Je préside la réunion d'aujourd'hui. Comme M. Spengemann n'est pas disponible, cette responsabilité me revient en ma qualité de vice-président.
Je tiens d'abord à souligner que le territoire sur lequel nous nous réunissons virtuellement et en personne est le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine.
Bienvenue à la troisième séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Conformément à la motion adoptée le 31 janvier, notre comité se réunit pour discuter de la situation à la frontière qui sépare la Russie et l'Ukraine et des répercussions qu'elle aura sur la paix et la sécurité.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations seront affichées au site Web de la Chambre des communes. Vous savez donc que la webdiffusion montrera la personne qui parle et non l'ensemble du Comité. Il est interdit de prendre des captures ou des photos de votre écran.
Pour que cette réunion se déroule en bon ordre, je vais souligner quelques-unes des règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Les services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous pouvez choisir entre l'anglais et le français au bas de votre écran. Si vous n'entendez plus l'interprétation, veuillez tout de suite m'en informer, et nous la rétablirons avant de reprendre nos travaux. Vous pouvez utiliser la fonction « lever la main » au bas de l'écran en tout temps si vous souhaitez parler ou faire signe au président.
Pour les députés qui participent en présentiel, procédez comme vous le faites habituellement lorsque nous sommes tous réunis en personne dans une salle de comité. N'oubliez pas les lignes directrices du Bureau de régie interne sur l'utilisation du masque et sur les protocoles de santé. En remplissant mes fonctions de président, j'appliquerai ces mesures pendant toute la réunion, et je remercie d'avance les députés de bien vouloir collaborer.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole en vous désignant nommément. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Quand vous parlez, faites‑le lentement et clairement et quand vous ne parlez pas, votre micro devrait être en sourdine.
Je rappelle aux députés et aux témoins qu'ils doivent adresser tous leurs commentaires à la présidence.
Je souhaite maintenant la bienvenue à nos témoins.
Est‑ce que Mme Hulan est prête à prendre la parole?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'espère que ma caméra fonctionne bien. J'ai eu quelques problèmes techniques, et je suis désolée de m'être jointe à la réunion en retard.
Je vous remercie encore, monsieur le président, et je remercie les membres du Comité.
[Français]
La mobilisation des forces militaires russes en Ukraine et ses environs se poursuit, sans signe de désescalade. La situation demeure imprévisible et les intentions militaires du président Poutine demeurent nébuleuses.
Nous collaborons de près avec nos alliés et nos partenaires afin de trouver une solution diplomatique au conflit militaire, en élaborant de multiples mesures rigoureuses de dissuasion.
Aujourd'hui, je vais vous parler des quatre grandes lignes d'action sur lesquelles Affaires mondiales Canada se concentre: notre approche diplomatique, notre travail lié aux sanctions, notre appui à l'Ukraine et la planification consulaire.
[Traduction]
Pour ce qui est de l'engagement diplomatique, au cours du mois dernier, le Canada et ses alliés euro-atlantiques ont entamé d'intenses discussions pour explorer plusieurs pistes complémentaires, principalement par l'entremise de l'OTAN, de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l'OSCE ainsi que des discussions bilatérales entre les États‑Unis et la Russie.
s'est récemment rendue en Ukraine, en Belgique et en France. Elle communique fréquemment avec ses homologues.
Le Canada et ses alliés sont unis dans cette crise. Ils appuient l'Ukraine d'une seule voix et considèrent la diplomatie comme la seule voie viable pour la Russie. Nous avons présenté un choix à la Russie: si elle n'entame pas un dialogue constructif, elle subira de lourdes conséquences.
[Français]
En ce qui concerne les conséquences, le Canada collabore avec l'Australie, l'Europe et ses États membres, le Royaume‑Uni et les États‑Unis pour mettre au point des mesures punitives robustes et concrètes, y compris des sanctions.
Le Canada est prêt à imposer rapidement de lourdes sanctions qui cibleraient les personnes et les entités influentes ayant des liens avec les secteurs clés de l'économie russe. Nous pourrons également, avec peu de préavis, élargir ces sanctions à d'autres personnes et entités notoires qui font partie des secteurs essentiels de l'économie de la Russie. De plus, nous pourrons rapidement mettre en œuvre d'autres mesures financières, dont des interdictions d'exportation dans des secteurs précis.
Pour l'instant, nous n'écartons aucune possibilité.
[Traduction]
Quant au soutien du Canada à l'Ukraine, nous avons promis de verser, depuis janvier 2014, plus de 890 millions de dollars en aide multidimensionnelle à l'Ukraine. Nous renforçons maintenant cet appui. Le 26 janvier dernier, après avoir annoncé le renouvellement de l'opération Unifier, dont mon collègue du ministère de la Défense nationale va vous parler, le a ajouté que le Canada fournirait une aide supplémentaire de 50 millions de dollars à l'Ukraine, soit 35 millions de dollars en aide au développement et 15 millions de dollars en aide humanitaire.
Ce nouveau financement s'ajoute au travail du Programme pour la stabilisation et les opérations de paix en Ukraine sur la réforme du secteur de la sécurité, sur la lutte contre la désinformation, sur l'appui au processus de Minsk et sur la promotion du programme sur les femmes, la paix et la sécurité. Comme la menace de la Russie a déstabilisé l'économie de l'Ukraine, le Canada lui a également offert, le mois dernier, un prêt pouvant s'élever à 120 millions de dollars.
