Bienvenue à la 102e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.
Conformément au Règlement, la réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Les députés participent donc, selon le cas, en personne ici même ou à distance grâce à l'application Zoom.
Voici quelques remarques à l'intention des députés et des témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix.
Cette salle est équipée d'un système audio très efficace, mais des phénomènes d'écho extrêmement préjudiciables pour les interprètes peuvent leur causer des blessures graves. La cause la plus courante de ce genre de phénomène est une oreillette portée trop près d'un micro.
Quant à la liste des intervenants, le greffier voudra bien s'assurer d'organiser les séries de questions.
Aujourd'hui, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 29 janvier 2024, le Comité reprend son étude de l'approche du Canada à l'égard de l'Afrique.
Je souhaite la bienvenue à nos distingués témoins.
Nous accueillons aujourd'hui M. David Black, professeur à l'Université Dalhousie, et M. Christopher Roberts, membre de l'Institut canadien des affaires mondiales, qui s'exprimeront à titre personnel.
Nous avons également le plaisir d'accueillir M. Nola Kianza, président et directeur général du Conseil canadien pour l'Afrique.
Chacun de vous aura cinq minutes pour faire son exposé préliminaire. Veuillez me regarder de temps en temps, car je vous ferai signe, quand viendra le temps, de conclure rapidement, et ce, non seulement quand vous ferez votre exposé, mais aussi quand les députés vous poseront des questions.
Je crois que nous allons commencer par M. Black.
Monsieur Black, vous avez cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci également aux membres du Comité.
C'est pour moi une excellente occasion de participer à cette étude importante, qui tombe à point nommé. Ayant passé une grande partie de ma vie à réfléchir aux relations entre les Canadiens et les pays et les peuples africains et à ce qu'elles devraient être, je suis heureux de constater un regain d'intérêt du Canada pour l'Afrique — et pas seulement au sein de ce Comité.
Il existe de très bonnes raisons stratégiques de s'intéresser plus durablement à l'Afrique. Mais, à y regarder de près, il ne faut guère se faire d'illusions sur la marginalisation du Canada à l'égard des intérêts et des protagonistes africains. Cette marginalisation est en partie attribuable à des changements structurels à l'échelle internationale, mais elle est également délibérée.
Concrètement, cela signifie que, en renouvelant le dialogue avec l'Afrique, on fait, en réalité, du rattrapage. Il nous faut donc être modestes dans nos attentes, cohérents et ouverts dans le dialogue, exhaustifs dans notre réflexion et soucieux de ne pas exagérer l'importance de ce que nous faisons.
Je ne dis pas cela pour minimiser les efforts importants actuellement déployés par beaucoup de Canadiens et d'Africains, à l'échelle intergouvernementale aussi bien que transsociétale, pour créer des liens mutuellement avantageux. En effet, les relations entre le Canada et l'Afrique sont plus variées et diversifiées que jamais. Cela dit, la politique officielle du Canada témoigne d'un engagement global toujours limité, qui a diminué au cours des deux dernières décennies, précisément au moment où de nombreux autres gouvernements prenaient acte de l'importance croissante de l'Afrique sur les plans économique, sécuritaire, diplomatique et politique, et prenaient des initiatives visant à nouer des relations plus étroites et plus stratégiques.
Jusqu'ici, l'engagement du Canada en Afrique a reposé sur la base relativement vaste, mais déconnectée et peu approfondie, de l'aide au développement international, de déploiements militaires et policiers périodiques et parfois difficiles dans le cadre d'opérations multilatérales de maintien de la paix, d'engagements envers des organismes multilatéraux comptant de nombreux membres africains, dont la Francophonie et le Commonwealth, et de liens communautaires par l'entremise d'organisations de la société civile. Ces liens ont ultérieurement été élargis en raison du rôle massif, mais controversé, du secteur extractif canadien.
Mais ces points de contact ordinaires ont cependant été périodiquement complétés par d'importantes initiatives diplomatiques canadiennes. J'en veux pour preuve deux exemples particulièrement frappants: l'engagement durable du gouvernement Mulroney dans la lutte pour mettre fin à l'apartheid — qui nous a été rappelé dernièrement à l'occasion du décès du premier ministre Mulroney — et la prise de position du gouvernement Chrétien, qui a défendu le plan d'action pour l'Afrique dans le cadre de ce qui était alors le G8, en 2002. Ce genre d'initiative ne s'inscrivait pas dans une stratégie africaine globale. Il n'y a jamais eu de stratégie de ce genre. Mais ces initiatives ont été suffisamment fréquentes pour renouveler régulièrement l'idée que le Canada pourrait et devrait jouer un rôle important dans les questions qui importent aux Africains.
Cependant, depuis le milieu des années 2000, cet intérêt intermittent pour l'Afrique s'est largement dissipé, et les autorités ont été particulièrement absentes du dialogue avec l'Afrique. Compte tenu des initiatives canadiennes antérieures et de l'intérêt croissant manifesté par d'autres gouvernements étrangers, cela a été interprété comme une sorte d'indifférence. Et c'est resté vrai non seulement de manière générale, mais aussi dans le cadre de relations bilatérales importantes, par exemple avec l'Afrique du Sud après l'apartheid.
C'est cette perte d'intérêt qu'il faut analyser avant de renouveler notre approche à l'égard de l'Afrique.
Évidemment que, compte tenu des besoins urgents ailleurs dans le monde et de la limitation des ressources, il peut sembler difficile de justifier un intérêt plus concerté pour l'Afrique, même si je n'ai pas l'impression que ce n'est pas nécessaire ici. Le dialogue avec le continent africain est important pour des raisons à la fois intéressées et systémiques, et on vous a déjà parlé de plusieurs d'entre elles. J'ai regardé votre séance d'introduction. Elle fournit un contexte très utile.
Le potentiel économique de l'Afrique dépasse celui de toutes les autres régions du globe, mais ses difficultés sur le plan de la sécurité et celui de l'humanitaire sont telles qu'elles ont des répercussions systémiques susceptibles d'entraver sérieusement ce potentiel.
Les grands enjeux collectifs qui nous touchent tous, dont la migration forcée, la santé mondiale et la durabilité environnementale ne peuvent tout simplement pas être réglés sans des partenariats avec l'Afrique.
Enfin, en raison de son importance croissante et de son grand nombre d'États, l'Afrique revêt une importance diplomatique croissante à l'échelle internationale. De façon générale, l'Afrique se trouve au foyer des tensions qui contractent de plus en plus l'ordre mondial, et j'espère que nous aurons l'occasion d'en parler au cours de notre conversation. Plus précisément, l'incapacité du Canada à obtenir l'appui solide des gouvernements africains a joué un rôle important dans l'échec de nos deux dernières campagnes pour obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Compte tenu de ces incitatifs, il est tout à fait approprié que le gouvernement envisage des moyens d'élargir l'engagement du Canada en Afrique. Mais, ce faisant, il importe de consolider les liens diversifiés, mais fragiles du Canada pour élaborer une approche plus durable, globale et respectueuse.
