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FAAE Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent des affaires étrangères et du développement international


NUMÉRO 116 
l
1re SESSION 
l
44e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 26 septembre 2024

[Enregistrement électronique]

(1535)

[Traduction]

    La séance est ouverte.
    Bienvenue à la 116e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.
    Avant de commencer, je demanderais aux participants présents dans la salle de lire les lignes directrices données sur la carte mise à jour qui se trouve sur la table.
    La réunion se déroule dans une formule hybride. Les témoins ont tous effectué l'essai de connexion requis avant la réunion.
    Je vais maintenant rappeler quelques consignes aux membres. Attendez que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour pour demander la parole, levez la main, que vous participiez à la réunion en personne ou par Zoom.
    Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité entreprend son étude de la situation actuelle au Soudan.
    Je vais maintenant présenter nos trois témoins.
    Nous sommes très heureux d'accueillir aujourd'hui Mme Julie Desloges, directrice intérimaire, Aide humanitaire internationale, ainsi que Mme Caroline Delany, directrice générale du Bureau de l'Afrique australe et de l'Est. Notre troisième témoin, mais non la moindre, sera Mme Jacqueline O'Neill, notre ambassadrice pour les femmes, la paix et la sécurité.
    Je crois qu'il y aura une seule déclaration liminaire et que c'est Mme Delany qui va nous la présenter.
    Vous disposez de 10 minutes, après quoi nous entamerons les séries de questions des députés. Quand la période de 10 minutes tirera à sa fin, je vais lever un carton pour vous inviter à conclure. Cela s'applique non seulement à la déclaration liminaire, mais également à vos réponses aux questions des députés.
    Après toutes ces explications, je vous souhaite la bienvenue.
    Vous avez la parole, madame Delany.
    Je remercie les membres du Comité de l'occasion qui m'est offerte de discuter de la situation au Soudan.
    Malgré la très grande distance qui sépare cette zone de conflit du Canada, les ramifications sont nombreuses pour les intérêts canadiens dans le monde. La souffrance humaine, les violations des droits de la personne et le risque d'une déstabilisation plus généralisée de la région prennent des proportions graves qui en font un enjeu important de l'engagement du Canada.

[Français]

    Je voudrais, pour commencer, rappeler aux membres du Comité les sources du conflit qui fait des ravages au pays.
    À la suite d'un coup militaire en 1989, Omar al‑Bashir a pris le pouvoir au Soudan. Au cours des trente années pendant lesquelles il a été au pouvoir, son régime a concentré la vaste majorité des investissements et les efforts de développement dans la région de la capitale, au détriment de la périphérie.
    Cette situation a donné lieu à des griefs de la part de la population vivant dans les régions situées loin de Khartoum. Des conflits infranationaux de longue durée, dans le Sud, ont mené à la séparation du Soudan du Sud. Parallèlement, un conflit a éclaté au début des années 2000 au Darfour et a eu des conséquences importantes pour la population civile. Cela a amené la Cour pénale internationale, ou CPI, à lancer des mandats d'arrêt contre Omar al‑Bashir, notamment pour crimes contre l'humanité et génocide.
    En 2019, les Soudanais et les Soudanaises ont contesté le régime établi et ont demandé qu'un gouvernement démocratique mené par des civils soit formé. Ces manifestations ont provoqué la chute du régime du président Omar al‑Bashir. Au moment de la révolution, le Soudan était un pays très pauvre et très fragile, qui souffrait de sous-développement et de mauvaise gestion économique depuis des décennies. Néanmoins, la communauté internationale, y compris le Canada, a appuyé une transition vers la démocratie. Malheureusement, en octobre 2021, les Forces armées soudanaises, ou FAS, et les Forces de soutien rapide, ou FSR, un groupe paramilitaire, ont conjointement et illégalement renversé le gouvernement civil de transition du Soudan.
    Après ce renversement, les efforts de la communauté internationale se sont concentrés sur l'établissement de négociations entre les acteurs civils, les partis politiques, les FAS et les FSR. Ces efforts ont donné lieu à plusieurs mois de négociations entre les parties prenantes visant à rétablir un régime civil. L'un des enjeux les plus controversés était l'intégration des FSR au sein des FAS pour former une armée nationale unie.
    Malgré les efforts déployés, les négociations n'ont pas réussi à rétablir la gouvernance civile et démocratique après le début d'une confrontation militaire entre les FAS et les FSR, le 15 avril 2023. On ne sait pas encore avec certitude qui a déclenché ce conflit, mais les combats dans la capitale se sont rapidement intensifiés pour se propager aux autres régions du pays. Ce conflit a commencé il y a 18 mois. Avec le temps, la situation se complexifie en raison du nombre élevé d'acteurs soudanais et régionaux qui cherchent à protéger leurs intérêts.
(1540)

[Traduction]

    Je vais maintenant faire un état des lieux de la situation au Soudan.
    Les efforts de médiation se poursuivent, mais ils n'ont pas encore porté leurs fruits. Les combats continuent à l'échelle du Soudan entre les FAS et les FSR, sans aucun signe d'accalmie à l'horizon.
    Au début du conflit, les FAS ont rapidement relocalisé les activités du gouvernement et de l'armée à Port-Soudan, une ville située sur la mer Rouge à l'est du pays. Les FAS ont toujours la mainmise sur cette région et le nord.
    Les FSR ont consolidé leur contrôle sur une grande partie de la région du Darfour et, plus tôt cette année, elles ont entamé une avance vers le sud et l'est, un territoire actuellement contrôlé par les FAS. Les FSR gardent le contrôle sur une importante partie de la capitale et les régions avoisinantes, bien que les FAS aient récupéré certaines zones récemment.
    Pour les civils soudanais, cela se traduit par des conditions de vie parmi les horribles de toutes les zones de conflit actuellement. Au Soudan, un pays dont la population est estimée à 48,1 millions d'habitants, plus de 8,3 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur, et plus de 2,1 millions ont fui vers un pays voisin. Le Soudan connaît par conséquent la pire crise de déplacement dans le monde.
    Des estimations récentes de l'UNICEF indiquent par ailleurs que 17 millions d'enfants ne sont pas scolarisés.
    En août, il a été confirmé qu'une famine sévit au nord du Darfour, et notamment dans le camp de Zamzam, où vivent des personnes déplacées à l'intérieur, situé au sud de la capitale, El Fasher. Ce camp accueille au moins 500 000 personnes déplacées d'autres régions du pays.
    Les niveaux d'insécurité alimentaire atteignent des sommets au Soudan. Plus de la moitié de la population, soit 26,5 millions de personnes, souffre de faim aiguë.
    Des rapports de sources dignes de foi, y compris les Nations unies, font état de violations généralisées des droits de la personne et du droit humanitaire internationaux de la part de tous les belligérants. Ces violations prennent notamment la forme d'attaques indiscriminées contre des civils, ou d'actes de violence ethnique ou de violence sexuelle liés au conflit.

[Français]

    Je ferai maintenant un survol de la réponse du Canada quant à cette crise.
     Le Canada continue de travailler de concert avec ses partenaires sur plusieurs champs d'action. Premièrement, le Canada apporte de l'aide humanitaire et de l'aide au développement qui répondent aux besoins des peuples qui subissent l'impact du conflit. Depuis janvier 2024, le Canada a accordé plus de 100 millions de dollars en aide humanitaire au Soudan et aux pays voisins.
    De plus, le Canada a accordé 31,5 millions de dollars en aide au développement pour le Soudan et les pays voisins, pour des projets qui cherchent à répondre à la violence sexuelle et à la violence fondée sur le genre, ainsi que pour de l'éducation dans les situations d'urgence.
(1545)

[Traduction]

    Deuxièmement, le Canada a maintenu un engagement diplomatique très fort à l'égard de la crise, à différents échelons et sur différentes tribunes. Ainsi, les ministres canadiens soulèvent régulièrement la question du conflit soudanais dans le cadre d'engagements bilatéraux et avec des pays de la région, de même qu'au sein de tribunes multilatérales comme les Nations unies ou le G7.
    En outre, le Canada participe activement au dialogue sur le Soudan au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. À titre d'exemple, il a coparrainé la résolution adoptée en 2023 sur la création d'une mission internationale indépendante d'établissement des faits pour le Soudan, dont l'objet est de recueillir des preuves sur les violations des droits de la personne et du droit humanitaire internationaux aux fins de la mise en œuvre d'éventuelles mesures de reddition de comptes et de la levée de l'impunité.
    En avril dernier, le Canada a suspendu temporairement ses activités à l'ambassade canadienne au Soudan, située à Khartoum, et il les a déplacées vers notre mission diplomatique d'Addis-Abeba, en Éthiopie. Le mois dernier, du nouveau personnel a été déployé et se consacre exclusivement au Soudan.

[Français]

    Troisièmement, la ministre Joly a annoncé en avril de nouvelles sanctions en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales afin de répondre au conflit. Le Canada a imposé des sanctions à six individus et entités pour leur implication directe ou indirecte dans des activités compromettant la paix, la sécurité et la stabilité au Soudan, ainsi que pour violation des droits de la personne.
    Le Canada continue de suivre de près la situation au Soudan afin de déterminer davantage de cibles pour de futures mesures, le cas échéant.

[Traduction]

    Enfin, le Canada collabore activement à la mise en place des fondements d'une paix inclusive et démocratique. Le Canada est conscient de l'impossibilité d'instaurer une paix durable sans la participation pleine et entière des civils, y compris les femmes et les jeunes, aux efforts de médiation.
    Le Canada appuie de plus la participation des civils et des organismes de la société civile soudanais aux efforts de dialogue politique, à l'atténuation des effets des conflits sur les civils à l'échelle locale, et à la protection des défenseurs des droits de la personne ainsi que des femmes artisanes de la paix.
    Par ailleurs, l'ambassadrice du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité, Jacqueline O'Neill, qui est avec nous aujourd'hui, s'est rendue à Genève en août afin de soutenir l'initiative des États-Unis visant à inclure les Soudanaises dans les pourparlers de cessez‑le‑feu en cours.
    Je dirai pour conclure qu'il est peu probable que la situation au Soudan s'améliore à court terme. La prolongation des affrontements accroît le risque que d'autres groupes armés et acteurs régionaux se jettent dans la mêlée. Il en résulterait probablement un enlisement du conflit et une détérioration de la crise humanitaire.

[Français]

    Le Canada continue donc de suivre la situation de près.
    Nous continuons de trouver des points d'entrée pour permettre au Canada de mener ses actions et d'utiliser les outils disponibles afin d'atténuer les répercussions du conflit sur les civils et d'encourager un chemin vers la paix et la stabilité.
    Merci de votre attention.

