Bienvenue à la 137e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 18 mars 2024 et à la motion adoptée le lundi 11 décembre 2023, le Comité se réunit pour débattre du projet de loi , Loi portant exécution de certaines dispositions de l'énoncé économique de l'automne déposé au Parlement le 21 novembre 2023 et de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 28 mars 2023.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'article 15.1 du Règlement. Des députés sont présents en personne et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des membres du Comité et des témoins.
Bien que cette salle soit équipée d'un système audio très performant, il peut y avoir une rétroaction acoustique involontaire qui peut être extrêmement dommageable pour les interprètes et causer de graves lésions. La cause la plus fréquente de cette rétroaction acoustique est une oreillette placée trop près d'un microphone. Nous demandons donc à tous les participants de faire preuve d'une grande prudence lorsqu'ils manipulent leur oreillette, surtout lorsque leur microphone ou celui de leur voisin est allumé, afin de prévenir les incidents et de protéger la santé auditive des interprètes. Je demande aux participants de s'assurer de parler dans le microphone dans lequel leur casque d'écoute est branché et d'éviter de manipuler leur oreillette pour plutôt la placer sur la table loin du microphone lorsqu'elle n'est pas utilisée
Pour rappel, toutes les observations doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence. Pour les personnes présentes dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour les personnes sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « lever la main ». Le greffier et moi-même gérerons de notre mieux l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Tous les tests de son requis ont été effectués avec les témoins comparaissant par vidéoconférence, et tout le monde est prêt à commencer.
Nous accueillons aujourd'hui, pour commencer nos groupes de l'après-midi, Laurent Carbonneau, directeur des politiques et de la recherche, et Nicholas Schiavo, directeur des affaires fédérales, du Conseil canadien des innovateurs.
De la Daily Bread Food Bank, nous accueillons Neil Hetherington, président-directeur général.
De l'Association des professeures et professeurs de l'Université Laurentienne, nous avons Fabrice Colin, président, et Linda St-Pierre, directrice exécutive et déléguée en chef.
De l'Union des municipalités du Québec, nous avons Martin Damphousse, président et maire de Varennes, et Samuel Roy, conseiller stratégique aux politiques. Ils se joignent à nous par vidéoconférence.
Bienvenue à tous.
Sur ce, nous allons commencer par les déclarations liminaires d'une durée maximale de cinq minutes.
Nous commencerons par le Conseil canadien des innovateurs.
Allez-y, monsieur Schiavo.
Bonjour au président, aux vice-présidents et aux députés du Comité permanent des finances. Je vous remercie de me donner l'occasion de présenter aujourd'hui un exposé sur le projet de loi et sur les efforts déployés pour mettre en oeuvre le budget 2023 et l'énoncé économique de l'automne correspondant.
Je m'appelle Nick Schiavo et je suis directeur des affaires fédérales pour le Conseil canadien des innovateurs, ou CCI. Je suis accompagné de mon collègue Laurent Carbonneau, directeur des politiques et de la recherche.
Le CCI est un conseil national qui représente 150 des entreprises canadiennes à la croissance la plus rapide. Nos entreprises membres ont leur siège social ici au Canada, emploient plus de 52 000 employés dans tout le pays et sont des chefs de file dans les secteurs de la santé, des technologies propres et financières, de la cybersécurité, de l'intelligence artificielle et plus encore.
Il est indéniable que le Canada se trouve aujourd'hui dans une situation économique difficile. Depuis des années, nous entendons parler de cette situation précaire, souvent qualifiée de grand marasme canadien, de décennie perdue ou même, plus récemment, par la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, d'« urgence » en matière de productivité. Quel que soit le choix des mots, les avertissements sont clairs: le Canada est confronté à une augmentation du coût de la vie, à une stagnation de la croissance et à une baisse de la productivité. L'ensemble de ces facteurs a un impact négatif sur notre PIB par habitant et, par extension, sur la qualité de vie que les Canadiens attendent.
Selon les prévisions actuelles, cette stagnation devrait faire du Canada l'économie la moins performante de l'OCDE entre 2030 et 2060. Si l'on ajoute à cela divers défis structurels auxquels notre pays est confronté, tels que le changement climatique, la guerre et la cyberguerre, les problèmes de santé et le manque de concurrence, le statu quo ne fonctionne tout simplement pas. Le Canada doit tracer une nouvelle voie vers une croissance et une prospérité soutenues, ancrées dans une économie de l'innovation forte.
Si l'on considère en rétrospective le budget de 2023 et l'énoncé économique de l'automne et, surtout, si l'on dirige notre regard vers l'avant, sur le budget de 2024 et au-delà, il faut que le Canada élabore et mette en oeuvre une stratégie industrielle intelligente qui crée de la richesse, améliore la productivité et s'aligne sur nos autres priorités stratégiques. Au coeur de cette optique stratégique doivent se trouver des réformes menées par l'industrie des cadres de recherche et développement et des mécanismes d'approvisionnement du Canada à tous les ordres de gouvernement, parallèlement à d'autres leviers d'innovation importants, notamment un régime d'incitation à la propriété intellectuelle, aux brevets.
Dans l'esprit du thème central du budget de 2023 du gouvernement, à savoir, bâtir une économie canadienne plus forte, plus durable et plus sûre pour tous, j'aimerais parler aujourd'hui de deux occasions de faire cela exactement.
La première consiste à améliorer le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental, afin de maximiser tous les avantages de la recherche et du développement réalisés dans notre pays, et la deuxième consiste à réformer les processus d'approvisionnement désuets du Canada, afin de stimuler la croissance économique et d'améliorer la prestation de services pour les Canadiens.
Le Conseil canadien des innovateurs a passé des mois à collaborer avec les innovateurs canadiens et l'écosystème technologique afin d'élaborer des rapports de recherche détaillés visant à améliorer à la fois la recherche scientifique et le développement expérimental d'une part, et l'approvisionnement, d'autre part, au Canada. Parallèlement à cette déclaration liminaire, nous déposons ces rapports opportuns auprès du Comité.
Le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental est le plus important levier politique en matière de science et d'innovation dans la trousse d'outils du gouvernement fédéral. Depuis plus de cinq ans, le Conseil demande au gouvernement de mettre à jour ce programme d'innovation essentiel, et nous sommes heureux de constater que la consultation se poursuit à l'heure actuelle. Avec un budget prévu de près de 4 milliards de dollars en 2024, il est dix fois plus important que tout autre outil de politique scientifique et d'innovation. Aujourd'hui plus que jamais, dans un contexte budgétaire contraint, le gouvernement devrait chercher à maximiser les avantages à long terme de la recherche scientifique et le développement expérimental pour l'économie nationale.
Malheureusement, malgré la longue histoire de la recherche scientifique et le développement expérimental, qui remonte aux années 1940, et d'autres incitations à la recherche fiscales, les dépenses brutes en recherche et développement et en activités de recherche et développement par les entreprises sont faibles au Canada par rapport à d'autres économies avancées. En 2020, les activités de recherche et développement par les entreprises du Canada étaient à l'avant-dernier rang du G7, après celles de l'Italie, malgré le fait que le soutien fiscal à la recherche et au développement par les entreprises est plus généreux que dans tous les autres pays, à l'exception du Royaume-Uni et de la France. Les entreprises canadiennes utilisent également moins les actifs incorporels que les entreprises mondiales. À titre de comparaison, les actifs incorporels comme la propriété intellectuelle représentent 70 % de la valeur des entreprises cotées à la Bourse de Toronto et plus de 90 % de celles cotées au S&P 500.
Le Canada devrait donc encourager aux stades précoces les investissements dans le développement et la protection de la propriété intellectuelle, afin que les entreprises conservent la capacité d'exporter sur de vastes marchés. C'est ce que l'on appelle la liberté d'exploitation, qui est essentielle pour les entreprises qui souhaitent croître, exporter, être compétitives à l'échelle mondiale et assurer une croissance économique forte pour l'économie canadienne.
En outre, la recherche scientifique et le développement expérimental doivent être plus transparents. Les avantages nets du programme pour le Canada devraient être rendus publics en permanence afin que les Canadiens comprennent ce que la recherche scientifique et le développement expérimental font pour leur économie. Dans la mesure du possible, une plus grande partie des bénéfices devrait être versée directement aux entreprises qui réalisent des activités innovantes et une moindre part aux intermédiaires tels que les consultants en préparation de déclarations de revenus, pour simplifier l'administration.
De même, la culture actuelle de l'approvisionnement gouvernemental, tant fédéral que provincial, ne sert pas l'économie canadienne et ne sert pas les propres objectifs du gouvernement. En fait, en 2021, les approvisionnements représentaient 14,6 % du PIB du Canada, ce qui se traduit par des milliards de dollars et une force considérable qui façonne notre économie. Les gouvernements canadiens ont particulièrement du mal à acheter des produits et services innovants et inédits, ce qui n'aide guère à résoudre les autres problèmes du Canada sur le plan de l'innovation.