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Merci beaucoup au Comité de m'avoir invité à participer à ces importantes délibérations sur l'approche du Canada à l'égard de l'Afrique.
J'ai reçu l'invitation entre deux aéroports. Je me trouvais entre Lusaka et Dar es Salaam, et cela ne pouvait pas mieux tomber.
Permettez-moi de passer immédiatement à ce que je pense de la nécessité de repenser et de restructurer nos relations avec le continent africain. Je rappelle que c'est mon point de vue personnel.
Premièrement, nous devons revoir notre conception. M. Black a bien amorcé le processus. Les Canadiens ont de la difficulté à concevoir le continent africain du point de vue plus général de la politique étrangère, commerciale et de défense. Pour certains, cette idée n'a aucun sens puisque le contre-argument est simple: quelle que soit la liste des priorités internationales du gouvernement du Canada, les pays africains ou tout autre pays en crise ne peuvent pas prétendre susciter un intérêt national fondamental.
Cela dit, il ne s'agit pas aujourd'hui de faire du continent une priorité absolue, pas plus que de couper tous les liens. Comme M. Black l'a souligné, il s'agit de reconnaître la mesure dans laquelle la complexité de la situation mondiale exige que le Canada améliore sa présence dans cette région du monde, à l'avantage de tous et après des années de négligence.
Comme l'a réitéré la mise à jour de la politique de défense de la semaine dernière:
Les intérêts du Canada sont défendus par un ordre international qui est libre, ouvert, stable et régi par la primauté du droit, et nous avons la responsabilité envers la population canadienne et nos partenaires et alliés aux vues similaires de jouer un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité mondiale.
Tant que nous, Canadiens, ne comprendrons pas que la plupart des États africains dépendent aussi de régimes internationaux et internes assujettis au principe de la primauté du droit et que la plupart des Africains y aspirent, nous ne saurons pas comment le mieux restructurer notre engagement.
Je vais aussi vous décrire brièvement deux interprétations extrêmes à ne pas entériner au moment où nous cherchons un mode d'engagement plus prudent.
Il y a, d'un côté, la position trop optimiste qui met l'accent sur la poussée démographique de jeunes Africains friands de technologie. C'est ce que j'ai entendu dire durant les dernières semaines. C'est la main-d'œuvre de l'avenir, pendant que d'autres populations diminuent partout dans le monde.
L'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine est censé stimuler le commerce régional. Selon les estimations de 2024, l'Afrique sera la région qui connaîtra la croissance la plus rapide au monde, entre 3 et 6 %. Tout cela est bel et bon.
Il y a aussi le point de vue opposé, le point de vue trop pessimiste, qui souligne la résurgence des coups d'État, des dérives autoritaires et d'un degré de violence politique et de guerres sans fin du Sahel à la Corne de l'Afrique en passant par le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Mozambique et le Soudan. Il faut y ajouter les nouvelles crises de la dette souveraine qui rappellent les années 1980.
Ce sont les deux côtés de la médaille, mais ce que j'essaie de faire valoir ici, c'est qu'il faut tenir compte des cinq réalités suivantes.
Premièrement, le Canada est une démocratie constitutionnelle fédérale qui s'appuie sur le principe de la primauté du droit, pendant que la plupart des Africains aspirent, eux aussi, à se doter de systèmes politiques fondés sur ce principe.
Deuxièmement, le Canada fait face à des difficultés en matière de productivité et à différents problèmes internes, mais nous sommes toujours un pays dépendant du commerce, qui a beaucoup d'activités minières et d'investissements à l'étranger, notamment sur tout le continent africain, et qui partage avec les Africains des engagements à l'égard des objectifs de développement durable.
Troisièmement, nous avons, parmi les pays occidentaux, des liens uniques avec l'Afrique. C'est historique, et je pourrai en parler plus tard. Notre position à l'égard de l'Afrique est sans équivalent dans tous les autres pays du G7 et de l'OTAN.
Quatrièmement, sur le plan historique, le Canada suit l'exemple des États-Unis et de la France en matière de politique étrangère en Afrique, mais, comme nous l'avons appris, je l'espère, au cours des dernières années, cette approche n'est plus viable, en admettant qu'elle l'ait jamais été.
Enfin, nous ne pouvons nier que l'Afrique affronte encore plus de difficultés de nos jours en raison de ce qui s'est passé dans les dernières années.
Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il nous faut des leviers politiques plus souples. Nous avons besoin d'un leadership plus coordonné et de plus de persévérance diplomatique, appuyés par un processus décisionnel fondé sur des connaissances et non par des annonces vertueuses momentanées, ou comme Joe Clark, ex-ministre des Affaires étrangères, l'écrivait il y a dix ans, par des discours sans suite.
La restructuration exige du leadership, et on pourrait discuter du moyen d'obtenir un leadership apte à coordonner tout ce que le Canada fait ou pourrait faire sur le continent.
J'ai présenté un mémoire qui contient plus de détails sur mes cinq principaux arguments, mais je vais vous parler des mesures à prendre immédiatement pour renouer avec le continent.
Premièrement, il faudrait veiller à bien comprendre, à l'aide de sources et de données factuelles sérieuses, l'histoire et les effets de la politique et de l'engagement du Canada dans les pays africains, auprès des organisations internationales concernées et d'autres parties intéressées...
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Oui, certainement. C'est parfait.
Deuxièmement, il y aurait lieu de réparer un système de visas défectueux pour les Africains. M. Kianza pourrait vous en parler aussi.
Troisièmement, cessons de suivre les politiques de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni ou de l'Union européenne en Afrique. Nous sommes plus efficaces quand nous développons nos propres idées et connaissances au sujet du continent africain.
Quatrièmement, cessons de supposer que les intérêts d'une ou de deux entreprises canadiennes installées dans un pays représentent les intérêts nationaux du Canada dans ce pays.
Enfin, il faut comprendre que les relations du Canada en matière de diplomatie, de développement, d'économie et de défense à l'égard du continent peuvent avoir des effets importants.
Je me ferai un plaisir de poursuivre cette conversation.
Merci.
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Merci, monsieur le président et merci aux membres du Comité. Je vous suis reconnaissant de me donner l'occasion de m'exprimer. J'ai l'impression d'être chez moi ici. Je vois des visages familiers.
Le Conseil canadien pour l'Afrique existe depuis plus de 20 ans — 22 ans, pour être exact. Il a été créé dans le seul but de promouvoir le commerce et le développement économique entre le continent africain et le Canada. Les témoins précédents viennent de parler de l'Afrique dans son ensemble, mais je vais me contenter de parler de choses relevant du simple bon sens.
Qu'est‑ce donc que cette Afrique dont on parle? C'est un énorme marché de 54 pays. C'est 1,2 milliard d'habitants. Nous connaissons toutes ces statistiques, mais pourquoi le Canada devrait‑il s'intéresser à l'Afrique?