[Traduction]

    Merci infiniment, madame Delany.
    Nous allons entamer les tours de questions des membres.
    Le premier intervenant sera M. Chong.
    Vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur le président.

[Français]

    Je remercie tous les témoins de leurs témoignages. Je les remercie aussi d'être parmi nous.
    Vous avez mentionné que le gouvernement a suspendu notre mission à Khartoum. J'ai quelques questions à ce sujet.

[Traduction]

    Avons-nous des agents consulaires ou diplomatiques sur le terrain au Soudan?
    Non, nous n'en avons pas.
    D'accord. Reste‑t‑il du personnel recruté sur place par le Canada, ou ce personnel a‑t‑il aussi dû suspendre ses activités au Soudan?
    Monsieur le président, comme le député l'a mentionné, nous avons effectivement suspendu les activités de la mission de Khartoum. Nous n'avons aucun employé qui travaille pour cette mission pour le moment. Deux membres du personnel canadien travaillent à l'ambassade d'Addis-Abeba, et nous sommes en processus de recrutement d'un employé sur place qui se consacrera au Soudan.
    Merci de ces informations.
    Y a‑t‑il actuellement des missions d'autres pays du G7 — les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon — qui ont maintenu leurs activités au Soudan, ou les ont-ils tous suspendues?
(1550)
    Dans notre groupe de pays aux valeurs similaires, aucun n'a de mission ouverte au Soudan actuellement.
    Bien. Nos plus proches partenaires et alliés ont-ils aussi déplacé les activités de leurs missions en Éthiopie?
    Plusieurs l'ont fait. Le nombre de missions et d'ambassadeurs au Soudan dont les activités sont basées à Addis-Abeba est considérable et c'est une des raisons qui ont incité le Canada à faire de même. Cela dit, ils ne sont pas tous à cet endroit, mais je n'ai pas la liste sous les yeux.
    Pas de souci. Je voulais avoir une idée de la situation. Savez-vous quand notre mission au Soudan va reprendre ses activités?
    Non. C'est difficile de le prédire pour l'instant, mais je ne crois pas que ce sera à court ou à moyen terme.
    D'accord.
    J'ai une autre question un peu plus large. Quelles sont les autres ressources du Canada sur le terrain, pas seulement au Soudan, mais dans la région élargie? Plus exactement, quelles ressources militaires ou d'une autre nature pourrions-nous mettre à profit, en collaboration avec nos partenaires et nos alliés, pour favoriser un dénouement de la crise?
    Monsieur le président, la question concernant les ressources militaires n'est pas de mon ressort. Je ne suis pas en mesure d'y répondre. Je vous recommanderais de la poser au ministère de la Défense nationale.
    Pour ce qui a trait à l'approche du Canada, le ministre Hussen a annoncé une aide de quelque 130 millions de dollars en avril. L'octroi canadien comprend 100 millions de dollars en aide humanitaire et 30 millions de dollars en financement du développement.
    Bien.
    Quand cet argent sera‑t‑il versé? Est‑ce que ce sera sur une période de plusieurs années ou immédiatement? Quel est l'échéancier prévu pour le versement de cette aide financière?
    Les 100 millions de dollars d'aide humanitaire seront versés cette année. Les 30 millions de dollars d'aide au développement seront versés sur une période de plusieurs années. En 2022-2023, le Canada a versé au total 60 millions de dollars en aide internationale au pays. Quant à l'aide bilatérale au développement, le programme de soutien direct au Soudan, nous avons dépensé environ 9,5 millions de dollars par année.
    Concernant l'aide humanitaire annoncée pour le Soudan, pouvez-vous nous dire par l'intermédiaire de quelles entités elle sera versée?
    Oui, avec plaisir.
    Je vais demander à ma collègue Mme Desloges de répondre à cette question.
    Nous collaborons avec des partenaires d'expérience. Certains de ceux qui ont été identifiés sont des membres… Nous comptons sur un mélange d'organismes non gouvernementaux partenaires, d'organismes des Nations unies comme le Programme alimentaire mondial et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Nous avons aussi des partenaires comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés — vu l'ampleur des déplacements au Soudan — et de la Croix-Rouge.
    L'édition du New York Times de cette semaine contient un article de Nicholas Kristof sur la famine grave qui sévit au Soudan. Il parle entre autres du travail accompli par le Programme alimentaire mondial dans ce pays.
    Pouvez-vous nous dire combien d'argent va être remis au Programme alimentaire mondial?
    Je vais devoir vous revenir avec les chiffres exacts.
    Ce serait fort utile. Merci.
    Monsieur le président, je n'ai pas d'autre question. Merci.
    Merci beaucoup, monsieur Chong.
    Nous passons à Mme Chatel.

[Français]

    Merci beaucoup, monsieur le président.
    Je souhaite la bienvenue à nos témoins qui sont venus nous parler d'une situation absolument catastrophique. Les femmes et les enfants sont souvent les premières victimes de ces guerres atroces.
    Madame O'Neill, pouvez-vous nous parler du travail que vous faites pour défendre la situation extrêmement précaire des femmes et pour améliorer la situation?
    C'est avec plaisir que je vous en parlerai.

[Traduction]

    Volontiers. Ce sera un plaisir de parler de notre travail. J'en profite pour remercier le Comité de porter son attention sur le Soudan.
    Je peux vous parler en détail d'une partie du travail réalisé depuis un mois ou un mois et demi, de même que du travail de beaucoup de personnes depuis 20, 30, voire 40 ans, hélas!
    Je dois toutefois faire attention à ce que je divulgue. De toute évidence, je dois protéger la sécurité des femmes qui prennent part à l'effort de médiation. Elles prennent énormément de risques en participant à ce processus. Je dois aussi faire attention de ne pas trahir leurs confidences et de ne pas compromettre leur accès à de futures rondes de pourparlers. Cela dit, nous pouvons parler de beaucoup de choses.
    Je peux vous donner un aperçu des pourparlers qui ont eu lieu en Suisse. N'hésitez pas à m'interrompre si je donne trop de détails. En quelques mots, l'initiative de médiation des États-Unis a rallié des gens au Soudan. Elle était codirigée par l'Arabie saoudite et les États-Unis, et les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Union africaine et les Nations unies y participaient à titre d'observateurs. L'objectif était de rapprocher les deux parties, les FSR et les forces armées soudanaises, afin qu'elles se mettent d'accord sur trois points précis: un cessez‑le‑feu; un accès humanitaire accru et des mécanismes de surveillance et d'évaluation de l'entente conclue.
    Les forces armées soudanaises ne se sont pas présentées. Les médiateurs ont maintenu l'invitation ouverte et ont entretenu un contact virtuel avec elles. Selon eux, il s'agit d'un contact diplomatique et il existe diverses façons de maintenir le lien. Les personnes qui sont restées en Suisse en sont venues à se concentrer principalement sur les enjeux humanitaires.
    Le médiateur des États-Unis voulait s'assurer que les Soudanaises, et surtout les civiles, puissent avoir une influence sur le processus. Celle qui occupe plus ou moins les mêmes fonctions que moi aux États-Unis, l'ambassadrice itinérante des enjeux intéressant les femmes dans le monde au département d'État, a créé un groupe d'une quinzaine de Soudanaises, dont plusieurs jeunes femmes venant de diverses régions comme le Darfour. Elles ont passé plusieurs semaines à Genève, mais pas à l'endroit exact des pourparlers, et elles ont participé à une série de rencontres où elles ont eu des contacts directs avec l'envoyé spécial et son équipe, ainsi qu'avec les membres du groupe élargi.
    Malheureusement, les pourparlers n'ont pas débouché sur le cessez‑le‑feu visé. Cela dit, ils ont quand même donné certains résultats, dont l'ouverture de deux points d'accès humanitaire afin de permettre l'acheminement d'une aide absolument essentielle dans diverses zones. Lors de leurs rencontres, les femmes ont établi des priorités communes liées aux trois thèmes étroits des pourparlers, et la conclusion unanime et très explicitement exprimée a été que les pourparlers de cessez‑le‑feu ne peuvent pas remplacer un processus politique inclusif plus large, dirigé par des civils, qui s'attaquera aux causes profondes du conflit. Il faut éviter à tout prix de reproduire les dynamiques de pouvoir qui sont à l'origine du conflit. Plusieurs facteurs précis ont été recensés.
    S'il me reste du temps… Si j'ai une minute, je peux en énumérer quelques-uns. Très brièvement, ces facteurs ont influé sur la dynamique et sur la teneur des pourparlers eux-mêmes. Le médiateur en a présenté des preuves publiquement, et M. Blinken, le secrétaire d'État américain, a repris ces propos à son compte. Ils l'ont fait de différentes façons.
    Ils ont parlé très franchement des traumatismes énormes et des horreurs auxquels les confronte cette terrible tragédie. Ils ont parlé de la violence sexuelle. Ils ont parlé de personnes qu'ils connaissent. Tout le monde connaît une personne qui a été violée par un membre des forces armées soudanaises ou des FSR. Ils ont vraiment insufflé un sentiment d'urgence dans les pourparlers.
    Ils ont parlé de la cessation des hostilités et de la nécessité de reconnaître la violence sexuelle comme une violation et de l'inclure explicitement dans tout accord de cessez‑le‑feu. Ils ont parlé du fait que les deux groupes armés exigent des faveurs sexuelles à différents points de contrôle en échange d'un droit de passage ou d'un accès à la nourriture, un problème qui atteint des proportions de crise et auquel les commandants doivent s'attaquer.
    Ils ont soulevé la question de savoir si, après l'ouverture de corridors humanitaires, on pourrait les emprunter pour rapatrier des dépouilles et contribuer ainsi à la guérison des traumatismes extrêmement graves que laisse dans les communautés l'incapacité de savoir si un être cher est décédé ou de lui offrir une inhumation digne de ce nom. Ils ont exprimé leur volonté d'en faire un thème des pourparlers.
    Ils ont essayé de faire en sorte que les programmes d'aide humanitaire, qui reçoivent souvent l'appui du Canada, offrent des trousses de dignité contenant divers produits d'hygiène pour les femmes, ainsi que l'accès aux fournitures et aux services médicaux dont elles ont besoin.
(1555)
    Ils ont aussi évoqué les pourparlers et les négociations à venir. Ils ont affirmé sans équivoque que les femmes doivent y prendre part et ils ont obtenu l'appui de tous les groupes présents lors de la déclaration finale de l'ensemble des acteurs.
    Merci d'avoir posé cette question.
    Merci à vous.
    C'est maintenant au tour de M. Bergeron. Vous avez cinq minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Je vous remercie, mesdames, de votre présentation et des réponses que vous donnez à nos questions.
    Je pense qu'il y a tout lieu de faire le point sur la situation catastrophique qui a cours dans cette région du monde. Je remarque que nous recevons trois femmes pour nous éclairer sur ce qui s'y passe. Cela m'apparaît particulièrement significatif. Merci, mesdames.
    Dans le cadre de leur étude sur l'approche du Canada à l'égard de l'Afrique, les membres du Comité ont été informés du caractère tout à fait prévisible du conflit au Soudan.
    Puisque ce conflit était tout à fait prévisible, quel rôle a joué le gouvernement du Canada pour tenter de le prévenir avant que les violences éclatent en avril 2023?
(1600)

