Bienvenue à la réunion no 58 du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les membres du Comité assistent à la réunion en personne dans la salle, ainsi qu'à distance par l'entremise de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des membres du Comité.
Je demande aux participants de bien vouloir attendre que je les reconnaisse par leur nom avant de prendre la parole. Les participants par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer et le mettre en sourdine lorsqu'ils ne parlent pas.
L'interprétation pour les participants sur Zoom se trouve au bas de l'écran, où ils ont le choix entre le parquet, le français ou l'anglais. Les participants dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et sélectionner le canal souhaité.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 16 novembre 2022, le Comité reprend l'étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, la Loi sur la radiodiffusion et la Loi interdisant les armes à sous-munitions.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir les fonctionnaires qui nous aideront pendant notre étude article par article du projet de loi .
Du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, nous accueillons Mme Marie-Josée Langlois, directrice générale, Secteur des politiques stratégiques, M. Jeffrey Marder, directeur général, Droits de la personne et affaires autochtones, et Mme Ashlyn Milligan, directrice générale par intérim, Non-prolifération, désarmement et espace.
Du ministère du Patrimoine canadien, nous accueillons Mme Amy Awad, directrice principale, Politique législative et du marché.
J'aimerais maintenant donner aux membres du Comité quelques instructions et formuler quelques commentaires sur la façon dont le Comité procédera à l'étude article par article du projet de loi .
Comme son nom l'indique, il s'agit d'une étude de tous les articles dans l'ordre où ils apparaissent dans le projet de loi. Je vais nommer successivement chaque article, qui fera l'objet d'un débat et d'un vote. S'il y a des amendements à l'article en question, je donnerai la parole au député qu'il les propose pour qu'il puisse les expliquer. L'amendement fera ensuite l'objet d'un débat. Lorsque plus aucun membre du Comité ne souhaite intervenir, l'amendement est mis aux voix.
Les amendements seront examinés dans l'ordre dans lequel ils figurent dans le projet de loi ou dans le document que la greffière a remis à chaque député.
Les députés doivent savoir que les amendements doivent être soumis par écrit à la greffière du Comité.
Je vais procéder lentement pour permettre à tous les députés de suivre les délibérations de manière appropriée. Les amendements ont reçu un numéro alphanumérique qui se trouve dans le coin supérieur droit pour indiquer le parti qui les a présentés. Il n'est pas nécessaire d'être appuyé pour proposer un amendement. Une fois qu'un amendement a été proposé, il faut le consentement unanime pour le retirer.
Au cours du débat sur un amendement, les députés sont autorisés à proposer des sous-amendements. Ces sous-amendements doivent être présentés par écrit. Il n'est pas nécessaire d'obtenir l'approbation de l'auteur de l'amendement. Un seul sous-amendement peut être examiné à la fois et ce sous-amendement ne peut pas être amendé.
Lorsqu'un sous-amendement est proposé à un amendement, il est d'abord mis aux voix. Ensuite, un autre sous-amendement peut être proposé ou le Comité peut examiner l'amendement principal et le mettre aux voix.
Lorsque tous les articles ont été mis aux voix, le Comité met le titre et le projet de loi proprement dit aux voix. Si des amendements ont été adoptés, un ordre de réimpression du projet de loi peut être requis, afin que la Chambre dispose d'une version à jour à l'étape du rapport.
Enfin, le Comité devra ordonner à la présidence de faire rapport du projet de loi à la Chambre. Ce rapport ne contient que le texte des amendements adoptés, ainsi qu'une indication des articles supprimés.
À ce moment‑ci, permettez-moi de remercier les fonctionnaires de leur présence et de leurs conseils au cours de l'étude article par article du projet de loi .
Vous avez tous reçu un exemplaire du document qui sera utilisé. Il est assez volumineux, car il compte environ 30 pages. Je recommande à chacun de le suivre.
