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Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment déçu de cette motion. Je trouve qu'elle vient bousculer les travaux que doit faire le Comité permanent des finances sur le projet de loi . Comme l'a dit M. Turnbull, le Sous-comité du programme et de la procédure n'a pas réussi à en arriver à une entente. À la base, je crois qu'on pourrait essayer de travailler sur une motion qui se concentrerait uniquement sur le projet de loi C‑69. Pour ce qui est de la suite, il y aurait d'autres discussions.
Le nombre d'heures proposées pour l'étude du projet de loi est vraiment insuffisant. D'ailleurs, si je comprends bien, nous allons avoir très peu de temps aujourd'hui pour poser des questions aux hauts fonctionnaires sur les parties 1 à 3 du projet de loi. Personnellement, il me reste énormément de questions à poser. À mon avis, même si on ne débattait pas de cette motion, on pourrait manquer de temps, ce qui fait qu'on n'aurait pas les réponses à toutes nos questions.
Consacrer uniquement une heure à l'étude de la partie 4, c'est nettement insuffisant. En effet, il faut prendre le temps de bien faire les choses. Je rappelle à mes collègues que la partie 4 met en place un système bancaire ouvert. Il s'agit de quelque chose de nouveau, et il faut prendre le temps d'y réfléchir. De plus, ce que le gouvernement propose va à l'encontre de la volonté de l'Association des banquiers canadiens et de plusieurs institutions financières, si je ne me trompe pas.
Dans ce projet de loi, il n'y a pas d'adéquation avec les lois des différentes provinces. À ma connaissance, il n'y a pas eu de consultations entre le gouvernement ou les ministères et leurs homologues du Québec et des provinces. Si ça a été fait, ça a été fait très récemment. Nous avons beaucoup de questions à cet égard. De plus, il y a plusieurs choses à améliorer. Plusieurs détails semblent techniques, mais ils vont avoir de très grandes répercussions.
Je vais donner un exemple. En Alberta, il y a une banque qui n'en porte pas le nom et qui appartient au gouvernement provincial, à l'État albertain. Si cette institution voulait faire partie du système bancaire ouvert, il faudrait qu'elle passe sous la compétence du fédéral, au moins pour ce qui est de la partie sur le système bancaire ouvert. Il faut se demander pourquoi on voudrait dédoubler les services juridiques et les conseils juridiques. Ça cause d'importantes préoccupations.
C'est la même chose pour ce qui est des coopératives de crédit. Si ma mémoire est bonne, en Colombie‑Britannique, le législateur n'a pas permis aux coopératives de crédit de passer sous la compétence du fédéral. Qu'en est-il pour cette partie? Est-on en train de créer un système bancaire ouvert à deux vitesses, c'est-à-dire pour les banques, qui sont de compétence fédérale, et pour les autres institutions qui sont de compétence provinciale? On a énormément de préoccupations à cet égard. Je vais donc avoir beaucoup de questions à poser aux fonctionnaires à ce sujet. De plus, le Comité va devoir inviter beaucoup de témoins.
Le Comité doit procéder à l'étude d'un projet de loi mammouth de 660 pages, qui touche plusieurs lois, qui entraîne beaucoup de modifications et qui contient plusieurs éléments à couvrir. Est-on en train de dire que nous allons finir d'étudier le projet de loi cette semaine, que nous allons recevoir des témoins pendant deux périodes de deux heures et que nous allons passer à l'étude article par article tout de suite après? À mon avis, c'est nettement insuffisant.
Pendant la pandémie, le gouvernement nous a pressés d'adopter des projets de loi. Nous l'avons fait à la hâte, mais il y a eu beaucoup d'erreurs. En effet, plusieurs éléments ont dû être corrigés, parce que le Comité ne disposait pas du temps nécessaire pour bien faire son travail.
Ce projet de loi, c'est 660 pages de jargon incompréhensible pour le commun des mortels. Il va falloir du temps à tous les intervenants de la société pour en prendre connaissance, pour y réfléchir et pour voir s'il répond bien à leurs attentes ou s'il cause des problèmes. Il faut donc laisser à tous les intervenants un peu de temps, afin qu'ils se fassent une idée du projet de loi et qu'ils nous contactent individuellement pour nous faire part de leurs préoccupations.
De toute évidence, le temps imparti est insuffisant. Prenons l'exemple du projet de loi , qui était d'une moins grande importance: nous avons passé vingt heures à écouter les témoins. Ce qu'on propose maintenant, c'est quatre heures pour le projet de loi C‑69. Les fonctionnaires auront été ici pendant une heure, peut-être un peu plus, si nous réussissons à terminer. Consacrer une seule heure à l'étude de la partie 4, c'est nettement insuffisant.
Je veux aussi rappeler que, ces derniers temps, la ne passe qu'une heure au Comité quand elle vient. Par contre, M. Morneau restait très souvent deux heures pour répondre à nos questions. Il y a énormément d'éléments à traiter dans ce projet de loi. Alors, une heure, c'est insuffisant pour poser des questions.
Selon moi, ça prendra beaucoup plus de temps que ce qui est proposé pour bien étudier le projet de loi , le bonifier et nous assurer que tout est conforme. Nous avons eu 20 heures pour questionner des témoins au sujet du projet de loi , mais on n'en propose que quatre pour le projet de loi C‑69. C'est inacceptable.
Il faudrait que la ministre vienne pour deux heures, comme M. Morneau le faisait la plupart du temps, si je ne me trompe pas. Il faudrait également repousser l'échéance pour bien faire notre travail, ce qui implique, selon moi, de tenir des réunions durant la semaine de relâche parlementaire. Personne n'en a envie, mais, si le gouvernement est si pressé, il faudra le faire. Il faudra également tenir d'autres réunions au moins une semaine après pour nous assurer que tous les intervenants dans l'économie ont eu le temps de prendre acte des 660 pages très complexes du projet de loi, que tout est conforme et que rien ne crée de distorsion. Ensuite, évidemment, il faudra retirer ce qui viendrait après l'étude du projet de loi si on adopte cette motion.
J'ai donc beaucoup de bémols à apporter à cette motion. Dans sa forme actuelle, à mon avis, elle est complètement inacceptable et je ne pourrai pas l'appuyer. D'ailleurs, je trouve très cavalier de proposer une telle motion, que je qualifierais à la limite de bâillon, pour accaparer le débat, sans prévenir, alors que les hauts fonctionnaires sont là pour répondre à nos questions. Nous devons y réagir sur-le-champ, n'ayant pas pu en prendre connaissance au préalable.
Voilà mes premiers commentaires. J'en aurai certainement d'autres.
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Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment déçu que les libéraux n'aient pas fait circuler la motion à l'avance. J'ai déjà eu des discussions et des négociations avec et avec — et même avec M. Baker — et je n'ai jamais rien vu de semblable, pas une seule fois, en deux ans environ au sein de ce comité.
En fait, il est arrivé que le président et moi-même ayons un léger différend, et il m'a dit: « Vous avez mon numéro de téléphone. Appelez-moi. » Peut-être que M. Turnbull n'avait pas nos numéros de téléphone, mais je ne le crois pas, en fait.
Il ne nous a même pas donné l'occasion de faire circuler cette motion, et voilà que nous perdons du temps maintenant. Nous avons prouvé, par ce vote sur l'ajournement, que ni le NPD ni les libéraux ne prennent au sérieux les affaires du peuple. Ils préfèrent se chamailler au sujet de l'horaire, et ce sur le temps de nos fonctionnaires.
Comme l'a dit M. Chambers, il y a beaucoup de capacités intellectuelles ici, et j'aimerais que le temps qu'ils nous consacrent soit mieux employé qu'à écouter les machinations, les discussions et les arguments de parlementaires sur des questions relativement futiles comme l'établissement de l'horaire.
Le fait est que les conservateurs se sont montrés constructifs, voire coopératifs. Pour ce qui est de l'énoncé économique de l'automne, je ne me souviens pas qu'un projet de loi d'exécution du budget ait été adopté aussi rapidement que celui‑là. Je ne me souviens pas d'un seul cas dans l'histoire récente, même si je remonte à l'époque de gouvernements majoritaires. Même si nous n'étions pas d'accord, nous avons évidemment fait notre devoir démocratique en soulignant les faiblesses du projet et nous avons été constructifs, voire coopératifs, comme je l'ai dit.
Il est certain que cette motion donne un autre ton et qu'elle aura des conséquences. Il n'est tout simplement pas possible de... Cela a bien entendu rompu le lien de confiance créé avec les députés d'en face.
Pour mettre en contexte la question de savoir où nous en sommes et pourquoi les conservateurs sont extrêmement sceptiques au sujet des répercussions de ce budget, il faut dire que ce n'est pas d'aujourd'hui que le gouvernement libéral est au pouvoir. Les libéraux ne sont pas dans l'opposition. Ils sont au pouvoir depuis neuf ans, et nous avons assisté à une décennie de perte économique. Autrement dit une croissance économique nulle par habitant. C'est une situation angoissante.
Cela signifie que notre niveau de vie n'a pas augmenté depuis 10 ans. On nous dit, bien sûr, qu'il y a eu la pandémie et d'autres problèmes pour expliquer pourquoi il en est ainsi, mais ce n'est pas le cas dans beaucoup de pays directement comparables. Par exemple, aux États-Unis, le PIB par habitant a augmenté de 50 %, tandis que le nôtre a augmenté d'un maigre 4 %, et nous sommes donc en plein dans une décennie perdue.
Le nombre de gens qui fréquentent des banques alimentaires est sans précédent, et il y a des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Comme je l'ai dit, les libéraux n'ont pas été élus la semaine dernière. Cela fait neuf ans qu'ils sont là.
Qu'ils aillent parler à leurs électeurs. Combien de gens pensent être dans une meilleure situation qu'en 2015? Je peux vous dire que, dans mon quartier, on ne trouvera pas beaucoup de gens pour dire que leur situation est meilleure qu'en 2015, et ce n'est pas une opinion partisane. C'est la réalité.
Sous le premier ministre Harper, nous avions des budgets équilibrés, nous avions des logements qui coûtaient littéralement moitié moins cher, nous avions des logements locatifs qui coûtaient moitié moins cher, nous avions des prix alimentaires contrôlés et nous avions une économie beaucoup plus forte. En fait, nous avons alors connu une croissance économique, alors que, sous le gouvernement libéral actuel, le nombre de gens faisant appel à des banques alimentaires a augmenté considérablement.
Comme M. Chambers l'a fait remarquer, il se publie de plus en plus de statistiques sur les difficultés des Canadiens. On peut bien examiner ces statistiques, mais je n'ai même pas besoin de regarder ces chiffres qui, sans aucun doute, valideraient les données anecdotiques.
Quand je vais dans ma circonscription et que je parle aux gens, vous ne pouvez pas imaginer combien d'histoires déchirantes — et je le dis très sérieusement — on me raconte au sujet de personnes qui ne s'en sortent tout simplement pas, qu'il s'agisse d'une mère célibataire qui doit utiliser une banque alimentaire même si elle a un emploi — et j'ai vraiment eu ce genre de conversation — ou d'un jeune couple qui s'est marié, s'est empressé d'acheter une maison pour se préparer à fonder une famille et dont le prêt hypothécaire est passé d'un peu moins de 3 000 $ à 9 000 $ par mois. Ils ont dû vendre leur maison et se sont retrouvés au point de départ sur le plan financier.
Les Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts. Vous dites que ce budget est la recette magique, mais c'est ce que vous répétez depuis neuf ans. Le budget de 2022, le budget de 2021 ou le budget de 2016, de 2017 ou de 2018 allaient tous résoudre, comme par magie, tous les problèmes du Canada. Eh bien, devinez quoi, voilà où nous en sommes maintenant. Regardez par la fenêtre. Les temps sont durs.
Le chômage ne cesse d'augmenter. On en est à 6,1 %, et cela continue de grimper. L'inflation est encore à l'extérieur de la fourchette fixée par la Banque du Canada. Elle est donc élevée. Les taux d'intérêt ont atteint des niveaux records et restent élevés, et je ne peux pas croire que nous n'ayons pas eu plus de reportages ou de questions sur le fait que le gouverneur de la Banque du Canada — ou, plus exactement, son conseil d'administration — nous a dit qu'il n'avait pas décidé si les taux d'intérêt allaient augmenter ou diminuer, pendant que le nous dit, lui, qu'il garantit que les taux d'intérêt vont baisser.
C'est impensable dans un pays du G7. Le chef de l'exécutif ne devrait pas dire à la banque centrale indépendante ce qu'elle va faire. C'est tout simplement impensable, et nous n'avons toujours pas reçu, et je n'ai pas reçu, d'explications. J'ai demandé au gouvernement qui avait raison — le gouverneur de la Banque du Canada ou le premier ministre —, et je n'ai toujours pas reçu d'explications précises.
Je sors du petit déjeuner de prière de ce matin. C'était un événement formidable, et j'ai écouté les déclarations du et, bien sûr, celles du , ainsi que celles d'autres personnalités. Je suis en fait impressionné par l'humilité dont a fait preuve le premier ministre à cette occasion et j'aimerais que certains de ses députés incarnent certaines paroles du premier ministre au sujet de la nécessité de la collaboration, du travail d'équipe et de notre situation en eaux troubles.
Comme l'a dit le à l'occasion de ce petit-déjeuner de prière, nous sommes en eaux troubles. Nous sommes confrontés à des difficultés d'envergure, qu'il s'agisse de la crise de l'abordabilité ou des changements climatiques, et elles exigent un travail d'équipe, mais, en l'occurrence, on nous a servi une motion qui est un ultimatum. Je ne vois pas comment l'appeler autrement. Elle est parfaitement autoritaire, et, je le répète, j'ai eu l'occasion de négocier et d'appeler à négocier depuis presque deux ans dans le cadre de nombreux projets de loi d'exécution du budget, et je n'ai jamais vu cela. Je n'ai jamais vu le gouvernement balancer quelque chose sur la table en disant: « C'est à prendre ou à laisser. »
Nous ne demandons rien d'extraordinaire. Nous voulons simplement parler aux fonctionnaires qui se sont préparés pour nous. Leurs témoignages sont toujours excellents, ils font toujours de leur mieux, et ces discussions sont toujours très instructives pour moi. C'est tout ce que veulent les conservateurs. Nous allons nous y atteler. Nous avons encore de nombreuses heures de témoignages à entendre. Cette motion autoritaire n'est pas nécessaire. Nous pouvons travailler ensemble, négocier une solution et trouver le moyen de laisser les conservateurs être la voix des sans-voix, de ces mères célibataires qui ont du mal à joindre les deux bouts, de ces propriétaires d'entreprise qui voient leur vie de dur labeur s'évaporer devant eux et de ces propriétaires de maison dont les paiements hypothécaires se sont multipliés par deux ou par trois.
Il faut le dire, et je ne m'en excuserai pas. Nous devons être la voix de ceux qui sont en difficulté, des plus vulnérables de notre société, mais nous pouvons le faire de façon constructive. Cette mesure autoritaire n'arrange rien. Elle limite le débat. Elle limite notre capacité à nous battre pour ceux qui ne sont pas à Ottawa.
J'ai été élu par les 100 000 personnes de , qui sera bientôt Northumberland—Clarke, et je suis ici pour les représenter. J'ai dit que les conservateurs se sont montrés constructifs tout au long de l'étude de l'énoncé économique de l'automne, et nous l'avons été ici également.
Nous étions en plein dans une excellente discussion. J'ai beaucoup apprécié les questions de certains de mes collègues au sujet de l'impôt minimum mondial. C'est un sujet riche à discuter et à débattre. À vrai dire, c'est une discussion technique qui exige beaucoup de l'expertise que nous avons ici aujourd'hui pour informer les Canadiens, parce que la plupart des gens ne se lèvent pas le matin en se disant: « Vous savez quoi? Aujourd'hui, je vais discuter d'un régime d'impôt minimum mondial. » Mais cela aura certainement une incidence sur notre capacité à financer des programmes sociaux. Cela aura aussi un effet sur notre économie. Les Canadiens doivent être plus conscients de ces enjeux. Qui mieux que certains de nos excellents fonctionnaires est en mesure d'en discuter?
Plus précisément, si cette réunion n'avait pas été torpillée par la motion autoritaire des libéraux et si nous avions pu poser plus de questions, j'aurais aimé parler un peu plus des Panama Papers et du fait que l'Agence du revenu du Canada n'a pas mené d'enquête approfondie et n'a pas condamné certains fraudeurs fiscaux parmi les plus flagrants du Canada. À bien des égards, ce sont les journalistes qui ont fait une bonne partie du travail de l'Agence du revenu du Canada. Pendant que le gouvernement semble déterminé à ponctionner la classe moyenne — et avec beaucoup de succès, je dois dire —, les super-riches s'en tirent très bien sous le gouvernement libéral depuis neuf ans. Et ils continuent de bien s'en sortir, en transférant de l'argent à l'étranger ou, comme l'a fait le , en le plaçant dans des fonds fiduciaires pour éviter des taux d'imposition plus élevés.
Nous aurions pu avoir une discussion de fond sur le projet de loi. À vrai dire, j'adore les discussions techniques et le travail sur les détails. D'autres députés aussi, je le sais. Il s'agit de mettre les mains dans le cambouis, de découvrir ce qui ne va pas et de trouver des réponses techniques précises à certaines de ces mesures budgétaires.
J'aurais aussi aimé parler de l'exemption d'impôt pour les fiducies collectives d'employés. Je pense qu'une fiducie collective d'employés est, du moins en théorie, une très bonne idée. Cela existe dans certains pays, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, je crois, avec d'assez bons résultats. C'est une solution pour les propriétaires d'entreprise, et cela permet aux entreprises de prospérer en transférant leur propriété à ceux qui ont travaillé d'arrache-pied pour en faire ce qu'elles sont devenues. De façon générale, cette solution est appuyée par les conservateurs, par les libéraux et par les socialistes parce qu'elle règle de nombreux éléments différents. Je me souviens d'avoir appris, dans le cadre de ma maîtrise en administration des affaires, que la probabilité qu'une entreprise passe d'une génération à l'autre est en fait très faible. Je crois que le pourcentage est d'environ 20 %. Si on passe à une troisième génération, le pourcentage est à un chiffre. Le transfert de propriété aux employés est avantageux à la fois pour le propriétaire de l'entreprise et pour les employés.
J'aurais aimé avoir une discussion technique à ce sujet. Malheureusement, la séance d'information technique — à laquelle je sais que nos fonctionnaires s'étaient sérieusement préparés — a eu lieu juste après notre étude article par article de l'énoncé économique de l'automne, et je n'ai donc pas pu approfondir les questions concernant la Loi d'exécution du budget pendant cette séance. J'avais donc très hâte d'entendre les témoignages d'aujourd'hui et d'approfondir la réflexion pour pouvoir faire mon travail de membre du Comité des finances et de parlementaire et pour bien comprendre ces dispositions et pouvoir les expliquer.
L'autre sujet dont j'ai hâte de parler — et je ne crois pas que ce soit dans les parties 1, 2 ou 3 —, est l'incitatif pour les entrepreneurs canadiens que représente l'exonération cumulative des gains en capital.
Cela ajoute une réduction supplémentaire à un taux d'inclusion ou, je suppose, à un taux d'inclusion à venir — nous verrons quand le projet de loi sur les gains en capital entrera en vigueur. Il s'agit de réduire le taux de 66 à 33 %, mais compte tenu d'un certain nombre de critères différents. J'étais curieux d'en discuter sur le plan technique également.
Tout cela pour dire, monsieur le président, que je suis extrêmement déçu du secrétaire parlementaire. C'est peut-être nouveau pour lui, et peut-être ne comprend‑il pas comment les choses peuvent se faire et comment nous pouvons collaborer. Je l'invite à méditer les exemples de et peut-être même du leader adjoint et de la qui, hier, durant la période des questions, a été très aimable et m'a dit qu'elle me respectait. Elle a ensuite dit quelque chose d'irrespectueux à mon sujet, mais elle a dit qu'elle me respectait. Il pourrait peut-être parler à son patron de ce qu'elle pense de moi et du genre de partenaire de négociation que je pourrais être. Cette motion ne donne même pas aux conservateurs la possibilité de négocier.
Je m'en voudrais de ne pas parler un peu du NPD. J'étais très heureux et même fier de ma relation avec M. Blaikie, et il dirait probablement la même chose de moi. Même si nous étions en désaccord sur à peu près tout, surtout en matière d'économie, il s'est toujours conduit de façon honorable. Nous avons effectivement eu de longues négociations. Tout cela n'a pas abouti, mais il a toujours été franc avec moi. J'avais vraiment l'impression qu'il voulait faire les choses correctement.
Je ne connais pas vraiment M. Davies. Je sais qu'il a la réputation d'être un parlementaire solide. Je suis un peu surpris qu'il ne soit pas venu nous parler de cette motion avant. Il est évident que le NPD et les libéraux s'en étaient déjà parlé. Ils forment une coalition. Je savais que M. Blaikie est très indépendant et qu'il ne mordrait pas à l'hameçon lancé par les libéraux. Je m'étonne que M. Davies ne se soit pas adressé à nous préalablement pour nous éviter de passer de zéro à 90.
À vrai dire, je pourrais probablement comprendre les agissements du NPD et des libéraux si les conservateurs faisaient de l'obstruction, et peut-être ont-ils estimé qu'il leur fallait agir ainsi et que les conservateurs feraient de l'obstruction.
L'énoncé économique de l'automne était à la fois constructif... Il suffit de revenir à l'étude article par article, où, à la demande de M. Davies, nous avons commencé à regrouper les articles et à en accélérer l'examen. Nous n'avions aucune obligation de le faire. En fait, si on examine le temps consacré au débat entourant l'étude article par article, les conservateurs ont eu moins de temps de parole que tous les autres partis, à l'exception du Bloc québécois. Mais nous avons été très prompts à formuler nos observations et à exprimer notre déception à l'égard de l'énoncé économique de l'automne, tout en étant constructifs, je le rappelle.
Les conservateurs sont très inquiets. Nous avons aussi entendu le Bloc québécois dire que les partis qui ne font pas partie du gouvernement de coalition veulent avoir l'occasion d'expliquer aux Canadiens les difficultés que soulève ce budget.
J'ai parfois l'impression que nous sommes dans un univers alternatif, où les libéraux croient en quelque sorte que chaque jour est le premier jour de leur gouvernement comme dans le jour de la marmotte. C'est aujourd'hui le grand jour. Voilà le grand projet de loi d'exécution du budget. C'est ce qui va tout changer.
Eh bien, sachez que nous ne cessons de nous endetter. Notre PIB n'augmente toujours pas. Nous n'avons pas atteint nos objectifs en matière de changements climatiques, sauf, je sais, pendant la pandémie, quand l'économie était paralysée. Si c'est ce que vous voulez, grand bien vous fasse.
Qu'il s'agisse des changements climatiques, de l'utilisation des banques alimentaires, du PIB ou de la croissance, nous continuons de dégringoler la pente. La situation empire de plus en plus. Et vous nous dites: « Mais pourquoi ne nous aidez-vous pas à empirer la situation plus rapidement, monsieur Lawrence? Pourquoi donc? »
Que les interprètes veuillent bien m'excuser. Je suis un peu énervé.
Regardez vos antécédents. Votre bilan est épouvantable. Philip Cross, statisticien en chef et ancien chef de Statistique Canada, a déclaré qu'il s'agit du pire bilan économique depuis la Grande Dépression. Parlons du PIB par habitant: nous en sommes en fait à notre septième trimestre de PIB négatif par habitant. Il y a de bonnes raisons de mesurer les récessions en fonction du PIB total. Notre PIB est masqué par notre forte croissance démographique, et il semble donc plus élevé qu'il ne l'est en réalité. Si on examine le PIB par Canadien, la production économique par Canadien — autrement dit la prospérité de chaque Canadien —, on constate que nous avons enregistré sept trimestres de déclin. Nous serions dans l'une des plus longues récessions depuis la Grande Dépression si nous mesurions le PIB par habitant. Le Canada n'est pas en récession, mais les Canadiens, eux, le sont à coup sûr.
Vous pouvez probablement comprendre ma frustration quand j'entends des gens dire: « Ce projet de loi d'exécution du budget va tout changer. C'est la pilule miracle. C'est la baguette magique qui va tout régler. » Eh bien, j'ai été élu il y a près de cinq ans et j'ai entendu dire, au cours de multiples cycles budgétaires, que telle ou telle mesure législative serait celle qui aiderait enfin les Canadiens. En réalité, quand je retourne voir mes électeurs, je constate que leur situation empire systématiquement à cause du gouvernement fédéral.
La taxe sur le carbone écrase les Canadiens. Cela fait augmenter le coût du chauffage, du carburant et de la nourriture. On connaît évidemment la ritournelle démagogique concernant la taxe sur le carbone. Les libéraux disent que les Canadiens reçoivent plus qu'ils ne paient, mais ce n'est pas vrai. Les libéraux jouent avec les mots comme à un jeu de gobelets.
Concernant la taxe sur le carbone, les Canadiens s'intéressent à deux types de répercussions. La première est l'impact financier. L'effet direct. C'est ce qu'on paie en la taxe sur le carbone à la pompe, etc., et ce que vous obtenez en retour sous forme de remise. L'autre aspect dont les libéraux ne tiennent pas compte, c'est l'impact économique. De quoi est‑il question? Eh bien, il se produit un effet de cascade quand les agriculteurs et les propriétaires d'entreprise paient la taxe sur le carbone. Quand les agriculteurs paient la taxe sur le carbone, puisqu'ils ne décident pas des prix, ce coût est répercuté sur le consommateur. Il y a une taxe cachée sur le carbone dans tout ce qui se trouve à l'épicerie, parce qu'il faut tout transporter. Autrement dit, quand on additionne les répercussions financières et les répercussions économiques, plus de six ménages canadiens sur dix perdent de l'argent.
C'est le jeu de gobelets des libéraux. Ils ne parlent que des répercussions financières et escamotent les répercussions économiques. La vérité, c'est qu'il y a les deux. Tous les Canadiens doivent faire face à ces répercussions financières et économiques. Quand on additionne le tout, quelle que soit la province, le ménage moyen est en situation de perte nette. C'est la réalité de la taxe sur le carbone et c'est ce que subissent les Canadiens.
Et c'est bien parce que la vérité est déguisée dans ce genre d'arguments qu'il faut vraiment creuser la question et la comprendre. Vous pouvez comprendre pourquoi les conservateurs veulent avoir des discussions, et de longues discussions, sur le budget. C'est important pour nous de le comprendre.
Au final, il n'y a rien de magique chez moi, chez M. Hallan, chez M. CHambers ou chez M. Morantz, mais nous sommes des représentants. Nos bureaux circonscription, eux, sont magiques. Nos 338 bureaux — bientôt 343 — sont magiques, parce qu'ils représentent la voix et la volonté du peuple. C'est ce qui distingue le Canada de bien d'autres endroits dans le monde où les gens n'ont pas de droits ou ne peuvent pas voter pour ou contre leurs dirigeants.
Dans cette institution, on a toute liberté de ne pas me respecter ou de ne pas respecter d'autres députés conservateurs, mais on doit respecter le Parlement. Le Parlement est le fondement même de notre démocratie, et il est essentiel qu'on nous donne le temps de comprendre les lois. Ce projet de loi compte plus de 600 pages, et il modifie ou amende des centaines d'autres pages.
Il faudra des heures et des heures d'étude pour bien comprendre ce projet de loi. Il ne fait aucun doute que des organisations et des entreprises de partout au pays le commenteront. Il ne me semble pas exagéré de dire que tous les Canadiens seront touchés d'une façon ou d'une autre par ce budget. Les conservateurs veulent faire les choses comme il faut.
En ce moment, nous aimerions être en train de parler avec les fonctionnaires, comme nous le faisions de façon constructive avant que le secrétaire parlementaire ne présente une motion qu'il a gardée secrète, peu enclin qu'il était à la partager avec les députés conservateurs et à en discuter avec eux...
Je remercie beaucoup mon collègue pour cela. Je lui suis très reconnaissant.
Je vais présenter quelque chose de constructif, parce que c'est ce que nous devrions faire maintenant, à mon avis. Cependant, je vais d'abord faire quelques observations.
Je tiens à souligner que je suis nouveau à ce comité. Je n'y siège que depuis trois semaines. Je crois qu'il est important, comme quelqu'un l'a déjà souligné, qu'un gouvernement minoritaire s'efforce d'obtenir un consensus sur la façon de faire les choses. Aucun parti ne devrait dominer dans une situation comme celle‑ci. J'ajouterais qu'à mon avis, même un gouvernement majoritaire ne devrait pas profiter de sa majorité pour agir de façon tyrannique. Il devrait prêter attention aux priorités des autres partis pour qu'elles puissent être inscrites aux travaux des comités.
Je tiens à souligner que nous nous sommes réunis la semaine dernière. C'est moi qui avais proposé de créer un sous-comité pour que nous puissions nous réunir à huis clos. Je ne vais pas révéler ce qui s'est dit pendant cette réunion, mais nous avions pour but de nous entendre sur le calendrier de ces deux prochains mois. Bon nombre des questions soulevées aujourd'hui étaient précisément celles dont nous avons parlé pendant cette réunion. Par conséquent, la situation actuelle ne devrait surprendre personne, puisque ce sous-comité a discuté précisément de chacune des réunions que nous tiendrons d'ici à la fin juin. Les membres du sous-comité se sont efforcés d'élaborer un ordre du jour acceptable qui réponde autant que possible aux objectifs de tous les membres du Comité.
Quant à la motion présentée aujourd'hui, je tiens à préciser que je l'ai vue pour la première fois hier soir à une heure assez tardive. Toutefois, je n'ai pas vraiment de raison d'offenser mes collègues du Comité.
Je tiens à souligner que cette semaine est la septième des huit qu'il nous reste. Nous aurons une semaine de relâche. En fait, on ne devrait pas l'appeler « semaine de relâche »... Ce n'est pas du tout une semaine de repos. Comme nous le savons tous, nous ne nous relâchons pas du tout quand nous retournons dans nos circonscriptions. Nous profitons de ces pauses précieuses pour consulter nos électeurs. En fait, nous travaillons toujours autant, sinon plus, quand nous retournons dans nos circonscriptions.
Je tiens fermement à cette semaine de relâche, car c'est la seule période que nous ayons pour tenter d'établir un certain équilibre entre notre travail et notre vie personnelle. Malheureusement, cette pause nous enlève du temps que nous consacrons à la préparation des réunions.
Après avoir fait quelques recherches, j'ai constaté qu'en 2023, nous avons consacré 15,5 heures à l'audition des témoins sur le budget. En 2022, nous avons consacré 18 heures de témoignages sur le budget. Ces chiffres ne comprennent pas les études article par article. Je ne suis pas retourné plus en arrière, mais ces exemples représentatifs me donnent une petite idée de la situation.
Je tiens à souligner que je vous comprends tout à fait. Pendant tout le temps que j'ai passé sur la Colline, j'étais dans l'opposition. Pardonnez-moi de me répéter, mais je le dirai chaque fois que je l'entends: nous ne formons pas un gouvernement de coalition. J'aimerais bien que ce soit le cas, mais nous ne formons pas un gouvernement de coalition. Nous n'avons pas de sièges au Cabinet. Nous ne pouvons pas prendre de décisions. Nous avons un accord de confiance et de soutien. C'est un beau slogan à lancer à la ronde, mais je ne pense pas que ces termes, qui ne représentent pas la réalité, favorisent l'atmosphère politique.
Cependant, comme je suis dans l'opposition, je compatis avec mes collègues conservateurs lorsqu'ils disent qu'ils doivent se battre afin d'obtenir assez de temps pour discuter adéquatement des projets de loi. En guise de préface à ma proposition, je tiens à dire que, souvent, lorsqu'un projet de loi est présenté au Comité — justement un projet de loi de ce genre — et que nous ne l'avons jamais vu ou sur lequel nous n'avons pas mené d'étude, il est tout frais. Nous ne savons pas grand-chose sur le contenu, alors nous avons vraiment besoin d'entendre un vaste éventail d'intervenants et d'explorer de nouveaux concepts afin que le Comité puisse faire du bon travail.
À mon avis, le budget est un projet de loi un peu différent. Tout d'abord, il y a les audiences prébudgétaires. Je n'ai pas eu le plaisir d'y participer, mais j'ai sympathisé avec de nombreux porte-parole en matière de finances qui sillonnaient le pays pendant des jours et des jours pour participer à des audiences prébudgétaires afin d'entendre le point de vue des intervenants. Je présume que cela s'est aussi produit dans le cas de ce budget.
Ensuite, il y a les grandes annonces prébudgétaires. Je me souviens d'une époque où les budgets étaient secrets jusqu'à ce qu'on les annonce à la Chambre.
En fait, tout a commencé avec les conservateurs. Au cours de ces 10 dernières années, je dirais que l'érosion a été lente. Cette fois‑ci, nous avons vu des annonces importantes au sujet du budget plusieurs semaines à l'avance. Puis, nous avons vu le budget même.
Je pense que nous devons tous reconnaître que ce document de 416 pages contient à peu près tout ce qui concerne ce budget. Nous avons eu l'occasion de le lire et de l'étudier. Nous avons tenu des huis clos budgétaires. Ensuite, nous avons tenu des séances d'information sur le budget. Ensuite, la motion de voies et moyens a été déposée. J'ai assisté à des séances d'information, et vous aussi, j'en suis sûr. On nous les a offertes pour nous renseigner sur le budget.
