Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 48e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je tiens à souligner que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le mardi 11 mai 2022, le comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes du jeudi 23 juin 2022. Certains membres sont présents en personne et d'autres assistent à la réunion virtuellement.
Voici quelques remarques que je souhaite faire. Je pense que vous connaissez tout cela par cœur, mais je le répéterai pour les témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme pour parler. Pour les personnes qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et veuillez désactiver votre micro quand vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation pour les personnes qui se trouvent sur Zoom, vous avez un choix, et tout le monde dans la salle sait quoi faire. Les personnes qui participent virtuellement à la réunion ont un petit globe au bas de leur écran. C'est l'icône sur laquelle vous cliquez si vous voulez avoir vos messages en anglais ou en français. Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Conformément à notre motion de routine, j'informe le Comité que tous les témoins ont fait les tests de connexion voulus avant la réunion.
Avant de commencer la réunion, il y a un petit point à l'ordre du jour, une question d'ordre administratif que nous devons régler. J'aimerais prendre un instant pour procéder à l'élection du nouveau premier vice-président. Je cède donc la parole à la greffière.
:
Elle fait cela très bien. M. Champoux peut le confirmer après la dernière réunion qu'il a très bien présidée, à ce que je crois savoir.
J'aimerais maintenant passer à l'ordre du jour proprement dit, c'est-à-dire au projet de loi , Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada.
Pour la première heure, nous avons le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Nous avons Ian Scott, président et premier dirigeant; Rachelle Frenette, avocate générale et directrice exécutive adjointe; et Adam Balkovec, conseiller juridique.
Il me semble que le CRTC s'est déjà plié à cet exercice maintes fois. Par conséquent, le porte-parole, quel qu'il soit — Je crois que ce pourrait être M. Scott — dispose de cinq minutes. Je vous ferai signe quand il vous restera 30 secondes.
Soyez le bienvenu, monsieur Scott. Vous avez la parole.
:
Je vous remercie, madame la présidente. Je suis ravi de votre erreur initiale quand vous nous avez présentés comme de nouveaux témoins. Cela me rajeunit. Je ne suis pas nouveau, mais familier des lieux, et je suis heureux d'être ici avec les membres du Comité. Je remercie le Comité de m'avoir invité une fois de plus.
Vous avez déjà présenté mes collègues, qui sont là pour m'assister. Comme je le dis souvent, quand j'ai besoin d'un ami, mes amis répondent présents.
Nous sommes très heureux de comparaître devant vous. J'espère que nous pouvons contribuer à votre étude du projet de loi .
La loi proposée vise à remédier à un déséquilibre du marché des nouvelles numériques au Canada en créant un nouveau cadre législatif et réglementaire qui garantirait que les principales plateformes numériques indemnisent équitablement les éditeurs de nouvelles pour leur contenu.
[Français]
Si elle était adoptée par le Parlement, la obligerait les plus grandes plateformes numériques à négocier avec les entreprises de nouvelles et à conclure des accords commerciaux équitables pour les informations qui sont diffusées sur leurs plateformes. Ces accords devraient également respecter l'indépendance journalistique et investir dans la diversité des médias canadiens, y compris les entreprises locales indépendantes.
Si le Parlement souhaite confier au CRTC la responsabilité de créer et de superviser le cadre réglementaire prévu par la Loi sur les nouvelles en ligne, nous sommes prêts à l'assumer.
Le projet de loi propose de confier cinq fonctions principales au CRTC.
[Traduction]
Plus précisément, nous devrons, premièrement, examiner les demandes des entreprises de nouvelles qui souhaitent être admissibles à la négociation obligatoire et les demandes des plateformes numériques qui veulent être exemptées de la négociation obligatoire en appliquant les critères de la Loi.
Deuxièmement, nous devrons superviser la négociation et la médiation, et tenir une liste publique d’arbitres externes qui répondent aux compétences fixées par le Conseil.
Troisièmement, nous devrons traiter les plaintes pour préférence indue ou discrimination injuste déposées contre les plateformes par les entreprises de nouvelles admissibles.
Quatrièmement, nous devrons retenir les services d’un vérificateur indépendant afin de publier un rapport annuel sur la valeur totale des accords commerciaux ainsi que d’autres informations clés.
Enfin, nous devrons établir des règlements, y compris un code de conduite pour les négociations de bonne foi et des redevances réglementaires que les plateformes devront payer pour financer l’administration de la Loi, semblables aux redevances actuellement payées par les radiodiffuseurs et les fournisseurs de services de télécommunication
Nous nous sommes évidemment penchés sur la mise en œuvre du projet de loi , s’il devait recevoir la sanction royale.
Il y a plusieurs domaines dans lesquels le Conseil devra créer des règlements, notamment l’élaboration de redevances réglementaires pour exécuter le programme et la création d’un code de conduite pour favoriser l’équité et la transparence dans la négociation. De plus, le projet de loi exige que le CRTC établisse des politiques détaillées pour fournir aux entreprises de nouvelles, aux plateformes et au public des directives claires sur la façon dont nous entendons appliquer les critères d’admissibilité, ainsi que les critères d’exemption connexes. Enfin, nous devrons créer des procédures efficaces pour veiller à l’application de la Loi.
Il y aura certainement des défis à relever en cours de route, comme c’est toujours le cas lorsque l’on élabore un nouveau cadre. J'ai confiance qu'avec les commentaires du public, des entreprises de nouvelles et des plateformes, nous créerons collectivement un registre public qui nous aidera à mettre en œuvre la nouvelle loi, encore une fois, si telle est la volonté du Parlement.
[Français]
Heureusement, le CRTC a de l'expérience dans le traitement de questions semblables à celles que le projet de loi vise à résoudre.
Notre mandat consiste à réglementer le secteur des communications, et nous avons une grande expérience de la supervision des processus de médiation et d'arbitrage, ainsi que de ceux relatifs aux plaintes pour préférence indue et aux codes de conduite. Nous possédons également l'expérience de la conduite d'instances publiques, de la mise en œuvre d'ordonnances d'exemption et du maintien de systèmes de surveillance continue.
D'une façon tout aussi importante, nous reconnaissons les occasions et les défis créés par les nouveaux acteurs. Au fil du temps, nous avons fait nos preuves en matière de mise en œuvre de politiques et d'adaptation des approches qui permettent aux médias traditionnels, y compris les médias d'information audiovisuels locaux, de répondre aux conditions changeantes du marché.