Comme prévu à l'ordre du jour, nous allons maintenant procéder à l'étude article par article. Conformément à l'article 75(1) du Règlement, l'examen de l'article 1, c'est‑à‑dire le titre abrégé, est reporté.
(Article 2)
Le président: Quelqu'un souhaite‑t‑il intervenir au sujet de l'article 2?
Monsieur Oliphant, vous avez la parole.
:
Je vais proposer un amendement à l'article 2. Dans le document, il porte le numéro G‑1. Il s'agit d'un amendement à l'article 2, et je vais le lire dans le compte rendu. Je propose:
Que le projet de loi C‑281, à l’article 2, soit modifié par substitution, au passage commençant à la ligne 10, page 1, et se terminant à la ligne 2, page 2, de ce qui suit:
(4) Le ministre publie, au moins une fois par année civile, un rapport qui résume les mesures qu’il a prises pour faire progresser les droits de la personne sur la scène internationale dans le cadre de la politique étrangère du Canada.
Voilà l'amendement que je propose. Comme je l'ai dit, il s'agit de l'amendement G‑1 dans le document.
À l'appui de cet amendement, je tiens à répéter que le Canada s'est engagé à soutenir sans réserve le travail essentiel et courageux des défenseurs des droits de la personne. J'aimerais remercier les fonctionnaires qui sont ici aujourd'hui et qui nous conseillent continuellement sur la manière dont nous pouvons soutenir au mieux ces défenseurs des droits de la personne. Cependant — et nous l'avons entendu dans les témoignages de plus d'un témoin —, si le gouvernement est tenu de publier une liste contenant les noms et les circonstances des prisonniers d'opinion et des défenseurs des droits de la personne détenus n'importe où dans le monde ou des personnes détenues en violation des normes en matière des droits de la personne, même si nous les soutenons très fermement, il n'est pas garanti que cela les aidera réellement, et nous pensons que cela pourrait même leur nuire à l'avenir.
La publication d'une liste contenant les noms et les circonstances des prisonniers d'opinion et des défenseurs des droits de la personne détenus dans le monde entier ou des personnes détenues en violation des normes relatives aux droits de la personne pourrait en fait nuire à nos mesures diplomatiques et leur causer de graves préjudices. En outre, le soutien du Canada envers ces personnes pourrait représenter un risque pour leur sécurité et, dans les cas les plus graves, entraîner leur mort. De plus, il n’existe pas de définition juridique internationale ou nationale convenue pour la désignation courante de « prisonniers d'opinion », ce qui nous préoccupe. Elle est même écrite en minuscules, comme si nous la comprenions. Je pense que nous en avons une idée intuitive, mais il s'agit d'un texte législatif, et non d'un rapport, monsieur le président, et c'est la raison pour laquelle cela nous inquiète. Nous recommandons donc que l'exigence relative à l'inscription sur la liste soit supprimée.
Alex Neve, anciennement d'Amnistie internationale, nous a également dit que ce n'est pas seulement la liste qui pourrait causer du tort à ces personnes, car le fait de ne pas inscrire d'autres personnes avec lesquelles le Canada n'est pas nécessairement engagé, mais avec lesquelles d'autres pays peuvent l'être, pourrait également leur causer du tort, car un gouvernement pourrait alors supposer que ces gens ne sont pas des prisonniers d'opinion, parce que leur nom ne figure pas sur la liste du Canada. C'est donc une autre raison pour laquelle nous voulons supprimer l'exigence relative à l'inscription sur la liste.
Nous recommandons donc que cette exigence soit supprimée et remplacée par des renseignements généraux sur les activités entreprises pour soutenir les défenseurs des droits de la personne dans le rapport annuel sur les droits de la personne. Je dirais également que je pense que la partie utile du projet de loi est celle qui exige la production de ce rapport. Nous reconnaissons que cela demandera beaucoup de travail et d'efforts, mais nous pensons que c'est important. On pourrait faire référence à des affaires représentatives, des affaires qui ont peut-être été résolues de manière satisfaisante ou non, lorsqu'un certain nombre de parties donnent leur consentement, y compris la personne visée et sa famille, et inclure aussi une compréhension contextuelle de la nature de l'incarcération ou de la détention. Toutes ces précautions visent à éviter que des préjudices soient causés.
