:
Bonjour, chers collègues.
[Français]
J'espère que vous avez tous passé une bonne semaine dans vos circonscriptions.
[Traduction]
Nous recevons des visages familiers en cette 133 e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je ferai un rappel amical à nos témoins — bien que je doute que vous en ayez besoin, car vous contribuez à mettre en œuvre les règles que je m'apprête à énoncer. Lorsque vous n'utilisez pas vos oreillettes, veillez à les placer de façon sécuritaire sur les autocollants disposés devant vous pour protéger nos collègues qui travaillent très fort en notre nom dans la cabine.
Chers collègues, la réunion d'aujourd'hui est divisée en deux heures distinctes afin de poursuivre les deux études auxquelles nous travaillons.
[Français]
La rencontre sera donc consacrée à deux études différentes.
[Traduction]
La première heure portera sur la question de privilège concernant les cyberattaques menées contre des députés. Nous en avons parlé à plusieurs reprises et nous poursuivons maintenant le débat.
Dans la deuxième heure, nous reprendrons notre étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale.
Sur ce, je voudrais souhaiter la bienvenue à M. Eric Janse, greffier de la Chambre des communes; Stéphan Aubé, administrateur en chef; Michel Bédard, légiste et conseiller parlementaire; Patrick McDonell, sergent d'armes; Jeffrey LeBlanc, sous-greffier à la procédure; et Benoit Dicaire, chef de l'information.
Monsieur Janse, je crois comprendre que vous parlerez au nom de vos collègues ici présents. Vous avez la parole pour cinq minutes, après quoi nous passerons aux questions.
La parole est à vous, monsieur.
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Merci beaucoup, monsieur le président, de nous avoir invités, mes collègues et moi, à comparaître de nouveau devant vous au sujet de la question de privilège concernant les cyberattaques menées contre des députés.
Les membres du Comité se souviendront que nous avons déjà comparu le 4 juin dernier. Nous espérons que nos témoignages aideront le Comité dans son étude.
[Français]
Après que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a ordonné la production de documents de l'Administration de la Chambre des communes et d'institutions gouvernementales en mai 2024, et à la suite de sa comparution devant ce même comité le 4 juin 2024, l'Administration de la Chambre a rassemblé les documents en sa possession pour répondre à l'ordre de production de documents.
En examinant ces dossiers, l'Administration de la Chambre a constaté que la plupart des documents pertinents relativement à cet ordre étaient des échanges de courriels provenant du Centre canadien pour la cybersécurité, ou CCC, qui fait partie du Centre de la sécurité des télécommunications Canada, ou CST.
Après discussion, l'Administration de la Chambre a fourni au CST des documents provenant du CCC dans les deux langues officielles. Le CST s'est engagé à les fournir directement au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, avec les expurgations demandées par le Comité. Le CST était mieux placé pour expurger les informations le concernant conformément à l'ordre de production de documents du Comité.
[Traduction]
Pour s'assurer que tous les documents soient divulgués au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, l'Administration de la Chambre a examiné les documents produits par le CST et a remarqué que trois documents n'avaient pas encore été divulgués au Comité par le CST. Ces documents vous ont été envoyés directement la semaine dernière par l'Administration de la Chambre. Je précise que nous avons travaillé avec le CST pour procéder aux expurgations demandées par le Comité.
L'Administration de la Chambre a également trouvé deux documents internes en réponse à l'ordre et les a fait parvenir au Comité le 9 août. Il s'agit d'un rapport interne et d'un échange de courriels entre la Direction générale de la sécurité des TI de l'Administration de la Chambre et divers sénateurs et députés, dans les deux langues officielles. Les documents ont été expurgés conformément à la demande du Comité afin de protéger les renseignements personnels, les renseignements sur la vulnérabilité des systèmes de communication informatique de la Chambre des communes et les méthodes employées pour les protéger, ainsi que les renseignements qui nuiraient à la détection, à la prévention ou à la répression d'activités subversives ou hostiles.
[Français]
C'est ce qui met fin à nos remarques préliminaires.
C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Ce que M. Cooper a expliqué, c'est que cela concerne les tendances du gouvernement et le sérieux avec lequel il traite les questions de privilège et, dans le cas présent, la production de documents.