Monsieur Scott, je vous remercie infiniment de votre présence aujourd'hui et de vos observations préliminaires.
Michael Geist a déclaré ceci à propos du projet de loi . Je vais juste lire la citation pour le compte rendu. Il a dit:
Non seulement le projet de loi C-18 augmente le pouvoir des entreprises de l'Internet, mais il accorde aussi de nouveaux pouvoirs exceptionnels au CRTC. Il lui revient ainsi de décider quelles entités répondent à la définition des INN,
— autrement dit, les intermédiaires de nouvelles numériques —
quelles ententes créent une exemption, quels organes d'information canadiens sont considérés comme des entreprises de nouvelles admissibles, et si les décisions arbitrales devraient être approuvées. De plus, le CRTC créera aussi un code de conduite, l'appliquera et pourra prendre des sanctions en cas de manquement. Loin d'une approche indépendante, le CRTC deviendra instantanément le plus puissant organisme de réglementation du marché du secteur des nouvelles au Canada.
Monsieur Scott, ce que je viens de lire figure dans le projet de loi. C'est un fait.
Je me demande si, à votre avis, il serait vraiment bon de donner au CRTC tout ce contrôle sur les nouvelles au Canada.
Nous invitons les témoins du Comité à échanger des renseignements et à répondre aux questions. Il me semble qu'il serait aimable de notre part d'avoir la politesse d'au moins les laisser terminer la phrase qu'ils ont commencée.
Je comprends que les membres du Comité ont la parole, mais si nous posons une question à quelqu'un, il faut le laisser finir de répondre, ou au moins terminer sa phrase dans cette réponse, avant de l'interrompre plusieurs fois.
Je voulais simplement mentionner cela, madame la présidente.
:
En bref, des pratiques exemplaires.
Il est évident que le projet de loi canadien s'inspire surtout du modèle australien. C'est sur cela que je mets l'accent. De manière très intéressée, je leur ai demandé dans nos discussions quelles étaient les parties vraiment difficiles et quel travail doit être fait.
Vous comprendrez que le modèle part du principe que le résultat sera un résultat commercial négocié et que l'organisme de réglementation n'interviendra, si l'on veut, qu'en l'absence d'un tel résultat, mais il y a beaucoup de travail de réglementation à faire, si jamais notre intervention est nécessaire. L'organisme de réglementation australien y a consacré beaucoup de ressources. C'est probablement ce que je retiens en premier.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Scott, je vais poursuivre dans la même veine que mon collègue M. Bittle.
Nous avons entendu les craintes de Google, qui a mené un pseudo-sondage la semaine dernière. Par ailleurs, nous avons souvent entendu les gens dire que le projet de loi pourrait donner des pouvoirs démesurés au CRTC.
Avez-vous l'impression qu'il existe un scénario, si tordu soit-il, qui ferait que le CRTC deviendrait un genre de dictateur omniscient? Avez-vous l'impression que cela pourrait être possible?
:
J'espère vraiment que la réponse est non.
[Traduction]
Comme j'essayais de l'expliquer plus tôt, je vois notre rôle comme étant d'offrir un cadre où les parties puissent conclure un accord commercial. Ce n'est pas très différent de ce que j'expliquais à un membre du Comité il y a quelques instants au sujet du type de médiation et d'arbitrage que nous faisons avec les entreprises de télédistribution.
Dans ce cas, nous ne ferons pas l'arbitrage, puisque la loi prévoit le recours à des médiateurs et à des arbitres externes. Cependant, je pense que l'idée est la même. Nous sommes là pour appuyer une négociation commerciale et nous n'interviendrons de façon détaillée qu'en cas d'échec de la négociation commerciale.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Monsieur Scott, je tiens à revenir à la question du Community Media Advocacy Centre. Vous venez de déclarer que 32 147 $ ont été versés en deux paiements au Community Media Advocacy Centre et à M. Marouf. Pouvez-vous nous dire quelle était la part du Fonds de participation à la radiodiffusion?
Ma deuxième question concerne les mesures prises. Nous assistons à une montée, souvent violente, de l'antisémitisme, de l'islamophobie et du racisme. Nous avons eu le convoi et les drapeaux nazis. Le racisme et la haine menacent notre société. Quelles mesures le CRTC a‑t‑il prises, pour ses propres activités et aussi pour tout fonds lié au CRTC, pour faire en sorte que les gens haineux ne reçoivent aucun financement?
:
Je vous remercie. Je vais passer à un autre élément.
Nous avons la société Telus qui dégage des bénéfices record, 11 milliards de dollars. En août, elle a présenté une demande au CTRC afin de commencer à exploiter les consommateurs en ajoutant des frais de traitement des factures d'Internet et de téléphone payées par cartes de crédit, soit une majoration de 1,5 %, alors que les Canadiens peinent déjà. Le CRTC n'a pas approuvé cette demande, mais cela n'a pas empêché Telus de facturer. Telus exploite déjà les consommateurs.
J'ai deux questions. Premièrement, dans quelle mesure le CRTC peut‑il statuer pour faire en sorte que les sociétés n'abusent pas quand elles n'ont pas obtenu l'approbation du CRTC et, deuxièmement, qu'est‑ce qui, dans le processus de plainte, permet aux sociétés de tout simplement aller de l'avant quand elles n'ont, en fait, pas reçu l'approbation du CRTC?
Je m'attendais à ce que quelqu'un s'étonne de ma présence ici, pensant que mon mandat s'est terminé en septembre, mais je suis de retour. Je suis un peu comme le rhume d'automne. Il est difficile de se débarrasser de moi.
Je ne participe pas au processus. Je suis souvent invité à participer à des comités qui trient les candidatures pour d'autres postes, mais le gouvernement n'a pas jugé bon, à raison, de demander au président de participer au choix de son successeur. Je ne participe donc pas du tout à ce processus. Mon mandat a été prolongé jusqu'à début janvier et je pense qu'il se terminera alors.
:
Très bien. Je vous remercie.
Vous connaissez le modèle australien qui a rendu Rupert Murdoch très, très riche. Je vois ici avec le que cette grande richesse viendra de Bell Media et Rogers Media.