Quand le Comité sera saisi de ce projet de loi d'exécution du budget, il ne sera pas très honnête de suggérer qu'il s'agit d'un tout nouveau projet de loi pour lequel nous devrons examiner à fond toutes sortes d'enjeux intéressants. Nous savons très bien ce que contient ce budget. Nous sommes bien conscients de ce que nous appuierons et, surtout, de ce que nous n'appuierons pas. Nous sommes prêts, contrairement à tout autre projet de loi, à débattre de ces enjeux.
Nous n'avons pas besoin de 65 réunions pour discuter de ce budget, vu le travail préparatoire déjà accompli. Des enjeux comme l'aide médicale à mourir ou autre nécessitent évidemment des mois et des mois de consultations.
Je remarque que pour le projet de loi , que le Comité étudiait quand je suis arrivé, nous avons tenu 20 heures d'audience. Je crois avoir déjà souligné qu'au cours de ces 20 heures, nous avons entendu beaucoup de témoignages répétitifs. De nombreux témoins répétaient sans cesse la même chose. À mon avis, nous aurions pu réduire ces heures de 50 % ou même plus. Nous aurions quand même entendu l'essentiel des témoignages. Tous les partis, je crois, ont présenté des amendements. Ils étaient bien rédigés et ont amélioré le projet de loi. Je crois donc qu'il était important de l'étudier.
Permettez-moi de corriger deux ou trois choses que mon collègue conservateur a dites. Je crois qu'il a dit que le gouvernement Harper avait équilibré son budget. J'ai siégé à la Chambre de 2008 à 2015. Je n'y étais pas en 2006, et en réalité, le gouvernement Harper a enregistré sept déficits consécutifs. Il n'a déposé ce qu'il prétendait être un budget équilibré qu'au cours de sa huitième année, l'année des élections. Un examen plus précis des chiffres a révélé que ce budget était déficitaire, si je me souviens bien.
Je tiens à apporter cette correction pour le compte rendu. Je ne vais pas tenter de répondre, mais la question de savoir si un budget a été équilibré ou non est une question de chiffres et de faits, et je vous présente un fait.
Je tiens également à dire que dans le présent budget, je ne partage pas beaucoup des points de vue, des raisons et des politiques de mes collègues conservateurs, mais je conviens que ce budget est très important. À mon avis, nous l'abordons tous sous des angles différents. Je partage également la description éloquente que mon collègue a faite des difficultés auxquelles de nombreux Canadiens font face en ce moment. Personne n'en doute. Je ne sais pas si je dirais que le Canada se trouve en récession, mais les Canadiens le disent. Je vais m'arrêter sur cette question pendant quelques instants. Je ne pense pas qu'ils soient vraiment en récession. Cependant, je peux dire que des millions et des millions de Canadiens, en particulier les personnes à faible et moyen revenu, ont du mal à joindre les deux bouts. Je ne crois pas vraiment que tout le monde se trouve dans cette situation. Il me semble qu'un secteur, peut-être le quartile supérieur de la population, se porte très bien, peut-être mieux que le reste de la population. Cependant, ce n'est pas le cas de millions de Canadiens.
Par conséquent, j'en suis venu à une conclusion tout à fait contraire à celle de mon collègue conservateur. À mon avis, nous devrons aider ces gens le plus rapidement possible. Le budget prévoit des mesures comme l'assurance-médicaments. Les huit années que j'ai passées comme porte-parole en matière de santé ont modifié mon point de vue. J'ai entendu trop de récits de gens qui souffrent, qui vivent avec le diabète de type 1 ou de type 2 et qui sont obligés de débourser des milliers de dollars chaque année. Ces gens sont aussi aux prises avec le coût élevé de la nourriture, de leur loyer, etc. Ce sont les mêmes personnes que mon collègue vient de décrire avec beaucoup de précision.
Si ce projet de loi sur l'assurance-médicaments est adopté — cet argent prévu dans le projet de loi étudié à la Chambre que, soit dit en passant, les conservateurs retardent et tentent de bloquer en ce moment — et qu'il reçoit la sanction royale d'ici à la fin juin, le gouvernement fédéral pourra négocier avec les provinces dès le mois de juillet ou d'août, et les médicaments contre le diabète seront gratuits. J'ai négocié une liste de médicaments pour 11 types d'insuline, des agents d'inhibition SDG. Ces médicaments qui sauvent des vies seront gratuits avec les appareils, les aiguilles, les seringues, les bandelettes de test, les pompes et les glucomètres continus.
J'ai entendu des parents nous dire que, craignant que le taux de glycémie de leur enfant de cinq ans fasse un pic au milieu de la nuit, ils le réveillent toutes les heures et demie. Imaginez que vous réveillez votre enfant à une heure du matin, puis à 2 heures et demie du matin, puis à quatre heures du matin et que vous devez ensuite aller au travail — sans parler des désagréments que cela cause à l'enfant — parce que vous craignez que son taux de glycémie fasse un pic en pleine nuit.
Ce projet de loi leur fournirait un glucomètre continu et une pompe à insuline afin que l'enfant puisse dormir toute la nuit et que les parents se rendent au travail bien reposés. Et cela ne compte pas les dépenses personnelles. Savez-vous ce que font maintenant les parents qui n'ont pas d'assurance? Ils achètent ce glucomètre pour leur enfant. Qui, dans cette salle, ne le ferait pas? Savez-vous combien il leur coûte? Il coûte des milliers de dollars. Nous ne cessons de parler d'alléger la situation économique des Canadiens. N'avons-nous pas ici une excellente occasion de le faire?
Ce budget nous offre cette occasion. Il propose d'investir 1,5 milliard de dollars pour financer les programmes que nous voulons que le gouvernement fédéral négocie — que je veux qu'il négocie le plus tôt possible. Cependant, les conservateurs bloquent le projet de loi sur l'assurance-médicaments à la Chambre et le projet de loi qui le financerait et que nous étudions ici.
Passons au programme de nutrition dans les écoles. Nous parlons du coût élevé de la nourriture, eh bien, je ne veux pas qu'un seul enfant de troisième année essaie de faire ses maths ou de lire alors qu'il a mal à l'estomac. En outre, vu les problèmes de santé et d'apprentissage qui se répandent chez les enfants et vu que les familles sont aux prises avec le coût élevé des aliments, n'allégerions-nous pas leur budget en servant à leur enfant, à l'école, un repas chaud et nutritif à midi, cinq jours par semaine?
C'est un repas de moins à leur budget et, pour les familles qui ont deux ou trois enfants, c'est 10 ou 15 déjeuners qu'elles n'auront plus à payer. Les familles que je représente à Vancouver Kingsway, qui est un quartier de la classe ouvrière, ont bien de la peine à joindre les deux bouts. Le revenu médian total des ménages est de 64 000 $ par année, alors cette mesure à elle seule les aiderait énormément. Cependant, les conservateurs font traîner les choses. Ils veulent qu'on en débatte.
Ensuite, le budget propose d'investir des milliards de dollars dans le logement abordable.
J'ai souvent souligné que la politique comprend des milliers d'enjeux. Nous le savons tous. Certains sont fondamentaux, et d'autres sont existentiels. Le logement en est un, parce que le logement nous ancre. Il nous ancre dans notre collectivité. Il nous ancre dans notre vie professionnelle, dans notre collectivité, il nous unit à nos voisins et à l'école de nos enfants. Il nous ancre. Depuis des décennies, un trop grand nombre de Canadiens ne réussissent pas à trouver un logement convenable à louer ou à acheter.
Je vous assure que ce problème n'est pas apparu en 2015. Je vis à Vancouver depuis 40 ans. Il y a 20 ans, ou même 15 ans, on ne trouvait plus de maison abordable à acheter ou à louer. Imaginez donc. En 2010, les maisons se vendaient à des prix qu'aucun de nous dans cette salle ne pourrait acheter. Du côté ouest de Vancouver, une maison que les propriétaires avaient payée 60 000 $ il y a 30 ans est offerte sur le marché pour 4 millions de dollars. C'est notre réalité. Le budget prévoit des fonds à cette fin.
Il propose aussi des investissements essentiels dans les services aux Autochtones. Parlons un peu des peuples autochtones de notre pays. Ces gens souffrent plus que le reste de la population du Canada, et ce budget prévoit des milliards de dollars à leur verser.
Il me semble que nous devrions équilibrer nos débats. Nous devons équilibrer les rôles que nous jouons ici pour mener un examen approfondi de ce projet de loi, puisque nous savons tous ce qu'il contient, ce que nous allons appuyer et comment nous exprimerons nos opinions. Chaque budget est différent. Aucun gouvernement, aucun gouvernement conservateur que j'aie jamais vu et aucun gouvernement que nous verrons à l'avenir, ne voudrait retarder de trois mois l'adoption d'un budget pour en débattre. Ce budget a été déposé en début avril. Nous savons tous qu'il doit être adopté d'ici à la fin juin.
Parlons un peu du milieu des affaires au Canada. De toute ma carrière politique, j'ai entendu les gens d'affaires demander constamment de la certitude. Ils peuvent adapter leurs activités à un vaste éventail de politiques venant de la gauche et de la droite, mais il leur faut de la certitude. Nous traversons une période d'incertitude économique. Nous voyons tous les problèmes qui entravent la productivité ainsi que les investissements dans le matériel et l'outillage, dans la technologie et dans la recherche. Il faut vraiment accélérer la transition vers une économie plus durable. Nous savons que les crédits d'impôt...
J'ai eu l'occasion de poser des questions sur les crédits d'impôt pour l'hydrogène et les technologies propres. Quand nous examinions l'Énoncé économique de l'automne, des témoins nous ont dit que les entreprises attendaient ces crédits.
Je pense que les réunions proposées dans cette motion ne donnent pas tout à fait assez de temps. Je vais proposer un amendement, mais j'aimerais d'abord l'expliquer à mes collègues.
Comme on l'a proposé, je suggère que nous accordions aux témoins deux heures aujourd'hui et deux heures jeudi. Cela fait quatre heures. Ensuite, cette motion propose de leur accorder quatre heures de plus pendant les réunions du 21 et du 23. Cela ferait un total de huit heures. Je ne pense pas que ce soit suffisant.
Je propose que nous leur accordions deux heures aujourd'hui et deux heures jeudi, mais je pense que nous devrions donner à chaque témoin six heures pendant les réunions du 21 et du 23. Cela donnerait 16 heures, soit 12 heures pour ces réunions‑là, plus les quatre que nous leur accordons cette semaine.
Je continue à expliquer ma proposition. L'an dernier, nous avons consacré 15,5 heures, et 18 heures l'année précédente. Ce que je propose nous place en plein dans la fourchette habituelle des heures consacrées aux budgets. De plus, cela nous laissera assez de temps pour procéder à l'étude article par article dès la semaine du 27. Ce projet de loi sortira du Comité d'ici à la fin du mois, et nous pourrons le renvoyer au Sénat en début juin.
Je sais que les conservateurs tiennent à inviter M. Mark Carney. Je crois qu'ils l'ont appelé le « gouverneur Carney ». Je ne sais pas s'il convient encore de l'appeler ainsi, puisqu'il n'est plus gouverneur. Il est désormais un simple citoyen. S'ils veulent convoquer des témoins... Une fois que ce sera fait, nous pourrons tous convoquer les témoins que nous voulons entendre sur le budget. J'invite mes collègues à convoquer M. Carney comme témoin s'ils le souhaitent. Ainsi, nous l'entendrons plus tôt.
Je sais que cette motion sur la programmation aurait... Je tiens aussi à souligner que cela permettra à chaque parti de traiter d'un enjeu en juin. Nous consacrerons deux réunions sur l'étude du logement, que mon prédécesseur, , a lancée, je crois. Nous passerons ensuite deux heures sur le financement vert, que les libéraux soutiennent, je crois. Enfin, nous consacrerons deux heures à l'étude de l'inflation, que les conservateurs désirent, je crois. J'ai aussi pensé que nous aurions le temps de convoquer M. Carney au sujet de l'inflation, car je crois que ses observations sur l'inflation ont suscité leur intérêt. Ils pourront convoquer M. Carney sur plusieurs enjeux s'ils le veulent.
J'ai déjà souligné la possibilité que M. Carney ne se présente pas. Ces choses arrivent en comité, et nous savons quelle est la solution. Nous pourrons y revenir à ce moment‑là. Je ne sais pas si M. Carney viendra, mais nous aurons au moins l'occasion de l'inviter.
Je pense que cela se résume assez bien à ce que je voulais dire. Je remercie mon collègue de m'avoir cédé la parole.
Je ne sais pas si vous voulez que je présente cela sous forme d'amendement, mais je le ferai avec plaisir. Je vais le faire pour la forme.
Je propose de modifier la motion, s'il m'est possible de le faire, pour que les séances du 21 et du 23 durent six heures chacune. Je pense que c'est tout — il suffit d'ajouter les heures nécessaires.
Merci, monsieur le président.
La raison pour laquelle j'aimerais ajouter ces deux dates, chers collègues, c'est que je pense que nous aimerions recevoir plus de témoins. Comme on l'a déjà dit à maintes reprises, il s'agit d'un budget de 660 pages. C'est énorme. Je crois que les membres du Comité désirent entendre un plus grand nombre de témoins, ou du moins je l'espère.
Je crois que mon ami, M. Ste‑Marie, l'a dit aussi. Il a proposé un report d'une semaine. Je pense que nous pourrions accepter cela. Dans cet esprit, j'ai ajouté les deux dates du 28 et du 30 et j'ai avancé les autres dates pour tenir compte de cela. Je suis tout à fait d'accord avec M. Ste‑Marie, nous avons besoin d'une semaine de plus pour entendre les témoins.
Les dates des amendements seraient reportées d'une semaine. Le 30 mai, nous pourrions apporter les amendements, et l'étude article par article commencerait au plus tard le 3 juin à midi. Nous savons bien que les partis d'opposition n'acceptent pas toujours la date que l'on fixe pour la fin de l'étude, mais nous pouvons nous entendre sur ces dates du commencement de l'étude.
À mon avis, l'alinéa iv est le plus important, et nous devrions le modifier.
, la vice-première ministre et ministre des Finances, nous a envoyé à tous, ainsi qu'au président, une lettre datée du 6 octobre 2023. Elle nous demandait de l'aider à effectuer le quatrième examen parlementaire quinquennal de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité — le blanchiment d'argent — et le financement des activités terroristes. Elle nous a envoyé cette demande l'an dernier en octobre. Elle y fait également remarquer que le dernier examen s'est terminé en novembre 2018.
À l'heure actuelle, ce sujet est très important, et mon collègue et ami, M. Chambers, a également donné avis d'une motion à ce sujet, parce que maintenant, ces derniers jours seulement... Cela montre à quel point cet enjeu est important.
Je vais lire quelques manchettes sur la Banque TD: « L'enquête sur la Banque TD porte sur le blanchiment de narcodollars, selon le Wall Street Journal » et « La Banque TD pourrait faire face à des sanctions plus sévères à la suite d'allégations de blanchiment d'argent lié à la drogue, selon l'analyste. La Banque pourrait subir les pires sanctions si le rapport établit un lien entre la Banque TD et des profits générés par la vente illicite de fentanyl. » Selon cet article, ces amendes pourraient atteindre 2 milliards de dollars. Ensuite, on lit que la Banque TD a été frappée d'une amende de 9,2 millions de dollars pour ne pas avoir signalé certaines transactions suspectes.
Cette situation s'aggrave, et la crise des opioïdes à laquelle nous faisons face pourrait y être reliée. Les cas d'extorsion et les vols de voitures pourraient aussi être reliés au blanchiment d'argent et aux produits de la criminalité qui se produisent sous le gouvernement actuel. C'est pourquoi je pense que cette étude est plus importante que jamais.
Nous n'entendons jamais les libéraux ou les néo-démocrates parler de l'importance de cet état de fait, même si la a demandé au Comité de l'étudier. Mon ami Adam Chambers en parle tout le temps, et il a raison. Ces manchettes sur la TD datent d'il y a quelques jours à peine. Cela montre à quel point la situation est grave.
En effectuant notre planification, je pense que nous devrions ajouter ces problèmes à l'amendement pour qu'il soit adopté. Si nous décidons tous de maintenir ce soi-disant « esprit de collaboration » — que les libéraux et les néo-démocrates ont enfreint, à mon avis —, je pense que cela pourrait aussi être un bon compromis, parce que ce problème est important pour les Canadiens. L'ampleur de l'extorsion...
En fait, j'ai rendu visite au propriétaire d'une entreprise de camionnage. Il m'a fait regarder une vidéo où l'on entendait un individu qui essayait de lui extorquer de l'argent. Il lui a dit: « Nous allons tirer sur votre maison la semaine prochaine. » L'homme d'affaires n'a pas donné l'argent, mais il vit maintenant dans la peur. Les membres de sa famille se sont séparés pour aller vivre dans différentes chambres d'hôtel pour ne pas être vus ensemble. Dans la vidéo suivante qu'il m'a montrée, on voit quelqu'un qui tire sur sa maison en passant dans une auto. Ensuite, nous sommes sortis dans le stationnement, et il nous a montré ses deux autos, sur lesquelles il avait fait installer des fenêtres pare-balles. a mis le Canada dans cet état en neuf ans, avec l'aide du NPD.
Voilà ce qui se passe. Tim Uppal, le leader adjoint des conservateurs, a dû présenter un projet de loi d'initiative parlementaire plein de bon sens parce que le gouvernement actuel ne prend pas la criminalité au sérieux. La situation s'est détériorée au Canada à cause de sa politique laxiste en matière de criminalité. M. Uppal a présenté un projet de loi sur l'extorsion. Puisque le gouvernement n'agit pas, autant le présenter avant que ne devienne premier ministre.
Voilà dans quel état lamentable notre pays se trouve au bout de neuf ans. Beaucoup de gens ont quitté leur pays d'origine pour venir ici dans l'espoir de bâtir un avenir plus sûr pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Beaucoup d'immigrants ont tout risqué et ont tout laissé derrière eux pour venir vivre ici. Lorsqu'ils arrivent ici, ils sont frappés par des impôts élevés et des crimes comme nous n'en avons jamais vu auparavant — il y a partout de la drogue, du chaos, de la criminalité — et en plus, le loyer leur coûte deux fois plus cher. Nous entendons parler d'étudiants étrangers qui vivent sous tente sous les ponts et d'infirmières et d'enseignants qui vivent dans leur voiture, parce qu'après neuf ans de gouvernement libéral-néo-démocrate, les coûts des logements ont doublé. Les immigrants abandonnent tout pour venir ici. Ils risquent tout. Ils se demandent pourquoi ils ont quitté leur pays, parce que la vie est encore pire ici.
Voilà ce que les Canadiens nous disent quand nous parcourons le pays pour les rencontrer. Partout où nous allons, nous entendons ce genre de récit. Ils nous demandent: « Qu'avons-nous fait de mal? Que faisions-nous auparavant? Nous réussissions toujours à chauffer notre maison. Nous faisions toujours le plein d'essence. Nous faisions notre épicerie comme tout le monde. Qu'est‑ce que cette taxe sur le carbone? » Ils faisaient ce qu'ils avaient toujours fait, mais maintenant, ils sont frappés par une taxe sur le carbone qui rehausse tous les prix.
Cela vous montre qu'on peut tout risquer, tout laisser en arrière et venir ici, mais sous le gouvernement actuel, il est impossible de réussir. Ce budget ne fait rien pour aider ces gens. Il ne fait absolument rien pour eux. En fait, il ne fait qu'augmenter leurs impôts. Tout le monde sait que ce gouvernement hausse les impôts, quelle que soit la situation du pays.
Voilà pourquoi je pense qu'il est important que nous entendions plus de témoins. Il faut que le gouvernement entende les gens décrire ce qu'ils endurent. Il est évident que ses députés ne parlent pas à leurs électeurs. Il faut que nous invitions d'autres témoins pour qu'ils entendent des Canadiens ordinaires parler de ses mauvaises politiques et des répercussions négatives qu'elles ont sur leur vie.
Je pense aussi qu'il est très important que nous donnions suite à ce que la nous a demandé au sujet des produits de la criminalité et du blanchiment d'argent. Il faut que nous agissions sans tarder afin d'éviter qu'un plus grand nombre de gens ne deviennent victimes d'extorsion. Sous le gouvernement actuel, avec l'appui du NPD, ces gens ne se sentent plus en sécurité dans notre pays.
J'ai présenté l'exemple d'une famille et d'une entreprise que nous avons visitées. Il y en a beaucoup d'autres partout au pays qui font face à de mêmes circonstances. Ces familles ont peur de le dire en public, car elles savent que le gouvernement actuel ne fera rien pour les aider. En réalité, les malfaiteurs peuvent commettre un crime le matin et, grâce aux politiques laxistes inefficaces de ce gouvernement, ils se retrouvent libres l'après-midi pour commettre un autre crime, puis ils sont libérés le soir même. Il n'y a pas de justice pour la population.
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Merci, monsieur le président.
Comme nous avons dû suspendre la séance pour nous rendre à la période des questions, j'ai pensé qu'il serait bon de faire une petite récapitulation pour les gens qui nous regardent.
Essentiellement, plus tôt aujourd'hui, un député libéral a proposé une motion — une motion de programmation, comme nous les appelons — pour établir les enjeux sur lesquels le Comité devra débattre d'ici à la fin de la session. Malheureusement, ce député n'avait pas dit aux députés conservateurs qui siègent à ce comité qu'il allait présenter cette motion.
Comme les libéraux parlent beaucoup de coopération et demandent souvent pourquoi nous ne nous entendons souvent pas avec eux, ce geste sournois nous a beaucoup surpris, monsieur le président. Ils ont remis une copie de la motion au membre néo-démocrate du Comité hier soir. Je le sais, parce qu'il nous a dit qu'il avait eu l'occasion de la lire avant la séance.
De toute évidence, les libéraux préparaient cela depuis un certain temps. Ils ont expliqué qu'ils voulaient être sûrs d'avoir les votes nécessaires pour faire adopter cette motion, mais au lieu de venir nous demander si nous pourrions appuyer une motion de ce genre, ou tout au moins discuter des enjeux à débattre au cours de ces prochains mois, ils sont allés voir leur partenaire de la coalition pour lui demander de voter en faveur de cette motion. Leur partenaire s'est fait un plaisir d'accepter.
Pour que les gens qui nous regardent comprennent bien, je pense qu'il serait bon d'examiner le contenu de cette motion.
M. Hallan a proposé des amendements, alors je vais essayer de les inclure dans cette présentation.
La motion commence par « En ce qui concerne les travaux futurs du comité, il est convenu que ». Ces travaux futurs devraient nous occuper pendant les réunions de ces cinq ou six prochaines semaines, jusqu'à la fin juin, lorsque la Chambre ajournera pour l'été.
Ensuite, on lit: « Le Comité consacre sa réunion ordinaire du jeudi 9 mai » — soit dans quelques jours seulement — « au témoignage de la vice-première ministre et ministre des Finances, ainsi que des fonctionnaires du ministère des Finances, sur l'objet du projet de loi ».
Cet article semble raisonnable à première vue, mais malheureusement, on y parle de rencontrer des fonctionnaires. Il faut que les gens qui nous regardent comprennent que 10 fonctionnaires du comité des finances étaient présents dans cette salle ce matin. J'avais travaillé tard dans la nuit pour préparer mes questions. Il semble que les libéraux et M. Davies avaient aussi travaillé jusque tard dans la nuit pour concocter cette motion de programmation qui a entraîné le Comité dans une obstruction systématique. C'est vraiment dommage. C'est très malheureux.
Quoi qu'il en soit, ces fonctionnaires étaient ici, et j'avais des questions à leur poser. J'avais des questions sur les locations à court terme, sur le crédit d'impôt pour le journalisme et sur le soi-disant conseil consultatif indépendant nommé par le Cabinet libéral partisan. Dans quelle mesure ce conseil peut‑il être indépendant?
J'avais une question à ce sujet, mais je ne l'ai pas posée. Savez-vous pourquoi? Parce que les libéraux ont proposé une motion de programmation unilatérale sans nous consulter, alors voilà où nous en sommes.
J'avais des questions à poser au sujet du rabais sur le carbone pour les petites entreprises. Par exemple, pourquoi l'accorde‑t‑on seulement aux SPCC? Pour ceux qui nous regardent, oui, nous utilisons beaucoup d'acronymes à ce comité. SPCC signifie « société privée sous contrôle canadien ». Cette politique ne tient absolument pas compte des propriétaires uniques et des sociétés de personnes, que l'on a oubliés, il me semble. Du moins, c'est la question que je voulais poser pour obtenir des précisions, mais je n'ai jamais eu l'occasion de la poser parce que les libéraux ont décidé de torpiller les travaux du Comité aujourd'hui.
C'est vraiment une situation très malheureuse, monsieur le président.
Je voulais poser une question au sujet du crédit d'impôt pour le logement sous-utilisé. Il existe depuis trois ans. Je me demandais si des gens avaient payé l'amende de 10 000 $ que le gouvernement a maintenant réduite à 2 000 $. Ces gens récupéreront-ils leur argent? J'allais poser cette question.
Je voulais vous poser une question sur l'amende de 5 000 $ que le gouvernement inflige aux gens qui ne respectent pas les exigences sur la production de leurs déclarations de revenus, et qu'il vient d'éliminer. La taxe sur le logement sous-utilisé est un autre dossier que les libéraux ont gâché.
J'allais poser deux ou trois autres questions. J'allais en poser une sur l'IMR, l'impôt minimum de remplacement, et sur ce qu'on appelle un « allégement fiscal ». Il n'y a que sur la planète libérale qu'une augmentation d'impôt peut être un allégement fiscal, monsieur le président. La taxe d'accise a augmenté de 2 %, mais le gouvernement la considère comme un allégement fiscal. Quelle gymnastique intellectuelle il faut faire pour augmenter une taxe et l'appeler « allégement fiscal ». C'est incroyable. C'est ahurissant. Je voulais poser une question à ce sujet, mais je n'en ai pas eu l'occasion.
Voilà où nous en sommes. Soit dit en passant, il s'agit d'un projet de loi qui compte « seulement » 600 pages et 468 articles. Il y a beaucoup de terrain à couvrir. C'est un projet de loi omnibus, ce qui fait toujours problème. Il contient des modifications du Code criminel. Je ne sais pas trop, mais d'aucuns se demanderont peut-être comment il se fait que le Code criminel peut être modifié au comité des finances. Il y a une foule de choses qui ne devraient pas vraiment figurer dans un projet de loi d'exécution du budget, mais le gouvernement recourt à cette méthode lorsqu'il veut faire adopter les choses les plus inimaginables par la Chambre des communes: il les ajoute à un projet de loi d'exécution du budget.
Soit dit en passant, c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec le scandale SNC-Lavalin. Il ne faut pas oublier. Il faut le rappeler régulièrement. M. Erskine‑Smith se souvient très bien que la disposition prévoyant un accord de suspension des poursuites a été enfouie dans un projet de loi comme celui‑ci au comité des finances. Que faisait-elle là? Je l'ignore. Les membres du Comité ne savaient probablement même pas ce qu'elle faisait là. Quelqu'un a peut-être posé une question à ce propos. Je n'étais pas élu à l'époque. Personne ne pensait qu'un projet de loi d'exécution du budget puisse contenir une disposition à l'avantage d'une seule société. C'est pourtant un fait.
Voilà pourquoi il est important que nous ayons l'occasion de poser des questions sur ces projets de loi. C'est une question que j'ai posée l'année dernière et que je pose de nouveau. Y a‑t‑il une disposition, parmi les 468 articles d'un projet de loi de 659 pages, qui soit prévue expressément à l'avantage d'une société ou d'une personne? Encore une fois, je n'ai pas pu poser cette question ce matin.
C'est la partie i de la motion. Il y a là beaucoup de choses à analyser, mais je vais passer à la partie ii.
La partie ii dit:
le comité consacre ses réunions ordinaires des 9, 21, et 23 mai, 2024 [et, par suite de l'amendement de M. Hallan] des 28 et 30 mai 2024, à étudier l'objet du projet de loi C‑69, à moins que le projet de loi ne soit référé au comité; et que tous les témoignages recueillis dans le cadre de l'étude préliminaire soient considérés faisant partie de l'étude complète du projet de loi par le comité, une fois qu'il aura été renvoyé au comité;
La partie iii ajoute ceci:
que tout amendement au projet de loi soit soumis au plus tard à 17 heures HE le jeudi 30 mai, 2024;
La partie iv dit encore:
que le comité procède à l'étude article par article du projet de loi au plus tard à 12 heures HE le 3 juin 2024 et que la présidence soit chargée d'organiser une réunion prolongée et de demander des ressources supplémentaires à la Chambre, à cet égard...
M. Hallan a demandé que le reste de la partie iv soit supprimé. Ce qu'il demande de supprimer — car il est important que les auditeurs sachent sur quoi nous votons —, ce sont les mots suivants:
si le comité n'a pas terminé l'étude article par article du projet de loi, au plus tard à 11 h 00 HE le mardi 28 mai, 2024, que tous les amendements restants soumis au comité soient réputés proposés et la présidence mette aux voix immédiatement et successivement, sans plus ample débat, tous les articles et les amendements soumis restants, de même que toute question nécessaire afin de disposer de l'étude article par article du projet de loi et d'ordonner à la présidence de faire rapport du projet de loi à la Chambre le plus tôt possible;
Si la motion modifiée était adoptée, ces mots seraient supprimés.
Vient ensuite la partie v, qui dit:
une fois l'étude du projet de loi C‑69 achevé, le comité consacre au moins deux réunions à l'étude sur la financiarisation du logement, suivie par au moins deux réunions à l'examen de l'ébauche de rapport sur l'état actuel des domaines de la finance verte, des investissements verts de la transition finance et de la transparence, les standards et la taxonomie;
Ces mots seraient supprimés par l'amendement de M. Hallan.
Ensuite, la partie vi dispose:
le comité consacre ses réunions ordinaires de la semaine du 17 juin 2024 à l'étude sur l'inflation dans l'économie canadienne à l'heure actuelle.
La disposition à laquelle je veux revenir est la partie ii.
On a beaucoup discuté de la possibilité de faire comparaître Mark Carney devant le Comité.
Je présume que M. Davies appuiera cette idée, car pas plus tard que la semaine dernière, il a dit: « [...] je suis impatient que M. Carney vienne témoigner devant le Comité, au bon moment et dans le cadre de la bonne étude, et cela pourra se faire au cours des deux prochains mois. » Il est donc d'accord pour que M. Carney comparaisse devant le Comité.
Pourquoi les conservateurs font-ils cette demande? M. Carney donne des conférences. Il prononce des discours. Il en a consacré certains à la politique gouvernementale, et il a critiqué des éléments de cette politique mais en a appuyé d'autres. Il appuie le déficit actif que le gouvernement actuel pratique, ce qui nourrit l'inflation et a multiplié la dette nationale par deux en huit ans. Tout un exploit. La dette fédérale accumulée de 1867 jusqu'à l'élection de l'actuel gouvernement, en 2015, était de 616 milliards de dollars. Maintenant, elle dépasse 1,2 billion de dollars. L'irresponsabilité financière du gouvernement est vraiment renversante.
M. Carney appuie apparemment ces déficits, si on en croit ses discours. Il est également en faveur de la taxe sur le carbone, raison de plus pour l'inviter à comparaître, car les Canadiens ont le droit de savoir de combien il veut augmenter la taxe sur le carbone. Nous avons des questions à lui poser, et il est clair qu'il veut diriger le Parti libéral. Il est tout sauf un libéral banal. Il est probablement le prochain chef du Parti libéral du Canada, et les Canadiens ont le droit de savoir ce qu'il pense. Voilà pourquoi nous souhaitons qu'il comparaisse. Nous avons quelques questions à lui poser.
Il est clair qu'il manœuvre pour obtenir ce poste. Il ne veut peut-être pas supprimer la taxe, monsieur le président, mais il est très clair qu'il veut écarter le . S'il prétend diriger le Parti libéral, il est temps qu'il vienne répondre à quelques questions. On ne peut pas dire qu'il n'a jamais comparu devant le comité des finances, puisqu'il a été le gouverneur de la Banque du Canada. Il connaît très bien le cadre parlementaire, et je suis sûr qu'il s'en tirerait très bien.
Cela dit, je vais présenter un sous-amendement, monsieur le président. Il porte sur l'article ii. En voici le texte.
Ce que je souhaite ajouter s'insère après les mots « à l'étude de la teneur du projet de loi C‑69 ». Après la virgule, j'ajouterais le passage suivant: « la semaine du 28, une réunion sera consacrée à l'audition de la ministre des Finances pendant deux heures et une réunion sera consacrée à l'audition de Mark Carney pendant trois heures ». Le reste de l'article suit, commençant par les mots « à moins que » et se terminant au dernier mot de la motion. Le terme « Comité » resterait inchangé. Je le répète, il s'agit d'insérer après « le projet de loi C‑69 » le passage suivant: « la semaine du 28, une réunion sera consacrée à l'audition de la ministre des Finances pendant deux heures et une réunion sera consacrée à l'audition de Mark Carney pendant trois heures ».