[Traduction]

    Merci.
    C'est la question la plus difficile, je crois.
    Souvent, avec le recul, la prévisibilité d'un conflit semble évidente. Toutefois, malgré les signes, il peut être difficile de prédire exactement les facteurs déclencheurs.
    Le Canada avait une mission et un engagement de longue date au Soudan. On parle d'une période qui remonte à bien avant le conflit actuel. Au moment de la révolution, en 2019, nous avons remplacé le chargé d'affaires par un ambassadeur, une fonction plus élevée, en raison de la chute du président al‑Bashir, qui avait la mainmise sur le pays depuis 30 ans. L'objectif était de soutenir la transition vers un régime démocratique au Soudan. Cette transition incluait le rétablissement du programme de développement, qui avait été interrompu au Soudan, ainsi qu'une collaboration avec les institutions financières internationales pour aider à la réforme des institutions soudanaises et à la mise à profit des possibilités offertes par la fin du régime al‑Bashir et la mise en place d'un gouvernement dirigé par des civils.
    Malheureusement, après un coup d'État et le renversement du premier ministre Hamdok et du gouvernement civil, les dirigeants des FSR et des forces armées soudanaises ont décidé de prendre le pouvoir.
    Durant cette période, les Nations unies ont déployé la mission intégrée pour l'assistance à la transition au Soudan. Notre ambassadeur a collaboré étroitement aux efforts de cette mission, aux côtés de pays aux valeurs similaires comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège, notamment en essayant de convaincre les forces armées soudanaises et les FSR de revenir à un gouvernement dirigé par des civils.
    Ces efforts n'ont pas abouti au résultat escompté, mais à une confrontation entre deux organisations qui cherchent à asseoir leur emprise sur le Soudan et qui ont décidé de le faire par les armes. Comme nous l'avons constaté durant le très difficile processus de médiation, les possibilités de les convaincre de chercher une solution constructive et paisible sont assez limitées.

[Français]

    Hier, à l'Assemblée générale des Nations unies, les États‑Unis, l'Union européenne, la France et l'Allemagne ont de leur côté appelé à un cessez-le-feu immédiat et ont dit s'inquiéter de l'ingérence étrangère dans ce conflit interne.
    Pourquoi le Canada ne s'est-il pas fait entendre, comme l'ont fait ces pays hier?

[Traduction]

    Le gouvernement du Canada a fait une série de déclarations — une douzaine au moins, sinon plus — y compris dans les médias sociaux, pour demander un cessez‑le‑feu ou…

[Français]

    Je suis désolé de vous interrompre. Je comprends très bien ce que vous dites. Cependant, hier, il y a eu une sortie de plusieurs pays sur lesquels nous sommes normalement très alignés.
    Pourquoi ne pas avoir pris part à cette sortie? Avons-nous été associés aux discussions qui ont mené à cette sortie de la part de nos alliés?

[Traduction]

    Je pense que vous faites allusion à la rencontre de l'Assemblée générale des Nations unies qui s'est tenue hier. La seule chose que je peux dire au sujet de la participation du gouvernement canadien à cette rencontre de l'Assemblée générale est que les journées sont très chargées. Souvent, des débats ont lieu sur divers sujets aussi prioritaires les uns que les autres à plusieurs endroits différents, et nos représentants ne savent plus où donner de la tête.

[Français]

    D'accord.
    Madame Desloges, vous avez parlé tout à l'heure des démarches faites auprès des agences de l'ONU et des organisations non gouvernementales.
    Avec quelles organisations non gouvernementales avez-vous travaillé plus précisément?
    Je vous pose la question parce que, à quelques reprises, les membres de ce comité ont formulé le souhait qu'on ne distribue pas notre aide internationale que par l'entremise des agences des Nations unies et des grandes organisations non gouvernementales, mais également par l'entremise des petites et moyennes agences non gouvernementales qui, souvent, ont une meilleure prise sur le terrain.
    Qu'en est-il pour le Soudan?
    En ce moment, nous travaillons avec CARE Canada, qui est notre organisation présente sur le terrain.

[Traduction]

    Je suis désolé, madame Desloges, mais le temps est écoulé. Si vous pouviez répondre en moins de 30 secondes, ce serait apprécié. Merci.

[Français]

    D'accord.
    Nous travaillons avec CARE Canada. Je veux juste mentionner que la situation au Soudan a été extrêmement complexe sur le plan opérationnel pour les plus petites organisations. Nous avons continué de les soutenir. Nous nous attendons à ce que ce soutien va possiblement continuer d'augmenter, maintenant qu'il y a une présence légèrement plus établie.
    De plus, nos partenaires, même ceux des agences onusiennes, travaillent avec les organisations locales, là-bas, pour les soutenir dans la mise en œuvre d'une aide humanitaire.
(1605)

[Traduction]

