:
Chers collègues, bienvenue à la 14
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
[Traduction]
Conformément à la motion adoptée le 31 janvier, le Comité se réunit pour étudier l'équité vaccinale et les droits de propriété intellectuelle.
[Français]
Comme d'habitude, des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Pour entendre l'interprétation, il vous suffit de cliquer sur l'icône de globe au bas de votre écran.
Je demanderais aux députés qui participent en personne de bien vouloir garder à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant le port du masque ainsi que les protocoles en matière de santé.
[Traduction]
J'aimerais profiter de l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran et de prendre des photos de l'écran.
[Français]
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en mode sourdine.
Je rappelle aux députés et aux témoins que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
[Traduction]
Chers collègues, j'aimerais maintenant accueillir notre premier groupe de témoins devant le Comité et les remercier d'avoir accepté de passer un peu de temps avec nous ce matin.
Comme d'habitude, lorsqu'il vous restera 30 secondes dans votre temps de parole, je vous ferai signe à l'aide de cette carte jaune, alors gardez un oeil sur vos écrans.
[Français]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au premier groupe de témoins, ce matin.
Tout d'abord, nous accueillons Mme France‑Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone.
[Traduction]
D'Oxfam Canada, nous accueillons Diana Sarosi, directrice, Politiques et campagnes, et Brittany Lambert, spécialiste de la politique et de la défense en matière des droits de la femme.
Vous disposez chacune de cinq minutes pour votre déclaration préliminaire.
[Français]
Je propose que nous commencions par Mme Langlois.
Madame Langlois, je vous cède la parole pour cinq minutes pour vos remarques d'ouverture.
:
Mesdames et messieurs, bonjour. Je vous remercie de l'invitation.
Amnistie internationale, à titre d'organisation de défense des droits de la personne, est intervenue dès les premiers instants de la pandémie afin de réclamer une solidarité internationale sans faille de la part de tous les États, notamment du Canada. Comme de nombreux autres acteurs, cela fait plus de deux ans que nous réclamons l'équité vaccinale et la levée temporaire des brevets à l'Organisation mondiale du commerce, soit l'OMC. C'est la troisième fois que je comparais personnellement devant un comité parlementaire sur ce sujet. Pendant ce temps, la position du Canada n'a pas évolué, et la COVID‑19 est toujours présente et continue de faire des morts, même si nous en parlons de moins en moins. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres s'accentue, et les compagnies pharmaceutiques continuent d'engranger des profits faramineux.
Amnistie internationale veut rappeler que, en vertu du droit international relatif aux droits de la personne, les États ont l'obligation d'apporter le soutien financier et technique nécessaire pour mettre en œuvre le droit à la santé, en particulier lorsqu'il est question de la propagation internationale d'une maladie.
Nous appelons donc le Canada, une fois de plus, à soutenir fermement la proposition soumise par l'Afrique du Sud et l'Inde en octobre 2020 à l'OMC visant une dérogation temporaire aux protections sur la propriété intellectuelle pour les technologies de santé relatives à la COVID‑19.
Toutefois, nous sommes grandement préoccupés par un projet de texte, qui a fait l'objet d'une fuite dans les médias à la fin mars, proposant un compromis entre l'Union européenne, les États‑Unis, l'Inde et l'Afrique du Sud relativement à cette dérogation. Tel que libellé, ce texte ne permettra jamais d'assurer l'approvisionnement et le transfert de technologies qui sont nécessaires à un accès égal aux outils de santé pour combattre la COVID‑19 et à la protection des droits à la vie et à la santé. Nous demandons instamment au Canada de ne pas entériner ce texte.
Au départ, l'Inde et l'Afrique du Sud ont réclamé une dérogation à l'Accord de l'OMC sur les ADPIC, soit les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, dans le but de démocratiser la production de produits contre la COVID‑19 jusqu'à ce que l'immunité collective mondiale soit atteinte.
L'Assemblée mondiale de la santé a reconnu le « rôle d'une immunisation à grande échelle contre la COVID‑19, en tant que bien public mondial en rapport avec la santé, pour prévenir, endiguer et éliminer la transmission afin de mettre un terme à la pandémie ».
Or, les entreprises du secteur pharmaceutique du monde entier poursuivent leurs activités comme si de rien n'était, ce qui limite les capacités de production et d'approvisionnement.
Nous aurons à vivre avec la COVID‑19 pour les années à venir. Tout le monde doit avoir accès à des vaccins, mais aussi à des traitements. On doit démocratiser la production, surtout maintenant que de nouveaux traitements deviennent disponibles.
En soutenant la levée de la protection de la propriété intellectuelle pour les vaccins et autres produits contre la COVID‑19, le Canada fera passer la vie des gens du monde entier, dont les Canadiens, avant les profits de quelques géants pharmaceutiques et de leurs actionnaires.
La seule façon de mettre fin à la pandémie est de l'endiguer à l'échelle mondiale, et la seule façon d'y parvenir est de faire passer les gens avant les profits.
Les normes internationales en matière de droits de la personne auxquelles adhère le Canada, de même que les règlements internationaux relatifs au commerce, décrètent clairement que la protection de la propriété intellectuelle ne doit jamais se faire aux dépens de la santé publique.
La crise de la COVID‑19 est aussi une crise de droits de la personne, et elle ne pourra être surmontée sans un véritable engagement à respecter l'un des Objectifs de développement durable, à savoir celui de ne pas faire de laissés-pour-compte. À partir du principe selon lequel « personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas », le Canada a aujourd'hui l'occasion de prendre une décision qui pourra aider à l'atteinte de ce but.
Amnistie internationale réitère sa demande expresse au gouvernement canadien afin qu'il soutienne une dérogation qui ne se limite pas aux seuls vaccins, mais qui inclut toutes les technologies médicales nécessaires, qui ne se limite pas non plus à certains pays, mais qui permet à tous ceux qui en ont les moyens de pouvoir contribuer à la production, et qui ne remet pas à plus tard, dans six mois ou au-delà, d'autres discussions sur d'autres dérogations.
Nous demandons au Canada de faire preuve d'un leadership exemplaire en matière de solidarité internationale.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi d'être ici devant le Comité.
Oxfam soutient des programmes de développement à long terme, de défense et d'intervention d'urgence dans plus de 90 pays du monde. Les pays à faible revenu et à revenu moyen inférieur dans lesquels nous travaillons ont énormément souffert de la pandémie. La COVID‑19 a démoli les économies les plus faibles du monde, détruisant les moyens de subsistance et faisant exploser la faim dans le monde. En 2021, 163 millions de personnes ont sombré dans la pauvreté à cause de la pandémie.
