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Bon lundi après-midi à tous.
J'ouvre maintenant la séance.
Je vous souhaite la bienvenue à la 66e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 28 novembre 2022, le Comité se réunit pour étudier le développement et le soutien de l'industrie du recyclage de l'électronique, des métaux et des plastiques.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022.
Plusieurs témoins se joignent à nous aujourd'hui pour continuer cette étude: M. Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada; Mme Christa Seaman, vice-présidente, Division des plastiques, de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie; M. Peter Fuchs, vice-président, Affaires corporatives Nickel, et M. Alexis Segal, directeur, Relations gouvernementales et communications, tous deux de Glencore Canada; et Mme Maria Kelleher, directrice principale, de Kelleher Environmental.
Je vous remercie de vous joindre à nous.
Sans plus tarder, nous allons commencer les tours de questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité de nous avoir invités à vous faire part de notre expérience au chapitre de l'économie circulaire.
Comme vous le savez, l'industrie de l'aluminium est très présente au Canada, avec neuf alumineries, dont la plupart sont au Québec ainsi qu'en Colombie-Britannique. Nous sommes les membres fondateurs du Pôle québécois de concertation sur l'économie circulaire. Nos membres sont aussi engagés à l'échelle régionale dans diverses activités de circularité.
Mon propos portera principalement sur deux aspects du recyclage: le recyclage du métal et le recyclage des sous-produits de la production.
Pour ce qui est du métal postproduction, c'est-à-dire avant qu'il arrive au consommateur, donc, après la phase de transformation, il est presque entièrement réutilisé dans nos usines. Ce produit a beaucoup de valeur et il est beaucoup plus facile à récupérer et à remettre dans le système. En ce qui a trait au métal postconsommation, il y a plusieurs contraintes, et j'y reviendrai tout à l'heure.
La deuxième branche du raisonnement est celle des sous-produits de la production, c'est-à-dire des produits autres que le métal. On génère des sous-produits de différents types, que ce soit du carbone, des brasques ou des écumes. Notre industrie travaille très fort à atteindre notre objectif, la cible de zéro rejet pour ce type de produits.
Nous pouvons dire aujourd'hui que plus de 80 % des sous-produits sont réutilisés, recyclés ou valorisés. Les matières restantes sont problématiques et constituent des enjeux qui tiennent autant du volet réglementaire que du volet technique. Elles ont des caractéristiques moins intéressantes, ce qui fait qu'elles nécessitent des prétraitements, des mélanges, et qu'elles génèrent, entre autres, des éléments considérés comme étant des matières dangereuses sur le plan réglementaire.
Je reviens à la question du métal postconsommation, que l'on retrouve dans les emballages, les véhicules de transport et les bâtiments. C'est ce qu'on appelle des gisements d'aluminium. Au cours de la consommation, on génère différents objets qui peuvent être récupérés et réutilisés pour produire du nouvel aluminium. On sait que la cannette a un cycle de vie d'environ 60 jours avant qu'une nouvelle cannette soit fabriquée à partir du même métal. Pour les automobiles, c'est plus long, c'est un cycle de 10 à 12 ans. Finalement, pour les bâtiments, il faut environ 50 à 70 ans avant de pouvoir récupérer ce métal.
Le taux de succès ou le taux de récupération varient d'un secteur à l'autre. Pour la cannette consignée, par exemple, on parle d'un taux de récupération de 66 % au Québec. Dans le secteur des transports, il s'agit d'un taux de 80 à 90 %, mais il faut se rappeler que, dans le secteur de l'automobile, le cycle de vie est de 10 à 12 ans. Finalement, dans le secteur du bâtiment, ce cycle est de 80 %. Il faut comprendre que 50 % de tout ce qui est récupéré n'est pas valorisé. C'est très important de le savoir, parce que cela représente une perte pour la société et pour l'économie et sur le plan des ressources. Beaucoup de travaux se font donc dans ce domaine.
Au Canada, il y a une difficulté considérable: on n'a pas de masse critique. Il s'agit d'un enjeu structurel et systémique. Par exemple, au Québec, il y a environ 1,3 milliard de cannettes consommées par année. Ce nombre peut paraître élevé, mais c'est très peu; en effet, une cannette vide, c'est de l'air. Pour avoir une masse critique, il faut écraser ces cannettes, faire des ballots et les envoyer dans un centre où on peut refondre ce métal. De plus, il y a toutes sortes de complexités techniques. Par exemple, il faut enlever la laque de la peinture. Finalement, tout cela doit être fait de façon économiquement viable. Or notre masse critique est très faible en raison de notre faible population, ce qui fait que les solutions qui pourraient être apparentes ne peuvent pas s'appliquer ici, parce que ces infrastructures généreraient des pertes tous les ans.
Notre métal prend alors la route des États-Unis, où il est refondu et réutilisé dans des centres qui ne sont pas très loin de la frontière, comme à Massena, dans l'État de New York. En fin de compte, ce n'est pas une mauvaise chose, parce que la plupart des usines aux États-Unis tournent au charbon, ce qui permet de réduire grandement leur empreinte carbone et, par le fait même, de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà de ça, nous faisons aussi beaucoup de recherches pour d'autres sous-produits de notre production. Des scientifiques sont chargés de trouver des façons de transformer des résidus en produits utiles. Je peux donner l'exemple de Rio Tinto, où on retrouve neuf scientifiques experts en marketing et en approvisionnement.