    Merci infiniment.
    La parole ira maintenant à Mme McPherson. Vous avez cinq minutes.
    Merci beaucoup, monsieur le président.
    Merci à tous d'être des nôtres. L'étude que nous menons actuellement revêt une importance capitale pour le Comité. Je sais que certains de nos collègues et que des Canadiens d'origine soudanaise suivent nos délibérations à la tribune. Je sais aussi que beaucoup d'autres nous suivent en ligne et qu'ils sont très inquiets pour leurs êtres chers, les membres de leur famille et leurs amis.
    Voici ma première question. Selon ce que j'ai compris des discussions que j'ai eues concernant les mesures prises par le Canada pour corriger les ratés du programme de visa humanitaire pour les Soudanais, personne n'est arrivé ici grâce à ce programme à ce jour. Personne n'a pu venir au Canada, alors que nous avons reçu plus de 200 000 Ukrainiens. Je me demande tout simplement pourquoi. Où est la faille? Pouvez-vous nous en dire davantage?
    Monsieur le président, ce n'est malheureusement pas de mon ressort. La question devra être posée à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC.
    D'accord.
    De toute évidence, de très nombreux Canadiens souhaitent faire venir leur famille. Ils constatent que le processus est beaucoup plus rapide pour d'autres pays et ils se demandent pourquoi c'est différent au Soudan.
    J'ai aussi entendu beaucoup de commentaires du milieu de l'aide humanitaire. Des organismes qui sont présents dans cette région constatent à quel point la situation est complexe et nos difficultés là‑bas. Selon eux, les lacunes en matière diplomatique sont également énormes. Ils m'ont parlé de l'accès humanitaire, du fait que les civils sont pris pour cibles, du pillage des ressources d'aide humanitaire et des barrières administratives. Tous ces problèmes exigent des efforts diplomatiques concertés, mais beaucoup de gens au Canada, notamment dans la communauté humanitaire, se demandent ce que fait notre pays pour s'assurer que ces efforts sont déployés.
    Je vais vous poser d'autres questions avant de vous céder la parole. Étant donné que cette crise humanitaire est sans doute la pire actuellement dans le monde et que le gouvernement s'est vanté d'avoir une politique d'aide internationale féministe de même qu'une politique étrangère féministe, pouvez-vous nous dire combien de personnes sont affectées à cette crise dans chaque ministère, et combien de personnes en tout ont été affectées à cette crise? Compte tenu de l'ampleur et de la portée de cette crise, nous aimerions savoir quelle importance y accorde le Canada.
    Monsieur le président, je ne peux pas me prononcer sur ce que font les autres ministères, mais je peux vous affirmer que nous avons accru notre présence à Addis‑Abeba en considération de la gravité de la situation et de l'importance d'avoir du personnel dans la région qui se consacre exclusivement au Soudan. Nous avons également deux employés canadiens dans la région, et nous allons recruter un employé sur place.
    Je suis désolée, mais pouvez-vous préciser s'il y en a bien deux employés actuellement et bientôt quatre?
    Deux Canadiens travaillent dans la région et se consacrent actuellement à la question du Soudan. Bien entendu, ils sont épaulés par d'autres employés de l'ambassade, mais deux employés se consacrent exclusivement au Soudan, et un autre employé sera recruté sur place.
    Pour ce qui est d'ici, à l'administration centrale, c'est difficile pour moi de vous donner des chiffres précis parce que ce ne sont pas seulement des personnes… Souvent, des employés à temps plein s'occupent parfois de ces dossiers, et c'est aussi le cas de certains employés de mon bureau, du bureau des relations bilatérales, de notre équipe de développement et de celle des politiques étrangères. Les employés de notre Programme pour la stabilisation et les opérations de paix collaborent aussi à nos projets au Soudan et, comme de raison, à nos projets d'aide humanitaire. D'autres s'occupent d'enjeux comme les sanctions, la défense des intérêts, les politiques et les communications.
    Ce que j'en comprends, c'est que deux personnes sont sur le terrain et que deux autres vont être recrutées, et que divers employés d'Affaires mondiales Canada travaillent sur ces enjeux à temps partiel. Comment cela se compare‑t‑il aux efforts déployés pour l'Ukraine, par exemple, aux prises avec un conflit également très complexe qui exige autant d'attention que possible?
    Je trouve important de bien préciser, concernant l'ambassade en Éthiopie et notre représentation au Soudan, que deux Canadiens sont en poste actuellement. Nous n'allons pas en recruter deux autres. Il y a deux Canadiens en poste et un autre employé va être recruté sur place. Le reste n'est pas de mon ressort. Je n'ai pas ici les chiffres qui me permettraient de faire des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs au ministère.
    Merci.
    En mars, j'ai écrit une lettre à la ministre Joly, au ministre Miller et au ministre Hussen concernant la crise au Soudan. Je leur ai signalé quelques aspects à mon avis très préoccupants de la réponse du Canada. Le ministre Miller m'a répondu et je lui en suis reconnaissante, mais je n'ai rien reçu de la part de la ministre Joly et du ministre Hussen.
    J'ai notamment interrogé le gouvernement sur le fait qu'il est censé dénoncer les États qui fournissent des armes au gouvernement soudanais et aux forces paramilitaires. Il devrait tout mettre en œuvre pour mettre fin au commerce illégal d'armes qui contribue à la crise.
    Il y a trois mois, j'ai participé à une conférence de presse avec le centre Raoul Wallenberg durant laquelle nous avons aussi soulevé des préoccupations eu égard au rôle des Émirats arabes unis.
(1610)
    Je suis désolé, madame McPherson. Vous avez dépassé le temps alloué.
    Nous allons allouer 30 secondes pour la réponse. Nous vous écoutons.
    Le gouvernement demande bel et bien à tous les joueurs de respecter les droits de la personne et le droit humanitaire internationaux. Il encourage toutes les parties dans la région et ailleurs à agir de sorte que le conflit se règle le plus rapidement possible au Soudan.
    Merci beaucoup.
    Nous entamons le second tour. Les députés auront de nouveau cinq minutes chacun.
    Nous allons entendre les questions de M. Epp.
    Vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d'être avec nous.
    Ce sont 26 millions et demi de personnes qui souffrent de la faim et qui subissent les atrocités rapportées. Cette réalité fait réfléchir.
    Je vais toutefois aborder la situation sous un angle différent et parler davantage des Canadiens qui se trouvent au Soudan.
    Il y aurait actuellement quelque 1 800 Canadiens au Soudan. Comme cette information est tirée d'un reportage paru à la fin d'avril, les chiffres ne sont peut-être pas tout à fait justes. On sait toutefois que 700 personnes ont demandé de l'aide pour sortir du pays.
    La ministre aurait apparemment déclaré que le déclenchement de la crise l'a prise au dépourvu, alors qu'on peut lire dans le même reportage que le Canada avait été avisé des semaines à l'avance. C'était en avril. Il y a un instant, Mme McPherson nous a dit qu'elle a elle-même averti le gouvernement et posé des questions.
    Pourquoi le gouvernement a‑t‑il été pris au dépourvu quand cette crise a éclaté alors qu'il a, selon toute vraisemblance, reçu des avertissements?
    Merci de cette question.
    Je pense que c'est très clair que le déclenchement de ce conflit a pris beaucoup de pays au dépourvu.
    D'ailleurs, j'étais là‑bas environ trois jours avant le début du conflit. J'y ai rencontré l'envoyé spécial des Nations unies, ainsi que des représentants du Royaume-Uni, des États-Unis et d'autres pays qui partagent nos valeurs. Personne ne semblait se douter qu'un conflit d'une telle ampleur éclaterait trois jours plus tard.
    Il faut aussi préciser que ce conflit est passablement différent des précédents. Même si le Soudan a connu son lot de conflits violents, il est assez inhabituel de voir la capitale aux prises avec une guerre civile. C'est du jamais vu. L'embrasement dans la capitale et la menace qui en découlait pour l'ambassade canadienne, notamment, étaient tout à fait inédits dans l'histoire du Soudan. Il n'y avait aucun signe avant-coureur de cette escalade sur le terrain.
    Je vais poursuivre un peu sur le même thème.
    Selon le même reportage, le Canada et nos forces armées entretenaient des contacts par l'intermédiaire d'un agent de liaison avec le commandement des États-Unis en Afrique, et ils avaient reçu des avertissements au sujet de la détérioration rapide de la situation.
    Afin de mieux comprendre, puis‑je vous demander s'il y a un problème de cloisonnement entre nos forces armées et Affaires mondiales? Apparemment, les avertissements ne sont pas reçus en temps et lieu pour permettre une préparation adéquate et le déploiement préventif des ressources.
    Et dans le même ordre d'idées, savez-vous combien…
    Selon l'information que j'ai, 170 personnes sur les 700 qui ont demandé de l'aide ont été évacuées.
    Avez-vous les chiffres à jour?
    Je n'ai pas en tête le nombre de personnes qui ont été évacuées. Comme vous le savez, il y a eu beaucoup d'évacuations au début de la crise.
    Le Canada et d'autres pays aux valeurs similaires se sont retrouvés dans une position difficile en avril 2023, quand la crise a éclaté. Pour évacuer un nombre important de citoyens, nous avons collaboré avec des pays aux valeurs similaires et d'autres pour évacuer ces personnes par avion. Les Canadiens ont aussi porté secours à des citoyens d'autres pays qui ont été évacués à bord des avions des Forces canadiennes.
    Je n'ai pas les chiffres sous les yeux relativement au nombre de personnes qui ont reçu de l'aide pour quitter le pays. Elles sont assez peu nombreuses, mais on m'a informée que nos agents consulaires sont en contact avec celles qui ont demandé de l'aide. Il reste à peu près 24 dossiers consulaires actifs concernant différents types de Canadiens qui seraient encore au Soudan.
    Si je me fie à mon expérience de travail dans différents pays instables et en situation de conflit, je pense pouvoir ajouter que les facteurs qui déclenchent un conflit violent sont difficiles à prédire. Il n'est pas rare que les causes d'une situation comme celle qui a éclaté au Soudan en 2023 paraissent très évidentes avec le recul, mais c'est difficile de prédire le moment exact de l'escalade.
(1615)
    Je comprends tout cela, mais les pays aux valeurs similaires, comme vous l'avez dit, ont réussi à déployer des ressources pour venir en aide à leurs citoyens. Comme vous l'avez dit également, ils ont même transporté certains de nos citoyens canadiens à l'extérieur du pays. Si les États-Unis et d'autres pays aux valeurs similaires ont aussi été pris par surprise, comment ont-ils réussi à déployer efficacement leurs ressources? Selon ce que j'ai vu dans divers reportages, il y avait aussi deux appareils C‑130 dans la région. Pourquoi n'avons-nous pas réussi à obtenir des droits d'atterrissage?
    J'essaie simplement de comprendre les délais de notre intervention alors que la surprise était apparemment généralisée.
    Je crains de ne pas être en mesure de répondre à vos questions sur le déploiement des ressources des Forces armées canadiennes.
    D'accord. Je vais changer un peu de registre.
    Pouvez-vous nous parler des effets externes liés à d'autres pays que le Soudan sur le processus de paix? Apparemment, les Émirats arabes unis et l'Égypte ont choisi leur camp. Qu'en est‑il de la Chine, de la Russie et du groupe Wagner?
    Mon temps est limité, mais pouvez-vous nous parler un peu des effets externes sur le processus actuellement?
    Oui, volontiers.
    Vous ne serez pas surpris si je dis que la Russie n'a pas une influence positive sur le pays. Je pense qu'elle a beaucoup plus avantage à alimenter le chaos qu'à favoriser la stabilité du pays. Historiquement, la Russie, par l'entremise du groupe Wagner, était très proche des FSR parce qu'elles lui assuraient un accès aux mines d'or dont elles ont le contrôle. La donne a évidemment changé considérablement pour ce qui concerne le groupe Wagner et après le décès d'Evguéni Prigojine. Cependant, les Russes continuent d'adapter leur approche en passant par d'autres moyens pour influencer le gouvernement soudanais et traiter avec lui. Ce qui les intéresse au premier chef, c'est l'accès aux ressources aurifères du pays et à un port sur la mer Rouge.
    Les visées de la Chine sont assez différentes. Nous estimons que la stabilité serait davantage dans son intérêt compte tenu de ses investissements importants dans le secteur pétrolier au Soudan du Sud. Un seul pipeline sort du Soudan du Sud, et il traverse le Soudan. La stabilité autour du pipeline a été gravement compromise à cause du conflit violent qui sévit dans le pays. Du point de vue de la Chine, la poursuite de la guerre pourrait menacer son accès aux réserves pétrolières de cette région.
    Pour tous les pays de la région, la guerre soulève de sérieuses préoccupations. Des enjeux majeurs de migration y sont rattachés. Les réfugiés affluent surtout en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Tchad, avec les défis importants qui s'ensuivent. De plus, les liens ethniques qui transcendent les frontières peuvent influer sur la stabilité et sur les répercussions de cette guerre dans ces pays.
    Le Canada exhorte tous les acteurs à s'abstenir de soutenir les belligérants et à reconnaître que ce soutien va à l'encontre des droits de la personne et du droit humanitaire internationaux.
    Merci, monsieur le président.
    Merci à vous, monsieur Epp.
    Nous passons à Mme Fry.
    Madame Fry, vous avez cinq minutes.
    Merci beaucoup, monsieur le président.
    J'aimerais poursuivre dans la foulée de questions posées précédemment par ma collègue Mme Chatel.
    Il est évident que nous soutenons la résolution 1325 des Nations unies. Il est évident également que nous passons de la parole aux actes et que nous prenons les engagements promis dans le cadre de certaines de ces réunions pour venir en aide aux femmes. Cela dit, la distribution de produits d'hygiène n'aide pas vraiment les femmes qui ont violées et agressées sexuellement. Comment aidons-nous les femmes à avoir accès à un avortement, à des produits de santé sexuelle ou reproductive, entre autres? Comme les aidons-nous? J'aimerais savoir ce que nous faisons à cet égard.
    Par ailleurs, même si c'est formidable d'écouter les femmes nous raconter ce qui se passe et nous en donner des exemples, que faisons-nous pour mettre en œuvre l'ensemble de la résolution 1325, qui porte sur la prévention des conflits, les négociations pendant les conflits et, bien entendu, la reconstruction après les conflits? Que faisons-nous pour favoriser cette mise en œuvre et pour donner aux femmes une véritable voix au chapitre sur ces enjeux, ce qui suppose que nous faisons plus que d'écouter leurs récits dans les coulisses? Faisons-nous quelque chose de concret à ce sujet?
    Je vais parler du programme de développement avant de céder la parole à mes collègues. Je suis certaine que l'ambassadrice aura beaucoup à dire à ce sujet, et Mme Desloges pourra nous parler de notre soutien à ces enjeux dans le volet humanitaire.
    Le gouvernement du Canada a engagé 6 millions de dollars en aide humanitaire en 2023. Ce financement a été engagé précisément parce qu'il était clair que la crise allait entraîner de nouveaux défis pour les femmes et les enfants, et surtout les filles. Il a été décidé que ce fonds serait axé sur l'éducation et les urgences, ainsi que la prévention et l'intervention liées à la violence sexuelle et sexiste.
    Je peux vous donner des exemples concrets des réalisations que ce financement a rendues possibles. Nous avons soutenu 134 points de services — des cliniques mobiles et des espaces sûrs pour les femmes et les enfants — pour les personnes qui sont victimes de violence sexuelle et sexiste. Plus de 100 000 personnes ont bénéficié d'une aide en santé mentale grâce à ce financement, et il y a eu 80 000 consultations en santé sexuelle et reproductive. Il s'agit selon moi de mesures importantes pour tenir compte des répercussions uniques des conflits pour les femmes et mobiliser des fonds de développement en conséquence.
    Nous savons aussi que les femmes ont de nombreux besoins liés au soutien de leur famille dans un contexte d'insécurité alimentaire grave. Nous avons par conséquent adapté le programme actuel de sécurité alimentaire en agriculture pour qu'il réponde aux besoins dans les zones où il est encore possible de travailler afin qu'il contribue à renforcer la résilience des communautés en préservant leur capacité de faire des plantations et des cultures, et d'accéder aux semences. C'est bien connu, beaucoup de petites exploitations agricoles sont dirigées par des femmes et ces projets sont fondés sur une collaboration directe avec elles afin de les aider à mieux soutenir leur famille.
(1620)
    J'aimerais vous entendre davantage au sujet de l'accès à l'avortement après un viol.
    Je suis désolée. Ma question ne s'adresse pas à vous, mais à Mme O'Neill.
    Je ne suis pas en mesure de vous parler de ce sujet.
    Vous n'êtes pas en mesure…
    Pouvez-vous nous parler de ce sujet?
    L'avortement est illégal au Soudan et nous ne soutenons pas ce type de services dans les pays où ils sont illégaux.
    L'avortement n'est cependant pas légal dans des pays comme la Pologne qui accueille des réfugiés ukrainiens, mais nous cherchons à nous assurer que les femmes y aient accès. Je ne vois donc pas pourquoi nous ne pouvons pas en faire autant au Soudan.
    Je crains de ne pas avoir de réponse à cela. Je ne peux pas comparer avec d'autres pays.
    Si le président le permet, je peux parler de la question de la participation directe des femmes aux négociations. Je sens dans le ton de la députée ce que je sens chez beaucoup de Soudanaises aussi, qui en ont assez de nous écouter et d'être laissées de côté. C'est tout à fait leur ton à toutes dans toute discussion politique.
    Soyons clairs, en Suisse, les médiateurs ont rencontré toutes les parties réunies au sein du groupe international. Ils n'ont pas rencontré les Forces rapides de soutien, les RSF, parce que les forces armées soudanaises n'étaient pas présentes. Ils ne voulaient pas donner l'impression de privilégier une partie ou de n'en rencontrer qu'une. Ils ont rencontré les interlocuteurs présents. Il ne s'agissait pas de membres permanents, toutefois, et ils ont évoqué le sujet comme étant quelque chose de profondément frustrant. C'est une des raisons pour lesquelles le Canada a soutenu les efforts déployés par les États-Unis pour faire venir des femmes sur place pour parler, autant que possible, et pour y avoir quelqu'un avec le titre prestigieux d'ambassadrice qui aide en quelque sorte à se rapprocher des discussions — c'est tout à fait ce que nous voulions.
    Cela répond peut-être aussi, en partie, à une question posée par un autre député qui demandait si nous apportons un soutien et comment nous faisons parvenir directement des fonds et une aide à de petites organisations. Le Canada finance également des réseaux et des organisations de la société civile dirigées par des femmes au Soudan afin de mettre l'accent sur la prévention, essentiellement, et de faire participer les femmes à toutes sortes de résolutions de conflit et de médiation à l'échelle locale, dans les différends locaux; sur la formation des femmes — encore qu'aucune n'ait besoin de formation à ce stade — à l'accès et à la défense des droits; et sur l'octroi d'un espace et d'une possibilité de défendre leurs droits. Ce n'est pas quelque chose d'anecdotique: nous allons au coeur du problème.
    Je suis heureuse de l'entendre, car il me semble que l'essence même de la résolution 1325 est de faire en sorte que les femmes participent aux discussions, qu'elles fassent partie de la prévention et des négociations. Je pense que c'est important.
    Madame Fry, votre temps de parole est écoulé.
    Nous passons à M. Bergeron. Monsieur Bergeron, vous disposez de cinq minutes... Non, vous disposez de deux minutes et demie.
    Moi qui allais me réjouir d'avoir cinq minutes!