Ces mêmes pays ont eu du mal à accéder aux vaccins. En 2021, plus de 80 % de tous les vaccins sont allés aux pays du G20, tandis que moins de 1 % a atteint les pays à faible revenu. L'inégalité en matière de vaccins a prolongé la pandémie, et les pays les plus pauvres en ont payé le prix sur le plan économique et en pertes de vie. Pour chaque vie perdue à cause de la COVID‑19 dans un pays riche, quatre l'ont été dans des pays à faible revenu et à revenu moyen. Dans le monde, 4,7 millions d'enfants ont perdu un parent ou un proche aidant à cause du virus. Cela représente un nombre stupéfiant de quatre enfants chaque minute.
COVAX était censé fournir deux milliards de doses aux pays à faible revenu et à revenu moyen d'ici la fin de 2021, mais n'en a fourni que moins de la moitié en raison de la lenteur des dons des pays riches, dont le Canada, et des retards de livraison par les fabricants de vaccins. Les habitants des pays à faible revenu ou à revenu moyen ne devraient pas avoir à compter sur la bonne volonté charitable des pays riches et des sociétés pharmaceutiques pour exercer leur droit à la protection contre la COVID‑19. C'est pourquoi Oxfam a soutenu les appels à une dérogation à l'Accord sur les ADPIC.
La proposition de dérogation à l'Accord sur les ADPIC présentée par l'Inde et l'Afrique du Sud en octobre 2020 et soutenue par plus de 100 nations était un message puissant des pays en développement indiquant qu'ils avaient besoin de secours dans cette pandémie. En donnant à un plus grand nombre d'entreprises la capacité légale de reproduire les vaccins et les médicaments de la COVID, une dérogation pourrait contribuer à augmenter l'approvisionnement et ouvrir la voie à une distribution plus équitable des technologies permettant de sauver des vies.
Pendant 18 mois, l'Union européenne et d'autres pays riches ont choisi de bloquer la dérogation à l'Accord sur les ADPIC et la voie vers une sortie rapide de cette pandémie, défendant ainsi les intérêts des monopoles pharmaceutiques. Les grandes entreprises pharmaceutiques ont été les plus grands gagnants de cette pandémie. Il est tragique que notre économie mondiale se soit révélée plus apte à créer de nouveaux milliardaires du vaccin qu'à vacciner les milliards de personnes qui ont besoin d'être protégées contre cette cruelle maladie.
Il y a quelques semaines, un document a été publié, proposant un accord de compromis sur la dérogation à l'Accord sur les ADPIC. Il a été négocié par les États-Unis, l'Union européenne, l'Afrique du Sud et l'Inde. À l'exception de l'Union européenne, ces pays n'ont pas officiellement approuvé la proposition de compromis. Il est positif que l'Union européenne soit enfin venue à la table et reconnaisse que les règles de propriété intellectuelle et les monopoles pharmaceutiques constituent un obstacle à la vaccination du monde; toutefois, à notre avis, le document ne constitue qu'un très petit pas en avant. Le texte actuel a une portée étroite et présente des limites considérables. Il ne couvre pas les tests ou les traitements de la COVID. Il ne couvre que les brevets et non les autres obstacles à la propriété intellectuelle. Il réduit le champ d'application géographique, excluant les pays disposant d'une capacité de fabrication importante, et il crée de nouvelles barrières onéreuses pour les pays cherchant à délivrer une licence obligatoire, au lieu d'assouplir les règles actuelles.
L'adoption de ce texte sans en corriger les défauts créerait un précédent négatif et entraverait la capacité du monde à répondre collectivement aux pandémies futures. Nous espérons que le Canada travaillera en collaboration à l'Organisation mondiale du commerce pour remédier de toute urgence aux limitations du texte proposé. Nous aimerions également que le Canada accélère la livraison des doses excédentaires et augmente le financement de l'aide internationale pour soutenir les pays en développement face aux retombées économiques dévastatrices de la pandémie.
L'impact économique, social, éducatif et sanitaire de la COVID‑19 sur les femmes et les filles a été particulièrement effarant. En 24 mois, la pandémie a fait reculer d'une génération entière l'objectif de parité entre les sexes.
La COVID‑19 est un défi transnational, mais notre réponse collective a jusqu'à présent été imprévoyante, inéquitable et nationaliste. Il est temps de changer de cap. Le monde a attendu assez longtemps.
Je vous remercie à nouveau de m'avoir donné l'occasion de parler ici aujourd'hui au nom d'Oxfam.
Grâce à l'accélérateur ACT, il y a plusieurs volets. Je suis heureuse de voir que le Canada ne se concentre pas sur les vaccins exclusivement, mais aussi sur les autres volets, le diagnostic, les traitements, et autres.
Cela étant dit, cette proposition de compromis sur la dérogation aux ADPIC est assez inquiétante en ce qui concerne le dépistage et les traitements. L'une de ses failles les plus flagrantes est qu'elle ne porte que sur les vaccins. Cela aurait pu être utile il y a 18 mois, mais le contexte a maintenant changé, et nous ne sommes plus en pénurie de vaccins. Nous sommes maintenant à un stade de la pandémie où des moyens de dépistage et des traitements normalisés, rapides et abordables sont tout aussi importants, et nous craignons que cette proposition de compromis sur les ADPIC, parce qu'elle exclut le dépistage et les traitements, ne fasse que reproduire la même inégalité extrême constatée avec les vaccins, mais pour l'accès à d'autres traitements vitaux.
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Non, et je pense que le problème de la dérogation aux ADPIC est que le Canada n'a pas nécessairement de pion dans ce jeu, parce que le Canada n'est pas un pays pharmaceutique. Il ne livre pas d'énormes produits pharmaceutiques. Nous devons obtenir les nôtres d'autres personnes. L'Europe est un grand producteur de vaccins et les États-Unis en produisent certains, mais ma question se résume toujours à ceci: comment faire pour qu'ils soient adoptés? C'est une chose d'amener un cheval à l'eau, mais il faut le faire boire.
Pour moi, la question se résume à savoir comment faire en sorte que les pays à revenu faible ou intermédiaire qui hésitent à se faire vacciner le fassent. Je sais que les motifs religieux ont une influence énorme dans la décision des gens de se faire vacciner ou d'accepter les vaccins. Dans d'autres pays, les aspects culturels jouent un rôle important. Je veux revenir sur ce point, car pour moi, c'est une grosse pierre d'achoppement. Hormis la dérogation aux ADPIC et le rôle joué par le Canada dans ce domaine, je crois bien être d'accord avec vous sur ce point. Le problème, à mon avis, est que l'on peut faire tout ce que l'on veut, mais si les gens ne se font pas vacciner, comment pouvons-nous trouver un moyen de contourner ce problème?
L'éducation est une chose à long terme, comme vous le savez. On ne peut pas dire aux gens: « Oh non, non, non. Faites-nous confiance, parce que nous pensons que c'est important pour vous. » Quelle sorte de moyen pouvons-nous utiliser pour contourner ce problème? Je sais que certaines personnes ont parlé de payer les gens pour qu'ils se fassent vacciner. J'en ai entendu parler dans de nombreux pays. Pensez-vous que ce soit un moyen valable d'inciter les gens à se faire vacciner lorsque, pour divers motifs culturels et autres, ils ne veulent pas le faire?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs témoignages.