Il n'existe pas de solution unique pour améliorer notre performance en matière d'approvisionnement technologique du gouvernement. Toutefois, celui-ci devrait commencer par s'attaquer aux grands problèmes — une aversion pour le risque excessive, des processus qui ne permettent pas l'innovation itérative, une capacité et une expertise faibles et un manque de passerelles entre l'approvisionnement et le marché — et utiliser une variété d'outils pour les résoudre en tandem.
En fin de compte, les gouvernements du Canada doivent instaurer une culture dans laquelle une fonction publique responsabilisée peut trouver des solutions novatrices aux problèmes auxquels elle est confrontée, où les innovateurs sont convaincus que la vente de produits et de services novateurs au gouvernement vaut la peine qu'ils y consacrent du temps et contribuera à la croissance de leur entreprise, et où la fonction publique bénéficie en fin de compte d'un gouvernement plus agile et plus axé sur les solutions.
Je vous remercie de votre attention. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
J'ai l'immense privilège d'être le PDG de la Daily Bread Food Bank. Nous sommes la principale banque alimentaire de Toronto et nous avons une vision claire: un jour, le droit à l'alimentation de chaque Canadien sera réalisé.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de partager avec vous ce que nous voyons sur le terrain et de vous expliquer pourquoi, en tant que décideurs politiques, vous devriez vous préoccuper sérieusement de l'insécurité alimentaire au Canada aujourd'hui et dans les mois à venir.
Avant la pandémie, nous recevions environ 65 000 visites de clients par mois. C'était un problème. La pandémie a doublé ce chiffre pour atteindre un niveau de crise de 120 000 visites par mois. Ensuite, l'inflation s'est installée et, en février 2023, le nombre de visites était de 215 000. Enfin, en février dernier, nous avons été horrifiés de constater qu'il y avait eu 301 000 visites de clients dans la seule ville de Toronto. Je n'ai pas les mots pour décrire l'état dans lequel nous nous trouvons actuellement.
Les chiffres nationaux sont également inquiétants, car ils montrent une croissance de 30 % d'une année à l'autre, et l'Ontario a connu une croissance de 40 % l'an dernier. Tandis qu'auparavant, à Toronto, 2 000 personnes faisaient appel à une banque alimentaire pour la première fois chaque mois, nous constatons aujourd'hui que ce sont 13 000 personnes qui s'adressent à une banque alimentaire pour la première fois chaque mois.
Les raisons sous-jacentes sont complexes, mais je peux les résumer en une phrase: les gens ne disposent pas d'un revenu suffisant pour faire face aux coûts les plus élémentaires de la vie, et ce, à un moment où le taux de chômage reste faible. Cela devrait vous inquiéter. Par le passé, le recours aux banques alimentaires était toujours lié au chômage, mais ce n'est plus le cas. Par conséquent, je vieillis à grands pas en pensant à ce qui se passera si le chômage commence à augmenter.
Pour ceux qui souhaitent réduire le nombre de chômeurs, voici trois mesures à prendre en considération.
La première consiste à aider ceux qui reçoivent la prestation d'invalidité. Si vous ne retenez rien d'autre de mon témoignage d'aujourd'hui, pensez au défi de mon ami Bobby Giles. Bobby, comme un client de banque alimentaire sur cinq, tire son revenu de la prestation d'invalidité. Il reçoit environ 1 300 $ par mois pour survivre, soit 1 000 $ de moins que le seuil de pauvreté. La réalité de Bobby est commune non seulement en Ontario, mais partout au Canada. En effet, plus d'un million de Canadiens dépendent de la prestation d'invalidité et, en tant que nation, nous légiférons pour que chacun d'entre eux, comme Bobby, vive dans une pauvreté extrême.
À la Daily Bread Food Bank, nous faisons partie d'une coalition de dizaines d'organisations de partout au pays qui ont dit que c'est assez. Il est temps de financer entièrement la Prestation canadienne pour les personnes handicapées, avec l'appui de tous les partis, le mardi 16 avril.
Disability Without Poverty a récemment publié un sondage Angus Reid qui révèle que 91 % des Canadiens, tous partis confondus, appuient cette prestation. Pourquoi la Prestation canadienne pour les personnes handicapées bénéficie-t-elle d'un soutien unanime? Parce qu'elle correspond à nos valeurs de Canadiens, parce que nous savons que nous ne pouvons plus reporter l'insécurité alimentaire sur des organisations caritatives, parce que nous savons que les prestations ciblées sont efficaces et parce que nous savons que ne pas s'attaquer à la pauvreté coûte plus cher. En effet, on estime qu'en Ontario la pauvreté coûte quelque 30 milliards de dollars par an.
Le deuxième volet de la politique dont je veux parler est le logement abordable. Au nombre des clients des banques alimentaires, 70 % consacrent plus de la moitié de leur revenu au logement, ce qui les expose à un risque élevé de sans-abrisme. Presque un client de banque alimentaire sur cinq consacre 100 % de ses revenus au logement, ce qui ne lui laisse absolument rien pour la nourriture et les autres dépenses. L'énoncé économique de l'automne et les annonces récentes offrent des occasions d'investissement qui reconnaissent les défis en matière de logement auxquels nous sommes tous confrontés à l'échelle nationale et qui cherchent à y remédier. Nous applaudissons ces efforts.
Le troisième et dernier volet de la politique consiste à soutenir les travailleurs canadiens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. À la banque alimentaire, nous constatons une augmentation du nombre de personnes dont l'emploi est la principale source de revenus. En fait, l'utilisation des banques alimentaires par ce segment a doublé l'an dernier, passant de 15 % à 33 %. Au sein de ce groupe, on trouve des personnes qui occupent généralement des emplois précaires, temporaires ou contractuels, avec de faibles salaires et peu ou pas d'avantages sociaux. Le gouvernement a annoncé un processus de réforme de l'assurance emploi, mais nous n'en avons pas encore vu les résultats. En conséquence, des milliers de Canadiens continuent de ne pas être admissibles, car le programme ne reflète pas la réalité moderne du travail, qui inclut le travail ponctuel et le travail indépendant.
En résumé, la résolution du problème de la pauvreté est complexe. Cependant, la bonne nouvelle est que nous savons ce qui fonctionnera. Des prestations ciblées comme l'Allocation canadienne pour enfants et le Supplément de revenu garanti ont eu un impact considérable et ont réduit la gravité de l'insécurité alimentaire. En tant que nation, nous avons le pouvoir d'éliminer la pauvreté et l'insécurité alimentaire chez les Canadiens handicapés grâce à la Prestation canadienne pour les personnes handicapées.
Je vous supplie de saisir cette occasion. Jusqu'à ce que l'utilisation des banques alimentaires commence à diminuer, nous serons là pour tous ceux qui en ont besoin. Je vous supplie également de réfléchir à ces trois champs d'action lorsque vous envisagerez la répartition financière et l'affectation des ressources qui vous attendent.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous suis reconnaissant de nous avoir donné l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui. Je suis en compagnie de ma collègue Linda St‑Pierre, et nous représentons l'Association des professeures et professeurs de l'Université Laurentienne, ou APPUL.
L'Université Laurentienne est située à Sudbury, en Ontario. Le syndicat de l'APPUL représente plus de 500 membres du personnel universitaire. Demain, cela fera exactement trois ans que, un lundi noir d'avril 2021, près de 200 personnes se sont retrouvées sans emploi et 69 programmes ont été supprimés, dont près de 30 programmes en français. En février 2021, l'Université Laurentienne est devenue la première université financée par des fonds publics à se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Pour les étudiants, les travailleurs et la communauté, les conséquences ont été profondes et dévastatrices. Les coupes ont touché, entre autres, le programme d'études autochtones ainsi que le seul programme bilingue de formation de sages-femmes au pays. Le bouleversement a été ressenti dans tout le Nord de l'Ontario, qui dépend évidemment fortement de l'Université. Les communautés francophones et autochtones ont été touchées de manière disproportionnée.
La vérificatrice générale de l'Ontario a jugé que ce recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies avait été inutile, inapproprié, coûteux et destructeur. Ce recours avait été stratégiquement planifié par l'administration, sur les conseils d'une firme d'avocats externe, afin de contourner les dispositions de la convention collective conclue avec le syndicat des professeurs. Une loi fédérale a ainsi été instrumentalisée afin de circonvenir des obligations en vertu de la législation sur les relations de travail.
Si toute perte d'emploi est dévastatrice, le recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies a entraîné pour nos membres la perte de protections et d'avantages supplémentaires auxquels ils avaient droit. En effet, l'Université a utilisé les tribunaux à son avantage pour se protéger, et ce, aux dépens des étudiants, des travailleurs et de l'enseignement public. L'une de nos collègues a perdu son emploi alors qu'elle était enceinte de neuf mois. Pire, elle n'a pas eu droit au congé de maternité ainsi qu'aux avantages sociaux qui y étaient associés, et sur lesquels sa famille comptait. Plusieurs autres ont non seulement perdu leur emploi, mais également leurs indemnités de licenciement et les assurances médicales collectives. Nos étudiants se sont retrouvés dans l'incapacité de terminer leurs études et leurs projets de recherche de troisième cycle. De plus, leurs perspectives d'avenir ont été bouleversées.