[Français]

    Merci.
    Dans un article du journal Le Monde diplomatique, publié en mars dernier, l'historien Gérard Prunier posait une question en fin de texte qui était, à mon sens, extrêmement importante et pertinente. Il disait: « Une question demeure: le Soudan existe-t-il encore en tant qu'État? »
    Selon vous, que reste-t-il de l'État soudanais?
    Peut-on véritablement parler d'un État soudanais?
    Quels sont les interlocuteurs du gouvernement canadien dans ce qui reste de l'État soudanais?
(1625)

[Traduction]

    Il s'agit d'une question complexe, et je ne vois donc pas d'inconvénient à être interrompue. Le Canada reconnaît l'État soudanais. Il est évident que le pays est très fragilisé par l'activité et la situation et qu'il existe un risque réel de fracture. À ce stade, nous espérons que ses composantes ne seront pas plus déstabilisées.
    Les RSF et les forces armées soudanaises contrôlent chacune une partie du pays à l'heure actuelle, mais même cette frontière continue de changer et de se déplacer. Plus le conflit dure et plus il est difficile d'imaginer comment cette résolution pourra aboutir à la reconnaissance d'un retour à l'unité du pays.

[Français]

    Selon vous, quelles sont les bases qui nous permettraient, à plus ou moins brève échéance, d'assurer une certaine stabilité dans le pays?

[Traduction]

    Je crois que nous aimerions tous avoir la réponse à cette question. Un des aspects qui nous apparaissent fondamentaux et qui représentent un des avantages du rôle du Canada est de savoir comment dialoguer avec les civils et comment donner à la société civile et à ses acteurs la possibilité d'influer sur le cours des choses. Ce conflit oppose en réalité deux armées qui se disputent le pouvoir et l'accès aux ressources du pays. Elles n'ont pas d'intérêt à ce qu'un gouvernement travaille pour tous les citoyens.
    Le plus important est de trouver des moyens de travailler et de soutenir les acteurs civils pour faire contrepoids et de ne pas considérer ce conflit comme un conflit qui doit être réglé par ces deux belligérants, mais comme un conflit qui doit être résolu avec la participation de tous les citoyens. Cela signifie les femmes, comme l'a dit l'ambassadrice. Cela signifie aussi les jeunes. C'est une des raisons pour lesquelles le Canada travaille avec des acteurs de la société civile, en particulier sur une plateforme appelée Taqaddum. Elle est dirigée par l'ancien premier ministre dont le gouvernement a été renversé par les deux belligérants de ce conflit lors d'un coup d'État en 2021. L'ancien premier ministre Hamdok dirige Taqaddum, large coalition de civils destinée à faire contrepoids à ces deux armées.
    Tel est vraiment notre point de vue, et tel est le processus qui aura le résultat le plus durable. Les faits montrent que plus la participation est large pour décider de la voie à suivre, plus la participation des femmes et des jeunes est importante et plus les chances de succès sont grandes.

[Français]

     Merci beaucoup.

[Traduction]