C'est bien beau de transformer les résidus en produits utiles, mais il faut pouvoir en faire quelque chose par la suite, comme les recadrer dans un nouveau marché où ils peuvent être revalorisés.
Voilà qui met fin à mon intervention. Je demeure disponible pour répondre aux questions.
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Merci, honorable président Lightbound et mesdames et messieurs les membres du Comité.
La chimie et le plastique représentent le troisième secteur manufacturier du Canada, et ils ajoutent respectivement 54 et 28 milliards de dollars à l'économie canadienne. Quatre-vingts pour cent de la production annuelle de plastiques du secteur est orientée vers l'exportation, la majorité étant destinée aux États-Unis.
Notre industrie s'est engagée à mettre en place une économie circulaire à faible émission de carbone. Les plastiques en fin de vie représentent une ressource perdue de 8 milliards de dollars par an, qui atteindra 11 milliards de dollars d'ici 2030. S'ils sont récupérés, cela renforcera notre économie et notre potentiel d'exportation tout en préservant l'environnement des plastiques. Une économie circulaire nous permet non seulement d'utiliser nos ressources de manière efficace, mais elle offre également à notre industrie d'importantes occasions de réduire les gaz à effet de serre, contribuant ainsi à l'atteinte des objectifs de carboneutralité du Canada.
Il y a l'exemple du succès du Québec avec le polystyrène. Des entreprises telles que Pyrowave et Polystyvert utilisent des technologies de recyclage avancées pour redonner au polystyrène post-utilisation son origine moléculaire. Le polystyrène devient alors indiscernable du plastique vierge, mais avec une empreinte de gaz à effet de serre plus faible.
Il y a aussi l'exemple de NOVA Chemicals qui aspire à la carboneutralité d'ici 2050, à des ventes de polyéthylène provenant à 30 % de matières recyclées d'ici 2030 et à une réduction de 30 % de leurs émissions absolues de C02 de portée 1 et 2.
Je me ferai un plaisir de vous faire part d'autres exemples d'innovation canadienne qui stimulent l'économie circulaire durant la période des questions qui suivra mes déclarations.
À la dernière réunion de votre comité, vous avez entendu parler de la responsabilité élargie des producteurs, ou REP, dans l'économie circulaire. La REP rend ceux qui mettent sur le marché des produits et emballages en plastique sur le marché responsable de leur gestion en fin de vie. L'industrie se félicite de cette responsabilité et collabore activement avec les provinces et les territoires pour élaborer et mettre en œuvre des règlements qui fixeront des objectifs ambitieux en matière de récupération et de recyclage.
Bien que de nombreuses provinces en soient aux premiers stades de la mise en œuvre, la Colombie-Britannique a une REP très réussie. Parmi les faits saillants, citons que 99.3 % des ménages de la Colombie-Britannique dans 183 communautés ont eu accès à des services de recyclage sans frais pour les contribuables. Les producteurs financent désormais le programme de recyclage de près de 110 millions de dollars. En quatre ans seulement, alors que le recyclage a stagné dans l'ensemble du Canada, le recyclage des plastiques en Colombie-Britannique est passé de 42 à 55 %, et 97 % de tous les plastiques récupérés sont traités en Colombie-Britannique, ce qui crée de nouvelles occasions d'affaires. En 2021, les émissions de gaz à effet de serre du programme ont diminué de 20,7 %.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer pour créer des conditions propices à une économie à faibles émissions de carbone prospère pour les plastiques.
Le premier est l'investissement dans l'infrastructure de recyclage et l'innovation, comme l'indiquent les lettres de mandat ministériel de 2021 pour Environnement et Changement climatique. Malheureusement, ce fonds ne s'est pas encore concrétisé, mais il est nécessaire pour accélérer l'innovation et l'investissement dans la circularité ainsi que pour atteindre d'autres objectifs de la politique fédérale.
Le deuxième est la création d'incitatifs pour incorporer du contenu recyclé dans les produits. Cela peut prendre de nombreuses formes, mais celle qui est déjà en cours d'élaboration est l'établissement d'un contenu minimal de matières recyclées pour certains produits en plastique, ce qui dépend de l'innovation et de l'accès aux matières premières pour répondre aux exigences en matière de contenu recyclé. Là encore, cela renvoie à la REP et à l'investissement.
L'évolution vers une économie circulaire pour les matières plastiques au Canada est sur la bonne voie. Nous saluons l'aide de ce comité pour définir les rôles de soutien approprié du gouvernement fédéral dans cette aventure passionnante et stimulante.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, et merci au Comité de nous donner l'occasion de faire connaître le point de vue de Glencore sur le recyclage des métaux au Canada.
Je suis Peter Fuchs. Je suis le vice-président des affaires corporatives pour le nickel à Glencore. Je suis accompagné aujourd'hui d'Alexis Segal, le directeur des affaires corporatives à Glencore Canada, et de Marie-Elise Viger, directrice environnementale du cuivre de l'Amérique du Nord et des Philippines, qui travaille à notre fonderie à Rouyn-Noranda, au Québec.