J'ignore si le texte a été distribué, s'il a été vu par le greffier et s'il a été traduit.
On me dit que oui. L'amendement respecte donc toutes les contraintes de procédure.
Je propose le sous-amendement pour étude, et je suis certain que ce sera un débat intéressant.
Pour l'instant, je cède la parole au prochain intervenant, mais je vais demander au greffier d'ajouter mon nom à la liste pour que je puisse prendre la parole plus tard. Merci.
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D'accord. Je vous remercie. Si je peux, je voudrais rester sur la liste précédente également.
Mon ami et collègue, M. Morantz, a très bien expliqué comment nous en sommes arrivés au débat d'aujourd'hui. Je n'entrerai pas trop dans les détails, car nous aurons peut-être l'occasion, plus tard dans la séance, de parler de l'entente conclue en coulisse, du fait qu'on n'a pas donné avis de la motion, du fait que des fonctionnaires étaient présents... C'est dommage. Nous entendons dire très souvent à la Chambre que le gouvernement est prompt à rappeler que les comités sont maîtres de leurs travaux, mais on a parfois l'impression que quelqu'un tire les ficelles.
Je n'entrerai pas dans les détails, mais je perçois une grande perspicacité dans ce que M. Morantz a présenté. Je vais d'abord parler de... Certains de mes collègues auront peut-être un peu de mal à me croire, mais je vais laisser de côté l'actuelle situation politique un instant, si on me le permet, et expliquer pourquoi il me semble pertinent d'inviter M. Carney. J'aborderai la question politique dans un instant.
Le passé et les antécédents de Mark Carney montrent que les finances ont été une constante dans toute sa vie. C'est intéressant, car il a été non seulement gouverneur de la Banque du Canada, mais aussi gouverneur de la Banque d'Angleterre. Il s'est dit bien des choses, et il y a eu des périodes qui n'ont pas été de tout repos, je le sais, car j'ai été membre du groupe d'amitié parlementaire Canada-Royaume-Uni et des membres de ma famille habitent au Royaume-Uni. Au fait, félicitations à mon cousin Les Fry, un ancien inspecteur de police, qui vient de remporter l'un des sièges du conseil unitaire. L'inspecteur Fry vient de se faire élire comme indépendant au conseil unifié du comté de Dorset.
Compte tenu de ce qui s'est passé au Royaume-Uni ces dernières années, ces faits ne sont pas sans intérêt. Tout se conjugue, et je ne suis pas nécessairement convaincu qu'il s'agit d'éléments positifs dans un curriculum vitae, mais, comme je l'ai dit, je parlerai de politique dans un instant. Quant à la possibilité d'entendre un ancien gouverneur non seulement de la Banque du Canada, mais aussi de la Banque d'Angleterre, compte tenu des enjeux qui nous occupent... À la lecture de son curriculum vitae, je constate qu'il a travaillé dans le secteur des finances au privé, chez Goldman Sachs, et, je crois, dans un certain nombre de bureaux mondiaux qui n'étaient certainement pas des endroits où quelqu'un de la classe moyenne aurait ses entrées — Boston, New York, Toronto, Tokyo — mais M. Carney a certainement beaucoup d'expérience sur ce plan‑là.
Sauf erreur, M. Carney a passé plus d'une décennie chez Goldman Sachs et aussi un certain nombre d'années au ministère des Finances. Ce qui est intéressant, c'est que dans la période qui a précédé sa nomination au poste de gouverneur de la Banque du Canada, il y a eu toute une série d'échanges.
En fait, c'est un gouvernement minoritaire dirigé par un ancien premier ministre conservateur, Stephen Harper, qui a eu la haute main sur cette nomination. Surtout dans un contexte de gouvernement minoritaire, M. Harper a pris cette question très au sérieux. En fait, il a pu gouverner, si vous pouvez le croire, monsieur le président, sans trop m'écarter du sujet... L'ancien premier ministre, M. Harper, a été en mesure de gouverner pendant cinq ans sans coalition, sans accord de soutien sans participation. Il a fait un excellent travail pour notre pays et il a donné à notre économie des bases solides, y compris pendant une période qui a été l'une des plus difficiles sur le plan économique depuis très longtemps. Notre débat sur la possibilité de poser des questions à M. Carney n'est pas sans pertinence.
J'ai suivi son témoignage devant le Comité, il y a probablement deux ans et demi, au plus fort de la pandémie, et je ne suis pas certain qu'il serait nécessairement ravi de revenir...
Des députés: Oh, oh!
M. Damien Kurek: M. Erskine-Smith reçoit toutes sortes de félicitations aujourd'hui, mais il semble se situer à un moment charnière. Nous pouvons peut-être espérer une intervention de sa part sous peu, avant qu'un autre engagement n'exige sa présence.
Maintenant, la dynamique politique. Nous ne devrions pas avoir peur de demander des opinions tranchées ni d'interroger ceux à qui on semble demander leur avis sur des questions importantes. Il y a un recoupement entre le parcours professionnel de M. Carney et la situation où il semble se trouver, de l'avis de bien des gens...
Il ne s'agit pas que de moi, député d'une circonscription rurale albertaine. Je ne suis pas le seul député rural de l'Alberta au Parlement ni le seul député albertain. Il semble y avoir une campagne qui vise à recruter Carney. C'est ce qui semble se dessiner en filigrane dans la façon dont les libéraux abordent le leadership fragilisé du actuel, M. Trudeau, qui est en baisse dans les sondages et fait face à de l'exaspération partout où il va. Cette exaspération semble même gagner les rangs du Parti libéral, en tout cas certainement parmi les simples députés. Voilà qui est vraiment intéressant.
Si je puis m'exprimer brièvement à ce propos, je dirai qu'il y a toujours des questions de leadership qui surgissent. Ce n'est pas propre à un parti. Pas besoin de passer beaucoup de temps à Ottawa pour savoir que c'est le cas, mais ce qui est très intéressant, c'est qu'au cours des dernières semaines — plutôt des derniers mois —, il y a eu des échanges qui ont porté directement sur l'avenir du Parti libéral après Trudeau.
Deux dynamiques sont à l'œuvre. L'une concerne les spéculations qui n'ont probablement pas cours à l'intérieur du parti, pour ainsi dire. Un ancien président du Parti libéral, je crois, a fait paraître un éditorial cinglant, où il dit que entraîne le Parti libéral vers les bas-fonds. Je paraphrase, car je n'ai pas l'article sous les yeux, mais je pense décrire assez bien cet article très cinglant au sujet du leadership de M. Trudeau.
La tribune de la presse pose d'autres questions sur l'avenir de M. Trudeau. Mes électeurs me posent régulièrement ces questions, et je peux dire en toute confiance qu'ils sont prêts à accepter un changement. Ils sont prêts pour un nouveau premier ministre et ils ne sont certainement pas prêts pour un autre premier ministre libéral. Nous avons une solution à ce problème, mais je tiens à m'en tenir, bien sûr, à la question dont nous sommes saisis à propos de M. Carney. Ces derniers mois, il a été intéressant de constater que les questions ouvertement posées au sujet de l'avenir de M. Trudeau et de la direction du Parti libéral n'ont pas été réprimées ni contredites. Il y a quelques raisons pour cela.
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Bien des auditeurs suivent ces séances. Celle‑ci dure depuis un bon moment. Certains se branchent puis se débranchent. Des députés viennent en remplacer d'autres. C'est un peu comme un tourniquet. Bien des gens vont et viennent. Il me semble donc important de récapituler de temps à autre la teneur de nos échanges.
Plus tôt aujourd'hui, nous avons tenu une séance inscrite au calendrier du Comité. Au milieu de la séance, le député libéral, M. Turnbull, a déposé une motion au sujet de laquelle nos membres n'avaient pas été consultés. Apparemment, il l'avait remise au membre néo-démocrate du Comité. Je suppose qu'ils collaboraient pour essayer d'organiser des séances du Comité jusqu'à la fin de juin.
Le problème, c'est que les libéraux ont obtenu moins de votes que les conservateurs lors des élections de 2019 et de 2021. Ils n'ont pas la majorité des députés aux Communes, alors pour que les comités fonctionnent correctement, ils doivent collaborer avec tous les députés. Ils ne peuvent pas adopter une approche autoritaire.
Les députés conservateurs ont donc protesté à juste titre. Nous avons demandé de quoi il s'agissait. On ne peut pas nous imposer sans consultation une motion qui va fixer le programme des deux prochains mois.
En ce moment, bien des gens quittent le travail, rentrent à la maison, allument leur ordinateur ou regardent leur téléphone et se connectent à ParlVu en grand nombre. Il y a donc lieu de leur rappeler ce qui se passe ou à tout le moins de faire le point sur l'objet du débat.
Cette motion a essentiellement torpillé la séance. Nous avons accueilli huit ou dix fonctionnaires des Finances pour répondre à des questions sur le budget, qui est énorme. J'ignore si on se rend compte qu'il s'agit d'un énorme document de 659 pages et de 468 articles. Il y a donc beaucoup de questions à poser pour lesquelles on veut des réponses.
La motion qui a vraiment fait dérailler le droit démocratique des membres élus du Comité de poser des questions aux fonctionnaires au sujet du budget commence ainsi: « En ce qui concerne les travaux futurs du Comité ».
Il y est question des séances des deux prochains mois, soit jusqu'à la fin de juin. Voilà les travaux futurs dont traite précisément la motion, monsieur le président.
Le texte se poursuit: « il est convenu que ». Autrement dit, il s'agit de demander à tous les membres du Comité d'être d'accord — ou du moins à la majorité d'entre eux — et de voter en faveur d'une motion qui permettrait de prévoir toutes ces séances.
Il s'agit de convenir que:
i. le Comité consacre sa réunion ordinaire du jeudi 9 mai 2024 au témoignage de la vice-première ministre et ministre des Finances, ainsi que des fonctionnaires du ministère des Finances sur l'objet du projet de loi C‑69.
Fort bien. Il est évident que la devrait comparaître devant le Comité. C'est son budget, et elle serait certainement en mesure de répondre à beaucoup de questions des Canadiens, particulièrement à propos de la crise de l'abordabilité, de la multiplication par deux du prix des logements sous la gouverne des libéraux, d'un taux d'inflation qui a atteint 8 % sous leur gouverne, la perte du rêve d'accession à la propriété à cause des politiques de son gouvernement, etc. Autant de questions que nous pourrions poser. Sans oublier celle de savoir si elle comprend — je sais qu'elle comprend, mais y est-elle sensible? — que de nombreux économistes estiment que des dépenses gouvernementales exorbitantes ont clairement mené à l'inflation, ce qui a fait grimper les taux d'intérêt chez nous.
La politique monétaire soulève de nombreuses questions de cet ordre. Elle aime probablement réfléchir à la politique monétaire — car elle sait réfléchir — alors que le n'y pense pas. Il faut donc quelqu'un au Cabinet qui réfléchisse à la politique monétaire, et il est probable que c'est la .
Ce paragraphe me semble raisonnable.
Soit dit en passant, monsieur le président, en parcourant la motion, je vais intégrer les divers amendements et sous-amendements, car les auditeurs qui viennent de se joindre à nous après le travail doivent comprendre exactement où nous en sommes dans l'étude de la motion.
Voilà ce qui m'amène au paragraphe ii, qui est ainsi conçu: « le Comité consacre ses réunions ordinaires des 9, 21, 23, 28 et 30 mai 2024 à l'étude de l'objet du projet de loi ». Très bien; c'est le projet de loi dont il est ici question, le projet de loi d'exécution du budget.
Vient ensuite le sous-amendement que j'ai ajouté probablement il y a 45 minutes ou une heure. Mettons que c'est le sous-amendement Carney. Il dit qu'au cours de la semaine du 28 mai, une séance sera consacrée à l'audition de la pendant deux heures et qu'une séance de trois heures sera consacrée à l'audition de Mark Carney.
Un mot du sous-amendement. Ce qui est vraiment fascinant, c'est que je sais que M. Davies est d'accord. Il a dit la semaine dernière: « Je suis impatient que M. Carney vienne témoigner devant le Comité, au bon moment et dans le cadre de la bonne étude, et cela pourra se faire au cours des deux prochains mois. »
Ce sont les mots « dans le cadre de la bonne étude » que je trouve intéressants, car M. Carney comparaîtra demain devant un comité du Sénat pour parler des finances vertes, ce qui est en fait l'un des sujets de la première mouture de la motion. Ce serait une excellente occasion pour mes collègues du Comité de poser des questions à M. Carney au sujet des finances vertes, et je ne vois pas pourquoi ils s'y opposeraient. Leurs collègues du Sénat poseront des questions à ce sujet demain.
Toutes sortes de raisons justifient la comparution de M. Carney devant le Comité, notamment le fait que les libéraux et les néo-démocrates essaient d'inscrire au programme une séance consacrée aux finances vertes, et M. Carney est un expert en la matière. Il prendra la parole devant le Comité sénatorial des finances demain. Voilà. J'ai du mal à comprendre pourquoi on trouverait à redire à sa comparution.
Le texte de la motion se poursuit: « à moins que celui‑ci ne soit renvoyé au Comité ». Le libellé me semble un peu maladroit. Ce n'est probablement pas ainsi que je l'aurais rédigé, mais c'est très bien. Voici la suite: « et que tous les témoignages recueillis dans le cadre de l'étude préliminaire soient considérés comme faisant partie de l'étude complète du projet de loi par le Comité, une fois qu'il aura été renvoyé au Comité ». Le jargon n'est pas loin, un jargon juridique, mais en fin de compte, il s'agit de dire aux conservateurs: « Nous allons prévoir ces séances et, au fond, peu importe ce que vous en pensez. »
Je reviens brièvement sur un autre élément intéressant. Incidemment, j'apprécie vraiment le fait que les projets de loi omnibus ne plaisent pas vraiment non plus à M. Davies. J'en ai fait grand cas l'an dernier. J'ai dit tout à l'heure que l'affaire SNC‑Lavalin est un exemple classique qui illustre ce que ces projets de loi ont de condamnable. Dans ce cas, une disposition a été insérée dans un projet de loi omnibus comme celui‑ci dans le but précis de donner à une entreprise une entente spéciale de poursuite suspendue. J'ignore si le projet de loi à l'étude recèle une disposition de cette nature. Je voudrais le savoir, car il y a un précédent. Les libéraux ont déjà ajouté ce genre de disposition. Les projets de loi omnibus ne plaisent pas à M. Davies, et à moi non plus.
Il fut un temps où le NPD était un parti d'opposition au Canada. Tom Mulcair contre-interrogerait le premier ministre. Il a été très efficace pendant la période des questions. Jack Layton était un chef de l'opposition incroyable. Qu'il repose en paix. Il nous manque cruellement.
Le NPD d'aujourd'hui se fend de grandes déclarations. Les néo-démocrates diront qu'ils n'aiment pas les projets de loi omnibus d'exécution du budget. Ils ont raison de dire qu'ils n'aiment pas le montant des prestations d'invalidité, mais ils voteront en faveur du budget. Ils vont voter pour, même si cela ne leur plaît pas.
C'est un peu fort. J'ai un peu de mal à comprendre. Les électeurs s'attendent à ce que leurs élus restent fidèles à leurs principes. Si quelque chose ne plaît pas, il ne faut pas voter pour. Le pire des deux mondes, c'est de dire qu'on n'aime pas quelque chose et de voter pour. C'est plutôt étrange, monsieur le président.
Quoi qu'il en soit, pour que les auditeurs sachent de quoi nous discutons, je vais passer au point iii de la motion, qui dit: « tout amendement au projet de loi soit soumis au plus tard à 17 heures (HE) le jeudi 30 mai 2024 ». J'explique aux auditeurs. Le budget a été présenté, mais le budget n'est pas une mesure législative. Le gouvernement dépose ensuite une motion de voies et moyens qui correspond à la Loi d'exécution du budget, qui comporte, dans ce cas‑ci, 468 articles.
Les membres du Comité ont le droit de proposer des changements ou des amendements. Chacun d'eux a le droit de le faire, après quoi le Comité accouche d'un projet de loi qui est renvoyé à la Chambre des communes pour qu'elle en débatte et se prononce.
Quand on dit « que tout amendement au projet de loi soit soumis au plus tard à 17 heures (HE) le jeudi 30 mai », on dit que des députés comme moi, M. Hallan, mes collègues du Parti libéral, M. Baker et M. Turnbull; et, bien sûr, M. Davies, peuvent tous rédiger des amendements et les soumettre au greffier. Nous discuterons de ces amendements et en débattrons.
Je pense que j'ai bien compris, monsieur le greffier, n'est‑ce pas? Merci.
Je signale aux auditeurs que c'est un aspect très important de la motion. La capacité des députés élus de dire leur mot sur le contenu du projet de loi d'exécution du budget est d'une importance fondamentale pour le processus démocratique. J'attache un grand prix à cet élément aussi.
Puis, le paragraphe iv dit: « le Comité procède à l'étude article par article du projet de loi au plus tard à 12 heures (HE) le 3 juin 2024 et que la présidence soit chargée d'organiser une réunion prolongée et de demander des ressources supplémentaires à la Chambre à cet égard. »
Qu'est‑ce que l'étude article par article? Si vous vous branchez à l'instant... Je suis sûr que tout notre jargon ne dit pas grand-chose à quiconque et ne décrit pas vraiment ce qui se passe. Même s'il s'agit d'un projet de loi de 468 articles, nous allons examiner chacun d'eux sans exception. C'est pourquoi on parle d'étude article par article. Nous allons voter. Nous aurons tous l'occasion de le faire. Voter sur chaque article fait partie du processus démocratique. Comme nous l'avons fait l'an dernier — et j'espère que nous le ferons encore cette année —, nous allons voter sur chaque article, un par un.
C'est vraiment la façon la plus démocratique de faire, parce que c'est pour cela que nous sommes élus au Parlement. Nous sommes là pour voter et pour représenter nos électeurs. C'est la raison la plus importante de notre présence: voter, représenter nos électeurs et faire valoir leurs préoccupations. Le budget est évidemment la mesure législative phare de tout gouvernement au cours d'une année. C'est le moment idéal pour rencontrer nos électeurs sur le terrain et pour faire valoir leurs préoccupations dans le contexte budgétaire. L'étude article par article est une étape de la plus haute importance.
Il nous faudra beaucoup de temps, monsieur le président, car il en faut beaucoup pour débattre 468 articles et voter sur chacun. Je dois dire que j'ai vraiment hâte. Les heures seront longues, mais cela ne fait pas peur aux conservateurs. Nous resterons ici matin, midi et soir pour parler de chaque article afin de nous assurer que les Canadiens sont le mieux représentés possible pendant l'étude article par article.
Cela m'amène au point v, qui dit qu'après l'étude du projet de loi C‑69, il n'y aura pas moins de deux séances pour étudier la question des produits de la criminalité et du blanchiment d'argent. C'est une étude très importante.
Je suppose qu'il a été proposé qu'il soit supprimé. Nous n'avons pas encore voté sur tout cela, mais il y a la possibilité de poursuivre une étude que nous menons déjà — je crois que c'était l'étude de Daniel Blaikie — sur ce que certains appellent la « financiarisation du logement ». Cette expression traduit l'idée que les gens sont en quelque sorte des maisons de commerce, comme s'ils négociaient des actions sur le marché boursier, mais nous savons que ce n'est pas le cas. La grande majorité des maisons servent de domicile à leur propriétaire. Les gens ne négocient pas des maisons comme ils négocieraient des actions bancaires. C'est une conception du mouvement woke que de considérer l'ensemble du marché immobilier comme une sorte de « financiarisation du logement », mais nous allons tout de même continuer de laisser ce mouvement parler de financiarisation, si cela lui chante.
Il y a aussi l'autre question dont j'ai parlé plus tôt. L'ancien gouverneur de la Banque du Canada, M. Carney, sera au Sénat demain pour parler de l'état des finances vertes. Comme je l'ai dit plus tôt, M. Davies a dit la semaine dernière qu'il avait hâte que M. Carney comparaisse devant le Comité au moment opportun dans le cadre de l'étude appropriée, ce qui pourrait se faire au cours des deux prochains mois. S'il parle de l'état des finances vertes au Sénat et si le Comité décide que nous allons tenir des réunions sur l'état des finances vertes, je ne vois pas pourquoi M. Davies s'opposerait à ce que M. Carney se présente à cette réunion.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour être franc, il est un peu décevant que nous ne puissions pas parler à la ministre des Finances et vice-première ministre, , aujourd'hui. Nous avions hâte d'avoir une discussion sérieuse. J'ai personnellement eu de nombreuses discussions intéressantes avec Mme Freeland au sujet de choses comme l'écart du PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis et certaines des difficultés financières.
Pour préparer le terrain, pour ainsi dire, pour la discussion — et je soupçonne malheureusement que ce sera une longue discussion sur la situation actuelle —, je ne veux pas trahir de grands secrets, mais j'ai eu une discussion avec le secrétaire parlementaire, qui a été très franc ce matin. J'apprécie sa franchise. Cependant, le problème, c'est que nous sommes partis du mauvais pied. Il nous a surpris avec une motion de programmation. Pour les gens des médias ou simplement ceux qui nous regardent à la maison, une motion de programmation établit l'organisation des affaires à l'étude. Normalement, cela se fait dans le cadre d'un processus de collaboration, même lorsque les partis ont des échanges très animés au sujet de leurs diverses idées et réflexions sur la façon dont le gouvernement... Il faut qu'il y ait certaines ententes administratives et procédurales.
Au cours des dernières années, lorsque je siégeais au Comité des finances, j'ai eu le privilège de négocier ces ententes avec divers députés libéraux, y compris . Yvan et moi avons aussi eu des conversations entretemps. Elles n'étaient pas toujours amicales, mais elles se faisaient toujours dans le respect. M. Beech, par exemple, me donnait presque toujours l'occasion de discuter d'une motion et d'avoir mon mot à dire avant qu'elle ne soit présentée. Même si nous n'étions pas toujours d'accord, j'ai beaucoup apprécié cela de la part de l'ancien secrétaire parlementaire, dont le titre est maintenant « ministre responsable de la réparation du gouvernement » ou quelque chose du genre, je crois.
Comme je l'ai dit, j'essaie autant que possible de défendre la vérité. En toute justice, il y avait une réunion du sous-comité qui était prévue, mais elle a été annulée. Je me serais peut-être attendu à un appel de courtoisie, comme celui que j'ai reçu ce matin, et je l'ai apprécié.
Monsieur Turnbull, j'aurais beaucoup aimé recevoir un appel à l'avance, et peut-être que nous aurions pu en discuter. Nous avons devant nous une motion de programmation qui exige, en fait, un très petit nombre de témoignages. Je crois comprendre que le gouvernement et le NPD ont proposé un sous-amendement pour l'augmenter, ce qui est un signe positif. Cependant, cette motion de programmation est encore déficiente à plusieurs égards, et je tiens à la caractériser correctement. Ce n'est pas que je m'y oppose au nom de Philip Lawrence ou du Parti conservateur ou de . Je m'y oppose au nom des gens de Northumberland et de Peterborough-Sud.
C'est un document volumineux. Il compte plus de 600 pages, et je pense que même quelques-unes des dispositions fiscales limitatives pourraient faire l'objet d'un long débat et d'une longue discussion, parce que chaque fois qu'on modifie la Loi de l'impôt sur le revenu — c'est un document volumineux —, il y a presque toujours des répercussions. Nous avons besoin de beaucoup plus. Je suis heureux que M. Davies ait proposé un sous-amendement pour élargir cette motion. Je pense que c'est un pas dans la bonne direction.
Le problème, c'est que les conservateurs veulent vraiment savoir quelle est l'orientation du gouvernement. Pour connaître l'orientation du gouvernement, nous devons entendre ses représentants. Nous en avons certainement entendu assez de la part de leur , mais nous avons besoin de l'entendre de la part de leur futur chef pour savoir quelle orientation nous devrions prendre pour nous aider à comprendre la situation afin que nous puissions la communiquer à nos électeurs.
Par exemple, le a affirmé sans équivoque qu'il maintiendra sa taxe sur le carbone. En fait, il va même la quadrupler. On dit qu'on ne dérogera pas de ce plan. En fait, son a dit que s'il y avait un écart par rapport à la taxe sur le carbone, il démissionnerait. C'est absolument clair. Ce que nous ne savons pas, c'est quel est le plan des libéraux en ce qui concerne la taxe sur le carbone à l'avenir s'il y a un changement de chef.
La , qui est, bien sûr, l'un des candidats libéraux probables, est avec nous pendant une heure. Cela ne suffit toutefois pas vraiment pour discuter même seulement de son rôle de ministre des Finances, et encore moins de celui d'une future chef de parti. Nous avons une heure pour discuter d'un document de 600 pages qui touchera tous les Canadiens au moyen d'une disposition ou d'une autre. Certaines de ces dispositions sont assez détaillées; elles ne sont pas simples.
Nous pouvons parler de certains changements fiscaux en particulier. Un de ces changements pourrait facilement prendre deux ou trois heures. Je soupçonne que de nombreuses personnes n'ont pas eu la séance d'information dont elles auraient besoin pour bien comprendre certaines des ramifications de la politique fiscale. Il faudrait vraiment que Mme Freeland, la vice-première ministre et , passe au moins deux heures avec nous.
Les conservateurs ont un autre défi à relever. Nous aimerions vraiment entendre Mark Carney. Il n'est pas surprenant que de nombreux libéraux considèrent qu'il est le successeur tout désigné pour la suite des choses. Je ne sais pas si le va démissionner; je ne sais pas s'il le sait lui-même. De toute évidence, les choses ne vont pas bien. Même s'il ne semble pas que les députés libéraux vont forcer le premier ministre à partir, il semble qu'il soit frustré. De toute évidence, l'économie et d'autres facteurs laissent entrevoir une sortie anticipée. Cela étant, il est fort probable que Mark Carney sera le nouveau chef du Parti libéral.
Ce que nous demandons, c'est que M. Carney, qui a déjà été un ardent défenseur de la taxe sur le carbone, comparaisse. Il est un ardent défenseur de la taxe sur le carbone axée sur le consommateur. Cependant, au cours des derniers jours, y compris lors d'un récent témoignage au Sénat, il a semblé ambigu à ce sujet. Lorsqu'on lui a posé directement la question, il n'a répondu ni par oui ni par non. En fait, il s'est assez habilement exprimé, probablement en prévision de son passage prochain en politique. Nous voulons lui demander si un gouvernement libéral dirigé par M. Carney imposera une taxe sur le carbone aux consommateurs.
Au cours des derniers mois, nous avons entendu le se livrer à des déclarations équivoques à ce sujet, affirmant que la taxe sur le carbone axée sur le consommateur n'était peut-être pas la meilleure voie à suivre, alors qu'ils continuent d'appuyer et de soutenir le régime des libéraux du , qui est en voie de quadrupler cette taxe. Les Canadiens méritent de savoir si les futurs candidats à la direction du Parti libéral, que ce soit la ou l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, appuieraient une taxe sur le carbone axée sur le consommateur.
L'autre sujet dont j'aimerais vraiment parler à M. Carney, c'est ce qu'il pense de la performance de l'actuel gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem. Bien sûr, pendant la pandémie, M. Macklem a dit que les taux d'intérêt seraient bas pendant longtemps, et de nombreux Canadiens l'ont cru. Ils ont choisi des prêts hypothécaires à taux variable et des délais de renouvellement plus courts en pensant que les taux d'intérêt seraient, comme M. Macklem l'avait dit, j'ajouterais sans équivoque, bas pendant longtemps.
J'aimerais vraiment savoir si M. Carney critiquerait la performance de M. Macklem. J'aimerais aussi savoir, parce que l'inflation ne semble pas diminuer, comme c'est souvent le cas avec l'inflation... Nous l'avons vécu dans les années 1970 et 1980. La première étape de la réduction de l'inflation est souvent la « partie facile ». C'est aux dernières étapes que l'inflation devient vraiment embêtante et difficile à juguler.
Tiff Macklem nous a déjà dit que les dépenses excessives du gouvernement sont inutiles parce qu'elles stimulent la demande, ce qui fait augmenter les prix et les coûts de presque tout et fait grimper l'inflation. J'aimerais bien que le futur chef libéral nous dise s'il compte réduire les dépenses ou continuer de payer les 54 milliards de dollars d'intérêts sur la dette. C'est plus que le montant total des transferts en santé. Imaginez si nous n'avions pas de dette nationale au Canada. Nous pourrions doubler nos dépenses en santé. C'est vraiment incroyable.
Une autre question a été soulevée par Thomas Mulcair, ancien chef du NPD. Ce qu'il a dit, et c'est intéressant, c'est que le montant des intérêts est égal à la totalité des revenus provenant de la taxe sur les produits et services, la TPS, partout au pays. Sans cette dette nationale de 1,3 billion de dollars, nous pourrions annuler la TPS, une promesse des libéraux qui date de plusieurs années et qui n'a toujours pas été tenue.
Je pense qu'il est tout à fait raisonnable de demander la présence de M. Carney ici. Puisqu'il a comparu devant le Sénat, j'en conclus qu'il n'est manifestement pas timide, et qu'il est disposé à comparaître devant des fonctionnaires. Cela me fâche qu'on nous en prive. En politique, j'essaie de ne pas spéculer sur les intentions des gens — ou de le faire le moins possible — parce que je crois que la plupart des gens ont de bonnes intentions. Je pense qu'on s'engage sur une pente glissante lorsqu'on commence à spéculer sur les intentions de nos collègues. Il est difficile de deviner les intentions de quelqu'un, mais le contexte actuel nous amène à nous demander où cela s'arrêtera.
De quoi le gouvernement libéral a‑t‑il si peur pour ne pas permettre à M. Carney de témoigner devant le Comité des finances? Peut-être protègent-ils... Peut-être que le préfère que son successeur soit la , et qu'il ne veut pas que M. Carney vienne ici pour l'éclipser. C'est peut-être un peu comme à l'époque de Paul Martin-Jean Chrétien, et l'on craint que le témoignage de M. Carney soit trop spectaculaire.
J'espère que ce n'est pas parce que M. Carney a peur de répondre aux questions. De toute évidence, en tant qu'ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, j'ose croire qu'il a déjà eu à répondre à des questions difficiles. En fait, je me souviens d'avoir assisté à un échange entre l'actuel chef de l'opposition officielle, et M. Carney, au cours duquel ce dernier avait dû répondre à des questions difficiles. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que M. Carney avait très bien répondu à ces questions, mais si j'étais à sa place, je voudrais peut-être avoir l'occasion de me racheter et de comparaître devant le Comité des finances. Ne serait‑ce que par altruisme, je pense que M. Carney pourrait vouloir nous faire part de son expérience.
À ce sujet, j'ai longuement parlé de la productivité et de l'importance de la croissance économique pour la prospérité de notre pays. Je ne suis pas le seul à l'avoir fait, bien sûr, parmi le concert de voix d'experts de l'économie que nous avons entendues. Je pense ici notamment à Bill Morneau, à John Manley, à l'Institut C.D. Howe et à l'Institut Fraser. Même la ministre des Finances actuelle, , en a parlé. Bien sûr, tout récemment, Carolyn Rogers a prononcé son fameux discours sur l'urgent besoin d'améliorer la productivité canadienne. Savez-vous qui d'autre a parlé de productivité? Mark Carney. Il a reproché au gouvernement de ne pas mettre l'accent sur la croissance économique et la productivité. Je l'invite donc à participer à la discussion.
C'est un problème que le Canada n'a pas réussi à régler. En toute justice, le problème dure depuis une trentaine d'années, mais il s'est considérablement aggravé au cours des 10 dernières années. Vous pouvez le constater vous-mêmes, car les chiffres ne mentent pas. Si vous regardez un tableau — j'ai voulu le montrer à la , mais le président a dit que je n'avais pas le droit d'utiliser des accessoires —, l'écart clair qui existe entre le PIB par habitant aux États-Unis et le PIB par habitant au Canada a commencé vers 2015 et 2016. L'écart est maintenant plus grand entre le revenu par Canadien et le revenu par Américain. Il n'a jamais été aussi important dans l'histoire récente, soit au cours des 100 dernières années.
Bien sûr, la crise de la productivité nous a menés à la décennie perdue au Canada. Nous n'avons pratiquement pas connu de croissance économique au cours des 10 dernières années. Notre PIB par habitant n'a pour ainsi dire pas bougé. C'est vraiment un cas particulier. Au cours des cinq dernières années, nous avons connu la pire croissance du PIB par habitant parmi les pays du G7, et nous demeurons à la traîne. En fait, notre PIB par habitant en est maintenant, je crois, à son septième trimestre négatif de suite. J'aurais aimé demander à la si elle avait pris connaissance de ces chiffres. Si elle pouvait expliquer au Comité pourquoi notre économie est la pire du G7, si l'on tient compte du PIB par habitant. Lui demander pourquoi les Canadiens doivent subir un septième trimestre consécutif de baisse du PIB par habitant.
Ce sont les questions que j'aurais posées à la et, très franchement, je les aurais posées aussi à l'ancien gouverneur Mark Carney. Nous avons vraiment besoin de poser ces questions dans le cadre de l'examen de la , parce que j'estime que c'est important pour les Canadiens. Nous devons maintenant discuter des changements économiques dont le Canada a besoin pour se remettre sur pied.