Dans le cadre de cette aide du Canada, nous appuyons également les initiatives que mène l'Ukraine pour réformer et édifier des institutions démocratiques responsables, efficaces et résilientes. Ces réformes constituent le moyen le plus efficace de renforcer à long terme la démocratie de l'Ukraine, d'accroître la prospérité de la population et de renforcer la résilience de ce pays face à l'agression russe.
:
Du côté consulaire, bien que la situation en matière de sécurité soit stable, les risques d'un conflit armé en Ukraine ont augmenté à la suite des interventions de la Russie. En conséquence, nous avons modifié nos Conseils aux voyageurs et avertissements: nous recommandons aux Canadiens d'éviter tout voyage en Ukraine et de quitter le pays avant qu'il ne soit impossible de monter à bord d'un avion commercial.
L'ambassade du Canada a aussi autorisé le départ du personnel non essentiel et de leur famille.
Je précise que 90 % des Canadiens en Ukraine ont la double citoyenneté, c'est-à-dire qu'ils sont Ukraino-Canadiens. Environ 800 Canadiens ont inscrit leur présence en Ukraine auprès de notre ambassade. Pour l'instant, peu de demandes d'aide consulaire ont été reçues.
[Traduction]
En conclusion, monsieur le président, bien que la situation en Ukraine et à sa frontière soit plutôt instable, l'appui du Canada est inébranlable. Les actes de la Russie s'attaquent au cœur même des valeurs et des principes qui sous-tendent les règles de l'ordre international. En ce sens, la sécurité de l'Ukraine ne garantit pas seulement la sécurité de l'Europe, mais celle du monde entier, y compris la sécurité du Canada.
:
Merci, monsieur le président et membres du Comité. Bonjour.
Monsieur le président, mon microphone est loin d'être parfait. Si vous me perdez, n'hésitez pas à m'interrompre.
[Français]
Comme le vice-président l'a mentionné, je suis le major‑général Paul Prévost. Je suis directeur de l'État-major interarmées stratégique au ministère de la Défense nationale.
C'est avec plaisir que je m'adresse à vous cet après-midi. Je vous remercie de me recevoir.
[Traduction]
Vu l'environnement opérationnel complexe que cause la montée rapide des tensions entre l'Ukraine et la Russie, je vais faire le point brièvement sur l'opération Unifier, la mission de formation que mènent les Forces armées canadiennes en Ukraine.
Je vais d'abord la présenter de façon générale, puisque l'annonce de la semaine dernière prolonge et étend cette mission. Depuis 2015, les Forces armées canadiennes ont déployé environ 200 militaires en Ukraine par rotations de six mois, ce qu'on appelle collectivement la Force opérationnelle interarmées en Ukraine. Ces soldats exercent leurs activités dans un certain nombre de régions du pays, et leur siège social se trouve actuellement à Kiev.
L'opération Unifier est la mission la plus importante de toutes les opérations menées par les pays de l'OTAN en Ukraine. En fait, le Canada a contribué le plus à l'aide des forces de sécurité de l'Ukraine en renforçant ses capacités de concert avec d'autres pays qui lui fournissent une aide semblable.
[Français]
Le contingent actuel est arrivé en Ukraine en septembre dernier et est formé principalement de membres du 5e Groupe‑brigade mécanisé du Canada, basé à la base de Valcartier, dans la région de Québec. Les membres de ce contingent seront de retour à la maison au mois d'avril prochain et seront remplacés par d'autres membres de la base de Valcartier.
[Traduction]
À ce jour, nos formateurs de l'opération Unifier ont entraîné plus de 32 000 soldats et membres des forces de sécurité de l'Ukraine afin de renforcer leur préparation et leur efficacité opérationnelles. Depuis septembre dernier seulement, malgré la pandémie, plus de 2 700 membres des forces de sécurité ukrainiennes ont été formés par notre contingent. Dans le cadre de l'opération Unifier, les Forces armées canadiennes ont donné plus de 700 cours de formation aux côtés des instructeurs militaires ukrainiens pour développer des compétences et des capacités hautement spécialisées, comme la neutralisation des explosifs et des munitions, le maintien de l'ordre par la police militaire, la formation médicale au combat, la formation du génie de combat et la formation en navigation et en reconnaissance, pour n'en nommer que quelques-unes.
[Français]
Au cours des années, notre mission a évolué. Au départ, cette mission d'entraînement était surtout axée sur l'entraînement individuel des membres des forces de sécurité ukrainiennes. Avec les années, nous avons ajusté et diversifié l'entraînement selon les besoins des forces ukrainiennes.
[Traduction]
Par exemple, en 2020, les forces spéciales canadiennes se sont jointes à l'opération Unifier pour fournir de la formation et de l'expertise en leadership aux forces spéciales de l'Ukraine.
La formation a également progressé de l'instruction individuelle à l'entraînement des brigades. Pour assurer la durabilité de cette formation, nous avons également créé des institutions dans les domaines du perfectionnement professionnel et de l'enseignement.
L'annonce de la semaine dernière prolonge la durée de cette mission que nous fournissons depuis 2015. Nous pourrons ainsi accroître la cadence de cette formation et planifier à plus long terme, au moins jusqu'en mars 2025.