Je vais me concentrer sur l'aspect commercial, l'aspect économique.
Je tiens à souligner d'emblée que, quand on parle du Canada, on parle d'aide. Nous offrons de l'aide, mais n'oublions pas que, si notre économie ne fonctionne pas, il n'y aura pas d'aide. Et, en Afrique, si l'économie ne fonctionne pas, il n'y aura pas de durabilité.
Le Conseil canadien pour l'Afrique a été créé pour promouvoir les entreprises canadiennes. On pensait alors qu'il y avait un marché potentiel énorme en Afrique. Dernièrement, nous avons vu l'Afrique consolider son marché au moyen d'un accord de libre-échange continental qui va ouvrir un des plus grands marchés au monde, comme l'a expliqué M. Roberts.
Et que faisons-nous au Canada? Bien calés dans notre fauteuil, nous disons: « Ah, l'Afrique. » Je ne suis pas ici pour vous dire comment aider l'Afrique. Je vous parle de ce que nous pouvons faire pour aider les entreprises canadiennes à saisir les occasions qui se présentent sur ce continent.
À la question « Pourquoi l'Afrique? », j'ai répondu en parlant de la taille du marché. Pourquoi le Canada, alors? Quand les gens pensent Canada, ils pensent éthique commerciale. Ils pensent aux valeurs canadiennes. Ils pensent à l'expertise canadienne. Ils pensent au savoir-faire canadien. Ils pensent à notre technologie. Nous avons déjà fait cet exercice. Qu'en est‑il de l'agriculture? Qu'en est‑il des télécommunications? Qu'en est‑il de l'infrastructure? C'est déjà fait.
Le Canada repose sur les petites entreprises. Je travaille avec des fabricants et des exportateurs canadiens, qui sont de petites entreprises. Ce sont elles qui ont bâti notre pays. Nous sommes capables de bien communiquer avec l'Afrique. C'est ce que les Africains attendent des Canadiens, mais qu'allons-nous faire là‑bas? Nous disons: « Nous pouvons vous aider » ou « Nous avons de l'argent ». Ils ne demandent pas d'argent, ils nous demandent de venir travailler avec eux pour bâtir leur économie.
Je veux faire comprendre que nous ne faisons pas cela pour l'Afrique. Le monde a changé. Je parle des Canadiens. Comment aider les Canadiens? La politique dont nous parlons consiste à bâtir l'économie. Quand on réunit des entreprises, tout le reste fonctionne.
Savez-vous pourquoi il y a de l'insécurité? Savez-vous pourquoi il y a toutes ces guerres? Quand les jeunes ne travaillent pas, que croyez-vous qu'ils vont faire? Quand ils ne travaillent pas, quand il n'y a pas d'emplois... Ils vont à l'université. Nous avons des universités de premier plan. Oui, ils étudient, mais il n'y a pas d'emplois. N'importe qui peut inciter des jeunes sans emploi à faire n'importe quoi. Et ensuite, nous voulons vivre en sécurité. Comment allez-vous renforcer la sécurité?
Ici, au Canada, si l'économie ne fonctionne pas, l'insécurité va aussi augmenter. Il faut donc bâtir nos entreprises. Je m'adresse à nos propres entreprises ici.
En affaires, les gens ont besoin d'information. Ils ne cherchent pas seulement de l'argent, mais aussi de l'information. Notre gouvernement devrait consacrer des ressources au Service des délégués commerciaux, à notre ministère. Si vous vous adressez à un ministère d'un gouvernement africain, vous trouverez deux personnes qui ne peuvent pas vous donner beaucoup d'information. Ils ont besoin de ressources. Nous avons besoin de meilleurs renseignements. Nous devons trouver un meilleur moyen de rassembler les Canadiens pour partager l'information. C'est de cela que nous avons besoin.
Le Canada doit évoluer sans tarder.
L'Afrique admire le Canada. Savez-vous ce que nous attendons du Canada? Quelle est votre expertise? Où est votre savoir-faire? Nous voulons vos valeurs. Même si d'autres pays s'intéressent à nous, nous voulons des Canadiens, parce que nous savons comment vous agissez.
Je veux que nos gouvernements fassent preuve de leadership. Nous étions à l'avant-garde quand le Canada était la voix de la raison. Quand nous étions engagés, les gens disaient: « Voyez ce que font les Canadiens », mais, aujourd'hui, ils ne savent même pas où nous nous situons.
Je vais terminer en disant que nous avons là une occasion en or. Le marché africain est là pour nous. Ce que je vous demande, très simplement, c'est de m'aider à travailler avec les compagnies canadiennes pour qu'on puisse les amener en Afrique. L'Afrique a besoin d'entreprises. Elle n'a pas besoin d'aide, mais d'entreprises. C'est tout ce dont elle a besoin.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Le Canada intervient dans quelques secteurs clés. Nous sommes déjà très forts dans le secteur des ressources naturelles, par exemple. Il y a cependant d'autres secteurs dans lesquels nous pourrions approfondir notre intervention, comme l'énergie, l'infrastructure, l'agriculture, l'éducation, le génie et les technologies. Il y a tellement de domaines que nous pouvons toucher.
Prenons le Québec, par exemple. Le Québec a quatre bureaux en Afrique. De notre côté, nous avons des partenaires comme 48e Nord International. Ce sont souvent de petites entreprises du domaine des technologies qui vont là-bas pour travailler avec leurs partenaires africains. On ne cherche pas autre chose. Elles partent en apportant avec elles seulement leur savoir-faire, que ce soit dans le domaine de la technologie, de la machinerie ou autres.
Je vais vous donner un autre exemple. Nous avons eu une conférence avec le premier ministre du Burkina Faso, qui était accompagné du ministre responsable de l'agriculture et du ministre responsable de l'élevage. En Afrique, on importe presque tout. Or, au moment de la conférence, il a été question du fait que le Burkina Faso produisait beaucoup dans le domaine de l'élevage. Tout ce dont il avait besoin, c'étaient des abattoirs. Ici, nous avons déjà ce savoir-faire. Il s'agissait d'explorer la façon dont nous pouvions apporter notre savoir-faire là-bas.
Il en va de même pour d'autres domaines, comme l'infrastructure et les transports. Pensons aux chemins de fer, par exemple. Nous avons déjà des connaissances que nous pouvons apporter là-bas. Nous sommes aussi des champions dans les domaines de l'énergie et des technologies.
Par ailleurs, notre organisation a conclu un accord avec le Festival international du film de Toronto. Des gens du domaine du cinéma ont invité le Conseil canadien pour l'Afrique à être leur partenaire. Il s'agit d'inviter des Africains ici pour travailler en partenariat avec des Canadiens afin que ces derniers leur montrent comment bien produire leurs films, tout ce qu'ils peuvent faire à la postproduction et les technologies dont ils peuvent se servir. Nous accueillerons ces gens au mois de septembre. C'est une invitation à venir voir ce que nous faisons.