Comme je l'ai dit, je ne suis pas le seul à en parler. Il y a aussi l'Institut C.D. Howe, Bill Morneau, John Manley, et l'Institut Fraser. Il y a aussi Ian Lee et Jack Mintz. Ce sont des économistes réputés, peu importe qu'ils soient à gauche, à droite ou au centre. On s'entend presque partout au pays pour dire que les chiffres ne mentent pas et qu'il y a beaucoup de retard à rattraper en matière de productivité.
Ces défis continueront d'affliger notre pays. Nous devons vraiment en parler, non seulement dans les salles de conférence de Bay Street, mais aussi dans l'ensemble du pays, afin de déterminer comment le Canada peut sortir de ce gouffre économique. Comme mon collègue Damien Kurek en a un peu parlé dans son discours d'hier soir à la Chambre, lorsqu'on entreprend un voyage en bateau ou en avion et qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir, même une très légère erreur de navigation au début de ce voyage peut avoir des conséquences énormes en bout de ligne.
Nous l'avons constaté sous le règne de Pierre Elliott Trudeau. Bien sûr, Pierre Elliott Trudeau a accumulé d'énormes déficits, ce qui a placé le gouvernement Mulroney dans une situation difficile. Ce dernier a néanmoins enregistré des excédents structurels, ce qui veut dire que si l'on avait déduit la dette accumulée sous le gouvernement Trudeau, chaque année, sous le gouvernement Mulroney, l'on a perçu davantage que ce que l'on a dépensé. Cela s'explique en partie par une croissance économique extraordinaire, sans doute stimulée par les politiques de libre-marché du gouvernement Mulroney. La difficulté résidait dans l'héritage de déficits de Pierre Elliott Trudeau.
Malheureusement, nous sommes au début d'une crise de la dette ou du déficit si nous ne nous remettons pas sur la bonne voie. À l'heure actuelle, les intérêts s'élèvent à 54 milliards de dollars. Si la était ici, je suis sûr que la première réponse à certaines de mes questions économiques serait que nous avons une cote de crédit AAA, et c'est vrai pour l'instant. La réalité, cependant, c'est que si nous ne corrigeons pas la situation en ce qui concerne la dette et le déficit, nous ne l'aurons plus, car tôt ou tard, les intérêts seront tout simplement trop importants. En fait, Albert Einstein a déjà dit que la force la plus puissante de l'univers est le cumul des chiffres ou les intérêts composés, ce qui signifie que si vous vous trouvez du mauvais côté — et nous sommes maintenant du mauvais côté, avec 54 milliards de dollars d'intérêts à payer — de ces chiffres, vous finirez par en payer le prix. Éventuellement, on en arrivera à un point où le Canada ne pourra plus payer ses factures. Nous en sommes déjà au point où nous dépensons plus pour les intérêts que pour les soins de santé, et il y a plus d'intérêts payés que le montant total de la TPS perçue. Il est temps de déclencher le signal d'alarme.
Le problème, c'est qu'il y a un effet de spirale. Plus les entreprises disposent de ressources en général — et je suis sûr que mon collègue du NPD pourrait ajouter quelques réserves à ce sujet — pour investir et pour leurs travailleurs... Très franchement, je suis d'accord avec lui là‑dessus, mais en général, plus le secteur privé dispose de ressources, plus il peut investir et innover efficacement, devenir concurrentiel et créer de la prospérité pour le pays.
Plus vous dépensez une grande part des revenus, de la richesse, provenant du secteur privé et que vous la donnez au secteur public, non pas pour des biens et des services indispensables comme certains de nos filets de sécurité sociale, nos soins de santé ou nos ressources productives, mais aux banques et aux détenteurs d'obligations sous forme de paiements d'intérêts, plus vous réduisez l'efficience et l'efficacité de l'économie. Ensuite, l'économie commence à se contracter, ce qui signifie qu'il y a moins de revenus et que le gouvernement doit augmenter les taux. Puis, le mouvement se poursuit, et l'économie se contracte encore davantage et les taux augmentent encore davantage, ce qui entraîne une spirale négative de la dette. On peut observer ce phénomène dans les économies non développées, et cela a des conséquences dévastatrices. Comme de nombreux économistes l'ont dit, nous devons à l'évidence maîtriser nos dépenses.
Le a proposé un plan dollar pour dollar, selon lequel chaque dollar neuf que nous devrons dépenser — et il y aura certainement de l'argent neuf à dépenser — devra être assorti d'économies provenant d'ailleurs. Le gouvernement libéral a parlé d'économies potentielles, mais, comme le député de l'a dit, même si le gouvernement a prévu de réaliser des économies par attrition dans le secteur public, il n'a toujours pas publié de plan énonçant comment il y parviendra. Tout ce que nous voyons, c'est un gouvernement qui continue de dépenser de plus en plus d'argent.
Comme Ed Fast, le député d', l'a dit à maintes reprises, nous ne pouvons pas laisser ces dépenses devenir incontrôlables. Les conservateurs ne tiennent pas absolument, sous quelque forme que ce soit, à toute forme d'austérité de la part du gouvernement, mais il faut à tout prix empêcher le type d'austérité auquel nous avons été soumis dans les années 1990, sous le gouvernement libéral Chrétien-Martin. Ce gouvernement a radicalement réduit les transferts au titre des soins de santé parce que la dette, qui avait été accumulée en grande partie sous Pierre Elliott Trudeau, avait atteint un point où les banques et les détenteurs d'obligations isolaient essentiellement le pays. Cela a entraîné des réductions très importantes des transferts au titre de la santé et d'autres dépenses. Les conservateurs veulent protéger les soins de santé et les autres dépenses du gouvernement en veillant à ce que nous soyons financièrement responsables dès maintenant.
Si la était ici, elle me dirait sans doute que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre nos trois garde-fous. La réalité, cependant, c'est que nous sommes sur un terrain très glissant, et je vais vous dire pourquoi: un certain nombre des prévisions économiques contenues dans le budget, comme l'augmentation du PIB, sont trop positives et optimistes.
L'autre problème, c'est que le gouvernement n'a pas encore de mesure législative sur les gains en capital, et pour que ce budget fonctionne, il lui faut 7 milliards de dollars la première année au titre des gains en capital. Sinon, le gouvernement n'atteint pas deux des trois garde-fous. C'est ce que j'ai fait confirmer par le directeur parlementaire du budget dans son témoignage. Ces garde-fous seraient le ratio de la dette au PIB qui n'augmente pas et le déficit qui n'augmente pas. Le gouvernement raterait deux de ces trois garde-fous. Très franchement, à l'heure actuelle, cette loi sur les gains en capital n'a pas été présentée.
Le gouvernement pourrait dire qu'il n'y a pas lieu de paniquer, qu'il lui reste toute l'année pour tirer des revenus supplémentaires des gains en capital et qu'il pourrait même en obtenir rétroactivement. Cependant, ce n'est pas le cas ici parce que le gouvernement a déclenché une vente de feu artificielle en disant que la loi entrera en vigueur le 24 ou le 25 juin. Je n'ai aucun doute qu'il y a des Canadiens qui s'apprêtent à vendre leur propriété pour profiter du taux actuel sur les gains en capital avant l'entrée en vigueur du prochain taux. Tant qu'il n'y aura pas de certitude et que les Canadiens ne sauront pas que le taux d'imposition des gains en capital augmentera par suite de l'adoption d'une loi, je suis certain que beaucoup d'entre eux attendront de voir si cette loi entrera en vigueur. Nous approchons rapidement de la date — je crois que c'est le 24 juin, mais je ne me souviens jamais si c'est le 24 ou le 25 — d'entrée en vigueur. Si le gouvernement ne présente pas cette loi sur les gains en capital — qu'il a décidé, à des fins politiques, de retirer du budget —, il n'atteindra pas deux de ses trois garde-fous. Cela signifie que nous aurons plus de dépenses, ce qui alourdira encore davantage la dette et le déficit et retardera notre croissance économique.
La dernière fois que j'ai vérifié, M. Davies n'était pas certain d'être d'accord avec moi. Cependant, je vais le répéter, et il aura peut-être l'occasion d'être d'accord ou non. On verra. Je soutiens que, bien que la croissance du PIB du Canada ait été juste assez élevée pour nous éviter une récession technique, si l'on considère le PIB par habitant, qui traduit la réalité économique du Canadien moyen, il a été négatif pendant beaucoup plus que deux trimestres consécutifs, ce qui correspond à la définition d'une récession technique. Nous en sommes maintenant à sept trimestres consécutifs, ce qui signifie que même si le Canada n'est pas en récession, les Canadiens le sont. En fait, nous traversons l'une des plus longues récessions depuis la Grande Dépression, ce qui nous amène à parler de ce que Philip Cross a dit au sujet du PIB par habitant ou de la situation économique du Canadien moyen, à savoir que nous sommes dans la pire situation économique depuis la Grande Dépression.
Compte tenu de la gravité de la conjoncture économique actuelle, je ne pense pas — vraiment pas — qu'il soit déraisonnable de la part des conservateurs de demander trois choses au total. L'une d'elles a déjà fait l'objet d'un accord, c'est-à-dire des heures d'étude supplémentaires. Pour un document de 665 pages, je ne pense pas que 30 heures d'étude soit un gros effort. En fait, j'ai eu l'idée d'un bon changement. Pour ceux qui ne le savent pas, les parlementaires ont droit à une séance d'information technique de quelques heures, et nous sommes responsables de lire, dans les 24 heures, 665 pages d'information extrêmement technique. En fait, je dis 665 pages, mais ces 665 pages modifient des milliers d'autres pages. Pour bien comprendre ces quelque 600 pages de modifications législatives, il faut aussi avoir lu et compris des milliers d'autres pages de mesures législatives.
Pendant que j'ai la parole, l'un des changements que j'aimerais proposer au gouvernement pour le prochain budget serait de faire en sorte que les bureaucrates, dont beaucoup ont une très bonne compréhension de ces changements et du contexte qui les entoure, fassent une présentation de cinq à dix minutes sur le fond des changements. Dans un budget, il peut y avoir une centaine de changements de fond différents, alors cela pourrait prendre quelques jours. Je m'engage à travailler du lever au coucher du soleil pour bien comprendre tout cela et pour transmettre aux politiciens une partie des connaissances détenues dans notre bureaucratie. C'est l'un des changements qui, à mon avis, serait une excellente idée.
J'ai été un peu surpris, même si, en toute franchise, M. Davies a demandé plus de temps. Je lui en sais gré, et les conservateurs sont d'accord. Il a dit que certains des témoignages étaient répétitifs. Je n'ai pas vraiment constaté la même chose, mais dans la mesure où cela a été le cas, je pense que nous aurions pu éviter ce problème en demandant à des fonctionnaires d'avoir une discussion de fond sur chacune des dispositions modifiées. Je ne pense pas qu'il serait déraisonnable, compte tenu des dispositions en place qui toucheraient littéralement tous les Canadiens d'un océan à l'autre avec des millions, des milliards ou, dans certains cas, des billions de dollars dans l'ensemble, que des fonctionnaires discutent de chacun des objets pendant cinq ou dix minutes et présentent ensuite le fond de la question aux parlementaires. Je pense que si nous procédions ainsi, les parlementaires en tireraient une bonne base pour des discussions fructueuses, significatives et constructives sur les différents enjeux.
Dans le cadre du processus budgétaire, la séance d'information a lieu dans les 24 heures. En passant, la veille au soir, nous travaillions fort au Comité des finances pour examiner l'Énoncé économique de l'automne, ce qui nous a laissé très peu de temps pour étudier ces quelque 600 pages et bien comprendre ce budget. Ensuite, au lieu d'être informés de certaines dispositions techniques, on nous a dit de poser toutes les questions que nous voulions.
J'ai certainement fait de mon mieux pour essayer d'examiner et de comprendre le volumineux document, mais il est difficile d'absorber une telle quantité d'information en si peu de temps. C'est pourquoi je crois qu'un grand changement au processus budgétaire consisterait à demander aux fonctionnaires de nous informer de chacun de ces changements. Par conséquent, comme je l'ai dit, s'il y a 100 changements à 5 ou 10 minutes par changement, cela pourrait représenter 500 ou 1 000 minutes. Je suis sûr que chacune de ces minutes vaudrait des centaines de milliers de dollars, compte tenu des changements que nous pourrions examiner à chaque minute. C'est une suggestion constructive.
Je tiens à répondre à ce que je m'attends à entendre de la part du secrétaire parlementaire, entre autres, que les conservateurs retardent l'adoption de ce projet de loi. Je pense, très franchement, que notre bilan, particulièrement au début de cette année, vient réfuter cet argument de façon très concluante. L'étude article par article est l'étape où les choses se règlent et où, en tant que parlementaires, nous décidons ce qui fera partie du projet de loi et ce qui n'en fera pas partie. Les conservateurs ont en fait accepté, en toute bonne foi, la demande du NPD de commencer à regrouper les articles afin que nous puissions accélérer le processus. En fait, mon collègue, M. Singh Hallan, a retiré certains de ses amendements afin que nous puissions terminer rapidement l'examen de l'Énoncé économique de l'automne. J'aimerais souligner le fait qu'il s'est aussi agi d'un processus très constructif et rigoureux au terme duquel mon collègue, M. Chambers, a dit qu'il n'avait jamais vu, dans le cadre de sa vaste expérience, un budget modifié aussi rigoureusement que la .
Les conservateurs étaient prêts à refaire la même chose. Nous présentons, selon moi, une — je ne parlerais même pas d'une exigence — demande très raisonnable de recevoir M. Mark Carney pendant au moins trois heures, et la pendant deux heures.
Franchement, je n'aime pas que les gens spéculent sur mes intentions. Je ne crois pas que ce soit juste, et j'essaie de ne pas le faire non plus. C'est un conseil gratuit que je vous donne. La est une intervenante très intelligente et éloquente. Donc, si j'étais au gouvernement, j'essaierais de lui donner le plus de temps possible, et M. Carney s'est toujours assez bien acquitté lui aussi de ses responsabilités. Je ne sais pas exactement pourquoi ils ont peur que deux de leurs futurs dirigeants répondent à certaines questions.
Comme la l'a déjà dit, nos échanges par le passé ont été respectueux. Je ne crois pas avoir posé de questions inappropriées à la . J'ai peut-être posé des questions difficiles, mais cela relève de la nature de la fonction. C'est mon travail de poser ces questions pour m'assurer que les Canadiens et les gens de Northumberland—Peterborough-Sud, qui sera bientôt Northumberland—Clark, reçoivent les réponses pour qu'ils sachent la vérité, et pour qu'ils comprennent.
Bien entendu, au début de notre calendrier, chaque année, en tant que parlementaires, nous passons pas mal de temps dans notre circonscription. Comme mes 337 collègues, je consacre beaucoup de temps à des activités où je parle aux gens. Bientôt, nous serons de nouveau sur le circuit du barbecue, où nous parlerons à des milliers de personnes. En toute sincérité, je viens d'en prendre la pleine mesure. Je n'ai jamais eu une série d'interactions du genre de celles que j'ai eues au cours des deux ou trois derniers mois, où presque chaque personne a dit l'une de deux choses, ou les deux. L'une d'elles est: « J'ai vraiment beaucoup de difficulté. Je n'avais jamais connu de telles conditions économiques auparavant. Je n'avais jamais fréquenté une banque alimentaire. En fait, j'ai toujours fait des dons aux banques alimentaires, et je suis maintenant bénéficiaire de ces banques. » Ce sont des problèmes très graves. Je suis certain que nous avons tous reçu ces appels ou ces courriels ou que nous avons eu ces interactions individuelles directes. Je ne pense pas du tout être le seul à avoir vécu cela.
Très franchement, je pense qu'il est raisonnable d'entendre la pendant deux heures et le futur chef libéral, Mark Carney, pendant trois heures pour entendre leurs plans économiques, et leurs observations sur les raisons pour lesquelles le Canada est dans une si mauvaise conjoncture économique.
Pour l'instant, nous sommes d'accord avec le calendrier proposé par le NPD et les libéraux. Tout ce que nous demandons, c'est d'obtenir un aperçu de la situation financière actuelle pendant deux heures de l'actuelle...
J'avais l'intention de parler du rappel au Règlement, alors je vais le faire brièvement. Je reviendrai ensuite au sous-amendement, monsieur le président, si vous le permettez.
M. Chambers soulève de bons points. Ce que j'ajouterais, c'est que la suspension d'une réunion par rapport à l'ajournement entraîne des conséquences différentes. Lorsqu'une réunion est suspendue, les députés peuvent en tirer des avantages. Par exemple, lors de la réunion suivante, les discussions reprennent là où elles se sont arrêtées, ce qui, pour certains partis, peut être avantageux. Deuxièmement, l'ordre des interventions est maintenu, ce qui peut aussi être avantageux.
Je vous ferai remarquer que, lorsque la réunion a été suspendue la dernière fois, personne ne s'est opposé. Parfois, les partis veulent que la réunion soit suspendue pour les fins que je viens de mentionner. Il y a d'autres fois par contre où elle devrait être ajournée. Je suis d'accord avec lui, cependant, pour dire que si un futur gouvernement abusait de la distinction entre les deux, ce serait inquiétant, et ce serait aux partis et au Parlement de modifier le Règlement pour faire face à une telle situation. Au cours des 15 années que j'ai passées au Parlement, je n'ai jamais vu un gouvernement, quelle que soit son allégeance, ou un président de comité, abuser de cela en suspendant une réunion pour empêcher une demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement.
Je vais expliquer brièvement la position que j'ai prise au sujet de la demande, et ce n'est pas parce que je m'oppose au fond de la motion visant à étudier le recyclage des produits de la criminalité. Je pense que c'est un bon sujet d'étude, et j'en parlerai brièvement dans un instant.
Voici ce que j'ai reçu lorsque la demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement a été présentée. Soit dit en passant, on ne m'a pas demandé de signer cette demande, et je n'étais même pas au courant de son existence. J'ai examiné la question, et c'est l'avis que j'ai reçu. Selon l'information envoyée par la direction du Comité au sujet de la réunion de vendredi, comme le Comité a une réunion qui est actuellement suspendue, il ne peut tout simplement pas convoquer une nouvelle réunion par suite d'une demande en vertu de l'article 106(4). Il doit d'abord terminer les travaux de la réunion suspendue, même s'il s'agit simplement de les mettre de côté et de passer à la réunion convoquée en vertu de l'article 106(4). Il est ensuite dit que, dans une telle situation, le greffier du comité doit discuter avec le président, afin que celui‑ci détermine la meilleure façon de procéder dans les circonstances, le greffier pouvant suggérer que le président discute avec les vice-présidents de l'approche à adopter pour la réunion.
Je pense qu'il est très clair que nous devions commencer cette réunion — parce qu'elle avait été suspendue — avec les travaux en cours, mais M. Chambers a raison, et je pense que cela démontre bien son argument sur la façon dont un futur gouvernement pourrait appliquer cela. Si toutes les réunions devaient être suspendues, les membres du comité pourraient toujours, à la réunion suivant la réunion suspendue, ajourner le débat et donner suite à la demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement. Un gouvernement ne peut pas mettre fin à une telle situation simplement en suspendant des réunions. La majorité des membres du comité pourront continuer de mettre fin à la séance suspendue et présenter une demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement, ce qui aurait pu se produire aujourd'hui.
Permettez-moi de parler brièvement du bien-fondé du sous-amendement, qui, pour le moment, ne se limite pas à M. Carney. Le sous-amendement propose de convoquer le pour une heure également. Lorsque le ministre des Finances est convoqué à ce comité, il est assez facile de parler de n'importe quelle question que l'on pourrait lui soumettre. J'ai écouté attentivement les rappels au Règlement et ce qui est pertinent ou non. Il se peut que la partie concernant M. Carney soit pertinente pour M. Carney, mais si le sous-amendement demande que le ministre comparaisse, je pense que celui‑ci a beaucoup plus de latitude pour intervenir.
Cela explique les positions que j'ai adoptées aujourd'hui. Je conviens que les sanctions contre le blanchiment d'argent et le financement d'activités terroristes et d'autres mesures sont une question cruciale sur laquelle le Comité devrait se pencher, mais je tiens à souligner, pour être tout à fait franc, que les conservateurs font actuellement de l'obstruction pour nous empêcher d'examiner la .
J'aimerais vous parler un peu de la .
La section 34 de la partie 4 propose des modifications à la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, au Code criminel, à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise, afin de renforcer la conformité en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et de financement des activités terroristes, d'améliorer le partage de renseignements et de continuer de fournir de nouveaux outils pour les enquêtes sur les crimes financiers, les poursuites et la récupération des biens. Cela est décrit en détail dans la loi.
Le premier domaine concerne le renforcement de la surveillance et du cadre de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement des activités terroristes. Il est dit que les modifications proposées permettraient l'adoption de règlements visant les entreprises d'encaissement de chèques et les entreprises d'affacturage, de crédit-bail et de financement. L'inclusion de ces secteurs dans la loi assurerait une couverture complète et uniforme des entreprises qui fournissent des services financiers au Canada. Je vais sauter le reste.
Le domaine suivant porte sur l'amélioration du partage des renseignements et des données financières. Il est dit que des modifications sont proposées à la loi pour accroître la capacité des entreprises qui ont des obligations en vertu de la loi de partager des renseignements entre elles. Le partage de renseignements entre les entités du secteur privé peut améliorer leurs pratiques d'atténuation des risques et promouvoir la présentation de rapports de meilleure qualité au CANAFE, l'organisme de réglementation de la LRPC-FAT au Canada et l'unité du renseignement financier. Cela peut mener à de meilleurs renseignements à l'appui des enquêtes et des poursuites en matière de crimes financiers. Des modifications sont également proposées pour permettre au CANAFE de communiquer des renseignements financiers aux bureaux provinciaux et territoriaux de confiscation civile, afin d'appuyer leurs efforts de saisie de biens liés à des activités illégales, ainsi qu'à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, pour l'administration de la Loi sur la citoyenneté. Cela permettrait de s'assurer que les demandeurs de citoyenneté ne posent pas de problèmes au chapitre de la sécurité nationale ou du crime organisé.
Un autre grand domaine concerne l'amélioration des outils d'enquête et de poursuite en matière de crimes financiers. Il est dit que des modifications sont proposées au Code criminel, à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise pour renforcer les pouvoirs d'enquête et appuyer l'efficacité opérationnelle du Régime canadien de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Deux modifications sont proposées au Code criminel pour appuyer l'application des lois relatives au blanchiment d'argent et aux crimes connexes. Premièrement, il y a une nouvelle ordonnance visant à ce qu'un compte soit maintenu ouvert ou actif pendant une période limitée, afin de faciliter l'enquête sur une infraction criminelle présumée. Les fournisseurs de services financiers ferment souvent des comptes soupçonnés d'être liés à des activités criminelles, ce qui peut nuire aux enquêtes sur les crimes financiers. Deuxièmement, une nouvelle ordonnance de communication permettra aux organismes d'application de la loi d'obtenir des renseignements sur les activités en cours dans un compte qu'ils croient être liées à des activités criminelles à des dates préétablies sur une période donnée. Cela fournirait aux organismes d'application de la loi des renseignements plus cohérents et opportuns pour appuyer les enquêtes criminelles et comprendrait des mesures de protection robustes pour respecter les droits protégés par la Charte.
Je vais m'arrêter ici. Ce sont des mesures de la qui concernent le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes qui sont bloquées par l'obstruction des conservateurs. Ils ont présenté aujourd'hui une motion en vertu de l'article 106(4) du Règlement qui n'a pas été rédigée correctement, ce qui signifie que nous avons d'abord dû nous occuper de la question de la réunion suspendue, ce que nous pourrions faire la semaine prochaine. Nous pourrions convoquer des témoins du CANAFE, de la Banque TD et de la GRC la semaine prochaine pour parler de ces dispositions de la Loi d'exécution du budget, et nous pourrions travailler à faire adopter ce projet de loi, afin de prévoir des mesures législatives pour donner suite aux reportages très préoccupants que nous avons vus dans les médias cette semaine au sujet de la Banque TD, de la Banque Royale et de la Banque Canadienne Impériale de Commerce.
Je suis nouveau au Comité, alors vous excuserez mes erreurs le cas échéant, mais d'après mes recherches, je suis à peu près certain que le Comité a déjà commencé son examen obligatoire des lois antiterroristes ou des lois sur le recyclage des produits de la criminalité. Je crois qu'il y a eu une réunion au cours de laquelle des fonctionnaires ont été entendus. Je vois M. Chambers qui hoche la tête, alors je m'attends à ce qu'il me corrige, mais c'est l'information dont je dispose.
Nous avons proposé que, si ce budget peut être adopté d'ici la fin mai ou le début juin, le Comité tienne six ou huit jours de délibérations en juin, et je serais tout à fait disposé à consacrer au moins deux séances à la lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. J'ai eu des discussions avec des députés de tous les partis, et je pense que tout le monde serait d'accord, y compris ceux du parti ministériel.
Je pense qu'il est important de noter, pour le compte rendu, que nous voulons tous nous attaquer à ces questions. Nous sommes en politique, alors nous pouvons être un peu partisans, mais je pense qu'il n'est pas juste d'affirmer que personne ne s'intéresse à cela. Cependant, je dirais qu'il existe une façon claire d'aborder ces questions, et c'est en mettant fin à l'obstruction systématique des conservateurs et en nous attaquant à la et au calendrier des délibérations en juin, délibérations auxquelles nous pourrions convoquer des témoins et entendre des témoignages sur cette question dès maintenant.
J'aimerais dire deux ou trois choses à propos de Mark Carney.
Je crois qu'il est juste de dire que les conservateurs ont longuement expliqué pourquoi ils veulent convoquer M. Carney. Certains de leurs arguments sont plus solides que d'autres, mais ce qui est absolument clair — et ils l'ont dit à maintes reprises — ce sont les ambitions politiques potentielles de M. Carney. Je ne vais pas révéler qui a dit cela la dernière fois, mais lors de la dernière réunion, quelqu'un chez les conservateurs a parlé du fait qu'il était injuste de spéculer sur ses motifs. Cependant, tout ce que j'entends à ce sujet, ce sont des spéculations sur les motifs de M. Carney, et je ne pense pas que ce soit juste non plus. Le fait est que la demande de convocation de M. Carney n'est pas fondée exclusivement sur ses réflexions ou ses idées sur les questions à l'étude. On a souligné à maintes reprises qu'il pourrait être un futur chef libéral, et c'est pourquoi on veut le convoquer au Comité.
Maintenant, si nous voulons être bien francs, nous devons admettre que les conservateurs ne veulent pas simplement poursuivre les travaux et convoquer M. Carney comme témoin, ce qu'ils ont parfaitement le droit de faire. Ils pourraient le convoquer la semaine prochaine si nous allons de l'avant avec la . Leur crainte, c'est que M. Carney ne vienne pas. Peut-être viendra‑t‑il ou peut-être pas, je ne sais pas. Je sais qu'il a témoigné devant un comité sénatorial il y a une semaine ou deux, alors il n'est pas étranger aux travaux du Parlement.
Il pourrait avoir différentes raisons de ne pas le faire, dépendant du but visé. S'il est convoqué pour être interrogé sur ses ambitions politiques, cela pourrait diminuer son intérêt à comparaître par rapport à une invitation de bonne foi pour entendre ses commentaires sur le blanchiment d'argent, par exemple. Les conservateurs ont dit qu'ils voulaient le convoquer pour parler du blanchiment d'argent parce qu'il a dit que le blanchiment d'argent est troublant. Eh bien, cela ne veut rien dire. Qui dirait le contraire? Je pourrais probablement appeler 55 000 Canadiens qui affirmeraient que le blanchiment d'argent est troublant. Ce n'est pas une raison pour convoquer quelqu'un devant le Comité.
Qui plus est — et c'est ma principale préoccupation à ce sujet —, je pense que cela créerait un précédent très inapproprié, sinon dangereux — je vais aussi le dire pour le compte rendu — d'utiliser explicitement le rare pouvoir d'un comité parlementaire de délivrer une assignation. Je vais m'arrêter ici. C'est la raison pour laquelle les conservateurs veulent que le Comité adopte une motion pour convoquer M. Carney. Si le Comité adopte une motion et que M. Carney ne vient pas, nous sommes en mesure de délivrer une assignation. C'est ce que je considère comme un dangereux précédent. Qu'un comité parlementaire utilise son ancien et très rare pouvoir pour assigner un simple citoyen à comparaître devant le Comité, afin d'être interrogé sur ses opinions politiques ou ses ambitions politiques constitue, à mon avis, un usage inapproprié du pouvoir d'assignation.
Avec tout le respect que je dois à mes collègues du Parti conservateur, ils ne pourraient être plus clairs sur le fait que c'est la raison pour laquelle ils veulent le convoquer. Quelle est la prochaine étape? Si je n'aime pas les visées politiques de la personne qui veut se porter candidate pour les conservateurs dans la circonscription que je représente et si je peux utiliser mon pouvoir de parlementaire pour amener cette personne devant le Comité, afin de l'interroger sur ses ambitions politiques, je trouve cela inapproprié. Pire encore, c'est dangereux. Encore une fois, vous pouvez consulter le compte rendu et lire toutes les interventions des conservateurs — même celles d'aujourd'hui — qui montrent que c'est la raison pour laquelle ils veulent convoquer M. Carney.
Si M. Carney était l'actuel gouverneur de la Banque du Canada, s'il occupait actuellement ce poste, il y aurait peut-être lieu de le convoquer devant le Comité. Cependant, il est maintenant un simple citoyen. Il a parfaitement le droit de s'adresser aux médias et à n'importe quel club économique pour exprimer son point de vue, comme le font tous les Canadiens. Il s'agit des droits fondamentaux garantis par la Charte, à savoir la liberté d'expression, de réunion et d'association. Personne ne devrait avoir à risquer d'être traîné devant un comité parlementaire pour être interrogé à des fins partisanes. Malheureusement, encore une fois, avec tout le respect que je dois à mes collègues conservateurs, c'est exactement ce qu'ils veulent faire. Ils l'ont dit eux-mêmes. C'est pourquoi je suis réticent.
Il serait facile d'adopter une motion pour convoquer M. Carney comme témoin. Cependant, sachant que cette demande de bonne foi est teintée par des raisons ouvertement partisanes, je m'oppose absolument à ce que l'on abuse du pouvoir de notre comité à cette fin. Je dirais la même chose à n'importe quel gouvernement. Si les libéraux essayaient de convoquer un éventuel chef conservateur ici et disaient qu'ils veulent le faire comparaître devant le Parlement parce qu'il pourrait être le prochain chef conservateur du pays, cela équivaudrait à une politisation du comité des finances, digne d'une dictature du tiers monde. À mon avis, c'est de la politique de république bananière.
C'est la raison pour laquelle je voulais expliquer pourquoi j'ai adopté la position que j'ai aujourd'hui. Nous devons suivre la procédure établie à ce comité. C'est pour cela que la séance a été suspendue, et que l'on a dû commencer cette réunion par les travaux en suspens. Cela signifie également que nous aurions pu passer à la demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement. Il aurait été inapproprié de commencer par cela, mais nous aurions pu suspendre la séance et passer au sujet visé par la demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement si nous l'avions voulu.
Je trouve que tout cela est malhonnête, parce que tout le monde ici sait que nous pourrions parler de ces mêmes sujets la semaine prochaine, mais les conservateurs font obstruction. Nous pourrions prévoir cela en juin, alors je ne crois pas que la demande en vertu de l'article 106(4) du Règlement de nous attaquer au recyclage des produits de la criminalité cette semaine soit tout à fait sincère. Il est certain que personne au Comité ne peut dire que les libéraux et le NPD, ou quiconque d'ailleurs, ne sont pas intéressés à s'attaquer au blanchiment d'argent ou au financement des activités terroristes, parce que nous avons adopté la position que nous avons aujourd'hui. Je veux que nous nous penchions sur cette question mardi. Cependant, nous ne pourrons pas le faire à moins que les conservateurs cessent de faire de l'obstruction.
Si j'ai bien compris, lors de la prochaine réunion du comité des finances la semaine prochaine, la cinquième séance avant la fin de la législature, nous ferons face à une obstruction systématique. On discutera de choses et d'autres, comme le prix du thé en Chine et les rituels d'accouplement des wombats. Nous allons parler de tout sauf de la , qui comprend des dispositions contre le financement des activités terroristes et le recyclage des produits de la criminalité. Voilà les faits.
Encore une fois, pour ce qui est de M. Carney, j'ai déjà dit ce que j'avais à dire. Je n'ai jamais rencontré M. Carney, et je n'ai aucun lien avec lui. Je lui souhaite la meilleure des chances dans sa vie privée. Son point de vue me laisse indifférent. Je suis néo-démocrate. Sa participation éventuelle aux activités à d'autres partis ne m'intéresse pas. Si j'estimais qu'il avait des éléments de preuve pertinents à soumettre pour la , je serais heureux de le convoquer à titre de témoin, mais je ne vois pas pourquoi on prendrait la mesure très inhabituelle de délivrer une assignation à comparaître pour qu'il soit mis sur la sellette devant le Comité, à des fins partisanes. Je ne pense pas que ce soit approprié.
Je respecte chacun de mes collègues et, au cours de mes trois semaines au sein de ce comité, j'ai été très impressionné par le degré de connaissance, d'engagement et, je crois, d'intérêt véritable. Nous avons des points de vue différents sur les questions financières, et c'est ce qui fait de la démocratie quelque chose de dynamique et d'intéressant.