Oui, malheureusement, de nombreuses questions de privilège sont soulevées. Notre comité en est saisi et est principalement chargé de s'en occuper, mais en ce qui concerne la pertinence de la question, elle est tout à fait pertinente lorsque nous examinons d'autres demandes de production de documents. Comme M. Cooper l'a expliqué, le gouvernement a affirmé erronément hier qu'il fournit tous les documents relatifs à une question de privilège alors qu'il ne le fait pas.
Cette question est tout à fait pertinente, car elle montre et démontre que le gouvernement ne prend pas la production de documents au sérieux, y compris dans le dossier dont nous sommes saisis et dans un autre qui est en instance. Je pense qu'il est tout à fait pertinent d'obtenir l'avis et la confirmation du légiste pour savoir si le gouvernement respecte ses obligations dans d'autres questions de privilège et d'autres demandes de production de documents.
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Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne la comparaison entre l'étude en cours et la question de privilège actuellement débattue à la Chambre, je soulignerai quelques faits.
Tout d'abord, pour l'étude en cours, le Comité a reçu un ordre de renvoi de la Chambre. La motion de privilège a été adoptée. Le Comité s'est vu confier cette étude.
Deuxièmement, la motion que le Comité a lui-même adoptée en mai 2024 autorise les entités gouvernementales à expurger des documents. Les documents remis par la Chambre et par d'autres entités gouvernementales étaient expurgés. À la Chambre, lorsque nous avons procédé à l'expurgation, nous étions très conscients du fait que ces expurgations avaient été autorisées et, de fait, demandées par le Comité.
Si nous passons maintenant à la question de privilège dont la Chambre est actuellement saisie et à la lettre que j'ai adressée hier au Président de la Chambre, qui a été déposée à la Chambre le même jour, elle va dans le même sens que l'autre lettre que je lui ai présentée. La Chambre a ordonné la production de documents le 10 juin. L'ordre de la Chambre ne prévoyait aucune expurgation. Certains documents ont été retenus ou ont été expurgés.
Pour ce qui est des lettres précédentes, cette information ayant été fournie à la Chambre, une question de privilège a été soulevée. Le Président de la Chambre a jugé qu'il y avait, de prime abord, une question de privilège et a permis que la motion appropriée soit proposée pour que l'affaire soit renvoyée à votre comité. Sachez que le Président de la Chambre a également...
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Merci de la question, madame Fortier.
Je pense que cela commence par l'accès à l'information, comme on l'a dit plus tôt. Une des premières choses que nous avons faites après l'incident a été de revoir les protocoles d'entente avec nos partenaires de sécurité, de façon à améliorer la communication entre les agences de sécurité et nous quant aux incidents relatifs au Parlement et, en particulier, aux députés. L'une des premières choses nécessaires est d'avoir accès à l'information pertinente.
Il faut aussi avoir des recommandations claires basées sur une stratégie d'atténuation des risques ou sur des risques particuliers associés à une infrastructure ou à un compte d'utilisateur, notamment.
Donc, la première étape est vraiment d'avoir la bonne information pour être capable de communiquer plus tôt lorsqu'il est nécessaire de le faire. Comme M. Aubé vient de le dire, nous sommes la cible d'un volume faramineux d'attaques. Par conséquent, il faut être capable de faire la distinction entre une attaque qui n'a pas fonctionné et une attaque qui a fonctionné.
Les protocoles d'intervention doivent cibler beaucoup plus les contextes où il y a un risque associé à un individu ou à une infrastructure en particulier.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ce sujet est vraiment d'actualité. Messieurs, d'entrée de jeu, je vous remercie d'être venus témoigner encore une fois devant le Comité. Nous avons reçu un nombre tellement élevé de documents que, je dois le dire, je ne les ai pas lus au complet. Cela m'a toutefois fait constater le grand pas qu'on a fait depuis cinq mois.
À cet égard, je suis contente que ma collègue Mme Fortier ait posé les questions que je voulais poser, puisque cela me permettra d'aller un peu plus loin.