[Français]
Comme cela a été annoncé la semaine dernière, un contingent supplémentaire de 60 membres des Forces canadiennes a été ajouté à court terme. Ce déploiement est en cours. Le plafond de cette mission a également été doublé: un déploiement pourra maintenant compter jusqu'à 400 membres des Forces canadiennes. Cela nous permettra, au fil des années, d'ajuster notre offre en fonction des besoins de l'Ukraine. Ces ajustements sont bienvenus et permettront de continuer à renforcer la capacité des forces ukrainiennes à se défendre contre un éventail de menaces.
[Traduction]
On a également annoncé la semaine dernière que nous allions offrir une aide non létale, comprenant des détecteurs de métaux, des jumelles thermiques, des télémètres laser, des trousses médicales, des plaques de blindage et d'autres types d'équipement de protection.
Nous sommes très préoccupés par la situation actuelle, par le fait que la Russie amasse ses troupes aux frontières de l'Ukraine, du Bélarus et de la Crimée. Nous surveillons cette situation de très près, car la sécurité de nos militaires demeure notre priorité absolue. Nous suivons le renseignement minute par minute et nous échangeons régulièrement nos points de vue avec nos alliés.
[Français]
L'opération Unifier est une mission d'entraînement, et non une mission de combat. Nos membres sont loin des zones de conflit et nous ajustons notre posture en fonction des besoins d'entraînement des Ukrainiens et de la situation sécuritaire.
Bien que nous suivions de près la situation en Ukraine et le long des frontières, nous continuons l'entraînement, et nous avons l'intention de continuer cet entraînement tant que les conditions le permettront.
[Traduction]
Nous effectuons continuellement de la planification d'urgence afin d'adapter cette mission à l'évolution des besoins. Nous ne pouvons pas divulguer tous les détails de ces plans, mais nous vous assurons que nos troupes sont actuellement dans l'ouest de l'Ukraine et que nous avons élaboré des plans solides pour modifier la mission en fonction des besoins.
Je terminerai en affirmant que l'opération Unifier est une excellente mission non seulement pour les Ukrainiens, mais aussi pour les Forces armées canadiennes. À la demande du gouvernement, nous avons déjà commencé à accroître notre présence en Ukraine. Malgré les tensions actuelles, nous continuerons de mener à bien cette importante mission tout en surveillant de très près la sécurité de nos soldats, qui demeure notre plus grande priorité.
[Français]
Merci, monsieur le président et membres du Comité, de me recevoir aujourd'hui et de me permettre de m'entretenir avec vous. Je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais à mon tour remercier tous les témoins, mais tout particulièrement le major-général Prévost. Au nom de tous les membres du Comité, j'aimerais souligner le travail extraordinaire de nos forces armées, qui se retrouvent partout dans le monde, y compris en Ukraine.
[Traduction]
Au nom de tous mes collègues du Comité des affaires étrangères, je remercie les forces armées pour leur travail, et je tiens aussi à le faire au nom du gouvernement fédéral.
À ce sujet, j'aimerais revenir sur une chose que vous avez dite, major-général. Vous avez dit que nos forces armées ne sont pas actuellement en danger en Ukraine et qu'elles ne se trouvent pas dans une zone de conflit, mais nous savons tous qu'en déploiement, nos soldats courent quand même des risques.
Que font-ils en déploiement à l'heure actuelle? Pouvez-vous nous en dire davantage sur le travail que nos forces armées font actuellement en Ukraine?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence aujourd'hui. Je les remercie également de se rendre toujours disponibles pour venir éclairer la lanterne des parlementaires.
Même si je vais avoir l'air d'essayer de vous mettre en boîte, je tiens à vous assurer que je cherche simplement à comprendre.
Je vais commencer par vous, major-général, non pas parce que vous êtes originaire de ma circonscription, mais bien parce que, en écoutant votre intervention, j'ai retenu entre autres le passage sur l'évolution rapide des tensions entre l'Ukraine et la Russie. Mme Hulan a également insisté sur ce fait, en réponse à une question de mon collègue Michael Chong.
Laissez-moi vous donner un peu de contexte.
Le Comité étant membre du Groupe d'amitié Canada-Ukraine, nous avons assisté, le 22 avril 2021, à une présentation du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement ainsi que du ministère de la Défense nationale. À ce moment-là, on nous avait présenté la situation sur le terrain. À première vue, il semble qu'elle était analogue à celle qu'on nous a présentée il y a quelques jours, le 27 janvier, dans une autre séance de breffage, organisée cette fois par Affaires mondiales Canada. Vous y avez d'ailleurs pris part, major-général. À un moment donné, j'ai carrément évoqué cette similarité. J'ai demandé ce qu'il y avait de nouveau depuis avril pour qu'on soit dans cette espèce d'hystérie, de syndrome de la crainte d'une invasion imminente de l'Ukraine par la Russie; j'ai demandé ce qu'il y avait de si différent, outre les mouvements de troupes à la frontière et la présence des troupes russes au Bélarus. On nous a répondu candidement qu'on ne savait pas trop ce qu'il y avait de nouveau.
Encore aujourd'hui, vous revenez nous parler d'une évolution rapide des tensions entre l'Ukraine et la Russie, ce que nie la Russie, et ce que nie l'Ukraine aussi. En effet, même l'Ukraine nous dit de cesser ce discours alarmiste, car cela ne l'aide pas.
