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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous.
Bienvenue à la quinzième réunion du Comité permanent de l’industrie et de la technologie de la Chambre des communes. Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 1er mars 2022, le Comité se réunit pour étudier l’informatique quantique.
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous forme hybride, conformément à l’ordre adopté par la Chambre des communes le jeudi 25 novembre 2021. Les députés peuvent y participer en personne ou par l’application Zoom. Je rappelle à tous ceux et à toutes celles qui sont dans la salle qu’ils doivent respecter les règles sanitaires en vigueur, qu’ils connaissent bien.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins et je les remercie d'être avec nous aujourd'hui. Je suis désolé du petit retard. Avant de commencer, je leur demanderais de s'assurer que leur micro est à la bonne hauteur.
Nous recevons Mme Anne Broadbent, professeure et titulaire de la Chaire de recherche de l'Université en traitement de l’information et cryptographie quantiques, au Département de mathématiques et de statistique à l’Université d’Ottawa, à titre personnel; M. Edward McCauley, président et vice-chancelier à l’Université de Calgary; M. Andrew Fursman, cofondateur et président-directeur général chez 1QB Information Technologies; et Mme Stephanie Simmons, fondatrice et directrice en chef de quantique chez Photonic.
Nous recevrons probablement M. Luc Sirois, du Conseil de l’innovation du Québec.
Un peu plus tard, si elle parvient à se connecter, nous recevrons aussi Mme Allison Schwartz, vice-présidente, Affaires publiques et relations gouvernementales mondiales, de D‑Wave Systems.
Madame Broadbent, vous avez la parole pour à peu près six minutes.
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Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à participer à cette rencontre.
Je suis très heureuse de contribuer à votre étude importante sur l’informatique quantique nationale, sur la rétention de nos talents et sur nos avantages concurrentiels.
Je m’appelle Anne Broadbent. Je suis titulaire de la Chaire de recherche de l’Université en traitement de l’information et cryptographie quantiques au Département de mathématiques et de statistique, à l'Université d'Ottawa. Je suis fière de dire que mon parcours universitaire est cent pour cent canadien.
Mes recherches portent sur la conception de nouveaux protocoles de sécurité qui tirent parti de l’information quantique pour obtenir de nouvelles fonctionnalités. Je suis reconnue à l’échelle mondiale pour le rôle que j'ai joué dans l’invention du calcul quantique à l’aveugle, qui est une méthode sécuritaire pour le calcul sur Internet quantique.
[Traduction]
Quand j'ai commencé mes études supérieures, il y a 20 ans, le Canada était l'endroit par excellence pour tout ce qui touche la quantique. Nous sommes toujours un chef de file mondial, mais de nombreux pays nous talonnent.
Gilles Brassard, de l'Université de Montréal, est le plus éminent pionnier canadien de l'information quantique et j'ai eu la chance de l'avoir eu comme professeur au doctorat. Les recherches qu'il a menées dans les années 1980 en cryptographie quantique et en téléportation sont la base de pratiquement toutes les percées réalisées au cours de l'évolution de la quantique. Il a récemment reçu le Prix Wolf, qui est généralement un précurseur du prix Nobel.
Au cours des 10 dernières années, le paysage quantique a évolué à un rythme incroyable. C'est une occasion en or que le Canada doit saisir. Avec l'avènement des mégadonnées, de l'Internet des objets, de la 5G, de l'apprentissage automatique et du commerce électronique, le virage numérique touche pratiquement tous les secteurs et la quantique présente plusieurs défis socioéconomiques mondiaux.
Selon la firme de recherche Gartner, d'ici 2023, 20 % des organisations disposeront d'une enveloppe budgétaire dédiée à l'informatique quantique, comparativement à 1 % en 2018. En 2045, l'industrie quantique devrait représenter 140 milliards de dollars, près de 210 000 emplois et des retombées de 42,3 milliards de dollars.
Le Canada contribue déjà à cette croissance. Notre pays possède un écosystème quantique dynamique regroupant des entreprises quantiques à croissance rapide, ainsi que des universités et des instituts de recherche qui ont à cœur de repousser les limites de la recherche quantique. Avec plus de 50 professeurs en poste dans la région, l'Université d'Ottawa est reconnue dans le monde entier pour ses recherches dans les domaines des communications quantiques, de la détection et de la cryptographie.
Au pôle de l'Université d'Ottawa en cybersécurité, nous facilitons la transition vers un commerce électronique qui sera sécuritaire à l'ère des ordinateurs quantiques. À mon avis, c'est dans ce domaine que l'impact de la quantique est probablement le plus fort et touche toutes les industries canadiennes évoluant dans le cyberespace. L'Université d'Ottawa travaille aussi en partenariat avec plusieurs entreprises quantiques très intéressantes, comme Xanadu, qui a son siège social à Toronto, dont on a déjà parlé ici.
Comme dans d'autres secteurs technologiques du Canada, les entreprises et les talents en informatique quantique sont cependant confrontés à un choix difficile: rester au Canada ou partir dans des pays concurrents. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne, les Pays-Bas, la France, l'Allemagne et la Chine se sont tous dotés de stratégies quantiques agressives. Les Pays-Bas, par exemple, ont créé une organisation nationale qui sert de point de connexion entre tout ce qui relève de la quantique. Un programme quantique est même à l'essai pour trouver des solutions en matière de garde d'enfants.
Dans ce contexte de concurrence mondiale, nous perdons des talents au profit d'entreprises étrangères qui offrent d'excellents salaires. Les universités perdent des talents hautement qualifiés attirés par des possibilités plus intéressantes à l'extérieur du Canada.
[Français]
Que cela signifie-t-il pour un membre du corps professoral comme moi et pour le milieu universitaire en général?
En tant que professeure au Département de mathématiques et de statistique, c'est mon travail d'enseigner aux étudiants et aux étudiantes de tous les niveaux en sciences et en génie l'art de la pensée logique, de la résolution de problèmes et de la communication scientifique. Il s'agit des fondations de leurs disciplines et de leurs carrières.
[Traduction]
Les découvertes scientifiques d'aujourd'hui mènent à l'innovation de demain.
Les universités ont une responsabilité en tant que piliers de l'écosystème et elles ont un urgent besoin en matière de compétences et de développement. Nous avons besoin d'un plus grand nombre de professeurs capables de créer des environnements de recherche de pointe dans de nombreuses disciplines, notamment l'informatique, les mathématiques, le génie et la physique, de même que les sciences sociales et le droit.
Les établissements d'enseignement postsecondaire sont le fer de lance des initiatives de recherche et d'innovation alignées sur les besoins de l'industrie et sur l'application des innovations et des produits dérivés de la recherche à des produits et des entreprises en démarrage. Nos institutions forment des entrepreneurs et, comme le confirme mon expérience, les entreprises quantiques de toutes les formes et de toutes les tailles comptent sur le bassin de connaissances et de talents des universités.
À votre dernière réunion, vous avez eu des échanges intéressants sur la nécessité d'attirer, de retenir et de former des talents. J'aimerais y ajouter la perspective de la diversité. C'est un privilège pour moi d'être une femme dans l'univers quantique du Canada. Je tiens à le souligner, parce qu'il se crée immédiatement un esprit de camaraderie au sein du petit groupe de femmes extraordinaires et brillantes qui travaillent dans ce domaine. L'équité, la diversité et l'inclusion sont reconnues comme étant des catalyseurs de l'innovation et le Canada pourrait en bénéficier s'il faisait plus d'efforts dans ce domaine.
En conclusion, je crois fermement que le gouvernement du Canada doit continuer à financer la recherche quantique globale et son bassin de talents s'il veut renforcer sa position sur l'échiquier mondial.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui. En terminant, j'invite chaleureusement les membres du Comité à venir à l'Université d'Ottawa rencontrer personnellement certains des talents de la prochaine génération et voir la recherche à l'oeuvre.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant ce comité parlementaire aujourd'hui.