Qu'en pensez-vous? Vous avez dit que nous suivons le modèle australien ou, du moins, que le était censé suivre le modèle australien, mais quand je regarde les radiodiffuseurs aujourd'hui, je vois qu'ils ont la main dans la marmite du projet de loi C‑18, et pas seulement la main. Je dirais qu'ils s'y donnent corps et âme. Ils obtiennent la majeure partie de l'argent qui pouvait être disponible par l'intermédiaire de Google et de Meta.
Avec le Fonds sur les nouvelles locales indépendantes que vous mentionniez, doté de 23 millions de dollars, de combien de plus Bell, Rogers et les autres médias indépendants ont-ils besoin pour survivre dans ce pays? Je pensais que le projet de loi serait celui qui aiderait les journaux locaux. En fait, c'est tout le contraire. Encore une fois, ce sont les multinationales qui obtiennent la majeure partie de l'argent. Elles sont intervenues dans le projet de loi , le projet de loi et, maintenant, le projet de loi C‑18. Je tenais à le souligner parce que je suis très inquiet de voir que ce projet de loi conçu pour les journaux se transforme en toute autre chose.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je ferai comme mes collègues, Mme Thomas et M. Julian, et je vous poserai des questions sur le CMAC.
Vous avez rendu deux ordonnances de télécom, les ordonnances 2021‑175 et 2021‑356, qui accordaient, respectivement, 16 851 $ et 15 332,48 $ au CMAC. Par ailleurs, depuis 2016, plus d'un demi-million de dollars ont été versés dans le cadre du Fonds de participation à la radiodiffusion qui, à ce que je crois comprendre, est indépendant, mais il a été créé par le CRTC et est financé par des ordonnances du CRTC. J'aurai des questions sur le financement dans les deux sens.
Je commencerai par les ordonnances.
J'ai lu votre déclaration, et je pense que nous sommes tous dégoûtés par les propos de M. Marouf et de toutes les personnes associées à ce que fait le CMAC. Dans votre déclaration du 13 octobre dernier, vous disiez que les demandes d'attribution de frais sont soumises à un autre processus public, après quoi le CRTC pourrait approuver la demande entièrement ou en partie ou la rejeter, mais vous n'avez pas suivi cette procédure dans le cas de l'attribution de fonds au CMAC.
Dans la décision du 21 mai, l'ordonnance de télécom 2021‑175, le CRTC écrit au paragraphe 3 que ces mesures étaient inutiles.
J'ajouterai qu'en mars 2021, dans l'examen de la demande d'attribution de frais du CMAC, le CRTC a fait demander au CMAC par un stagiaire si les consultants, Laith Marouf et Gretchen King, contrôlaient les activités courantes du CMAC et devraient donc être payés au taux interne de 470 $ par jour, au lieu du taux externe de 225 $ par heure qu'ils revendiquaient, soit quatre fois le taux interne.
D'après ce que nous savons, d'après les documents de constitution en société qui montrent que M. Marouf et Mme King ont pour adresse domiciliaire l'adresse du CMAC, il apparaît que le CMAC, M. Marouf et Mme King ne font qu'un. Voici donc ma question: le CRTC utilisera‑t‑il le pouvoir que lui confère l'article 62 de la Loi sur les télécommunications pour revoir son attribution de frais au CMAC?
:
L'information que vous mentionnez est exacte, mais votre utilisation du terme « financement » m'irrite un peu parce que nous attribuons des frais.
Je tiens à expliquer très rapidement que vous avez raison de dire que le processus était différent, et il y a un motif à cela. Ce n'était pas seulement le CMAC. Il y avait, je crois, neuf organisations qui recevaient une aide pour intervenir dans ce processus sur l'accessibilité. L'audience se déroulait en vertu de la Loi canadienne sur l'accessibilité, et nous ne pouvons pas attribuer de frais comme pour la radiodiffusion aux termes de la Loi canadienne sur l'accessibilité. Bell Canada a offert de payer. Elle avait des fonds excédentaires associés à un compte de report. Je n'irai pas plus loin. Il s'agit, si vous voulez, d'une obligation prévue, et Bell Canada nous a donné la possibilité de payer les frais sur ce compte, ce que nous avons accepté.
Normalement, ces processus déterminent comment répartir les frais et s'il y a des objections à l'attribution de frais. Bell n'avait pas d'objections. C'était le seul bailleur de fonds, et nous avons renoncé à tout autre processus pour toutes ces parties.
:
Merci, madame la présidente.
Je veux dire que je suis très heureux de constater que certains de mes collègues ont abordé la question du Community Media Advocacy Centre. Bien que je n'aie pas suffisamment de temps pour le faire, car je veux me concentrer sur le projet de loi , j'appuie totalement l'intérêt de mon collègue, M. Housefather.
Madame Frenette, vous aviez commencé à répondre à ma question et je vous en sais gré. Je vais vous donner l'occasion de développer un peu votre idée sur la question, puisque nous avons manqué de temps plus tôt.
Ma préoccupation porte vraiment sur l'admissibilité des entreprises de nouvelles. Je m'explique. Le projet de loi précise que l'entreprise peut être reconnue comme une « organisation journalistique canadienne qualifiée » au sens de la Loi de l'impôt sur le revenu, qui énonce certains critères à cet effet. Or, dans le projet de loi, je veux retrouver des critères garantissant une qualité journalistique et une crédibilité du travail des organismes qui seront admissibles.
Croyez-vous qu'il revienne au CRTC de s'occuper de cette probité journalistique ou que le fait de retrouver ces critères directement dans la loi lui simplifierait la vie?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vais vous poser trois questions rapides. Ensuite, je vous laisserai répondre.
Tout d'abord, pour Telus, envisagerez-vous l'attribution des frais si le CRTC n'approuve pas la demande d'escroquer les consommateurs, comme Telus l'a fait en augmentant ses tarifs? Les consommateurs peuvent-ils être indemnisés pour l'argent qu'ils versent maintenant à Telus pour une hausse de tarif non approuvée?
Deuxièmement, en ce qui concerne l'arbitrage de l'offre finale et les règlements, combien de temps cela a‑t‑il pris au CRTC en moyenne et quels sont les délais les plus longs?
Enfin, si vous pouviez donner suite à la question de M. Housefather concernant le FPR, nous en serions heureux également.
:
Je vais essayer de le faire dans l'ordre inverse, si vous le permettez.