Par conséquent, pourquoi continue-t-on d'entretenir ce discours alarmiste, alors qu'il ne semble pas y avoir une si grande différence sur le terrain par rapport à la situation qui avait cours l'année dernière? Y aurait-il en réalité des choses qui se passent et dont vous ne nous parlez pas?
:
Je vous remercie de la question, monsieur Bergeron.
[Traduction]
Monsieur le président, je vais commencer, mais je demanderai probablement à mon collègue d'Affaires mondiales de poursuivre.
[Français]
Il est vrai que, l'année dernière, il y avait des tensions ou, à tout le moins, des mouvements de troupes autour de la frontière de l'Ukraine et en Crimée. Cela dit, ces mouvements avaient beaucoup moins d'ampleur que cette année. Un autre changement, que vous avez évidemment vu dans les médias, c'est qu'il y a également une grande part des troupes qui est déployée au Bélarus. Vous verrez aussi, dans ce qui est divulgué par les médias ou ailleurs dans la sphère publique, que les Russes ont commencé à exercer des activités dans l'Arctique, dans l'Atlantique, dans la mer Méditerranée ainsi que dans la mer Noire. Tout cela démontre qu'il y a beaucoup plus de mouvements militaires, d'une part.
D'autre part, ce qu'il y a de nouveau cette année, par rapport à l'année dernière, ce sont les demandes faites publiquement par les Russes, en l'occurrence M. Poutine, ainsi que les efforts diplomatiques. Nous n'avions pas ces éléments l'an dernier.
Je vais laisser ma collègue d'Affaires mondiales Canada vous parler de ces nouveaux éléments.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à me faire l'écho de mes collègues en remerciant tous les témoins de s'être joints à nous aujourd'hui et de nous avoir fourni ces renseignements. Comme mon collègue M. Bergeron vient de le dire, c'est très éclairant et instructif. Merci de nous avoir consacré de votre temps.
Ce qui se passe en Ukraine est très, très grave et nous inquiète profondément. Je viens de l'Alberta, où se trouve une vaste population ukrainienne. Je connais beaucoup de gens qui s'inquiètent beaucoup pour des proches, des amis et des collègues qui vivent en Ukraine.
Personne ne sera surpris d'apprendre que les néo-démocrates espèrent beaucoup que nous nous consacrerons à des négociations diplomatiques et au recours à des sanctions ou autres moyens pour désamorcer la situation afin de prévenir la poussée d'agression de la Russie, pour éviter une guerre et d'autres actes qui entraîneraient des pertes de la vie de civils, de femmes et d'enfants en Ukraine.
Je vais poser quelques questions dans cette ligne de pensée, et j'espère que vous pourrez me répondre.
Le 21 janvier, le gouvernement canadien a annoncé qu'à la demande du président Zelensky, il consentirait au gouvernement de l'Ukraine un prêt pouvant atteindre 120 millions de dollars « pour soutenir la résilience économique et les réformes de gouvernance du pays ».
Pouvez-vous nous confirmer qu'aucune part de ce prêt ne sera accordée aux militaires, et si vous ne pouvez pas le confirmer, comment allez-vous veiller à ce que ce soit le cas? Quels mécanismes ont été mis en place pour s'en assurer? Cette question s'adresse à tous les témoins.
:
Monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de préciser le fonctionnement du Programme des prêts souverains.
Je peux vous assurer, monsieur le président, que ce prêt ne peut pas être utilisé pour acquérir des armes ou à des fins militaires. Je peux aussi vous expliquer un peu le processus du prêt, ce qui vous rassurera quant à la façon dont nous surveillons ces prêts et en déterminons les objectifs.
Je tiens à préciser que nous élaborons et négocions le Programme de prêts souverains de concert avec les Ukrainiens. Il doit servir soit à la paix et à la sécurité, soit à la réduction de la pauvreté conformément à notre Politique d'aide internationale féministe. Pour ce faire, nous avons entamé des discussions avec l'Ukraine afin de déterminer les programmes prioritaires auxquels ce prêt sera destiné. Une fois ces négociations terminées et, que nous aurons choisi la cible de ce prêt, l'Ukraine devra nous présenter une demande officielle, puis nous appliquerons la diligence raisonnable en obtenant l'approbation ministérielle.
Tout simplement, ce prêt est destiné à un objectif précis, qui doit respecter la Politique d'aide internationale féministe. Nos agents de développement surveilleront les résultats que produira ce prêt.
Je suis ravie d'apprendre que le programme s'harmonisera avec la Politique d'aide internationale féministe, la PAIF et, espérons‑le, avec notre politique étrangère féministe qui sera bientôt annoncée.
Parlant de notre politique étrangère féministe, comme vous le savez tous, il est essentiel de veiller à ce que les femmes soient présentes à toutes les tables, y compris à la table décisionnelle, aux efforts de désescalade et aux pourparlers diplomatiques. C'est essentiel si l'on veut que les efforts soient couronnés de succès.
Que fait le gouvernement pour s'assurer que les femmes qui contribuent à la paix sont appuyées et que l'engagement du Canada à l'égard de la politique étrangère féministe se reflète dans son soutien à l'Ukraine?