Glencore est l'une des plus grandes sociétés de ressources naturelles diversifiées au monde. Nous sommes une entreprise mondiale, mais avec une longue histoire et un engagement profond ici au Canada. Grâce à l'ampleur et à la diversité de nos activités industrielles et commerciales, nous fournissons de manière responsable les matières premières qui sont à la base des éléments constitutifs de la vie et qui sont un pilier important de la chaîne de valeur des minéraux essentiels au Canada.
Glencore est l'une des principales entreprises de recyclage de produits électroniques au monde et une importante entreprise de recyclage de cuivre, de nickel, de cobalt, d'or, d'argent, de platine et de palladium secondaires. Nos activités ont été parmi les premières à découvrir comment traiter les produits électroniques en fin de vie, et nous sommes depuis l'une des principales entreprises de recyclage de métaux.
Notre entreprise joue un rôle fondamental dans l'économie circulaire, en donnant une seconde vie à ces matières premières. Notre approche s'appuie sur l'expertise technologique de pointe de Glencore, sur un engagement en faveur de l'excellence du service à la clientèle et sur un développement durable intégré à l'ensemble de nos activités.
Pour vous donner une meilleure idée de ce que nous recyclons, les matières vont de l'électronique aux batteries et autres matériaux contenant des métaux, en passant par les pièces automobiles et les moteurs d'avion en fin de vie.
Certains des principaux actifs des activités de recyclage de Glencore se trouvent ici même au Canada. Étant donné que je travaille dans le secteur du nickel, je vais prendre quelques instants pour décrire nos capacités de recyclage dans nos exploitations intégrées de nickel, puis je céderai la parole à ma collègue, Mme Viger, pour qu'elle vous parle des installations de cuivre.
Notre fonderie à Sudbury, en Ontario, est un élément clé du réseau mondial de recyclage de Glencore. Depuis 33 ans, la fonderie de Sudbury traite en toute sécurité des matériaux en fin de vie, des déchets de production et des flux de déchets. L'année dernière, la fonderie de Sudbury a récupéré plus de 26 000 tonnes de matériaux recyclés, contenant 6 200 tonnes de nickel, près de 2 000 tonnes de cobalt et 1 300 tonnes de cuivre.
Je suis également fier de dire que nous réalisons de nouveaux investissements majeurs dans la région en investissant 1,3 milliard de dollars pour construire la nouvelle mine en profondeur d'Onaping, entièrement électrique, sous notre mine existante de Craig, ce qui prolongera la durée de vie de notre mine dans la région de Sudbury jusqu'en 2035 au moins.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue.
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En ce qui a trait au secteur du zinc, nous exploitons CEZinc, à Salaberry‑de‑Valleyfield, la seule fonderie de zinc du Nord-Est de l'Amérique. À Montréal, nous avons une petite usine spécialisée dans la fabrication et le recyclage d'anodes de plomb, qui sont indispensables à la production électrolytique du zinc. De plus, à Timmins, dans le Nord de l'Ontario, nous exploitons une mine de métaux de base, la plus profonde au monde. Par ailleurs, à la mine Kidd, nous produisons des concentrés de cuivre et de zinc.
En conclusion, monsieur le président, notre entreprise a plus de 100 ans d'histoire au Canada et un engagement profond envers ce pays. Nous avons l'intention de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement pour veiller à ce que ses actifs stratégiques continuent de répondre aux besoins du Canada et de ses alliés en matière de métaux stratégiques.
À cette fin, nous nous félicitons de la publication de la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, et nous avons été particulièrement heureux de voir l'accent mis sur le recyclage et l'économie circulaire.
L'un des sujets que nous aimerions soumettre au Comité est la question de la certitude quant à la manière dont sont traités les produits recyclables et autres intrants destinés à nos fonderies. Nos installations ont la capacité de recycler davantage au Canada. Cependant, pour soutenir et développer notre activité de recyclage, nous avons besoin de prévisibilité en ce qui concerne le traitement et la classification des intrants. Par exemple, Environnement Canada étudie la manière dont les produits électroniques en fin de vie sont importés au pays. Nous suggérons au Comité de faciliter l'exemption des importations de ces produits en provenance des États‑Unis, afin de soutenir l'économie circulaire au Canada et chez nos voisins du Sud.
Nous répondrons volontiers à vos questions.
Merci, monsieur le président.
Bonjour tout le monde et je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant le Comité.
Je voudrais aborder brièvement les conclusions de deux rapports préparés par mon entreprise qui sont pertinents pour le travail du Comité.
Tout d'abord, j'aimerais dire que le recyclage fait partie intégrante de l'économie circulaire, mais c'est une activité compliquée. Elle comporte de nombreux types de matériaux, de produits, de producteurs, d'utilisateurs et d'autres intervenants. Certains matériaux sont précieux, en particulier les métaux, et d'autres le sont moins. Certains produits ont une durée de vie courte, comme les emballages de boissons, et d'autres ont une durée de vie longue, comme les bâtiments.
Il y a trois grands groupes d'utilisateurs ou de secteurs dans le recyclage: résidentiel; industriel, commercial et institutionnel; et construction et démolition. Il faut différents systèmes ou plans de gestion pour chacun des matériaux, produits et secteurs.