Mes questions s'adresseront principalement à Mme Langlois.
Madame Langlois, j'aimerais parler de la lettre que vous avez envoyée à plusieurs parlementaires, le 23 mars, dans laquelle vous faites part de certaines de vos préoccupations quant aux modalités entourant une modification à l'Accord sur les ADPIC.
Le deuxième point que vous mentionnez est que, selon le projet en cours, seuls seraient admissibles les pays qui produisent moins de 10 % des vaccins mondiaux. Ne serait-il pas plus approprié, par exemple, de permettre également la participation de pays qui produisent plus de 10 % des vaccins mondiaux, à la condition qu'ils produisent des vaccins pour des pays à plus faibles revenus?
Pouvez-vous faire un commentaire général à ce sujet, s'il vous plaît?
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Précisons d'abord que mon champ de spécialité, tout comme celui d'Amnistie internationale, se limite aux droits de la personne. Nos préoccupations concernent le fait que les modifications ou les restrictions demandées ne sont conformes ni à l'esprit des droits de la personne ni aux traités et aux conventions que le Canada a signés.
En ce qui a trait à la levée des brevets et à la propriété intellectuelle, il faut garder en tête qu'il doit y avoir le moins possible de restrictions. Il faut en effet que le processus soit démocratisé autant que possible, de sorte que le plus grand nombre de personnes, partout dans le monde, ait accès aux traitements, et pas seulement aux vaccins.
Pour toutes sortes de motifs, il y a des réticences, comme le soulignait avec raison Mme Fry, et celles-ci deviendront de plus en plus nombreuses, à l'égard non seulement des vaccins, mais également des traitements. Plus on tarde, plus il y aura de réticences. En effet, quand on s'approprie des technologies ou des vaccins, qu'on en restreint l'accès et qu'on tarde à les partager avec l'ensemble de l'humanité, cela envoie un bien mauvais message. Par exemple, en envoyant aux pays plus pauvres les surplus de vaccins d'AstraZeneca dont nous ne voulons pas, nous envoyons un très mauvais signal: cela laisse entendre que ces vaccins ne sont pas bons pour nous, mais qu'ils sont bons pour eux.
Il faut tenir compte de tout cela. Il ne faut pas restreindre la production de vaccins à certains pays, peu importe la manière dont les restrictions s'établissent. En fait, il faut ouvrir la possibilité à d'autres. Il faut appuyer tous les pays qui veulent et qui peuvent produire des vaccins.
Le rôle du Canada va au-delà de l'achat de vaccins et de leur envoi aux populations les plus pauvres. Toute une logistique doit être mise sur pied dans ces pays pour qu'ils puissent administrer les traitements, y compris les vaccins. La situation est compliquée, dans le cas des vaccins. En effet, les vaccins actuels demandent une grande précision, notamment en ce qui a trait à la chaîne de froid. Dans plusieurs régions du monde, c'est difficile à appliquer si l'on ne dispose pas de la technologie et de la logistique appropriées. Il faut non seulement fournir la technologie et les remèdes, entre autres choses, mais également sensibiliser les populations à l'importance de ces médicaments et de ces traitements.
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Merci beaucoup. Vous avez répondu à des questions que j'allais vous poser. C'est pourquoi je vous ai laissée répondre plus longuement.
Je voulais justement aborder la question de la réticence, pour faire suite à des questions posées par Mme Fry, notamment.
Les modulations de l'Accord sur les ADPIC qui sont proposées portent uniquement sur l'aspect préventif, soit les vaccins, et ne permettent pas de latitude sur le plan curatif. Cela ne contribue-t-il pas à la réticence au sein de la population? Comme on le sait, les gens peuvent être réticents aux vaccins, mais, lorsqu'ils sont malades, ils sont beaucoup moins réticents aux traitements.
Le fait de ne pas inclure les traitements curatifs contribue-t-il à cette tendance à la réticence?
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui. C'est tellement important. Le travail que vous avez fait à ce sujet est primordial.
Au cours du week-end et de la semaine dernière, nous avons entendu parler de la nouvelle variante d'Omicron, la XE, ce qui est, bien sûr, extrêmement inquiétant. Cela signifie que ce que nous faisons ici aujourd'hui est d'autant plus important.
Je dois commencer par dire que je suis extrêmement frustrée par le fait que nous en soyons là, à débattre et discuter encore de certaines des questions dont nous parlons aujourd'hui. La première fois que j'ai soulevé cette question au comité des affaires étrangères, c'était le 17 novembre 2020, lorsque j'ai demandé que nous ayons un moyen équitable de nous assurer que les pays du monde entier aient accès aux vaccins, et que ceux‑ci ne soient pas tous achetés et monopolisés par les pays riches au détriment de la santé mondiale. De toute évidence, si l'on considère la façon dont les vaccins ont été distribués au cours de la pandémie de COVID, cela n'a pas été le cas.
Je suppose que c'est par là que je vais commencer aujourd'hui. Certains de mes collègues ont déjà évoqué l'idée que les sociétés pharmaceutiques ont reçu le pouvoir de déterminer qui reçoit un vaccin et qui ne le reçoit pas. Bien entendu, si l'on confie à une société, dont la raison d'être est le profit, la responsabilité de distribuer des vaccins qui sauvent des vies, on n'obtiendra pas une distribution équitable. Nous savons que les profits réalisés par Pfizer, BioNTech et Moderna s'élèvent à environ 34 milliards de dollars en 2021, alors qu'ils ont reçu 8 milliards de dollars de fonds publics.
Je vais peut-être demander à nos collègues d'Oxfam de commenter en premier. Pourriez-vous nous donner un peu plus de renseignements sur ce que cela signifie lorsque nous donnons aux entreprises le pouvoir de déterminer qui peut être vacciné et qui peut avoir accès aux vaccins, plutôt que de traiter cela comme une question de santé publique qui est déterminée de manière plus équitable?
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Madame McPherson, merci beaucoup.
Chers collègues, je vais me corriger. Nous avons le temps de procéder à un bref deuxième tour de table, même s'il est comprimé. Je propose que nous fassions des rotations de trois minutes et d'une minute et demie. Ainsi, nous pourrons nous faufiler juste après midi, je crois.
Si mes collègues sont d'accord, M. Morantz va prendre la parole pour trois minutes.
Allez‑y, je vous en prie.
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Merci, monsieur le président.
Étant donné le temps limité, je veux me concentrer sur l'entreprise de vaccins Medicago et son vaccin Covifenz. Je vais m'adresser à Oxfam, parce que leur représentante a mentionné un souci quant à la capacité du Canada de respecter ses obligations envers COVAX. C'était Mme Sarosi, je crois.