Rapidement, pour la première, la question est bien placée et entendue. Je m'attends à ce que le FPR suive la pratique établie par le Conseil. C'est ce qu'il a fait en général dans son approche concernant l'attribution des frais après sa création.
Il y va de même avec les fonds de production. Nous approuvons les fonds, mais nous ne les gérons pas. Il est important qu'ils soient vraiment indépendants. Un grand nombre de ces intervenants s'en prennent au CRTC, et nous ne voulons pas avoir un rôle qui nous amène à être perçus comme supprimant un point de vue. Leur indépendance est importante.
Enfin, je dirais simplement que — et je dois faire attention à la façon dont je le dis — nous avons des moyens d'exercer une certaine influence. Par exemple, si nous allouons des fonds au FPR à l'avenir, nous pourrions les assortir de conditions. Je pense qu'il existe des moyens de relever ce défi.
Pour ce qui est de la deuxième question, sur l'arbitrage, je n'ai pas ces chiffres sous la main. Beaucoup de ces choses peuvent être longues. Nous pouvons vous fournir un peu d'analyse.
:
Merci, monsieur Julian. Vous avez mis fin à cette question.
Je vais demander au Comité de me donner quelques instructions. Nous avons deux autres tours de questions, un pour les conservateurs et un pour les libéraux. Ils sont de cinq minutes chacun. Cela fera 10 minutes. Il est 14 heures maintenant et nous devons passer au ministre. Il nous faut un peu de temps pour suspendre la séance et faire en sorte que le ministre soit installé, etc. J'aimerais mettre fin aux questions maintenant. Je suis désolée. Je veux suspendre la séance pour que nous puissions installer les micros du ministre et de son équipe. Je vous remercie.
Merci beaucoup, monsieur Scott, d'être venu et d'avoir répondu à ces volées de questions.
M. Ian Scott: Merci, madame la présidente.
:
J'aimerais maintenant revenir à l'étude du projet de loi , Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada.
Bienvenue, monsieur le ministre Rodriguez, ainsi qu'aux fonctionnaires de votre ministère qui sont ici pour répondre aux questions.
Comme vous le savez tous, vous disposez de cinq minutes. Je vous signalerai lorsqu'il vous restera 30 secondes.
Allez‑y, ministre Rodriguez, pour cinq minutes, s'il vous plaît.
Madame la présidente, chers collègues et membres du Comité, je suis vraiment heureux d'avoir la chance de comparaître aujourd'hui pour parler de la .
Comme je l'ai dit, je veux commencer par énoncer des faits: 468. C'est le nombre de médias — journaux, stations de télévision et de radio et sites Web de nouvelles — qui ont fermé entre 2008 et août dernier. Soixante-dix-huit d'entre eux ont fermé depuis le début de la pandémie. Ce projet de loi les concerne. Il s'agit également de l'avenir du journalisme dans notre pays.
En apparence, la loi vise à faire en sorte que les entreprises de nouvelles au Canada reçoivent une juste compensation pour le travail important qu'ils font, mais au fond, la loi va bien au‑delà de cela. Il s'agit de défendre notre démocratie, car notre démocratie, comme toute démocratie, a besoin d'une presse libre, indépendante et florissante. Nous comptons tous sur des nouvelles factuelles et opportunes pour prendre des décisions rationnelles, contrer la désinformation et participer à notre démocratie, ce qui est plus important que jamais en ces temps difficiles.
[Français]
L'Internet a fondamentalement changé la façon dont nous créons, recherchons et consommons du contenu, surtout quand il s'agit de nouvelles. De plus en plus de Canadiens utilisent les plateformes numériques pour s'informer. D'ailleurs, selon un rapport très récent de l'Institut Reuters, publié en 2022, 77 % des Canadiens consomment les nouvelles en ligne, dont 55 % sur les médias sociaux. Pendant ce temps, nous constatons le déclin de notre secteur des nouvelles. Les nouvelles sont largement diffusées par les plateformes, mais les entreprises qui créent ces nouvelles n'en profitent pas comme elles le devraient.
Actuellement, il n'y a absolument rien qui incite les plateformes numériques à rémunérer équitablement les médias pour leur contenu. Cela a des répercussions directes sur notre capacité comme société à accéder à des nouvelles fiables. Je l'ai dit quand nous avons déposé le projet de loi et je le dis encore aujourd'hui: une presse libre et indépendante est l'un des piliers de notre démocratie. C'est fondamental pour notre démocratie.
Les Canadiens comptent sur leurs médias locaux et nationaux pour comprendre ce qui se passe dans leur communauté et ailleurs dans le monde. Nous parlons ici de l'existence même du journalisme indépendant et de sa survie. Je serai très clair: les entreprises de nouvelles canadiennes sont en crise.
[Traduction]
Le projet de loi propose une action décisive pour arrêter ce déclin. Il présente une approche pratique, fondée sur le marché, qui atténue les déséquilibres de pouvoir et encourage les négociations de bonne foi. Il encourage les plateformes numériques à conclure des ententes équitables avec les organes de presse.
Comme vous le savez, ces ententes doivent répondre à des critères précis. Il s'agit notamment de soutenir les nouvelles locales, régionales et nationales, de défendre la liberté d'expression et de promouvoir l'inclusion, l'innovation et la diversité. S'ils ne le font pas, alors — et seulement alors — la loi imposera une négociation obligatoire, et l'arbitrage de l'offre finale n'interviendra qu'en dernier recours.
[Français]
Comme nous l'avons souvent dit, le projet de loi s'inspire du modèle australien, qui a permis d'obtenir une compensation équitable pour les médias d'information. Nous avons pris des éléments d'un modèle qui fonctionne déjà bien, et nous l'avons bonifié en y ajoutant d'autres éléments typiquement canadiens.
Le Canada est vraiment en train de tracer la voie. Nous le faisons parce que les Canadiens s'attendent à ce que nous agissions pour protéger leur journalisme local, et ce, de manière transparente. C'est d'ailleurs pourquoi nous rendrons publiques la liste des plateformes numériques répondant aux critères, la liste des exemptions, les raisons pour lesquelles elles ont été accordées, la liste des organes de presse admissibles, ainsi de suite.
[Traduction]
La ne sera pas une panacée pour tous les défis auxquels le secteur est confronté. Comme l'a dit Rod Sims, l'ancien président de la commission australienne de la concurrence et de la consommation, « le monde observe » le Canada. Le monde nous regarde, et j'espère que nous serons à la hauteur de la situation.