    Je vous remercie. Nous passons à Mme McPherson.
    Vous disposez de deux minutes et demie.
    Je vous remercie de votre réponse.
    D'après ce que nous ont dit des personnes sur le terrain avec Médecins sans frontières, qui publie un rapport sur le nombre de décès maternels, ce qui se passe sur le terrain est tout simplement horrible, en particulier pour les femmes.
    Je vais revenir aux questions que je posais sur le rôle des Émirats arabes unis pour ce qui est d'armer les RFS. Le Canada a-t-il réagi au grave problème que pose le fait que les Émirats arabes unis arment et financent les RSF et aux plus récentes allégations selon lesquelles ils ont envoyé des armes au Soudan sous le couvert du symbole du Croissant-Rouge — qui est légalement protégé —, ce qui constitue une violation du droit international humanitaire?
    Nous en avons entendu parler. Le Canada continue de travailler en collaboration avec ses partenaires régionaux et internationaux pour décider du meilleur moyen de mobiliser les différents acteurs qui peuvent avoir une influence sur les belligérants afin d'encourager à une cessation des hostilités et à un réel engagement envers des efforts de médiation.
    Sur la question des exportations d'armes, nous continuons de procéder à des évaluations approfondies des risques relatifs aux licences d'exportation pertinentes pour les biens et technologies contrôlés destinés à l'exportation, afin d'atténuer le risque de transfert illégal ou de détournement d'exportations canadiennes vers le conflit au Soudan.
    Nous avons également un rôle à jouer sur le plan diplomatique à ce sujet. Bien sûr, au fil des ans, les experts des Nations unies, comme vous le savez, ont signalé à plusieurs reprises le recours au groupe STREIT pour la fabrication de véhicules blindés au Darfour, en violation de l'embargo sur les armes décrété par les Nations unies. En vertu du Traité sur le commerce des armes, qui a force de loi au Canada, le Canada est tenu de prendre des mesures en cas de courtage.
    Quelle mesure est prévue dans le cas du groupe canadien STREIT?
    Nous devrons revenir vers vous à ce sujet. Nous n'avons pas d'informations précises sur cette entreprise.
    Ce serait vraiment bien, notamment parce que nous soulevons la question depuis des années. Le NPD constate ces problèmes depuis très longtemps. Je vous remercie.
    J'ai une dernière question pour vous. Vous avez énuméré les personnes inscrites sur la liste des sanctions du Canada et, si j'ai bien compris, six Soudanais y figurent. Ce chiffre me semble très bas, étant donné ce qui se passe sur le terrain au Soudan.
    Est-il prévu d'inscrire d'autres personnes sur cette liste de sanctions et de faire en sorte qu'elle soit plus complète?
(1630)
    Nous examinons toujours les options en matière de sanctions supplémentaires. L'examen et l'évaluation des circonstances particulières qui pourraient justifier le recours à des sanctions font l'objet d'une diligence raisonnable très rigoureuse et, comme je l'ai mentionné, nous continuerons de suivre de près la situation au Soudan.
    La coordination avec des pays d'optique commune est un des éléments les plus utiles pour garantir l'efficacité dans les cas concernant le Soudan. Nous devons également tenir compte de considérations stratégiques et d'une approche échelonnée.
    Je vous remercie.
    Nous passons à M. Aboultaif.
    Monsieur, vous disposez de cinq minutes.
    Je vous remercie pour les cinq minutes, monsieur le président.
    Je parle avec les membres de ma communauté, avec mes concitoyens de la communauté soudanaise, et l'accès humanitaire crucial à l'intérieur du pays, où il y a un grand nombre de personnes déplacées à cause de cette terrible guerre, fait partie des problèmes mentionnés. L'accent a d'ailleurs été mis sur ce problème dans les négociations menées en Suisse sous l'égide des États-Unis.
    Ces négociations ont-elles été fructueuses et ont-elles permis d'améliorer un tant soit peu la situation?
    Je vous remercie.
    Les négociations menées en Suisse se sont révélées fructueuses en ceci qu'il y a eu une reconnaissance d'un accord sur l'accès humanitaire, mais c'est pratiquement le seul résultat. Je pense que nous sommes assez déçus de l'absence d'un véritable cessez-le-feu et, bien sûr, de la poursuite des combats par les belligérants.
    Je peux céder la parole à l'ambassadrice, si elle souhaite ajouter quelque chose, parce qu'elle a assisté à ces négociations.
    Je vous remercie.
    Pour être un peu plus précis, ils sont parvenus à s'entendre pour ouvrir deux couloirs humanitaires pour acheminer l'aide par le poste-frontière d'Adré, qui se trouve à la frontière avec le Darfour, c'est-à-dire entre le Tchad et le Darfour, et par la route de Dabbah, qui donne accès au Nord et à l'Ouest à partir de Port-Soudan. Les médiateurs ont obtenu des garanties des deux parties pour un accès humanitaire sûr et sans entrave.
    Il me semble juste de dire que les parties ont encore du chemin à faire pour tenir cet engagement, et nous les avons vues toutes deux empêcher le développement et faire obstacle à l'acheminement et à la distribution de l'aide.
    Avez-vous connaissance d'incidents où des personnes censées se rendre en lieu sûr ou dans un endroit où elles peuvent se réfugier, se font tuer, ou d'autres trafics qui se passent en même temps?
    Je vous renverrai à la Mission internationale indépendante d'établissement des faits pour le Soudan. Elle a été mise sur pied en réponse à une résolution du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Le Canada l'a coparrainée. Cette mission a pour mandat de constater les violations des droits de la personne et les violations du droit international humanitaire et d'enquêter à leur sujet.
    Elle a publié un rapport en septembre. Les conclusions et les éléments de preuve sont importants en ce qui concerne les actes que vous décrivez. Il a été signalé que des travailleurs humanitaires ont été tués.
    Le rapport lui-même conclut que les forces armées soudanaises et les RSF, et leurs alliés, sont responsables de violations à grande échelle dont beaucoup constituent des crimes de guerre. Nous parlons, entre autres, de frappes aériennes, de la destruction d'infrastructures civiles, d'attaques à caractère ethnique, de viols, de violence sexuelle et sexiste. La liste des types de violations constatées, y compris à l'encontre d'enfants, avec le recrutement d'enfants soldats, est épouvantable.
    Le rapport va un peu plus loin aussi en ce qui concerne les RSF et laisse entendre qu'il y a des motifs raisonnables de penser que les RSF et leurs alliés ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
    Je vous remercie.
    J'ai une question au sujet du camp de Zamzam. Vous y êtes-vous rendues ou est-ce que des membres canadiens de la délégation ont visité ce camp?
    Je vais céder la parole à Mme Desloges en ce qui concerne le camp de Zamzam. Je ne m'y suis pas rendue, quant à moi, et je ne peux pas parler de visites passées de diplomates.
    Je ne me suis pas rendue au camp de Zamzam non plus. Je n'ai pas le chiffre actuel, désolée, mais d'après les estimations, 500 000 personnes vivraient actuellement dans ce camp.
    Savez-vous si une organisation canadienne travaille ou aide sur place et a signalé quoi que ce soit à propos de ce camp?
    Non, je ne sais pas. Nous pouvons nous renseigner, mais de mémoire, nous ne...
(1635)
    J'aimerais savoir quel rôle des organisations canadiennes jouent exactement dans le camp. J'ai visité des camps à Cox's Bazar, au Bangladesh. Environ 105 organisations y étaient présentes, certaines canadiennes, d'autres, bien sûr, venant du reste du monde. J'aimerais donc savoir si l'on a une idée du nombre d'organisations canadiennes qui se trouvaient ou qui se trouvent encore sur le terrain dans le camp.
    Je peux vous parler de ce que nous faisons pour aider la population du camp. Le Programme alimentaire mondial, le PAM, est notre principal partenaire humanitaire. Il intensifie actuellement ses opérations pour répondre aux besoins de plus de 180 000 personnes qui ne reçoivent pas d'aide ou qui reçoivent une aide très limitée, car il est très difficile d'accéder à ce camp.
    Est-il raisonnable de penser que dans cette mission en particulier, le Canada met probablement l'accent sur l'alimentation, car la famine est un problème majeur dans le camp?
    Soyez brève, je vous prie.
    Oui, l'alimentation est un des principaux secteurs que nous soutenons. Nous soutenons également des activités sectorielles concernant l'eau et l'assainissement, les services d'hygiène, la nutrition et les abris. Ce sont là les besoins les plus importants que nous constatons dans tout le pays.
    Je vous remercie.
    Je vous remercie, monsieur Aboultaif.
    Nous passons maintenant à M. Oliphant. Vous disposez de cinq minutes.
    Je vous remercie, monsieur le président.
    Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui. Merci de votre travail.
    Même si plus d'un an s'est écoulé, je commencerai par vous demander de transmettre nos remerciements aux membres de la mission qui ont été évacués et qui continuent de travailler.
    Dans les jours qui ont suivi le déclenchement des hostilités, le 15 avril, j'ai suivi heure par heure le tour que prenait l'intrusion dans notre mission, qui se trouvait à un endroit commode, près de l'aéroport. Mais c'était aussi le pire endroit. C'étaient des jours très incertains, et ils étaient très courageux. J'espère que vous transmettrez ce message.
    Je suis un peu moins pessimiste que M. Bergeron quant à l'avenir. Au cours de mes visites au Soudan, j'ai vu la résilience, en particulier des Soudanaises et des organisations de la société civile libérées de la tyrannie d'Al-Bashir. Je pense qu'il y a eu un formidable regain d'espoir démocratique qui a représenté une menace pour au moins deux personnes et leurs acolytes. Je suis optimiste.
    J'aimerais revenir un peu sur les commentaires et les questions de M. Epp, parce qu'il a abordé un aspect important.
    Le pays compte environ 10 millions de personnes déplacées, soit environ huit millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et environ deux millions de réfugiés. C'est littéralement la population de la moitié des pays du monde. La moitié des pays comptent plus de 10 millions d'habitants et la moitié, moins de 10 millions.
    Je veux penser aux conséquences pour le Tchad, la République centrafricaine, l'Éthiopie en particulier, et un peu pour le Soudan du Sud, avec les liens familiaux. Je me demande quelle est notre capacité d'aider les personnes qui migrent.
    Je suis allé à Al-Fāshir. Il ne sera pas facile d'y acheminer de l'aide à cause du conflit qui continue. Il y a quatre heures, au Soudan, les forces armées soudanaises ont mené une nouvelle série d'attaques importantes contre les RFS.
    Qu'en est-il des autres pays? Où en sommes-nous et comment les Canadiens peuvent-ils aider?
    En effet, la situation dans les pays voisins est assez grave. La République centrafricaine, le Tchad et le Soudan du Sud sont les principaux pays à accueillir les réfugiés qui franchissent les frontières.
    Un des défis pour le Soudan du Sud est qu'un nombre important de Sud-Soudanais vivaient au Soudan et qu'en fait, ils regagnent leur pays. Dans tous ces cas, nous constatons également que la résilience des personnes qui franchissent la frontière n'est pas aussi grande que nous le souhaiterions chez des personnes qui migrent dans ces conditions. Si vous regardez les personnes qui rentrent au Soudan du Sud, vous verrez que, souvent, elles n'ont pas de maison où retourner. Elles sont parties depuis des décennies. EIles descendent peut-être de personnes qui se sont réfugiées de l'autre côté de la frontière pendant le conflit au Soudan du Sud.
    Nous constatons dans les trois pays que leur capacité en tant que pays d'accueil d'aider ces personnes est très limitée, tout comme celle de la communauté internationale.
    Je vais céder la parole à ma collègue pour qu'elle parle un peu de la réponse humanitaire, mais je dirai que la situation est grave en ce qui concerne le nombre de personnes déplacées et la capacité de les aider.
(1640)
    Nous apportons une aide dans toute la région, dans tous les pays que nous avons mentionnés. Pour rappel, ces pays connaissent leurs propres crises humanitaires préexistantes avec des populations très vulnérables.
    Les personnes arrivent du Soudan dans ces zones frontalières qui sont très difficiles d'accès. C'est aussi la saison des pluies. Pour couronner le tout, il y a des inondations dans toute la région. Au-delà du conflit, il est très difficile pour les partenaires humanitaires d'accéder à toutes les personnes qui arrivent, mais ils fournissent de l'aide. Nous soutenons plusieurs partenaires, que ce soit au Tchad, au Soudan du Sud ou en Éthiopie dans ces régions frontalières.
    Comme je l'ai mentionné, certains des problèmes que nous constatons concernent la logistique, mais aussi l'augmentation des coûts que cela cause dans un contexte de financement très limité pour les partenaires. Il y a aussi la propagation des maladies transmissibles dans ces situations qui ne sont pas toujours les plus salubres.
    Le Soudan est ou a été exportateur de denrées alimentaires. Savez-vous où va la majeure partie des denrées alimentaires qu'il exporte?
    Soyez brève, je vous prie.
    Je ne sais pas.
    Je vous remercie.
    Nous passons à la troisième série de questions.
    Dans cette troisième série, les libéraux et les conservateurs disposeront de quatre minutes et le Bloc et le NPD, de deux minutes.
    Nous commencerons par M. Epp.
    Je vous remercie.
    Nous entamons la quatrième série, mais qui compte?
    Madame Delany, dans vos observations préliminaires, vous avez parlé de paix véritable.
    Pouvez-vous en dire plus à ce sujet?
    Je pense que je vais encore céder la parole à ma collègue, l'ambassadrice.
    À mon sens, une paix véritable est une paix pour tout le monde. C'est une paix positive. C'est une paix dans laquelle chacun a la possibilité de participer aux décisions prises par son gouvernement et son pays. C'est une paix où les services sont fournis à toutes et à tous. C'est une paix où toute personne, quel que soit son lieu de résidence, son sexe ou son appartenance ethnique, a la possibilité de participer à la gouvernance de son pays et d'accéder aux services.
    Cela n'a pas été le cas au Soudan depuis des décennies et ça ne l'a jamais été. Tout d'abord, c'est le résultat de l'approche adoptée par le président Bashir quand il était au pouvoir. Le centre, Khartoum, profitait majoritairement des ressources et la périphérie était négligée. Nous en avons vu les résultats avec la guerre civile au Soudan du Sud, puis au Darfour, et la décision finale des Sud-Soudanais, par référendum, de se séparer du pays.
    Si je comprends bien, vous parlez d'un processus interne.
    Est-ce qu'un tiers, comme l'Union africaine, ou quelque chose de ce genre, qui est respectée par toutes les parties, pourrait jouer le rôle de négociateur de paix?
    La difficulté en l'occurrence est qu'il existe un certain nombre d'options pour négocier éventuellement une paix et qu'il y a beaucoup d'acteurs.
    L'Union africaine joue un rôle. Elle a organisé des rencontres, y compris avec des civils, afin de discuter de ce à quoi la paix pourrait ressembler dans le pays.
    Ensuite, nous avons des acteurs régionaux, comme l'Arabie saoudite, qui a organisé des pourparlers avec les États-Unis à Djedda dans les premiers mois du conflit pour essayer de parvenir à un accord entre les RSF et les forces armées soudanaises.
    Nous avons aussi vu, tout récemment, les négociations de Genève organisées par la Suisse et dirigées par les Américains, avec la participation de l'Arabie saoudite également.
    Je vous remercie.
    Je cède le reste de mon temps de parole à mon collègue, M. Aboultaif.
    Je vous remercie, cher collègue.
    J'ai posé une question sur le rôle exact ou le rôle le plus important du gouvernement canadien ou des organisations canadiennes. Je sais que vous n'allez pas nous donner de réponses maintenant, mais si possible, si vous pouvez nous répondre par écrit, ce serait très utile au Comité.
    Ensuite, d'après les rapports dont nous disposons, plus de 18 800 personnes ont été tuées au Soudan depuis août 2023. On dirait que ça part dans tous les sens. Ce n'est pas seulement les combattants. C'est au-delà de... Des civils, des enfants et des femmes sont victimes et ce sont eux qui paient le plus lourd tribut.
    Le gouvernement canadien croit-il que des crimes et des crimes contre l'humanité ont été ou sont commis au Soudan?
    Oui, nous le croyons.
    Que faisons-nous? Est-ce que ces crimes sont perpétrés contre des personnes, contre des organisations ou contre les deux?
    Comment le Canada doit-il réagir face à cette situation?
    Je reviens un peu en arrière pour souligner le soutien que le Canada apporte à la plateforme civile, Taqaddum. Il s'agit d'une des plus larges coalitions d'acteurs civils au Soudan. De plus, 40 % des participants à la conférence inaugurale qui s'est tenue à Addis étaient des femmes, et les jeunes étaient tout aussi nombreux.
    Pour ce qui est du rôle du Canada et de la recherche d'une solution, nous étudions la possibilité de soutenir les voix civiles pour faire contrepoids aux belligérants.
    Quant au travail de sensibilisation que nous entreprenons, le Canada était un des coparrains de la résolution sur la mission d'établissement des faits qui a rassemblé les preuves et qui estime qu'il y a et qu'il y a eu des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
(1645)
    Me reste-t-il du temps, monsieur le président?
    Monsieur McKay, vous disposez de quatre minutes.
    Je vous remercie, monsieur le président.
    Quelle est l'importance géopolitique de ce conflit?
    En ce qui concerne l'importance géopolitique de ce conflit, je dirai deux ou trois choses.
    La première est qu'il se passe en Afrique du Nord. C'est une région qui connaît sa propre instabilité pour diverses raisons. Lorsqu'un pays subit un effet aussi déstabilisant, il risque d'y avoir des répercussions sur ses voisins qui sont souvent aux prises avec leurs propres défis en matière de résilience.
    Il en résulte, évidemment, que ces déplacements massifs de population créent des préoccupations humanitaires importantes et des problèmes de migration également importants. À mon avis, les pays européens d'optique commune doivent être très préoccupés par les questions de migration vers l'Europe.
    En outre, c'est mauvais pour des pays comme le Canada quand le désordre règne dans des endroits, car le terrorisme et la criminalité peuvent y prospérer. Ce que nous voyons au Soudan, c'est une vaste zone sans véritable gouvernement.
    Du fait de la poursuite de ce conflit?
    Il m'est difficile de répondre à cette question parce que très peu de personnes, selon moi, gagnent à la poursuite de ce conflit.
    M. Epp posait la question d'une implication des Chinois et des Russes. Il me semble, rien qu'à écouter votre réponse, que les Chinois gagneraient à la stabilité et les Russes, à l'instabilité. Est-ce que l'analyse vous semble juste?
    Oui, l'analyse que j'ai proposée portait sur les intérêts de la Russie, et sa façon d'opérer est de nature à fomenter le chaos. Elle a ses propres intérêts. Par exemple, elle souhaite vivement avoir accès à un port sur la mer Rouge et elle est engagée dans des discussions à ce sujet. Elle veut avoir accès à l'or du pays. Souvent, une certaine instabilité peut créer ces possibilités, notamment en ce qui concerne l'accès à l'or du pays.
    Y a-t-il une différence entre la Russie en tant qu'État et le groupe Wagner, ou est-ce que le groupe Wagner est le seul à agir sur le terrain?
    Je ne peux parler ici que de certaines choses, mais il y a une différence. Il y a également une grande différence en ce qui concerne la manière dont Wagner peut agir ou pas aujourd'hui. Depuis la mort de Prigojine, un véritable changement s'est opéré avec la volonté du ministère de la Défense russe d'exercer beaucoup plus de contrôle sur le fonctionnement des entreprises militaires privées.
    Je ne comprends pas pourquoi vous seriez limitée quant à ce que vous pouvez nous dire ici de l'évolution de l'attitude russe au Soudan.
    Il s'agit seulement de ce dont nous pouvons parler dans un cadre ouvert comme celui-ci.
    Il est certain qu'à l'heure actuelle, l'engagement russe est davantage le fait du gouvernement que de Wagner.
    Y a-t-il un conflit entre la Russie et la Chine à propos de l'accès à des ports?
    Je ne peux pas faire de commentaires à ce sujet. Je n'en sais pas assez pour émettre ici des hypothèses.
    Mon ami, M. Oliphant, parlait de l'exportation de denrées alimentaires, dont une quantité extraordinaire semble être destinée aux Émirats arabes unis, au détriment, je suppose, des Soudanais. Les Émirats arabes unis profitent-ils de ce conflit?
    Soyez brève, je vous prie
    Je ne peux pas faire de commentaires sur les exportations. Je n'ai pas ce genre d'information. Comme je le mentionnais tout à l'heure, je ne sais pas à qui sont destinées les exportations de denrées alimentaires soudanaises.
    Je vous remercie.
    Monsieur Bergeron, vous disposez de deux minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Madame Delany, à quelques reprises, vous nous avez signalé que plusieurs pays avaient choisi d'établir leur mission pour le Soudan en Éthiopie, où se trouve également le siège de l'Union africaine qui a appelé à une cessation immédiate des combats et qui a dit s'inquiéter de la situation sécuritaire dans les différentes provinces du Soudan.
    Selon le Canada, quel rôle peut jouer l'Union africaine dans la résolution de ce conflit?
(1650)