J'ai participé à une mission, la semaine dernière, et ce sujet a fait partie des discussions. Nous avons pris conscience du fait que, dans nos systèmes démocratiques, en raison des délais et du processus législatif, les choses ne vont malheureusement pas assez rapidement pour bien répondre aux événements que nous vivons. C'est ce qui m'inquiète.
J'ai cependant été rassurée tantôt lorsque je vous ai entendus parler, messieurs, du chemin parcouru en ce qui concerne les ressources physiques, ainsi que de la surveillance que vous êtes en mesure de faire maintenant. Effectivement, plusieurs élections se sont tenues un peu partout au cours de la dernière année et nous pouvons nous inspirer de ces expériences.
Cela dit, en 2024, ne pouvons-nous pas trouver une façon de mieux faire face à ce genre de situation? Nous comprenons que la partisanerie, les délais et notre processus font que nous n'y arrivons pas. C'est encore difficile sur le plan de la protection des renseignements personnels, et ce n'est pas une question de ressources. Il faut penser aussi au processus à suivre pour déposer un projet de loi. La France, par exemple, a été en mesure d'adopter, en juin, un projet de loi contre l'ingérence étrangère.
N'en sommes-nous pas rendus, en 2024, à déterminer quelles sont les questions extrêmement urgentes et à revoir les priorités? C'est ici, à ce comité, que ce travail peut se faire, afin de vous aider à mettre en place ce qu'il faut pour contrer les cyberattaques, entre autres choses.
Qu'en pensez-vous? Vous êtes les personnes directement concernées.
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Présentement, le mandat de l'Administration de la Chambre se limite à l'infrastructure de la Chambre, ce qui est conforme à toutes les politiques en place. Par exemple, il existe une politique d'utilisation acceptable. Il y a une certaine surveillance qui fait en sorte qu'en cas d'activités suspectes, l'Administration de la Chambre est informée.
Si l'on étend les services aux appareils personnels, certaines questions devront être posées et des réponses devront être données, ce qui risque d'avoir des conséquences. La politique d'utilisation acceptable doit-elle s'appliquer et, si c'est le cas, dans quelle mesure? Qu'allons-nous faire? Si la Chambre des communes doit assumer une responsabilité, cette responsabilité concernera aussi le contenu, contenu qui ne sera pas limité aux seules fonctions parlementaires. Les députés sont des personnes, des êtres humains. Le week-end, ils ont des loisirs et ils naviguent sur le Web. Pour le moment, il n'est pas certain qu'ils souhaitent qu'un tel mandat soit confié à l'Administration de la Chambre.
De plus, en cas d'activités suspectes sur le Web, de violation de données, le mandat que vous donnez à l'Administration nous confère également une responsabilité, et, essentiellement, cela signifie que vous perdrez une certaine forme de liberté sur ces appareils. S'il devait y avoir une recommandation, une volonté que l'Administration de la Chambre étudie cette question, bien sûr, elle pourrait être étudiée. Les députés dans leur ensemble et chacun d'entre eux devront être conscients de toutes les conséquences que ce changement pourrait avoir.
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Monsieur Berthold, voici ce qui va se passer. Je ne vais pas vous contredire, mais voici ce que j'imagine qu'il va se passer: D'une manière ou d'une autre, M. Cooper va reprendre la parole. Je suppose que M. Turnbull va alors lever la main et, maintenant que j'ai établi la liste des intervenants, il va la contester. Voici ce qui va se passer.
M. Cooper va prendre la parole et nous verrons ensuite comment les choses évoluent, sinon nous ne reviendrons pas sur ce point particulier. Cependant, étant donné qu'il est maintenant plus de midi — et je suis sûr que c'est passionnant pour nos témoins qui sont ici et qui ont fait un travail fantastique en ne contribuant pas à la discussion bien qu'ils aient probablement des points de vue très intéressants — je vais remercier nos témoins. Je vais les libérer, car nous allons recevoir un deuxième groupe de témoins si nous y arrivons.
Je tiens à remercier MM. Dicaire, Bédard, Janse, McDonell, LeBlanc et Aubé.