Nous reconnaissons que certaines familles souhaitent qu'il existe une liste des prisonniers d'opinion ou des défenseurs des droits. Nous reconnaissons qu'il s'agit de quelque chose… Ces gens peuvent, de leur propre initiative, produire une telle liste en tout temps dans les médias sociaux ou dans les médias en général, mais le gouvernement a une responsabilité différente, et la responsabilité du gouvernement, dans ce cas‑ci, est de s'assurer que toutes ses activités ne causent pas de préjudice, mais qu'elles aident plutôt les personnes que nous essayons d'aider.
Nous traitons continuellement ces types d'affaires. J'ai moi-même travaillé sur un certain nombre d'entre elles lorsque des membres de l'opposition ou de notre propre caucus sont venus nous demander de l'aide pour une affaire particulière. Il pourrait s'agir d'un Canadien détenu ou de résidents permanents du Canada qui sont détenus. Il pourrait s'agir d'un non-citoyen détenu qui n'a aucun lien avec le Canada, mais qui travaille à titre de défenseur des droits de la personne ou de journaliste qui est également défenseur des droits de la personne, ou de n'importe quelle autre personne.
Le gouvernement prend cette question au sérieux. Nous nous y employons par l'entremise de nos missions et de notre personnel qualifié, mais nous reconnaissons également qu'une telle diplomatie du mégaphone va souvent à l'encontre de ce que nous voulons tous accomplir, soit protéger la vie de ces personnes et aussi, souvent, faire avancer leur cause. Même si nous ne sommes pas d'accord avec leur cause, nous voulons toujours veiller à ce que leur vie soit protégée.
C'est la raison pour laquelle nous proposons l'amendement G‑1. Il réduit considérablement l'article 2 — je le reconnais —, mais il exigera du ministre qu'il publie un rapport qui indiquera ce qu'il fait, peu importe qui il est, et en tout temps, pour promouvoir les droits de la personne dans le cadre de notre politique étrangère.
C'est ce qui termine mon intervention sur l'amendement G‑1.
:
Je tâcherai d'être bref. Je veux simplement dire que je comprends plusieurs des arguments avancés par notre collègue, mais que nous ne voterons pas en faveur de cet amendement, pour plusieurs raisons.
Premièrement, d'aucuns pourraient voir dans cet amendement une volonté de la part du gouvernement de réduire, plutôt que d'augmenter, son obligation de rendre des comptes. Or, en démocratie, ce n'est pas particulièrement souhaité ou souhaitable.
Deuxièmement, à titre d'exemple, M. Neve n'était pas opposé, tant s'en faut, à l'idée de publier des listes. Des préoccupations ont été exprimées quant au fait de publier de telles listes et nous y sommes sensibles. J'ai moi-même soulevé cette question auprès de M. Neve. Nous sommes sensibles à ces préoccupations, mais le fait de tenter de limiter à son minimum le contenu d'un éventuel rapport sur les mesures prises pour faire progresser les droits de la personne sur la scène internationale m'apparait peut-être un peu court. De plus, même si je comprends que cela a été jugé recevable, je trouve que cela ne semble pas correspondre à l'esprit du projet de loi que nous avons sous les yeux.
Par conséquent, nous voterons contre cet amendement-ci.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, de ces questions.
Comme il a été indiqué, la publication d'une liste… Chaque fois que le Canada s'engage à soutenir des défenseurs des droits de la personne ou des personnes emprisonnées à l'étranger en violation des normes internationales en matière de droits de la personne, il le fait en partenariat avec d'autres pays ou parfois avec des partenaires de la société civile. La stratégie d'engagement pour chaque cas individuel est décidée de manière collective, en fonction de la situation à l'échelle locale et des particularités de chaque cas.