Comme vous le savez peut-être, le gouvernement du Canada a accordé au titre du FIS une subvention de 173 millions de dollars à Medicago pour la production d'un vaccin fabriqué au Canada, qui était destiné à un certain nombre d'objectifs. L'un d'entre eux était de permettre au Canada de s'acquitter de ses obligations relatives au COVAX. Cela a été confirmé par le dans des articles de presse. Les fonctionnaires l'ont nié lorsque j'ai posé la question lors de la dernière réunion sur l'équité vaccinale.
Avez-vous des inquiétudes à ce sujet? L'OMS a déclaré expressément que Covifenz ne serait pas approuvé pour une utilisation d'urgence. En fait, elle est allée jusqu'à dire qu'il existe un conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de l'industrie du tabac et ceux de la politique de santé publique. Pourquoi a‑t‑elle dit cela? Parce que Philip Morris International, qui est une société de tabac, détient environ un tiers des actions de Medicago.
Pourriez-vous commenter cette situation?
Je tiens à remercier les témoins de nous avoir éclairés sur ce sujet. Il s'agit d'un problème permanent, et c'est encore une question assez pressante, même si nous constatons que les taux au Canada ont baissé et que l'adoption des vaccins est très élevée.
J'aimerais savoir si l'une des témoins peut nous expliquer dans quelle mesure une dérogation aux ADPIC serait pratique, compte tenu du temps qu'il faudrait pour construire une installation spécialement pour les vaccins à ARNm, qui se procurerait les ingrédients et fabriquerait et livrerait les vaccins?
Nous l'avons vu ici; même si des annonces de soutien financier ont été faites dès le début de la COVID‑19, les installations commencent tout juste à voir le jour. Cela prend presque deux ans.
Même si nous devions obtenir une dérogation aux ADPIC — si le monde était en mesure de le faire — dans quelle mesure cela serait‑il pratique? Est‑ce que les installations seraient opérationnelles et recevraient des ingrédients? Si le délai est le même au Canada et dans le monde occidental, cela prendrait essentiellement presque deux ans. Je ne sais pas si cela a été pris en compte.
Quelqu'un peut‑il nous en dire plus?
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Je peux vous en dire plus à ce sujet, qui comprend également la situation à Hong Kong.
La Chine a poursuivi une politique de zéro cas de COVID. Dès le départ, la politique chinoise était de ne pas laisser entrer le virus; elle allait se concentrer sur le dépistage. Dès qu'il y avait un cas, ils l'isolaient et, en gros, l'excluaient de la société. Il a fallu la variante Omicron pour qu'ils admettent que cette politique n'est pas viable.
Pour ce qui est de l'hésitation, je renvoie à une étude récente du Partnership for Evidence-Based Response to COVID‑19. Elle montre qu'une majorité écrasante de personnes en Afrique, 78 % des personnes interrogées dans 19 pays, sont disposées à recevoir le vaccin.
L'hésitation n'est pas beaucoup plus élevée dans les pays en développement que dans les pays développés. Partout, les gens veulent se faire vacciner, mais avec l'approche de charité selon laquelle les pays ne savent jamais quand ils vont recevoir les vaccins et quand ceux‑ci vont expirer, il est très difficile vacciner les gens.
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Merci, monsieur le président.
J'ai entendu dire aujourd'hui que les facteurs politiques sont très prévalents dans toute cette question. L'un d'eux est l'utilisation du produit de Medicago, dont des millions de doses ont été commandées pour être données au COVAX. Elles ont été refusées en raison de la participation d'une tierce partie ou d'une société d'investissement dans la fabrication ou dans le secteur privé au Canada.
Cela ne fait‑il pas également partie de la politique? Le voyez-vous de cette façon?
Pourquoi refuser d'administrer ou d'accepter ces vaccins qui sont disponibles dans le monde entier, là où ils sont le plus nécessaires, pour de telles raisons?
Cette question peut s'adresser à n'importe quel témoin, comme Oxfam.
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Peut-être bien, mais je ne connais pas les détails de la situation.
Évidemment, nous surveillons les types de vaccins dont le Canada fait don. Je sais que pour l'instant, il s'agit plus de celui d'AstraZeneca. Cela pose quelques problèmes. Beaucoup de pays ont du mal à les placer parce que, souvent, les pays n'en veulent pas maintenant que des données montrent que les vaccins à ARN messager sont plus efficaces contre le variant Omicron en particulier.
Nous surveillons aussi... Je sais que le Canada a fait don d'un certain nombre de doses de Moderna. Quant aux vaccins de Pfizer et de Novovax, on ne sait pas encore vraiment si le Canada fera don de doses. Je pense que bien des pays aimeraient le savoir.
Malheureusement, je ne connais pas les détails en ce qui concerne Medicago.
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Je souhaite la bienvenue aux témoins de notre deuxième groupe.
J'ai, très rapidement, un point d'ordre administratif à régler avant de vous présenter.
Nous avons, dans certains cas, des attributions de temps très serrées. Je vous montrerai ce papier quand il vous restera 30 secondes pour poser des questions ou obtenir des réponses. C'est un signal, en quelque sorte. Si vous pouvez respecter les temps impartis, cela nous aiderait beaucoup.
Chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir, dans notre deuxième groupe, M. Shehzad Ali, professeur agrégé et titulaire de la chaire de recherche du Canada en économie de la santé publique, Western University; et Mme Robyn Waite, directrice, Politique et défense des intérêts à Résultats Canada.
Je vous donnerai à chacun cinq minutes pour présenter vos observations préliminaires, et nous commencerons par le professeur Ali.
Je vous en prie, monsieur. Vous avez la parole.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Après deux ans de pandémie, 64,5 % de la population mondiale a reçu au moins une dose du vaccin, mais le pourcentage dans les pays en développement n'est que de 14,5 %. Cette inégalité massive face au vaccin est, à vrai dire, une honte. Les entreprises ont donné la priorité aux ventes aux gouvernements qui pouvaient payer le prix fort, repoussant les pays à faible revenu en queue de peloton. Résultat, 70 % des doses produites par Moderna, Pfizer et BioNTech vont aux pays riches, ce qui cause d'énormes inégalités en matière de vaccination. Je pense que nous pouvons encore corriger le cap, et je parlerai de deux domaines où le Canada peut jouer un rôle important.
Le premier est la question des licences et des dérogations en matière de propriété intellectuelle. Comme nous le savons, la propriété intellectuelle est protégée dans le cadre de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, autrement dit l'Accord sur les ADPIC, de l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC.
Plusieurs arguments peuvent être avancés en faveur de dérogations en matière de propriété intellectuelle pendant la pandémie. Premièrement, une grande partie de la technologie utilisée pour mettre au point le vaccin est financée par des fonds publics. Par exemple, Moderna a reçu 2,5 milliards de dollars et Pfizer, près de 2 milliards de dollars rien que du gouvernement américain. Deuxièmement, la capacité actuelle des sociétés titulaires de brevet et des entreprises qui produisent les ingrédients ne suffit pas pour vacciner la population mondiale à court terme. Nous devons regrouper les ressources mondiales, mais la propriété intellectuelle fait directement barrage à cet objectif.