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La Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies est conçue comme un remède pour les entreprises commerciales, et pas pour nos universités publiques. Le bien public qu'offrent les universités est miné par une loi sur l'insolvabilité conçue pour les entreprises privées, qui fait passer l'intérêt des gros créanciers avant la mission de nos universités.
Lorsque l'Université Laurentienne s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, cela signifiait que les décisions sur ce qui se passait dans une université publique soutenue par l'argent des contribuables étaient prises en fonction d'un bilan et non de ce qui était le mieux pour les étudiants ou pour l'éducation et la recherche publiques.
Les établissements d'enseignement supérieur comportent des éléments commerciaux, mais ils ne sont pas régis uniquement ni même principalement par l'intérêt du marché. Ils répondent à toute une série de considérations socioéconomiques, telles que la diversité linguistique et culturelle, le développement régional et l'équité. À moins que les établissements publics d'enseignement postsecondaire ne soient soustraits à l'autorité de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, ils risquent d'être définis uniquement par des intérêts commerciaux, ce qui est à l'opposé de ce qu'ils devraient être.
Dans le cas de l'Université Laurentienne, le recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies a également entraîné des coûts supplémentaires pour un établissement public. La procédure est inutilement onéreuse par rapport à l'option normale d'urgence financière, dans laquelle les universités travaillent en collaboration avec le gouvernement provincial et l'association des enseignants en cas de véritables difficultés financières.
Le rapport de la vérificatrice générale souligne que l'administration de l'Université Laurentienne a dépensé des dizaines de millions de dollars en avocats et en consultants pour mener à bien la procédure de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Elle s'est adressée à des avocats et à des consultants au lieu d'utiliser les fonds de l'université — qui proviennent en grande partie de subventions gouvernementales et des frais de scolarité des étudiants — pour sauver les programmes d'enseignement et atténuer les dommages causés par sa situation financière.
La section 7 du projet de loi modifie la définition des termes « personne morale » et « compagnie » dans la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, pour en exclure les établissements d'enseignement postsecondaire. Nous sommes heureux de constater que cette disposition a été incluse dans le projet de loi C-59. C'est une étape essentielle pour s'assurer que ce qui s'est passé à la Laurentienne ne se produit pas dans un autre établissement public. Elle crée un avenir plus sûr pour l'enseignement postsecondaire.
J'exhorte le comité à appuyer cet article de la loi, particulièrement à la lumière des dures leçons tirées de l'Université Laurentienne.
Marsi. Meegwetch. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de nous donner l'occasion aujourd'hui de vous faire part de nos commentaires sur des dossiers d'importance, soit les infrastructures, le logement et le transport. Je suis accompagné de M. Samuel Roy, conseiller stratégique aux politiques à l'Union des municipalités du Québec, dont nos membres représentent plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.
Nous aimerions dans un premier temps aborder l'urgence d'agir pour garantir le versement des sommes prévues au Fonds pour le développement des collectivités du Canada. Ces sommes sont essentielles au financement des infrastructures municipales par le Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution du Québec.
Au Québec, nos infrastructures sont vieillissantes et nécessitent une attention urgente. Nous faisons face à un déficit de 45 milliards de dollars pour le maintien des actifs des infrastructures municipales liées à l'eau. Ce chiffre ne tient pas compte des coûts supplémentaires nécessaires pour prolonger les canalisations, augmenter la capacité de nos infrastructures ou encore les adapter aux changements climatiques. Actuellement, les infrastructures sont au maximum de leur capacité dans plusieurs milieux, ce qui ralentit ou interrompt complètement la construction de nouvelles unités de logement. Dans un contexte de crise du logement, on ne peut pas, collectivement, se permettre de suspendre les projets de réfection de nos infrastructures.
Alors que la saison de construction débute, il est primordial de débloquer ces fonds sans tarder, sans se perdre dans des révisions profondes des programmes, et sans ajouter de nouvelles conditions. Nous attendons toujours un accord entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. Nous réitérons qu'il y a urgence d'agir.
En ce qui concerne le logement, face à une baisse de 32 % des mises en chantier et à un taux d'inoccupation de seulement 1,3 % en 2023, il est crucial que le Québec bénéficie équitablement des investissements fédéraux. La flexibilité et l'agilité des programmes fédéraux, leur arrimage avec les programmes québécois ainsi que la rapidité d'une entente avec Québec pour le transfert des fonds sont des éléments clés qui permettront aux municipalités québécoises de jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la crise du logement. Par ailleurs, l'ajout de conditions en lien avec les types de logement et les règlements d'urbanisme n'est pas souhaitable. En effet, les municipalités sont, et demeurent, les mieux placées pour planifier l'aménagement de leur territoire en fonction des particularités propres à chaque milieu. Une même solution ne peut pas être adaptée à toutes les municipalités.
Il est également crucial de prévoir un financement substantiel, prévisible et durable pour les logements destinés aux personnes en situation d'itinérance, dont le nombre a augmenté de 44 % au Québec entre 2018 et 2022. Le programme fédéral Vers un chez-soi, qui a permis de financer divers projets de lutte contre l'itinérance dans 16 régions du Québec, doit être maintenu et bonifié.
Maintenant, j'aimerais dire quelques mots sur le transport. La vitalité et le développement économique de l'ensemble des régions dépendent d'une offre de transport collectif adéquate. Pour permettre l'épanouissement de nos collectivités, les municipalités du Québec souhaitent que le transport devienne une priorité nationale. Pour favoriser le développement de nos collectivités, les municipalités du Québec appellent le gouvernement fédéral à soutenir financièrement les municipalités afin qu'elles puissent maintenir leurs infrastructures et investir dans des services de transport en commun modernes et efficaces.
Nous vous remercions de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hetherington, je commencerai par vous.
Le tableau que vous brossez de la situation est certainement très sombre, en particulier à Toronto. Je me souviens que vous et moi avons parlé devant ce comité l'année dernière, et la situation était alors très grave, mais celle-ci semble encore pire.
Dans vos propositions de politique, vous n'avez pas abordé la question de l'économie elle-même. Nous avons entendu des témoignages à ce sujet aujourd'hui. Nous savons, par exemple, que la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a déclaré la semaine dernière que le Canada se trouve dans une situation d'urgence en matière de productivité et que « l'heure a sonné ». Nous avons entendu des témoignages selon lesquels le PIB par habitant a atteint les niveaux de 2018. Selon l'OCDE, le Canada devrait connaître la pire croissance économique de l'OCDE jusqu'en 2060.
Depuis 2015, le gouvernement fédéral a doublé la dette nationale, qui est passée d'environ 600 milliards de dollars à 1 200 milliards de dollars. Pour moi, cela équivaut à une faute professionnelle économique.
Je me demande simplement si vous attribuez la responsabilité de ce problème — 300 000 personnes en février 2024 contre 65 000 juste avant la pandémie — à la mauvaise gestion économique du gouvernement libéral.
Je comprends le sérieux de votre question et je conviens qu'avec le déclin de la productivité, il est temps de tirer la sonnette d'alarme.
Je reconnais également votre objectif d'un accent sur les solutions. Pour nous, il est très important de disposer d'un cadre solide de recherche et de développement dans notre pays pour nos entreprises à croissance rapide, qui investissent non seulement dans la recherche, mais aussi, et surtout, dans la commercialisation et la manière dont elles transforment cette recherche en croissance économique pour les Canadiens.
Je pense aussi, et vous y avez fait allusion, que la méthode d'approvisionnement, telle qu'elle est à l'heure actuelle, ne fonctionne ni pour les Canadiens ni pour les gouvernements. Nous n'avons pas l'élan économique que nous pourrions avoir, alors que d'autres économies avancées tirent parti de leurs systèmes d'approvisionnement. L'adoption d'une forme d'approvisionnement plus souple et plus moderne ferait des merveilles pour la productivité et l'économie dans son ensemble.
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Il y a beaucoup de sujets que nous pouvons aborder d'emblée. Nous avons parlé des crédits d'impôt et des marchés publics. À mon avis, il s'agit là des éléments de l'offre et de la demande d'une même équation qui nous permettent de nous assurer d'engendrer plus d'innovation dans l'économie.
Du côté de l'offre — et traditionnellement nous sommes meilleurs dans ce domaine au Canada — on a beaucoup insisté sur les crédits d'impôt et le financement de la recherche. Nous avons formulé un lot de recommandations sur la manière d'augmenter l'efficacité des crédits à la recherche scientifique et au développement expérimental pour cibler les résultats souhaités au lieu de continuer à nous concentrer uniquement sur les intrants. Nous pensons que c'est une voie prometteuse.
Du côté de la demande, nous avons déjà évoqué notre rapport sur les marchés publics. Je pense qu'il s'agit d'un levier vraiment sous-utilisé au Canada par rapport à beaucoup d'autres économies avancées. Bien sûr, les États-Unis ont mis en place depuis plusieurs dizaines d'années un programme de recherche sur l'innovation dans les petites entreprises qui a produit de nombreuses retombées très intéressantes, tant technologiques que financières. C'est une chose que l'UE expérimente de plus en plus. J'ai mentionné la Finlande tout à l'heure. Elle dispose d'une structure très progressiste de programmes qui s'imbriquent les uns dans les autres et favorisent l'acquisition de nombreuses compétences, tout en veillant à ce que les autorités municipales et régionales soient incluses, ce qui, historiquement, n'a pas occupé une grande place dans la politique d'innovation canadienne. Entre ces deux éléments, il y aurait un ensemble intéressant de leviers.