[Traduction]

    Comme les membres du Comité le savent probablement, le Canada a maintenant un représentant auprès de l'Union africaine, en reconnaissance du rôle important que joue l'organisation sur le continent, y compris en matière de paix et de sécurité. Le défi au Soudan, cependant, est qu'il y a tellement d'acteurs qui cherchent des moyens d'arriver à un cessez-le-feu avec ces belligérants en particulier et d'autres.
    Le Canada soutient les efforts de l'Union africaine en faveur du dialogue, notamment les rencontres qu'elle organise lorsqu'elles sont générales et incluent des acteurs civils. Cependant, comme les autres parties en l'espèce, elle a aussi du mal à trouver une solution.

[Français]

    Considérant le fait que les situations problématiques ne manquent pas en Afrique, qu'est-ce qui pourrait permettre à l'Union africaine de jouer un rôle plus actif et plus efficace, un rôle susceptible d'être davantage couronné de succès?

[Traduction]

    J'aimerais avoir une réponse à vous proposer, et peut-être que nous pourrons vous soumettre quelque chose par écrit sur la façon dont le Canada dialogue avec l'Union africaine sur la paix et la sécurité, parce qu'il y a un engagement assez direct et un soutien à sa capacité, y compris d'intervenir comme médiateur et de participer à d'autres activités.
    Sur cette question particulière, nous nous sommes engagés, nous avons demandé et nous avons offert le soutien du Canada. L'Union africaine sait donc que nous sommes là en cas de besoin. Nous pourrons revenir vers vous par écrit sur la façon dont nous discutons avec elle de manière plus générale de paix et de sécurité.

[Français]

     Merci beaucoup, madame Delany.
    Merci, monsieur le président.

[Traduction]