Le Canada a fait référence à maintes reprises à l'article 31bis de l'Accord sur les ADPIC et à sa mise en œuvre par le Régime canadien d'accès aux médicaments, le RCAM, comme exemple de souplesse existant dans cet accord. Cependant, le Canada n'a utilisé cette disposition qu'en 2008, pour deux envois au Rwanda d'un médicament contre le VIH après quatre années de bataille avec le processus du RCAM. Après cela, Apotex, le fabricant, a décidé de ne plus passer par ce processus.
Le RCAM tel qu'il existe aujourd'hui ne remplit pas son rôle. L'initiative quadrilatérale pour obtenir une dérogation à l'Accord sur les ADPIC, dont l'Inde et l'Afrique du Sud sont les fers de lance, est une approche plus globale et mondiale en la matière. Certains membres de l'OMC, dont le Canada, s'y montrent réticents en faisant valoir que la souplesse existante suffit, mais elle fonctionne pays par pays et produit par produit. Elle ne suffit pas du tout, étant donné l'ampleur de la pandémie.
Après 18 mois de négociation, le texte de la dérogation à l'Accord sur les ADPIC est en préparation, mais aux premières nouvelles, il présente plusieurs limites. Même l'avant-projet actuel de dérogation pourrait être menacé si des pays s'y opposent. Dans le passé, le Canada n'a pas franchement soutenu cette initiative, mais le moment est venu de jouer un rôle en insistant pour l'adoption d'une dérogation globale à l'Accord sur les ADPIC.
La deuxième initiative que le Canada peut soutenir est celle du centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm de l'Organisation mondiale de la santé, établi l'an dernier en Afrique du Sud. L'objet de ce centre est de faciliter la fabrication de vaccins dans les pays en développement en transférant la technologie et le savoir-faire technique à des producteurs locaux. Le centre a produit le premier lot de vaccins contre la COVID en se fondant sur l'information publiée, mais sans l'aide des titulaires de brevet. Cependant, de nombreuses étapes restent à franchir avant que le vaccin puisse être distribué, et il n'aidera pas à enrayer la pandémie cette année.
Pour que ce centre soit efficace, il est essentiel soit que la technologie utilisée ici soit libre de toute contrainte de propriété intellectuelle dans les pays à faible revenu, soit que ces droits soient mis à la disposition du centre par le biais de licences non exclusives. Le centre nécessitera des ressources et une expertise technique importantes.
Je pense que le Canada a l'occasion de soutenir une initiative historique destinée à réduire la dépendance et les inégalités en matière de vaccins.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je salue tout le monde. Je m'appelle Robyn Waite et je suis directrice, Politique et défense des intérêts, à Résultats Canada.
Résultats Canada est une organisation à but non lucratif fondée sur l'action citoyenne qui milite pour un monde débarrassé de l'extrême pauvreté. Notre réseau de plus de 500 bénévoles fait depuis le début de la pandémie la promotion de l'égalité en matière de vaccins.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous faire part de quelques-unes de nos réflexions sur ces questions, éclairées par nos propres points de vue et par ceux des nombreux experts, alliés dans la promotion de cette cause et partenaires de la société civile avec qui nous travaillons ici, au Canada, et dans le monde entier.
Malgré l'assouplissement des mesures sanitaires ici, à Ottawa, la pandémie est loin d'être terminée. Dans le monde entier, nous voyons augmenter le nombre de cas, et la menace de nouveaux variants dangereux persiste. L'échec à coordonner une réponse mondiale face à la pandémie et l'inégalité d'accès aux outils contre la COVID‑19 qui en résulte ont des conséquences coûteuses.
De fait, 85 % des décès liés à la COVID‑19 sont enregistrés dans des pays qui ont peu accès aux tests de dépistage, aux traitements et aux vaccins. La perturbation connexe des systèmes de santé et le redéploiement des ressources et de l'attention au profit de la COVID‑19 ont effacé des décennies de progrès dans la santé mondiale.
En 2020, 23 millions d'enfants n'ont pas reçu les vaccins infantiles de base, soit le plus grand nombre depuis 2009. En 2021, l'Organisation mondiale de la santé a signalé la première augmentation annuelle du nombre de cas de tuberculose depuis 2005. De plus, dans le monde entier, les enfants d'âge scolaire ont manqué plus de 3 billions d'heures d'apprentissage en personne, avec à la clé des pertes d'apprentissage et de revenus. L'économie mondiale devrait perdre 5,3 billions de dollars américains d'ici 2027.
La guerre en Ukraine, les crises humanitaires grandissantes et les urgences alimentaires et énergétiques imminentes pèseront de plus en plus sur les économies, les populations et les systèmes dans le monde entier. La collision des crises de la COVID, du conflit et du climat qui toutes se jouent et prennent rapidement de l'ampleur en temps réel exige de la part de chefs de file mondiaux comme le Canada qu'ils redoublent d'efforts pour mettre fin à la pandémie. Cette étude porte sur l'équité vaccinale, mais nous devrions, en fait, parler de tous les outils nécessaires pour venir à bout de la COVID‑19, y compris le dépistage, les traitements et les vaccins, ainsi que de l'infrastructure des systèmes de santé et des personnes nécessaires pour les déployer.
En ce qui concerne l'équité vaccinale, le Canada fait un bon travail à certains égards — ainsi, il faisait partie des premiers pays à investir une juste part dans l'Accélérateur ACT —, mais il accuse un retard sur les autres pays du G7 et du G20 dans d'autres domaines, notamment en ce qui concerne la dérogation à l'Accord sur les ADPIC.
Le Canada devrait prendre ses responsabilités et se déclarer favorable à la levée temporaire des droits de propriété intellectuelle que l'Organisation mondiale du commerce protège et fait respecter en ce qui concerne tous les outils relatifs à la COVID‑19. Le Canada devrait aussi négocier activement avec les membres de l'OMC afin de parvenir à une bonne proposition de compromis. C'est indispensable pour une réponse équitable face à la COVID‑19; pour que le monde puisse réagir collectivement et rapidement face à de futures pandémies; pour protéger les fonds publics et les intérêts des personnes avant les bénéfices; et pour faire preuve de solidarité mondiale en matière sanitaire. Quand les pays à revenu élevé comme le Canada n'épaulent pas les pays moins avancés, les engagements envers la décolonisation deviennent pure rhétorique.
Le gouvernement reconnaît souvent que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales. Pourtant, l'enveloppe canadienne de l'aide internationale est nettement insuffisante. Depuis 1970, les Nations unies, sous l'égide du Canada, demandent aux économies avancées d'investir 0,7 % de leur produit national brut dans l'aide au développement. En 2019, le Canada n'y a consacré que 0,27 % de son PNB, pratiquement son plus faible pourcentage et bien moins que la moyenne des pays riches.