[Traduction]
L'informatique quantique et, de manière plus générale, les applications de la science quantique sont extrêmement importantes pour la prospérité économique du Canada à court et à long terme. Nous occupons une place enviable dans le monde dans ces domaines, mais de nombreux pays investissent massivement dans la recherche quantique. Le gouvernement du Canada devrait y voir là un signal clair quant aux répercussions que cela pourrait avoir sur notre croissance économique et notre prospérité immédiates et futures.
J'ai trois demandes à soumettre à l'examen du Comité. La première, c'est de continuer à investir dans la Stratégie quantique du Canada actuellement mise en œuvre par ISDE. Nous devons soutenir le développement de talents, en misant surtout sur les étudiants des cycles supérieurs, et nous devons aussi attirer des talents, faute de quoi nous affaiblirons notre compétitivité. Partout dans le monde, des pays investissent des milliards, voire des billions de dollars dans la science et des initiatives quantiques. Le Canada a investi dans le passé, mais il s'agissait surtout d'investissements ponctuels. La Stratégie quantique du Canada est un moyen de mieux coordonner l'investissement national.
Ma deuxième demande est d'appuyer des initiatives lancées à la grandeur du pays et non seulement dans les régions, et ce, pour des raisons très simples. Pour que toutes les régions du Canada en profitent, nous devons fournir des applications aux secteurs industriels. Il est souvent plus facile de mettre au point ces applications dans le cadre de collaborations entre les universités et les industries. Il s'agit souvent de collaborations régionales visant à répondre aux besoins de l'industrie. Nous devons réfléchir au rôle que peuvent jouer les régions dans le développement d'applications pour divers secteurs industriels, comme l'énergie, l'agriculture, le transport et la logistique. En tant que pays dont 70 % des entreprises sont des PME, les collaborations locales sont importantes. Les universités servent de carrefours pour stimuler la création d'entreprises quantiques, en fournissant un accès aux machines et aux talents. Elles collaborent ensuite les unes avec les autres à la grandeur du pays à la création d'un écosystème.
Ma troisième demande, c'est de ne pas viser l'impossible. La concurrence est internationale. Nous devons identifier les domaines où nous jouissons d'un avantage concurrentiel et miser sur cette force — comme le stockage de l'information quantique, la sécurité quantique, le transfert d'information et, bien entendu, l'informatique quantique.
L'Université de Calgary est fière de son importante contribution à l'écosystème quantique. Nous avons une vaste expertise dans le domaine de la cybersécurité quantique et nous bâtissons la prochaine génération de l'Internet quantique capable de transmettre de l'information sécurisée. Nous avons de l'expertise dans le stockage de l'information quantique et nous construisons un important laboratoire de prototypage et de fabrication répondant aux besoins de l'industrie. Enfin, nous avons de l'expertise dans les domaines des algorithmes et des applications quantiques.
La vision de l'Université de Calgary est de faire de Calgary une ville quantique. Nous avons attiré Mphasis, l'un des fournisseurs les plus importants au monde de matériel informatique, qui a établi son siège social ici et compte 1 000 employés. L'entreprise travaille en partenariat avec l'Université de Calgary au développement d'applications quantiques dans divers domaines, comme la santé, les finances, le commerce, l'énergie, l'agriculture, le transport et la logistique.
L'Université de Calgary apporte également une importante contribution dans les régions dotées d'une masse critique de chercheurs. Pardonnez ce jeu de mots, mais je dirais qu'il y a une intrication de chercheurs quantiques à la grandeur du Canada. L'Université de Calgary collabore à des projets importants avec l'Université de Sherbrooke et l'Université de Waterloo, entre autres.
En terminant, je tiens à souligner que notre université a beaucoup de raisons de s'enorgueillir. Cette année, elle s'est classée parmi les cinq meilleures universités de recherche au pays, avec l'Université de Toronto, l'Université McGill, l'Université de la Colombie-Britannique et l'Université de Montréal, sur la base de nos revenus de recherche totalisant 504 millions de dollars. Notre université est la plus jeune du groupe U15 à obtenir cette reconnaissance. Elle s'est également classée au premier rang au pays pour ce qui est de la création de jeunes pousses, devant l'Université de Toronto et l'Université de Waterloo. Ce sont là des résultats quantitatifs qui ont été vérifiés en fonction de données et non d'une interprétation subjective.
Je vous remercie de votre attention.
[Français]
Si vous le désirez, vous pouvez me poser vos questions en français. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Je vous remercie de m'avoir invité à vous faire part de mon expérience.
Je m'appelle Andrew Fursman et je suis président-directeur général de 1QBit. Nous sommes une entreprise canadienne qui adopte une approche principalement axée sur les logiciels quantiques. Contrairement aux nombreuses entreprises qui ont adopté une approche avant tout axée sur les qubits quantiques — notamment sur la photonique, les pièges à ions ou les technologies des supraconducteurs, en combinant généralement l'expertise de leurs fondateurs et en développant ensuite les meilleurs appareils possible —, 1QBit part d'un besoin industriel à combler. Nous concevons de nouveaux algorithmes qui serviront à résoudre les problèmes particuliers de l'industrie et nous choisissons ensuite la technologie quantique la mieux adaptée pour trouver la réponse à ces problèmes, en nous basant généralement sur des faits.
Nous savons que la valeur d'un ordinateur n'a d'égale que celle des problèmes qu'il résout. C'est pourquoi nous collaborons avec des constructeurs de matériel pour nous assurer que leurs appareils sont conçus et optimisés pour résoudre des problèmes précis et importants.
À titre d'information, j'ai étudié l'économie à l'Université de Waterloo, les sciences politiques et la philosophie à l'Université de la Colombie-Britannique, le génie financier à Standford et à Hong Kong et je suis aussi membre de la faculté de la Singularity University, dans la Silicon Valley, où je me concentre sur l'informatique avancée.
J'ai également fondé Satellogic, une entreprise cotée au Nasdaq qui nous permet de placer un grand nombre de petits satellites dans une orbite basse aux fins d'observation de la terre. Je suis le fondateur de Minor Capital, qui investit dans des entreprises de haute technologie de la Colombie-Britannique, dont General Fusion, D‑Wave et Kindred. Je suis également conseiller auprès de Cambium Capital, qui se spécialise dans l'informatique avancée et investit dans des compagnies comme IonQ et Seeqc, dans l'univers quantique, et dans Groq, dans l'univers de l'IA. Je suis conseiller auprès du Fonds d'investissement en technologie profonde de l'OTAN. Je suis également président du conseil d'administration de Mitacs ainsi que membre du conseil du Forum économique mondial sur l'avenir de l'informatique.
J'ai étudié et investi dans de nombreuses technologies profondes. J'ai beaucoup appris, j'ai bénéficié de retombées substantielles et je suis ravi de vous faire part de quelques idées aujourd'hui.
Permettez-moi d'abord faire deux observations. La première, c'est que l'informatique quantique est une industrie importante pour l'avenir du Canada. La deuxième, c'est que l'informatique quantique n'est pas encore utile sur le plan industriel. Ces deux domaines ne sont pas compatibles. Il y a beaucoup d'engouement en ce moment pour les technologies et l'informatique quantiques en raison du potentiel transformateur d'une nouvelle forme de traitement de l'information.
L'informatique quantique est la première révolution à survenir dans le domaine de la quantique et elle est en plein développement. Cependant, comme elle ne peut pas encore faire concurrence aux ordinateurs classiques, il est difficile de mobiliser un soutien politique à l'égard de cette industrie naissante. Le fait qu'elle soit naissante est justement l'un des arguments économiques les plus solides pour solliciter un investissement gouvernemental.