Le rapport préliminaire sur l'économie circulaire que nous avons élaboré visait à documenter la situation du Canada en matière d'économie circulaire. Nous avons recueilli les renseignements disponibles sur le recyclage d'un certain nombre de matériaux au Canada, notamment le papier, la ferraille, le verre, le plastique, les déchets alimentaires et de jardin, le bois d'œuvre et le bois, les cloisons sèches, les carcasses d'automobiles, les pneus, les batteries, les déchets électroniques et certains résidus industriels. Nous avons constaté que des millions de tonnes de matériaux sont déjà recyclés au Canada. Cependant, nous avons relevé un certain nombre de lacunes dans l'information et conclu que le Canada a besoin de systèmes de suivi plus complets pour bien établir son rendement en matière d'économie circulaire.
La batterie d'un véhicule électrique est le deuxième point que je souhaite aborder. Les cellules des batteries de véhicules électriques sont constituées d'une anode, d'une cathode et d'un électrolyte, tous fabriqués à partir de minéraux et métaux critiques. Elles contiennent du lithium dans l'électrolyte et du graphite dans l'anode, avec des quantités variables de minéraux critiques tels que le nickel, le cobalt, le manganèse et l'aluminium utilisés dans les cathodes.
Bien que les chiffres soient faibles aujourd'hui, le nombre de batteries de véhicules électriques en fin de vie augmentera au fil des ans, et rapidement après 2030. De nombreuses batteries de véhicules électriques peuvent avoir une seconde vie après leur première vie, une fois qu'elles ne sont plus adaptées à un véhicule. Elles peuvent être utilisées pour le stockage de l'énergie et d'autres applications, ce qui peut prolonger leur durée de vie. Nous avons déjà quelques petites entreprises au Canada qui font ce travail, et un certain nombre aux États-Unis.
Il convient de souligner que le Canada, les États-Unis et le Mexique constituent fondamentalement un seul marché pour le secteur de l'automobile et du recyclage, et que tout obstacle réglementaire ou financier qui limite le mouvement transfrontalier des batteries usagées de véhicules électriques à des fins de réutilisation et de recyclage doit être éliminé.
Le règlement sur les mouvements transfrontaliers, RMT, d'Environnement Canada permet aux batteries de véhicules électriques de franchir la frontière canado-américaine sans permis lorsqu'elles sont destinées à la recherche et au développement, à la refabrication ou à la réutilisation. Toutefois, si vous traversez la frontière dans l'une ou l'autre direction à des fins de recyclage, vous devez obtenir un permis d'Environnement et Changement climatique Canada et de l'EPA, l'agence américaine de protection de l'environnement. Cela empêche les batteries de véhicules électriques destinées au recyclage de circuler librement.
Il existe un certain nombre de problèmes liés au fait que les règlements de Transports Canada ne sont pas entièrement compatibles avec les règlements américains, ce qui cause des problèmes aux entreprises de recyclage. De plus, les batteries qui traversent la frontière canado-américaine sont assujetties à un droit de 7 % si elles sont destinées à la réutilisation, alors que celles qui vont dans l'autre sens, du Canada vers les États-Unis, sont assujetties à un droit de 3 %. Nous devrions certainement uniformiser les règles du jeu.
Nous avons la chance, au Canada, de disposer d'un écosystème de premier plan dans le domaine du recyclage des batteries au lithium, qui permet de récupérer les minéraux essentiels à la fabrication de nouvelles batteries et de les transformer en produits chimiques qui sont revendus dans la chaîne d'approvisionnement des batteries.
Le marché et le principal partenaire commercial du Canada sont les États-Unis, et tout obstacle au commerce entre les deux pays en ce qui concerne ces batteries de véhicules électriques, qui font partie de la nouvelle économie et de la transition vers un avenir électrifié — un avenir à faible teneur en carbone — doit être éliminé.
Je vous remercie. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins.
Avant de commencer à poser mes questions, à notre dernière réunion — je crois que c'était le 29 mars —, j'ai proposé une motion selon laquelle « le Comité ordonne au ministère de l'Industrie de fournir une copie de tous les documents, y compris les documents et les courriels liés à l'investissement du gouvernement du Canada dans l'entreprise Volkswagen pour mettre sur pied une nouvelle usine de fabrication de batteries au Canada ». Je crois que le Comité est parvenu à une forme de consensus, monsieur le président, sur le fait que les renseignements seraient fournis de bonne foi.
Monsieur le président, pouvez-vous confirmer si nous avons reçu ces renseignements ou non?
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Je dirai simplement, monsieur le président, que nous avons demandé de recevoir ces renseignements il y a plus de deux semaines. J'ai proposé une motion à ce comité pour recevoir ces renseignements, alors avec tout le respect que je vous dois, monsieur Gaheer, c'est comme si vous essayiez de retarder les choses.
Nous avons eu beaucoup de temps. J'ai présenté de bonne foi ma motion la dernière fois pour obtenir cette information, et M. Fillmore m'a promis que nous l'aurions aujourd'hui, mais je ne l'ai pas reçue. Comme vous le remarquerez, je n'ai pas inclus de délai dans la nouvelle motion qui a été distribuée.