Il y a de bonnes idées de part et d'autre, mais je ne crois pas qu'il soit approprié que nous retardions les travaux du comité des finances à un moment critique en mai, alors que nous devons débattre d'un budget. Je ne pense pas qu'il soit approprié de retarder les choses pour permettre à un parti de mettre quelqu'un sur la sellette au sujet de ses intérêts politiques potentiellement partisans. Je ne pense pas que ce soit une utilisation appropriée de l'obstruction systématique.
Nous l'avons tous fait. Il y a des utilisations appropriées de l'obstruction systématique, par exemple, lorsqu'il s'agit d'une question de principe très importante ou d'un discours politique important, mais je ne suis pas d'accord pour retarder tout le budget du Canada pour pouvoir interroger Mark Carney pendant trois heures. J'espère vraiment que nous pourrons nous occuper des affaires de la population, débattre du budget et le contester, le critiquer et le louanger — il mérite probablement toutes ces choses — au cours des prochaines semaines. Ensuite, nous procéderons à un vote démocratique pour déterminer s'il est adopté ou non. J'espère sincèrement que le Comité pourra revenir à cela la semaine prochaine.
Merci à vous tous. Je vous suis reconnaissant de ne pas m'avoir interrompu en invoquant le Règlement.
Pour démontrer la pertinence de mon intervention, je signale que M. Carney a prononcé plusieurs discours. L'un de ces discours a récemment fait la manchette dans la presse anglophone, sous le titre « Mark Carney says federal budget not focused enough on growth ».
L'automne dernier, la CBC, rien de moins, a diffusé un article intitulé « Former Bank of Canada governor Carney questions carbon price break on home heating oil », dans lequel M. Carney a dit qu'il aurait agi différemment. Comme de nombreux Canadiens, je suis très curieux de savoir ce qu'il aurait fait de différent. Les membres du caucus libéral qui se sont déjà engagés à appuyer un candidat à une éventuelle course à la direction du parti doivent sans doute souhaiter que M. Carney fasse l'objet d'un examen raisonnable.
Je rappelle au Comité qu'il y a quelques semaines, un membre de notre comité a retweeté le discours de M. Carney dans lequel il parlait du budget et du déficit de croissance.
Permettez-moi de faire un bref retour en arrière. Transportons-nous en 2021. M. Carney participait à une baladodiffusion très suivie, le Herle Burly. J'ai une transcription de ce balado que nos fantastiques interprètes ont maintenant en main. Je propose que nous prenions connaissance de ce que M. Mark Carney avait à dire sur plusieurs sujets. Commençons.
Après avoir souhaité la bienvenue à ses fidèles auditeurs, David Herle dit ceci: « Nous allons entrer dans le vif du sujet. Le balado d'aujourd'hui sera très intéressant et comportera deux volets. Le premier est consacré à Mark Carney. Oui, vous avez bien entendu, j'ai bien dit Mark Carney, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre. Le Mark Carney qui a récemment pris la parole au congrès libéral. »
Je signale que M. Mark Carney a également pris la parole à d'autres congrès du Parti libéral, c'est très intéressant. Revenons à la transcription.
L'animateur pousuit ainsi: « Je me demande cependant ce que vous savez de cet homme. Aujourd'hui, nous allons essayer de percer Mark Carney. Nous allons plonger dans son histoire. Pourquoi un jeune et brillant maître de l'univers quitte‑t‑il son prestigieux poste pour devenir fonctionnaire au ministère des Finances? Nous allons aussi parler de la thèse de son nouveau livre Value(s): Building a Better World for All. Enfin, nous allons tenter de démystifier le lien entre l'action climatique et la politique financière et essayer de savoir ce que cela signifie pour le Canada. Nous allons peut-être aussi parler un peu du budget. La deuxième partie de l'émission portera sur la série Not safe for work ou NSFW. Soyons honnêtes, ce n'est peut-être pas sécuritaire que vous nous écoutiez tout seul dans votre coin avec vos maudits AirPods. »
Je ne fais que lire ce qui est écrit, ce n'est pas moi qui emploie ce langage non parlementaire. Je vais faire plus attention, monsieur le président.
David Herle dit: « Voici nos commentateurs politiques, Jenni « pas de duperie » Byrne et Scott « pas de produits de toilette sophistiqués » Reid. Nous allons discuter de la dégringolade de Ford en Ontario: Congé de maladie? Quel congé de maladie? L'inconduite sexuelle de Vance — dans quelle mesure est-ce intéressant sur le plan politique? Est-ce même important? Trudeau a sorti ses gros canons pour sa séance photo sur les vaccins, mais il a pris du retard sur les interdictions de voyager. Nous allons parler de tout ça. Ne manquez pas notre balado « HEY YOUs » cette semaine.
« Mark Carney, soyez le bienvenu à l'émission le Herle Burly. Je suis tellement heureux de vous accueillir ici. Je vous connais depuis... Je vous ai rencontré il y a 20 ans. Je vous connais mieux depuis une dizaine d'années, mais vous n'avez jamais été disponible ou en chômage assez longtemps pour participer à cette émission... merci d'être venu. »
Mark Carney répond: « C'est un nouveau creux, David. C'est un nouveau creux. »
David Herle poursuit: « Vous n'avez jamais pensé... Vous n'avez jamais pensé... oh, mon Dieu. Comment allez-vous? »
Mark Carney répond: « Bien, je vais bien. Je suis heureux d'être ici. Ravi de vous voir. J'écoute vos balados, mais ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vu. Je suis ravi de vous revoir. Vous avez l'air bien. »
David Herle dit: « Plutôt embrouillé, mais... C'est ainsi que je suis à mon meilleur. Oui, flou. C'est un effet que j'utilise sur la caméra. »
Après un bref silence, on entend « Oui ».
David Herle demande ensuite: « Que faites-vous pour vous amuser depuis que vous êtes à Ottawa? Que faites-vous pour vous détendre? »
Mark Carney répond: « Dans la ville qui ne se réveille jamais. » Je vais faire une brève digression. C'est tout à fait vrai. C'est la ville que le plaisir a oubliée. Ottawa est la seule ville du pays qui est obligée d'embaucher un gérant de nuit pour la rendre plus amusante.
Je reviens à la transcription.
Monsieur Carney répond: « Ce que je fais pour m'amuser? Je dois dire que c'est difficile même quand tout va bien. C'est difficile. Il n'y a pas grand-chose à faire. Vous savez, deux de nos enfants vivent ici. Nous passons donc du bon temps en famille. Les repas sont agréables, nous les attendons toujours avec impatience, pour être honnête. Je suis aussi membre d'un club de lecture. C'est bien. Nous sommes en train de revoir la série Schitt's Creek et nous regardons parfois jouer les Oilers. »
Je vais faire une pause. Moi aussi, je regarde les Oilers cette année — c'est intéressant — une équipe éternellement favorite pour la coupe Stanley.
Revenons à la transcription.
Il poursuit ainsi: « Nous sommes en marge de... Comme beaucoup d'entre nous... je dors au bureau en quelque sorte. Je passe donc beaucoup de temps devant cet appareil pour faire diverses choses liées au travail. C'est assez amusant, mais, oui, je suis prêt à être libéré, quand ce sera le temps. »
Je vais faire une pause. Il est « prêt à être libéré » le moment venu. Ce moment est peut-être maintenant, monsieur le président.
David Herle dit: « J'en suis certain. Beaucoup d'auditeurs ontariens qui suivent ce balado. Pouvez-vous leur dire quelle est la meilleure équipe de hockey au Canada en ce moment? »
Mark Carney répond: « Les Oilers d'Edmonton. Je donnais une entrevue l'autre jour aux États-Unis. Je pense que c'était pour Bloomberg. Mon interlocuteur m'a dit: "Vous savez, cette année, ce sont les Maple Leafs qui vont remporter la coupe". Et il s'est mis à parler sans arrêt, et j'ai fini par lui demander de quoi il parlait. Ce sont les Oilers qui vont gagner...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'excuse à l'avance. Ce n'est pas moi qui ai écrit la transcription. C'est la transcription d'une entrevue que M. Carney a donnée au célèbre stratégiste libéral David Herle. Si nous voulons en apprendre un peu plus sur Mark Carney, qui fait l'objet du sous-amendement, c'est le moment idéal pour le faire. Comme je me sens généreux, je vais sauter le bout sur le hockey pour faire plaisir à Mme Thompson.
Passons donc directement au parcours de Mark Carney, au bas de la deuxième page, quand David Herle lui demande s'il a obtenu une bourse sportive ou une bourse pour ses études universitaires. Il lui demande à quelle université il est allé.
Mark Carney répond: « Je suis allé à Harvard qui offre une aide financière. Si vous participez à d'autres activités, cela peut vous aider à être admis. Une fois que vous êtes admis, l'université calcule le montant de l'aide en fonction de vos besoins financiers. J'ai donc bénéficié d'une aide financière. Ce n'était pas une bourse comme telle, mais une sorte de subvention, de prêt, dont une partie provenait du gouvernement de l'Alberta, la bourse Noble. J'étais un boursier Noble. Qu'en dites-vous? Vous pouvez m'appeler boursier Noble durant le reste de l'émission. »
David Herle éclate de rire: « Boursier Noble, je vais écrire ça. »
Mark Carney poursuit: « J'ai posé ma candidature au fonds du patrimoine de l'Alberta, je dois donc... C'est l'une des nombreuses choses que je dois à l'Alberta. »
« Et à Peter Lougheed. »
« Exactement. »
David Herle poursuit: « Il y a quelque chose que je n'arrive pas à m'expliquer dans votre parcours et j'aimerais bien que vous me l'expliquiez. Vous travaillez à New York. Vous êtes un maître de l'univers. Vous gagnez énormément d'argent. Vous menez un train de vie somptueux. C'est la période 'Go, go USA' de Bill Clinton et Bob Rubin dans les années 1990, et vous travaillez chez Goldman. Vous finissez par laisser tomber tout ça pour devenir fonctionnaire au ministère des Finances — vous n'étiez pas subalterne, mais pas le patron non plus —, un simple fonctionnaire au ministère des Finances. Pourquoi avez-vous fait ça?
Mark Carney répond: « Et bien, j'ai toujours eu un intérêt pour la politique publique. Pour vous donner une idée, mon père était un universitaire — surtout un universitaire —, mais durant un certain temps, il a aussi été sous-ministre dans le gouvernement de l'Alberta, à l'époque de Lougheed. Al Boomer Adair était son ministre, tant au ministère des Affaires du Nord qu'au ministère des Parcs et des Loisirs — je ne parle pas d'une sitcom, mais d'un ministère très sérieux en Alberta. Je me suis toujours intéressé à cela. J'avais obtenu mon diplôme de premier cycle. J'ai travaillé pendant quelques années à Londres et à Tokyo. Je suis ensuite retourné faire des études supérieures en économie dans le but de faire carrière en politique publique assez rapidement. J'ai fini par travailler chez Goldman où j'ai obtenu une affectation très intéressante auprès de l'ANC — le Congrès national africain — juste au moment où Nelson Mandela arrivait au gouvernement. Nous avons conseillé le gouvernement. J'ai donc fait ce travail. Quoi qu'il en soit... bla, bla, bla. Ce n'est que 10 ans plus tard que j'ai fini par me lancer en politique publique. Et j'ai d'abord travaillé à la Banque du Canada, David. J'avais vu une petite annonce dans le journal pour le poste de sous-gouverneur et je me suis dit que c'était ma dernière chance ou que c'était une bonne occasion, et que si j'étais vraiment sérieux, je devais essayer. David Dodge a misé sur moi et vous connaissez la suite. Après, les choses se sont enchaînées et j'ai adoré chaque minute de cette expérience. »
David Herle poursuit: « C'est intéressant. Des années plus tard, vous vous êtes engagé dans la filière des changements climatiques et vous en avez abondamment parlé. Une grande partie de votre livre porte sur les changements climatiques. Vous participez à un certain nombre d'initiatives, mais je me rappelle qu'il y a bien des années, vous n'étiez pas aussi engagé dans ce dossier que vous l'êtes maintenant. Avez-vous...? Je ne veux pas reprendre les mots de , mais avez-vous eu une révélation quelconque sur ce sujet? Qu'est‑ce que c'était au juste? »
Mark Carney répond: « Non, il y beaucoup d'enjeux dans ce domaine. J'ai travaillé sur les changements climatiques en tant que fonctionnaire, surtout quand Ralph Goodale était ministre des Finances. Il y avait une sorte de plan sur les changements climatiques, mais pendant mon mandat comme gouverneur de la Banque du Canada, nous traversions une crise financière et c'est surtout là-dessus que nous travaillions. En fait, les changements climatiques sont devenus un dossier prioritaire quand je suis devenu gouverneur de la Banque d'Angleterre. L'une des principales responsabilités de la Banque d'Angleterre, c'est de superviser le secteur de l'assurance, c'est-à-dire la quatrième plus importante industrie de l'assurance au monde. Ce secteur comprend la Lloyd's of London, qui est une institution incroyable de 300 ans. Elle a été fondée il y a plus de trois siècles et elle assure notamment les genoux des joueurs de hockey. Elle est également l'une des principales compagnies d'assurance de biens dans le golfe du Mexique. Le plus gros risque pour cette banque, ce sont les changements climatiques. La banque doit absolument avoir une longueur d'avance et...
Il ajoute: « Les phénomènes météorologiques extrêmes ont triplé au cours des dernières décennies. Les coûts qui y sont associés ont été multipliés par cinq, c'est énorme... ils se chiffrent en centaines de milliards de dollars. Et je parle seulement des coûts assurés. Il y a des coûts beaucoup plus élevés qui ne sont pas assurés, et il est évident que... Je savais ce qui se passait, mais c'est l'ampleur et la vitesse des changements qui nous frappent.
« Parallèlement à cela, c'était il y a six ou sept ans, plutôt six, je pense, je supervisais toutes les réformes financières d'après la crise, dans le cadre de ce que nous appelons le Conseil de stabilité financière, c'est‑à‑dire que je m'occupais des réformes mondiales à cet égard. Les dirigeants du G20 m'ont demandé quel était le rôle de la finance, du secteur financier, dans la lutte contre les changements climatiques. J'ai répondu que nous avions un problème à l'horizon, une catastrophe comme je l'ai appelée. D'ici à ce que danger réel soit clairement compris par tous les acteurs du secteur financier, non seulement par la Lloyd's of London, mais par les grosses compagnies d'assurance, il sera trop tard pour atteindre les objectifs climatiques. Il sera trop tard pour maintenir la hausse des températures sous les deux degrés. Vous, les dirigeants, vous devez réfléchir à cela avec le secteur financier. Il ne suffit pas de présenter des politiques audacieuses. Vous devez vous attaquer de front au problème et prendre les devants.
« Cela a donné lieu à une série de réformes et de mesures, incluant... Je ne vais pas vous ennuyer avec cela, mais il s'agit de réformes techniques très importantes qui sont aujourd'hui tout à fait courantes. À l'époque, ces mesures étaient considérées... Il y avait une pléthore d'opinions à ce sujet, mais je pense que nous aurions dû faire cela 10 ans plus tôt. À l'époque, je n'étais pas en position pour le faire, et je n'en aurais pas compris la nécessité. Mais tout cela devient de plus en plus courant, et nous sommes en train de préparer la prochaine phase de nos interventions. »
David Herle demande: « À quoi ressemblent les discussions que vous avez avec vos amis de l'Alberta au sujet des changements climatiques? »
Mark Carney répond: « Elles évoluent au fil du temps. Je pense que la reconnaissance... Je n'ai jamais abordé la question de l'existence ou non des changements climatiques avec des Albertains — il y a une diversité d'opinions à ce sujet —, ni parlé de la vitesse à laquelle ils arrivent. Je parle plutôt de la contribution que pourrait apporter l'Alberta ou le Canada aux solutions, ou des responsabilités des autres acteurs, et du sérieux que le monde accorde à ce problème.
« Je pense que la crise qui a secoué le secteur financier est maintenant au coeur des préoccupations des principaux acteurs financiers du monde qui investissent ou prêtent de l'argent. Regardez, nous venons juste d'engager 70 billions de dollars américains — je dis bien 70 billions de dollars — avec des plans de carboneutralité à la grandeur du secteur financier. Cette somme va augmenter, entre aujourd'hui et la conférence de Glasgow. Nous avons été un peu lents à reconnaître ce qui arrivait. C'était pourtant clair depuis un moment que cela s'en venait. C'est probablement arrivé plus tôt que je ne l'aurais cru, mais je m'attendais à ce que nous en arrivions là un jour. »
David Herle demande si les investisseurs qui ont engagé ces 70 billions de dollars ont approuvé une série de cibles et de protocoles signifiant qu'ils ne peuvent plus investir dans les sables bitumineux.
Mark Carney répond: « Ce n'est pas tout à fait ça. Ce à quoi ils se sont engagés... et ceci est très important. Je vais aller du plus facile au plus difficile, d'accord? La partie facile, c'est qu'un pays, une société d'énergie ou une banque dit qu'elle atteindra la carboneutralité d'ici 2050. C'est encore loin, vous savez. En passant, ce n'est pas facile d'atteindre cet objectif, mais c'est un engagement facile à prendre, en fait. Bien entendu, si vous avez une bonne réputation et que vous prenez cet engagement ou avez l'intention de le prendre, mais que vous changez ensuite d'avis, vous devez dire où vous en serez en 2030?
« L'échéance de 2030 semble lointaine, mais ce n'est pas si loin que ça pour une entreprise du secteur de l'énergie ou de l'automobile. Pour un constructeur automobile, par exemple, cela équivaut à un ou deux modèles, n'est‑ce pas? Pensez à tout le travail associé à la R‑D, à la mise au point et à la conception de l'usine, surtout si vous faites la transition d'un moteur à combustion à un véhicule électrique. Nous comprenons tout cela. Vous devez penser à changer le portefeuille et les sources de production d'un service public, ou à réduire considérablement l'empreinte carbone des sables bitumineux. Ou vous devez vous lever et lancer des initiatives d'envergure, pas seulement des projets pilotes, de captage et de stockage du carbone, ce dont nous avons besoin pour les sables bitumineux... »
Mark Carney semble un fervent partisan du captage et du stockage du carbone. Je suis certain que mes collègues néo-démocrates aimeraient lui poser des questions sur ce genre d'engagement, mais revenons à la transcription.
Mark Carney poursuit: « Nous avons besoin de cela pour promouvoir l'économie basée sur l'hydrogène et le gaz naturel. Neuf ans, c'est très peu de temps pour faire tout ce qu'il faut faire.
« La solution, c'est de revenir à ce que vous demandiez pour ces institutions financières et ces 70 billions de dollars... l'une des choses importantes que nous avons essayé de faire a été de demander aux entreprises où elles en seront en 2030. Quel pourcentage de cette réduction de 50 % doit‑on viser pour que le monde soit carboneutre en 2050?
« Je ne vais pas vous expliquer la méthode de calcul, mais c'est en gros ce qu'on demande aux entreprises. Que ferez-vous au cours des cinq prochaines années? Quel est votre objectif de décarbonation pour les cinq prochaines années? Quel est votre plan? Comment allez-vous vous y prendre pour les divers secteurs? Le principal objectif, c'est la décarbonation, et je pense que nous y arrivons. Si une entreprise, je ne veux pas en nommer une en particulier, du secteur pétrolier ou de l'énergie de l'Alberta décide de faire un gros investissement ou de former des consortiums de gros investisseurs dans le but de décarboner ses opérations, nous voulons alors que les banques et les investisseurs soutiennent ses projets.
« Et quand les investisseurs placent de l'argent dans le portefeuille — je me rends compte que la plupart des gens nous écoutent, mais ne nous voient pas, de sorte les gestes que je fais de la main ne profitent qu'à vous —, au début, le portefeuille de la banque ou de l'investisseur associé au carbone va augmenter. Nous sommes donc en train de concevoir un système qui tient compte du fait que l'investissement initial permettra de réduire les émissions de carbone dans cinq ou dix ans, ce qui est de la plus haute importance. Rappelez-vous ce que Carville a dit: "C'est l'économie, idiot!" Aujourd'hui, nous disons "C'est la transition, idiot!" Nous n'allons pas nous retrouver du jour au lendemain dans un avenir vert. Ce serait fantastique, mais c'est impossible. C'est pourquoi il faut investir de l'argent pour y arriver.
« N'importe quelle entreprise au monde qui est une grosse émettrice d'émissions doit se doter d'un plan de réduction de ses émissions. Quel est votre plan de réduction? Quel genre d'investissements avez-vous l'intention de faire? Quels moyens prendrez-vous pour y arriver? Si l'entreprise fait partie de la solution, elle va obtenir des capitaux. Si elle fait partie du problème, ou si elle est trop lente, il lui sera très coûteux et difficile de trouver de l'argent. Il faut vraiment faire partie de la solution. C'est à cela aussi que servent les 70 billions de dollars. Cet argent doit être mis à contribution. »
Laissons la transcription un instant.
M. Carney dit que nous avons besoin de 70 billions de dollars pour décarboner et laisse entendre que les entreprises qui n'ont pas de plan verront leurs coûts d'immobilisations grimper. Nous le constatons déjà. Les investisseurs du marché exigent que les entreprises divulguent leurs objectifs climatiques. Ce qui est intéressant, toutefois, c'est qu'un organisme de réglementation comme le Bureau du surintendant des institutions financières, ou BSIF, qui a témoigné devant votre comité, s'est vanté, il y a quelques années, que sa division des changements climatiques ne comptait que trois ou quatre employés. Aujourd'hui, elle en compte une trentaine et elle exerce des pressions sur les institutions financières pour qu'elles renforcent les exigences relatives aux capitaux que les prêteurs accordent au secteur pétrolier et gazier.
Cela me semble un peu exagéré, compte tenu du mandat du BSIF. Je ne me souviens pas qu'il y ait eu un débat au Parlement sur la pertinence de modifier le mandat du BSIF pour lui donner un rôle aussi important dans le domaine des changements climatiques. M. Carney a peut-être une raison de vouloir que l'organisme de réglementation adopte cette approche, surtout s'il doit désormais évaluer tous ces plans. Les organismes de réglementation vont-ils commencer à analyser tous les plans de lutte contre les changements climatiques et les plans de réductions des émissions? Ne devraient-ils pas laisser les investisseurs du marché décider des exigences qu'ils imposeront aux entreprises?
C'est une question que j'aimerais bien poser au BSIF, mais il y a près d'un an qu'il n'est pas venu ici. Je me demande s'il essaie de nous éviter, monsieur le président.
Revenons à la transcription. C'est David Herle qui parle: « J'ai passé mes dix premières années sur une ferme en Saskatchewan. Je vais vous parler d'une innovation que je n'aurais jamais cru voir de ma vie. Il s'agit de la pièce d'équipement la plus importante en agriculture aujourd'hui. Ce n'est pas un tracteur, ni une moissonneuse-batteuse, ni une charrue. C'est le téléphone intelligent que l'agriculteur tient dans sa main. Oui, les nouvelles technologies comme l'IA, la robotique, les mégadonnées et la connectivité des réseaux ont changé notre manière de cultiver pour le mieux. »
Monsieur le président, je m'excuse. C'est seulement une publicité diffusée dans l'émission. Je vais sauter ce passage pour faire plaisir à Mme Thompson. Nous n'avons certainement pas besoin d'offrir de la publicité gratuite à quiconque, ici, au Comité des finances.
Je reviens maintenant au balado. M. Herle dit: « Vous travaillez beaucoup avec les Nations unies. En quoi consiste votre travail? J'ai une opinion plutôt mitigée, mais je ne fais que suivre les travaux du Conseil de sécurité. C'est comment, travailler aux Nations unies? »
Mark Carney répond: « Vous suivez les travaux du Conseil de sécurité? Bravo, c'est bien.
« Travailler aux Nations unies, c'est... En fait, je suis envoyé spécial auprès du secrétaire général responsable du fonds sur le climat. Vous pouvez utiliser ces deux titres, boursier Noble et envoyé spécial. Je passe donc la moitié de mon temps à travailler sur ce dossier. Nous avons des discussions sur le financement du secteur privé pour le climat, sur l'organisation du système financier et sur les moyens à prendre pour inciter les investisseurs à faire partie de la solution dans la lutte contre les changements climatiques — comment obtenir de l'argent, par exemple, pour aider cette entreprise albertaine dont nous parlions qui souhaite réduire son empreinte carbone — ou pour une nouvelle technologie renouvelable. En gros cela consiste à organiser tout le système.
« Je suis également conseiller auprès du premier ministre Boris Johnson dans le même dossier. »
Mettons de côté la transcription un moment. M. Carney a également conseillé le premier ministre Boris Johnson, cela veut donc dire que Boris Johnson avait une grande confiance dans le gouverneur Carney. Je me demande ce que le gouverneur Carney pense du bilan de M. Johnson, notamment en ce qui concerne le Brexit. Nos savons que M. Carney s'opposait vivement au Brexit et que Boris Johnson se voulait l'artisan du Brexit. Ce serait un sujet intéressant à aborder avec M. Carney ici au Comité.
Revenons à la transcription.
M. Carney poursuit ainsi: « Tout cela sera abordé à la réunion de la COP, la COP 26 à Glasgow, la grande rencontre sur le climat qui aura lieu en novembre à Glasgow. C'est pour cela qu'il y a eu le sommet Biden et que le Canada s'est fixé une nouvelle cible. Nous serons présents... les choses avancent.
« Je passe donc... Nous avons une équipe d'une trentaine de personnes à Londres, composée pour un tiers de représentants du secteur privé, un tiers de représentants de la Banque d'Angleterre, et un tiers du Trésor du Royaume-Uni, et nous sommes en train d'établir un vaste plan de travail pour mettre les rouages en place dans le secteur financier afin de lui permettre de s'attaquer à ce problème et de mobiliser les institutions privées pour qu'elles fassent partie de la solution. Je pense que le montant de 70 billions de dollars vous donne une bonne idée de l'ampleur du projet. Il y a probablement... J'ai perdu le compte, mais il y a probablement un millier de personnes dans le secteur privé qui travaillent au sein de divers groupes à l'établissement de nouveaux marchés de carbone et qui discutent avec la Banque mondiale afin d'en accroître l'efficacité et ainsi de suite.
« Pour être honnête, je n'ai pas le plaisir de faire partie de la bureaucratie des Nations unies... Je discute évidemment avec le secrétaire général et Amina Mohammed, la vice-secrétaire générale, une femme exceptionnelle. Ces personnes ont toute mon admiration, parce que, quand nous les rencontrons, elles sont souvent entre deux réunions portant sur un grave problème mondial, comme la pandémie, ou d'autres conflits mondiaux. C'est très exigeant de travailler là, c'est certain. »
Je vais m'arrêter un instant, monsieur le président. M. Carney avait d'abord pris des dispositions pour qu'un certain nombre d'institutions financières s'engagent à promouvoir la carboneutralité et qu'elles consacrent des fonds à cet objectif. Bon nombre des premiers signataires ont maintenant retiré leur appui. Voilà donc un autre intéressant sujet que nous pourrions aborder avec M. Carney. Pourquoi certaines grandes institutions financières, qui se sont d'abord montrées très enthousiastes à l'égard de ce projet, ont-elles retiré leur appui?
De plus, certaines agences, comme la Standard & Poor's, ont cessé d'établir les cotes ESG. Pourquoi n'évaluent-elles plus les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance? Parce que cela ne veut rien dire.
La notation ESG ressemble davantage à une escroquerie de marketing qu'à une nécessité. L'interaction entre les lettres E, S et G, soit les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance... N'est‑il pas bizarre de penser qu'une entreprise qui aurait un très mauvais bilan dans l'un de ces trois domaines pourrait s'en sortir grâce à un rendement exceptionnel dans un autre domaine? Par exemple, un gros pollueur devrait‑il pouvoir redorer son image en ayant un conseil d'administration paritaire? Je ne sais pas, mais c'est de genre de discussion qu'ont les gens qui attribuent des cotes ESG. C'est justement pourquoi Standard & Poor's a cessé de le faire. Parce que c'est de l'escroquerie, tout simplement.
Revenons à la transcription.
David Herle dit: « Vous avez donc publié un livre. Le voici: Value(s) ».
Mark Carney répond: « Oui, j'ai publié un livre. »
Je vais sauter certains passages.
David Herle dit: « Certains lecteurs disent avoir du mal à le lire jusqu'à la fin, mais c'est parce qu'ils n'aiment pas les mots compliqués. J'ai trouvé ce livre passionnant parce qu'il contient les graines d'une philosophie de gouvernance différente et constitue un répit intellectuel par rapport à Reagan et à Thatcher.
« Quelle est votre thèse? Si vous pouviez simplement dire aux gens qui nous écoutent et nous regardent quelle est la thèse de votre livre, que leur diriez-vous? »
Mark Carney répond: « Permettez-moi d'abord de parler brièvement de la genèse du livre et j'en viendrai ensuite à la thèse. Comme vous l'avez dit, j'ai été gouverneur d'une banque centrale, un gouverneur du G7. J'ai accédé à ce poste à la veille de la crise financière. J'ai littéralement remis les clés à la Banque d'Angleterre à la mi-mars de l'année dernière, au moment où le Royaume-Uni fermait ses portes et où nous lancions les premières phases de la réponse à la pandémie de COVID‑19. Entretemps, il y a eu la crise de l'euro, le Brexit et l'intensification de la crise climatique. En fait, en tant que gouverneur, j'ai traversé une série de crises.
« Mon idée, c'était de prendre du recul et de chercher quel était le dénominateur commun à tout cela. J'ai vraiment eu l'impression, en prenant du recul et en réfléchissant à l'évolution de la pensée économique et à mon expérience de ces crises, que nous avions rompu l'équilibre entre certaines valeurs fondamentales indispensables, surtout pour assurer le bon fonctionnement du marché... Je crois beaucoup aux marchés et je suis persuadé que les marchés peuvent jouer un rôle pour régler nos grands problèmes, mais les marchés n'existent pas en vase clos. Les marchés sont en fait des conventions sociales. Désolé pour les mots compliqués, mais je parle de conventions sociales... Nous avons besoin d'équité. Nous devons avoir un sens de l'équité et de la responsabilité. Nous avons besoin que les marchés soient résilients. Nous ne pouvons pas les laisser s'effondrer comme cela a été le cas lors de la crise des prêts hypothécaires à risque. Nous avons donc besoin de ces éléments.
« Nous avons besoin des marchés. En outre, les marchés existent ou peuvent exister à court terme. En tant qu'individus, notre durée est aussi à court terme. Une catastrophe climatique pointe à l'horizon. Nous devons trouver des moyens d'apporter une dimension de durabilité, une dimension de solidarité, c'est‑à‑dire de solidarité régionale au Canada, de solidarité avec les autres au sein de sociétés qui luttent contre les inégalités. Comment pouvons-nous concilier tout cela avec le pouvoir des marchés — ce que j'appelle le dynamisme des marchés —, c'est‑à‑dire ce qui mène à l'innovation, à la croissance, à de meilleurs emplois et ainsi de suite? Comment rétablir l'équilibre?
« Mon raisonnement, c'est que le mouvement du balancier — il n'y a pas seulement deux dimensions — est déréglé. Nous en avons plusieurs exemples. Cela commence en fait par la façon dont l'économie perçoit la valeur. Jusqu'au XIXe siècle, la valeur était considérée comme étant intrinsèque à un bien ou à une activité, ou comme un reflet de la main-d'œuvre et du travail consacrés à cette activité. C'est ce que pensait Adam Smith et aussi David Ricardo. C'est aussi ce que pensait Marx. Ce courant de pensée s'est inversé au XIXe siècle et s'est intensifié au cours des décennies qui ont suivi. On en est venu à déterminer la valeur d'une chose en fonction de son prix, uniquement de son prix. Si une chose n'a pas de prix, elle n'a pas de valeur. C'est ainsi que les choses sont évaluées.
« J'applique cet exemple au climat. Nous connaissons exactement la valeur de la compagnie Amazon, c'est un billion de dollars. La région du même nom, l'Amazonie, n'a de valeur que lorsqu'on commence à brûler la forêt et à la transformer en terres agricoles.
« Cela n'a aucun sens. Nous avons tendance — un peu moins au Canada, mais c'est le cas au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs — à monnayer les dons de charité ou à marchandiser des actes de bienfaisance ou de bénévolat, comme le don de sang ou d'autres actes de bienfaisance. En fait, cela change le comportement des gens. Cela fausse la manière de déterminer la valeur.
« Voilà donc la gamme des enjeux. Mon explication n'est pas très linéaire. Vous devez lire le livre pour mieux comprendre, mais ce que j'essaie de faire... Ce qui fait que le livre est long, c'est que j'en arrive à dire: et alors? Parce que c'est frustrant de se livrer à ce genre d'analyses complexes du problème, sans pouvoir proposer de solution.
« Le livre analyse ces trois crises, les changements climatiques, la COVID et le crédit — par crédit, je veux dire la crise financière — et cherche des réponses à ces crises. Quelles sont les leçons à tirer? Qu'est-ce que cela signifie pour le dirigeant d'une organisation? Que doit faire une entreprise ou un pays pour renforcer ces valeurs générales, comme l'équité et la responsabilité, la solidarité, la durabilité, tout en générant un dynamisme?