Il est important de comprendre qu'il n'est pas très utile de faire l'acquisition d'ordinateurs quantiques dans leur état actuel pour renforcer les capacités quantiques nationales. Je vais vous expliquer pourquoi afin que vous soyez mieux en mesure de déterminer comment le gouvernement peut se rendre plus utile.
À Satellogic, nous envisagions, au départ, une constellation de centaines de satellites travaillant ensemble, mais nous avons réussi à lancer qu'un petit nombre de satellites. Pris isolément, les satellites sont moins utiles qu'une constellation complète, mais chacun d'eux est tout de même capable de fournir une valeur, en observant la terre, mais revisitant chaque recoin moins souvent qu'une constellation complète.
L'informatique quantique est un peu différente. Elle est à un stade de développement moins avancé. Nous ne sommes pas en train de construire de petits ordinateurs quantiques utiles qui deviendront un jour de gros ordinateurs quantiques. Nous sommes encore en train d'échafauder la théorie et les composantes qui deviendront un jour les plus petits ordinateurs quantiques utiles qui soient. La moitié d'un ordinateur quantique se compose en fait d'une pile de qubits. C'est comme une clôture qui n'entourerait que la moitié d'une ferme. Une demi-constellation de satellites est deux fois moins utile qu'une constellation complète, mais une demi-clôture n'est pas plus utile que pas de clôture du tout. Comme chaque clôture équivaut pour ainsi dire à une demi-clôture, elle n'a pas de valeur réelle tant qu'elle ne sera pas complète.
À cause des idées fausses qui circulent sur le stade de développement de l'informatique quantique, les gouvernements essaient souvent, dans leur volonté de soutenir l'industrie quantique naissante, d'encourager la consommation nationale d'ordinateurs quantiques dans leur état actuel. Cela équivaut à demander à des agriculteurs d'installer des demi-clôtures autour de leurs champs.
Les ordinateurs quantiques ne sont pas encore utiles pour l'industrie et ne le seront pas avant quelques années. Pour reconnaître les réalités des industries naissantes et faciliter leur incubation, les gouvernements devraient s'abstenir d'encourager l'adoption de demi-solutions, mais encourager plutôt le développement à long terme de systèmes quantiques complets au Canada, notamment le développement de talents, la conception de logiciels et d'architectures et le recours à des méthodes de contrôle et de fabrication.
Inciter les utilisateurs industriels à acheter des ordinateurs quantiques aujourd'hui, c'est comme inciter des agriculteurs à acheter des demi-clôtures.
S'ils souhaitent vraiment soutenir l'industrie quantique naissante, les gouvernements doivent savoir que l'objectif actuel de notre industrie est de rendre les ordinateurs quantiques meilleurs que les ordinateurs classiques pour accomplir n'importe quelle tâche pouvant être utilisée par l'industrie.
D'ici là, nous avons besoin d'un financement direct constant et prévisible dans le développement de la technologie, comme cela se fait actuellement de manière extraordinaire au Québec — l'établissement d'une zone d'innovation quantique autour de Sherbrooke — et dans bien d'autres régions du monde. Cet investissement direct aiderait les entreprises technologiques canadiennes à traverser les cycles d'engouement et les cycles d'activité au cours de la prochaine décennie et de se concentrer sur la construction d'une véritable technologie à long terme au lieu de susciter cette absurde frénésie de marketing. Cela aiderait aussi le Canada à incuber cette industrie quantique naissante jusqu'à ce que les ordinateurs quantiques commencent à faire concurrence aux ordinateurs classiques en apportant une véritable valeur industrielle.
Pour reprendre les mots de Ray Laflamme au début de la semaine, l'informatique quantique avance, mais à la vitesse d'un marathon et non à celle d'un sprint.
J'espère que la Stratégie quantique nationale du Canada nous permettra de gagner la partie, pas seulement une manche.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps aujourd'hui et j'ai hâte de discuter avec vous.
Merci.
:
Au nom de D‑Wave Systems Inc., je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité. Puis‑je vous demander que la version écrite de mon exposé soit versée au compte rendu dans son intégralité?
Le contexte est le suivant: D‑Wave est un chef de file de la mise en œuvre et de la fourniture de systèmes, de logiciels et de services informatiques quantiques, et le premier fournisseur commercial d'ordinateurs quantiques au monde. D‑Wave, dont le siège social et le centre d'excellence en ingénierie quantique sont situés près de Vancouver, est fermement résolue à préserver le leadership mondial du Canada en informatique quantique.
L'informatique quantique représente une industrie importante. Nous sommes heureux de l'attention qu'elle reçoit de la part du gouvernement et nous nous réjouissons à l'idée de soutenir les travaux du Comité.
D‑Wave est un fournisseur complet dans ce domaine, ce qui signifie que notre technologie, nos produits et nos services comprennent du matériel, du logiciel, une plateforme infonuagique, des services professionnels, des outils de développeurs et plus encore. D‑Wave est la seule entreprise à fabriquer des ordinateurs à recuit quantique et des ordinateurs de modèle de porte quantique et, à ce titre, le caractère « agnostique » de notre approche permet d'obtenir une vision globale de l'industrie.
L'informatique quantique est intrinsèquement liée à une variété de disciplines et touche à de nombreuses technologies différentes. Cette exigence de profondeur et d'étendue guide notre première recommandation, l'inclusivité. L'inclusivité des disciplines et de l'accès, de même que l'intégration à différentes technologies.
Nous recommandons que la participation du milieu canadien de la recherche à l'informatique quantique soit multidisciplinaire. L'écosystème quantique a besoin d'une main-d'œuvre dont les compétences variées couvrent aussi bien le génie, la cryogénie et la création de logiciels que la stratégie opérationnelle. On oublie souvent que pour réussir, les utilisateurs doivent mettre à profit leurs compétences existantes dans une diversité de sciences, théoriques ou appliquées, pour s'assurer que la valeur commerciale de l'informatique quantique est débloquée.
L'accès à la technologie de l'informatique quantique dans le nuage est un outil clé supplémentaire pour promouvoir une utilisation diversifiée de la technologie.
Il faudrait créer un programme fédéral pour faciliter l'accès de l'utilisateur à l'informatique quantique en infonuagique. Les États-Unis travaillent à la création d'un programme similaire d'accès utilisateur appelé QUEST, qui vise à élargir l'accès au matériel quantique et à améliorer la recherche grâce à un programme financé par le gouvernement.
Le Canada devrait envisager la mise en œuvre d'un programme similaire, mais nous recommandons d'aller plus loin en y intégrant un programme national de formation en informatique quantique qui pourrait servir de point d'ancrage au développement de la main-d'œuvre en incitant des entreprises comme D‑Wave et d'autres à offrir une formation portant sur leurs propres technologies. Le programme pourrait être ouvert aux étudiants, aux chercheurs, aux fonctionnaires ainsi qu'à l'industrie, en vue d'accélérer la maîtrise de l'informatique quantique. Il pourrait facilement être mis sur pied en 2022 sous forme de projet pilote et par l'entremise d'organisations existantes comme la Supergrappe des technologies numériques, le Quantum Algorithm Institute et le Creative Destruction Lab, qui entretiennent toutes des relations avec l'industrie, les gouvernements, les utilisateurs finaux et les universités.
Comme l'a souligné ISDE dans son récent rapport de consultation, le gouvernement doit offrir son soutien à l'informatique quantique hybride. Cette idée a également été mise en évidence au Royaume-Uni.
L'informatique classique fera sans doute toujours partie de la solution à de nombreux problèmes, mais les ordinateurs quantiques sont souvent mieux adaptés pour résoudre les parties les plus complexes de ces problèmes. Par exemple, les solveurs hybrides des services de nuage quantique de D‑Wave combinent le meilleur des technologies d'informatique classique et quantique.