Le président: Vous avez 30 secondes, monsieur le ministre.
L'hon. Pablo Rodriguez: Nous pouvons donner aux médias canadiens la possibilité de se reconstruire et de prospérer dans un écosystème de nouvelles plus durable et équitable, et nous ferons tout ce que nous pouvons pour donner aux Canadiens l'accès aux nouvelles justes, impartiales, fondées sur des faits et de haute qualité que nous voulons et dont nous avons besoin.
[Français]
Je vous remercie de votre travail et suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Monsieur le ministre, ma prochaine question porte sur l'article 24 du projet de loi.
Nous savons que dans la vie de tous les jours, nous pouvons utiliser des liens sur nos sites, qu'il s'agisse d'un blogue, de nos pages Facebook ou Twitter, et ainsi de suite. Nous pouvons partager ces liens, et personne n'est obligé de payer pour le faire.
Toutefois, en vertu du projet de loi , les INN, les intermédiaires de nouvelles numériques, seraient soudainement tenus de payer pour les liens de nouvelles, mais uniquement pour les liens de nouvelles. Les liens de nouvelles seraient la seule chose sur Internet à laquelle on attribuerait une valeur monétaire, et aucun autre lien. Tous les autres liens peuvent être partagés sans problème et sans qu'il soit nécessaire de payer, mais les liens de nouvelles ont en quelque sorte une valeur.
Je suis simplement curieuse: pourquoi attribue‑t‑on une valeur aux liens de nouvelles, mais pas aux autres liens? Pourquoi pensez-vous que c'est approprié?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci, monsieur le ministre, de vous joindre à nous aujourd'hui. Ce dossier est très important. Compte tenu des chiffres que vous nous avez cités au début en parlant des médias qui se sont effondrés au cours de la dernière décennie et plus dans ce pays, il ne fait aucun doute que nous devons faire quelque chose de différent. Je suis très reconnaissant que vous ayez pris l'initiative de proposer quelque chose pour mieux protéger un service que de nombreux témoins ont qualifié de bien public. Je vous remercie beaucoup d'être ici.
Dans un article récent, on demandait au chef conservateur son opinion du projet de loi . Dans cet article, il est dit: « [M.] Poilievre a déclaré qu'il n'a rien contre un modèle qui permet aux médias d'être rémunérés par ces grandes entreprises. »
Quelle est votre réaction à cette déclaration, monsieur le ministre?
:
Je suis très heureux de savoir que M. Poilievre est pour ce modèle, ce qui est normal, car il a fait campagne sur ce thème lors de la dernière élection. Mme Thomas et tous les conservateurs l'ont fait, parce que c'était dans la plateforme. Ils ont dit qu'ils avaient besoin de quelque chose comme cela, suivant le modèle australien.
Or, c'est exactement le modèle australien. Nous n'avons ajouté que quelques éléments sur la transparence, à tel point que même les Australiens nous regardent maintenant et disent: « Ah, c'est bon. Voyons si nous pouvons faire la même chose. »
Les choses doivent être claires. Il n'y a rien de controversé dans ce projet de loi. Nos amis les conservateurs ont fait campagne sur ce thème. Le Bloc québécois l'appuie. Nous l'appuyons, bien sûr. Je pense que le NPD l'appuie aussi — tout le monde.
Pourquoi? Nous l'avons dit, et vous l'avez dit, monsieur Coteau: parce que la presse disparaît. Quatre cent soixante-huit médias ont fermé leurs portes. C'est énorme.
Notre démocratie devient-elle plus forte ou plus faible? Je dirais plus faible. Je suis heureux que les chefs conservateurs conviennent de ce point et je suis heureux que les conservateurs l'aient inscrit à la page 155 de leur programme. Faisons‑le ensemble.
Vous avez parlé du modèle australien. J'aimerais en parler un peu et obtenir vos observations à ce sujet.
De nombreux députés nous ont dit qu'il s'agissait d'un modèle efficace, tant pour les grandes que pour les petites entreprises de nouvelles. Nous savons que le modèle australien a été le premier à voir le jour et qu'il a permis de raviver les médias en Australie. Il a été bénéfique pour les petites entités.
Toutefois, il doit y avoir des différences — des choses que nous avons apprises du modèle australien, des différences marquées entre les deux pays.
En tant que ministre, qu'avez-vous appris de ce modèle? Qu'est‑ce que votre ministère a appris de ce modèle? Qu'allons-nous faire un peu différemment dans notre approche pour trouver des moyens de construire un modèle qui fonctionne pour les Canadiens?
:
Merci, monsieur Coteau. C'est une question très importante.
Nous avons appris que le modèle fonctionne. C'est probablement la chose la plus importante. Il fonctionne, et il a été bénéfique pour les petits médias locaux. C'est exactement ce que nous voulons pour notre projet de loi.
Nous avons pensé qu'il fallait apporter quelques améliorations et augmenter un peu la transparence. Par exemple, en Australie, le ministre peut décider quelles plateformes sont incluses. Nous ne voulons pas de cela. Nous voulons établir des critères indépendants. Nous voulons créer des critères pour que les plateformes obtiennent des exemptions. Elles sont publiques. Nous voulons que les gens sachent quels sont ces critères.
Si vous me le permettez, je vais les mentionner rapidement: maintien de l'indépendance de la presse; l'argent doit être réinvesti pour soutenir un contenu de nouvelles locales; indemnisation équitable des entreprises de nouvelles; les nouvelles locales indépendantes doivent avoir des accords, et pas seulement les gros bonnets; investissement dans les langues autochtones et minoritaires et dans une plus grande diversité d'entreprises de nouvelles; et soutien de la durabilité à long terme des nouvelles au Canada.
Ce sont des critères très précis qui doivent être respectés.
:
Merci pour cette réponse.
Je suis d'origine antillaise. Lorsque l'on fait des courses dans les magasins caribéens de Toronto — à Etobicoke, North York et Scarborough —, on peut voir que les kiosques à journaux de tous ces magasins proposent les publications The Caribbean Camera, Share et Pride. Ce sont d'excellentes petites publications que les gens de ma communauté et de toute la région du Grand Toronto et du pays consultent comme sources de nouvelles, tant internationales que canadiennes.