En ce qui concerne la propriété intellectuelle, nous avons parlé un peu de l'éducation, et je pense que c'est vraiment crucial. Nous avons parlé du Collectif d'actifs en innovation, qui y contribue. Je tiens également à souligner le travail accompli par le Programme d'aide à la recherche industrielle, le PARI, du Conseil national de recherches qui est en fait l'un des programmes de politique industrielle les plus fructueux des 75 dernières années au Canada. La combinaison du savoir-faire des entreprises, du secteur public et des experts techniques en fait un lieu inégalé pour développer une véritable expertise et pour aider les entreprises à naviguer dans les tendances technologiques et commerciales.
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Nous reprenons nos travaux. Le temps file très vite et nous voulons nous assurer que tous nos témoins peuvent faire leur déclaration liminaire. Nous pourrons ensuite consacrer le plus de temps possible aux questions avant le début des votes.
Chers collègues, nous accueillons David Robinson, directeur général de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université; Konstadin Kantzavelos, président de l'Association canadienne des spécialistes de textiles; et Joan DiFruscia, présidente de l'organisme Otonabee-South Monaghan Food Cupboard.
Je ne sais pas s'ils sont déjà présents, mais nous accueillons aussi Rob Cunningham, analyste principal des politiques, et Kelly Masotti, vice-présidente de la défense de l'intérêt public de la Société canadienne du cancer; Peter German, de l'Institut de lutte de la corruption de Vancouver; et Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain. Nous attendons Jeff Pearson, président de la division du carbone chez Wolf Midstream. Nous espérons qu'il pourra se joindre à nous.
Nous allons commencer avec le représentant de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, qui dispose de cinq minutes.
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Excellent. Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis très reconnaissant de l'invitation qui m'a été faite de comparaître au nom de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Nous représentons 72 000 professeurs, bibliothécaires et professionnels de plus de 120 établissements d'enseignement postsecondaire dans toutes les provinces du pays.
Mes observations porteront principalement sur l'exclusion proposée dans le projet de loi des établissements d'enseignement postsecondaire publics de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.
L'Association souscrit sans réserve à ces modifications importantes. Les procédures d'insolvabilité et de faillite des entreprises sont inappropriées et inutiles pour les universités et les collèges financés par l'État et vont à l'encontre des valeurs et des principes fondamentaux de ces établissements, notamment la prise de décision collégiale et la liberté universitaire.
Nous avons appris cette leçon à nos dépens. Comme nous l'avons entendu plus tôt, en février 2021, l'Université Laurentienne de Sudbury a été la toute première université financée par des fonds publics à demander et à obtenir la protection de la LACC. Comme la vérificatrice générale a fini par conclure dans son rapport sur cette affaire, le recours à la LACC était inutile, inapproprié, coûteux et constituait une décision destructrice de la part de l'administration de l'Université. Cette décision était inutile, car d'autres mécanismes permettaient de relever les défis financiers de l'établissement.
Tout d'abord, l'Université n'a pas suivi le précédent qui est normal dans le secteur public dans son ensemble et a refusé l'aide financière offerte par le gouvernement provincial.
Ensuite, elle a délibérément ignoré ses obligations contractuelles avec l'Association des professeures et professeurs de l'Université Laurentienne qui prévoient une procédure pour traiter les manques à gagner réels. On trouve dans les conventions collectives de presque toutes les associations de professeurs au Canada des dispositions négociées dites de nécessité financière qui précisent comment la communauté universitaire dans son ensemble peut gérer les crises financières, tout en protégeant les valeurs éducatives fondamentales. Au lieu de cela, l'administration de la l'Université Laurentienne a invoqué la LACC pour ignorer la convention collective et retenir des renseignements financiers et elle s'est tournée vers un processus coûteux, combatif et inutile.
En demandant la protection de la LACC, l'administration a également trahi les valeurs fondamentales de l'université. Historiquement, les dispositions de nécessité financière ont été introduites dans des conventions collectives pour protéger les principes de la prise de décision collégiale et de la liberté universitaire. Les procédures de nécessité financière garantissent que les décisions relatives à la restructuration universitaire et à la fermeture de programmes ne passent pas par des diktats de l'administration, mais sont prises avec la participation active de la communauté universitaire, c'est-à-dire de ceux qui s'y connaissent en matière d'éducation.
Le libellé des dispositions de nécessité financière protège également la valeur fondamentale de toutes les universités, soit la liberté universitaire. Il accorde au personnel universitaire le droit d'enseigner, de faire de la recherche et d'exprimer des opinions sans censure ni représailles de la part de l'établissement. Comme la Cour suprême du Canada l'a souligné, la liberté universitaire est nécessaire « à la recherche du savoir et au rayonnement des idées en toute liberté » et « essentielle[s] à la vitalité de notre démocratie ». La libellé des dispositions relatives à la nécessité financière garantit que les administrations n'utilisent pas une crise financière comme prétexte pour violer la liberté universitaire en ciblant les universitaires qu'elles jugent controversés, difficiles ou impopulaires.
Enfin, le processus de la LACC a également été extrêmement et inutilement coûteux. L'Université Laurentienne a dépensé des dizaines de millions de dollars en avocats et consultants alors que près de 200 postes de professeurs et d'employés ont été perdus et que 69 programmes ont été annulés, dont beaucoup étaient des programmes en langue française et en langue autochtone qu'on ne trouvait nulle part ailleurs, y compris le seul programme bilingue autochtone de formation en pratique de sage-femme dans le Nord de l'Ontario.
Par suite des événements survenus à l'Université Laurentienne, l'Association a commandé un rapport à l'avocat Simon Archer et à Virginia Torrie, une ancienne professeure de droit à l'Université du Manitoba. Voici leur conclusion:
Les objectifs des politiques des établissements publics, comme les universités, sont incompatibles avec la principale raison d’être de la législation relative à l’insolvabilité, qui est d’encourager la prise de risques commerciaux. [...] L’application de la LACC à ces établissements modifie les règles de base de leur fonctionnement. [...] elle sape la gouvernance, la prise de décisions interne et la transparence.
Les auteurs concluent leur rapport en soulignant le besoin urgent de modifier la LACC et la Loi sur la faillite et l'insolvabilité afin d'empêcher leur utilisation par les universités et collèges publics.
Je vous demande donc instamment de soutenir ces modifications.
Je vous remercie de votre attention.
:
Honorable président, membres respectés du Comité permanent des finances, bonjour. Je m'appelle Konstadin Kantzavelos. J'exploite mon entreprise, TSC Wetclean, dans la ville de Mississauga depuis 1988.
Je suis fier d'être membre et président de l'Association canadienne des spécialistes de textiles, dont je siège au conseil d'administration depuis 2013. C'est un honneur de représenter et de diriger une organisation ancrée dans notre industrie depuis 1949 et qui représente actuellement plus de 10 000 emplois dans tout le Canada.
L'Association est l'organe directeur des professionnels du nettoyage à sec, du nettoyage à l'eau, de la blanchisserie et des métiers connexes qui se consacrent à la prestation de services et de solutions d'entretien de tissus et textiles d'un océan à l'autre en établissant des normes de saine gestion, de conduite éthique et de procédures d'exploitation adéquates. La séance d'aujourd'hui offre à l'Association l'occasion la plus importante de défendre ses intérêts. Permettez-moi de faire la lumière sur la contribution de notre industrie à l'économie canadienne et sur les défis auxquels nous avons été confrontés. Surtout, permettez-moi d'illustrer comment le gouvernement canadien et l'Association peuvent travailler de concert pour revitaliser et redynamiser les entreprises à travers le Canada.
Aucun secteur n'a autant souffert que celui de l'entretien des textiles au cours de la COVID-19. Pendant plus de deux ans, nos revenus ont chuté de 90 % dans l'ensemble du pays. Plus de 50 % de nos établissements d'entretien de textiles ont fermé leurs portes dans tout le pays. Le télétravail a été le facteur clé de cette baisse. Pour de nombreux Canadiens, les costumes, les chemises, les cravates, les jupes et les robes sont les uniformes portés au travail, comme pour toutes les personnes ici présentes.
Je suis ici aujourd'hui pour célébrer la contribution majeure des propriétaires de petites entreprises membres de l'Association canadienne des spécialistes de textiles à travers le Canada. Nous faisons partie d'une communauté de petites entreprises qui représente 98 % de toutes les entreprises au Canada — les petites entreprises. Les petites entreprises emploient plus de 10 millions de Canadiens et on leur doit 50 % du PIB du Canada.
Selon Statistique Canada, une personne moyenne consacre environ 10 heures par semaine à du travail non rémunéré. Le principal travail dont il est question ici est la lessive. Selon un sondage Ipsos Reid réalisé pour le compte de GE Appliances, 30 % des Canadiens ne s'y mettent que lorsqu'ils n'ont plus de sous-vêtements propres, 25 % des Canadiens ont avoué avoir laissé leurs vêtements dans la laveuse ou la sécheuse pendant des jours avant de s'en occuper et 41 % ont déclaré qu'ils se contentaient de deviner les méthodes d'élimination des taches.