« Je fais valoir que... C'est un argument sincère, mais j'aurais peut-être dû faire cela bien avant. Trente ans plus tard, je me suis enfin rendu compte que l'humilité est la valeur la plus importante. Elle est essentielle. Qu'on le veuille ou non, l'humilité est une valeur très importante, mais pas l'humilité paralysante. Nous devons conjuguer efficacement l'ambition et l'humilité. C'est ce que j'essaie d'expliquer. »
David Herle dit: « Je vais faire passer le message à Scott Reid ».
« En lisant le livre, et ce que vous décrivez, cela évoque dans mon esprit une vision nostalgique des années 1960, où la différence entre ce que les PDG et leurs travailleurs gagnaient était beaucoup plus petite qu'elle ne l'est maintenant, où les riches étaient imposés à des taux élevés, où les gens obtenaient de bons emplois syndiqués qu'ils gardaient toute leur vie, avec des avantages sociaux, et où les dirigeants se souciaient des collectivités dans lesquelles ils exploitaient leur entreprise et résidaient, et ils s'intéressaient aux communautés dans lesquelles leurs entreprises opéraient. C'est peut-être de la nostalgie à l'eau de rose, mais c'est ce à quoi je pense. Toutefois, je n'entends personne réclamer un retour aux années 1960. »
Mark Carney répond: « Eh bien, tout d'abord, il est toujours risqué de citer une certaine période. C'est une sorte de saudade, n'est‑ce pas? Vous avez la nostalgie d'une époque qui n'a jamais vraiment existé ou une interprétation d'une époque qui n'a jamais existé. Mais il y a certains éléments... et il ne s'agit absolument pas de retourner aux années 1960.
« En fait, l'un des points centraux du livre, et je pense que l'un des principaux défis que nous avons en tant que pays, et que d'autres partagent, c'est la façon dont nous prenons les technologies et les possibilités, ainsi que les risques et les possibilités qui les accompagnent, pour bâtir, vous savez, un système plus équilibré. Ce livre traite de la construction d'un monde meilleur pour tous, et cela passe en grande partie par une plus grande connectivité de manière à développer l'économie régionale au Canada et à aider nos petites entreprises à s'ouvrir sur le monde grâce à des plateformes et à d'autres moyens.
« Permettez-moi de revenir à votre question principale. Je pense que l'un des problèmes — et j'y consacre pas mal de temps dans le livre — concerne l'objet social et la nature de l'entreprise. Je ne suis pas un friedmaniste. Je pense que cela devrait être clair. Je pense que Friedman était, en partie, un homme brillant et qu'il a présenté de bons arguments de diverses façons, mais la primauté fondamentale qu'il accorde aux actionnaires est fondamentalement erronée et, à mon avis, fondamentalement défectueuse, parce qu'il se donne une porte de sortie en disant que, en fait, la seule raison d'être d'une entreprise est de réaliser des profits pour les actionnaires.
« Il dit cela sous réserve de l'éthique et des coutumes de l'époque, et il suppose que celles‑ci restent les mêmes lorsque l'accent est mis uniquement sur le profit. En fait, il dit littéralement, dans son célèbre essai, que toute activité de soutien à la communauté ou aux travailleurs est de la poudre aux yeux hypocrite qui, si elle remplit son objectif, sert à séduire les gens qui tirent les ficelles, et alors c'est bien. Mais, en fin de compte, ce n'est que pour cet objectif, et ce n'est pas bien. C'est répréhensible pour deux raisons: premièrement, il y a une corrosion... et c'est le fondamentalisme de marché le plus pur. Le livre en parle et cela n'a pas d'importance. C'est dans le livre. Vous le voyez sur les marchés financiers.
« Vous le constatez. Je l'ai vécu pendant la période qui a précédé la crise, et j'ai dû y faire face en tant que fonctionnaire avant et après la crise. Vous le voyez dans les pressions sociales que nous connaissons en raison de ces écarts extrêmes qui se sont accentués entre la rémunération des PDG et celle des ouvriers de l'atelier, ou dans la façon dont nous payons nos travailleurs essentiels, non pas pour ce dont nous avons besoin en temps de crise, mais seulement en temps normal. C'est toujours là. Vous le voyez aussi... et je pense qu'il y a un véritable problème économique, c'est‑à‑dire que vous ne le voyez pas...
« Si votre entreprise a une raison d'être et un objectif... Autrement dit, vous réglez un problème. Shopify a une raison d'être. Son objectif est l'entrepreneuriat de masse. Son objectif est de faciliter la création d'entreprises et la vente de produits n'importe où. Cet objectif motivant aide en fait les fournisseurs de Shopify, et ceux qui l'utilisent. Il organise la communauté. Il a un effet d'entraînement qui s'accomplit de lui-même. C'est bon pour Shopify, mais c'est bon aussi pour les actionnaires, les employés et, surtout, les clients, les entreprises qui sont là.
« Je pense qu'il y a un retour du balancier vers un monde où une entreprise a une raison d'être, où vous avez de la solidarité au sein de l'entreprise, avec la communauté et à l'intérieur de l'entreprise. Si je peux transposer cela au niveau d'un pays et de ses objectifs, nous sommes en train de vivre deux grands bouleversements dans l'économie. Nous sommes à la croisée des chemins. Nous en sommes encore aux premières étapes de la refonte numérique de l'économie. La COVID‑19 a accéléré les choses, mais bien d'autres changements sont à venir.
« Je demande dans le livre si nous allons passer au numérique par défaut. Allons-nous laisser les choses se dérouler de la manière que les entreprises de technologie jugent la meilleure, ou allons-nous passer au numérique par choix? Allons-nous concevoir des politiques? Allons-nous aider les gens à acquérir les compétences nécessaires? Allons-nous organiser les choses pour que le plus possible de Canadiens puissent en bénéficier? Vous pouvez voir comment cela peut se produire. Je passe cela en revue dans le livre.
« En ce qui concerne le climat et la durabilité, nous arrivons à un point... et c'est un point clé et une opportunité pour nous. Certains y voient un défi, mais je pense que c'est une opportunité où nous sommes passés... Nous allons nous occuper du climat. Nous avons 130 pays, auxquels se joignent désormais les États-Unis, qui ont dit vouloir atteindre la carboneutralité. Nous avons 1 500 des plus grandes entreprises du monde qui disent viser la carboneutralité. La semaine dernière, nous avions 70 billions de dollars pour atteindre la carboneutralité. Il y a donc un but, un objectif qui nous anime.
« Cela change l'équation parce que cela signifie que beaucoup de gens intelligents, motivés, et curieux partout dans le monde vont trouver la meilleure façon d'atteindre la carboneutralité et qu'ils y arriveront de manière plus efficace, plus économique, et plus rapide qu'un gouvernement. C'est ainsi que, pour revenir au titre du livre, qui parle de valeurs, avec le « s » entre parenthèses, vous obtenez de la valeur sur le marché en vous mettant au service des valeurs de la société. »
David Herle dit: « Je ne comprends pas très bien comment on peut mettre fin à la mainmise des actionnaires sur le comportement des sociétés parce que... Je ne suis pas un investisseur éthique. Je dirige mes investissements là où je peux obtenir le meilleur rendement. On nous répète sans cesse, lorsque nous dénonçons tous les méfaits des grandes sociétés, que nos fonds de pension ont tous investi dans ces entreprises et que si nous voulions qu'ils investissent de façon éthique, nous devrions nous contenter de pensions moindres à la retraite.
« Je sais que je travaille avec beaucoup de PDG qui aimeraient faire leur travail différemment, mais ils doivent rendre des comptes à ces actionnaires sur une base trimestrielle, et si les actionnaires ne pensent pas qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour faire grimper le cours des actions [...] le PDG sera remplacé. L'entreprise ne devrait peut-être pas fonctionner uniquement pour le bénéfice des actionnaires, mais ces derniers ont une mainmise sur elle, n'est‑ce pas? »
Mark Carney répond: « Eh bien, je pense que la première chose est que... Il y a diverses prémisses dans cette question qui sont fausses... Je vous concède qu'on n'investit pas de façon éthique. Je voudrais que ce soit clair.
« Il y a d'abord ce compromis. Les preuves sont très solides... Je fréquente les marchés financiers depuis trois décennies — du côté privé et du côté public —, alors je connais un peu la question, et le livre l'examine en détail. L'harmonisation, la corrélation entre les facteurs ESG en général... Je n'entrerai pas dans tous les détails, mais un certain nombre d'entre eux se trouvent dans le livre, y compris dans les notes de bas de page. Environ 60 % des analyses révèlent une corrélation positive dans les entreprises qui accordent une plus grande importance aux facteurs éthiques, sociaux et de gouvernance. » Elles obtiennent de meilleurs résultats — il y a une corrélation positive dans les entreprises qui accordent de l'importance à l'éthique, à la société, au gouvernement, à la durabilité, etc.
Carney ajoute: « Pourquoi en est‑il ainsi? Premièrement... il y a toute une série de questions. Dans bien des cas, vous éliminez un problème. Vous excluez Volkswagen ou une entreprise qui va faire quelque chose de mal et qui finira par se faire prendre. Désolé, Volkswagen. »
David Herle dit en riant: « C'est un bon exemple. »
En fait, nous devrions faire une pause ici.
Volkswagen, l'entreprise qui a été arrêtée et condamnée à des amendes importantes pour avoir induit la planète en erreur, est un bénéficiaire important de subventions pour la construction d'une usine de batteries en Ontario. Le gouvernement canadien donne énormément de fonds publics à une entreprise qui a délibérément induit en erreur tous les acheteurs de ses produits, et nous sommes censés accepter que c'est le prix à payer pour obtenir la production ici.
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En effet, M. Lawrence a raison.
Certains de ces travailleurs que nous subventionnons viennent avec leur expertise en tant que travailleurs étrangers temporaires. J'espère qu'ils transmettront leur expertise aux travailleurs canadiens et aux membres de nos syndicats.
Ce qui est intéressant, c'est que le gouvernement a décidé de jouer le jeu en subventionnant tout ce qui s'en vient. On nous dit depuis au moins une génération que, comparativement aux États-Unis, le Canada se démarque pour plusieurs raisons. La première est un taux de change favorable. Deuxièmement, les coûts des soins de santé sont en grande partie assumés par le gouvernement. Troisièmement, nous avons une main-d'œuvre bien formée. Apparemment, rien de tout cela n'a d'importance. Ce que nous devons faire maintenant, c'est aligner nos subventions sur celles des États-Unis. Si nous voulons suivre la même voie financière que les États-Unis, je suppose que c'est ce que le gouvernement aimerait faire.
Je pense que c'est très préoccupant. Nous n'avons pas le même montant d'argent que les États-Unis. Nous n'avons pas la monnaie de réserve mondiale. Nous allons voir les difficultés que les dépenses et les subventions de ce gouvernement vont poser pour l'économie lorsque notre dollar va baisser et lorsque notre balance des paiements va s'effondrer parce que nous ne permettons pas des investissements dans des secteurs productifs de l'économie. Le gouvernement a une voie claire, à savoir que nous allons y arriver à coups de subventions.
L'autre point intéressant, c'est que le gouvernement dit qu'il faut examiner les nouvelles données. L'investissement direct étranger direct est en hausse. La seule raison pour laquelle il y a des investissements directs étrangers, c'est que le gouvernement subventionne les investissements qui viennent ici. Ce n'est pas réaliste et ce n'est pas pratique.
Lors de l'annonce récente de Honda, la semaine dernière, le représentant de Honda a dit que le Canada était son troisième choix. L'entreprise a examiné quelques autres pays avant de venir ici. Pourquoi est-elle venue chez nous? C'est parce que le gouvernement lui a donné énormément d'argent. Bien sûr qu'elle va venir.
Le gaz naturel n'est pas jugé rentable, malgré le fait que de nombreux pays, représentants et dirigeants sont venus ici pour en demander. Nous devons croire que le gaz naturel n'est pas rentable, alors que la seule chose de rentable pour certains des investissements que fait le gouvernement, c'est la subvention. J'ai du mal à suivre.
Je remercie mon collègue d'avoir rappelé à tous que les premiers travailleurs de ces usines de fabrication de batteries seront des travailleurs étrangers temporaires.
Monsieur le président, je vais m'arrêter un instant. Avant de céder la parole, je vais revenir à la transcription, parce qu'elle contient des choses intéressantes. Je pense que c'est encore plus pertinent par rapport à ce dont nous allons discuter.
Nous étions en plein milieu des témoignages et de l'audition des fonctionnaires sur le budget. Le gouvernement a décidé de fixer un échéancier très serré pour la présentation du budget à la Chambre. Nous faisons cela chaque printemps. Le gouvernement aurait pu présenter une motion pour avoir un certain nombre de témoins et un certain nombre d'heures. Nous aurions pu nous entendre là‑dessus et nous assurer que le NPD était satisfait du nombre de témoins, puis nous aurions pu reporter à n'importe quel moment la décision de commencer l'étude article par article. Nous pourrions nous en occuper dans une semaine. Nous pourrions nous en occuper dans deux semaines. Ils auraient pu présenter une motion juste au moment où ils voulaient commencer l'étude article par article, à n'importe quel moment, et ne pas enlever du temps aux témoins.
Je soupçonne que nous nous retrouverons dans la même situation que l'an dernier. Nous ferons durer le débat jusqu'à la fin et nous entendrons une série de témoins à toute vitesse, ou peut-être pas. Peut-être que cette fois‑ci, une instruction de la Chambre sera nécessaire. Ce que nous faisons n'est pas une façon efficace d'examiner les projets de loi.
J'ai aimé le fait que, dans le cas du projet de loi , nous ayons entendu un certain nombre de témoins, ce qui a été négocié avec l'ancien porte-parole du NPD en matière de finances. C'était raisonnable, mais nous pourrions faire la même chose si nous acceptions de reporter la décision sur la date de début de l'étude article par article de deux semaines, ou même de deux réunions. Il est malheureux que nous soyons ici ce soir jusqu'à minuit, car je crois savoir que nous disposerons des ressources nécessaires.
Je vais devoir trouver un autre balado avec M. Carney pour vous en régaler, mais comme il est assez évident que M. Carney cherche à entrer dans l'arène politique, je pense que nous devrions lui donner l'occasion de le faire. Il a déjà comparu devant notre comité. Il s'est toujours très bien comporté. Il est compétent sur plusieurs fronts. C'est un homme dynamique qui a déjà comparu devant le comité sénatorial la semaine dernière. Il a comparu devant le comité des finances il y a quelques années. Il participe à des balados. Il fait des discours.
Les membres du caucus libéral qui appuient d'autres candidats devraient vouloir que M. Carney fasse l'objet d'un certain examen, car il n'est pas juste que les membres du Cabinet qui se présentent eux aussi doivent se lever à la Chambre des communes pour faire face chaque jour aux questions des députés de l'opposition, ou doivent se présenter à un comité pour être interrogés. Ces candidats à la direction font l'objet d'un examen minutieux. Ce que M. Carney a réussi à faire, essentiellement, c'est entrer dans l'arène politique en suscitant très peu de questions. Nous aimerions donc lui donner l'occasion de présenter son plan pour les Canadiens et de préciser où il se démarque du gouvernement actuel, comme il en a parlé en disant, par exemple, que le budget n'est pas suffisamment axé sur la croissance.
Soit dit en passant, dans ce balado, dont je n'ai pas encore parlé, mais dont nous parlerons plus tard, il dit qu'il faudra attendre quelques années avant de voir les avantages du budget du gouvernement. Je me demande s'il pense que ces avantages se sont concrétisés. Ce n'est pas ce qu'il a dit récemment.
Il y a trois ans, il a dit qu'il fallait attendre et voir, et trois ans se sont écoulés. Je ne pense pas qu'il soit aussi heureux. Écoutez, j'aime bien M. Carney. Je pense que nous apprendrions tous quelque chose. Vous n'avez pas souvent l'occasion de parler à quelqu'un qui a été gouverneur de la Banque d'Angleterre, gouverneur de la Banque du Canada, sous-ministre délégué principal au ministère des Finances, quelqu'un qui a travaillé dans le secteur financier pendant 30 ans et qui, de toute évidence, a beaucoup réfléchi à la politique publique, a écrit un livre à ce sujet et est maintenant intéressé à apporter sa contribution. Je lui attribue un immense mérite pour avoir voulu réfléchir à la façon dont il pourrait contribuer au pays. Je pense aussi qu'il est tout simplement raisonnable de lui demander pourquoi ne viendrait‑il pas en parler?
Je dirais aussi que ceux d'entre vous qui sont très mécontents de l'indépendance de la banque centrale et qui la chérissent devraient se demander ce qui a été fait de plus pour miner l'indépendance de la banque centrale. Il y a le fait qu'aux États-Unis, l'ancienne présidente de la Fed est maintenant la secrétaire au Trésor, et qu'au Canada, vous avez un ancien gouverneur de la Banque du Canada qui veut se présenter pour un parti politique. Il a au moins été très ouvert au sujet du parti politique auquel il appartient. Je dirais que cela a beaucoup à voir avec l'érosion de l'indépendance de la banque centrale.
Soit dit en passant, il y a quelques semaines à peine, le a dit que les taux d'intérêt baisseraient, ce que j'ai trouvé très surprenant. Je sais que mon collègue, M. Lawrence, aura probablement quelque chose à dire à ce sujet plus tard, mais j'ai une nouvelle pour vous. La banque centrale n'est pas vraiment indépendante.
Quoi qu'il en soit, il faut tenir compte des échanges réguliers entre le ministère des Finances et la banque centrale. Le gouvernement choisit qui la dirige. À tout moment, le gouvernement peut envoyer une lettre ou des instructions écrites à la banque centrale sur des questions liées à la politique monétaire. Par exemple, en 2013, il y a eu une discussion sur l'assouplissement quantitatif, et Jim Flaherty a fait l'objet de critiques parce qu'il a dit que le Canada ne ferait pas d'assouplissement quantitatif. Devinez quoi. L'assouplissement quantitatif est la raison de l'inflation actuelle.
Un certain nombre de personnes remettent maintenant en question le recours à l'assouplissement quantitatif. C'était tout à fait dans les propos du ministre des Finances à l'époque, puisqu'il a pu adresser une lettre ou des instructions à la banque centrale, mais les personnes qui pensaient que l'assouplissement quantitatif n'a pas eu de conséquences pendant 10 ans sont maintenant toutes en train de se raviser.
Soit dit en passant, en ce qui concerne la théorie monétaire moderne, et le fait qu'on pouvait simplement imprimer de l'argent sans conséquence, ces personnes sont très silencieuses sur Twitter ces jours‑ci, parce que cela a créé une forte inflation. Je pense que quelqu'un comme M. Carney aurait beaucoup à dire sur l'intersection entre la politique monétaire et la politique budgétaire. J'aimerais aussi demander au gouverneur actuel de la banque centrale ce qu'il penserait si un ancien gouverneur de la banque centrale était premier ministre. Je me demande comment ces conversations se dérouleraient.
Je pense que ce serait une excellente occasion d'entendre M. Carney. Comme je l'ai dit, je le tiens en très haute estime, et je pense que nous devrions avoir l'occasion d'entendre quelqu'un qui a un curriculum vitae comme le sien et qui souhaite améliorer le pays. J'aimerais lui donner la tribune pour le faire, et c'est pourquoi j'espère que mes collègues accepteront au moins le sous-amendement, ou une version du sous-amendement, qui ferait en sorte que M. Carney comparaisse ici comme témoin, comme il l'a déjà fait.
Rapidement, avant de céder la parole au prochain intervenant, nous n'avons pas encore traité de la motion sur le blanchiment d'argent. Je vois qu'il y a quatre réunions dans la motion principale pour le blanchiment d'argent. Le dernier examen de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes a pris 14 réunions, je crois. C'est insuffisant. Le gouvernement, qui prétend faire beaucoup pour lutter contre le blanchiment d'argent, n'a même pas respecté son obligation législative d'examiner la loi.
Le gouvernement a apporté des modifications ponctuelles à la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité, en prétendant chaque fois qu'il apporte un petit changement, que c'est un changement monumental. Pourquoi ne pas simplement effectuer l'examen prévu de la loi pour nous acquitter de notre obligation?
Il fait exactement la même chose pour le blanchiment d'argent que pour la concurrence. Tous les six mois, il présente de nouvelles modifications à la Loi sur la concurrence en disant qu'il s'agit des modifications les plus importantes qui aient jamais été apportées à cette loi. Maintenant, il fait la même chose pour le blanchiment d'argent. Apporte‑t‑il des améliorations? Oui. Est‑ce à la pièce? Oui. Est‑ce inadéquat? Oui, parce qu'il n'examine pas l'ensemble du système.
J'espère que nous pourrons adopter cette motion. Je n'approuve pas non plus les quelques réunions prévues. Je pense que nous devons tenir beaucoup plus de réunions sur le blanchiment d'argent. J'espère que M. Carney viendra nous donner des idées sur la façon dont nous pouvons mieux nous organiser, nous et notre gouvernement, dans l'intérêt des Canadiens.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Eh bien, je dispose de cinq minutes. J'ai commencé à avoir une impression de déjà vu. Telle a été ma première impression, et nous semblons avoir repris là où nous en étions vendredi, ce qui est malheureux.
Mon collègue Nathan Cullen, qui a siégé à la Chambre pendant assez longtemps, avait l'habitude de dire que la monnaie du Parlement, c'est le temps. Je pense que c'était une observation très judicieuse. Nous venons tous de diverses régions du pays. Nous avons tous des enjeux et des circonscriptions importants. Nous sommes ici pour traiter d'affaires importantes, et il ne semble jamais y avoir assez de temps pour entendre suffisamment de gens afin d'obtenir suffisamment de rétroaction et d'étudier les projets de loi en détail comme nous devons le faire. Je crois donc vraiment essentiel que nous utilisions le temps dont nous disposons de la façon la plus intelligente et la plus utile possible.
Je suis nouveau à ce comité. Je n'y siège que depuis environ un mois. C'est mon premier budget, et j'ai vraiment hâte d'entendre les parties prenantes à ce sujet. Je crois avoir dit vendredi que les budgets sont des mesures législatives uniques. Cela me rappelle une citation qui, je pense, a été attribuée à Joe Biden. Il a dit: « Ne me dites pas ce que vous jugez important. Montrez-moi votre budget — et je vous dirai ce qui est important à vos yeux. »
C'est le document qui trace la voie pour la gouvernance, l'intendance, de notre pays pour l'année prochaine. Je crois que c'est mon 16e budget. Il y a toujours des choses que je désapprouve entièrement, des choses que j'approuve entièrement, et tout ce qui se trouve entre les deux, mais ce qui est vraiment important, à mon avis, c'est d'entendre ce que les Canadiens ont à dire. Je veux entendre le point de vue des agriculteurs. Je veux entendre le point de vue des petites et moyennes entreprises. Je veux entendre le point de vue de l'industrie de la technologie. Je veux entendre les ONG. Je veux entendre le point de vue du Canadien moyen. Je veux entendre le plus grand nombre de personnes possible afin d'obtenir leurs commentaires sur le budget. Cependant, nous ne sommes pas en mesure de le faire. Au lieu de cela, nous sommes engagés dans ce qui est manifestement une manœuvre dilatoire. J'ai beaucoup de respect pour mes collègues conservateurs, mais je dois dire les choses telles qu'elles sont. Ce sont les conservateurs qui retardent les choses et qui empêchent la rétroaction.
Il y a deux semaines, j'ai proposé un amendement qui prévoyait que nous consacrions six heures à l'audition des témoins aujourd'hui et six autres heures jeudi. Cela fait 12 heures, soit l'équivalent de six réunions, et, bien sûr, nous avions deux réunions de prévues pour cela la semaine précédente, l'une avec des fonctionnaires pendant deux heures, et l'autre avec la ministre pendant ce qui devait être deux heures. Nous n'avons eu qu'une heure parce que c'est là que ça s'est arrêté, et je suis certainement prêt à tenir d'autres réunions pour entendre des témoins la semaine prochaine.
Au lieu de cela, nous avons dû écouter le balado de l'interview de Mark Carney sur The Herle Burly. C'est ce à quoi nous avons consacré la majeure partie des deux dernières heures. Je ne pense pas que ce soit une bonne utilisation de notre monnaie. Je ne pense pas que les Canadiens pensent que c'est une bonne utilisation de notre monnaie.
Il y a peut-être une bonne raison à cela. J'ai passé toute ma carrière dans l'opposition. Je respecte le fait qu'il existe des instruments à notre disposition et que les partis d'opposition doivent parfois ralentir le gouvernement pour de bonnes raisons, parce que les gouvernements majoritaires peuvent agir de façon oppressive. Ils peuvent agir avec une précipitation indue et doivent être ralentis, si bien que certains instruments peuvent être utilisés. Cependant, il y a une raison pour laquelle je doute que ce soit le cas ici. Tout d'abord, les conservateurs ont insisté pour retarder le budget de notre pays, le principal document, parce qu'ils voulaient entendre Mark Carney. J'ai entendu dire aujourd'hui que ce n'était pas la raison. C'est parce que l'étude article par article, qui est la dernière étape de l'examen de ce projet de loi, est prévue à une date qui ne leur plaît pas. Franchement, à mon avis, ni l'une ni l'autre de ces questions n'est suffisante pour bloquer le budget du pays, mais le fait qu'ils aient changé de position me dit qu'ils manquent de conviction quant à ces raisons.
J'ai déjà dit, et je pense que les Canadiens doivent le comprendre, que chaque parti à cette table est autorisé à soumettre les noms des témoins qu'il veut entendre au sujet du budget, et rien n'empêchait les conservateurs de faire de Mark Carney leur premier témoin à faire comparaître sur ce budget s'ils le voulaient. Je ne sais pas pourquoi ils retardent le budget alors qu'ils pourraient le faire, à moins qu'ils aient peur que M. Carney ne vienne pas. C'est la prérogative de chacun des témoins de ne pas se présenter devant le Comité s'ils ne le veulent pas. Parfois, ils ne peuvent pas venir parce que leur horaire ne le leur permet pas, mais parfois, ils ne le veulent tout simplement pas.
Je l'ai dit vendredi et je vais le répéter. Dans ce cas‑ci, les conservateurs ont expliqué très clairement pourquoi ils veulent convoquer M. Carney. Ce n'est pas parce qu'ils veulent connaître son point de vue sur le budget. Ils veulent le bombarder de questions et le mettre sur la sellette parce qu'ils pensent qu'il pourrait vouloir se présenter à la tête du Parti libéral. Comme je l'ai dit vendredi, c'est ce qui me semble inapproprié.
Le Parlement a beaucoup de pouvoir. Nous pouvons citer des gens à comparaître. J'ai vu deux fois, depuis que je suis ici, quelqu'un être cité à comparaître à la Chambre des communes. C'est inhabituel. Cela se produit juste quelques fois par siècle. Le Parlement a ce pouvoir. Nous pouvons citer quelqu'un à comparaître devant le Comité.
Imaginez que le Parlement actuel utilise son pouvoir afin de forcer quelqu'un à venir ici pour répondre à des questions sur ses convictions politiques. Ce n'est pas ainsi qu'agit une démocratie moderne responsable. C'est ce que ferait une dictature de pacotille. C'est ce que font les républiques bananières. Elles abusent de leur pouvoir pour s'en prendre à des citoyens qui ne font qu'exercer leurs droits civiques. C'est ce qui ne va pas.
C'est pourquoi je n'accepterai pas de convoquer Mark Carney. Si nous voulions le faire pour entendre son point de vue sur le budget, peut-être, mais même dans ce cas, c'est un argument faible. M. Carney n'est plus le gouverneur de la Banque du Canada. Il n'est plus le gouverneur de la Banque d'Angleterre. C'est un simple citoyen. J'aimerais connaître son point de vue, mais pas plus que celui de 10 000 autres Canadiens.
Je pense que les Canadiens doivent savoir que c'est ce que nous faisons ici aujourd'hui. Nous perdons le temps précieux et trop court dont dispose le Parlement dans ce qui est, à mon avis, une chasse aux sorcières politique pour s'en prendre à une personne qui a des ambitions politiques qu'un parti ici n'aime pas, et est prêt à bloquer les finances de la nation pour le faire. À mon avis, ce n'est pas approprié. Ce n'est pas une critique partisane. Je dirais la même chose à tout parti qui ferait cela, y compris le mien.
J'aimerais mentionner quelques éléments du budget.
Le budget prévoit un programme d'alimentation dans les écoles. Je pense que chaque personne autour de cette table a des enfants, ou est une tante ou un oncle, ou a des enfants dans sa vie. Nous pourrions adopter ce budget et faire en sorte que 400 000 enfants reçoivent un repas nutritif à l'école en septembre, alors qu'un enfant sur quatre souffre de privation de nourriture. C'est 25 % des enfants, et c'est probablement plus élevé. Il y a des enfants à l'école, à 10 h 30 du matin, qui essaient de se concentrer sur leur cours de mathématiques et dont l'estomac est vide, et les conservateurs retardent ce projet de loi à des fins politiques.
Peu importe le budget de leur famille. Ma première préoccupation concerne ces enfants, mais beaucoup de familles ont du mal à faire face aux prix élevés. Les conservateurs ont présenté un excellent dossier à la Chambre et lors des débats sur la situation difficile dans laquelle se trouvent les Canadiens. Ils ont raison. Ce budget permettra d'y remédier. Cinq jours par semaine, cela permettrait à une famille de savoir que son enfant reçoit un repas nutritif. Si elle a plus d'un enfant, cela pourrait être deux ou trois enfants. Cela permettrait à chaque famille d'économiser des centaines de dollars par mois. Si vous pensez à ces familles, ce sont probablement les familles à faible revenu et les familles monoparentales qui en ont le plus besoin. Ce sont probablement elles qui sont le plus aux prises avec l'insécurité alimentaire. Voilà qui est touché par le fait que les conservateurs retardent ce budget.
Le budget prévoit des fonds pour l'assurance-médicaments afin que les diabétiques puissent obtenir leurs médicaments et leurs appareils. J'ai été porte-parole en matière de santé pendant huit ans. J'ai parlé à de nombreuses personnes souffrant de diabète qui doivent débourser des milliers de dollars chaque année. J'ai parlé à un homme qui m'a dit avoir reçu un diagnostic de diabète de type 1 à l'âge de 20 ans. Il a maintenant 50 ans et il estime avoir dépensé plus de 100 000 $ de sa poche pour des seringues, des aiguilles, des bandelettes de test et des médicaments. Ce sont des gens qui n'ont pas choisi de souffrir du diabète. Ce n'était pas leur propre choix. Ils sont diabétiques. Ce budget leur offrirait non seulement des soins de santé, mais aussi des allégements fiscaux. Cela est retardé.
Il y a des crédits d'impôt pour les entreprises qui veulent investir dans les technologies propres. N'est‑ce pas quelque chose que nous voulons tous? Ne voulons-nous pas créer des champions canadiens dans notre économie? Nous voulons donner aux entreprises qui sont à la fine pointe de la technologie dans l'économie de l'énergie durable de ce siècle un coup de pouce et de l'aide en leur accordant des crédits d'impôt pour qu'elles puissent faire des investissements. Nous les avons entendues dire au Comité qu'elles attendaient de faire ces investissements.
J'ai travaillé pour un syndicat pendant 16 ans avant de venir ici, et le syndicat que je représentais comptait 275 employeurs du secteur privé. J'ai participé à de nombreuses tables de négociation avec des entreprises allant des entreprises familiales de camionnage à Purolator, UPS, Jazz et B.C. Rail — des petites entreprises aux grandes. Chacune d'entre elles évolue dans un environnement extrêmement concurrentiel où chaque jour compte. Leurs concurrents n'attendent pas.
Les concurrents américains, qui reçoivent beaucoup d'argent de l'administration Biden, font des investissements que nos entreprises canadiennes ne peuvent pas faire. Pourquoi? C'est parce que les conservateurs retardent les travaux de ce comité. Encore une fois, je pourrais comprendre s'il y avait une question de principe importante, si le gouvernement agissait de façon oppressive ou s'il y avait un problème extrêmement sérieux dans le budget. Cependant, il est indéfendable de retarder l'adoption de ce budget parce que les conservateurs s'entêtent à vouloir convoquer le prochain chef libéral. C'est injustifiable. C'est non parlementaire. C'est répréhensible. Je pense que les gens doivent le savoir.
Nous allons revenir après la période des questions pour siéger de 15 h 30 à minuit aujourd'hui, et probablement de 15 h 30 à minuit demain, pendant que les conservateurs lisent l'autobiographie de Mark Carney. Chacune de ces heures aurait pu être consacrée à l'audition de témoins. C'est drôle, parce que mon merveilleux collègue M. Chambers a dit qu'ils voulaient entendre des témoins. C'est très orwellien. C'est l'obstruction des conservateurs qui nous empêche d'entendre les témoins qu'ils prétendent vouloir entendre. Ce n'est tout simplement pas correct.
C'est mon premier budget, et je ne sais pas quelle était la pratique antérieure, mais je crois qu'il doit y avoir une meilleure façon de procéder. Je crois que nous devons trouver un moyen de collaborer. Nous pouvons exprimer nos différentes positions de principe. Nous pouvons interroger les témoins. Nous pouvons exprimer nos différents points de vue économiques, et nous devrions le faire. Franchement, aucun parti n'a le monopole des bonnes idées. J'ai hâte d'entendre les suggestions de mes collègues conservateurs au sujet du budget. Cependant, ce qui n'est pas correct, c'est de retarder le débat lui-même. Nous sommes le 21 mai. Nous siégerons seulement cinq semaines de plus. Qu'est‑ce que c'est que 20 jours environ pour adopter le budget?