Messieurs, je suis désolé que nous n'ayons pas pu avoir une discussion plus substantielle avec vous, mais si quelqu'un comprend que des choses peuvent se produire dans le contexte d'une séance parlementaire, c'est bien vous. Je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé.
Monsieur Cooper, vous avez la parole.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Dans le cas présent, 19 parlementaires, y compris des députés et des sénateurs, ont été la cible d'une cyberattaque menée par APT31, un groupe dirigé et contrôlé par Pékin. Ce gouvernement a tenu ces parlementaires dans l'ignorance pendant trois ans.
Ce gouvernement était au courant de l'attaque d'APT31 lorsqu'elle s'est produite en janvier 2021. Toutefois, il n'a fait aucun effort pour informer les députés qu'ils étaient ciblés par le régime de Pékin, ou pour les informer afin qu'ils puissent prendre les mesures nécessaires pour se protéger. Ces députés et sénateurs n'auraient jamais su qu'ils étaient la cible du régime de Pékin si le département de la Justice des États‑Unis n'avait pas émis un acte d'accusation. Ce n'est qu'à ce moment‑là qu'ils ont pris conscience du fait qu'ils étaient ciblés, ce qui a conduit le Président à conclure à une question de privilège fondée de prime abord, qui a maintenant été renvoyée à ce comité.
Je tiens à souligner que si les députés ont été tenus dans l'ignorance, le SCRS, le CST, le Cabinet du premier ministre et le Bureau du Conseil privé, le propre ministère du et de nombreux ministères de ce gouvernement ont reçu des breffages sur l'attaque d'APT31. En d'autres termes, il y a eu une défaillance totale dans la communication de ces renseignements aux députés.
Ce n'est toutefois pas la première fois que ce genre de situation se produit. Nous savons que ce gouvernement avait connaissance du fait que des députés, dont le député , étaient la cible du régime de Pékin, mais il a été tenu dans l'ignorance, ce qui a conduit le Président à conclure à une question de privilège fondée de prime abord, qui a été soumise à ce comité et que nous avons étudiée.
Le gouvernement a manqué de transparence, n'a pas assuré la transparence nécessaire et a parfois même carrément couvert les ingérences de Pékin et fermé les yeux sur celles‑ci.
Suite à ce qui s'est passé dans le cas du député Chong, le ministre de la Sécurité publique a émis, en mai 2023, une directive exigeant que si des députés étaient la cible d'une ingérence étrangère, le SCRS le leur fasse savoir. Il est intéressant de noter qu'à la suite de la publication de cette directive, de nombreux ministères, y compris le ministère du premier ministre, le Bureau du Conseil privé, ont reçu une note d'information au sujet de cette attaque d'APT31.
Malgré l'ordre de la Chambre, ces ministères ont été informés, mais on a laissé les députés dans l'ignorance. Cette situation soulève des questions quant à l'efficacité de cet ordre et au respect de cette directive. Il semble que le gouvernement ne l'applique pas. Il semble que...
Je répondrai volontiers au point soulevé par M. Turnbull. Le a été très clair à ce sujet. Il veut bien recevoir la même note d'information que le Washington Post et que le . Il ne veut toutefois pas obtenir cette cote et permettre au premier ministre de choisir les renseignements qui lui seront communiqués. Ceux‑ci pourraient être incomplets et ne pas fournir tous les éléments, et le premier ministre pourrait ensuite jouer le rôle d'arbitre et déterminer s'il a violé son serment de secret.
Le ne veut pas jouer le jeu du . Si le premier ministre était sérieux, il publierait le nom de tous les députés qui ont collaboré sciemment avec le régime de Pékin, mais il ne le fera pas parce que nous savons qu'ils siègent dans son caucus.
Nous savons que le a dissimulé le fait que l'un de ses candidats, l'actuel député de , a bénéficié de l'aide du régime de Pékin pour obtenir une nomination au Parti libéral. Le SCRS était au courant de l'ingérence de Pékin au moment de sa nomination. Le SCRS a informé des responsables clés, des libéraux hauts placés, dont Jeremy Broadhurst et le président du Parti libéral du Canada. Quatre de ces libéraux hauts placés avaient la cote de sécurité nécessaire pour recevoir cette note les informant que le député de Don Valley-Nord, le candidat libéral de l'époque, avait effectivement reçu l'aide du régime de Pékin.