Plus récemment, comme nous avons pu le lire dans le Financial Post en mars dernier, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, s'est exprimée sur le déclin de la productivité canadienne. Selon elle, le Canada doit s'attaquer à la faiblesse de la productivité pour protéger l'économie contre les facteurs de l'inflation future.
L'Organisation de coopération et de développement économiques a révélé que le Canada se classe au 29e rang des 38 pays de l'OCDE pour la productivité de la main-d'oeuvre. En termes simples, un travailleur canadien produit un dollar de biens et de services alors qu'un travailleur américain en produit 1,30 $. Cela représente un avantage de 30 %.
Ces statistiques sont importantes, car bien que la plupart des industries aient augmenté leurs prix pour les consommateurs, les membres de l'Association ont gardé leurs prix relativement stables en raison de nos investissements dans la technologie appropriée et la productivité avancée.
En février 2021, au plus fort de la pandémie, les consommateurs suédois qui confiaient leur blanchisserie, leur nettoyage à sec et la retouche de leurs vêtements à des nettoyeurs professionnels ont bénéficié d'une déduction fiscale de 25 % du coût. L'association suédoise a présenté un plan visant à informer son gouvernement sur la manière dont cette mesure incitative pourrait fonctionner.
L'Association n'est pas différente. Elle considère notre diversité comme une force et nos employés comme notre plus grand atout. Nous sommes une industrie circulaire verte. Nous nous concentrons sur le bon entretien des textiles, ce qui prolonge leur durée de vie et élimine l'incertitude pour le consommateur. Nos membres sont certifiés par l'Association, ce qui signifie qu'ils respectent les normes environnementales, économiques et sociales requises. Vous serez peut-être intéressés d'apprendre que tous les membres de notre industrie contribuent continuellement à la préservation de notre environnement et de notre écosystème en adhérant à toutes les lignes directrices du gouvernement fédéral en matière de gestion des déchets.
En instaurant un encouragement fiscal, le gouvernement canadien prouvera son engagement envers une économie plus verte. Comme nous vivons à une époque de virus et de maladies dangereuses, quel meilleur moyen de promouvoir la propreté dans tous les ménages canadiens que d'offrir un encouragement fiscal pour faire nettoyer ses tissus et ses vêtements par des professionnels?
En tant que président de l'ACST, il est de mon devoir de vous informer de l'importance de ce que notre industrie représente dans nos communautés, c'est-à-dire la préservation de notre environnement et de notre économie. Nous proposons un crédit d'impôt de 25 % pour favoriser le recours aux services d'un professionnel de l'entretien des textiles dans tous les ménages canadiens. C'est là que le projet de loi peut nous aider. Tout comme en Suède, l'Association peut être une ressource pour le gouvernement du Canada en ouvrant la voie au maintien de la stabilité et de la croissance économique de l'industrie canadienne de l'entretien des tissus et des textiles.
Nous vous demandons de faire le choix ciblé de travailler avec l'Association canadienne des spécialistes de textiles et de veiller à ce que notre proposition d'encouragement fiscal devienne une réalité et empêche la disparition de nos petites entreprises.
Voici quelques suggestions concernant les conditions à remplir pour bénéficier de cet encouragement fiscal. Vous devez être âgé d'au moins 18 ans, vivre au Canada et payer des impôts sur au moins 90 % de votre revenu total. Le montant maximum des dépenses de nettoyage annuel pour bénéficier de l'encouragement fiscal est de 5 000 $ par ménage. Le fournisseur professionnel de services d'entretien de vêtements doit être enregistré auprès de l'Association canadienne des spécialistes de textiles, et il n'est pas nécessaire d'être propriétaire pour bénéficier de l'encouragement fiscal.
Quels services seraient couverts par cette déduction? Le nettoyage à sec, le nettoyage à l'eau, le blanchissage et le pliage de vêtements, la réparation et la retouche de vêtements, le nettoyage de tapis et de tissus d'ameublement.
Je vous remercie de votre attention.
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Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des finances.
Je suis honorée d'être ici pour vous parler de l'abordabilité du point de vue des personnes qui vivent dans la pauvreté, comme les familles qui reçoivent les services de l'Otonabee-South Monaghan Food Cupboard, également connu sous le nom d'OSM Food Cupboard.
L'OSM Food Cupboard est une banque alimentaire rurale située à Keene, en Ontario, dans la circonscription de . L'OSM Food Cupboard a ouvert ses portes il y a plus de 10 ans dans le cadre d'un projet d'approche communautaire de l'Église unie de Keene. L'organisme vient en aide aux habitants du canton et de la Première Nation Hiawatha.
Je vous invite à réfléchir à ceci: lorsque vous sortirez de cette réunion, je suppose que vous avez un endroit sûr où aller, où vous dormirez ce soir, la nuit suivante et ainsi de suite. Demain, vous ferez des choix pour le déjeuner, le dîner et le souper, mais qu'en est-il si vous vivez de l'insécurité alimentaire? Par exemple, avec le programme « L'Ontario au travail », le programme d'aide sociale de base en Ontario, vous touchez un peu plus de 700 $ par mois, soit le même montant qu'en 2018. Après avoir payé le loyer, si vous pouvez trouver un logement pour, disons, 700 $ — s'il vous plaît, ne riez pas de cette suggestion — et les services publics, l'essence, à votre ami qui vous conduit à un programme de formation, un téléphone cellulaire, pour recevoir des appels pour des emplois potentiels... Eh bien, vous n'avez plus d'argent depuis longtemps. Et qu'en est-il de la nourriture?
Le fait est qu'il n'y a tout simplement pas assez d'argent pour couvrir même le coût des produits des premières nécessités. Avec tout ce stress, quel est l'état de santé physique et mental d'une personne?
Entre novembre 2023 et février dernier, le nombre de familles avec enfants a doublé à la Banque alimentaire de l'OSM. Les enfants représentent maintenant le tiers des personnes auxquelles notre banque alimentaire vient en aide. Gardez à l'esprit que, qu'elles comptent un ou six membres, les familles ne s'adressent à notre banque alimentaire que lorsqu'elles en ont besoin, et elles choisissent les aliments dont elles ont besoin.
Le personnel bénévole et les membres du comité sont dévoués et compatissants lorsqu'ils s'emploient à aider les familles. La banque alimentaire est une source fiable et constante de nourriture et elle offre aussi une oreille attentive. Une famille peut payer sa facture d'électricité en sachant qu'elle peut obtenir de l'aide pour ses besoins alimentaires. Au fil du temps, des relations privilégiées se sont tissées entre le personnel et les familles, ainsi qu'un respect mutuel. Sachez que les gens veulent améliorer leur vie. Le fait est que lorsqu'une personne vit dans une grande pauvreté, il est extrêmement difficile d'en sortir, comme d'un trou profond.
Dans ce magnifique pays qu'est le Canada, quelles sont les solutions pour s'attaquer à la cause première de la pauvreté, à savoir le faible revenu? L'une des solutions consiste à garantir un revenu minimum vital.
Une deuxième solution est que les gouvernements de tous ordres et de toutes allégeances collaborent dans le but commun de sortir les gens de la pauvreté. Des mécanismes doivent être mis en place pour empêcher les récupérations, comme lors de la mise en place de la prestation canadienne pour les personnes handicapées, afin d'améliorer la vie des personnes en situation de handicap.
Une troisième solution est que les aides visant à couvrir les prestations pendant une période de transition entre l'aide sociale et même emploi précaire à temps partiel et au salaire minimum encourageraient les gens à quitter le filet de sécurité sociale.
Quatrièmement, les logements abordables, comme Otonabee Court à Keene, permettent aux résidents de longue date de continuer à vivre dans la collectivité, en payant soit le loyer courant, soit un loyer basé sur le revenu.
Sur le plan financier, les personnes vivant dans la pauvreté ont un coût pour l'ensemble de la société. Le réseau de la santé, déjà très sollicité, réagit du mieux qu'il peut, car les adultes vivant dans la pauvreté sont plus susceptibles d'avoir besoin de soins pour des maladies chroniques telles que les maladies cardiaques et le diabète, ainsi que pour des problèmes de santé mentale. Les systèmes judiciaire et éducatif ont également des coûts à supporter. L'absence de changement a un coût énorme, car elle empêche aussi les gens d'exploiter tout leur potentiel.
Je travaille avec des banques alimentaires depuis plus de 40 ans. Le système est brisé. Les banques alimentaires n'aident pas les gens à s'en sortir. Récemment, l'insécurité alimentaire a considérablement augmenté, en partie à cause de l'inflation, mais le phénomène est mondial et n'est pas propre au Canada. Pour notre banque alimentaire, qui distribue de la nourriture une fois par mois, j'ai entendu ce commentaire: « Je vis deux semaines, puis je survis deux semaines, jusqu'au jour de la prochaine distribution de nourriture ». C'est inacceptable dans ce pays.
Mesdames et messieurs du Comité permanent des finances, vous avez la responsabilité de veiller à ce que les investissements du gouvernement comblent les besoins des Canadiens.