Pour moi, il est important que les petites entités figurent dans ce projet, surtout compte tenu des milliers de sources médiatiques ethniques présentes dans ce pays.
Monsieur le ministre, peut-être pouvez-vous me dire ceci: existe‑t‑il une approche pour travailler avec ces petites entités, qui sont généralement des médias ethniques qui s'adressent aux Canadiens de toutes origines?
:
Absolument, monsieur Coteau. Nous partageons votre préoccupation et votre sentiment de l'importance des petits médias ethniques. Ce projet de loi est bon pour les grands et les petits.
Nous avons inclus la négociation collective dans le projet de loi. C'est très important, car cela permet aux petits médias de conclure des ententes ensemble. Au lieu d'avoir une très petite entité médiatique qui négocie avec les géants de la technologie, ils peuvent s'unir pour négocier, ce qui augmente leur force et leur pouvoir.
Pour nous, absolument. Il est écrit noir sur blanc que ce projet de loi doit soutenir les médias locaux, régionaux, petits et moyens, car nous comptons sur eux. Nous comptons sur eux pour obtenir nos nouvelles dans différentes régions et dans différentes langues. C'est pourquoi le projet de loi a été rédigé de cette manière.
En Australie aussi, monsieur Coteau, les petits médias aussi ont vraiment bénéficié de leur projet de loi.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. Le sujet dont je vais traiter maintenant est semblable à celui que j'ai abordé plus tôt avec M. Scott, du CRTC, à savoir la qualité que l'on exigera des entreprises de nouvelles qui seront admissibles dans le cadre de ce projet de loi.
Entre autres, selon les critères actuels, l'article 27, qui porte sur l'admissibilité des entreprises de nouvelles, laisse entendre qu'une entreprise de nouvelles qui est la propriété d'un État étranger pourrait être admissible. D'après vous, cela n'ouvre-t-il pas la porte à d'éventuels dérapages?
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En fait, j'ai posé cette question plus tôt au CRTC et on m'a répondu que ce n'était évidemment pas au CRTC d'établir les critères servant à définir ce qu'est une bonne organisation journalistique, c'est-à-dire une entreprise qui fait son travail de façon rigoureuse et sérieuse. Or, c'est pour moi une préoccupation.
Présentement, les critères considérés sont ceux qui permettent aux entreprises de se qualifier en tant qu'« organisation journalistique canadienne qualifiée ». À mon avis, il semble manquer des critères assurant la rigueur et le sérieux des entreprises journalistiques. En effet, comme on le sait, n'importe qui peut s'improviser entreprise journalistique sur Internet et devenir admissible s'il répond aux critères actuels.
Ne devrait-on pas inclure ces critères supplémentaires à même le projet de loi? Je ne parle pas ici de critères pointus, mais de s'assurer à tout le moins que le travail journalistique est fait avec une certaine rigueur.
Les grands médias bien établis ont un code de déontologie journalistique. CBC/Radio‑Canada, par exemple, applique des normes et pratiques journalistiques. Les journaux ont en général de telles normes eux aussi.
Ne devrait-on pas s'inspirer de ces codes journalistiques et de ces bonnes pratiques pour incorporer certains des critères à même le projet de loi? Est-ce que cela ne simplifierait pas le travail du CRTC ou de l'organisme qui devra déterminer qui est admissible et qui ne l'est pas?
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Justement, c'est ce que je demandais aux représentants du CRTC, qui m'ont répondu que leur organisme ne serait pas celui qui établirait ces critères. C'est donc peut-être à nous, les membres du Comité, de les incorporer au projet de loi. Je comprends que vous serez ouvert à ce genre d'amendements.
Tout à l'heure, vous avez parlé de votre ouverture et de votre intérêt pour les lois étrangères. Je ne sais pas si vous êtes au courant, monsieur le ministre, mais j'étais au Mexique il n'y a pas si longtemps pour assister à un congrès mondial sur la culture.
J'ai eu l'occasion de parler avec des représentants d'autres pays, qui suivent ce que nous sommes en train de faire ici avec les projets de loi et . Si je parle de ces pays, c'est parce que ce sont souvent de petits États qui vont probablement être beaucoup moins forts que nous devant les géants du Web, et qui choisissent donc de voir comment les plus grands pays vont légiférer en la matière. Cela leur permettra ensuite de sentir qu'ils ont des alliés lorsque viendra le moment de mettre en œuvre leur propre réglementation.
C'est un peu pour cette raison que je souhaite que nous ayons des critères assez sérieux sur la qualité des entreprises souhaitant être reconnues comme étant admissibles. Internet est mondial et l'information circule sans frontières. Ces mêmes règles vont donc être beaucoup plus faciles à appliquer dans les pays qui ont les reins un peu moins solides devant les géants du Web.
Nous devons montrer l'exemple, d'où ma préoccupation. Nous devons appliquer des critères extrêmement sévères pour éviter que de la désinformation et des médias de propagande étrangers ne s'infiltrent dans notre univers journalistique. C'est à cela que je faisais allusion.
À la lumière de cela, ne croyez-vous pas que nous devrions être plus sévères, rigoureux et exigeants envers les entreprises que nous allons reconnaître?
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Ce n'est pas à moi de décider de la mission des entreprises, monsieur Champoux. Vous comprendrez que le but de ce projet de loi est d'éviter le plus possible toute ingérence et de permettre de libres négociations entre les plateformes et les médias.
J'aimerais revenir sur ce que vous venez de dire, car c'est très important. Le Canada fait actuellement figure de chef de file. Ce n'est pas pour rien qu'il y a une résistance de la part des plateformes. En effet, elles se disent que, si quelque chose se fait au Canada, cela peut se faire ailleurs.
J'étais avec vous au Mexique, monsieur Champoux, où j'ai eu les mêmes conversations. Avant cela, j'étais au G7, en Allemagne. Le projet de loi du Canada a été discuté par tous les autres pays, qui veulent voir ce que nous faisons pour savoir s'ils pourront appliquer le même modèle.
La disparition des médias régionaux et de la liberté et de l'indépendance de la presse a lieu partout, monsieur Champoux, comme vous le savez. C'est une menace pour la démocratie, non seulement au Canada, mais ailleurs dans le monde aussi.
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Bien sûr, ma prochaine question est assez évidente.