Le fait est que des chiffres importants circulent sur le montant de l'argent que le gouvernement a avancé ou versé à Volkswagen pour créer une nouvelle usine de fabrication de batteries. C'est le seul constructeur automobile qui a été inculpé, si j'ai bien compris, en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement relativement aux émissions. Cela s'est passé au cours des sept dernières années. C'est Catherine McKenna, l'ancienne ministre de l'Environnement, qui a utilisé ces pouvoirs en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Nous sommes désormais dans une situation où... Une mesure sans précédent a été prise dans le budget, et on nous a dit qu'on nous fournirait ces chiffres en temps voulu. Eh bien, nous allons bientôt voter sur le budget et je ne sais pas combien d'argent sera versé à Volkswagen. J'ai entendu parler de « milliards » et d'autres chiffres proposés par d'autres pays, avant que ce gouvernement annonce en grande pompe cet investissement décisif, mais il a peur de donner ce chiffre aux Canadiens. Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement obtenir le chiffre? Où est le problème?
Je retirerais même cette motion et ne demanderais que deux renseignements: le nombre d'emplois et le montant d'argent.
Je ne demande rien d'inapproprié. Si le gouvernement maintient son investissement, il nous donnera les chiffres. Je n'ai pas besoin de faux-fuyants. Nous avons besoin de transparence. Ce que je vois ici dans ces deux observations, c'est un manque de transparence et une crainte des membres du Comité de donner aux Canadiens la réponse qu'ils méritent.
La motion demeure telle quelle, mais nous avons besoin de cette information. Monsieur le président, je n'ai rien dit d'inapproprié. C'est une question de bon sens. Les gouvernements précédents se sont déjà trouvés dans cette situation et ont fourni des renseignements. Le secrétaire parlementaire m'a promis qu'il les aurait ici aujourd'hui, et il n'a pas donné suite en envoyant un courriel ou quoi que ce soit d'autre pour dire que nous avons besoin d'un peu plus de temps ou que nous expurgeons certains renseignements. Pas un mot. C'est comme si vous ne vous attendiez même pas à ce que cette motion soit présentée aujourd'hui.
C'est une motion assez simple et de bonne foi sur un sujet que le gouvernement du Canada devrait être fier de faire part aux Canadiens.
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Présentement, la motion ne prévoit ni échéancier ni huis clos.
M. Masse a proposé un amendement dont nous devons disposer avant de passer à celui de M. Lemire, qui aurait pour but d'ajouter un échéancier d'une semaine. Une fois que nous aurons disposé de cet amendement, nous allons pouvoir disposer de celui de M. Lemire qui demande que cela se fasse à huis clos.
Cela alourdit le processus par rapport à la motion initiale. Je comprends, monsieur Masse, que vous proposez un amendement pour ajouter à la motion un échéancier d'une semaine.
L'amendement de M. Masse est devant le Comité.
Si personne ne veut intervenir, nous allons passer au vote.
Monsieur Vis, vous avez la parole.
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Nous ajoutons un échéancier d'une semaine.
L'amendement a pour but d'ajouter un échéancier d'une semaine à la motion qui a été distribuée par voie électronique. D'après ce que je peux voir, il y a consensus autour de la table.
(L'amendement est adopté.)
Le président: Nous passons maintenant à l'amendement de M. Lemire.
[Français]
M. Lemire propose d'ajouter que les produits du ministère soient transmis au Comité, mais qu'ils ne soient pas rendus publics. Ils seraient donc accessibles, à huis clos, aux membres du Comité.
Monsieur Vis, vous avez la parole.
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Je vais simplement apporter une précision.
[Français]
Je pense que, ce que M. Lemire propose en parlant de huis clos, c'est que les résultats soient transmis à l'adresse électronique personnelle des députés et que ce soit considéré comme confidentiel, tout comme les ébauches de rapports. Évidemment, dans ces circonstances, les membres du Comité sont tenus de ne pas rendre public ce qui leur aura été communiqué.
Selon ce que M. Vis a mentionné, je crois qu'il est en désaccord.
Monsieur Perkins, vous avez la parole.
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Pour répondre à votre question, on trouve des usines de recyclage de batteries en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. En Colombie-Britannique, Cirba Solutions, qui s'appelait avant Retriev, recycle des batteries au lithium depuis 40 ans et continue d'adapter sa technologie aux nouveaux procédés hydrométallurgiques qui donnent des produits chimiques de grande valeur, lesquels sont réintégrés dans la chaîne d'approvisionnement des batteries. En Ontario, il y a une entreprise appelée Li‑Cycle et, au Québec, une entreprise appelée Lithion.
La méthode traditionnelle de recyclage des batteries au lithium consistait à créer une masse noire contenant des métaux et à l'envoyer à Glencore, qui fondait ensuite cette masse pour en extraire les métaux, surtout le nickel et le cobalt. Il fallait ensuite envoyer le tout ailleurs pour fabriquer les produits chimiques dont les fabricants de batteries ont besoin.
Or, grâce aux nouvelles technologies de recyclage qui sont à l'avant-garde, le Canada est un chef de file mondial dans ce domaine. On prend les batteries, on en extrait tous les minéraux et métaux critiques, puis on fabrique les produits chimiques qui peuvent être revendus dans la chaîne d'approvisionnement des batteries.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Mes questions s'adressent aux représentants de Glencore qui sont ici. Je suis députée de Sudbury, alors je connais l'autre Peter de Sudbury.