Monsieur le président, l'attention portée au rôle des femmes fait partie de notre soutien à court et à long terme à l'armée ukrainienne. Elle est au cœur de nos efforts de formation dans ce pays. C'est pourquoi notre ambassadrice pour les femmes, la paix et la sécurité s'est rendue récemment en Ukraine avec le chef d'état-major de la défense.
Eux et notre ambassadeur sur le terrain en Ukraine soulignent les avantages stratégiques, opérationnels et tactiques pour les militaires d'assurer l'égalité entre les sexes à chaque étape de leurs efforts.
Si vous me permettez de répondre à la question de façon plus générale, les objectifs de la PAIF ou de la politique étrangère féministe sont aussi au cœur de notre présence globale en Ukraine. Les droits de la personne et l'égalité entre les sexes font partie intégrante de la formation que nous offrons. Ils font partie intégrante de notre aide technique dans les domaines de la sécurité et de la réforme judiciaire, y compris pour favoriser les nominations. Nous appuyons les femmes en finançant des organismes communautaires en Ukraine, bien que le nom de ce programme m'échappe malheureusement pour l'instant. Nous aidons les femmes ukrainiennes à jouer un rôle de chef de file aux plus hauts échelons.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes questions porteront surtout sur les sanctions.
Nous savons que le régime Poutine n'est pas axé sur le bien de la Russie en tant que nation. Il se concentre sur son propre bien-être, et Vladimir Poutine lui-même est très préoccupé par l'accumulation de richesses au détriment du peuple russe. La communauté ukrainienne et, en particulier, les dissidents russes, nous ont dit à quel point nous pourrions avoir plus d'effet si nous ciblions la richesse personnelle du régime, si nous sanctionnions précisément les personnes qui détiennent la richesse de Poutine.
Alexeï Navalny a publié une liste de personnes clés qui sont des détenteurs et des investisseurs du patrimoine personnel de Poutine. Selon lui, les sanctions n'ont pas été suffisamment efficaces jusqu'à maintenant parce que nous n'avons pas suffisamment ciblé et sanctionné les décideurs et les détenteurs de la richesse du régime.
J'ai cette liste de huit personnes qui, selon Navalny, sont des personnes clés pour ce qui est de détenir la richesse de Poutine et qui sont des cibles clés pour les sanctions, si nous voulons vraiment dissuader le régime russe de prendre des mesures agressives. J'aimerais passer en revue quelques-uns de ces noms.
Roman Abramovich figure sur cette liste. Il n'est pas sanctionné.
Est‑ce que l'un des témoins pourrait nous dire pourquoi M. Abramovich n'a pas été sanctionné par le Canada et si le gouvernement envisage de le sanctionner?
:
Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord remercier les témoins du temps qu'ils nous ont consacré. C'est très utile pour nous.
Je tiens également à remercier nos analystes d'avoir préparé pour notre étude des notes très détaillées, que j'ai lues hier soir et qui m'ont été très utiles. Je tiens donc à remercier Allison Goody et B.J. Siekierski pour leur bon travail, comme toujours, qui m'a été particulièrement utile.
La seule lacune que je trouve en ce qui a trait à la note — et je pense que je vais demander un peu de collaboration entre nos fonctionnaires qui sont ici aujourd'hui et les analystes de la Bibliothèque —, c'est la nécessité de travailler un peu plus sur la question des sanctions qui vient d'être soulevée par M. Genuis.
Il soulève des points importants, et je pense qu'il serait utile que le Comité ait un peu de contexte sur nos régimes de sanctions, parce qu'il en est souvent question sous la forme de beaux discours, mais sans beaucoup d'explications.
J'aimerais donner à Mme Hulan un peu plus de temps pour parler, encore une fois, de la différence entre les mesures économiques spéciales et les sanctions qui ont été modifiées au moment où le Parlement a adopté à l'unanimité la loi Magnitski, et de la difficulté — je ne veux pas anticiper la réponse — d'appliquer la loi Magnitski de façon préventive. D'après ce que je comprends — et vous me corrigerez si je me trompe —, les sanctions prévues par la loi Magnitski visent des particuliers, et non des États ou des entités, et elles sont directement liées à des violations des droits de la personne, par opposition, disons, à une incursion militaire et à une opération illégale.
Je vais commencer par Mme Hulan, puis je reviendrai peut-être pour demander une note d'Affaires mondiales au sujet des sanctions, et demander aux analystes d'approfondir les travaux pour nous aider à comprendre ce qu'Affaires mondiales nous dit.
La parole est à vous, madame Hulan.
:
Le Canada a trois régimes de sanctions, soit la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, aussi appelée loi de Sergueï Magnitski, la Loi sur les mesures économiques spéciales, ou LMES, et la Loi sur les Nations Unies.
Je ne m'étendrai pas sur la Loi sur les Nations Unies, qui est celle en vertu de laquelle nous sommes habilités à appliquer les sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies, comme nous sommes légalement tenus de le faire en tant que membre de l'ONU.
La différence entre la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus et la LMES est... Il y a un certain chevauchement, mais elles comportent de réelles différences.
Je dirais que la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus est limitée aux personnes et qu'elle est exclusivement liée aux droits de la personne et à la corruption. La LMES peut également nous permettre d'imposer des sanctions à des particuliers et elle est déclenchée par des atteintes aux droits de la personne; toutefois, en vertu de la LMES, le Canada peut également imposer des sanctions à un État et appliquer certaines interdictions au niveau de l'État. Il peut aussi sanctionner des entités ainsi que des institutions, c'est‑à‑dire des États, leurs institutions, organisations, entreprises et autres grandes organisations. Alors que la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus est limitée aux particuliers, la LMES comporte diverses dispositions qui nous permettent de cibler des particuliers, des entités ou même des États.
