également important que si nous commençons à dénigrer... Je soupçonne que certains membres du Parti conservateur aimeraient probablement savoir où est allé leur argent pendant la course à la direction de M. Scheer, mais ce n'est pas le sujet qui nous occupe.
J'aimerais d'abord parler des faits, madame Tait, parce qu'ils semblent faire défaut à nos amis d'en face aujourd'hui. Nous avons entendu cette litanie d'éléments négatifs, parce qu'ils ont choisi de manipuler les données d'une certaine façon. J'aimerais revenir en arrière et vous poser des questions précises et pointues au sujet des plateformes. Pouvez-vous nous parler de la taille et de la portée de CBC/Radio-Canada sur toutes les plateformes? Ils semblent croire que la télédiffusion est la seule façon de mesurer le rayonnement d'entreprises médiatiques. Pouvez-vous parler de toutes les plateformes?
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Pas sur toutes les plateformes, mais je parle précisément des nouvelles.
En ce qui concerne Tou.TV, le service de diffusion en continu de Radio-Canada, il est le plus prisé du marché francophone. CBC Gem se classe au deuxième rang derrière Crave.
Écoutez, quand on parle de performance, aujourd'hui, la télévision est un élément d'une opération multi-plateforme très complexe que vous pouvez découper et décomposer de toutes les manières.
Si vous me le permettez, madame la présidente, j'aimerais lire une brève lettre que j'ai reçue ce matin. Je me souviens que M. Waugh avait lu des lettres de Saskatoon. Celle‑ci a littéralement atterri sur mon bureau ce matin.
L'auteure dit qu'elle écoute et regarde CBC depuis plus de 75 ans. Sa radio ne capte que deux chaînes, CBC Radio One et CBC Radio 2, et elle compte sur les bulletins de nouvelles télévisées de CBC/Radio-Canada pour obtenir des reportages honnêtes et impartiaux. Elle énumère certaines choses que CBC/Canada fait bien, à son avis, notamment les nouvelles locales et nationales et le journalisme d'enquête, les arts, la musique, les concerts, le français, le contenu ethnique, les émissions d'humour, les films, la couverture d'événements historiques, les émissions pour enfants et les revues de littérature. Elle dit qu'elle a peut-être raté quelques émissions, mais que le calibre des animateurs, des journalistes, des présentateurs et des techniciens est excellent. Elle tient à ce que je transmette à tout le personnel de CBC/Radio-Canada ses remerciements pour lui avoir offert le monde dans son fauteuil, libre, impartial, instructif et agréable. Après avoir exprimé ses salutations cordiales comme fidèle auditrice, elle dit espérer que CBC/Radio-Canada soit présente pendant des années.
Je la désignerai simplement pas son prénom, Judith.
Je repensais à ce que nous avions l'habitude de regarder quand nous étions jeunes. Comme nous n'avions pas le câble, nous regardions CBC et Mr. Dressup nous a beaucoup enseigné. L'une de ses leçons était d'être honnête et de comprendre tout ce qui nous entoure, afin que nous puissions décider comment nous allions nous comporter.
Je trouve décevant que bon nombre de nos conversations avec vous aient porté sur un ensemble de « faits » qui ne sont pas du tout fondés sur la réalité. Nous avons débattu ici un million de fois de toute cette notion de rémunération au rendement par opposition aux primes. Toute la question de comparer la performance de CBC/Radio-Canada à celle des autres plateformes d'information au pays a été lancée comme un ballon politique.
Pour conclure, j'aimerais vous interroger sur l'idée que les conservateurs nous ont présentée. M. Scheer a révélé ici l'existence d'une campagne active pour abolir le financement de CBC/Radio-Canada. Je pense qu'il est important que nous défendions la société.
Je veux que vous expliquiez très brièvement aux Canadiens et aux Québécois ce que l'abolition du financement de CBC/Radio-Canada, comme M. Scheer le souhaite, signifiera tant pour les petites collectivités que les grandes, pour l'écosystème de l'information de notre pays et pour les Canadiens en général.
Pourriez-vous résumer cela en une minute ou moins?