Le projet de loi vise à mettre en oeuvre des éléments de l'énoncé économique de l'automne 2023, mais sous peu, vous aurez probablement aussi un rôle à jouer dans la mise en oeuvre d'éléments du budget de 2024.
Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que nous sommes confrontés à une crise d'insécurité alimentaire à laquelle il faut s'attaquer de toute urgence. Dans le cadre de votre examen du projet de loi et éventuellement du budget de 2024, je vous exhorte à envisager d'accorder la priorité aux besoins des Canadiens à faibles revenus.
Je tiens à remercier le député Lawrence de m'avoir offert l'occasion de m'exprimer aujourd'hui.
Merci de votre attention.
:
Monsieur le président et chers membres du Comité, merci de m'avoir donné l'occasion de témoigner.
[Traduction]
Je m'appelle Rob Cunningham. Je suis avocat et analyste principal des politiques pour la Société canadienne du cancer.
Mon témoignage portera sur les dispositions du projet de loi qui prévoient des droits de recouvrement des coûts pour les entreprises de produits du tabac et de vapotage, aux articles 217 et 218, et sur les dispositions relatives à l'administration et à l'application de la taxe sur les produits de vapotage, aux articles 145 à 167.
En ce qui concerne les droits de recouvrement des coûts, le projet de loi confère le pouvoir d'adopter des règlements exigeant que les compagnies de tabac et les entreprises de produits de vapotage remboursent au gouvernement fédéral le coût annuel de 66 millions de dollars de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme. Nous soutenons fermement cette mesure et nous remercions le gouvernement de l'avoir proposée. En fait, nous remercions tous les partis pour leur vote unanime de 323 à zéro en deuxième lecture pour cette mesure.
Les droits de recouvrement des coûts ont une longue histoire. En 2021, ce comité a recommandé la mise en oeuvre de droits dans son rapport prébudgétaire. Lors des élections fédérales de 2021, cette mesure figurait dans les programmes des libéraux, des conservateurs et des néo-démocrates. Lors des élections fédérales de 2019, elle figurait dans le programme des conservateurs et était réclamée par le NPD. Elle figurait dans la lettre de mandat du ministre de la Santé en 2021. Le député Don Davies, qui siège maintenant à ce comité, est un champion de longue date, ayant déposé des motions au cours de la législature actuelle et des précédentes.
Les Canadiens ne devraient pas tous payer pour la stratégie du gouvernement visant à réduire le tabagisme, une stratégie qui vise aussi désormais le vapotage. C'est l'industrie du tabac qui devrait payer, selon les principes de la reddition de comptes et de la responsabilité financière. L'industrie du tabac est à l'origine de l'épidémie de tabagisme et de ses vastes ravages sanitaires et elle devrait être responsable du coût de la réduction du tabagisme.
En outre, l'industrie du vapotage a fait des gains financiers considérables en raison des taux élevés de vapotage chez les jeunes, de nombreux anciens adolescents étant aujourd'hui plus âgés, dépendants et vapoteurs à l'âge adulte. Ils peuvent être dépendants de la nicotine pour la vie. Il convient de souligner que l'industrie du tabac est également un acteur majeur de l'industrie du vapotage.
Aux États-Unis, des droits de recouvrement des coûts, administrés par la FDA, sont en place depuis 2009. Chaque année, la FDA récupère 712 millions de dollars américains, soit plus de 900 millions de dollars canadiens, auprès des fabricants de tabac selon leur part de marché afin de rembourser le budget qu'elle consacre à la lutte contre le tabagisme. Si les États-Unis peuvent imposer des droits de recouvrement des coûts, il est certain que le Canada le peut aussi.
Ici au Canada, l'industrie du cannabis est soumise à des droits de recouvrement des coûts depuis 2018. Si nous pouvons le faire pour le cannabis, nous pouvons le faire pour le tabac et le vapotage.
En moyenne, en neuf ans et demi, l'industrie du tabac a augmenté ses propres prix, hors taxes, de 30,40 $ par cartouche. Elle a augmenté ses propres prix de 180 % au cours d'une période où l'inflation cumulée n'était que de 28 %. En conséquence, elle engrange des revenus supplémentaires d'au moins 2 milliards de dollars par an. Peut-elle se permettre de verser 66 millions de dollars par an au gouvernement fédéral? Oui, elle le peut.
En ce qui concerne les droits de recouvrement des coûts, nous avons proposé trois amendements visant à renforcer la mise en oeuvre. Ces amendements sont courts et simples et serviraient les objectifs du projet de loi et du gouvernement. Le greffier a reçu un projet de texte législatif et une justification des amendements recommandés.
Premièrement, nous demandons instamment que le projet de loi exige que les entreprises paient à l'avance: si l'entreprise n'a pas payé les droits, elle ne peut pas vendre le produit. C'est ainsi que fonctionne la taxe d'accise sur le tabac. Le gouvernement ne devrait pas avoir à courir après les entreprises après coup.
Deuxièmement, l'amende maximale en cas d'infraction aux dispositions relatives aux droits de recouvrement des coûts devrait être portée de 50 000 à 500 000 $, un maximum déjà fréquemment fixé dans d'autres dispositions législatives. Une amende de seulement 50 000 $ représenterait simplement pour une compagnie de tabac un prix à payer pour faire des affaires.
Troisièmement, le projet de loi devrait préciser explicitement que la Loi sur les frais de service ne s'applique pas aux droits de recouvrement des coûts du tabac et du vapotage, tout comme la Loi sur le cannabis précise que la Loi sur les frais de service ne s'applique pas aux droits de recouvrement des coûts du cannabis. Il ne s'agit pas ici d'un service, et donc de droits pour ce service, comme l'approbation d'un brevet ou l'homologation d'un médicament d'ordonnance.
En ce qui concerne les dispositions relatives à l'administration et à l'application de la taxe sur le vapotage, elles sont importantes pour en garantir le bon fonctionnement, y compris pour réduire le vapotage chez les jeunes.
Enfin, je tiens à souligner la catégorie des cigarettes électroniques jetables. Elles sont très populaires auprès des jeunes et leurs ventes ont récemment décollé au Canada. Elles sont très bon marché et minent l'objectif de la taxe sur les produits de vapotage, qui est de réduire le vapotage chez les jeunes. Devant le Comité des finances du Sénat, même l'Imperial Tobacco a récemment demandé une augmentation de la taxe sur les cigarettes électroniques jetables.
Je vous remercie de votre attention. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, de m'offrir l'occasion de m'exprimer aujourd'hui.
Je m'appelle Jeff Pearson et je suis le président de la division carbone chez Wolf Midstream. J'ai une formation en ingénierie pétrolière et gazière, en commerce et en finance.
À titre d'information, Wolf Midstream est une société privée basée à Calgary qui a été fondée en 2015. Nous nous concentrons sur le développement d'infrastructures énergétiques et nous avons dépensé environ 5 milliards de dollars en actifs énergétiques. Nous sommes soutenus par une grande caisse de retraite canadienne.
Wolf Midstream compte trois divisions, dont une division des pipelines qui possède un vaste réseau d'oléoducs qui achemine le pétrole depuis les sites de production du Nord-Est de l'Alberta jusqu'au marché d'Edmonton. Nous avons également une division des liquides de gaz naturel qui a récemment construit une grande usine pour extraire ces liquides, comme l'éthane et le propane, du gaz naturel avant qu'il ne soit brûlé dans les sables bitumineux. Ces liquides sont ensuite transportés à Edmonton et séparés grâce à l'usine que nous avons construite pour être transformés en plastiques. Grâce à l'extraction des liquides de gaz naturel à forte teneur en carbone et à la combustion de méthane essentiellement pur, les émissions de CO2 sont réduites de plus de 250 000 tonnes par an.
Notre troisième division est celle du carbone, que je dirige. Dans ce groupe, nous avons construit, et nous possédons et exploitons, une infrastructure de CO2 appelée Alberta Carbon Trunk Line (ACTL). Wolf a investi près de 500 millions de dollars pour construire cette infrastructure en 2019 et 2020, et le système est devenu opérationnel au début de 2020.
L'ACTL est l'un des plus grands pipelines de CO2 au monde, et le plus grand axé sur le CO2 produit par l'homme, ou anthropique. Il a une capacité de près de 15 millions de tonnes par an, ce qui dépasse les réductions d'émissions proposées dans le cadre du captage, de l'utilisation et du stockage du carbone des sables bitumineux.
Nous avons actuellement deux sources de CO2, soit l'usine d'engrais Nutrien Redwater et la raffinerie North West Sturgeon. Le CO2 de ces deux sites est un sous-produit de la production d'hydrogène. Ces sources totalisent environ un million et demi de tonnes par an. En mars, nous avons célébré le transport de notre cinq millionième tonne de CO2 qui aurait autrement été émis dans l'atmosphère, mais qui a plutôt été stocké en permanente dans les profondeurs souterraines.