Avec l'arrivée de la pandémie, cette tendance à la baisse s'est heureusement inversée, et il faut que des augmentations soutenues deviennent la norme par la suite, en commençant par faire passer l'enveloppe canadienne de l'aide internationale à 9 milliards de dollars dans le budget de 2022. C'est essentiel pour continuer de réagir directement face à la pandémie, d'atténuer ses répercussions afin de favoriser un redressement mondial et de se préparer aux menaces futures.
La collectivité propose des mesures pour que le Canada puisse consacrer des ressources à des solutions efficaces. Résultats Canada veut que le Canada continue d'investir sa juste part dans l'Accélérateur ACT et ses partenaires de mise en œuvre, comme la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, et la Fondation pour des outils diagnostiques nouveaux et novateurs, autrement dit FIND.
Il est indéniable que le monde doit être réparé, et il incombe à chacun d'éduquer les populations et de les sensibiliser aux solutions mondiales aux problèmes mondiaux.
Dans tout le pays, les bénévoles de Résultats Canada font un travail extraordinaire à ce sujet. Ils veulent l'équité vaccinale. Ils tiennent à agir et ils veulent que les parlementaires et le gouvernement du Canada relèvent le défi de l'époque actuelle avec l'ambition et l'approche planétaire nécessaires. Autrement dit, il faut investir plus dans l'aide internationale; tirer le meilleur parti de chaque dollar investi; dépenser du capital politique pour bâtir une volonté politique; et adopter une démarche pangouvernementale qui mette l'accent sur la coopération internationale.
Je vous remercie, monsieur le président.
La COVID‑19 nous rappelle que les maladies ne connaissent pas de frontières et que personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas. Nous vivons à l'ère de la mondialisation. Nos économies sont mondialisées et notre production alimentaire aussi.
Nous savons que la guerre est catastrophique pour les Ukrainiens en ce moment même et qu'ils fuient leur pays. Leur fuite est préoccupante pour leur propre santé et aussi pour la sécurité et la stabilité sanitaires mondiales.
Nous savons qu'un autre conflit et des crises qui se bousculent mettront à mal des budgets restreints, ce qui est très préoccupant. Plus de ressources qui vont à la COVID et à l'Ukraine, ce sont moins de ressources pour autre chose, sauf si nous augmentons l'enveloppe de l'aide internationale dont je parlais tout à l'heure.
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Bien sûr. Je parlerai la première.
Résultats Canada participe plus ou moins à la promotion du don de doses et y ait généralement favorable. Si nous ne menons pas la charge sur ce front, c'est notamment parce que nous sommes très déçus de voir que nous sommes, pour commencer, dans une démarche caritative par rapport à la fourniture de vaccins dans le monde entier.
Je dirai que, oui, le vaccin d'AstraZeneca a été prêt rapidement. Cependant, nous constatons que nous ne l'utilisons pas au Canada, ce qui influe certainement sur la demande de ce vaccin dans d'autres pays. Nous voyons déjà que ce n'est pas forcément le préféré des pays bénéficiaires du programme COVAX.
Je suis heureuse de voir que les vaccins de Moderna et, je l'espère, de Pfizer vont bientôt être produits au Canada, mais cela influe certainement sur l'idée qu'on a des vaccins.
Je sais qu'on parle beaucoup de l'hésitation à se faire vacciner, mais je tiens aussi à dire qu'il ne faudrait pas se focaliser sur ce point. La directrice des CDC a déclaré, il n'y a pas trop longtemps, que c'est « l'apartheid vaccinal », pas l'hésitation à se faire vacciner, qui contribue à prolonger la pandémie de COVID‑19. Nous devons donc faire attention à nous focaliser sur les bons sujets.
J'aimerais beaucoup en parler, peut-être un peu plus tard, mais l'hésitation à se faire vacciner tient aussi, au fond, à un problème de confiance et d'érosion de la confiance. Nous assistons à une chute de confiance dans le monde entier, notamment de confiance dans les institutions gouvernementales et dans les dirigeants. Il est tout à fait essentiel de rebâtir cette confiance pour que des produits médicaux tels que les vaccins soient adoptés.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie Mme Waite et le professeur Ali.
[Traduction]
Monsieur Ali, je vais peut-être poursuivre en anglais, car j'aimerais revenir sur le tout dernier point que vous avez soulevé. Évidemment, nous travaillons en comité et nos propos sont consignés au compte rendu, monsieur, et de nombreux pays ont reconnu le leadership du Canada à l'égard de la création du groupe d'Ottawa. Avec d'autres collègues de ce comité, j'ai participé à la vaste étude du comité du commerce international sur les discussions relatives à la dérogation à l'Accord sur les ADPIC dans lequel de nombreux experts se sont prononcés sur le rôle du Canada.
Si vous n'avez pas de sources précises dont vous êtes prêt à nous faire part, je vous demanderais de reconsidérer vos commentaires sur le rôle du Canada à ce jour. J'aimerais aussi souligner que le Royaume-Uni, l'Union européenne et la Norvège se sont tous opposés à la dérogation à l'Accord sur les ADPIC à l'OMC, alors que le Canada a tenté de rassembler les pays afin de dégager un consensus. Je pense que vous conviendrez, monsieur, que nous avons besoin que l'Union européenne accepte une telle dérogation pour qu'elle prenne effet.
Monsieur Ali, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup l'ensemble des témoins.
On sait que, dès le début de la crise et au moment de concevoir des vaccins, l'intérêt des compagnies pharmaceutiques se situait vraiment sur le plan pécuniaire. Il y avait un lobby pharmaceutique. Il y avait un intérêt financier à distribuer les vaccins dans les pays les plus offrants, ce que l'initiative COVAX devait tempérer, d'une certaine façon, en permettant à des pays moins fortunés d'obtenir des vaccins.
Parallèlement à cela, on a vu une forme de diplomatie du vaccin. Par exemple, on a vu la Chine s'allier à la Serbie pour la distribution de vaccins Sinopharm. En échange, la Chine demandait que l'on fasse des courbettes devant elle. La Chine est beaucoup intervenue en Afrique également.
Selon vous, est-ce que l'initiative COVAX et ce genre de diplomatie vaccinale sont deux choses en confrontation ou est-ce que l'une aide l'autre? L'initiative COVAX devrait-elle aussi servir à tempérer cette forme de diplomatie vaccinale, qui sert ses propres intérêts? Au contraire, cela aide-t-il l'initiative COVAX que la Chine, par exemple, décide par elle-même de fournir des doses à des pays moins fortunés?
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Lorsque le COVAX a été créé, les ambitions et les intentions étaient très élevées. Si nous avions tous respecté les principes du COVAX dès le départ, notre situation serait très différente aujourd'hui.
Parce que des pays à revenu élevé comme le Canada ont adhéré au COVAX, mais l'ont miné en même temps en achetant des quantités massives de doses directement aux sociétés pharmaceutiques, nous nous sommes retrouvés avec une contrainte d'approvisionnement. Idéalement, nous aurions eu une réponse coordonnée à cette pandémie à l'échelle mondiale dès le départ. Malheureusement, nous n'en sommes pas là.