Comme le député l'a fait remarquer à juste titre, la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus est déclenchée par des atteintes aux droits de la personne et par la corruption. La LMES est également déclenchée par des atteintes à la paix et à la sécurité internationales. Une atteinte grave à la paix et à la sécurité internationales susceptible d'entraîner une crise internationale de grande envergure est un motif, en vertu de la LMES, pour amorcer...
:
Je devrai être bref. Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur la réponse qui m'a été donnée par Mme Hulan. Je l'en remercie encore une fois, d'ailleurs.
Les Russes et les Biélorusses prétendent que la Russie est présente au Bélarus dans le cadre d'un exercice conjoint.
Dans un premier temps, s'agit-il d'une réponse acceptable, compte tenu du fait que, comme vous venez de le dire il y a quelques instants, la Russie avait justifié la présence de ses militaires l'année dernière en disant que c'était dans le cadre d'exercices?
Dans un deuxième temps, la semaine dernière, lors de notre rencontre du 27 janvier, j'ai demandé s'il était possible de connaître le contenu de la réponse aux demandes russes. On m'a dit qu'on ne pouvait pas nous en faire part. Or, ces réponses ont été données à l'ensemble de la population espagnole par l'entremise d'une fuite dans le journal El País.
Qu'est-ce que la population espagnole a de plus pour pouvoir avoir accès à des informations que les parlementaires canadiens ne peuvent obtenir de leur gouvernement?
:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureuse de dire qu'il y a, en fait, beaucoup de mesures en cours pour appuyer l'Ukraine à l'heure actuelle. La fonction opérationnelle de cette équipe est déjà en place. Nous assurons une étroite coordination à l'échelle du gouvernement avec Affaires mondiales et avec un certain nombre de divisions de notre ministère, comme celles dont vous avez entendu parler aujourd'hui qui travaillent aux sanctions, à la diplomatie, aux services consulaires, à la sécurité des missions et à la sécurité régionale. De plus, nous assurons une coordination hebdomadaire et plus fréquente dans d'autres forums, avec d'autres ministères comme la Défense nationale, les Finances, IRCC et d'autres, au besoin.
Nous avons mobilisé une équipe ici à l'administration centrale pour mettre en place les mesures dont nous avons parlé, comme une diplomatie et une dissuasion robustes...
:
Merci de la question, monsieur le président.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, nous relocalisons une partie de nos troupes en fonction de la sécurité observée sur le terrain. Nous le faisons dans le cadre de discussions avec nos partenaires, les Ukrainiens, évidemment. Il y avait peu d'activité à l'est du fleuve Dniepr. La majeure partie de notre formation a déjà eu lieu à l'ouest du fleuve.
Cette formation se poursuivra tant que les conditions le permettront. Pour l'instant, nous nous préoccupons davantage de la sécurité de nos troupes que de la mission. La mission canadienne est une mission de formation. Ce n'est pas une mission de combat. Le seul effet dissuasif de cette mission, c'est que nous formons les Ukrainiens à mieux se défendre et à être plus professionnels et plus efficaces sur le plan opérationnel. C'est l'effet dissuasif de notre mission.
La façon dont nous déplaçons nos troupes et poursuivons notre formation pourra évoluer au fil du temps, si la situation en matière de sécurité le permet.
:
Merci, monsieur le président.
Ce sont des réponses très claires, et je tiens à féliciter les deux ministères d'avoir été aussi limpides, parce que c'est une question importante.
Je ne vais pas vous demander quelles sont vos intentions, car cela reviendrait à divulguer votre position stratégique et vos tactiques, et ainsi de suite. Je le comprends très bien.
J'aimerais revenir à une question de M. Chong qui est très importante. Nous parlons ici de nos alliés. L'OTAN compte, quoi, 20 pays? Cependant, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE compte 57 pays. Dans quelle mesure pouvez-vous compter sur les alliés de l'OSCE, étant donné que des pays d'Asie centrale qui se dissocient de l'influence russe en font partie?
Qu'en est‑il du processus de Minsk? Que se passe‑t‑il avec ce mouvement? Le processus de Minsk est en cours depuis la Crimée, et rien n'a bougé. La Russie n'a donné aucune assurance qu'elle allait respecter sa promesse. La Russie cherche maintenant à obtenir l'assurance de tout le monde que nous allons respecter notre promesse, alors qu'elle-même ne respecte pas la sienne. La Russie a rompu les promesses de Budapest à l'égard de l'Ukraine et du Kazakhstan.
À quelle enseigne logent des pays comme le Kazakhstan, les pays d'Asie centrale...? L'Allemagne ne peut pas être négligée, comme l'a dit M. Chong, parce que l'Allemagne a annoncé ses intentions, mais elle dépend énormément du pétrole et du gaz de la Russie, et elle est assise entre deux chaises pour l'instant. Elle ne penche ni d'un bord ni de l'autre.