En règle générale, nous élaborons une stratégie fondée sur les possibilités d'escalade. Dans certains cas, lorsqu'une personne est emprisonnée contre son gré à l'étranger, il serait effectivement important de rendre cette information publique. Cependant, nous élaborons généralement une stratégie fondée sur une approche progressive, et la publication de noms individuels est utilisée en dernier recours.
Le fait d'être contraints de publier des noms liés à des affaires dans lesquelles nous sommes engagés pourrait menacer l'engagement réel dans une affaire précise. Cela pourrait également mettre en péril les partenariats avec d'autres pays qui sont essentiels à notre engagement dans certaines affaires. Si d'autres pays partenaires du Canada savaient que nous serions obligés, par la force ou par la loi, de publier les noms des personnes au nom desquelles nous nous sommes engagés, ces pays pourraient être plus réticents à apporter leur soutien collectif au Canada à l'égard de ces affaires.
Par ailleurs, comme il a été indiqué, nous n'avons pas discuté avec le commissaire à la protection de la vie privée, mais nous devrions certainement nous appuyer sur la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui pourrait fixer des limites à la quantité de renseignements pouvant être divulgués.
Essentiellement, dans le cadre d'une stratégie globale guidée par des partenariats avec d'autres pays sur le terrain, le fait d'être contraints de publier proactivement des noms individuels pourrait compromettre ces partenariats et notre capacité à nous engager efficacement dans certaines affaires.
J'aimerais souligner que la diplomatie discrète ne devrait pas être sous-estimée à titre de facteur déterminant dans l'engagement dans des affaires individuelles. Certains pays qui ne sont pas des partenaires traditionnels du Canada — je les appellerai des « partenaires non traditionnels » — adoptent des approches qui favorisent la diplomatie discrète, par opposition à la diplomatie du mégaphone, qui est plus tapageuse. Dans de nombreux cas, ces types de partenariats élargis sont essentiels à un engagement efficace dans des affaires individuelles. Je dirais donc que ces types de partenariats pourraient être particulièrement menacés par l'obligation de publier non seulement les noms, mais aussi les détails des activités auxquelles nous avons participé dans des affaires individuelles.
:
J'ai un rappel au Règlement qui ne fait pas partie du débat. Il fait plutôt suite au rappel au Règlement soulevé par M. Genuis.
Ce qui me dérange, c'est que l'amendement est présenté comme un amendement à l'article 2 du projet de loi dans sa forme actuelle, et pourtant, cela n'est pas vraiment logique parce qu'il modifie l'amendement G‑1.
J'ai du mal à comprendre comment l'amendement NDP‑1 modifie l'amendement G‑1. Je pense que cela ne fonctionne pas vraiment, parce que l'amendement G‑1 commence la substitution à partir de la ligne 10, donc cette partie serait supprimée, mais le problème est que l'amendement NDP‑1 commence la substitution à partir de la ligne 13. Ce n'est qu'un des exemples qui illustre le problème.
Nous ne sommes pas nécessairement contre la proposition, mais j'aimerais que vous vous prononciez sur la question pour que nous sachions s'il s'agit bien d'un sous-amendement — un amendement à l'amendement — et s'il est recevable ou pas.
:
L'article 2 du projet de loi modifie la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement afin d'ajouter l'obligation de publier un rapport dans lequel figure les noms des personnes et la situation des prisonniers d'opinion qui sont détenus dans le monde et que le gouvernement du Canada s'emploie activement à faire libérer.
L'amendement vise à étendre cette liste à tous les prisonniers qui sont détenus ou qui subissent d'autres traitements en contravention des normes internationales en matière de droits de la personne. En outre, l'amendement prévoit une plus grande reddition de comptes aux familles des détenus et à la société civile. Il s'agit de nouveaux concepts qui n'avaient pas été envisagés dans le projet de loi lorsqu'il a été adopté par la Chambre des communes en deuxième lecture.