    Je vous remercie, monsieur Bergeron.
    Madame McPherson, vous disposez de deux minutes.
    Je vous remercie
    Cette question est pour vous, madame l'ambassadrice. J'aimerais revenir au rapport de MSF, qui déclare ceci:
C'est une crise comme je n'en ai jamais vu dans ma carrière. De multiples urgences sanitaires se produisent simultanément sans que les Nations unies et d'autres acteurs n'apportent de réponse internationale. Les nouveau-nés, les femmes enceintes et les nouvelles mères meurent en nombre choquant; tant de décès sont dus à des conditions évitables, mais presque tout s'est effondré.
    MSF dit également que pour résoudre cette crise, il faut que les Nations unies agissent avec détermination et qu'elles accélèrent le retour de leur personnel. Il faut aussi fournir plus de ressources.
    Que pouvons-nous faire d'autre pour résoudre cette crise dont les femmes sont manifestement victimes, madame l'ambassadrice?
    Je vous remercie de votre question. J'ai lu le même rapport. Il me semble qu'il dit que la majorité des décès sont causés par la septicémie, ce qui est être très facilement évité chez les nouveau-nés comme chez leurs mères.
    Il faut plus de moyens financiers. Il s'agit là d'un appel fondamental lancé par toutes les personnes qui étaient présentes aux négociations en Suisse et qui plaident en ce sens depuis longtemps. Nous avons parlé du respect par le Canada des engagements pris à la conférence de Paris, qui était en fait une conférence de donateurs. Nombre de ces engagements n'ont pas été tenus. Beaucoup de gens disent qu'il est important d'encourager tous nos partenaires à tenir leurs engagements et à aller plus loin encore.
    Au fond, la paix est indispensable pour régler totalement le problème. Même une présence accrue des Nations unies dans les approvisionnements ne peut être fonctionnelle que dans une certaine mesure, sans un système de santé fonctionnel ou stable, et sans attaques aériennes régulières contre ceux qui acheminent l'aide. Il faut continuer de faire pression sur les parties aux pourparlers et d'insister pour une pause, un accès humanitaire et tout ce qui permettra de fournir les services mêmes.
    Et plus de ressources, évidemment.
    Toujours, toujours.
    Mes deux minutes sont écoulées.
    Je vous remercie, madame McPherson.
    Nous passons à M. Chong.
    Monsieur Chong, vous disposez de trois minutes.
    Je vous remercie.
    Souvent, ce qui alimente ce type de conflit, c'est la possibilité de se procurer des dollars américains. Les exportations agricoles et notamment de graines oléagineuses figurent parmi les principales exportations du Soudan, comme nous l'avons mentionné, mais la principale est celle de l'or. Les exportations d'or n'ont pas diminué du tout depuis le début du conflit. Nous croyons savoir qu'une grande partie de cet or finit par sortir clandestinement du pays. Je suis sûr que c'est en échange de dollars américains. Or, ces dollars servent à financer l'achat de matériel et d'équipements militaires.
    Que fait le gouvernement du Canada pour s'assurer que jamais le produit de ces ventes illicites ne soit blanchi par notre système financier? Je pose cette question en pensant à la récente provision de 3 milliards de dollars constituée par la Banque TD et à la récente démission de son PDG à cause d'opérations de blanchiment menées par l'intermédiaire de la banque aux États-Unis. Le CANAFE a infligé des amendes à de grandes banques canadiennes à la fin de l'année dernière et au début de cette année pour non-respect de la loi visant à lutter contre le blanchiment d'argent. D'autres amendes ont été infligées à des banques canadiennes par les autorités américaines.
    Que faisons-nous pour nous assurer que notre système financier ne blanchit pas de fonds provenant du Soudan, étant donné ce qui s'y passe?
(1655)
    Monsieur le président, je pense que les commentaires sur le défi que représentent les exportations d'or et sur le fait qu'elles financent les deux belligérants sont vraiment pertinents. C'est un défi réel et important pour la communauté internationale, dont le Canada fait partie, que de trouver un moyen de tarir les sources de financement de ces belligérants pour les empêcher d'acheter des armes.
    Malheureusement, je ne sais pas comment nos institutions financières peuvent empêcher ce blanchiment. Nous pouvons nous renseigner et voir si nous pouvons vous apporter une réponse par écrit, mais cela sort quelque peu de mes attributions.
    Je pose la question parce que la ministre a pris des sanctions, il y a quelques mois je crois, contre des personnes et des entités au Soudan. Il est important maintenant que ces sanctions soient appliquées. Le gouvernement fédéral est en train de mettre en place un registre de la propriété effective des entités constituées en vertu d'une loi fédérale, plus précisément de la Loi canadienne sur les sociétés par actions. Il prend également d'autres mesures pour lutter contre le blanchiment d'argent.
    Je suis curieux de savoir quel est le rôle d'Affaires mondiales Canada dans tout cela, en tant que responsable des sanctions. L'application des sanctions vise à empêcher que des fonds illicites ne transitent par notre système et n'alimentent des conflits comme celui du Soudan.
    Soyez brève, je vous prie.
    Le député soulève un point intéressant, à savoir que nous avons un rôle dans la détermination des sanctions. En ce qui concerne les six sanctions annoncées, plusieurs visent des organisations connues pour leurs opérations logistiques, leurs liens avec l'or, et leurs réseaux d'exportation et de financement au bénéfice des RSF et des forces armées soudanaises.
    Je vous remercie.
    Nous passons maintenant à Mme Chatel.
    Vous disposez de trois minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Les Nations unies proposent plusieurs avenues ou actions. Elles essaient d'engager la communauté internationale, que ce soit par rapport au cessez-le-feu, à l'accès à l'aide humanitaire, aux négociations ou à la protection des civils. Elles ont suggéré, je crois, que l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement, notamment, jouent un rôle et qu'elles soient plus présentes. Il est aussi question, bien sûr, du soutien à une transition démocratique.
    Pouvez-vous nous en dire davantage sur les mesures que prennent concrètement les Nations unies pour rétablir la paix? Comme on le voit, c'est une situation catastrophique. On peut acheminer de l'aide humanitaire et essayer de protéger les civils contre les crimes odieux qui sont commis, mais, au bout du compte, il faut rétablir la paix de façon durable.
    Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les mesures que prend l'ONU en ce sens et sur la façon dont le Canada pourrait appuyer ces mesures?

[Traduction]

    C'est une très bonne question et c'est un des plus grands défis en ce qui concerne la forme de notre engagement et de celui d'autres au Soudan. La situation sur place est une des plus difficiles qui soient. C'est peut-être pourquoi il est difficile de formuler des solutions.
    Ce que nous voyons en l'occurrence, ce sont deux belligérants qui utilisent les denrées alimentaires comme arme de guerre. La marge de manœuvre est très limitée. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien faire ou que nous ne pouvons pas soutenir l'action des Nations unies. Le Canada et des États d'optique commune à l'ONU demandent instamment aux deux belligérants de respecter les droits de la personne et le droit international humanitaire. Comme nous l'avons vu, il y a eu des négociations, y compris des pressions sur les deux parties pour qu'elles garantissent un accès humanitaire et qu'entre autres, elles ouvrent la frontière avec le Tchad, qui sert de base pour les interventions humanitaires.
    Comme nous l'avons mentionné, le financement joue un rôle majeur. Il est certain que le Canada, avec l'annonce d'un financement de 100 millions de dollars cette année pour l'aide humanitaire, fournit une partie de cette réponse.
    Ensuite, bien entendu, nous veillons de notre côté à ce que la réponse soit aussi inclusive que possible pour ce qui est d'atteindre les plus pauvres et les plus vulnérables, et nous dénonçons les actes des belligérants, leur utilisation des denrées alimentaires comme arme de guerre et le fait qu'ils restreignent l'accès à l'aide humanitaire pour servir leurs propres intérêts, notamment militaires.
(1700)
    Votre temps de parole est écoulé, madame Chatel.
    Voilà qui conclut les questions des membres du Comité. J'aimerais poser deux questions complémentaires.
    Premièrement, je vous remercie, madame Delany, de vous être engagée à répondre par écrit à quelques-unes des questions qui ont été posées.
    Il est très décevant d'entendre qu'aucun Soudanais n'est venu ici malgré l'existence d'un programme de regroupement familial. En février 2024, le Globe and Mail titrait « Le Canada se prépare à accueillir des milliers de Soudanais », mais il semble qu'aucun n'est venu dans le cadre du programme de regroupement familial. Je comprends très bien que ce n'est pas de votre ressort, mais si nous pouvions avoir un complément d'information sur les difficultés rencontrées par le ministère de l'Immigration, si vous aviez la gentillesse d'assurer la liaison avec lui, nous en serions très heureux.
    Ma deuxième question s'adresse à tous les témoins. Nous avons entendu parler de plusieurs problèmes. Je crois savoir que le choléra est également un problème majeur au Soudan, mais il n'a été mentionné dans aucune des réponses. Le Canada peut-il faire quelque chose sur ce front en particulier? Quelqu'un pourrait-il me dire s'il y a une initiative en cours qui permettrait au Canada de lutter contre le choléra au Soudan?
    Absolument. Monsieur le président, en ce qui concerne le programme de visas humanitaires, je n'en ai pas parlé du tout. Je n'ai pas de données à son sujet et je ne peux donc pas faire de commentaires. Nous nous en occuperons et veillerons à ce qu'IRCC ait l'occasion de parler de cette question.
    Vous avez raison, nous n'avons pas parlé du choléra. Nous n'avons pas non plus parlé du paludisme. C'est la saison des pluies au Soudan. Il en résulte une augmentation des cas de choléra et de paludisme. Nous savons aussi, bien sûr, que ce sont les plus vulnérables, en particulier les enfants, qui sont le plus touchés par ces maladies. En outre, les établissements de santé et les hôpitaux ne sont pas épargnés dans ce conflit, ce qui n'arrange rien. Je pense que les chiffres sont assez stupéfiants en ce qui concerne les destructions constatées.
    C'est un des commentaires que je n'ai peut-être pas formulés de manière aussi explicite que j'aurais pu. Ce qui distingue également ce conflit de ce que nous avons vu ailleurs ou au Soudan auparavant, c'est la nette intention des belligérants de détruire les infrastructures, et nous le constatons aussi dans le secteur de la santé.
    Je vais vérifier si Mme Desloges souhaite ajouter quelque chose à propos de l'aspect humanitaire.
    Nous pouvons certainement ajouter une perspective humanitaire, car les défis sont très nombreux. Le choléra n'a pas été évoqué, mais nous y pensons aussi. C'est une préoccupation majeure en ce qui concerne les personnes déplacées et les zones surpeuplées que nous voyons. Les besoins les plus importants auxquels il faut répondre pour lutter contre le choléra concernent l'eau, l'assainissement et les programmes d'hygiène, ainsi que les services de santé. Comme l'a dit Mme Delaney, l'infrastructure de santé soudanaise est gravement endommagée.
    Par notre financement continu, nous soutenons le secteur de la santé par l'intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge. Nous soutenons également des programmes d'eau et d'assainissement, et un des fonds que nous soutenons au Soudan, le Fonds humanitaire soudanais, est géré par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Il aide de prépositionner des fonds pour ce type de flambées et de besoins émergents, de sorte qu'en cas de flambée de choléra, il peut travailler avec des organisations locales et avec des organisations internationales afin de débloquer rapidement des fonds pour l'enrayer. Nous disposons de fonds à cet effet.
    Ambassadrice O'Neill, vous avez la parole.
    Très brièvement, il y a beaucoup de choses dont nous n'avons pas eu le temps de parler. L'une d'elles, qui est très importante et propre à ce conflit, est le rôle clé que joue la désinformation en ligne. C'est un des conflits qui présentent, à ma connaissance, à la fois le plus de tentatives de transparence de la part de médiateurs de tous types et la plus grande quantité de désinformation, y compris de discours de haine, de la part de toute une série d'acteurs. Je ne serais pas surprise que nombre des pays que nous avons mentionnés aient des liens aujourd'hui. Il y a une quantité phénoménale de discours haineux et de désinformation en ligne qui visent à perturber les pourparlers. Il est donc très important de diffuser des informations proactives et claires.
    Il s'agit, à ma connaissance, du premier cycle de négociations entrepris avec en arrière-fond l'intelligence artificielle générative, par exemple, et nous voyons déjà de fausses vidéos, des récits d'attaques, de massacres, etc. inventés. Je pense qu'en tant que parlementaires et qu'observateurs, nous devons être extrêmement conscients de la quantité de désinformation qui circule au sujet de ce conflit et de la complexité de sa gestion, principalement pour le peuple soudanais.
(1705)
    Je vous remercie de cette explication.
    Nous vous savons gré de ces renseignements. Madame Delaney, madame Desloges et madame l'ambassadrice, je dois dire que vous vous sommes tous très reconnaissants parce que, comme vous le savez, la dernière motion de consentement unanime que nous avons adoptée le jour où nous avons ajourné nos travaux pour l'été portait sur la situation au Soudan. Je peux vous assurer que cette situation préoccupe vivement tous les membres du Comité. Je vous remercie de tous vos efforts et de votre présence parmi nous aujourd'hui.
    Avant de passer à huis clos pour les formalités administratives, je vais suspendre la séance trois minutes afin de nous donner le temps d'envoyer un lien.
    Je vous remercie.
     [La séance se poursuit à huis clos.]
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