Si vous décidez d'imposer des sanctions, allez-vous obtenir l'appui dont vous avez besoin? Je ne veux pas que vous nommiez les pays, mais croyez-vous vraiment que vous allez avoir l'appui de tout le monde? Qu'allons-nous faire au sujet des pays baltes qui sont actuellement particulièrement à risque, surtout ceux de l'OTAN, comme la Lettonie et la Lituanie? Quel est notre plan pour protéger ces États?
J'ai une dernière question, puis je vous laisserai répondre.
Major-général, vous avez parlé de la présence de nos troupes et avez ajouté qu'elles ne viendront pas de l'opération Unifier. D'où viennent vos troupes? Allez-vous utiliser vos troupes de l'OTAN?
Quelle est la position de la Turquie dans tout cela? Elle est membre de l'OTAN, et elle a soutenu la Russie. J'aimerais connaître la position des soi-disant alliés autour de la table, surtout à l'OSCE.
:
J'ai eu le grand honneur d'être ambassadrice adjointe du Canada auprès de l'OTAN pendant quatre ans, puis d'être ambassadrice à Vienne.
Les discussions entre alliés, lorsque nous partageons une vision commune de la sécurité, sont toujours différentes de celles qui ont lieu à des tables comme celle de l'OSCE, où nous partageons une salle avec des pays qui ont parfois des visions très différentes des nôtres en ce qui concerne les principes fondamentaux, et ainsi de suite, comme nous le voyons en Ukraine et à ses frontières à l'heure actuelle. Je dirais que ce sont des différences attendues.
En ce qui concerne les sanctions et ce qu'il faudra pour assurer leur efficacité, nous avons vu dans d'autres régions du monde par le passé — je pense ici à l'Iran et à la Corée du Nord — que le pouvoir des sanctions réside dans leur effet partagé. Cet effet est surtout partagé entre les membres de l'OTAN, soit la majeure partie de l'Europe, les États-Unis et le Canada.
Ce que je peux vous dire, c'est que les alliés de l'OTAN s'entendent pour dire qu'il y aura des conséquences graves, y compris des représailles financières, pour la Russie si elle choisit la voie d'une invasion militaire, même si le dialogue demeure ouvert.
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Je terminerai par un commentaire sur la position du gouvernement à l'égard de sa décision de ne pas accéder à la demande de l'Ukraine qui réclamait des armes létales. Il me semble qu'il y a une certaine incongruité. Le gouvernement a dit qu'il était fermement résolu à ce que l'Ukraine se joigne à l'OTAN. Récemment, la l'a confirmé.
L'article 5 du traité de l'OTAN dit ceci:
Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.
Le gouvernement affirme souhaiter que l'Ukraine soit membre de l'OTAN, mais si l'Ukraine était membre de l'OTAN, une telle attaque contre ce pays serait considérée comme une attaque contre le Canada, et si une telle attaque se produisait, le Canada aiderait l'Ukraine, notamment en recourant à la force armée.
Si le gouvernement est si déterminé à ce que l'Ukraine se joigne à l'OTAN, comme il l'a récemment confirmé, avec toutes les conséquences que cela implique, y compris le fait de devoir venir en aide à ce pays avec une force armée, il est difficile de comprendre pourquoi le Canada ne vient pas aujourd'hui en aide à l'Ukraine en lui fournissant des armes défensives létales. Je pense que c'est une contradiction dans la position du gouvernement. D'une part, il dit vouloir que l'Ukraine fasse partie de l'OTAN. Il est fermement engagé dans cette voie, ce qui signifie que le Canada se portera à la défense de l'Ukraine si la Russie attaque ce pays. D'autre part, il n'est pas disposé à fournir des armes défensives létales à l'Ukraine aujourd'hui.
Je pense qu'il y a une incohérence dans cette politique. Les Américains et les Britanniques ont une politique cohérente, et c'est une question que le gouvernement canadien doit aborder.
Merci, monsieur le président. C'est tout ce que j'ai à dire.
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Merci, monsieur le président.
On entend souvent la ainsi que les hauts fonctionnaires de son ministère dire qu'il y a une unité absolument solide parmi les alliés de l'Alliance atlantique. D'ailleurs, lors du débat exploratoire tenu lundi, la ministre expliquait que c'était la raison pour laquelle le ne prenait pas le téléphone pour parler au président Poutine. Il semble qu'on s'en soit remis au format Normandie, c'est‑à‑dire à la France et à l'Angleterre, pour ce type de discussions avec les Russes.
J'aimerais pousser plus loin la question posée par notre collègue Hedy Fry.
D'après le média Al‑Jazeera, M. Erdogan se proposerait comme médiateur. Il offrirait même la possibilité que des négociations de paix aient lieu à Ankara.
N'est-ce pas là une indication que cette unité de façade, qu'on ne cesse de clamer comme pour s'en convaincre, est un peu à géométrie variable? Par exemple, on sait que l'enthousiasme n'est pas au rendez-vous chez tous les alliés de l'Alliance atlantique quant à une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
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Merci, monsieur le président.
Je commencerai par revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure. Je ne voulais aucunement laisser entendre que les sanctions contre ceux qui figurent sur la liste de Navalny ne seraient que préventives. Elles constitueraient une riposte aux menaces qui pèsent sur la paix et à la sécurité internationales et aux violations des droits de la personne déjà commises. C'est précisément ce pourquoi les dissidents russes réclament ces sanctions. Si nous appliquions énergiquement des sanctions contre les alliés de Poutine et ceux qui détiennent sa richesse, nous découragerions des actes inacceptables à l'avenir en montrant que nous prenons au sérieux ce qui s'est fait par le passé.