La stratégie sur les minéraux critiques est importante, car nous voulons atteindre la carboneutralité dans les secteurs des batteries de véhicules électriques, de l'énergie propre, des technologies de l'information et des communications, ainsi que des applications de défense. Alors que le monde se dirige vers une économie sobre en carbone, nous devons nous pencher collectivement sur une question clé, celle de savoir comment tirer parti des avantages comparatifs du Canada. L'une des principales mesures à prendre à cette fin consiste à déterminer comment utiliser au mieux l'abondance des ressources, des technologies et de l'expérience dont dispose notre pays.
Pouvez-vous décrire au Comité les initiatives que le Canada a mises en place précisément pour réutiliser les minéraux critiques qui se trouvent dans les déchets?
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier les gens de Glencore Canada d'avoir accepté notre invitation à participer à cette importante étude sur l'industrie de la récupération, qui porte particulièrement sur le recyclage des métaux, des plastiques et des produits électroniques, dans une perspective d'économie circulaire.
Je suis né à Rouyn‑Noranda. Mon grand-père Ernest est arrivé avec son père, Eugène, en 1923. C'était un peu avant la première coulée de la Noranda. Je suis donc très attaché à cette ville. Mes enfants font partie de la cinquième génération à grandir dans cette ville.
Cela dit, un élément m'a un peu titillé, ces derniers temps. La menace de la fermeture de la fonderie utilisée lors des négociations avec Québec est-elle réelle?
Par ailleurs, comment qualifieriez-vous votre niveau de responsabilité quant à la santé de la population de Rouyn‑Noranda?
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Merci, monsieur le président. Je vais peut-être m'adresser d'abord à Mme Seaman.
En ce qui concerne nos accords commerciaux, devrions-nous y ajouter ou envisager d'y ajouter des dispositions sur le recyclage? C'est une idée que je rumine.
En l'absence de telles dispositions, il est possible de subventionner des industries lorsqu'il n'y a pas de capacité de recyclage, etc., en vue d'éliminer les déchets. Je m'interroge sur l'accord commercial entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, ou sur d'autres accords régionaux qui favorisent beaucoup d'échanges commerciaux.
L'industrie automobile parle depuis longtemps du recyclage des véhicules, de la responsabilité élargie des producteurs, etc. Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez? Si les autres témoins en ligne souhaitent ajouter des observations à ce sujet, je les invite à songer à leur réponse en attendant et, si personne en ligne ne veut répondre, je m'adresserai alors aux témoins présents dans la salle.
Pouvez-vous commencer, je vous prie?
Tout d'abord, par l'entremise du président, je tiens à remercier le député de sa question très réfléchie. Lorsque nous examinons le marché et le besoin de matières premières — à savoir les matières plastiques recyclées — pour nos installations de recyclage, la possibilité de garder les frontières ouvertes et de ne pas restreindre la circulation des biens entre le Canada, les États-Unis et le Mexique et d'inclure des dispositions à ce sujet, que ce soit dans les accords commerciaux...
Au bout du compte, ce que notre secteur aimerait, c'est la reconnaissance qu'il ne s'agit pas d'un déchet, mais d'une ressource; nous nous occupons donc de la récupération de cette ressource. Il serait extrêmement utile d'envisager le commerce du plastique post-utilisation comme matière première ou comme ressource, alors que nous essayons de réaliser les économies d'échelle dont nous avons besoin pour appuyer les investissements au Canada. Nous savons qu'un grand nombre d'innovations de grande valeur ont lieu au Canada dans le domaine du recyclage, et la possibilité de s'inspirer des États-Unis — histoire de commencer près de la frontière canado-américaine — serait avantageuse.
Nous devons garder à l'esprit que l'une des difficultés liées au transport des déchets plastiques, c'est que ces produits sont généralement assez légers, ce qui entraîne des coûts de transport élevés et des émissions de gaz à effet de serre. Alors que nous essayons de garder les frontières ouvertes pour le commerce et de maintenir la libre circulation de cette nouvelle ressource plastique post-utilisation, tout accord que nous pouvons conclure serait utile.
Merci.
:
Je pense que l'une des principales créatures mythologiques nord-américaines est l'économie de marché. On ne le voit pas du tout aux États-Unis. Je suppose que nous en saurons un peu plus, parce que je ne l'ai pas vu non plus.
Je vais vous donner un exemple concret. Dans le secteur automobile, dont je suis issu, ils vont exiger que certains contrats aient un contenu américain, en rapatriant certains de nos contrats. Il ne s'agit pas seulement d'entreprises, mais de contrats qui vont être rapatriés parce que s'ils veulent obtenir une partie de cet argent, ils doivent avoir ce contenu.
Dans le secteur de la fabrication d'outils, de matrices et de moules, par exemple, certaines entreprises ont déjà dû réattribuer des contrats à d'autres entreprises, parce qu'elles ont le pourcentage lorsqu'elles retournent et expédient les produits. La situation va devenir incontrôlable et plus compliquée.
Le fait que ces entreprises soient obligées de ventiler ces renseignements et d'assurer leur conformité régulière est tout simplement inquiétant.
Allez‑y.