Par ces initiatives, nous mettons en valeur l'expertise canadienne. Nous avons beaucoup de choses à offrir en ce qui a trait à notre savoir-faire, aux technologies et, surtout, à nos valeurs et à notre façon de faire des affaires. C'est ce que les gens apprécient des Canadiens. D'autres en ont peut-être plus à offrir sur le plan de l'argent et, à cet égard, nous ne pouvons peut-être pas concurrencer les Chinois, par exemple, mais les gens veulent travailler avec des Canadiens en raison de leur façon de faire des affaires et leur façon d'être. C'est ce qu'ils viennent chercher auprès des Canadiens.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
Monsieur Kianza, vous êtes sur une bonne lancée, alors poursuivons ensemble.
J'aime beaucoup vous entendre dire que l'Afrique n'a pas tant besoin d'aide que d'activités économiques, de collaboration, de coopération et de façons de faire.
Par exemple, pour mettre en valeur les productions locales, notamment en matière d'agriculture, le Canada et le Québec ont un système de gestion de l'offre qui est extrêmement efficace. Il y a d'ailleurs un projet de loi à l'étude au Sénat qui vise à s'assurer qu'on ne touchera plus jamais à ce système. Nous espérons qu'il sera adopté.
Pensez-vous que c'est le genre de choses qu'on devrait implanter?
Vous avez mentionné les bureaux du Québec. J'imagine que vous êtes au courant aussi des activités d'UPA Développement international dans le domaine de la coopération. J'aimerais vous entendre nous en parler davantage.
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C'est justement le genre de politiques que nous voudrions avoir.
Je voudrais surtout insister sur un point, et c'est la question de la mentalité. Les Africains ne sentent pas que nous sommes des partenaires ou que nous manifestons même de l'intérêt à leur endroit. C'est à cet égard que nous demandons à notre gouvernement d'agir.
Par exemple, avant de venir ici, j'ai parlé au président de notre conseil d'administration, Benoît Lasalle, qui est en Afrique depuis longtemps. Il m'a suggéré de tout simplement vous mentionner tout ce dont nous avons besoin et de vous laisser essayer de comprendre.
Ce dont nous avons besoin, c'est justement d'implanter des organisations de ce genre. C'est dans ces conditions que les partenariats fonctionnent et qu'on voit que les entreprises vont faire des affaires ensemble.
J'aime bien le modèle du Québec. Nous sommes un partenaire du ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie ainsi que d'Investissement Québec. Pourquoi? C'est parce qu'il faut être là, sur le terrain. Il faut y apporter nos modèles d'affaires et ce qui est gage de notre réussite ici.
Ce qui est de première importance pour ces gens aujourd'hui, et même pour nos entreprises canadiennes, c'est de sentir que le gouvernement est là et qu'il les soutient. Qu'entend-on ici quand on parle de soutien? Ça veut dire que le gouvernement doit avoir une politique claire qui démontre son intérêt.
Je vais vous donner un exemple. On a parlé de l'ancien premier ministre Brian Mulroney et de son engagement durant le temps de l'apartheid. On parlera de Jean Chrétien et de son engagement, en 2002, envers le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique. Il a accompagné les Africains et il était présent. Maintenant, on est complètement effacé. Les Africains ne savent même pas où le gouvernement canadien se tient, à cet égard. En fait, je ne suis même pas ici pour parler de la perspective des Africains, mais bien de celle des compagnies canadiennes, et même celles-ci ne savent pas où le gouvernement canadien se tient.
Même quand nous faisons des projets de développement, nous n'avons pas d'information. Je dois chercher pour savoir qui est notre délégué commercial sur le terrain. Je dois chercher pour trouver même de l'information de base au sujet de ce qui se fait. L'information n'est pas communiquée. Pourquoi?
Il faut qu'on transmette l'information. Il faut qu'on donne de l'information aux entreprises pour qu'elles comprennent l'engagement de notre pays. Voilà ce dont nous avons besoin.
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Comme mon collègue M. Roberts vient de le dire, il faudrait avoir une politique d'ensemble au sujet de l'Afrique, une politique qui soit inclusive.
En 2022, à l'invitation du gouvernement égyptien, je suis allé en Égypte. Là-bas, nous nous amusions du fait qu'ici, on dit que l'Égypte fait partie du Moyen‑Orient et on la distingue du reste, alors qu'en réalité, elle est en train de faire des affaires avec l'Afrique. C'est la même chose dans le cas du Maroc. Je me suis arrêté un instant pour y réfléchir. Nous étions là en train de regarder déjà de quelle façon nous pouvions séparer le commerce, au lieu d'avoir une politique d'ensemble pour signifier d'abord que cette région nous intéresse.
C'est donc la première chose à faire: nous devons dire que cela nous intéresse.
Après avoir signifié notre intérêt, nous devons déterminer ce que nous devons faire. Nous devons avoir une politique et y consacrer des ressources. Notre politique doit dire clairement que le développement économique est très important. Certes, nous ne devons pas délaisser les programmes de développement, mais il faut les accompagner de développement économique. Cette politique à mettre en place doit donc être très claire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup pour cette conversation intéressante, messieurs.
Ce que vous me dites tous les trois, c'est que le Canada n'a pas pris au sérieux son engagement envers le continent africain. Ce n'est pas quelque chose que je mets uniquement sur le dos du gouvernement actuel; c'est un problème que nous constatons depuis un certain nombre d'années.
Vous savez, mon collègue conservateur a demandé à quelle position nous devrions classer l'Afrique, et je suis assez contrariée par cette formulation, car je pense que nous ne devrions pas choisir de première, de deuxième et de troisième place. Je n'aime pas cette idée.
Il y a une chose qui me chicote plus particulièrement dans l'approche actuelle de ce gouvernement… Vous avez parlé de la nécessité d'une politique globale. Eh bien, au cours de la dernière année, nous avons vu cette politique passer d'une stratégie à un cadre, puis, lors de la dernière réunion, on nous a dit qu'il s'agissait désormais d'une approche. C'est une façon très peu sérieuse d'engager le dialogue avec le continent africain.
Je ne le comprends pas. Je ne comprends pas les réductions de l'APD. Je ne comprends pas tout ce que nous voyons. Vous dites tous que nous devons réaliser plus d'investissements en Afrique et accorder une plus grande attention à ce continent, mais le gouvernement actuel nous signale que nous pouvons nous attendre, demain, à des coupes sombres dans le budget d'Affaires mondiales Canada. Comment convaincre le gouvernement de l'importance d'investir dans une occasion en or?
De plus, pourriez-vous nous parler un peu de…? Monsieur Black, vous avez dit que l'Afrique jouait un rôle au centre des tensions mondiales. Nous savons que la Chine est présente en Afrique. Nous savons que Poutine est présent en Afrique. Nous, nous ne le sommes pas, et cette absence est très dangereuse pour la sécurité mondiale.