Qu'a fait le ministère du Patrimoine canadien pour garantir qu'il n'y aurait plus jamais de financement pour des organisations qui sont des véhicules de la haine, qu'il s'agisse d'antisémitisme, d'islamophobie, d'homophobie, de transphobie, de racisme ou de misogynie?
En tant que ministre, quelles mesures avez-vous prises pour vous assurer que le ministère du Patrimoine canadien ne finance plus quiconque participe à de telles activités?
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Merci, madame la présidente.
C'est en fait ma collègue Mala Khanna, la sous-ministre adjointe, qui était là, mais je suis heureuse de répondre à la question.
Essentiellement, depuis le mois d'août, nous avons revu tous les processus. De toute évidence, le paiement a été arrêté et nous cherchons à récupérer l'argent qui a été versé à cette organisation.
En outre, le a ordonné un examen de tous les programmes, de sorte qu'aucun fonds ne sera versé à des organisations tant que nous n'aurons pas mis en place de nouvelles mesures.
De plus, pour répondre à votre question, pour l'ensemble des programmes de Patrimoine canadien, nous nous sommes assurés que cette organisation ne recevra jamais de fonds de notre part si M. Marouf en fait partie.
Je peux vous fournir plus de détails sur les mesures supplémentaires que nous mettons en place, si vous le souhaitez.
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Merci, madame la présidente, et merci, monsieur le ministre, de comparaître aujourd'hui.
Je tiens à parler d'abord des critères que le gouvernement va utiliser pour déterminer qui est un organe de presse qualifié. Le CRTC nous a dit aujourd'hui que ce n'était pas son rôle de le déterminer.
En répondant à M. Champoux, vous avez dit que ce n'était pas votre rôle de le déterminer, mais au début, vous avez dit que vous alliez publier la liste des intermédiaires de nouvelles numériques et les critères de leur sélection.
Quels critères le gouvernement va‑t‑il appliquer pour dire qui est une organisation qualifiée?
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Merci, madame la présidente et monsieur Champoux.
[Traduction]
Je suis heureux de la présence du ministre, de M. Owen Ripley et de Mme Mondou.
Par votre entremise, madame la présidente, je vais adresser mes questions au ministre.
Nous ne sommes pas les seuls à travailler sur ce projet de loi pour que ces plateformes numériques versent une juste compensation afin de soutenir la presse libre, indépendante et florissante que nous souhaitons. Ce projet de loi a suscité beaucoup d'intérêt de la part d'autres pays qui nous regardent alors qu'ils élaborent une loi similaire. Nous avons examiné la situation de l'Australie, et vous avez mentionné lors d'un témoignage précédent que l'Australie examine maintenant notre projet de loi et que l'Europe, les États-Unis et d'autres pays s'inspirent de nous.
Vous et moi avons eu des conversations sur le fait que d'autres pays nous approchent. Pouvez-vous nous dire si c'est le début d'une vague de pays qui travaillent sur des dispositions législatives similaires?
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Tout à fait, monsieur Louis. Je vous remercie de votre question.
Nous avons constaté au Canada — et on le constate aussi dans d'autres pays — que la presse traditionnelle locale et régionale est en train de disparaître. Cela me préoccupe beaucoup, et je n'ai aucun doute que cela préoccupe tout le monde, tous partis confondus, sans exception. Nous devons trouver un moyen de contrebalancer cette tendance et de nous assurer que nous avons une presse libre forte, indépendante et non partisane, car notre pays a été construit sur cette base. Notre démocratie s'est construite là‑dessus. C'est la même chose aux États-Unis, tout comme en Allemagne, en France et en Italie.
Comme vous dites, j'ai eu la chance de m'entretenir avec mes homologues. Le premier à qui j'ai parlé était l'Australien, pour m'assurer de bien comprendre le modèle. C'est à ce moment‑là que nous avons apporté quelques changements, parce qu'il y avait des points sur lesquels nous pensions que nous pourrions être un peu plus transparents, et nous avons apporté des changements pour être plus transparents.
J'ai ensuite eu l'occasion d'en discuter avec des représentants de l'Allemagne et de la France, et avec mes homologues au Mexique et aux États-Unis. Ils sont très intéressés, comme vous l'avez dit, car la disparition de ces médias traditionnels est une mauvaise nouvelle pour tout le monde, sans exception. Lorsque nous avions beaucoup de ces médias traditionnels au milieu, nous avions une presse plus indépendante et plus neutre. Ils sont en train de disparaître, et la presse se dirige de plus en plus vers les extrêmes. Les extrêmes sont toujours mauvais, monsieur Louis, partout dans le monde, au Canada et dans n'importe quel autre pays.
Voilà pourquoi les autres pays nous observent pour voir comment nous essayons de mettre en oeuvre ces mesures et quelle est l'incidence des changements que nous avons apportés pour être plus transparents. Il en a été question au G7. Le sujet fait partie du communiqué définitif des travaux du G7 et il a joué un rôle très important, alors j'espère que nous pourrons inspirer d'autres pays.
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Je vous remercie pour cette réponse.
Vous avez évoqué l'importance de soutenir les médias communautaires locaux. Vous avez aussi mentionné qu'il existe une vaste gamme de mesures de soutien pour garantir que nos histoires locales sont racontées et entendues.
Vous avez annoncé hier la mise en œuvre du financement prévu dans le budget de 2022. Plus précisément, vous lanciez les mesures spéciales pour le journalisme, qui ont débuté pendant la pandémie. Il s'agissait de 10 millions de dollars pour l'Initiative de journalisme local et de 40 millions de dollars pour le Fonds du Canada pour les périodiques. C'est extrêmement opportun.
Nous avons entendu de nombreux témoins. Je pense aux hebdomadaires de la Saskatchewan et de l'Alberta, qui sont venus la semaine dernière, je crois, ainsi qu'aux hebdomadaires locaux et aux organes de presse de ma circonscription de Kitchener-Conestoga. Ils ont dit que pour assurer la survie du journalisme, nous devons mettre en œuvre cette série de mesures de soutien.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les éléments qui complètent le projet de loi ?
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Avec plaisir. Comme je l'ai dit au début, ce n'est pas une solution miracle. D'autres programmes le complètent: le crédit d'impôt pour la main-d'œuvre journalistique canadienne couvre les coûts liés au déménagement et le fonds pour les périodiques profite à de nombreux organes de presse locaux, surtout les petites publications de l'Ouest. Je sais que le sujet préoccupait les conservateurs, par exemple. Le fonds pour les périodiques joue un rôle important pour les petits médias, surtout dans l'Ouest.