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L'industrie mène beaucoup d'initiatives, que ce soit au niveau des entreprises... Une grande partie des facteurs de changement que nous avons observés provenaient de la demande des consommateurs. Des entreprises comme Polystyvert et Pyrowave, dont j'ai parlé, ont dit qu'elles avaient entendu que le polystyrène posait un problème et qu'elles voulaient trouver un moyen de le recueillir et de le recycler. Elles y travaillent.
En fait, le Québec a mis en place une économie circulaire pour le polystyrène, c'est pourquoi il sera ajouté à son programme de responsabilité élargie des producteurs en 2025.
Nous avons également mis en place d'autres projets et programmes. Nos membres ont soutenu une initiative à London, en Ontario, le Hefty EnergyBag. Malheureusement, parce que les marchés finaux ne se sont pas développés aussi rapidement que nous l'aurions souhaité, cette initiative a été abandonnée et n'a pas dépassé le stade du projet pilote.
Il existe d'autres initiatives. L’Association canadienne de l’industrie de la chimie est l'un des membres fondateurs du groupe de travail sur les plastiques circulaires, qui est un consortium d'organisations travaillant à la mise en œuvre, à la mise à l'essai et à la réalisation de projets de plastiques circulaires pour la collecte et le recyclage des produits flexibles. Pensez à votre film plastique et à vos sachets debout pour l'emballage.
Nous avons d'autres initiatives. Nous travaillons en collaboration avec...
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Si vous pouviez nous soumettre ces renseignements par écrit, nous vous en serions reconnaissants.
Ce que je veux dire, c'est que je pense que nous soutenons réellement les initiatives menées par l'industrie et que nous veillons à ce que le recyclage circulaire soit effectué au sein de l'industrie et que le recyclage des plastiques au Canada soit soutenu pour d'autres choses dont nous avons parlé plus tôt, comme l'investissement au Canada, le commerce international, l'emploi et le PIB.
La grande nouvelle, c'est que lorsque nous allons à l'épicerie, les sacs en plastique, par exemple, ont été interdits à l'échelle provinciale. Il s'agit du sac en plastique dans lequel votre pain est emballé. Votre pot de lait est en plastique et votre sandwich est emballé dans du plastique.
Ma dernière question est la suivante: la division des plastiques de l'Association canadienne de l'industrie de la chimie pourrait-elle faire davantage pour éliminer ou faire circuler les plastiques, ce qui serait meilleur pour l'environnement, si le gouvernement fédéral lui apporte un soutien plus important?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais poursuivre avec les représentants de Glencore Canada.
Le Centre technologique des résidus industriels, ou CTRI, le Cégep de l'Abitibi‑Témiscamingue et l'Université du Québec en Abitibi‑Témiscamingue, ou UQAT, grâce à son Institut de recherche en mines et environnement, ou IRME, possèdent une expertise de recherche importante dans le domaine minier, particulièrement en ce qui a trait aux rejets industriels.
Historiquement, disons que vous n'avez pas nécessairement la réputation d'avoir offert une collaboration exemplaire au milieu institutionnel. Actuellement, et pour l'avenir, quel genre de collaboration seriez-vous prêts à mettre en place avec ces établissements? Comment ces ressources pourraient-elles vous aider à aller peut-être plus loin pour concrétiser vos ambitions sur les plans de la performance de vos investissements et de la réduction des matières toxiques dans l'air de Rouyn‑Noranda?
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Je vous remercie de votre question.
En fait, nous récupérons certains pourcentages selon la provenance des matières. Dans les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel, par exemple, nous récupérons 35 % des matières résiduelles. Dans le cas des canettes, nous récupérons 66 % de ces matières. Dans le domaine du transport maritime, le pourcentage de récupération se situe entre 80 et 90 %, puis dans celui de la construction, c'est à peu près la même chose. De tous ces volumes, il y a 50 % des matières résiduelles qui ne sont pas valorisées.
La situation en est ainsi à cause de problèmes technologiques. Très souvent, il s'agit de problèmes de contamination des matériaux. En effet, dans les contenants que nous récupérons, il peut y avoir deux ou trois matériaux de plus que l'aluminium. Diviser ces matériaux peut alors poser un problème technologique au moment d'isoler l'aluminium, ce qui engendre des coûts supplémentaires. Comme je le disais au début, on obtient finalement des volumes qui, à cause de la faible masse critique au Canada, ne se prêtent pas à la valorisation.
Nous sommes donc aux prises avec des problèmes de contamination et de matériaux multiples. Dans le domaine de l'automobile, par exemple, on retrouve un métal appelé le zorba, qui contient plusieurs matériaux. Une fois ce métal déchiqueté, il faut isoler et récupérer chacun des matériaux. Là encore, il y a de la perte.
C'est donc à la fois un problème technique et un problème de masse critique. Cela veut dire qu'il faut faire de la recherche pour développer des technologies qui vont permettre d'optimiser l'étape de la récupération; il faudrait peut-être aussi des technologies qui permettraient de traiter de façon économique de petits volumes. Toutefois, cela représente un très grand défi.
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C'est une question que nous nous posons aussi, car nous avons pour priorité d'atteindre des résultats.
Je reviens encore au problème systémique et structurel au Canada: nous n'avons pas de masse critique. Nous recevons beaucoup de demandes d'entrepreneurs de la région du Saguenay, entre autres, qui rêvent de mettre en place un système de fabrication de canettes d'aluminium à partir d'aluminium recyclé, comme cela se fait ailleurs. Or nous n'avons pas la masse critique qu'il faut.