Le gouvernement devrait concevoir l'informatique quantique d'une manière globale et tenir compte du fait que la technologie de l'informatique quantique sera vraisemblablement intégrée dans une variété d'autres technologies. Un exemple de projet serait de construire un centre national de données de calcul à haute performance intégré à l'informatique quantique.
Enfin, il existe un réel besoin de mettre de l'avant les capacités des systèmes quantiques actuels. D‑Wave offre une valeur ajoutée à ses clients grâce à des applications quantiques pratiques permettant de régler des problèmes dans des domaines aussi divers que la logistique, l'intelligence artificielle, la découverte de médicaments et la modélisation financière pour des entreprises comme Volkswagen, Lockheed Martin et même Save‑On‑Foods, ici même au Canada, pour l'optimisation de l'épicerie.
En septembre 2020, nous avons lancé sur le marché notre système quantique Advantage qui comprend une capacité de plus de 5 000 qubits et un service de solveur hybride étendu, capable d'exécuter des problèmes comportant jusqu'à un million de variables. Cette combinaison donne aux entreprises et aux gouvernements la capacité d'exécuter des applications quantiques en production et de s'attaquer à des problèmes complexes et réels. Malgré tout cela, la première question que nous entendons souvent est: « Que peut faire la technologie aujourd'hui? »
Chaque système a des capacités qui lui sont propres. Nos ordinateurs de recuit quantiques sont les mieux adaptés pour résoudre des problèmes d'optimisation, tandis que les systèmes à modèle de porte sont conçus pour résoudre des problèmes de chimie quantique et de conception de matériaux. Nous ne sommes qu'une voix qui tente de mettre en avant l'art du possible.
Un programme gouvernemental dédié, comme la création d'un bac à sable, qui appuie le développement rapide d'applications à court terme, en accélérera l'innovation, l'adoption et la commercialisation.
D'autres gouvernements se concentrent déjà sur le développement d'applications. Aux États-Unis, un comité consultatif présidentiel a recommandé un bac à sable quantique pour la résilience des communications. L'armée australienne étudie des applications quantiques pour optimiser son système de transport. Le Japon a mis à l'essai une application pour optimiser le ramassage des déchets, tout en réduisant les émissions de CO2 de près de 60 %.
L'Information Technology and Innovation Foundation a publié un rapport mettant en évidence les applications quantiques à court terme et présenté de nombreux exemples d'utilisation dans diverses industries dans le monde.
Comme nous avons pu l'entendre lors des discussions de la table ronde d'ISDE, il est nécessaire d'entretenir un écosystème quantique au Canada et d'intensifier l'activité commerciale quantique. Le bac à sable quantique répondrait directement à cette recommandation.
En conclusion, il est nécessaire d'agir rapidement sur plusieurs fronts. Les efforts fédéraux devraient inclure toutes les technologies, intégrer de nombreuses disciplines, soutenir l'accès aux systèmes infonuagiques et à la formation en ligne et créer un bac à sable quantique pour accélérer la commercialisation. Tous ces efforts devraient s'ajouter à la promotion continue des avancées à plus long terme de la R‑D en matière d'informatique quantique.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps aujourd'hui, et je répondrai volontiers à vos questions.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour. Je vous remercie d'avoir invité Photonic Inc. à contribuer à votre étude.
Je m'appelle Stephanie Simmons, et je suis fondatrice et directrice en chef de quantique de Photonic. J'ai étudié l'informatique et les mathématiques à l'IIQ de Waterloo, les sciences des matériaux à Oxford et à la School of Electrical Engineering à l'Université New South Wales. Je suis ici en tant que professeure agrégée de physique à l'Université Simon Fraser. Je suis également titulaire d'une bourse de l'ICRA, titulaire d'une chaire de recherche du Canada et lauréate du programme Top 40 under 40 du Canada.
À ma connaissance, je suis la seule Canadienne à avoir été nommée deux fois au classement Top 10 breakthroughs of the year, de Physic World, en 2013 et en 2015, les deux fois pour mes percées en informatique quantique, qui ont été couvertes par le New York Times, Wired, la BBC, la CBC et d'autres médias.
Photonic Inc. est une entreprise à participation majoritaire canadienne, fondée en 2016 pour ce qui est de l'IP, et entrée en service en 2021. Nous avons attiré de nombreux talents de haut calibre et comptons maintenant plus de 60 employés à temps plein dans le Grand Vancouver, dans quatre provinces canadiennes et dans de nombreux pays.
Nous travaillons en mode furtif. Nous ne dévoilons ni notre financement, ni notre feuille de route, ni notre rythme de progression, mais ce que nous pouvons dire, c'est que notre technologie est basée sur les interfaces spin-photon qui permettent la modularité des processeurs et des réseaux quantiques, ainsi que l'évolutivité des grades de silicium.
Les rencontres précédentes de votre comité sur la quantique ont été fascinantes. J'adhère à presque tout ce qui a été dit, mais j'ai des réserves sur de nombreux points clés.
À l'instar des groupes d'experts précédents, je dirais que prédire l'impact des technologies quantiques aujourd'hui, c'est un peu comme prédire l'ampleur de deux événements antérieurs qui ont donné lieu à la commercialisation d'une branche de la physique, la première, du transistor à semi-conducteurs, en 1945, et la deuxième, de la fission nucléaire, en 1939.
Bien que les détails soient difficiles à prévoir, je dirais qu'après leur adoption, les technologies transformatrices suivent des parcours assez réguliers. Après leur incubation dans le milieu universitaire pendant des décennies, il se produit un changement, une prolifération massive de l'activité entrepreneuriale autour de nombreuses approches distinctes, avant l'émergence d'un modèle dominant. C'est un moment clé, après quoi il y a une perte importante de talents et une consolidation massive de l'activité dans un petit groupe de gagnants. Nous croyons que le modèle quantique dominant n'existe pas encore, mais qu'il émergera au cours des prochaines années.
En accord avec les groupes d'experts précédents, je dirais que le Canada doit se fixer comme objectif d'être le pays d'accueil de ces gagnants. Je pense aussi qu'il peut être risqué de choisir des gagnants avant même l'émergence d'un modèle dominant, mais qu'il est encore plus risqué d'attendre. Sous l'angle de la cybersécurité, les technologies quantiques seront initialement considérées comme un véritable défi. En gros, si nous ne défendons pas efficacement notre infrastructure de cybersécurité dès maintenant, l'avènement d'un ordinateur quantique pourrait être vu comme l'équivalent de la bombe nucléaire sur le plan de la sécurité de l'information.
Les ordinateurs quantiques briseront la couche asymétrique du chiffrement moderne, appelé RSA. Le RSA est utilisé partout — dans les mots de passe, les communications en ligne, le système de paiement SWIFT, les procédures d'ouverture des d'infrastructures essentielles, les communications et les fichiers gouvernementaux et militaires, ainsi que dans les anciens codes qui ne sont plus pris en charge. Tout cela doit être remplacé.
Le problème est très asymétrique. Nous devons tout protéger, tandis qu'un adversaire n'a qu'à construire un seul ordinateur quantique capable de briser le RSA pour avoir un accès infini à toutes les communications modernes et stockées.
Les chercheurs travaillent depuis des décennies sur une solution potentielle à ce problème afin de renforcer la confiance dans un algorithme post-quantique de rechange. Je préconise vivement un développement intensif dans ce domaine, sous toutes les formes, parce qu'un échec coûterait terriblement cher. Personne ne sait si ces codes post-quantiques résisteront à une éventuelle attaque quantique, voire à une attaque informatique classique. J'espère sincèrement que oui, mais notre optimisme ne repose sur aucune preuve tangible. Trois des meilleurs candidats algorithmes post-quantiques ont échoué au cours des dernières années, dont un il y a quelques semaines à peine.