Il est plus d'une heure. Allons-nous continuer? Je suis heureux de...
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je suis prête à voter sur ce sous-amendement quand les conservateurs voudront nous permettre de le faire. Nous serons heureux de le faire.
Je parlais des petites entreprises parce que je sais qu'elles ont hâte d'obtenir quelque soutien que ce soit de la part du gouvernement fédéral. Nous leur avons déjà fourni un certain nombre de mesures de soutien. Bon nombre de celles à qui j'ai parlé se réjouissent que le gouvernement fédéral ait négocié avec Visa et Mastercard. À compter de septembre, elles obtiendront une réduction de 27 % des frais de carte de crédit qu'elles paient pour Visa et Mastercard.
Lorsque je leur parle de la Remise canadienne sur le carbone, elles sont très heureuses d'en entendre parler. Ce qui est également formidable, et que beaucoup de gens ignorent peut-être, c'est que nous proposons que cette ristourne soit rétroactive pour une période maximale de trois ans. Cela change la donne pour beaucoup de petites entreprises, et je peux vous dire que toutes les petites entreprises qui nous écoutent en ce moment disent au Comité des finances: « Arrêtez de perdre du temps. Adoptez le projet de loi parce que nous avons besoin de cet argent. Nous devons réinvestir dans nos entreprises et nos économies locales. »
Nous avons également un soutien et des renseignements supplémentaires concernant le crédit d'impôt à l'investissement dans l'hydrogène propre et le crédit d'impôt à l'investissement dans la fabrication de technologies propres. Cela s'ajoute aux crédits d'impôt à l'investissement qui figuraient dans l'énoncé économique de l'automne.
L'un des messages clés que nous avons entendus de la part de l'industrie, et je dirais qu'il a été unanime, c'est qu'il fallait mettre en œuvre les crédits d'impôt à l'investissement. Les entreprises ont besoin de fiabilité. Elles ont besoin de savoir quand ces crédits d'impôt seront disponibles, faute de quoi elles ne pourront pas établir leur planification — pour aujourd'hui, pour demain, pour les emplois et pour faire en sorte d'être concurrentielles et prospères, aujourd'hui et demain. Si nous avons entendu dire, à propos de l'énoncé économique de l'automne que l'échéancier et la mise en œuvre étaient cruciaux et urgents, je parie qu'elles diraient la même chose au sujet du crédit d'impôt à l'investissement dans l'hydrogène propre et du crédit d'impôt à l'investissement dans la fabrication de technologies propres. Cependant, pour être honnête, je préférerais les entendre directement, et ma plus grande crainte est que nous continuions à perdre du temps, parce que les conservateurs nous imposent cette obstruction, et que nous n'entendrons aucun des témoins. J'aimerais beaucoup entendre directement ce qu'ils ont à dire.
Je tiens également à rappeler à mes amis conservateurs, en particulier, ce que nous sommes également en train de retarder, et qui serait très utile à tous les Canadiens. En effet, nous avons une crise de l'abordabilité dans notre pays après une pandémie mondiale massive et l'inflation qui s'en est suivie, et beaucoup de transitions se produisent dans le monde d'aujourd'hui. Je suis très fière que, dans ce budget, nous ayons présenté un certain nombre de mesures qui seront très utiles aux Canadiens.
On a déjà parlé du programme national d'alimentation dans les écoles. Il y a rarement une journée à la Chambre des communes où un conservateur ne parle pas des familles et des enfants en difficulté. Nous avons une mesure supplémentaire très directe que nous prévoyons mettre en place dans le cadre du programme national d'alimentation dans les écoles. Je peux vous dire que ce programme a été salué à l'unanimité comme étant positif. Les Canadiens de toutes les allégeances politiques partout au pays l'ont demandé. En faisant de l'obstruction systématique, en n'allant pas de l'avant avec le projet de loi , nous retardons la mise en œuvre du programme national d'alimentation dans les écoles.
Ce n'est pas seulement le programme d'alimentation dans les écoles qui, selon nous, va aider les Canadiens. Il s'agira de poursuivre la mise en œuvre du programme national de garde d'enfants, du programme de soins dentaires, de la phase 1 de notre programme d'assurance-médicaments et de la phase 1 de notre crédit d'impôt pour personnes handicapées. Le crédit d'impôt pour personnes handicapées, qui en est à la phase 1, et la phase 1 de notre programme d'assurance-médicaments sont également retardés du fait que nous n'allons pas de l'avant avec le projet de loi et les discussions ici au Comité des finances.
En ce qui concerne le programme de dispense de remboursement de prêts d'études, le projet de loi contient un certain nombre de mesures qui offriront un soutien supplémentaire aux étudiants. Plus précisément, le projet de loi C‑69, dont je me réjouis vraiment, prévoit une dispense de remboursement de prêts d'études pour les médecins de famille et les infirmières. Essentiellement, ce que nous essayons de faire, c'est d'offrir un programme d'exonération des prêts étudiants aux professionnels de la santé qui travaillent dans une collectivité rurale ou éloignée désignée ou mal desservie. Ces avantages incitent les diplômés qui remboursent leurs prêts d'études fédéraux à travailler dans des collectivités mal desservies qui ont de la difficulté à accéder aux services de soins.
Trop de Canadiens n'ont pas accès à des soins primaires au pays, et nous avons désespérément besoin d'offrir des incitatifs aux infirmières et aux médecins pour qu'ils se rendent dans les collectivités rurales et difficiles à servir partout au pays. En n'allant pas de l'avant avec le projet de loi , nous ralentissons un autre grand programme que nous empêchons de mettre en œuvre et qui aidera les Canadiens, en particulier dans les collectivités rurales et difficiles à servir.
En ce qui concerne la Loi canadienne sur l'épargne-études, bon nombre d'entre nous qui venons de familles immigrantes — comme, je pense, tous ceux de certaines générations — savons que l'éducation est la planche de salut qui nous permet d'améliorer notre vie et celle de nos familles. J'ai été très heureuse de voir que nous avons apporté des modifications à la Loi canadienne sur l'épargne-études. Essentiellement, ce que nous proposons dans le projet de loi , c'est l'inscription automatique au Bon d'études canadien, ce qui, à mon avis, est vraiment fantastique. Nous essayons de veiller à ce que les enfants soient automatiquement inscrits au Bon d'études canadien. C'est une façon pour nous d'aider les familles à épargner pour les études de leurs enfants, ce qui est de bon augure pour la prospérité économique du Canada, maintenant et pour l'avenir.
Je pourrais parler de nombreuses autres dispositions, mais je vais passer en revue une autre section intitulée: « Recyclage des produits de la criminalité, financement des activités terroristes, contournement de sanctions et autres mesures ».
Une chose qui me déçoit beaucoup chez nos collègues conservateurs, c'est qu'ils semblent donner l'impression que le gouvernement fédéral ne se soucie pas du blanchiment d'argent ou du financement des activités terroristes. En effet, nous avons beaucoup investi dans la lutte contre le blanchiment d'argent depuis 2017 dans les budgets subséquents, et nous avons pris un certain nombre de mesures. Je vais lire la liste des mesures que nous avons prises, car je crois qu'elles sont importantes.
Les conservateurs semblaient craindre que nous ne fassions pas grand-chose, et que ce que nous faisons ne soit pas très efficace. J'aimerais dire à mes amis conservateurs que non seulement nous avons fait pas mal de choses — et je pense qu'ils seront très fiers d'entendre la liste de toutes les choses que nous faisons —, mais qu'il y a une section importante sur le recyclage des produits de la criminalité, le financement des activités terroristes, le contournement des sanctions et autres mesures dans le projet de loi . Ils continuent de nous imposer cette obstruction, à laquelle je ne veux pas participer. Je préférerais entendre des témoins. Je préférerais examiner les différents articles du projet de loi d'exécution du budget et poser des questions qui feraient en sorte que ce budget rende des comptes aux Canadiens.
Je vais vous lire quelques passages clés, simplement parce que je pense qu'ils sont pertinents.
Ce que nous indiquons dans le projet de loi d'exécution du budget, c'est que, depuis 2017, notre gouvernement a entrepris d'importants travaux pour lutter contre la criminalité financière. Nous avons investi près de 320 millions de dollars depuis 2019 pour renforcer la conformité, le renseignement financier, l'échange de renseignements et la capacité d'enquête afin de soutenir les enquêtes sur le blanchiment d'argent. Nous créons de nouvelles équipes intégrées d'enquête sur le recyclage des produits de la criminalité en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Québec, qui réunissent des experts pour faire avancer les enquêtes sur le blanchiment d'argent, avec l'aide d'experts juricomptables spécialisés. Nous avons lancé un registre public de renseignements sur la propriété effective pour les sociétés fédérales. Il a été lancé cette année, le 22 janvier 2024. Le gouvernement continue de demander aux provinces et aux territoires de promouvoir une approche pancanadienne en matière de transparence relative à la propriété effective.
Nous modernisons le régime canadien de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes afin de l'adapter aux technologies émergentes, aux secteurs vulnérables et aux risques accrus comme le contournement des sanctions. Nous établissons également des partenariats public-privé avec le secteur financier, qui permettent de mieux détecter et de juguler les crimes à but lucratif, y compris la traite de personnes, l'exploitation sexuelle des enfants en ligne et le trafic de fentanyl.
Dans le budget fédéral de 2024 — qui est couvert par la Loi d'exécution du budget —, nous prenons d'autres mesures pour protéger les Canadiens contre les crimes financiers. Voici ce que nous faisons.
Dans le budget de 2024, le gouvernement a l'intention de présenter des modifications législatives à la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes — la LRPCFAT —, au Code criminel, à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise. Les modifications proposées à la LRPCFAT renforceront la capacité des entités déclarantes visées par la LRPCFAT d'échanger des renseignements entre elles pour détecter et décourager le recyclage des produits de la criminalité, le financement des activités terroristes et le contournement des sanctions, tout en maintenant les mesures de protection des renseignements personnels, y compris le rôle de surveillance du Commissariat à la protection de la vie privée aux terme des dispositions réglementaires.
Nous proposons également, dans le budget de 2024 et dans le projet de loi , d'autoriser le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, le CANAFE, à divulguer des renseignements financiers aux bureaux provinciaux et territoriaux de confiscation civile pour appuyer les efforts de saisie de biens liés à une activité illégale, et de permettre à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada de renforcer l'intégrité du processus de citoyenneté du Canada. Nous ferons en sortes que les obligations réglementaires en matière de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes visent les entreprises d'affacturage, les entreprises d'encaissement de chèques et les sociétés de location et de financement, afin d'éliminer une échappatoire et d'assurer des règles du jeu équitables pour l'ensemble des entreprises qui offrent des services financiers. Nous permettrons également à CANAFE de diffuser davantage de renseignements sur les manquements aux obligations prévues par la LRPCFAT lorsqu'il impose des sanctions administratives pécuniaires en vue de renforcer la transparence et la conformité, et nous apporterons des modifications techniques pour éliminer les échappatoires et corriger les incohérences.
Les modifications proposées au Code criminel visent notamment à autoriser les tribunaux à rendre une ordonnance obligeant une institution financière à garder un compte ouvert pour faciliter l'enquête sur une infraction criminelle présumée; et à permettre aux tribunaux de rendre une ordonnance de communication répétitive afin d'autoriser les organismes d'application de la loi à obtenir régulièrement des renseignements précis sur les activités d'un compte ou de plusieurs comptes liés à une personne d'intérêt dans le cadre d'une enquête criminelle.
Nous proposons également des modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise, qui feront en sorte que les fonctionnaires de l'Agence du revenu du Canada qui mènent des enquêtes criminelles soient autorisés à demander des mandats généraux auprès des tribunaux, ce qui modernisera et simplifiera les processus de collecte de preuves et aidera à lutter contre l'évasion fiscale et d'autres crimes financiers. De plus, par l'entremise de notre Agence canadienne des crimes financiers, dans le budget de 2024, nous proposons de fournir 1,7 million de dollars sur deux ans, à compter de 2024-2025, au ministère des Finances pour finaliser la conception et le cadre juridique de l'ACCF.
Comme je ne voudrais pas que les conservateurs pensent que nous n'essayons pas de mettre en œuvre le plus possible de mesures pour nous attaquer à ce que nous savons tous être un problème vraiment grave au Canada — bien que je dirais qu'il est tout aussi grave partout dans le monde —, en plus de cela, nous avons aussi un certain nombre de mesures pour lutter contre la fraude commerciale et le blanchiment d'argent. Ce que nous avons l'intention de faire dans le budget, c'est de nous appuyer sur le travail déjà proposé dans l'énoncé économique de l'automne 2023, qui annonçait des améliorations aux pouvoirs de l'Agence des services frontaliers du Canada en vertu de la LRPCFAT afin de lutter contre la criminalité financière par voies commerciales, et de créer une unité de la transparence commerciale. Dans la foulée de ces travaux, nous fournissons 29,9 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans, à compter de 2024-2025, avec 5,1 millions de dollars en amortissement restant et 4,2 millions de dollars par année par la suite, à l'Agence des services frontaliers du Canada. Elle se servira de ces fonds pour soutenir la mise en œuvre de ses nouveaux pouvoirs au titre de la LRPCFAT afin de lutter contre la criminalité financière et de renforcer les efforts de lutte contre les crimes financiers commis à l'échelle internationale avec l'aide des alliés du Canada. De plus, nous continuons de moderniser notre cadre de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement des activités terroristes afin de nous adapter aux technologies émergentes.
Dans ce budget, ce que nous proposons, ce sont des modifications à la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, au Code criminel, à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise, avec des modifications corrélatives et de coordination à d'autres lois, afin de renforcer les outils de surveillance, d'application de la loi et d'échange de renseignements que propose le cadre canadien de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes.
Je sais que nous avons discuté vendredi de l'importance de consacrer un certain nombre de séances à la lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et à ce que nous pourrions faire de plus. Il y a des exemples nationaux sur lesquels les conservateurs voulaient que nous nous concentrions. Je veux que les Canadiens et tous ceux qui nous écoutent sachent que nous prenons la question au sérieux.
Depuis 2017, nous investissons beaucoup dans ce domaine. Nous travaillons avec des organismes internationaux pour coordonner nos efforts à cet égard. Par ailleurs, dans ce budget comme dans la , nous présentons un nombre appréciable de mesures pour faciliter la lutte contre le recyclage des produits de la criminalité, le financement des activités terroristes, le contournement des sanctions et d'autres mesures. Je sais que c'est important non seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux qui siègent à notre Parlement.
Je vais mentionner deux autres choses.
Je dis toujours à M. Davies qu'il m'enlève les mots de la bouche. En effet, il a souvent une longueur d'avance sur moi pour dire une foule de choses que je veux dire. J'ai pourtant ces choses‑là dans mes notes.
J'en suis à ma quatrième année au Comité. C'est un très grand privilège d'en faire partie. L'an dernier, nous avons connu 60 heures d'obstruction systématique, ce qui fut très douloureux. Les seules personnes qui n'en ont pas bénéficié sont les Canadiens. Pour être honnête, notre comité n'en a rien tiré non plus, parce que nous n'avons pas entendu de témoins. Je pense que nous aurions vraiment eu la possibilité de les entendre.
Cette fois‑ci, nous avons l'occasion d'entendre des témoins. Il reste encore du temps. Si nous décidons de mettre aux voix cette motion sur le programme et les amendements qui en font partie, cela pourrait nous laisser quelques jours pour entendre des témoins, surtout sur les articles clés qui nous préoccupent vraiment. Ils peuvent faire des suggestions très réfléchies sur la façon de renforcer le projet de loi .
Je prédis que, lorsque le Comité se penchera sur le projet de loi , les conservateurs diront que nous n'avons pas le temps d'entendre des témoins et que les libéraux sont vraiment affreux parce que nous essayons d'adopter ce projet de loi très rapidement. Je dirai à tous les conservateurs qu'il nous reste du temps — pas beaucoup, mais peut-être un peu — pour entendre des témoins, les écouter et poser des questions à nos fonctionnaires. Nous avons le temps d'accorder à cet important projet de loi, qui comporte de nombreuses mesures vraiment extraordinaires pour les Canadiens, l'attention et l'examen auxquels les Canadiens s'attendent de nous dans le cadre de notre travail et de celui du Comité.
C'est le dernier point que je veux soulever, et M. Davies l'a lui aussi mentionné. Ce que je commence à entendre de la part des conservateurs à la Chambre, et que j'entends parfois à notre comité, est que c'est presque comme si nous voulions prouver que le Parlement ne fonctionne pas. Nous voulons prouver que les comités ne fonctionnent pas. Pour eux, notre Chambre des communes — toute la Chambre — est brisée. Mais ce qui risque d'arriver, c'est que nous brisions des choses. Nous donnons l'impression que des choses sont brisées alors qu'elles ne le sont pas du tout.
Nous avons l'occasion de faire le travail pour lequel les Canadiens nous ont élus. J'encourage les conservateurs à nous permettre de voter sur les amendements dont nous sommes saisis et sur la motion originale sur le programme. Permettez-nous de tenir quelques réunions où nous entendrons des témoins et peut-être d'adopter le projet de loi , et d'adopter le budget, qui, nous le savons, sera extrêmement avantageux pour de nombreux Canadiens et qui annonce un nombre extraordinaire de mesures qui contribueront à la prospérité de notre économie, aujourd'hui et demain.
Nos comités peuvent mieux fonctionner. J'aurais ceci à dire à tous les membres: faisons le travail que les Canadiens attendent de nous.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler très précisément de la partie de la motion qui demande que la , notre vice-première ministre, comparaisse devant le Comité pour une réunion complète de deux heures et, en particulier, m'étendre sur les raisons pour lesquelles je pense que c'est très important pour la responsabilité ministérielle.
Je n'ai certainement pas toute l'expérience de ma collègue, Mme Dzerowicz; je n'ai pas encore quatre années de service. Je suis ici depuis moins de deux mois. Je pense qu'il serait juste de faire remarquer qu'il est très difficile d'obtenir une réponse claire de la part d'un grand nombre des ministres à la Chambre des communes. On est assis là, et pendant 35 secondes, on a la possibilité de poser une question; puis pendant les 35 secondes suivantes, on obtient rarement une réponse à sa question. C'est un thème assez récurrent. En fait, c'est arrivé pendant une heure complète aujourd'hui. L'idée qu'il est important que la , notre vice-première ministre, Chrystia Freeland, comparaisse devant le Comité pour une réunion complète et réponde à des questions est porteuse d'espoir et nous donne l'occasion de peut-être avoir des réponses à certaines questions au sujet de ce budget.
Je trouve intéressant que, depuis des semaines, la vice-première ministre et le gouvernement libéral parcourent le pays pour proclamer que ce budget assure l'équité entre les générations. On l'a souligné à maintes reprises, en plaidant auprès des milléniaux et de la génération Z que ce budget est en quelque sorte une recette magique pour l'équité pour une génération que son gouvernement a laissée pour compte pendant neuf ans. Je pense qu'il y a des questions qui méritent d'être posées.
Par exemple, en quoi exactement un budget très déficitaire avantage‑t‑il les jeunes Canadiens? On remet cela à plus tard, en refilant à nos jeunes la facture des coûteuses séances de photos et promesses brisées du gouvernement libéral. Je ne vois pas comment on peut parler d'équité générationnelle. Ensuite, le budget continue de faire des promesses au sujet du logement abordable pour les jeunes, après neuf ans de ces mêmes promesses qui n'ont rien donné, si ce n'est que les paiements hypothécaires et les paiements de loyer ont doublé.
Nous avons l'occasion de tenir une réunion de deux heures au cours de laquelle la pourrait avoir à répondre à des questions à ce sujet, et il semble que ce serait dans l'intérêt du Canada. Il me semble que les Canadiens le méritent bien, à tout le moins. Si vous faites ces nobles et audacieuses promesses, au mépris de toutes les preuves du contraire, il y a peut-être là une certaine responsabilité ministérielle.
Toutefois, il y a d'autres raisons d'amener la à comparaître et à répondre aux questions du Comité. Ce budget continue d'imposer aux Canadiens une taxe régressive sur le carbone, et je tiens à le dire très clairement. C'est absolument une taxe régressive de la part d'un gouvernement qui se dit progressiste. La taxe libérale sur le carbone continue de punir les familles qui travaillent fort, en augmentant le coût de la vie. L'essence, la nourriture et tout ce dont on peut avoir besoin pour survivre et prospérer au Canada coûtent de plus en plus cher.
Je sais bien que la ne comprend peut-être pas toutes les souffrances infligées ainsi aux familles de travailleurs. En somme, ce n'est que récemment qu'elle a proposé une solution à la crise du coût de la vie, c'est‑à‑dire que tout le monde adopte son mode de vie, et se déplace à vélo et par les transports en commun chaque fois qu'elle va quelque part. Eh bien, la plupart des gens ne vivent pas au centre-ville de Toronto. En fait, la plupart des familles canadiennes ont besoin d'une voiture pour se rendre au travail ou à l'école et mener un train de vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Il est très clair qu'une taxe qui punit ces activités très nécessaires ne peut être que régressive, et la vice-première ministre devrait répondre à nos questions à ce sujet.
Pourquoi un gouvernement qui se dit progressiste et qui se gargarise de beaux discours à la Chambre des communes au sujet des jeunes s'accrocherait‑il à une politique régressive qui, en fait, pénalise les familles de la classe ouvrière et de la classe moyenne? Pour mettre en perspective ce que le maintien de la taxe sur le carbone dans ce budget fait aux Canadiens, j'aimerais attirer l'attention sur le rapport de 2023 du directeur parlementaire du budget, qui précise que la taxe sur le carbone coûtera 592 $ à la famille moyenne de l'Ontario cet été seulement, de la fête de la Reine à la fête du Travail.
Encore une fois, je pense que de nombreux Canadiens craignent peut-être que la ne se rende pas compte de tout l'argent que cela représente pour la plupart des familles. Or, la réalité, c'est que cela signifie beaucoup. C'est une question qui mérite une discussion approfondie et une réunion complète pour permettre à la ministre des Finances de répondre aux questions du Comité des finances.
La bulle de l'élite libérale à Ottawa ne sait peut-être pas ce que signifie 592 $ au cours de l'été, peut-être parce que le vit d'un fonds de fiducie. Je ne sais pas. Pour lui, c'est peut-être de l'argent de poche qu'il trouve dans son canapé. Mais, pour la plupart des Canadiens, c'est beaucoup. Ce pourrait être la différence entre être capable de régler ses factures au cours d'un mois donné ou pendant tout l'été et peut-être s'endetter.
L'été dernier, la société de syndics en insolvabilité MNP Ltée a mené un sondage auprès des Canadiens. La plupart des Canadiens qui ont répondu à ce sondage — 52 % — ont dit qu'ils sont à 200 $ ou moins de ne pas être en mesure de payer leurs factures à la fin du mois en raison des taux d'intérêt plus élevés et de l'augmentation du coût de la vie. Ces statistiques viennent des Canadiens qui ont répondu au sondage de MNP, et non pas de milliardaires comme Warren Buffett ou d'amis du Parti libéral qui ont des doctorats que le Parti libéral aime citer comme preuve que leur taxe sur le carbone est bonne pour les Canadiens. Sans surprise, les Canadiens ont une perspective économique très différente de celle de Warren Buffett.
Si la plupart des Canadiens disent qu'ils sont à moins de 200 $ de ne pas être en mesure de payer leurs factures chaque mois, le coût de la taxe sur le carbone cet été — 592 $ — est vraiment énorme. Pour cette majorité de Canadiens, 592 $ pourraient aider à payer leurs factures pendant deux ou trois mois. La taxe sur le carbone enlève de l'argent aux Canadiens cet été et a des conséquences concrètes dont la devrait parler devant le Comité.
Pendant que je suis ici et que j'ai la chance de parler, j'aimerais en profiter pour attirer l'attention sur certaines questions locales. Ma circonscription, Durham, compte de nombreuses familles qui ressentent les pressions économiques que la a créées avec ses dépenses inflationnistes et sa taxe régressive sur le carbone. Selon le Service de santé de la région de Durham, 16,4 % des ménages de la région sont considérés comme en situation d'insécurité alimentaire. En bref, cela signifie que plus de 16 % des ménages de la région de Durham disent qu'ils craignent de finir par manquer de nourriture, de devoir faire des compromis sur le type ou la quantité de nourriture qu'ils consomment, ou devoir sauter des repas. C'est un problème très réel attribuable à l'inflation des prix des aliments et à l'augmentation du coût de la vie de base.
Je dois dire qu'il est vraiment honteux que le député libéral de Whitby, mon voisin de l'ouest, persiste à minimiser ce problème. Ryan Turnbull, député libéral de Whitby — je suis désolé; je dois m'arrêter, car je frémis — est le secrétaire parlementaire de la . Ces dernières semaines, je l'ai vu prendre la parole à la Chambre des communes pour brosser un faux tableau des très graves problèmes économiques qui touchent le Canada, la région de Durham et Whitby en particulier.
C'est pertinent parce que M. Turnbull a proposé une façon de mesurer le succès et le progrès de l'économie à laquelle la devrait probablement répondre. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.
Il y a deux semaines, le député libéral de Whitby, M. Turnbull — le secrétaire parlementaire de la vice-première ministre — a pris la parole à la Chambre et cité Warren Buffett pour expliquer que la taxe libérale sur le carbone fait des merveilles. Il a dit que Warren Buffett n'est pas mal à l'aise de mettre son argent au Canada, citant le milliardaire américain comme si c'était la preuve que les dépenses inflationnistes du gouvernement sont bonnes pour les Canadiens. M. Turnbull croit peut-être que la mesure d'une économie saine est le point de vue de Warren Buffett...
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Permettez-moi de préciser. Cela veut dire qu'ils se sont joints à notre comité à peu près en même temps. Depuis, nous n'avons rien vu d'autre que le blocage de leurs propres lois et d'autres mesures musclées que, bien sûr, en tant qu'opposition officielle au nom des Canadiens, nous ne tolérerons pas à notre comité.
J'aimerais revenir sur des points que ma collègue, Mme Dzerowicz, a soulevés parce que je pense que c'est très important, et que ce sont des enjeux importants auxquels les Canadiens et les entreprises canadiennes sont confrontés également.
Lorsque nous parlons des entreprises canadiennes, le gouvernement libéral-néo-démocrate présente un gros budget pour une séance de photos. Il prétend qu'il va redonner la taxe sur le carbone aux entreprises. Ces entreprises attendent cela depuis plus de cinq ans. Plus de cinq ans! Elles ont pris l'argent, et les émissions ont augmenté. Cela devait être la solution pour l'environnement, ce qui n'a pas été le cas. a dit que les entreprises s'en porteraient mieux, que l'environnement s'en porterait mieux et que les Canadiens s'en porteraient mieux, mais rien de tout cela n'est arrivé. Rien.
De fait, le ministère de l'Environnement de Chrystia Freeland a lui-même admis qu'il ne vérifie même pas les émissions dans le contexte de l'escroquerie de la taxe sur le carbone. C'est une escroquerie totale. Il n'y a aucun lien entre les deux, parce qu'on sait que c'est comme et que le jeu n'en vaut pas la chandelle. C'est pour cela. Voilà pourquoi il n'y a pas de vérification du résultat. Ils en arrachent de plus en plus aux Canadiens et, aujourd'hui, ils sont censés être les champions des petites entreprises qui ont souffert des hausses d'impôt, des pénuries de main-d'œuvre et de toutes sortes de malheurs qu'on a fait vivre aux propriétaires comme aux travailleurs de ces entreprises.
Parlons un peu de cela. Un gouvernement conservateur du gros bon sens ne prendrait pas l'argent au départ. Vous n'auriez pas besoin de ces faux remboursements si vous n'aviez pas pris l'argent au départ. a comparu bien des fois devant notre comité, tout comme le directeur parlementaire du budget, et a refusé de répondre à ce que le directeur parlementaire du budget a confirmé à maintes reprises: que la plupart des ménages sont plus mal en point si l'on tient compte des répercussions économiques et financières de la taxe sur le carbone. C'est exactement ce qu'a dit le directeur parlementaire du budget.
Puis, lorsque ne cesse de répéter, jour après jour, que cette taxe sur le carbone est censée améliorer la vie des Canadiens, c'est un mensonge. Le directeur parlementaire du budget l'a dit lui-même. Il a prouvé que cette taxe sur le carbone ne vaut pas la peine, et les émissions ont encore augmenté. En fait, la situation est si mauvaise que le Canada est passé de 58 à 62 pour l'indice des changements climatiques. Pouvez-vous le croire? Cependant, la taxe sur le carbone a augmenté. Pouvez-vous le croire? C'est fou. Je sais, monsieur le président. C'est fou que l'on puisse augmenter la taxe sur le carbone et voir chuter son indice des changements climatiques. Le croiriez-vous? Tel est le bilan de neuf années de ce gouvernement et de ses politiques désastreuses.
Qu'est‑ce que cela a fait? vous dirait que les Canadiens n'ont jamais été aussi choyés. Eh bien, cette arnaque de la taxe sur le carbone a poussé deux millions de Canadiens vers les banques alimentaires en un seul mois et les projections en annoncent cette année un million de plus. Il y a des familles qui prennent des décisions qu'elles n'ont jamais eu à prendre auparavant. Il y a des mères qui mettent deux fois plus de temps à l'épicerie pour faire leur commande, en se demandant si elles peuvent se permettre tel ou tel achat. Elles doivent sauter des repas. Pouvez-vous le croire? Les Canadiens doivent sauter des repas ici au Canada.
Ma famille est arrivée ici en tant qu'immigrante, comme bien d'autres. Beaucoup de gens qui ont grandi ici disent la même chose. Ce n'est pas le même Canada que nous avons connu, parce qu'après neuf ans de gouvernement, le Canada est brisé. Malgré ce que les libéraux pourraient essayer de vous vendre, c'est comme leur arnaque de taxe sur le carbone. C'est une escroquerie. De fait, 400 000 personnes ont quitté le pays l'an dernier, surtout à cause du coût de la vie. Cela ne nous arrivait jamais, et ce sont des choses que nous n'avions jamais entendues auparavant. Après neuf ans de ce gouvernement, c'est devenu la réalité des Canadiens.
Le Canada était autrefois un bon endroit où immigrer. On pouvait s'y payer une maison, et gérer une bonne entreprise. Les rues étaient sécuritaires. On pouvait envoyer ses enfants à l'école seuls, à pied, et en toute sécurité. Plus rien de tout cela n'est possible après neuf ans de ce gouvernement.
C'est le Canada dont se vante en disant, après neuf ans, que les Canadiens n'ont jamais si bien vécu. Il n'est pas nécessaire de chercher bien loin. Il suffit de se trouver dans certaines de nos grandes villes pour constater la criminalité, le chaos, la destruction et ce que les gouvernements à coûts élevés et à gros déficits réservent aux citoyens.
Pouvez-vous croire que nous vivons dans un pays où il y a des enseignants et des infirmières qui n'ont d'autre logement que leur voiture parce que, après neuf ans de ce gouvernement, appuyé par le NPD, ils n'ont pas les moyens de payer leur loyer, qui a doublé? Les mensualités hypothécaires ont doublé. En fait, les Canadiens ne peuvent pas renouveler leur hypothèque à cause des taux d'intérêt élevés. C'est cela, le Canada dans lequel nous vivons.
À propos des banques alimentaires, il y a un phénomène que nous n'avons jamais vu auparavant. Les familles à deux revenus, parfois avec deux membres qui gagnent bien leur vie, n'ont plus les moyens de se nourrir, de se chauffer ou de se loger. Ce n'était pas cela la promesse du Canada. Ce n'était pas cela le rêve canadien qui avait été promis à ces gens qui sont venus ici, qui ont tout laissé derrière pour l'avenir meilleur qu'on leur promettait. On leur avait promis qu'ils auraient les moyens de faire l'épicerie, de chauffer leur maison et de vivre dans une maison, tout cela en même temps. Cependant, après neuf ans de ce gouvernement, appuyé par le NPD tout au long du processus, c'est la réalité du Canada. Le rêve canadien est brisé. Le rêve canadien est devenu un cauchemar pour beaucoup des personnes à qui nous avons parlé.
Je pense que s'ils commençaient à parler à leurs électeurs, les libéraux et les néo-démocrates comprendraient les souffrances que cela cause. M. Jivani a décrit clairement ce qui se passait dans la circonscription de M. Turnbull. Ce n'était pas une réalité jadis. C'est maintenant le cas, mais il est plus important pour le gouvernement libéral-néo-démocrate de se montrer vertueux et réveillé que d'aider les Canadiens.
Ce budget, ces 40 milliards de dollars de nouvelles dépenses inflationnistes nettes, ne font rien pour aider les Canadiens. En fait, tout le monde a connu des taux d'intérêt élevés. Le gouverneur de la Banque du Canada est venu témoigner en de nombreuses occasions et a parlé de taux plus élevés pendant plus longtemps, et c'est la douleur que les Canadiens doivent endurer. Lorsqu'on lui pose la question, il répond que la politique budgétaire du gouvernement et sa politique monétaire vont dans des directions opposées. C'est un facteur qui explique pourquoi les taux d'intérêt ne peuvent pas baisser.