Le pipeline ACTL fonctionne actuellement à 10 % de sa capacité et est sous-utilisé. Au cours des cinq dernières années, Wolf s'est efforcé de capter le CO2 d'un plus grand nombre de sources et d'utiliser la capacité disponible pour transporter le CO2 jusqu'à son stockage permanent. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Air Products, qui construit la nouvelle usine d'hydrogène sans émissions à l'extérieur d'Edmonton. Nous avons également travaillé avec Dow Chemical, qui construit le projet pétrochimique Path2Zero dans le cadre d'un agrandissement du site qu'elle exploite déjà à Fort Saskatchewan. Grâce à l'ACTL, Wolf assurera à ces deux entreprises le transport du CO2 jusqu'à son lieu de stockage géologique permanent.
Wolf développe également un projet de stockage en aquifère salin profond, également désigné du nom de « séquestration », à proximité du pipeline d'ACTL afin de pouvoir stocker en permanence le CO2 provenant de ces projets et d'autres. Les partenaires de ce projet comprennent cinq groupes de Premières Nations et Whitecap Resources qui dispose d'un savoir-faire technique important en matière d'activités souterraines du fait qu'elle possède et exploite le projet de stockage de CO2 à Weyburn en Saskatchewan. Nous visons l'achèvement et le démarrage de ce projet pour 2025, en même temps que le démarrage de l'usine d'Air Products.
Pour les besoins de ces projets, Wolf a construit l'an dernier un prolongement de 38 kilomètres de notre pipeline de CO2 jusqu'à l'usine d'Air Products près d'Edmonton. Nous avons commencé la construction en août dernier, et elle a été en grande partie achevée en décembre 2023, à l'exception de quelques travaux de nettoyage finaux. Dans ce projet, Wolf a dépensé près de 100 millions de dollars pour ce pipeline. Une grande partie de cette dépense est admissible à des crédits d'impôt à l'investissement, dans le cadre des CII pour le captage, l'utilisation et le stockage du carbone.
Je pense qu'aujourd'hui, Wolf est l'un des plus grands investisseurs de capitaux admissibles à des crédits d'impôt à l'investissement. Ces crédits sont un élément important et nécessaire de notre commerce avec les émetteurs, le soutien en capital fourni par ces crédits étant réinjecté dans notre structure commerciale afin de réduire le coût pour nos clients et, par conséquent, le coût de la décarbonisation. Grâce à nos dépenses de fonds admissibles au crédit d'impôt à l'investissement, nous sommes heureux d'anticiper que le projet de loi sur les crédits d'impôt à l'investissement sera officialisé dès que possible. Cela témoignera d'un réel progrès dans la réalisation de nos objectifs de soutien à la décarbonation et apportera une certitude supplémentaire aux émetteurs qui envisagent d'investir dans la capture, l'utilisation et le stockage du carbone.
Je vous remercie de votre attention. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous.
Je souhaite aborder certaines modifications relatives au blanchiment d'argent contenues dans le projet de loi.
Auparavant, permettez-moi de me présenter et de me dire désolé de ne pas être présent parmi vous.
Je participe à la lutte contre le blanchiment d'argent depuis que le Canada a adopté une loi sur les produits de la criminalité en 1989. Dans le cadre de ce travail, j'ai notamment été directeur général de la lutte contre les crimes financiers à la GRC, j'ai obtenu des diplômes d'études supérieures sur le sujet, j'ai enseigné dans des facultés de droit, j'ai témoigné en tant qu'expert, j'ai donné des conférences au Canada et à l'étranger, et j'ai travaillé comme consultant. Je suis l'auteur d'un ouvrage publié par Thomson Reuters, qui est sur le marché depuis 1998 et qui est le seul service traitant de la législation canadienne sur les produits de la criminalité.
L'Institut de lutte de la corruption de Vancouver est une entité créée en partie en réponse à deux rapports rédigés pour le procureur général de l'époque, David Eby: Dirty Money et Dirty Money-Part 2.
M. Jeffrey Simser, qui a comparu devant vous le 9 avril dernier, est un de mes collègues professionnels qui possède des états de service distingués dans la province de l'Ontario, où il a notamment été le premier directeur de la confiscation civile au Canada. Nous souscrivons aux commentaires qu'il a faits ici et nous ne les répéterons pas.
En Colombie-Britannique, il n'y a pratiquement pas de poursuites en cours pour blanchiment d'argent. Les policiers et les procureurs citent une multitude de raisons pour expliquer ce phénomène. La plupart tournent autour du libellé du Code criminel et des décisions judiciaires. En conséquence, la plupart des biens confisqués dans cette province le sont au civil. La Colombie-Britannique dispose d'un régime de confiscation civile très efficace. C'est bien, mais cela ne fait que retirer aux acteurs criminels de l'argent et des biens qu'ils n'auraient pas dû avoir en premier lieu. Ces personnes ne sont pas sanctionnées, elles ne sont pas inculpées et ne vont pas en prison. Nous avons besoin d'un Code criminel solide pour lutter contre le blanchiment d'argent.
Depuis de nombreuses années, la principale plainte des policiers et des procureurs est la difficulté de relier l'argent sale à son crime principal, ce qui est une exigence en matière d'infractions. Le projet de loi tente de surmonter cet obstacle dans le cas des blanchisseurs d'argent tiers. Ces personnes ne commettent pas forcément les infractions principales, comme le trafic de stupéfiants, mais elles se spécialisent dans le blanchiment d'argent. À l'échelle internationale, nous employons désormais l'expression « organisations mondiales de blanchiment d'argent » pour désigner les entités de blanchiment d'argent tierces qui offrent leurs services à forfait. Dans bien des cas, elles opèrent à partir des principaux centres financiers.
Le Canada a été témoin d'une augmentation considérable du blanchiment d'argent. Nous sommes une cible facile pour les organisations de blanchiment, et ce pour plusieurs raisons.
Je suis heureux de voir les modifications du Code criminel qui tentent de remédier au blanchiment d'argent par des tiers. Je me réjouis également de la suppression de l'exigence relative aux engagements qui figurait dans les dispositions du Code criminel relatives au « mandat spécial » et aux « ordonnances de blocage ».
Ma seule déception est qu'il nous a fallu attendre depuis 1989 pour procéder à ces changements. C'est symptomatique d'un problème plus vaste. Nous apportons des retouches à nos lois; nous ne les saisissons pas à bras-le-corps pour les secouer et nous assurer qu'elles sont efficaces. Sans entrer dans les détails, je m'attends tout à fait à ce que d'autres amendements soient apportés aux modifications à l'étude aujourd'hui.
Je souhaite également souscrire à l'inclusion des guichets automatiques génériques dans la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Cela fait probablement 20 ans que des gens, dont je suis, réclament cette modification. Elle n'a que trop tardé.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, nous pouvons faire mieux. Les Canadiens ne veulent pas que leur pays devienne un havre pour les blanchisseurs d'argent. Cela nécessitera une volonté politique et bureaucratique et un engagement continu pour débarrasser le Canada de ce vice.
Je vous remercie de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Le Front d'action populaire en réaménagement urbain, le FRAPRU, est un regroupement qui compte 141 organismes communautaires actifs dans les différentes régions du Québec, dont 30 comités de logement et associations de locataires qui sont au cœur de ces interventions. Depuis 45 ans, notre regroupement intervient principalement dans les enjeux liés au droit au logement et fait la promotion du logement social. Nous portons la voix des ménages locataires mal logés et des requérants et requérantes de logements sociaux du Québec.
Comme vous le savez, une crise du logement fait rage partout au Canada et frappe durement le Québec. Cette crise du logement s'ajoute à deux autres crises, soit celle de l'itinérance, qui est alimentée, notamment, par les conséquences de la détérioration de la situation du logement, et de celle de centaines de milliers de ménages locataires, à faible ou modeste revenu, qui consacrent une part trop importante de leur revenu pour se loger. Les gouvernements leur ont porté trop peu d'attention pendant trop longtemps, malgré leurs engagements à mettre en œuvre progressivement le droit à un logement décent.
Il y a 1,6 million de ménages locataires au Canada, dont plus de 373 600 sont au Québec. Ceux-ci consacraient, lors du dernier recensement, plus que la norme de 30 % de leur revenu pour se loger. C'est énorme, et c'est beaucoup trop dans un pays riche comme le nôtre. Le revenu médian des ménages locataires québécois dans cette situation est de seulement 23 800 $.
Cette crise du logement est causée par une rareté généralisée de logements locatifs, mais aussi par l'inaccessibilité. La multiplication des expulsions, souvent illégales, pour le profit l'alimente aussi. Le parc de logements à prix abordable s'effrite rapidement. Le Québec a perdu 116 000 logements à moins de 750 $ entre les deux derniers recensements.
L'insécurité résidentielle touche à présent de plus en plus de ménages locataires. Le revenu médian de l'ensemble des ménages locataires du Québec est de 48 400 $ par rapport à 55 000 $ dans l'ensemble du Canada. Ce revenu médian leur permet de moins en moins de se loger décemment sans couper dans les dépenses pour d'autres besoins essentiels comme la nourriture, les déplacements, les vêtements pour enfants et les fournitures scolaires. Le filet social n'est pas aux rendez-vous pour les locataires qui perdent leur logement, puisque les options de rechange aux logements privés trop chers ne sont pas disponibles en raison du manque de logements sociaux sous différentes formes. Les conséquences sont dramatiques, notamment pour les aînés, les enfants et les femmes fuyant la violence conjugale.