Je m'interroge également sur le nombre de personnes visées. Nous avons imposé des sanctions à une foule de gens. Le plus important, c'est que les sanctions ciblent les éléments du régime qui détiennent la richesse, les protagonistes puissants, il faut faire payer aux décideurs. Il est toujours possible de multiplier les sanctions sans nécessairement toucher ceux qu'il faut viser.
J'ignore quel témoin est le mieux placé pour me répondre, mais je voudrais savoir pourquoi nous n'avons pas déjà sanctionné certaines des personnes qui figurent sur la liste de Navalny, des personnes qui détiennent les avoirs personnels de Vladimir Poutine et qui les placent à l'étranger.
Je vais faciliter les choses et m'en tenir aux sanctions.
Depuis l'annexion illégale de la Crimée, le Canada a sanctionné plus de 440 personnes et entités en bloquant des avoirs et en imposant d'autres interdictions. Depuis, huit ans après les sanctions européennes et américaines, les Russes peuvent maintenant se sentir à l'épreuve des sanctions. Par exemple, la réserve de leur banque centrale, ce que nous qualifierions de fonds de prévoyance, a atteint un sommet sans précédent en 2020 et en 2021, soit 630 milliards de dollars, et leur fonds souverain valait environ 180 milliards de dollars à la fin de cette année‑là.
Quelle raison avons-nous de croire que les sanctions provoqueront autre chose que des haussements d'épaules chez les autorités russes? Comment pouvons-nous croire que les sanctions seront appliquées efficacement?
J'aimerais poser une deuxième question, s'il me reste assez de temps.
Plus tôt dans la rencontre, mon très sympathique collègue M. Bergeron a semblé minimiser la menace russe vis-à-vis de l'Ukraine en indiquant que le gouvernement ukrainien lui-même disait qu'il ne croyait pas qu'une invasion était imminente.
[Traduction]
La crainte que cela m'inspire est la suivante. Dans une perspective profane, si l'Ukraine devait annoncer une invasion imminente, cela provoquerait une panique généralisée.
À votre avis d'expert, quelles seraient les répercussions sur l'économie de l'Ukraine et, en particulier, sur son système financier si le gouvernement annonçait aux Ukrainiens qu'une invasion est imminente?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais dire à ma collègue Mme Bendayan que le fait que les États‑Unis, le Canada et le Royaume‑Uni crient au loup comme ils le font présentement a exactement le même effet sur l'économie ukrainienne. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles l'Ukraine nous demande de baisser le ton et d'emprunter un discours un peu plus apaisant. Il faut éviter ce genre de débordements, car cela a des répercussions importantes sur les Ukrainiens.
C'est la même chose en ce qui concerne la décision de retirer le personnel non essentiel de l'ambassade. Il n'y a qu'un nombre très restreint de pays qui l'ont fait, c'est‑à‑dire les États‑Unis et le Royaume‑Uni, encore une fois, de même que l'Australie et le Canada. Les autres alliés, pour leur part, restent sur place pour manifester, par leur présence, leur soutien à l'Ukraine.
J'aimerais revenir sur la question posée par mon collègue Michael Chong au sujet de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Lorsqu'elle est allée à Kiev, la a dit que nous y étions toujours favorables, bien sûr, mais qu'il fallait de nouvelles améliorations sur le plan démocratique. J'aimerais que l'on m'éclaire sur ce plan. Il faut dire que les attentes semblent être différentes selon le pays de l'Alliance atlantique dont il est question, à telle enseigne que l'Ukraine a l'impression qu'on repousse indéfiniment l'échéancier. Le premier ministre ukrainien a d'ailleurs manifesté un peu d'impatience à cet égard.
A‑t‑on véritablement l'intention d'admettre l'Ukraine à l'OTAN, ou veut-on juste sursoir à son adhésion indéfiniment pour ne pas avoir à composer avec la menace russe?
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Merci, monsieur le président.
Je commencerai par remercier les fonctionnaires. Tout le monde sait que j'ai parfois été déçu par les témoignages des fonctionnaires devant le Comité, mais aujourd'hui, je suis absolument impressionné par tout votre travail. Merci de la transparence, de la volonté d'engagement et de l'ouverture dont vous faites preuve pour nous aider à comprendre ce qui se passe.
Dans ma tête, j'ai toutes sortes de mots commençant par « d »: diplomatie, dialogue et dissuasion. Je vais terminer par la défense, qui n'est pas mon domaine.
Je veux donner au major-général Prévost la chance d'expliquer que ce n'est pas à une activité symbolique que nous participons, mais à un tandem d'activité très concret pour assurer la stabilité, le prolongement de l'opération Unifier, ainsi que l'opération Réassurance. Les Canadiens — peut-être cinq, mais quelques-uns en tout cas — suivent notre audience aujourd'hui, et je voudrais vous donner la chance de parler de l'importance du travail militaire que nous faisons.
Nombreux sont ceux qui s'intéressent surtout au matériel, au point d'en faire une fixation. Je me concentre sur la formation, sur l'engagement, sur la frégate que nous avons avec l'OTAN et sur nos opérations Réassurance et Unifier. Pourriez-vous conclure par une brève explication de l'importance du travail que nous accomplissons?