Comme nous l'avons entendu la semaine dernière, nous avons actuellement 52 soldats de la paix sur le terrain. C'est inacceptable. Comment convaincre le gouvernement que nous devons en faire plus? Je suis consciente que c'est une question délicate.
Je commencerai par vous, monsieur Black, puis j'inviterai vos collègues à commenter.
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C'est un problème qui remonte bien avant 2024.
L'un des défis auxquels nous sommes confrontés dans nos relations avec les pays africains est le profond sentiment de désaffection à l'égard du monde tel qu'il a été constitué. Il y a un sentiment de résistance anticoloniale. Dans une certaine mesure, la façon dont cela se passe est une réaction à la forme de démocratie libérale qui a été présentée aux gouvernements africains comme une conditionnalité.
M. Kianza a parlé de la nécessité du dialogue. Il faut une approche dialogique. Ce besoin commence maintenant, mais se poursuit bien au‑delà des élections de cette période, et ne consiste pas à dire que nous savons comment faire les choses, et que c'est ainsi que les choses devraient être faites. Il s'agit d'écouter, de s'engager et d'être ouvert à la possibilité qu'il existe d'autres façons de mener une vie politique démocratique que celles que nous avons imaginées.
C'est une réponse détournée et très théorique.
L'autre chose que je dirais, c'est que la gouvernance ne concerne pas seulement les processus électoraux, mais aussi les processus administratifs. Elle concerne les possibilités d'investissement. Elle concerne la manière dont nous traitons les défis du secteur extractif. Toutes ces choses doivent faire partie de l'équation également.
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Je peux vous en parler.
La première chose à faire est de regagner la confiance. Pour que quelqu'un vous écoute…
Nous parlons d'élections. Avant même de pouvoir donner des conseils, il faut gagner la confiance des peuples. À l'heure actuelle, les Africains ont l'impression que nous n'écoutons même pas leurs problèmes. Nous leur disons quelque chose, et ils nous disent quelque chose. Ils nous envoient des signaux différents et nous leur envoyons des signaux différents. Nous ne pouvons même pas être avec eux dans la même pièce.
Il faut commencer par là. Les Africains veulent bâtir leur économie. Nous devons nous présenter à la table et leur dire que nous les entendons, que nous venons à eux et que nous pouvons travailler ensemble. En procédant de la sorte, on peut commencer à suggérer d'autres choses, parce que ce que nous avons fait auparavant n'est pas tout à fait à la hauteur.
Ils ne veulent pas que quelqu'un vienne leur dire comment la démocratie devrait fonctionner Non. Ils veulent savoir…
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Merci, monsieur le président, de m'avoir invité. Je vais être honnête et franc dans mes commentaires.
Permettez-moi d'abord de féliciter le Comité pour cette importante étude sur l'approche du Canada à l'égard de l'Afrique. C'est un signe clair d'un engagement renouvelé envers ce continent.
Monsieur le président, le Canada a au moins deux décennies de retard pour ce qui est d'approfondir son engagement sur le continent africain. Néanmoins, la région en est toujours à un moment charnière au chapitre de la sécurité et de la transformation économique. J'espère que cette étude aidera le Canada à miser sur ses forces passées, à retrouver sa position de force morale et à approfondir ses engagements dans la région.
Dans cette optique, je tiens à recommander d'emblée que le Canada élabore une stratégie globale et cohérente pour l'Afrique. Cette stratégie devrait positionner le Canada en tant que partenaire clé de l'Afrique en matière de sécurité, de développement et de diplomatie. La stratégie doit être le tremplin qui permettra au Canada de jouer dans la cour des grands, comme il le faisait dans des dossiers particuliers sur le continent africain.
Les principes fondamentaux de la stratégie devraient être le respect mutuel, la réciprocité et la non-indifférence avec l'agence africaine et son espace géopolitique et géoéconomique croissant. Pour être durable, une stratégie Canada-Afrique doit être résiliente et adaptable et elle doit être un produit vraiment multipartite qui résiste aux changements de gouvernement. Pour être efficace, la stratégie doit mettre en synergie la sécurité, le développement et les efforts diplomatiques.
J'ai des recommandations précises à soumettre.
Premièrement, la Stratégie de coopération économique Canada-Afrique qui est proposée doit faire partie intégrante d'une stratégie globale et cohérente pour l'Afrique.
En matière de sécurité, le Canada doit diriger les efforts visant à renforcer la coopération interrégionale en matière de sécurité de l'Union européenne et de l'OTAN, ainsi que la capacité des centres d'excellence africains en formation au maintien de la paix, qu'il a aidé à établir au début des années 2000.
Sur le plan de la diplomatie, le Canada doit augmenter le nombre de ses ambassades dans les États africains et établir des missions permanentes dans les communautés économiques régionales pour assurer l'efficacité et la visibilité de son engagement dans la région.
En matière de développement, le Canada doit mettre en place des programmes innovateurs [Inaudible] inspirés du défunt Fonds canadien pour l'Afrique et du Fonds d'investissement du Canada pour l'Afrique, afin d'aider à renforcer les capacités des partenaires africains et canadiens.
Un élément essentiel — et c'est ma dernière recommandation — d'une stratégie Canada-Afrique doit être un fonds spécial pour favoriser les partenariats en éducation entre les universités canadiennes et africaines, avec comme objectif de produire des recherches pertinentes sur le plan des politiques pour soutenir la stratégie pour l'avenir.
Monsieur le président, le continent africain a toujours été un espace de concurrence géopolitique et géoéconomique. Malgré d'importants défis en matière de développement et de sécurité, y compris des menaces hybrides, l'Afrique devrait connaître la croissance économique régionale la plus rapide en 2024.
Les communautés économiques régionales et les États membres de l'Union africaine entreprennent d'importantes réformes politiques pour renforcer la gouvernance démocratique, la paix et la sécurité, ainsi que le développement économique, grâce à des institutions comme l'Architecture africaine de paix et de sécurité et la zone de libre-échange continentale africaine. Ces éléments viennent renforcer l'agence africaine et son potentiel en tant que puissance majeure à l'avenir.
Dans les faits, l'intérêt économique du Canada est en croissance, surtout en ce qui concerne le commerce des produits miniers et celui des marchandises, qui ont représenté respectivement 37 milliards de dollars et 16,2 milliards de dollars en 2023. Pourtant, dans l'ensemble, la région n'a jamais été une priorité en matière de politique étrangère pour les gouvernements canadiens, l'Afrique étant largement perçue comme étant pauvre et déchirée par les conflits.
Je crois fermement que le Canada doit changer son comportement en matière de politique étrangère. Il ne fait aucun doute que le Canada a une identité morale en Afrique, étant donné son absence de bagage colonial et du fait qu'il n'est pas perçu comme belligérant. Cette manière douce positionne de façon unique le Canada comme un acteur majeur potentiellement attrayant dans la région.