Dans ce contexte, c'est nettement au logement social que le gouvernement fédéral doit accorder la priorité. Que ce soit sous la forme de logements publics, de coopératives ou d'organismes sans but lucratif d'habitation, le logement social offre un toit qui répond aux besoins diversifiés des locataires, et à un prix qui respecte leur capacité de payer. Il est également la solution pour des milliers de personnes en situation d'itinérance. Il s'agit de la formule la plus complète et permanente d'aide au logement. Or il manque cruellement de logements sociaux. Si le gouvernement fédéral n'avait pas cessé de financer leur développement à long terme, ce sont des dizaines de milliers de logements sociaux, répondant à ces besoins, que nous aurions partout au Canada, aujourd'hui.
Pour se sortir de la double crise qui touche durement les locataires du Québec et de tout le Canada, construire des dizaines de milliers de logements, sans égard à leur prix et à leur tenure, ne suffira pas. Cela permettra peut-être de régler le problème de la pénurie, mais on aura aggravé en cours de route celui de l'inaccessibilité, qui est déjà intenable dans plusieurs villes du Québec et du Canada.
Les logements privés neufs, construits récemment, n'offrent pas des loyers correspondant à la capacité de payer d'une partie importante des ménages locataires. Qui plus est, au Québec, les propriétaires peuvent augmenter le coût des loyers à leur guise au cours des cinq années suivant la construction du logement, ce qui contribue à pousser encore plus les prix vers le haut. C'est également le cas dans d'autres provinces. S'il convient d'augmenter l'offre de logements, il faut donc s'assurer de le faire en ciblant et en soutenant, au moyen des fonds publics, ceux qui répondront durablement aux besoins de nos concitoyens et de nos concitoyennes les plus mal pris. Pour cette raison, c'est au logement social qu'il faut donner la priorité.
Alors que les investissements consacrés au logement social sont insuffisants et que la Stratégie nationale sur le logement y réserve une infime partie des milliards qui y sont affectés, les locataires à faible ou modeste revenu sont les principaux oubliés. Seule l'Initiative pour la création rapide de logements, qui couvrait l'entièreté des coûts de réalisation des projets, leur était consacrée, mais elle n'est pas récurrente et le dernier budget n'y a pas accordé de nouveau financement.
Nous pensons qu'il faut cesser de soutenir, au moyen des fonds publics, des projets de développement de logements privés trop chers. L'immobilier est un secteur d'investissement rentable, les profits des promoteurs privés sont empochés par eux seuls, notamment lors de la vente des immeubles. Il n'y a aucune garantie que les fonds publics consacrés aux promoteurs privés soutiendront l'abordabilité des nouveaux logements ainsi construits.
Les fonds publics doivent donc servir à ce qui répond de façon durable aux besoins collectifs dans nos communautés, c'est-à-dire les logements sociaux hors marché privé, qu'ils soient offerts par des coopératives, des organismes sans but lucratif ou des organismes publics, comme les habitations à loyer modique.
C'est pour cette raison que nous nous sommes opposés à l'élimination de la taxe sur les produits et services sur tous les nouveaux immeubles de logements locatifs. Cette mesure, évaluée à 4,6 milliards de dollars dans la mise à jour économique de novembre dernier, sera extrêmement coûteuse...
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Merci, madame Laflamme.
[Traduction]
Pendant les questions des députés, il sera possible d'en dire plus à ce sujet et d'approfondir la question.
Chers collègues, je tiens à m'assurer que nous aurons le consentement unanime lorsque les cloches commenceront à sonner. Je le demanderai, car cela aura une incidence sur ma répartition du temps.
Des députés: D'accord.
Le président: Nous allons commencer par notre tour de table habituel, qui est de six minutes pour chaque parti. Cependant, M. Ste-Marie a demandé à commencer parce que l'un des témoins qu'il a invités, je crois qu'il s'agit de Mme Laflamme, doit partir plus tôt. Il sera donc le premier intervenant, hors séquence, et nous reprendrons ensuite l'ordre habituel.
Nous cédons la parole à M. Ste-Marie pour les six premières minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui, et particulièrement ceux qui ont dû se plier au changement d'horaire à court préavis. Nous vous en sommes reconnaissants. Évidemment, la conséquence est que nous disposons toujours du même temps pour poser des questions, mais à davantage de personnes. Cela nous complique un peu la tâche. Je ne pourrai pas interroger chacun d'entre vous, mais je vous remercie pour votre témoignage, pour votre temps et pour votre participation aux différentes causes que vous défensez.
Je m'adresserai principalement à M. Kantzavelos.
J'aimerais parler de ma communauté d'Etobicoke—Centre. Dans ma communauté, comme partout ailleurs au pays, il y a de nombreuses entreprises de nettoyage à sec. Au fil des ans, j'ai habité en différents endroits de ma circonscription, où j'ai fait affaire avec Gibson's Cleaners, Montgomery Alterations and Dry Cleaning, La Rose Cleaners et d'autres encore. Ce que j'ai appris de mes contacts avec ces personnes, en particulier pendant la pandémie, c'est à quel point la pandémie a fait mal à leurs commerces, comme à de nombreuses entreprises de différents secteurs économiques. Comme vous pouvez imaginer, ce n'était pas tout le monde qui faisait nettoyer ses vêtements à sec durant la pandémie.
Pourriez-vous nous dire brièvement comment les soutiens fédéraux ont aidé ces entreprises pendant cette période?
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C'est une très bonne question, monsieur Baker.
Croyez-le ou non, au plus fort de la pandémie, l'industrie du nettoyage à sec était considérée comme un service essentiel, ce qui s'est presque apparenté, faute de meilleure analogie, à un baiser de la mort. Nous étions autorisés à rester ouverts, mais il était très difficile de profiter de plusieurs de ces programmes initialement mis en place. Finalement, quand tout s'est stabilisé, après de plusieurs mois, de nombreuses entreprises ont commencé à pu commencer à bénéficier quelque peu de certains de ces programmes d'aide. Cela n'a malheureusement pas été notre cas, en raison de notre désignation comme service essentiel.
Les nettoyeurs que vous avez mentionnés, qui comptent parmi les plus grandes entreprise de nettoyage de la région du Grand Toronto, on vu du jour au lendemain leur chiffre d'affaires s'effondrer littéralement à zéro, comme de nombreux membres de l'Association canadienne des spécialistes de textiles. La clientèle a été absente pendant de nombreux mois. Il fallait payer les loyers et les services publics; c'était une période très difficile.
J'espère avoir répondu à votre question.
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Merci beaucoup, monsieur Weiler. Si je ne m'abuse, c'est sur votre invitation que je suis ici et je vous en suis reconnaissant. Je suis également au courant du travail accompli par un certain professeur Weiler dans ce domaine, alors merci pour tout ce que vous faites.
Je pense vraiment, et je le préconise depuis un certain temps, que le Canada a besoin d'une stratégie nationale, une stratégie qui doit être à la fois fédérale et provinciale. Il ne faut pas que certaines provinces pratiquent la confiscation civile, et d'autres non. À l'heure actuelle, deux provinces n'ont pas de loi sur la confiscation civile. Par ailleurs, en matière pénale, le blanchiment d'argent peut faire l'objet de poursuites en Ontario, mais pas en Colombie-Britannique. Pour commencer, il faut donc une approche globale.
Ensuite, quels sont les problèmes? Comme je dis, modifions fondamentalement la législation. Les États-Unis sont en mesure de procéder assez efficacement à la confiscation des biens liés au blanchiment d'argent, et ce sont des affaires fort complexes. Notre système de justice pénale comporte toutefois de nombreuses contraintes qui compliquent beaucoup le travail d'enquête des policiers et les poursuites. Ces contraintes sont en bonne partie symptomatiques des systèmes plus larges, comme le processus de divulgation, les délais et la difficulté d'obtenir des ordonnances de production et des mandats de perquisition. Il y a donc toute une série de choses que nous devrions vraiment examiner pour pouvoir traiter correctement le problème.
De toute évidence, certains aspects de la législation sur les produits de la criminalité suscitent des plaintes depuis longtemps. Quelque chose d'aussi simple que... Si vous consultez la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, vous constaterez que les transactions en espèces de plus de 10 000 $ doivent être déclarées par certaines entreprises, mais pas toutes. Par exemple, l'industrie automobile est exemptée. Par ici, nous avons vu des voitures achetées en liquide pour 250 000 $, avec de l'argent sale. Lorsqu'il arrive à la banque, c'est de l'argent propre, parce qu'il a transité par le concessionnaire automobile. Nous avons donc un système qui fonctionne au petit bonheur. Il nous faut le secouer et s'attaquer sérieusement au problème.
Je travaille dans d'autres parties du monde. Dans les pays en développement, on constate qu'ils ont tous une législation, mais quand on creuse un peu on voit qu'elle n'est nullement appliquée. Rien ne se passe. Pourtant, pour un observateur extérieur, tout semble beau. D'une certaine manière, c'est la où nous sommes actuellement. Tout semble beau, mais quand on creuse, rien ne se passe.