Le principe du « tout le monde sur le pont » est plutôt bienvenu en ce moment. Si nous devons envisager le don bilatéral de doses au COVAX ou toute autre mesure nécessaire pour réaliser l'objectif de vacciner 70 % de la population mondiale, nous devons le faire dès maintenant.
Nous devrions certainement tirer des leçons et essayer de comprendre comment coordonner globalement à l'avenir afin d'éviter une course folle à l'échelle mondiale comme celle‑ci.
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Merci beaucoup, monsieur le président et merci aux témoins de se joindre à nous pour cette importante étude.
En tant que députée de l'opposition, mon rôle est d'examiner la réponse du gouvernement et d'essayer de trouver des moyens de l'améliorer. Ce que je retiens des témoignages de ce groupe, et du groupe précédent, c'est que le gouvernement canadien a en fait miné le COVAX en concluant ou en négociant des accords bilatéraux avec des sociétés pharmaceutiques.
En outre, le gouvernement canadien n'a pas réussi à garantir la protection de la propriété intellectuelle par l'entremise de la dérogation à l'Accord sur les ADPIC afin que d'autres pays puissent produire leurs propres vaccins.
La pièce finale, c'est que nous constatons que le gouvernement canadien dispose d'un système, sous la forme du Régime canadien d'accès aux médicaments, qui ne fonctionne pas. Il n'a pas fonctionné dans le passé et il n'est certainement pas en mesure de fonctionner aujourd'hui. J'ai entendu des organisations dire que les sites Web sont en panne, que les téléphones ne fonctionnent pas... Rien dans tout ce processus ne fonctionne.
En tant que députée de l'opposition, je vois la possibilité d'obtenir une réponse différente si une future pandémie ou un variant de la COVID‑19 devait survenir.
J'aimerais demander à nos deux témoins dans quelle mesure ils pensent que la réponse mondiale, en particulier du point de vue du gouvernement, serait différente si nous devions nous retrouver dans cette situation dans un avenir proche ou lointain.
Je pourrais peut-être commencer par vous, monsieur Ali.
Nous avons observé un nationalisme en matière de vaccins dans le monde entier. Le Canada n'est pas le seul pays. Les États-Unis et la plupart des pays européens ont emprunté une voie très similaire, ce qui est compréhensible, à certains égards. Le public exerce une pression sur le gouvernement, mais par ailleurs, j'espère que c'est vraiment le moment de tirer des leçons de notre réaction. Nous comprenons tous que ce n'est pas la dernière pandémie. Il y en aura d'autres.
De plus, j'estime important de penser aux efforts mondiaux. À l'heure actuelle, notre réflexion a surtout été axée sur les dons et sur la recherche de différents mécanismes au sein de notre système pour permettre la fabrication de vaccins ici, puis leur envoi à l'étranger.
J'applaudis particulièrement le Centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm de l'OMS qui, à mon avis, est un excellent mécanisme pour produire et propager la capacité dans les pays en développement. C'est là que le Canada devrait prendre l'initiative et se ranger du côté de l'OMS, car, de toute évidence, ces choses vont continuer à se produire. Je pense qu'il s'agit d'un moment historique auquel nous devrions vraiment apporter notre contribution.
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Oui. J'espère que nous ferons les choses différemment parce que j'ai confiance dans le gouvernement du Canada, dans l'humanité et dans les institutions multilatérales, alors j'espère que nous tirerons des leçons de cette expérience et que nous nous adapterons, que nous apporterons les changements nécessaires. Je sais que cela se produira, car je le vois déjà en temps réel. Le COVAX apprend en temps réel et s'adapte en temps réel. Le gouvernement du Canada fait de même; l'Organisation mondiale de la santé fait de même.
Nous commençons à mener des études comme celle‑ci, pour réfléchir à ce qui a fonctionné ou non et à ce que nous devons faire pour nous assurer d'être prêts à faire face aux menaces futures, qui sont inévitables.
Je suis d'accord avec tous les propos d'opposition par lesquels vous avez préfacé cette question, mais je tiens à dire que le Canada est aussi en avance à certains égards. Nous sommes l'un des quatre seuls pays à couvrir les frais accessoires pour chaque dose que nous donnons par l'entremise du COVAX. Nous avons été l'un des premiers pays du G20 à investir notre juste part dans l'ACT-Accelerator. Nous avons joué un rôle de premier plan dans la création du mécanisme de dons COVAX et la , lorsqu'elle était au ministère du Développement international, était coprésidente du groupe de mobilisation du mécanisme de garantie de marché.
C'est une question nuancée et complexe. Dans certains domaines, nous nous en sortons bien et dans d'autres, nous sommes moins performants.
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Merci beaucoup, madame Bendayan.
[Traduction]
Y a‑t‑il d'autres interventions sur la motion dont nous sommes saisis? Je ne vois personne virtuellement.
Madame la greffière, est‑ce que quelqu'un dans la salle souhaite intervenir? Je vais être prudent ici, juste au cas où les gens seraient encore en train de formuler leurs pensées.
Comme il n'y a pas d'autre débat, le Comité est‑il prêt à voter sur la motion telle que présentée? Il semble y avoir consensus pour passer au vote.
Chers collègues, y a‑t‑il une opposition à la motion présentée par Mme McPherson?
Madame McPherson, je ne vois pas d'opposition à la motion. Je veux encore une fois m'assurer d'obtenir les réactions de la salle et virtuellement.
(La motion est adoptée.)
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Plusieurs sociétés ont récemment annoncé qu'elles allaient mettre en place de nouvelles usines en Afrique. Tout ce processus peut prendre un an ou plus, mais je pense qu'une occasion s'offre vraiment à nous, avec l'aide technologique qui a été établie par l'OMS. Ils possèdent le savoir-faire.
La demande est considérable. Des producteurs locaux sont prêts à fabriquer le vaccin et ils ont produit les premières doses. Il est évident qu'ils doivent maintenant procéder à des essais cliniques, car ils ont utilisé la séquence mise à disposition par Moderna — ou autrement dit, la même formule que Moderna utilise était disponible — mais sans l'aide de l'industrie.
Je pense que si nous voulons avoir une incidence à court terme, en plus du COVAX, une étape importante consistera à mobiliser l'industrie pharmaceutique et à la convaincre d'aider ce centre, car le transfert de technologie à court terme est la vraie solution. Je pense que c'est le processus qui permettra d'accélérer considérablement les choses.
Nous avons besoin d'environ 10 milliards de doses dans les pays à faible revenu. D'après ce que je comprends, le COVAX s'est engagé à fournir environ un milliard de doses. L'écart est considérable et le combler d'ici la fin de l'année, pour obtenir 70 % de couverture dans les pays à faible revenu, semble une tâche impossible compte tenu des mécanismes actuels dont nous disposons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
On sait qu'une centaine de pays n'atteindront pas l'objectif de couverture vaccinale de 70 % qu'on espérait atteindre en juillet 2022. On entend souvent la population dire que, au lieu d'offrir une quatrième dose ici, nous devrions donner ces doses aux pays n'ayant pas atteint cette couverture vaccinale.