Nous pouvons espérer que tout ira pour le mieux, mais nous devons prévoir des solutions de rechange. Le Canada doit se doter de couches de protection multiples. En plus du RSA, nous pouvons ajouter une couche de protection à tous les systèmes de chiffrement post-quantiques qui sont normalisés dans les logiciels; les organisations adverses devront les briser pour pouvoir accéder au contenu. Cela nous fera gagner du temps. Quant aux infrastructures essentielles, je suggère que nous ajoutions des mesures de défense sûres durant la période de transition vers le chiffrement, par souci d'assurance. Il existe deux solutions de rechange éprouvées pour le RSA — le masque jetable et la distribution de clé quantique, ou QKD. La distribution de masques jetables peut débuter immédiatement à grande échelle. La deuxième, QKD, nécessite le développement ciblé de répéteurs quantiques et, dans le contexte canadien, cela veut dire qu'il faut des satellites quantiques.
Heureusement, cette infrastructure quantique est précisément ce dont nous aurons besoin pour le futur Internet quantique dans lequel nous pourrons déployer l'informatique quantique aveugle, à laquelle on a fait allusion ce matin, et qui offre des applications qui lui sont propres. Le Canada a une grosse décision à prendre à cet égard, de toute urgence. Nous devons remplacer toutes les protections RSA et décider quelles protections supplémentaires seront requises pour nos infrastructures essentielles. Cette décision est importante parce que son résultat déterminera également si nous serons un chef de file mondial dans la construction, le déploiement et l'exportation de la technologie qui fera émerger l'Internet quantique mondial.
Je ne suis pas d'accord avec les témoins précédents sur certains points importants. Le premier, ce sont les échelles de temps. L'histoire de la fission nucléaire est un bon exemple. En 1933, le plus éminent physicien nucléaire au monde, Rutherford, a tourné en ridicule la possibilité de tirer un jour de l'énergie des transmutations nucléaires. C'était l'idée dominante dans le milieu scientifique de l'époque; ce n'était peut-être pas impossible, mais cela n'arriverait pas avant 20 ou 30 ans. Cependant, il s'est écoulé à peine sept ans entre la démonstration de la fission nucléaire quelques années plus tard, en 1938, et la première explosion nucléaire. Cela démontre la force d'un modèle dominant et d'une mobilisation massive pour le mettre au point et le concrétiser. À Photonic, nous croyons que les technologies quantiques deviendront réalité beaucoup plus vite qu'on le pense.
Les retombées économiques ne seront pas réparties de manière égale. Nous sommes le pays de l'Avro Arrow, du réacteur CANDU, de Nortel, de BlackBerry et de Bombardier. Nous sommes le pays où a été déposé le premier brevet de transistor, 20 ans avant la première démonstration des Laboratoires Bell. Et qu'est‑il advenu tout cela?
De nombreuses technologies quantiques ont été inventées ici au Canada et ces exemples nous servent d'avertissement. Nous avons la possibilité de briser cette tendance consistant à inventer, sans toutefois en récolter les bénéfices.
J'ai six recommandations à faire. Je crois que mon temps de parole est écoulé, et je suis prête à céder le micro. Si vous le souhaitez, je peux résumer mes recommandations en deux minutes.
La première, c'est le talent. Je suis revenue au Canada pour lancer Photonic Inc., précisément à Vancouver qui offre une excellente qualité de vie, parce qu'en fin de compte, notre réussite ou notre échec dans cette course dépend des talents que nous attirerons ou que nous perdrons. Nous formons de nombreux talents, mais nous n'arrivons pas à les garder. Nous devons offrir aux professionnels des salaires comparables à ceux offerts ailleurs, qui sont 5 ou 10 fois plus élevés que le salaire moyen canadien. Les salaires augmenteront lorsque le modèle dominant émergera et que la pénurie de talents atteindra un sommet. Pour être concurrentielles sur le plan des salaires, les entreprises canadiennes ont besoin de revenus substantiels et non de petites subventions.
La deuxième, c'est l'offre. Il serait avisé de créer un fonds stratégique pour l'innovation quantique qui accepte les propositions de toutes les entreprises quantiques, même de celles qui ne génèrent pas encore de revenus. Il est encore plus important de laisser les entreprises participer à d'importants marchés publics ou à des marchés comme ceux lancés par la DARPA pour les missions spatiales. Il est urgent de conclure des contrats maintenant et d'investir dans de futurs processeurs afin d'accélérer la formation de talents à la grandeur du Canada et de bâtir l'infrastructure du réseau quantique, comme je l'ai déjà mentionné.
La troisième recommandation est celle‑ci. Le gouvernement doit faire preuve de diligence raisonnable et se doter d'une équipe quantique à temps plein afin de pouvoir faire l'acquisition de ces outils et éventuellement de les utiliser. En l'absence de marchés publics, l'industrie quantique canadienne au grand complet fuira vers d'autres pays qui ont fait preuve de diligence raisonnable et qui s'approvisionnent auprès de fournisseurs nationaux par le biais de ces équipes qui sont en train d'être mises sur pied aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Le gouvernement canadien n'a pas d'équipe à l'heure actuelle, ne serait‑ce que pour amorcer une discussion relative à ces marchés publics.
La quatrième concerne l'investissement dans la chaîne d'approvisionnement. D'autres pays peuvent freiner nos efforts, les contrecarrer ou y mettre fin en dominant les composantes de la chaîne d'approvisionnement quantique. Je peux vous recommander plusieurs types d'investissement dans la chaîne d'approvisionnement quantique afin de maintenir l'espoir d'une future souveraineté numérique.
La cinquième concerne l'espionnage industriel. Nous avons besoin d'un solide soutien et de l'infrastructure du CST et du SCRS pour toutes les entreprises de technologie quantique, notamment pour le filtrage du personnel et le renforcement de l'infrastructure de cybersécurité.
De plus, nous devons obliger toutes les universités à divulguer publiquement leurs contrats de recherche internationaux portant sur des questions de sécurité nationale comme celle‑ci. Il est facile pour les universités d'obtenir un financement largement supérieur aux normes de financement canadiennes, et ces contrats de recherche permettent à l'autre partie d'acheter le PI qui en résulte des universités canadiennes. Les contrats exigent en outre la confidentialité comme condition préalable au financement. Nous devons aider les entreprises à faire la transition au chiffrement post-quantique.
Sixièmement, l'ampleur de l'immigration et notre ouverture à celle‑ci comptent parmi les grandes forces du Canada; cependant, comme nous l'avons entendu à maintes reprises, le processus est beaucoup trop lent. Les programmes d'immigration accélérée mis en place au Canada dans les années 1990 sont, incidemment, presque les seuls à avoir favorisé le boom des télécommunications à Ottawa. Nous avons besoin du même genre de programmes pour la quantique. J'ai discuté avec certains des chercheurs quantiques plus éminents au monde. Oui, ils ont été formés au Canada, mais ils ont fini par partir parce que le processus d'obtention de la résidence permanente était trop difficile pour leurs familles. Ces gens veulent vivre ici. Ils veulent travailler dans la quantique ici. Proposez-leur des salaires intéressants et ils reviendront.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'exprimer mon point de vue et je vous en suis reconnaissante. J'ai hâte d'en discuter avec vous. Si vous êtes intéressés, je serais heureuse de poursuivre ces discussions en privé. Je vous remercie de votre attention.
Oui, je pense que les contrats d'approvisionnement sont importants, mais il faut avoir, au sein du gouvernement, une bonne équipe chargée de la diligence raisonnable. À l'heure actuelle, il n'y a pas d'équipe spécialisée dans la diligence raisonnable pour l'informatique quantique au sein du gouvernement, alors il ne sert à rien d'avoir des discussions sur l'approvisionnement, parce que le gouvernement n'a aucun moyen de s'y retrouver.