L'engagement du Canada doit refléter l'Afrique du XXIe siècle. Le Canada devrait donc, pour la première fois, élaborer une stratégie globale et cohérente pour l'Afrique, afin d'établir des partenariats mutuellement avantageux avec des acteurs africains et de protéger les intérêts canadiens pour l'avenir.
Monsieur le président, si cela convient au Comité, je me ferai un plaisir de soumettre un mémoire détaillé de ma présentation.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup. Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui.
Lorsque la Fondation Stephen Lewis a vu le jour, en 2003, deux millions de personnes mouraient chaque année de maladies liées au sida en Afrique subsaharienne, la plupart de ces personnes étant âgées dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine. Face à cette dévastation, des groupes de membres de la collectivité se sont mobilisés pour fournir des soins et du soutien aux personnes, ainsi qu'assurer leur dignité en fin de vie, et pour soutenir les enfants et les familles touchés par ces décès.
En dépit de leur travail important, épuisant et vital, ces groupes et organisations ont eu un accès minimal aux fonds de lutte contre le VIH qui commençaient à être versés à l'échelle mondiale.
Stephen Lewis et sa fille Ilana Landsberg-Lewis ont lancé la FSL pour mobiliser des fonds, afin de soutenir ces organisations communautaires, et 21 ans plus tard, nous continuons de défendre l'expertise des communautés et le pouvoir de la société civile en Afrique.
Bien que l'épidémie de VIH ait considérablement évolué au cours de ces 21 années, il n'en demeure pas moins que la structure de la riposte internationale au VIH, de même que de l'aide internationale en général, n'a pas beaucoup changé. Les pays donateurs, dont le Canada, et les organisations qui y sont basées, continuent de détenir le pouvoir et de contrôler les ressources. Si vous ne pouviez retenir qu'une chose de mes observations d'aujourd'hui, j'espère que ce sera la suivante: Il faut transformer la façon dont le Canada interagit avec l'Afrique dans le cadre de sa coopération internationale, de sa diplomatie et de ses échanges commerciaux en général, une transformation qui doit être axée sur les besoins et les priorités des collectivités en matière de réduction de la pauvreté, de croissance économique et de respect des droits de la personne.
Parlons d'abord de l'aide canadienne.
Au Comité d'aide au développement de l'OCDE, le Canada a exprimé haut et fort son appui pour habiliter la société civile et résoudre la question de la fermeture des espaces civiques, mais il n'a pas pris suffisamment de mesures pour investir dans des organisations de la société civile solides en Afrique. Au cours de l'exercice 2022‑2023, environ 4,1 milliards de dollars au total en aide internationale canadienne ont été alloués par la voie de dépenses bilatérales et multilatérales pour tous les pays africains et pour des initiatives régionales. En comparaison, l'Ukraine a reçu 5,4 milliards de dollars cette année‑là seulement. Pour être un véritable partenaire des pays africains et de leur population, le Canada doit augmenter considérablement ce chiffre, dans le contexte d'une hausse de l'enveloppe globale de l'aide internationale.
Je veux aussi insister sur la nécessité pour le Canada de veiller à ce qu'une part beaucoup plus importante de l'aide destinée à l'Afrique se rende jusqu'aux organisations et mouvements de la société civile pour appuyer leurs priorités. L'aide internationale du Canada continue de renforcer la relation coloniale avec le continent africain. Même si nous n'avons pas été des colonisateurs, nous pratiquons des pratiques coloniales dans notre aide. Le Canada doit délaisser les approches descendantes en matière d'aide internationale au profit d'une approche où les organismes communautaires, comme les partenaires de la Fondation Stephen Lewis, ont accès à un financement de base souple à long terme.
Cela nécessitera une approche pangouvernementale. Des changements doivent être apportés au sein du Conseil du Trésor et d'Affaires mondiales Canada pour veiller à ce que l'aide internationale canadienne ne soit pas gaspillée pour soutenir des couches de bureaucratie dont l'objectif même est de réduire les dépenses injustifiées. Le fait est que les couches de bureaucratie et l'aversion aux risques financiers font en sorte que l'argent des contribuables est englouti dans des formalités administratives ou dans le paiement de la gestion de programmes par des ONG internationales et des organisations multilatérales, plutôt que de servir à faciliter le travail des organisations locales de la société civile qui ont l'expertise, les relations et l'expérience nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de santé, d'autonomisation économique et de droits de la personne.
Deuxièmement, l'augmentation et l'amélioration de l'aide internationale du Canada doivent s'accompagner d'un leadership en matière de droits de la personne et de santé publique dans les espaces multilatéraux et bilatéraux. Le Canada doit faire preuve de plus de franchise et de leadership dans ses actions visant à protéger la santé publique et à mettre fin aux violations des droits de la personne.
À titre d'exemple de l'échec du Canada, on n'a qu'à penser à la longue histoire du Canada pour ce qui est de bloquer ou d'utiliser à mauvais escient l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce de l'OMC, du Régime canadien d'accès aux médicaments à la COVID‑19, qui a coûté la vie à beaucoup trop d'Africains.
Un autre exemple qui me vient à l'esprit aujourd'hui est la loi draconienne contre l'homosexualité en Ouganda, à laquelle le Canada ne s'est pas opposé adéquatement, et le projet de loi anti-LGBTQI récemment adopté au Ghana.
Nous devons veiller à ce que l'aide internationale canadienne ne serve pas à financer des groupes qui font la promotion de violations des droits dans d'autres pays. Qui plus est, nous avons besoin d'une réponse pangouvernementale aux crises liées aux droits de la personne. Comment la diplomatie, les échanges commerciaux et l'aide peuvent-ils être utilisés ensemble pour protéger les droits et veiller à ce que les organisations de la société civile en Afrique disposent des ressources nécessaires pour répondre aux urgences et demander des comptes aux gouvernements? À quel niveau se situent les tracasseries administratives qui empêchent le Canada de prendre les mesures nécessaires, et comment pouvons-nous les éliminer? Où est la volonté politique de tous les partis de défendre ce qui est juste?
Enfin, je ne peux pas parler des relations du Canada avec l'Afrique sans mentionner les répercussions disproportionnées et dévastatrices des changements climatiques sur les nations et les communautés africaines, ainsi que sur la vie et les moyens de subsistance des Africains.
En 2022, l'ONU déclarait que les scientifiques ont longtemps noté que les pays d'Afrique étaient ceux qui contribuaient le moins aux émissions de gaz à effet de serre, mais que le changement climatique menaçait d'exposer jusqu'à 118 millions d'Africains parmi les plus pauvres à des sécheresses, des inondations et des chaleurs extrêmes d'ici 2030.
Les partenaires communautaires de la Fondation Stephen Lewis sont déjà aux prises avec des répercussions importantes des changements climatiques. Nous avons entendu de nombreux partenaires parler de la nécessité de rediriger le financement limité des programmes de santé vers l'adaptation aux changements climatiques, afin que les membres de leurs collectivités puissent survivre aux sécheresses et aux inondations. Le Canada doit agir, à la fois en réduisant considérablement sa contribution aux changements climatiques et en engageant de nouveaux fonds d'aide internationale pour la préparation et l'adaptation à ces changements, ainsi que leur atténuation, dans les communautés africaines, en appuyant des solutions conçues par les Africains pour leurs communautés.
Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
D'après mon expérience, le Canada est un partenaire de choix pour les marchés africains. Cela ne tient pas seulement à ce que nous faisons ou pouvons faire, mais surtout à ce que nous sommes en tant que pays. Compte tenu des priorités budgétaires concurrentes, il est donc important pour moi de souligner que notre succès ne doit pas nécessairement dépendre d'importantes sommes d'argent public, mais plutôt d'un engagement constant en matière de commerce et d'investissement.
Je crois que la clé de notre approche sur les marchés africains et sur le continent est un dialogue continu sur les politiques avec l'Union africaine. Nous sommes le seul pays du G7 à ne pas avoir encore planifié un sommet africain sur place. Les membres de notre Chambre de commerce nous le rappellent souvent en faisant remarquer que des pays comme la Russie, la Chine et l'Arabie saoudite, entre autres, tiennent des sommets en Afrique.
Les pays africains dépassent encore une fois la moyenne mondiale projetée sur le plan économique. C'est la deuxième région qui connaît la croissance la plus rapide après l'Asie, avec un vaste espace ouvert pour le développement du potentiel agricole et des ressources naturelles, pour ne nommer que deux secteurs importants où le Canada peut accroître considérablement sa diversification du commerce. Dans ce dernier cas, plusieurs entreprises canadiennes du secteur des ressources naturelles ont remporté un succès retentissant en mettant à l'avant-plan les technologies propres liées aux changements climatiques et aux préoccupations environnementales. Je pense que c'est un modèle de ce qui est possible dans un éventail d'industries, notamment dans le contexte des chaînes d'approvisionnement à zéro émission, des minéraux critiques et de ces engagements précis. Comme l'a dit le fondateur d'Alibaba il y a quelques années à peine: « L'Afrique d'aujourd'hui est la Chine d'il y a 20 ans! »
Les réussites du Canada en matière de libre-échange sont un modèle pour un continent qui s'est engagé dans cette voie en tant que clé de la prospérité. Les Africains et les membres de l'Union africaine nous disent souvent qu'ils souhaitent vivement que l'expertise canadienne continue à soutenir la mise en œuvre de l'accord de libre-échange continental africain. Je pense que le soutien continu et, espérons‑le, croissant du Canada est puissant. L'ancien président de notre conseil d'administration, Sebastian Spio‑Garbrah, est actuellement notre envoyé spécial au Ghana, à cet égard, au secrétariat du libre-échange de l'Union africaine. De plus, je pense que le Canada doit mieux faire connaître l'excellent travail bilatéral déjà entrepris qui est axé sur le développement économique.
À son tour, le Canada pourra profiter des avantages d'une relation d'égalité en renforçant la primauté du droit et les normes envers lesquelles beaucoup se sont engagés, ce qui réduira le risque pour nos entreprises canadiennes. Le secteur privé du Canada peut jouer un rôle clé dans le développement économique qui est crucial pour l'ensemble du programme, et qui est essentiel à la stratégie de diversification du commerce du Canada. Je crois que le succès de l'intégration économique régionale à ce jour en Afrique démontre l'engagement de l'Afrique à l'égard du commerce intra-africain régional.
Je pense qu'il est important de bien établir les éléments de base qui sont souvent déjà prévus dans le budget si nous voulons maintenir l'incroyable bonne volonté dont nous avons entendu parler de la part du continent africain. En ce qui concerne les délais de traitement des demandes de visa, je pense que nous voulons resserrer nos liens avec l'Afrique, mais il est essentiel que nous nous assurions que les Africains puissent visiter le Canada, surtout dans le contexte d'importantes conférences et tribunes. Par conséquent, je pense qu'il serait bon d'avoir des délais de traitement raisonnables et peut-être un mécanisme officiel pour faciliter la venue de délégations plus importantes à des événements légitimes au Canada dans des délais plus courts.
Bon nombre de nos membres parlent fièrement d'Équipe Canada. Je pense que les entreprises doivent savoir que le gouvernement est conscient des marchés africains et qu'il s'intéresse sérieusement au continent africain dans le cadre de notre stratégie de diversification du commerce. Je sais que bon nombre d'entre nous aimeraient voir un mandat d'Équipe Canada semblable à celui que nous avons vu dans la région indo-pacifique.
Notre organisation est entièrement financée par des commanditaires privés au Canada ainsi que sur les marchés africains. Même si nous n'avons pas de personnel à temps plein, nous sommes reconnaissants envers notre Service des délégués commerciaux, nos ambassadeurs et nos hauts-commissaires, qui participent à nos activités partout sur le continent. Ce ne sont pas tous les marchés importants qui sont couverts. Il ne serait pas mauvais que le Service des délégués commerciaux dispose de plus de ressources pour appuyer les organismes à qui on demande d'exécuter des programmes.
Nous remplissons notre mission d'accélérer les échanges commerciaux et les investissements entre le Canada et l'Afrique grâce à des événements de réseautage et d'échange de renseignements de calibre mondial. Nous le faisons par le biais de conférences, d'un réseautage interentreprises, et d'échanges d'idées sur les stratégies et les politiques qui rassemblent des penseurs et des dirigeants des secteurs public et privé. Le mois prochain, par exemple, nous serons à Washington pour mettre l'accent sur la collaboration Canada-États‑Unis avec nos partenaires africains, surtout dans des domaines comme les minéraux critiques, dans le contexte de nos engagements envers le G7.
Je suis très heureux d'être ici avec chacun d'entre vous aujourd'hui, ainsi qu'avec la présidente de notre conseil d'administration, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
De toute évidence, il y a eu d'énormes progrès. Je pense que ce que nous voyons maintenant, c'est l'impact des violations des droits de la personne et des inégalités entre les sexes sur les groupes marginalisés. Vous voyez, par exemple, que les taux de VIH et de nouvelles infections chez les adolescentes et les jeunes femmes sont très élevés. Ils sont trois fois plus élevés que chez leurs homologues masculins, par exemple. Vous voyez que les taux de VIH parmi ce qu'on appelle les « populations clés » — les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe, les femmes trans, les personnes en prison et les consommateurs de drogues injectables — sont beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont dans la population en général parce que la discrimination et la peur de demander des soins de santé les mettent de plus en plus en danger. Essentiellement, il y a des lois qui les en empêchent.
Il est vraiment nécessaire que nous continuions à investir dans les communautés, parce que nous savons que ce sont les organisations communautaires et les ripostes au VIH qui ont vraiment aidé à rejoindre les communautés. Nous l'avons vu avec la COVID. Nous avons constaté que l'expérience de ces groupes dans la riposte au VIH a permis aux groupes communautaires de rejoindre des personnes qui n'avaient pas accès au système de soins de santé plus traditionnel pendant la pandémie de COVID‑19. C'est un investissement vraiment important.