Comme vous l'avez mentionné, nous avons ajouté 40 millions de dollars au Fonds dans le budget de 2022. Nous l'avons annoncé hier. La réaction a été extrêmement favorable. Nous pensons qu'avec ce financement, nous serons en mesure de soutenir 800 organes de presse de plus, et la plupart d'entre eux — une grande, très grande partie d'entre eux — sont de petits acteurs.
Nous avons créé l'Initiative de journalisme local qui aide des organes de presse à assurer une couverture dans les communautés mal servies.
Ces programmes se complètent et tentent d'aider notre système à avoir une presse locale et régionale forte, libre et indépendante, ce qui est essentiel pour la démocratie.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur le ministre, quelques préoccupations ont été soulevées plus tôt cette semaine par Brian Myles, directeur du journal Le Devoir, entre autres sur la dualité linguistique. J'en ai d'ailleurs parlé tantôt.
Or, une autre préoccupation va certainement être soulevée bientôt. Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu venir, il n'y a aucune disposition dans le projet de loi qui traite de la collecte et du partage des données qui sont recueillies. On sait que, de nos jours, les données sont le nerf de la guerre. Pourtant, il n'y a pas de dispositions qui obligeraient Google, Facebook ou tout autre intermédiaire à divulguer aux entreprises de nouvelles les données concernant l'auditoire de nos médias d'information.
Est-ce quelque chose qu'on laisse à la négociation ou est-ce quelque chose qu'on devrait encadrer dans le projet de loi, selon vous?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Il est sûr qu'en principe, la très grande majorité des partis appuient le projet de loi , tout comme la très grande majorité des témoins que nous avons entendus, dont des journaux communautaires de l'Alberta et de la Saskatchewan. Qui plus est, des représentants de communautés se trouvant dans des circonscriptions détenues par des députés conservateurs ont dit que le projet de loi C‑18 serait un outil important.
Toutefois, des critiques ont été émises au sujet de la transparence entourant l'implication des petits journaux et des petites radios communautaires, qui ne seront pas touchés si on n'apporte pas d'amendements pouvant changer les choses. Il y a aussi le fait qu'il n'y a pas vraiment de limites au processus d'arbitrage, ce qui signifie que les géants du Web auront tout avantage à laisser traîner les choses en longueur plutôt que de négocier. Tous ces éléments devraient donc être améliorés.
Si j'ai bien compris, monsieur le ministre, le ministère n'a pas analysé ces questions. Votre message d'aujourd'hui est que vous êtes ouvert à la possibilité d'accepter des amendements au projet de loi C‑18 pour que celui-ci apporte vraiment les améliorations que nous souhaitons voir dans le réseau communautaire et le journalisme canadien. Êtes-vous ouvert à tous ces changements?
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Je suis ouvert aux discussions, monsieur Julian. Comme je l'ai mentionné tantôt, il y a beaucoup de programmes qui sont destinés à ces médias. J'ai parlé du Fonds du Canada pour les périodiques, par exemple, qui profite beaucoup aux petits médias. Leur intérêt est donc beaucoup moins centré sur le projet de loi C‑18, même si certains ont un intérêt pour celui-ci.
Beaucoup de gens m'ont dit que nous devrions assurer la pérennité des autres programmes existants, parce que c'est ce qui est important pour eux. Nous allons donc nous assurer de maintenir ces programmes en place, parce qu'ils profitent aux petits joueurs.
J'aimerais mentionner une dernière chose, monsieur Julian. La négociation collective, que vous connaissez bien, donne énormément de pouvoir à ceux qui sont visés par le projet de loi C‑18 et qui peuvent s'associer pour négocier avec les grands médias.
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Merci, madame la présidente.
C'est inscrit dans mes gènes: lorsque vous entendez les mots « faites-moi confiance » ou « je viens de la part du gouvernement pour vous aider », fuyez. Fuyez vite dans la direction opposée. C'est inscrit dans mes gènes, donc quand je vois un projet de loi rédigé à n'importe quel niveau et qu'il est grand ouvert, la réglementation devient cruciale. Ce projet de loi me fait peur. Il me fait peur à cause de ce qu'il faudra rédiger ensuite.
J'ai beaucoup d'ancienneté. J'ai vu beaucoup de règlements être rédigés pour mettre en oeuvre des projets de loi très larges, et c'est ce qui me fait peur, alors monsieur le ministre, lorsque vous parlez de faits, je préfère parler d'« histoire ». Dès que vous rédigez quelque chose, c'est de l'histoire. Quand vous faites la part des choses, une moitié est son histoire. L'histoire de chacun est valable; c'est son histoire. Quand vous dites que nous devons avoir des médias qui rapportent les faits, tout le monde a son histoire. C'est comme lorsque les policiers prennent les déclarations de témoins: ils interrogent un témoin et ils obtiennent une déclaration. Ils en interrogent un autre, ils obtiennent une autre série de faits. Lorsqu'ils en interrogent un troisième, ils obtiennent une autre série de faits. Les opinions de chacun et tout ce qu'ils écrivent sont des faits pour eux. Cela me pose un peu un problème quand vous dites que vous ne voulez que des médias qui rapportent des faits, parce que ce que chacun écrit est factuel pour cette personne.
Quand vous dites « exclure », cela me rend vraiment nerveux. Je suis pour l'inclusion. Vous avez dit « exclure ». Je n'aime pas des mesures qui excluent. Cela me pose un problème.
Mon dernier point, monsieur le ministre, et vous le savez, c'est que j'ai plusieurs journaux indépendants dans ma circonscription, et ils ne sont visés par aucune de ces dispositions. Ils comptent moins de deux journalistes. Ce sont des gens qui travaillent dur et ils n'ont ni le temps ni les ressources pour se réunir afin de négocier quoi que ce soit. Il ne restera que des miettes sur la table pour tout le monde une fois que les gros acteurs auront tout pris. Monsieur le ministre, ce projet de loi n'aide pas les hebdomadaires qui couvrent tout dans ma circonscription à l'échelle locale. Cela pose un problème.
Monsieur le ministre, je ne sais pas. Vous m'avez déjà entendu le dire.