Je pense que nous devrions nous doter d'une infrastructure de réseaux quantiques pour assurer la sécurité des communications d'un océan à l'autre. Je pense que nous devrions acheter quelques-uns de ces ordinateurs pour que les étudiants puissent suivre une formation.
Pour ce qui est de la PI, je peux la mentionner de nouveau, mais je pense qu'il y a des choses qui peuvent être faites du point de vue de la politique pour insister pour que les contrats de recherche divulguent tous les mécanismes de financement. Il y a beaucoup de capitaux internationaux qui achètent de la PI au Canada en ce moment, et cela ne fait pas l'objet de discussions ouvertes. Nous devons également aider les entreprises dans la transition du chiffrement post-quantique.
Est‑ce que cela répond à votre question?
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Monsieur le président, c'est moi qui vais prendre la parole aujourd'hui, parce que je remplace M. Lemire.
Je suis heureux d'être ici. Je salue mes collègues ainsi que les témoins, et je remercie ces derniers d'être parmi nous aujourd'hui.
Mes premières questions s'adressent à M. McCauley.
Monsieur McCauley, je partage votre sentiment de fierté. Vous avez mentionné que l'Université de Calgary est une grande université pour ce qui est de la recherche. L'Université du Québec à Rimouski est une université québécoise qui se distingue et qui figure au palmarès canadien des universités de recherche dans la catégorie des universités de même taille.
J'aimerais que vous m'aidiez à démystifier l'état de la science et de la recherche au Canada. Je m'appuie évidemment sur le mémoire déposé par le réseau U15, un réseau qui regroupe les grandes universités de recherche du Canada, dont l'Université de Calgary.
Je tente actuellement de dresser le portrait des investissements que fait le Canada en recherche-développement, et celui des investissements faits par l'intermédiaire des chaires de recherche et des universités.
On remarque que le Canada prend du retard. Il faut dire les choses comme elles sont: le Canada est le seul pays du G7 qui a réduit ses investissements en recherche-développement au cours des 20 dernières années. C'est également le seul pays où le nombre de chercheurs a diminué au cours des six dernières années. De plus, il a perdu beaucoup de terrain selon l'Indice mondial de l'innovation. Entre 2001 et 2019, le Canada est passé de la 8e à la 17e place au classement établi par l'Indice mondial de l'innovation. On remarque que le financement n'est pas au rendez-vous, ce qui fait en sorte que le terrain est moins fertile pour des cerveaux désireux d'exploiter leurs talents et de mettre en avant des innovations afin de faire progresser la science.
En tant que recteur de l'Université de Calgary, comment vivez-vous, au quotidien, la situation que je viens de décrire?
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Merci beaucoup. Je vous remercie de la question.
Encore une fois, je siège au conseil d'administration d'Universités Canada, et je suis un ancien membre du conseil d'administration de Mitacs, alors je suis tout à fait d'accord. J'ai également participé à la présentation de U15.
Les mémoires d'Universités Canada et de U15 s'accordent avec un bon nombre des points soulevés par Mme Simmons et M. Broadbent au sujet du domaine quantique. Nous sommes un pays qui doit être en mesure non seulement de soutenir le développement des talents, mais aussi d'attirer des talents de l'extérieur du pays, et de les cultiver. Il ne faut pas non plus perdre ces talents. Mon université a perdu des chercheurs extraordinaires au profit de l'Europe et des États‑Unis, en particulier dans le domaine quantique, que nous aimerions vraiment garder ici.
Je pense que le Canada a un écosystème très solide pour investir dans les gens, et j'encourage le gouvernement fédéral à accroître cet investissement, parce que le talent est vraiment notre avenir. Que ce soit dans le domaine quantique ou dans d'autres domaines, c'est vraiment une question de talent. Nous avons d'excellents programmes au Canada pour aider les étudiants de premier cycle. Je pense aussi qu'il nous faut investir davantage dans les étudiants diplômés qui viendront de partout dans le monde pour travailler avec nous et, espérons‑le, comme l'a dit Mme Simmons, pour rester et contribuer à l'économie canadienne et à la croissance future.
Il s'agit de miser sur les talents, de faciliter la venue des gens, de faciliter leur séjour et de favoriser l'épanouissement des gens que nous avons. Cela va dans le même sens que la documentation qu'Universités Canada et U15 ont présentée pour ce budget.
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Comme je l'ai dit, je serais heureuse de poursuivre ces conversations en privé, mais il y a beaucoup de choses, et il n'est pas nécessaire d'avoir l'expertise en quantique que j'apporte ici pour répondre à ce genre de questions.
Je pense qu'il est assez facile d'imaginer des façons d'assurer la conformité à court terme pour certaines choses. L'un des éléments précurseurs sera le processus de normalisation du NIST en matière de cryptographie post-quantique, parce que de nombreuses grandes organisations hésitent à prendre des mesures tant qu'il n'y aura pas de norme à adopter. Ce que je recommande, c'est d'adopter toutes ces normes, de les superposer pour qu'il soit nécessaire de les pirater toutes pour pouvoir passer, et d'ajouter des couches de protection supplémentaires à sécurité prouvée, parce qu'aucun de ces algorithmes post-quantiques n'a vraiment fait ses preuves.
Comme je l'ai dit, trois d'entre eux ont été présentés comme étant résistants aux attaques quantiques, et trois d'entre eux sont tombés. Ce ne sont pas tous les algorithmes, mais nous n'avons encore soumis aucun de ces algorithmes post-quantiques à des attaques comme celles que le chiffrement RSA a connues au cours de décennies de travail, et c'est l'attaque quantique ou l'attaque classique.
Ma suggestion concerne les infrastructures essentielles, comme les prêts interbancaires, pour commencer, mais aussi les services bancaires aux consommateurs. Imaginez une solution utilisant le carnet de clés à usage unique, ou en fin de compte la QKD pour le renouvellement en dehors des clés.
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Je remercie infiniment les témoins d'aujourd'hui d'avoir contribué à illustrer l'ampleur du défi qui nous attend, ainsi que l'ampleur des possibilités.
En écoutant chacun d'entre vous, lorsque je pense à l'effort comparable au projet Manhattan qui est nécessaire, il me semble qu'il y a probablement — et si j'ai oublié quelque chose, dites‑le‑moi — trois éléments, soit le talent, l'argent et les politiques. Ce sont des questions qui ont été soulevées aujourd'hui, ainsi que lors de notre réunion précédente.
Dans le temps qui m'est imparti, j'aimerais parler brièvement avec nos témoins universitaires de la question des talents, avec Mme Simmons de la question des dollars, et avec Mme Schwartz, de D‑Wave, de la question des politiques, étant donné que vous êtes l'experte en relations gouvernementales du groupe d'aujourd'hui.
Ma question s'adresse à Mme Broadbent et à M. McCauley. Est‑ce que les diplômés de vos universités, et des établissements canadiens en général, quittent les bancs de l'école avec les compétences que l'industrie recherche actuellement pour constituer une base de talents quantiques au Canada?
Je pense que le Canada doit examiner toutes les différentes options stratégiques dont vous avez parlé. Je sais que Mme Simmons en a soulevé quelques-unes également.
Je sais que lorsque nous recrutons ici, à l'Université de Calgary, que ce soit pour des postes d'étudiants diplômés ou de professeurs, nous tenons compte de la famille, parce que nous recrutons une unité familiale et que si nous voulons retenir ces personnes, il faut que des politiques appropriées soient en place pour les appuyer pendant leur transition au Canada... et il faut ensuite essayer de déterminer comment nous pouvons nous assurer de pouvoir les retenir si possible.
Je pense que l'autre question que nous devrions probablement examiner est la façon dont nous incluons les possibilités d'apprentissage intégré au travail pour nos étudiants de premier cycle et de deuxième cycle dans les questions de rétention de la main-d'œuvre au Canada.