Jeremy Broadhurst a jugé que cette situation était suffisamment grave pour en informer le le jour suivant. Le premier ministre, ayant été informé que l'un de ses candidats avait reçu l'aide du régime de Pékin, n'a rien fait. Il a fermé les yeux. Il a étouffé l'affaire et a permis à cette personne de se présenter aux élections et d'être élue, en espérant que personne ne le découvrirait.
Dans son rapport, la juge Hogue a conclu que l'inaction du à l'égard de la situation de l'actuel député de , dont il avait été informé, est due principalement à ses préoccupations politiques. Je paraphrase de ce que la juge a conclu, à savoir que si le premier ministre n'a pas agi, c'est pour des raisons politiques.
Voilà. La juge Hogue, la commissaire de l'enquête publique, a conclu que le a fait passer ses intérêts politiques et les intérêts du Parti libéral avant la sécurité nationale et avant la lutte contre l'ingérence de Pékin dans nos processus démocratiques. Tel est le bilan de ce premier ministre.
En ce qui concerne le député de et les notes d'information sur la sécurité... il est également très intéressant de noter que le député a ensuite été informé qu'il était une cible du SCRS.
Cela soulève la question de savoir qui l'en a informé. Nous savons que quatre libéraux hauts placés ont reçu la note d'information du SCRS et que le a été informé par M. Broadhurst du contenu de cette note.
Peu de personnes ont en fait pu informer le député de qu'il était visé par le SCRS...
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Je retire mes paroles, monsieur le président, et je les reformule en disant que le a l'habitude de déformer les faits.
Il n'est pas étonnant que le ne fasse pas confiance à ce qui ne veut ne lui remettre que quelques documents, peut-être lui en cacher d'autres, et ne lui donner qu'une image incomplète de la situation. Voilà ce que propose le premier ministre, mais le chef de l'opposition ne va pas mordre à l'hameçon. Il ne va pas jouer le jeu du premier ministre. Le chef de l'opposition a plutôt demandé au premier ministre de simplement divulguer les noms de tous les députés compromis, mais le premier ministre refuse toujours de le faire. Il avait agi de la même façon en dissimulant ce qui s'était passé avec le député de Don Valley-Nord.
Non, le et les conservateurs n'ont pas de leçons à recevoir de ce et de ce gouvernement sur l'ingérence étrangère, car le bilan de ce gouvernement en la matière est scandaleux. Il a suscité des préoccupations chez nos alliés et les actions du premier ministre ont été décriées par la communauté internationale. Après neuf ans sous la gouverne de ce premier ministre, le prétendu Groupe des cinq ressemble de plus en plus au Groupe des quatre, car le Canada a été laissé de côté. Il en va de même avec l'AUKUS. Nos alliés en ont exclu le Canada.
Je pourrais vous donner d'autres exemples. Voilà ce qui arrive lorsque l'on a un qui a bien trop souvent accepté ce que fait Pékin, lui a permis de s'ingérer dans deux élections et a fermé les yeux sur le fait que l'un de ses propres députés était compromis. Il le savait. Et il y a le fait que Pékin a mis en place des postes de police illégaux pour cibler des Canadiens d'origine chinoise. Voilà ce qui s'est passé après neuf ans sous la gouverne de ce premier ministre.
La motion dont nous sommes saisis, qui concerne la cyberattaque contre 19 députés, devrait préoccuper tous les députés, car ce sont des députés de tous les partis politiques qui ont été ciblés et qui ont été tenus dans l'ignorance. Ils n'auraient rien su sans un acte d'accusation non scellé du département de la Justice des États-Unis qui a mené le Président à conclure qu'il y avait, de prime abord, matière à question de privilège, et a mené notre comité à étudier cette question de privilège. Nous avons tenu des audiences et, alors que nous étions sur le point de conclure cette étude, nous avons relevé plusieurs raisons pour lesquelles il fallait la poursuivre. L'une d'entre elles était que ce comité avait ordonné au gouvernement de produire des documents avant le 9 août. Nous avons reçu...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ce comité a ordonné au gouvernement de remettre tous les documents en sa possession relatifs à la cyberattaque contre ces 19 parlementaires. La date limite pour le faire était le 9 août.