Comme l'indique La procédure et les usages de la Chambre des communes, troisième édition, à la page 770, « Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture est irrecevable s’il en dépasse la portée et le principe. »
De l'avis du président, et pour la raison susmentionnée, l'amendement constitue un nouveau concept qui dépasse la portée du projet de loi. Par conséquent, je déclare l'amendement irrecevable.
Madame McPherson, vous avez la parole.
:
J'invoque le Règlement. Je veux juste comprendre une question de procédure.
C'est très important. Si le Comité infirme la décision du président, il est toujours possible, lorsque ce projet de loi sera envoyé à la Chambre, que le Président de la Chambre déclare l'amendement hors de la portée du projet de loi. Le cas échéant, si le Président de la Chambre jugeait cet amendement irrecevable, reviendrions-nous automatiquement à la version originale de l'article ou pourrions-nous proposer un autre amendement?
Je suis d'accord avec l'interprétation de Mme McPherson, mais ce qui me préoccupe, c'est que si nous annulons la décision de la présidence et que le Président de la Chambre infirme notre décision, il nous sera alors impossible de proposer d'autres amendements à cet article.
Quels seraient les effets? Nous aimerions avoir des conseils à ce sujet.
:
La réalité, c'est qu'il y a sûrement un terrain d'entente quelque part.
Je dirais que la position du gouvernement et du caucus libéral est que nous estimons que le projet de loi, tel qu'il est rédigé, est dangereux. Nous ne pensons pas qu'il est neutre. Nous pensons qu'il met des vies en danger, rien de moins. Cette position découle de l'avis de nos fonctionnaires, qui sont des spécialistes du domaine. Des membres de la société civile nous ont mis en garde. Franchement, cela découle, d'un point de vue très personnel, de mon travail dans ce domaine, un travail que je fais depuis maintenant quatre ans, alors que j'ai travaillé et négocié avec d'autres pays — des pays aux vues similaires ou non — afin de sauver des vies. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait, très récemment, pour deux personnes qui ne sont pas des citoyens canadiens. L'un d'eux était un résident permanent du Canada qui était dans une situation difficile dans laquelle sa vie était en danger. Si son nom avait été divulgué, nous n'aurions pas pu lui sauver la vie. J'en suis totalement convaincu.
Nous ferons tout ce qui est possible pour trouver une façon d'assurer la transparence, mais pour nous, la question n'est pas que le Parlement soit à l'aise par rapport à ce qu'il fait. Pour certains d'entre nous, c'est absolument choquant. Le but est sans contredit d'essayer de sauver des vies. Il ne s'agit pas de nous.
Je vais m'étendre longuement sur ce sujet. Je pense que nous pourrions probablement trouver une solution à cette situation. J'étais absolument ouvert à une réelle modification de l'amendement G‑1 et à trouver moyen de le faire, mais remplacer l'amendement G‑1 par l'amendement NDP‑1, qui est hors de la portée du projet de loi, n'est pas la façon d'y arriver.
Si nous sommes au point où nous n'avons pas encore rejeté l'amendement G‑1, je pense qu'il est possible de le modifier correctement. Ce serait mon premier objectif...
:
Merci, monsieur Genuis.
L'article 2 du projet de loi C‑281 modifie la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement afin d'ajouter l'obligation de publier un rapport décrivant les mesures prises par le ministre pour faire progresser les droits de la personne à l'échelle internationale dans le cadre de la politique étrangère du Canada et indiquant les noms et la situation des prisonniers d'opinion détenus dans le monde entier que le gouvernement du Canada s'emploie activement à faire libérer.
L'amendement vise à ajouter une nouvelle obligation pour le ministre dans le cas d'une motion adoptée par un comité du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux chambres du Parlement recommandant qu'un décret soit considéré ou pris en vertu du paragraphe 6.1(2) de la Loi sur l'immunité des États à l'égard d'un État étranger, que l'on prépare une réponse indiquant au Comité s'il convient ou non de prendre un décret et exposant les raisons de cette décision.