Je pense qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada peut se pencher sur les divers aspects. Je sais qu'ils sont très actifs dans ce domaine parce que, comme vous l'avez dit, la rétention des talents est extrêmement importante, et il est question de familles et de la contribution qu'elles apportent aux collectivités locales, ainsi qu'au Canada.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je veux aussi remercier tous les témoins qui sont avec nous cet après-midi. Leurs observations sont très impressionnantes.
[Traduction]
Madame Simmons, vous avez dit plus tôt, et je vous cite de mémoire, « au lieu de parler de l'excellence de mon entreprise... ». Je ne sais pas à quel point votre entreprise est bonne, mais je sais à quel point votre témoignage d'aujourd'hui était excellent. C'était très impressionnant.
J'aimerais poursuivre mes questions avec M. Kram.
Toutes ces choses sont renversantes, mais parfois un peu alarmantes.
[Français]
Madame Simmons, je n'irais pas jusqu'à dire que vos propos nous ont fait peur, mais l'information quantique soulève des préoccupations quant à la sécurité.
Il y a quelques jours, un témoin nous a dit que la bataille, quant à quel pays sera le premier à atteindre l'objectif, se joue entre les États‑Unis et le Canada. Si c’est vrai, ce n’est quand même pas si mal.
Savez-vous si d’autres puissances étrangères sont dans la course actuellement? Pourraient-elles nous devancer?
Une fois qu'un concept dominant émerge, ce n'est qu'une question de temps. Je dirais que c'est le genre de situation où si nous y arrivons en premier, c'est très bien. Ce n'est pas nous qui allons l'utiliser de façon néfaste, mais l'information circulera.
Il est essentiel, du point de vue de la sécurité nationale, pour de nombreux pays, surtout dans un contexte mondial difficile, de disposer de cette technologie. Je pense que ce n'est qu'une question de temps, et l'une des choses qui m'a fait penser à l'analogie de la bombe nucléaire, c'est qu'une fois que l'information circule, il n'y a plus de retour en arrière.
Je ne pense pas que ce soit simplement une question d'opposition entre le Canada et les États-Unis. Je pense que l'espionnage industriel est un problème majeur et que nous sommes un peu pressés par le temps. Il y a beaucoup de travail à faire, parce que les choses sont tellement asymétriques, n'est‑ce pas? La charge de travail sera très asymétrique, alors nous devrions commencer immédiatement.
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Tout d'abord, je ne suis pas un expert en informatique quantique, mais j'ai travaillé avec plusieurs autres recteurs d'universités au Canada, dont l'Université de la Colombie-Britannique, l'Université de Waterloo et l'Université de Sherbrooke, ainsi que M. Fursman, afin d'essayer de présenter la notion d'une stratégie quantique pour le Canada à Innovation, Sciences et Développement économique.
J'ai souligné certains domaines où je sais que nous excellons. Mme Simmons en a parlé, ainsi que Mme Broadbent. Je pense que le Canada peut jouer un rôle extrêmement important dans la construction du prochain Internet quantique sécurisé, et je tiens à insister là‑dessus.
Je crois que, dans certaines des analyses récentes que nous avons examinées au cours de la dernière décennie — et je pense que M. Fursman peut également faire des commentaires à ce sujet —, le Canada s'est classé environ au cinquième rang pour ce qui est de la variété des divers domaines quantiques, mais comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, et comme d'autres témoins l'ont dit aujourd'hui, nous perdons du terrain.
Les États-Unis, la Chine et l'Union européenne investissent des sommes énormes dans ce domaine, pour toutes les raisons qui, à mon avis, vous ont été exposées. Nous avons besoin d'un financement accru pour appuyer notre position actuelle, et si nous voulons nous améliorer, nous avons besoin d'un autre multiplicateur, et c'est pourquoi j'ai défendu la stratégie quantique du Canada.
Je pense aussi, comme d'autres membres du Comité l'ont dit aujourd'hui, que nous avons besoin de cela pour identifier clairement les partenariats public-privé et exercer une attraction, c'est‑à‑dire offrir des marchés publics, comme l'a mentionné Mme Simmons. Je pense que l'élaboration de l'équivalent canadien de la DARPA, ou d'une approche axée sur les défis pour appuyer ce mécanisme, est un très bon moyen d'aller de l'avant. Il s'agit d'investir dans les talents et de s'assurer que nous pouvons développer le produit avec l'industrie et que ce produit peut rapidement faire sa place partout dans le monde.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Simmons, je vous remercie de votre témoignage.
Dans vos recommandations, vous avez proposé la formation d'un comité au sein du gouvernement.
Selon vous, des représentants de l'industrie devraient-ils également siéger à ce comité? Depuis le début de notre étude, je constate que l'industrie quantique au Canada est relativement petite et que tout le monde se connaît. Tous semblent avoir beaucoup de respect les uns envers les autres.
Ce comité devrait-il donc être appuyé par le secteur privé? Personnellement, c'est ce que je crois.
Une fois que ce comité sera sur pied, devrait-il faire des recommandations?
Par ailleurs, on sait que le CRSNG travaille actuellement dans ce domaine. Cette organisation paragouvernementale offre de l'aide financière dans différents secteurs de l'information quantique.
Par où le comité en question devrait-il commencer ses travaux? À quel moment devrait-il le faire? Je suppose que cela devrait se produire le plus rapidement possible.
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La façon dont ce groupe de personnes est formé est très importante. S'il s'agit simplement d'un emploi à temps partiel, occupé par des gens qui ont des intérêts en jeu, ceux‑ci chercheront à obtenir du financement pour leur propre version et leur propre modèle.
Ce que j'aimerais recommander comme modèle, c'est une équipe de personnes qui obtient un financement distinct, indépendant et en bonne et due forme. Les salaires dans ce cas sont de l'ordre de centaines de milliers de dollars, mais vous avez besoin d'une équipe à laquelle le gouvernement pourrait s'adresser pour demander si telle soumission ou telle demande est justifiée. Cette équipe pourrait, par exemple, choisir des experts externes pour assurer une diligence raisonnable.
C'est le manque de diligence raisonnable, de sensibilisation et de capacité de consultation au sein du gouvernement qui fait que nous n'avons pas de point de contact unique vers qui nous tourner. Il n'y a pas d'équipe ici, mais des équipes existent. Elles existent aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Je les connais toutes. Je connais celles de l'Allemagne. Je connais celles de la France. Il n'y en a toutefois pas au Canada.
Je ne peux même pas aller parler à une équipe d'experts de la recherche quantique payée par le gouvernement pour être en mesure de lui offrir des recommandations stratégiques. Ce ne devrait pas nécessairement être de mon ressort ou de celui du personnel à temps partiel, ou de toute autre personne autour de cette table. Bien que nous ayons notre point de vue, vous devez avoir une équipe d'experts indépendants qui pourraient vous aider à naviguer dans cet environnement. Leurs services vont coûter cher, et ces coûts ne vont qu'augmenter avec le temps.
Il est important qu'ils aient cette indépendance et qu'ils ne portent pas d'autre chapeau dans les faits. Autrement, ce préjugé naturel s'insinuera, ce qui fait que les gens commencent à avoir une attitude territoriale.
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Merci beaucoup de la question. Les gouvernements se concentrent sur l'aspect de la recherche visant à accroître et à améliorer les systèmes matériels, parce qu'ils veulent être les premiers à avoir un ordinateur quantique, comme Mme Simmons l'a mentionné.
Ce que les gouvernements ne font pas, c'est acheter et utiliser les technologies disponibles aujourd'hui et aider à les faire progresser. En Australie, on s'en sert pour le transport. L'armée l'envisage pour le ravitaillement autonome des véhicules. Au Japon, on y pense pour le pilotage et l'optimisation des routes d'évacuation en cas de tsunami, ainsi que pour la réduction des émissions de CO2 pendant la collecte des déchets.