Il est également important que nous ne reculions pas sur cet investissement, car même si les gens ne meurent pas au même rythme, il y a encore des millions de personnes vivant avec le VIH qui doivent rester sous traitement. Si vous suivez un traitement, cela peut aider à prévenir la propagation de la maladie, et c'est ainsi que nous finirons par mettre fin au sida.
Nous ne pouvons pas laisser ralentir les progrès réalisés. Nous ne pouvons pas mettre fin à l'investissement continu, au soutien continu aux gouvernements et aux organisations communautaires afin de pouvoir atteindre les personnes à risque du VIH ou celles qui sont actuellement sous traitement. Nous n'avons pas terminé le travail que doit faire la communauté mondiale et nous devons continuer à investir.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous et de nous accorder de leur temps aujourd'hui.
Monsieur Akuffo, je vais d'abord m'adresser à vous. J'ai trouvé votre allocution d'ouverture très intéressante. Vous avez parlé d'avoir une stratégie cohérente, un cheminement global. Vous avez également parlé d'un centre de maintien de la paix. En effet, on se pose beaucoup de questions sur la sécurité. Il a aussi été question d'avoir plus d'ambassades et de bureaux régionaux.
Par contre, il faut se rendre à l'évidence: les témoins précédents ont dressé des constats sévères quant au niveau d'investissement du Canada en Afrique, comparativement aux investissements qu'il fait dans d'autres régions du monde.
Si on avait à établir des priorités, par quoi devrait-on commencer pour améliorer la situation?
Quatre minutes, ce n'est pas beaucoup par rapport à d'autres comités, mais je vais essayer de m'adapter.
Je vais commencer par Mme French.
J'étais au Kenya et au Rwanda il y a quelques semaines, où nous avons rencontré de nombreux réfugiés, des migrants, dont certains vivent dans des camps de réfugiés depuis plus de 30 ans. Au Soudan, au Soudan du Sud, au Tchad et en Somalie, les gens sont pris dans une spirale de sécurité alimentaire précaire, de violence et de déplacement. Cette crise grandissante a de fortes répercussions de genre, les femmes et les filles étant exposées à un risque accru de violence sexiste.
Qu'est‑ce que le Canada peut faire? Comment s'y prendre pour dénouer ces liens entre l'insécurité alimentaire et la violence sexuelle et sexiste?
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Merci, monsieur le président. On ne va pas bien loin en trois minutes.
Ce sont d'excellents groupes de témoins, le premier et maintenant celui‑ci.
Je pense que nous devons changer notre façon de voir l'Afrique. Nous pensions savoir ce qu'était l'Afrique; c'était toujours la pauvreté, l'aide, etc. Maintenant, je vous entends dire qu'il y a trois domaines dans lesquels nous devrions investir. Je pense que l'un d'eux est le développement économique, évidemment, avec la création d'emplois, le savoir-faire et la compétence. Nous sommes tous d'accord.
J'ai une autre question au sujet de la santé. Vous êtes la seule personne à avoir parlé d'infrastructure de la santé. Si les gens ne sont pas en santé, ils ne peuvent pas travailler. S'ils n'ont pas d'éducation, comme vous l'avez dit plus tôt, monsieur Akuffo, ils ne peuvent pas travailler. Il ne faut pas s'en tenir uniquement au commerce ou au développement économique. Il faut envisager un portrait global qui comprend des gens en bonne santé, des gens instruits et formés qui sont capables de travailler.
J'ai une question.
J'adhère à tout cela, tout le monde en a parlé. Voici ma question. Nous parlons de 54 pays en Afrique. Est‑ce qu'il faut commencer par l'Union africaine? L'Europe comprend 57 pays et plus, et nous traitons avec l'Union européenne. Est‑ce que l'Union africaine serait le point central où commencer à travailler pour créer une sorte de synergie entre les pays africains? C'est ce que j'aimerais savoir, parce que l'Afrique est très diverse et très disparate à bien des égards.
Vous parlez de la richesse de l'Afrique du Nord. Vous parlez d'autres pays qui se portent bien — l'Afrique du Sud, le Kenya, etc. —, mais il y a d'autres pays où les institutions démocratiques laissent à désirer et où la corruption fait rage. Comment peut‑on construire quelque chose dans ces pays‑là? Comment peut‑on s'attaquer à ces problèmes‑là? Faut‑il aller à l'Union africaine, ou bien faut‑il traiter avec les pays un à un? Dans ce cas‑là, nous n'avons pas de stratégie africaine; nous avons un grand nombre de stratégies bilatérales.
Je veux simplement obtenir des réponses, parce que c'est assez difficile et complexe.
Allez‑y, monsieur Akuffo.
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Je vais remettre en question une expression que vous avez employée, celle de « projets canadiens ».
Cette expression en dit long sur la nature de la relation d'aide que nous entretenons avec le continent. Ce ne devrait pas être « nos » projets.
Nous avons actuellement un système qui demande aux organisations canadiennes de décider ce qui doit se passer dans une collectivité, puis d'engager des groupes communautaires pour mettre en œuvre les projets qu'elles ont conçus. Voilà ce qu'on demande aux organismes de bienfaisance canadiens. Cela commence tout juste à changer, mais par l'entremise d'Affaires mondiales Canada, c'est encore ainsi que cela fonctionne.
Autrement dit, ce ne sont pas des solutions africaines aux problèmes africains; ce sont des gens installés à Toronto ou à Ottawa qui arrivent avec les solutions qu'ils ont trouvées ou qu'ils empruntent à l'expérience d'autres pays.
Oui, absolument, nous devons investir davantage dans le travail communautaire local, mais ce travail doit être dirigé par les organisations locales, avec l'appui des organisations canadiennes, en véritable partenariat.
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Pour l'instant, elle n'est pas très marquée, à mon avis. Je crois que nous avons 17 ambassades et cinq missions commerciales sur le continent africain. Puis il y a la mission permanente auprès de l'Union africaine.
Monsieur le président, une des choses qui nous échappent habituellement lorsqu'il est question des relations du Canada avec l'Afrique, ce sont les communautés économiques régionales. Ce sont elles qui constituent l'Union africaine. En fait, on ne peut pas aller seulement au sommet sans s'arrêter au palier intermédiaire.
C'est pourquoi je recommande fortement que le Canada envisage d'élargir son dialogue de haut niveau avec l'Union africaine afin d'y inclure les communautés économiques régionales et, surtout, d'y établir des commissions permanentes, parce que c'est par elles que se construit l'Union africaine.
Enfin, pour ce qui est de la paix et de la sécurité, il y a la Force africaine en attente, qui assure le maintien de la paix dans les communautés économiques régionales, en déployant ses forces. C'est sous cet angle qu'il faut voir les choses.
Merci beaucoup, monsieur le président.