Il s'agit d'une nouvelle notion qui n'était pas envisagée lorsque le projet de loi a été adopté par la Chambre à l'étape de la deuxième lecture. Comme il est indiqué dans la troisième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 770, « Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture est irrecevable s'il en dépasse la portée et le principe. »
De l'avis de la présidence et pour la raison expliquée à l'instant, l'amendement introduit une nouvelle notion qui dépasse la portée du projet de loi. Par conséquent, je déclare l'amendement irrecevable.
Merci.
Voulez-vous contester cette décision?
:
Monsieur le président, je pense qu'il s'agira en fait pour pour le Comité de déterminer s'il souhaite adopter l'amendement de M. Oliphant ou bien celui que j'ai proposé, ou encore aucun des deux. Quoi qu'il en soit, je vais présenter l'amendement que je croyais avoir déjà proposé, une fois que l'on aura réglé le sort de celui‑ci, s'il m'est possible de le faire.
Le projet de loi dans sa version originale prévoit un mécanisme empêchant le gouvernement d'avoir recours à une prorogation ou à une dissolution pour éviter d'avoir à répondre à un tel rapport. En temps normal, c'est le Règlement qui s'applique, à moins qu'un parlement soit dissous ou qu'il y ait prorogation.
Voici ce qu'on peut lire actuellement dans le projet de loi:
En cas de prorogation ou de dissolution du Parlement avant le dépôt de la réponse, le ministre affiche celle‑ci à un endroit bien en vue sur le site Web du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement dans le délai prévu au paragraphe (2) pour son dépôt. La réponse est déposée dès que possible après le début de la session suivante du Parlement.
Il en ressort que le gouvernement est tenu de répondre à une recommandation formulée par un comité. La version modifiée préciserait en outre que le gouvernement doit fournir une réponse suffisamment étoffée en plus de justifier ses décisions.
En fait, l'amendement proposé par le parti ministériel vide cette disposition de toute sa substance en exigeant simplement que le gouvernement se conforme au Règlement. Ce n'est pas vraiment une exigence, car le gouvernement doit s'y conformer de toute manière. Il est inutile de le préciser dans une loi. Il ne s'agit pas d'harmoniser quoi que ce soit, mais bien de priver cet article de tout effet réel.
Nous voudrions plutôt que le Parlement adopte un critère significatif créant automatiquement une telle exigence sans permettre au gouvernement de s'y soustraire par la voie d'une prorogation ou d'une dissolution. Il faut également que chaque comité dispose de la marge de manœuvre voulue pour établir un échéancier tenant compte de l'urgence de la situation. Je sais que certains s'interrogent quant à savoir si un délai de 40 jours est suffisant. Mon amendement propose de supprimer cette exigence de 40 jours et de laisser le tout entièrement à la discrétion du comité qui pourra fixer le délai en fonction des circonstances. Il cherche également à atténuer les préoccupations relatives aux informations à communiquer à l'avance lorsque des sanctions doivent être imposées.
L'amendement que nous nous apprêtions à proposer devait régler tous ces problèmes. Nous nous retrouvons plutôt avec cet amendement qui vide essentiellement cette disposition de toute sa substance en proposant une version révisée qui indiquerait seulement que le gouvernement doit se conformer au Règlement.
J'encouragerais donc le Comité à pencher du côté d'un critère parlementaire rigoureux en rejetant cet amendement pour ensuite débattre en profondeur de la solution de rechange que nous voudrions proposer.
Merci.
:
Pour que les choses soient bien claires, il n'y a de ce côté‑ci aucune intention de contourner quelque règle que ce soit pour éviter qu'une telle chose puisse se produire. Nous nous interrogeons seulement...