Le Canada ne met pas l'accent sur quoi que ce soit à court terme. Si vous demandiez s'il y a différents fonds quantiques et différents objectifs, et ce qui pourrait être utilisé pour obtenir des avantages d'ici un à cinq ans, la réponse pourrait bien être non et rien. Les gouvernements peuvent se pencher sur ce qu'ils font à court, à moyen et à long terme, soit d'ici un à cinq ans, dans cinq à huit ans, dans huit à dix ans et dans dix ans et plus. C'est là qu'on examine les technologies hybrides qui existent, comme le calcul haute performance et les centres de données. Il sera extrêmement important de s'y retrouver.
Il n'y a pas non plus de chaîne d'approvisionnement au Canada. Nous utilisons des puces supraconductrices, mais il n'y a pas d'usine de taille commerciale de fabrication de ces puces au Canada. Nous avons recours à une usine américaine.
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Je pense que nous réussissons très bien à attirer des talents au Canada. La plupart des meilleurs diplômés des universités canadiennes dans ce domaine ne sont probablement pas passés par des écoles primaires canadiennes. Je remarque que beaucoup de gens viennent dans nos écoles supérieures après leurs études de premier cycle et qu'ils finissent par figurer parmi les meilleurs diplômés.
Je pense que nos universités réussissent très bien à attirer des étudiants. Il vaut peut-être la peine de noter, par exemple, qu'un stagiaire typique de Mitacs pourrait venir travailler à 1QBIT, avec un salaire de départ — pendant qu'il fait partie du programme de Mitacs — d'environ, disons, 45 000 $ et un peu plus. Ce sont les niveaux salariaux auxquels les étudiants diplômés peuvent s'attendre au cours de leurs études. En l'espace d'environ deux ans, nous constatons que ces gens reçoivent des offres d'un montant équivalant à 200 000 $ canadiens ou plus pour aller travailler dans de nombreuses organisations partout dans le monde, aux États-Unis, en Australie, à Singapour et au Japon.
Nous comprenons que nous faisons en sorte que ces étudiants acquièrent une valeur incroyable tout au long de leur processus de développement, mais nous investissons également dans ces étudiants et nous faisons beaucoup augmenter leur valeur. Le problème de les retenir n'est donc pas si grave. Vous investissez dans les étudiants pour qu'ils acquièrent beaucoup plus de valeur, mais parce qu'ils ont beaucoup plus de valeur, ils coûtent aussi plus cher. Si vous ne les indemnisez pas davantage, ils seront recrutés par d'autres organisations.
L'important, c'est de reconnaître que la possibilité de travailler dans l'une de ces entreprises représente toujours un goulot d'étranglement pour l'acquisition d'une expérience dans l'industrie par ces personnes. Les personnes qui ont cette expérience deviennent extrêmement précieuses. Pour pouvoir les garder au pays à ce moment‑là, il faut s'aligner sur la nouvelle norme salariale mondiale que nous voyons apparaître.
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Je vous remercie de la question.
[Traduction]
La réponse est oui, il se fait beaucoup de travail dans le domaine de l'énergie. E.ON, une entreprise allemande, examine la distribution de l'énergie et la façon de la réinjecter dans le réseau lorsque vous conduisez un véhicule électrique.
Comme je l'ai mentionné, au Japon, on étudie l'intelligence artificielle et on met à l'essai des applications quantiques pour la collecte des déchets et la réduction des émissions de CO2 de 60 %.
Aux États-Unis, un atelier vient de se tenir à l'Office of Electricity, auquel D‑Wave a participé, pour examiner divers domaines où nous pourrions utiliser l'informatique quantique et les applications hybrides quantiques pour l'énergie.
Donc, pour répondre brièvement à votre question, oui, il y a beaucoup d'applications possibles. Nous devons réunir les esprits les plus brillants pour les identifier. C'est là qu'un banc d'essai quantique pourrait servir à lancer ces questions et à commencer à trouver des réponses.
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Je ne pense pas que nous puissions faire quoi que ce soit, au moyen de l'algorithme RSA, pour protéger les communications qui sont actuellement stockées par des pays antagonistes. Toute cette information sera accessible aux gouvernements antagonistes s'ils l'ont stockée, et je sais qu'ils l'ont fait. Il n'y a vraiment rien que nous puissions faire à ce sujet.
Néanmoins, nous pouvons commencer à protéger toutes les communications futures en superposant l'algorithme RSA et toutes ces autres couches de défense.
Je pense que nous devrions nous y mettre, surtout pour les infrastructures essentielles comme les réseaux électriques et les installations nucléaires, pour l'amour du ciel. Tout système qui offre un accès au moyen de l'algorithme RSA comporte évidemment une infrastructure supplémentaire, mais c'est un point faible. La seule solution éprouvée, c'est le carnet de clés à usage unique ou la distribution de clés quantiques.
Heureusement, le Canada est un chef de file mondial de la distribution de clés quantiques. Je ne peux pas vous dire à quel point c'est extraordinaire de se trouver un pays qui est dans une telle situation. Nous avons des satellites quantiques à l'Institut d'informatique quantique, dont Gilles Brassard est l'inventeur, comme il a été dit. Nous avons le talent pour réussir, mais nous devons nous mobiliser, car il ne suffit pas que les chercheurs s'en tiennent à dire que c'est nécessaire.
Il y a beaucoup de travail à faire.
Je pense que beaucoup de grandes organisations hésitent à adopter des normes qui n'ont pas subi un contrôle marginal. Le National Institute of Standards and Technology est sur le point de publier une recommandation concernant la cryptographie post-quantique. J'entends dire que cela se fera dans les prochaines semaines, peut-être les prochains mois.
Je pense que ce qui sera recommandé devrait s'ajouter à l'algorithme RSA et que ce sera alors suffisant... Il faut au moins avoir un ordinateur quantique pour percer l'algorithme RSA, mais il faut aussi superposer toutes ces couches de défense. Pour ce qui est de sécuriser les infrastructures essentielles, il faudrait recourir au carnet de clés à usage unique. Cette solution consiste à obtenir beaucoup de clés préchargées et à les distribuer manuellement aux endroits entre lesquels on veut assurer la sécurité des communications.
Je sais que très peu d'organisations y songent. L'autre solution, c'est la distribution de clés quantiques, mais elle suppose une infrastructure plus importante. Je pense qu'elle mérite qu'on y investisse parce que c'est certainement la voie de l'avenir, mais cela prendra du temps. Nous ne pourrons pas la mettre en application assez rapidement, pas avant qu'il soit nécessaire de sécuriser nos communications.
Comme je l'ai dit, les communications qui ont lieu aujourd'hui sont stockées pour être ouvertes demain.
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Je suis heureuse de la question. Je vous ai déjà entendu poser le problème en ces termes lors d'audiences précédentes.
Beaucoup d'ordinateurs quantiques, sinon la plupart, sont disponibles dans l'infonuage. Il y est possible d'accéder au système, de profiter de talents et de déterminer les domaines d'utilisation de la technologie actuelle dans un format hybride quantique, comme je l'ai dit. C'est aussi un domaine dans lequel de petites entreprises en démarrage peuvent trouver de l'aide pour mettre au point leurs systèmes et à les rendre accessibles dans un infonuage.
S'il existait un centre informatique national de haute performance intégré au quantique, on pourrait y avoir des systèmes quantiques, et de diverses tailles. Peut-être que certains des plus petits serviraient uniquement à des fins de recherche, tandis que d'autres de taille commerciale se prêteraient à la navigation.
Du point de vue du gouvernement, cela ne m'apparaît pas comme une question de choix, mais plutôt d'ajouts, pour ce qui est d'examiner comment s'y prendre pour amener ces différents systèmes à un certain niveau. Une fois qu'ils existent, comment faut‑il les pousser à développer leur technologie en vue de leur entrée dans un marché bien établi?