Aux États‑Unis, on consomme plus de 100 milliards de canettes par année. Au Québec, on en consomme à peu près 1,3 milliard pendant la même période. Cela semble beaucoup, mais ce n'est pas suffisant. Nous sommes très loin du seuil de rentabilité. Il y a plusieurs années, nous avons fait des calculs en vue de la mise sur pied d'un centre qui aurait bénéficié de toute la masse critique possible du Québec et cela générait des pertes annuelles de 20 millions de dollars, même en allant chercher des volumes à l'extérieur du Québec, ailleurs au Canada.
Selon moi, il faut donc se concentrer là où nous pouvons changer les choses, comme dans d'autres secteurs où de la très belle recherche se fait, par exemple au Saguenay, dans le domaine de l'aluminium.
Il faut donc être prudents dans nos investissements et miser sur les domaines où ça compte.
Madame Viger, vous dites que, chez Glencore Canada, vous utilisez à peu près 15 % de matières canadiennes dans la transformation que vous faites et que vous souhaiteriez en prendre plus. Qu'est-ce qui pourrait être fait, au Canada, pour utiliser le plus de matières canadiennes possible?
Évidemment, on cherche à savoir ce que le gouvernement fédéral peut faire de plus pour appuyer la transformation, le recyclage, etc. Que pourrait-il faire de plus pour vous aider à aller chercher plus de matières canadiennes ou pour vous donner l'autorisation d'en avoir plus?
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Certains disent que l'aluminium peut être recyclé sans fin et sans perdre ses principales caractéristiques. C'est un matériau très durable.
Un des grands avantages de recycler l'aluminium est que cela ne nécessite que 5 % de l'énergie requise pour produire le métal primaire. Ce qui veut dire non seulement qu'on réduit de 95 % l'énergie nécessaire pour le faire, mais qu'on réduit aussi les émissions dans une proportion de 95 %. C'est donc un grand exploit dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Toutefois, les choses ne sont pas simples. Comme je l'ai mentionné plus tôt, une partie de l'aluminium qui revient dans le circuit doit être séparé du point de vue des alliages — alliages originaux ou séries — et ne peut pas nécessairement servir au même usage ou pour un autre usage. Si on veut s'assurer de recycler de façon optimale tout le métal qui revient dans le circuit, cela ajoute un niveau de complexité, mais il faut dire que l'augmentation de l'utilisation de l'aluminium recyclé pour produire de nouveaux matériaux fait assurément partie de la voie de l'industrie mondiale vers la décarbonation.
Un bon exemple est ce qu'on appelle les fonderies « hybrides », que nous verrons de plus en plus en grand nombre. Elles produisent des métaux primaires, mais elles utilisent leur facteur de dilution pour accroître l'utilisation de l'aluminium recyclé, et ce faisant, elles réduisent leur empreinte carbone au bout de la ligne.
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Je dirais que le plus grand défi actuellement consiste à trier l'aluminium de manière stratégique selon sa provenance, comme le secteur automobile ou l'emballage des produits de consommation.
Soit on évite d'utiliser des matériaux multiples, y compris l'aluminium, lorsqu'on conçoit un emballage — afin de pouvoir effectuer un suivi de l'aluminium pour le sortir du circuit —, soit on se retrouve avec le problème de devoir trier les différents matériaux en aval et de les séparer les uns des autres. Le contenant Tetra Pak en est un bon exemple, car il superpose des couches de différents matériaux. C'est un type de contenant compliqué quand on veut recycler les matériaux de façon optimale.
Ce qui est bien, c'est de penser au recyclage au moment de la conception du contenant, de l'emballage ou de l'objet, soit en amont. On remédie au problème de cette façon. Si on ne veut pas procéder ainsi, il faut accepter de devoir composer avec le problème en aval, là où la chose devient très difficile. Le produit a servi, alors il y a des problèmes de contamination, etc. Il faut faire un choix.
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Je vais répondre à une partie de la question et laisser Mme Viger répondre à celle qui concerne les matières résiduelles.
Dans le cas de la boue anodique, par exemple, le prix d'un baril est le même que celui d'une Ferrari. Ce ne sont donc pas des déchets, mais des produits précieux. En effet, le Canada y récupère de l'argent, de l'or, du platine, du palladium, du tellure, du bismuth. Ce sont des éléments et des métaux dont nous avons justement besoin. En réalité, c'est très précieux et nous en prenons grand soin.
Cela dit, quand on les traite, il y a parfois des résidus. Mme Viger pourrait vous en parler maintenant.
J'arrive au bout de mon intervention, mais, pour terminer, j'aimerais savoir si, dans l'éventualité où le Comité voudrait se rendre sur le terrain et visiter des installations importantes sur le plan du recyclage, vous seriez prêts à nous accueillir et à nous présenter plus en détail les projets liés à des investissements, notamment le projet PHENIX.
Dans mon jeune temps, j'ai été guide touristique à la Fonderie Horne, je pourrais, si vous le voulez, jouer un rôle d'animateur.
Quoi qu'il en soit, je pense que cette expérience pourrait être très instructive pour notre comité.