La prorogation est un outil auquel différents gouvernements ont eu recours au fil des ans, alors que la dissolution est l'occasion pour les Canadiens et les Canadiennes de s'exprimer. Lorsque le Parlement est dissous, nous essayons d'éviter de nous livrer à certaines activités. Le gouvernement en devient alors un de transition, une façon de faire que nous devrions tous respecter, parce qu'elle est au cœur du processus parlementaire.
Il faudrait que l'on m'explique en quoi cette activité diffère totalement du reste du travail accompli par le Parlement. Personne n'a réussi à me le démontrer jusqu'à maintenant. Il s'agit d'un travail important, mais il en va de même de toutes les autres activités du Parlement. Il faudrait que l'on nous indique en quoi cette activité est particulière et se distingue des mesures législatives pouvant émaner d'un député, du parti ministériel, du Sénat ou du gouvernement, en quoi ce rapport est différent de tous les autres qui sont déposés par le gouvernement en réponse à des comités qui sont tout aussi importants que le nôtre. J'estime qu'il est nécessaire de présenter une justification en ce sens, car on accorde à tort la préséance à cette activité, au détriment du travail des autres comités et des autres groupes parlementaires.
Si une telle justification peut être présentée, je vais y prêter une oreille attentive, mais je ne crois pas que cela ait déjà été fait. C'est pour cette raison que j'estime préférable d'accorder la préséance au Règlement et de traiter le tout de la même manière que le reste du travail parlementaire que nous accomplissons au quotidien.
Nous jugeons très problématique le délai de 40 jours que l'on souhaite imposer. Des représentants du gouvernement nous ont indiqué que cela leur causerait des difficultés. J'estime que nos fonctionnaires ont droit à tout notre respect et que nous devrions les écouter, d'autant plus que la norme est fixée à 120 jours.
D'une manière générale, nous croyons qu'il convient de se conformer au Règlement, car c'est ce que font tous les comités et tous les parlementaires, et j'estime simplement que le gouvernement et le Parlement fonctionnent mieux de cette manière.
:
Mon commentaire se voulait léger, monsieur Oliphant. Il est clair que j'ai raté mon coup.
Le fait est que ce projet de loi est conçu pour durer dans le temps. Il est conçu pour obliger les gouvernements de toutes allégeances à respecter les exigences de responsabilité associées à ce déclencheur parlementaire. Je pense que c'est important.
En ce qui concerne les 40 jours, j'aimerais à nouveau proposer un amendement pour rectifier le tir, si je le peux.
Quant à la question de savoir quelle est la différence entre notre travail et celui d'autres comités, je serais très ouvert à l'idée d'avoir une discussion approfondie sur le renforcement de l'obligation pour le gouvernement de fournir une réponse. Trop souvent, le gouvernement répond aux rapports des comités qu'il « prend note de la recommandation ». La réponse du gouvernement ne devrait pas se limiter à « oui, nous l'avons lue, nous allons y réfléchir ». Il devrait fournir une réponse plus étoffée. Dans ce cas particulier, si l'amendement est rejeté, cette disposition renforcera cette exigence.
On pourrait faire valoir que cela pourrait s'appliquer dans d'autres cas aussi, mais il n'y a aucune raison de ne pas le faire dans ce cas‑ci. Si nous vidons cette disposition de sa substance, comme cela est proposé, ce sera le retour à la case départ, et le gouvernement pourra simplement dire qu'il prend note des recommandations d'un comité.
C'est très bien, mais nous pensons qu'il est important, pour assurer une véritable responsabilité, qu'il existe un mécanisme parlementaire assorti de sanctions, comme cela se voit ailleurs, aux États-Unis, par exemple. Ainsi, si le Parlement estime qu'il est suffisamment important de dire que telle personne devrait être sanctionnée, le gouvernement devrait fournir une réponse afin d'expliquer pourquoi il a pris telle ou telle décision. Il devrait être tenu de fournir une réponse. Il ne pourrait pas l'éviter, même en cas de prorogation. Je pense qu'il s'agit là d'un véritable mécanisme de contrôle du gouvernement. Je pense que les députés le trouveront utile, quel que soit le ministre ou le gouvernement visé.