J'aimerais savoir si la question sur laquelle nous devons nous pencher comporte uniquement l'aspect de l'approvisionnement en vaccins ou s'il y a aussi un problème plus complexe de distribution et d'administration du vaccin. Est-ce quelque chose de combiné? Est-ce qu'on est en train de changer un peu la dynamique dans l'approvisionnement, c'est-à-dire qu'il ne s'agit plus simplement de donner des doses de vaccins, mais encore faut-il aussi avoir la capacité, sur le terrain, de les administrer?
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Je peux répondre à cette question.
Absolument, ce n'est pas seulement une question d'approvisionnement: nous avons besoin que les vaccins se transforment en vaccinations. Cela nécessite des systèmes de santé solides et résilients ainsi que des personnes outillées et prêtes à administrer ces vaccins. L'an dernier, je suppose, au début de la pandémie, l'approvisionnement était le problème majeur et crucial pour vacciner le monde.
Aujourd'hui, il s'agit davantage de l'administration de ces doses. Nous avons beaucoup de doses: comment pouvons-nous les injecter dans des bras aussi vite que possible? Cela revient à renforcer les systèmes de santé et à investir dans le personnel.
Nous avons vu que les interventions menées par les communautés sont absolument essentielles pour faire bouger les choses rapidement et pour instaurer la confiance dans les communautés. Je recommande d'investir dans les héros de la santé de première ligne qui font ce travail essentiel pour nous.
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Merci, monsieur le président et merci encore à nos témoins.
J'allais poser ma dernière question à M. Ali, si vous le permettez, sur le RCAM.
Vous avez dit que le RCAM est un processus qui ne fonctionne pas en ce moment et je ne pense pas qu'il devrait être utilisé à l'exclusion d'autres outils, mais j'espère que vous conviendrez que c'est quand même un outil que nous devrions utiliser.
En outre, pour le moment, connaissant notre situation, sachant combien de temps il nous a fallu pour en arriver là et que la pandémie n'est pas terminée dans le monde, quelles sont les trois principales mesures que vous aimeriez que le gouvernement canadien prenne immédiatement pour assurer l'équité en matière de vaccin?
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Merci, monsieur le président.
Cette question s'adresse d'abord à M. Ali.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'écouter la première heure de notre réunion, mais je m'intéresse particulièrement à la subvention que le gouvernement du Canada a accordée au fabricant du vaccin Medicago, et madame Waite, l'un ou l'autre d'entre vous est le bienvenu pour intervenir dans le court laps de temps dont nous disposons.
Cette subvention a été accordée pour permettre au Canada de disposer d'une capacité de production nationale, mais aussi pour veiller à ce que nous puissions nous acquitter de nos obligations envers le COVAX. Lors de la dernière réunion, j'ai interrogé les fonctionnaires à ce sujet et ils m'ont répondu que l'interdiction par l'OMS de l'utilisation du vaccin Covifenz en cas d'urgence internationale n'aurait pas une incidence sur la contribution du Canada au COVAX.
Par la suite, les médias ont rapporté que la ministre avait confirmé qu'en fait, cela aurait une incidence sur notre contribution au COVAX.
J'estime qu'il s'agit là d'un manque de diligence raisonnable de la part du gouvernement du Canada qui, lorsqu'il accorde une subvention à une entreprise qui appartient en partie à une compagnie de tabac — Philip Morris en l'occurrence — doit faire preuve de diligence raisonnable pour s'assurer que le produit est disponible en cas d'urgence à l'extérieur de nos frontières. Je me demande si vous pouvez commenter cette situation.
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Je ne peux pas commenter les détails et le processus qui a été suivi, mais je pense que nous sommes dans une situation de crise en raison de la pandémie mondiale.
Je comprends la position adoptée par l'OMS, étant donné la participation de 21 % de Philip Morris dans la société, mais je me suis demandé: s'il avait été le premier vaccin disponible en 2020‑2021, quelle aurait été notre position à ce moment‑là?
Pour ma part, ayant travaillé activement à la lutte au tabagisme et au tabac, je ne soutiendrais rien qui soit financé par l'industrie du tabac. Cependant, par le passé, l'OMS a approuvé en 2014 des traitements contre Ebola qui avaient des liens avec le tabac.
Je ne sais pas comment la situation va évoluer dans ce cas particulier, mais je pense que nous devons examiner les choses au travers d'un prisme différent de celui que nous utiliserions dans des situations non pandémiques.
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Merci. Je voulais remercier le groupe de témoins d'avoir trouvé des solutions très créatives à certains problèmes que j'essayais d'aborder.
Vous avez tout à fait raison, madame Waite, qu'il ne s'agit pas seulement d'obtenir des vaccins, mais de les injecter dans les bras des gens. Je pense que c'est un point important.
Je n'ai pas de question à poser. J'ai trouvé que les trois principales recommandations formulées par M. Ali étaient judicieuses. Je pense donc, au bout du compte, que nous savons tous que l'objectif est de vacciner le plus grand nombre de personnes dans le monde afin de nous débarrasser de cette pandémie. Vous avez tout à fait raison de dire que notre capacité à tirer des leçons du processus, des erreurs et de la première série de mesures rapides que nous avons essayé de prendre, sera importante pour les pandémies futures. Cependant, j'espère qu'une fois que tout cela sera derrière nous, nous ne nous concentrerons pas simplement sur le COVAX, mais sur les préparatifs, à la fois en ce qui concerne les infrastructures dans les pays en développement et la recherche de moyens d'éduquer entretemps en ce qui concerne les objections culturelles et religieuses de sorte qu'en cas de nouvelles pandémies, nous soyons prêts à agir et préparés, ayant appris de nos erreurs.
Je tiens à vous remercier tous les deux pour vos réponses très complètes et non idéologiques. Elles ont témoigné de la capacité de sortir des sentiers battus.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, madame Fry.
[Français]
Au nom de tous les membres du Comité, je souhaite remercier les témoins qui ont comparu cet après-midi.
Professeur Ali et madame Waite, merci beaucoup de votre comparution et de votre témoignage. Nous vous en sommes très reconnaissants.
[Traduction]
Chers collègues, sur ce, j'ai un très bref point à aborder, à savoir notre projet de réunion informelle avec le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, jeudi à neuf heures. Veuillez aviser la greffière si vous avez l'intention d'y assister. Il y a une option virtuelle et une option en personne.
Sur ce, je veux prendre un moment, comme toujours, pour remercier notre greffière, nos analystes et notre formidable équipe de la Chambre des communes pour tout le soutien qu'ils nous apportent ces jours‑ci, non seulement lors des séances régulières, mais aussi pour plusieurs réunions ponctuelles extraordinaires. C'est vraiment très apprécié.
Monsieur Genuis, vous avez la parole.