Avant le 9 août, nous avons reçu un lot de documents, principalement du CST, et quelques-uns du SCRS, je crois. Ils étaient lourdement caviardés. Cela dit, certaines informations non caviardées ont suscité d'autres questions. Des documents, par exemple, faisaient référence ou suggéraient qu'une cyberattaque avait eu lieu en octobre 2022. Notre comité n'en avait pas été informé. On ne sait pas dans quel contexte cette cyberattaque a été menée, mais il en est question dans la note d'information du SCRS sur la gestion des enjeux de l'année 2022.
Cette note d'information a été envoyée à la sous-ministre de la Sécurité publique, au , à la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, et au chef de cabinet du ministre de la Sécurité publique. On peut y lire que le SCRS avait l'intention de rencontrer des députés ou des membres de leur personnel au sujet d'auteurs de cybermenaces de la République populaire de Chine qui ciblaient des parlementaires. Dans la section « Contexte » du document, on peut lire qu'en octobre 2022, le SCRS a pris connaissance d'une campagne de courriels d'hameçonnage malveillants envoyés aux adresses électroniques personnelles de parlementaires, de membres du personnel et d'autres personnes du gouvernement du Canada. Cette campagne a vraisemblablement été menée par des auteurs de cybermenaces affiliés à la République populaire de Chine.
Dans le document produit par le SCRS, il est question d'une cyberattaque qui cible ou semble cibler des députés, puisque le SCRS indique qu'il avait l'intention d'informer ces députés. On s'est demandé si la cyberattaque menée par le groupe APT31 était la seule cyberattaque lors de laquelle la République populaire de Chine ou d'autres États étrangers avaient ciblé des députés et dont le SCRS était au fait. Nous devons obtenir des éclaircissements à ce sujet.
S'il s'avère que l'attaque menée par le groupe APT31 n'est pas la seule cyberattaque dont le SCRS et le CST ont connaissance, cela nous porte à nous demander combien d'attaques ont eu lieu, quelle était leur nature, quand elles ont eu lieu et qui les a dirigées. On se demande aussi si les parlementaires qui ont été ciblés ou qui ont été victimes de ces attaques en ont été informés. Nous savons que dans le cas de l'attaque menée par le groupe APT31, les députés ont été tenus dans l'ignorance. Sans l'acte d'accusation non scellé publié par le département de la Justice des États-Unis en mars de cette année, ils ne seraient toujours pas au courant.
C'est pour cette raison que ce comité, grâce à l'insistance des conservateurs — mais je crois que le vote du Comité a finalement été unanime —, a demandé aux représentants du CST et du SCRS de revenir témoigner. En guise de réponse, le SCRS et le CST se sont moqués de notre comité. Ils ont répondu: « Non, merci ». Ils ont dit qu'ils ne souhaitaient pas revenir devant notre comité. Ils ont fait un pied de nez à notre comité, au Parlement et au contrôle parlementaire. La raison qu'ils ont invoquée était qu'ils avaient comparu devant notre comité en juin.
Oui, ils sont venus en juin, et ils ont fourni quelques... Il nous a été utile de les accueillir en comité. Cependant, cet été, nous avons reçu des documents qui suscitent des questions qui doivent leur être posées et auxquelles nous devons obtenir des réponses afin de mener à bien cette étude de manière exhaustive.
J'ai soulevé certaines questions qu'il faut poser relativement aux documents que le CST et le SCRS ont produits. J'aurais pensé, en raison du nombre relativement limité de documents que nous avons reçu cet été, que nous aurions pu examiner ces questions lors d'une seule séance de comité avec le CST et le SCRS.
Tous les membres du Comité semblaient reconnaître qu'il fallait entendre les représentants du SCRS et du CST, leur poser des questions et ensuite décider si nous serions en mesure de terminer notre étude. Or, nous avons appris vendredi que le SCRS et le CST avaient déposé une tonne de documents.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de les examiner. N'oubliez pas que l'on avait sommé le SCRS et le CST, ce gouvernement, de remettre les documents avant le 9 août. Pour une raison quelconque, plus de trois mois plus tard, une tonne de documents ont été déposés.