:
Si je peux me permettre, votre question porte‑t‑elle bien sur les sanctions et leur évaluation? Je vois que oui.
Comme vous le savez, les usages diffèrent d'un pays à l'autre, et l'assise juridique de ces usages influencera la façon dont chacun abordera les sanctions.
Au Royaume-Uni, il semble y avoir beaucoup de discussions au Parlement, mais les comités parlementaires en tant que tels utilisent simplement les moyens habituels pour exprimer leurs points de vue au gouvernement, puis le gouvernement y répond.
Aux États-Unis, la répartition des pouvoirs est très différente à ce chapitre. Différentes parties peuvent présenter des projets de loi au Congrès, de sorte que les discussions y varient considérablement. Au fil des ans, on observe que les décisions en matière de sanctions sont souvent prises par décret présidentiel.
Au sein de l'UE, les différents niveaux d'intervention et de compétences compliquent les choses, si l'on peut dire, et les responsabilités en matière de sanctions prennent une autre forme. La Commission européenne s'occupe des affaires extérieures, et l'Union européenne elle-même a son rôle à jouer, mais les États membres jouent un rôle important aussi. Ces derniers doivent soumettre des propositions à la discussion. Ces propositions sont soumises à différents comités de l'UE, étant donné que différents éléments commerciaux peuvent relever de différents comités. Les discussions sont donc plus complexes parce qu'il y a de nombreux membres au sein de l'UE et qu'ils doivent parvenir à un consensus. Il doit donc d'abord y avoir consensus au sein de tous ces comités, et de là découlent les recommandations et les décisions.
Une fois des sanctions adoptées, leur application relève des États membres. Ce sont les États membres eux-mêmes qui doivent mettre en place les sanctions ou les mesures d'application sur leur territoire.
Voilà un aperçu général de ce que font nos principaux partenaires aux vues similaires en matière de sanctions autonomes.
:
Pour la mise en oeuvre, en effet, il incombe à chaque État membre de décider de la façon dont se fera la coordination. S'il y a deux niveaux de coordination, les deux pays s'entendront entre eux.
Vous avez également évoqué la coordination entre les pays dans les discussions internationales. Il y a également là de la coordination qui doit se faire, ce qui peut prendre beaucoup de temps... Comme vous le savez, les sanctions sont plus efficaces lorsque nous agissons ensemble. Nous essayons donc d'avoir des discussions afin de travailler ensemble pour défendre nos intérêts communs.
Dans ce cas, il pourrait y avoir des discussions internationales entre le Canada, les États-Unis, les membres de l'UE, etc., puis les membres de l'UE se réuniraient pour décider de la meilleure option pour eux, tout comme nous le ferions au Canada, entre ministères, pour décider de la meilleure option pour le Canada.
Ces différentes discussions prennent du temps, en effet.
Je pense que c'est une excellente idée, si tout le monde est d'accord. Cependant, comme vous le savez, il y a une marche à suivre pour l'adoption de cette motion.
Y a‑t‑il consentement unanime pour adopter le rapport sur notre voyage?
(La motion est adoptée.)
Le président: C'est parfait.
Sommes-nous d'accord avec le titre « Le rappel au réel : Le monde après le 24 février 2022 »?
Des députés: D'accord.
Le président: C'est parfait.
Ensuite, il faudrait que le président, la greffière et les analystes soient autorisés à apporter les modifications grammaticales et rédactionnelles nécessaires sans modifier le fond du rapport.
Est‑ce que tout le monde est d'accord?
Des députés: D'accord.
Le président: C'est excellent.
Conformément à l'article 109 du Règlement, le Comité demande que le président présente le rapport à la Chambre et que le gouvernement dépose une réponse globale à ce rapport.
Des députés: D'accord.
Le président: C'est parfait.
D'accord, c'est très bien.
Je voulais juste souligner...