Lorsque j'ai demandé à la greffière si le SCRS et le CST devaient remettre d'autres documents, elle m'a répondu — et je paraphrase, je ne la cite pas directement — qu'il y avait un grand nombre de documents qui n'avaient toujours pas été remis au Comité. Non seulement ils n'ont pas été produits, mais nous ne savons même pas quand le CST et le SCRS les produiront et les mettront à la disposition de notre comité. Or, la seule date butoir qui compte est le 9 août; une date butoir dont ce gouvernement a fait fi et n'a apparemment aucune envie de respecter.
Vendredi, nous avons reçu un lot de documents. Ils doivent déposer de nombreux autres documents, mais ils le feront quand bon leur semblera, parce qu'ils ne peuvent même pas fournir d'échéancier... Et les députés libéraux d'en face ne comprennent pas pourquoi cette motion a été présentée.
Il est assez étonnant que certains membres de ce comité soient disposés à terminer l'étude sans avoir eu la possibilité d'interroger le SCRS et le CST sur ce que contient ce lot de documents — qui suscitent de nouvelles questions — qu'ils ont produits plus de trois mois après qu'ils ont été sommés de le faire, et sur leur incapacité à produire d'autres documents.
C'est tout à fait raisonnable. En réalité, la chose responsable à faire serait de dire: « Arrêtons-nous et consultons les documents. Attendons de recevoir toute la liasse. Invitons le SCRS et le CST à comparaître et posons-leur des questions une fois que nous aurons tous les documents en main, et non pas seulement une partie. » Lorsque nous les avons interrogés initialement, nous n'avions qu'une infime fraction des documents. Il nous faut donc entendre de nouveau le SCRS et le CST et obtenir les documents.
Il y a un parallèle intéressant et franchement troublant entre le déroulement de l'étude actuelle et la production des documents de la caisse noire environnementale. Dans les deux cas, le gouvernement prétend avoir remis les documents. Certains sont caviardés, et certains sont manquants, mais il veut mettre fin aux débats en Chambre et refiler le dossier au comité PROC pour que ce dernier tire les choses au clair.
S'il y a quelque chose à retirer de tout cela, c'est que le mode opératoire du gouvernement est de faire marcher le comité PROC en daignant lui remettre, dans un premier temps, un certain nombre de documents, et dans un deuxième temps, des mois après avoir reçu l'ordre de production du Parlement, en lui remettant un autre échantillon alors que le Comité s'apprête à mettre fin à son étude en pensant avoir tous les documents en main.
C'est un stratagème. Cette mascarade démontre que le gouvernement est indigne de confiance et qu'il n'a pas intérêt à faire preuve de transparence. Voilà pourquoi, après avoir vu ce qui s'est passé lors de l'étude, les conservateurs ne vont pas lâcher le morceau à la Chambre tant que le gouvernement ne cessera pas de défier le Parlement et qu'il ne remettra pas la version non caviardée de tous les documents liés à la caisse noire environnementale au légiste parlementaire pour que ce dernier les remette à la GRC. Le corps de police pourra prendre toutes les mesures jugées nécessaires à l'égard de ce scandale comportant 400 millions de dollars des contribuables, dont 330 millions de dollars liés à des conflits d'intérêts mettant en cause des membres du conseil d'administration. La vérificatrice générale a relevé 186 conflits d'intérêts.
L'obstruction à laquelle se livre le gouvernement démontre pour une énième fois son manque de respect envers le Parlement.
Pensons au scandale du laboratoire de Winnipeg et à cette atteinte grave à la sécurité nationale. Le gouvernement a refusé de produire les documents liés au laboratoire de Winnipeg comme le lui avait demandé le Parlement. Le Président de la Chambre a statué que cette affaire était une autre question de privilège fondée de prime abord, qui s'est inscrite dans toute la série de questions de privilège liées au refus du gouvernement de produire des documents.
Qu'on fait les libéraux? Qu'a fait le ? Il a demandé au Président de la Chambre, le député de de démissionner...