C'est pourquoi les renouvellements hypothécaires se font parfois au taux double ou triple du taux précédent. C'est pourquoi les Canadiens vivent maintenant dans leur voiture, sous les ponts et sous la tente. Il y a des villages de tentes comme nous n'en avons jamais vu dans tout le pays.
Cela ne fait que neuf ans que le Canada est ainsi brisé sous le régime du actuel, avec l'aide du NPD, qui, soit dit en passant, garde le premier ministre en poste par cupidité pour engraisser la pension de son chef. Voilà ce dont il s'agit.
Ce budget n'est pas différent. Il va garder le en poste plus longtemps, ce qui va faire plus mal aux Canadiens. Les Canadiens ne voient aucun espoir en ce moment. Un an et demi, ce n'est pas demain la veille pour une élection. C'est pourquoi notre a demandé que la taxe sur le carbone soit l'enjeu électoral. Si le gouvernement libéral-néo-démocrate est si sûr de son stratagème de taxe sur le carbone, pourquoi ne pas le mettre sur pause?
Soit dit en passant, avant que le gouvernement libéral-néo-démocrate n'augmente la taxe de 23 % le 1er avril, 70 % des Canadiens, dont sept premiers ministres sur dix, ont dit d'oublier la hausse et de ne pas augmenter la taxe sur le carbone. Cependant, les députés du gouvernement ont fait ce qu'ils font toujours. Ils veulent infliger le plus de souffrances possible aux Canadiens pour propulser le prix de l'épicerie, de l'essence et du chauffage. Ils ont refusé d'écouter les Canadiens, et ils l'ont augmenté en sachant qu'un million de Canadiens viendraient gonfler les rangs des deux millions de personnes qui ont visité une banque alimentaire en un seul mois.
Lorsqu'ils parlent d'équité, les Canadiens voient clairement que ce n'est pas de cela qu'ils parlent. Le gouvernement peut bien trouver équitable de fouiller dans les poches des Canadiens, mais pour les Canadiens ordinaires, il n'y a aucune équité là‑dedans.
Ma collègue, Mme Dzerowicz, a également parlé du recyclage des produits de la criminalité. Je suis consterné qu'elle ait même soulevé cette question après que les conservateurs, avec notre collègue du Bloc, eurent forcé la tenue d'une réunion vendredi dernier sur le recyclage des produits de la criminalité.
Encore une fois, les libéraux, avec le néo-démocrate Don Davies, ont choisi de bloquer cette motion très importante de mon bon ami et excellent collègue Adam Chambers. Nous aurions pu étudier cet enjeu du recyclage des produits de la criminalité. C'est énorme. En fait, c'est si gros et si important que , a écrit au Comité — à vous, monsieur le président — le 6 octobre 2023.
Je vous lis ce qu'elle a écrit: « Monsieur, je vous écris pour solliciter votre aide dans le cadre du quatrième examen parlementaire quinquennal de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, la LRPCFAT. » Cette lettre ajoute que le dernier examen de la LRPCFAT remonte à novembre 2018.
Cet examen a lieu tous les cinq ans. Le délai est donc déjà dépassé. Mme Freeland a littéralement... Elle l'a peut-être fait par pure formalité, mais nous prenons la chose au sérieux en raison du fait que trois banques différentes auraient, selon certaines allégations, participé au recyclage des produits de la criminalité. La plus récente était la Banque TD. C'est la raison pour laquelle nous voulions convoquer cette réunion, qui a été bloquée, encore une fois, par M. Davies, M. Turnbull et son équipe de libéraux.
On a pu lire dans la presse que « la Banque TD pourrait faire face à des sanctions plus sévères après des allégations de recyclage des produits de la criminalité liées à la drogue, affirme l'analyste. La Banque pourrait faire face au pire des scénarios après qu'un rapport eût fait le lien entre la TD et les profits illicites liés au fentanyl. »
Sous un autre titre: « Enquête de la TD liée au recyclage des produits de la criminalité lié à la drogue », le Wall Street Journal rapporte que des documents et des sources judiciaires révèlent que des enquêteurs ont trouvé des preuves d'une opération de blanchiment d'argent de la drogue. » Et un autre: « La Banque TD se voit imposer une pénalité de 9,2 millions de dollars pour ma déclaration de transactions suspectes. L'agence canadienne de renseignements financiers impose une amende à la TD, au moment où la Banque fait face à d'autres contrôles de conformité aux États-Unis. »
Ma question est la suivante: que cachent les libéraux et M. Davies? Pourquoi ont-ils bloqué l'adoption d'une motion conservatrice de gros bon sens? En fait, c'est une très bonne motion.
Je vais la lire. Elle est de mon ami, M. Chambers, et date du mardi 19 mars. On peut y lire:
[...] conformément à l'article 108(2) du Règlement et en ce qui concerne l'article 72 de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, le Comité entreprenne une étude pour examiner la Loi et la situation actuelle concernant le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes au Canada. Que, dans le cadre de cette étude, le Comité convoque la vice-première ministre et ministre des Finances pour au moins deux heures, le ministre de la Justice et procureur général du Canada pour au moins deux heures, le ministre de la Sécurité publique pour au moins deux heures, la ministre du Revenu national pour au moins deux heures, des fonctionnaires des ministères de la Justice et de la Sécurité publique, la Gendarmerie royale du Canada, le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, l'Agence des services frontaliers du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, l'Ombudsman des services bancaires et d'investissement, le Cullen Commission Lead Counsel, la Banque Royale du Canada, la Banque TD, la Banque de Montréal, la Banque Scotia, la CIBC, la Banque Nationale, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et d'autres témoins soumis par les membres du Comité. Que le Comité prenne pas moins de dix réunions pour cette étude et qu'il fasse rapport de ses conclusions à la Chambre.
Je ne comprends pas pourquoi, même si la le demande...
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Écoutez, je ne serais pas surpris de constater que, en plus d'appuyer invariablement les libéraux, le NPD veille à ce qu'on ne parle pas de ces sujets importants. Ça en dit long sur le bilan désastreux du gouvernement actuel, qui est au pouvoir depuis neuf ans.
À ce sujet, Mme Dzerowicz a parlé du blanchiment d'argent, parce que c'était censé figurer dans le budget, alors je ne sais pas pourquoi M. Angus trouve que Mme Dzerowicz peut en parler, mais comme je suis conservateur, moi je ne le peux pas. C'est tout à fait pertinent, alors je vais revenir sur le fait que Chrystia Freeland, qui fait partie intégrante du sous-amendement, a parlé du blanchiment d'argent, et que les libéraux et le NPD continuent de nous empêcher d'étudier la question. C'est préoccupant.
Comme je l'ai dit, les conservateurs qui ont du bon sens ont présenté des projets de loi d'initiative parlementaire qui portent sur le blanchiment d'argent. En fait, notre collègue et leader adjoint, Tim Uppal, a présenté un projet de loi sur l'extorsion, qui est également liée au blanchiment d'argent. Nous savons que c'est ce qui se passe. Nous savons que le blanchiment est en lien avec la vente de drogues illicites, tout comme avec les vols d'automobiles. C'est pourquoi c'est important. Nous ne croyons pas du tout que le gouvernement libéral-néo-démocrate va régler ce problème avec le soi-disant budget dont il se vante, alors que ce budget est tout juste bon pour une très dispendieuse séance photo. Il ne fera rien pour aider les Canadiens ordinaires. C'est de cela que nous parlons ici.
Veuillez nous excuser si nous ne croyons pas qu'après neuf ans de gouvernement, il y aura des changements, car avec ce budget, ils restent toujours sur la même voie imprudente, celle‑là même qui a fait doubler les loyers et les hypothèques en raison de dépenses incontrôlées, avec 400 milliards de dollars d'argent non garanti et reporté — une dette qu'ils ont accumulée. C'est aussi la raison pour laquelle les Canadiens sont responsables de la dette du gouvernement libéral-néo-démocrate, avec 54 milliards de dollars seulement en frais d'intérêt. Pouvez-vous le croire? Cette année, plus d'argent sera destiné aux banquiers, aux détenteurs d'obligations et aux amis de Bay Street de la , plutôt qu'aux médecins, aux infirmières et aux transferts en matière de santé, tout ça après neuf ans du gouvernement actuel.
Le NPD n'hésite pas à appuyer ce budget qui a échoué et qui coûte cher, parce qu'il tient à protéger la pension de son chef, . C'est de cela qu'il s'agit. C'est une honte. C'est une honte qu'ils appuient un budget aussi raté, un budget qui va ajouter 40 milliards de dollars de nouvelles dépenses nettes — des dépenses inflationnistes. C'est ce que nous avons vu année après année, et la situation ne fera que s'aggraver pour les Canadiens tant et si longtemps que ce gouvernement libéral-néo-démocrate demeurera au pouvoir.
Ce n'est pas seulement qui veut que nous parlions de blanchiment d'argent. En fait, en lien avec ce qui s'est passé récemment avec la Banque TD et les allégations — le même blanchiment que les conservateurs ont tenté de dénoncer dans un effort que les libéraux, avec l'appui du NPD, ont bloqué récemment —, c'est que Mark Carney, l'homme de la taxe sur le carbone, lorsqu'il était gouverneur de la Banque du Canada, a aussi parlé des banques. C'est pourquoi il est si important que nous donnions suite à ce que Chrystia Freeland a dit au sujet du blanchiment d'argent, qui est également censé figurer dans son budget si coûteux.
Il y a un article de la CBC, croyez‑le ou non, du 18 juillet 2012, qui dit plus ou moins ceci: « La nouvelle règle de Mark Carney pour les banques: s'abstenir de faire du mal ». On peut y lire que même le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a pris la parole mercredi, qualifiant la culture bancaire de « profondément troublante », et affirmant que les banquiers doivent « élever considérablement leur jeu à des niveaux de conduite qui sont attendus dans tout autre aspect de la vie. » Donc, M. Carney, l'homme de la taxe sur le carbone lui-même, a parlé du blanchiment d'argent et de la raison pour laquelle nous devons veiller à avoir de meilleures règles au Canada, surtout en ce qui concerne nos banques.
Selon le rapport Cullen, qui a été conclu en 2022, si la Colombie-Britannique veut mettre fin au blanchiment d'argent, elle doit créer sa propre agence de renseignement sur les crimes financiers, parce que le gouvernement Trudeau ne fait rien. Je dirais même plus que c'est le gouvernement Trudeau-NPD qui ne fait rien, parce que nous avons récemment vu ce gouvernement bloquer toute tentative de notre Comité d'étudier la lutte contre le blanchiment d'argent et les produits de la criminalité pour des choses comme l'extorsion et le vol d'automobiles, qui sont en hausse. Tout récemment, des experts ont dit que les efforts des libéraux n'étaient qu'une petite tape de rien du tout à l'égard du présumé blanchiment d'argent de la Banque TD. Tel est le bilan du gouvernement libéral-néo-démocrate. C'est pourquoi il nous tarde d'étudier la question.
La règle de Mark Carney pour les banques c'est de s'abstenir de faire du mal. C'est pourquoi nous voulons qu'il soit ici. Cependant, M. Turnbull a laissé tomber cette motion et a commencé cette incroyable obstruction systématique. C'est la première fois qu'un secrétaire parlementaire dépose une motion et fait de l'obstruction à l'égard de son propre projet de loi. Pouvez-vous imaginer combien de fois nous aurions pu entendre M. Carney pendant ce temps? Il aurait peut-être pu confirmer s'il pense, tout comme , que l'annulation de Disney+ signifie que tous les problèmes liés à l'inflation et au coût de la vie seront réglés, ou s'il croit, comme Chrystia Freeland, que tout le monde devrait faire du vélo pour régler les problèmes liés au coût de la vie, ou encore s'il pense que deux millions de personnes qui fréquentent une banque alimentaire en un seul mois, après neuf ans du gouvernement actuel, signifient que les Canadiens n'ont jamais vécu mieux que maintenant. Or, nous ne le pouvons pas, parce que M. Turnbull a commencé cette incroyable obstruction systématique. Comme je l'ai dit, c'est la première fois que je vois cela de la part d'un secrétaire parlementaire. C'est peut-être parce qu'il veut appuyer M. Carney, l'homme de la taxe sur le carbone, plutôt que la candidature de Chrystia Freeland à la direction du Parti libéral. Il a peut-être commencé toute cette histoire pour protéger M. Carney.
Ce que nous aurions pu faire avec tout ce temps, si cette obstruction n'avait pas été amorcée par M. Turnbull — avec l'appui de M. Davies du NPD —, c'est d'entendre M. Carney. Justement quand il a dit que les banques devraient s'abstenir de faire du mal... nous avons assisté à une explosion du blanchiment d'argent sans précédent. C'est peut-être la raison pour laquelle voulait que nous l'étudiions ici. J'ai des faits sur le blanchiment d'argent, et j'aurais pu demander à Mark Carney, s'il était ici, s'il était d'accord avec les experts, qui estiment que plus de 100 milliards de dollars pourraient être blanchis au Canada chaque année.
En 2019, le département d'État des États-Unis a décrit le Canada comme un « grand pays pour le blanchiment d'argent », aux côtés de l'Afghanistan, des îles Vierges britanniques, de la Chine, de Macao et de la Colombie. Pouvez-vous croire, après neuf ans de gouvernement, que c'est ainsi que nous sommes perçus? Telle est la réputation du Canada sous ce gouvernement libéral-néo-démocrate. C'est incroyable, mais je comprends pourquoi les libéraux et les néo-démocrates veulent bloquer toute motion visant à étudier cette question. C'est parce que cela permettrait de mettre fin à la corruption. Cette étude expliquerait pourquoi les Canadiens doivent vivre la pire crise du coût de la vie de l'histoire du Canada. Tel est le bilan du gouvernement libéral-néo-démocrate.
Je vais continuer avec des faits plus importants au sujet desquels j'aurais pu poser des questions à Mark Carney n'était‑ce de l'obstruction en cours. Global Financial Integrity a conclu que 626,3 millions de dollars américains avaient été blanchis entre 2015 et 2020, et un rapport de la GRC de 2019 estimait que 46,7 milliards de dollars avaient été blanchis au Canada en 2018 seulement. Il n'est pas étonnant que le rapport Cullen dise que la Colombie-Britannique devrait créer sa propre agence parce que le gouvernement Trudeau ne fait rien. C'est tout à fait exact. C'est parce que le NPD l'appuie et laisse faire tout cela.
Je peux parler d'extorsion. J'ai récemment visité une entreprise de transport très prospère qui a été victime d'extorsion. J'ai regardé des clips vidéo et entendu un clip audio. Dans le clip audio, quelqu'un appelle et exige une certaine somme d'argent sans quoi on fera pleuvoir la mitraille contre la maison. Puis, j'ai vu une vidéo montrant un VUS blanc se diriger vers la maison et quelqu'un qui tirait sur elle. Cette famille, comme beaucoup d'autres au pays, doit maintenant vivre séparément les uns des autres dans différents hôtels de la région du Grand Toronto en raison des politiques laxistes du gouvernement en matière de criminalité. Elles ont mené à beaucoup de blanchiment d'argent, que Chrystia Freeland nous a demandé d'étudier.
C'est ce que le gouvernement actuel a donné aux Canadiens pendant neuf ans. Cette famille d'immigrants est venue ici à la recherche d'une vie meilleure et a tout risqué pour un avenir plus sûr pour ses enfants. Ils ont travaillé jour et nuit et sont passés d'un boulot comme concierge à la direction de cette entreprise de transport prospère. Maintenant, ils ont peur parce que le succès est puni au Canada après neuf ans de gouvernement, avec le soutien du NPD.
Ces politiques laxistes en matière de criminalité ont des conséquences très réelles pour les familles comme celle dont je viens de parler. Ils vivent dans la peur tous les jours. C'était la première fois que je voyais des vitres pare-balles sur une voiture, et c'était la première fois qu'ils ont dû trouver un fournisseur qui ferait la même chose pour eux. Le gouvernement Trudeau, comme le dit si bien le rapport Cullen de la Colombie-Britannique, ne fait rien, et avec l'appui du NPD, il continue de bloquer toute étude à ce sujet. C'est la raison pour laquelle nous demandons sans cesse de donner suite à la demande de la et de nous y mettre sans plus tarder. Nous savons que l'extorsion et le vol de voitures sont à la hausse et que c'est lié au blanchiment d'argent.
Je vais vous présenter d'autres faits. En octobre 2020, on a reproché à Ottawa — Ottawa étant le gouvernement libéral-néo-démocrate actuel, pour ceux qui nous écoutent — de ne pas faire grand-chose pour contrôler le flux de fonds illicites. Peu après que le Bureau du surintendant des institutions financières, ou BSIF, ait annoncé le démantèlement de son service de lutte contre le blanchiment d'argent, un fonctionnaire retraité du bureau, Nicolas Choules-Burbidge, a déclaré que ce démantèlement se produisait en dépit du fait que les banques incarnent la partie la plus risquée du secteur financier. C'est selon lui un autre pas en arrière de la part du Canada, car le gouvernement — le gouvernement libéral-néo-démocrate — fait fi du démantèlement de notre régime de lutte contre le blanchiment d'argent. Les avocats canadiens ne sont pas du tout couverts et sont reconnus comme présentant le risque le plus élevé, a‑t‑il ajouté.
J'ai beau être au courant de tout cela, j'avoue que je ne vois pas pourquoi le gouvernement libéral-néo-démocrate s'entête à bloquer cette étude. , et même Mark Carney dans une certaine mesure, savent à quel point il est important d'étudier cette question, mais les députés continuent de faire équipe pour bloquer une motion des conservateurs qui est pleine de bon sens et qui est présentée par...
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Merci, monsieur le président.
Je soulève une question de privilège, et je vais commencer par lire les passages pertinents du chapitre 20 de La procédure et les usages de la Chambre des communes concernant le statut des députés et leur droit de s'exprimer au Comité. On peut y lire:
Les comités permanents et mixtes permanents comptent aussi des membres associés. Ceux‑ci peuvent être nommés membres de sous-comités et agir comme substituts des membres en titre qui ne peuvent assister à certaines réunions. Lorsqu'ils siègent à des sous-comités ou remplacent des membres en titre comme substituts, les membres associés ont tous les droits des membres en titre: leur présence compte pour le quorum et ils peuvent participer au débat, proposer des motions et voter et, le cas échéant, soumettre un avis de motion. Le recours aux membres associés pour former des sous-comités aide notamment à alléger la charge de travail des membres en titre des comités.
Le Règlement prévoit que tout député — qu'il appartienne à un parti politique ou qu'il soit un député indépendant — peut participer aux délibérations publiques d'un comité duquel il n'est pas membre, à moins que la Chambre ou le comité en question en ordonne autrement. Le Règlement exclut toutefois qu'un non-membre puisse voter, proposer des motions ou compter pour le quorum.
Les comités adoptent la plupart du temps une motion de régie interne qui régit le processus et le temps alloué aux membres des comités lors de l'interrogation des témoins.
Le texte ne s'arrête pas là, mais ce qu'il faut retenir, c'est que le Règlement et l'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes établissent très clairement que les membres associés des comités dûment élus par leurs électeurs ont le droit de participer aux travaux et à tous les aspects de ces comités à quelques exceptions près, à savoir qu'ils ne peuvent pas voter, proposer des motions ou être comptés aux fins du quorum.
Je ne cherchais pas à voter, à proposer une motion ni à être compté aux fins du quorum, mais simplement à invoquer le Règlement. Ce qui s'est ensuivi, c'est un refus de mon droit de parole et une kyrielle de calomnies scandaleuses de la part d'autres députés qui contestaient mon approche et mes motivations.
Et pourtant, je continue à affirmer l'importance vitale du respect des règles du Comité. Sauf votre respect, le président n'a pas inventé les règles. Il est responsable de l'application des règles énoncées dans La procédure et les usages de la Chambre des communes et dans le Règlement. Le Règlement prévoit que j'ai le droit de faire des rappels au Règlement et que j'ai le droit de parler. Je cherchais à invoquer le Règlement, et ce n'est que lorsqu'on m'a empêché d'exercer mes droits comme membre du Comité que le chevauchement des voix a commencé.
Je tiens à souligner que la question des discussions simultanées et des répercussions sur la santé des interprètes a été examinée en profondeur au comité des ressources naturelles. Le président libéral, George Chahal, a d'abord prétendu que la santé et la sécurité des interprètes étaient menacées par ces discussions simultanées. Par la suite, il a dû se rétracter et admettre qu'il avait eu tort.
Bien sûr, les interprètes ont la tâche d'autant plus dure quand tout le monde parle à la fois. C'est vrai, mais leurs problèmes de santé et de sécurité ne sont pas causés par ça, mais par tout autre chose — par exemple, les chocs acoustiques que le système produit en boucle —, et c'est bien connu. Je dirais aux gens comme M. Angus d'y réfléchir à deux fois avant d'inventer des histoires et de dire que quelque chose est un problème pour la santé et la sécurité, alors qu'il n'en est rien.
La principale question que je soulève relativement à la question de privilège, c'est que j'ai le droit de prendre la parole au Comité. C'est clairement établi dans le Règlement. Vous m'avez refusé ce droit il y a quelques instants.
Cela touche très clairement mes privilèges. Le privilège le plus fondamental dont jouissent les députés, c'est la capacité de s'exprimer devant les comités, et le refus de ce privilège constitue une question de privilège. Dans ce contexte, je suis prêt à présenter une motion demandant que le président soit chargé de préparer un rapport exposant les faits importants de cette atteinte au privilège et de le présenter au Comité.
Je vais maintenant parler de cette question.
Bref, lorsqu'un député se voit refuser le droit de parole, c'est extrêmement grave. Nous sommes tous élus, que nous soyons membres réguliers d'un comité ou non, et peu importe comment nous franchissons la porte de la salle, nous avons le droit de parler et d'être entendus au nom de nos électeurs. Les règles et les protocoles établis concernant les privilèges des députés et leur capacité de s'exprimer ne sauraient être niés par un président ou un comité donné sans l'adoption d'une motion clairement rédigée à cet effet, et ce en raison des principes qui illustrent ces questions depuis toujours.
Je sais que certains de mes collègues voudront peut-être intervenir sur cette question de privilège, mais je dirais que les décisions du Président, il y a très longtemps, ont établi des règles concernant le droit de parole. Pour qu'un comité fonctionne de façon productive, efficace et respectueuse, il faut que les règles soient respectées. Je pense qu'un président ne peut pas et ne devrait pas exiger le respect de sa volonté, sauf s'il est disposé à respecter ces règles lui-même. Cette motion de privilège qui demande la préparation d'un rapport à la Chambre permettra au Comité de rétablir le droit de parole de tous les députés. Tous les députés sont dûment élus, qu'il s'agisse de membres réguliers ou de substituts.
Ce qu'il faut retenir, c'est que le droit de s'exprimer comme député à la Chambre ou en comité ne vient pas de la direction de son parti. Bien sûr, nous comprenons qu'il existe des systèmes pour l'établissement de listes qui vont au Président ou pour déterminer la composition de nos comités. Les différentes listes qui établissent les membres d'un comité sont soumises par les whips des partis, mais cela ne devrait pas avoir pour effet d'empêcher les députés d'exercer leurs privilèges. Bien que les whips des partis déterminent qui sont les membres réguliers des comités, des personnes qui n'en sont pas des membres réguliers peuvent avoir un intérêt pour le sujet du comité et avoir néanmoins besoin que leur droit de parole soit protégé dans le cadre des délibérations du comité en question.
En fait, la Chambre a pris des mesures supplémentaires dans certains cas, à l'étape de l'étude article par article d'un projet de loi, pour permettre à des députés qui ne sont pas des députés réguliers ou des députés de partis reconnus de proposer des amendements. Les gens peuvent quitter le caucus de leur parti pour diverses raisons, ou ils peuvent être élus comme indépendants. Leur droit de s'exprimer en comité ou à la Chambre doit toujours être protégé. Si nous devions nous éloigner du principe selon lequel le droit de participation aux comités découle du statut de député d'une personne et que nous commencions à considérer qu'il découle de son statut de personne choisie par la direction du parti, les députés seraient réduits à être de simples créatures de leur parti et de leur leadership par opposition à des représentants de leurs électeurs.
Nous venons ici non pas principalement à titre de représentants de partis ou de membres de partis, mais à titre de personnes qui ont été choisies par nos électeurs comme porte-parole de leurs préoccupations. Bien que je sois un membre régulier du comité des opérations gouvernementales, mes électeurs peuvent avoir et ont souvent des inquiétudes portant sur des sujets abordés par d'autres comités. Ainsi, il s'agit non seulement d'exercer mes droits en qualité de député, mais de vouloir représenter mes électeurs et exprimer leurs inquiétudes, leurs idées et leurs priorités en participant aux conversations qui ont lieu dans divers autres comités.
Le principe établi dans le Règlement n'est pas seulement que les députés peuvent participer aux débats et aux travaux qui ont lieu dans d'autres comités. Il est également important qu'ils aient le droit protégé de participer aux délibérations des autres comités. Autrement, ce serait contraire au principe fondamental de la représentation, qui est de savoir à qui nous sommes censés rendre service ici. C'est au cœur du principe du privilège.
Qu'est‑ce que le privilège? Quel est le privilège des députés qu'il faut protéger? Il ne s'agit pas de l'affirmation du droit d'un député de vouloir oui ou non faire quelque chose, mais de l'obligation des députés d'agir au nom de leurs électeurs et, par conséquent, de pouvoir s'acquitter de leurs fonctions comme leurs représentants.
Il s'agit, à mon avis, d'une question claire, monsieur le président, et j'espère que si cette question de privilège est adoptée rapidement, nous pourrons revenir sans plus tarder au sujet principal qui nous occupe.
Je vais m'arrêter ici. Je pense que M. Lawrence a peut-être quelque chose à dire sur la question de privilège également.
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Merci, monsieur le président.
C'est vraiment formidable de revenir enfin à ce que je disais. Je parlais tout à l'heure des efforts de bonne foi que nous avons déployés pour nous entendre avec les conservateurs sur un programme qui nous permettrait de traverser les mois de mai et de juin de façon ordonnée et d'accomplir tout ce que nous avions à l'ordre du jour, dont certaines des études dont le Comité a été saisi, mais qui ne sont pas terminées. Cela comprenait évidemment notre priorité numéro un, c'est‑à‑dire le .
Les conservateurs ont refusé de nous appuyer. C'est bien. C'est leur prérogative d'agir ainsi, mais qu'ils viennent au Comité laisser entendre que j'ai en quelque sorte déposé une motion sans préavis... La motion que j'ai présentée correspond exactement à ce dont nous avions discuté lors de notre réunion précédente, alors ce n'était pas une grande surprise. Tout le monde connaissait nos priorités. Je pense que les conservateurs ont eu tôt fait de comprendre qu'ils étaient minoritaires dans ce comité. C'est pourquoi nous nous retrouvons en pleine obstruction aujourd'hui.
Les conservateurs ont proposé un amendement, puis un sous-amendement. C'est du sous-amendement que nous débattons actuellement. C'est exactement là‑dessus que les conservateurs cherchent à échapper à un vote. En fait, ce à quoi nous assistons ici depuis cinq heures et demie — je suppose que nous en sommes maintenant à six heures et demie rien que pour aujourd'hui —, c'est de l'obstruction systématique de la part des conservateurs. Je le signale pour quiconque est toujours attentif et a encore la patience de prêter l'oreille aux délibérations du Comité. J'espère qu'ils sont attentifs.
En réalité, les conservateurs savent que le vote ne sera pas en faveur du sous-amendement. Par conséquent, ils tiennent le Comité en otage en continuant de parler ad infinitum. Plus tôt, c'était M. Chambers qui nous lisait pendant plus d'une heure la transcription des propos de Mark Carney sur le balado The Herle Burly. Nous l'avons laissé faire et cela figure maintenant au compte rendu, ce qui n'est certainement pas l'obstruction la plus créative dont j'aie été témoin. Quoi qu'il en soit, j'imagine que certains conservateurs manquent d'imagination. Cela me convient.
En réalité, tout ce que nous voulons, c'est nous attaquer à l'étude du . Pourquoi? À mon avis, c'est ce que les 142 000 membres de ma collectivité veulent que je fasse. Ce projet de loi prévoit d'importantes mesures d'aide aux Canadiens.
Les conservateurs citent... Un de leurs députés est venu faire un tour, il m'a insulté et il a quitté la salle. C'était M. Jivani. Je l'invite à revenir et à poursuivre la conversation.
Ce qui est intéressant, c'est qu'il a parlé des banques alimentaires et des files d'attente. Tous les jours, à la Chambre des communes, nous entendons les conservateurs chanter ce refrain, comme s'ils se souciaient vraiment des gens coincés dans ces files d'attente. Nous mettons en place un programme national d'alimentation dans les écoles, qui permettra de nourrir 400 000 enfants partout au Canada au cours des cinq prochaines années. C'est un investissement d'un milliard de dollars.
Comment les conservateurs osent-ils faire de l'obstruction et bloquer des travaux importants sur le et venir me dire qu'ils se soucient vraiment des gens qui font la queue devant les banques alimentaires? Ils bloquent des mesures d'aide réelle aux Canadiens, comme les soins dentaires, les places supplémentaires en garderie, l'assurance-médicaments, le programme national d'alimentation scolaire et la Prestation canadienne pour les personnes handicapées. Ce sont des mesures d'aide essentielles aux familles dont ils disent pourtant se soucier.
Je trouve que c'est un peu fort. Il m'est difficile de les croire sur parole lorsque je les entends pérorer ici comme s'ils se souciaient vraiment des familles canadiennes. Je n'y crois pas. C'est de la poudre aux yeux. Je ne sais pas comment je pourrais y voir un engagement authentique et sincère envers leurs électeurs.
Je sais que mes électeurs tiennent à un programme national d'alimentation scolaire. Ils tiennent aux crédits d'impôt liés aux technologies propres et à l'hydrogène propre. Ils tiennent à la Remise canadienne sur le carbone pour les petites entreprises. Ils tiennent à un meilleur régime d'accession à la propriété et à voir prolonger de deux ans l'interdiction de l'investissement étranger dans le logement au Canada. Ils tiennent à la Loi canadienne sur l'épargne-études et à l'inscription automatique que nous proposons dans le projet de loi d'exécution du budget, ainsi qu'à bien d'autres choses qui y figurent.
Ce qui est intéressant, cependant, pour revenir à la semaine dernière, qui était notre semaine de relâche... Je crois comprendre que les conservateurs voulaient invoquer l'article 106(4) du Règlement pour convoquer une réunion d'urgence. Ce qui est intéressant, c'est que j'avais fait savoir aux conservateurs, la semaine précédente, que j'étais plus qu'ouvert, comme d'ailleurs tous les membres libéraux du Comité, à l'idée d'étudier la lutte contre le blanchiment d'argent.
Ils ont utilisé les précieuses ressources du Comité, puis ils sont venus et se sont énervés parce qu'ils ont fait un faux pas. Leur motion invoquant l'article 106(4) arrivait dans une semaine où nous avions déjà suspendu une réunion. Ils ont donc dû continuer à faire de l'obstruction autour du sous-amendement de M. Morantz. Ils n'ont pas aimé cela, évidemment. Encore une fois, ils ont essayé de renverser la vapeur, de réécrire le scénario et de rejeter le blâme sur les libéraux.
En réalité, le projet de loi d'exécution du budget contient de nombreuses mesures importantes visant à renforcer la lutte contre le blanchiment d'argent. Plusieurs de mes collègues ont déjà cité des passages qui portent précisément là‑dessus. Je n'entrerai pas dans les détails. Cependant, faut‑il le souligner, les conservateurs disent qu'ils veulent étudier la lutte contre le blanchiment d'argent, mais ils bloquent l'étude du projet de loi qui comprend pourtant de très importantes mesures à cet égard.
Nous avons aussi fait savoir que nous serions heureux d'étudier la question après avoir terminé le travail sur le projet de loi d'exécution du budget. Ce n'est pas encore assez bon pour eux. Non seulement ils bloquent un travail essentiel de lutte anti-blanchiment en entravant l'étude du projet de loi, mais ils ne sont pas prêts à concéder que nous sommes raisonnables et de bonne foi en disant que nous voulons bien tenir des réunions sur la lutte contre le blanchiment d'argent si les conservateurs veulent continuer à travailler sur ce sujet. Nous ne demandons pas mieux. Pourquoi? Parce que notre bilan parle de lui-même: chaque année, à chaque énoncé économique d'automne et à chaque projet de loi budgétaire, nous avons ajouté des mesures de lutte contre le blanchiment d'argent. Notre gouvernement est convaincu que nous progressons et que nous prenons ces questions au sérieux. Il y a des choses que nous pouvons continuer à étudier, des solutions et des mesures que nous pouvons offrir pour poursuivre la lutte contre le blanchiment d'argent, qui est un grave problème.
Je trouve un peu fort que les conservateurs osent prétendre que nous ne sommes pas... Ils prétendent essentiellement que nous bloquons notre propre loi d'exécution du budget, alors qu'en réalité, ce sont eux qui font de l'obstruction autour de leur propre sous-amendement. Voilà ce que je trouve difficile à accepter.
Je ne fais que signaler en toute franchise ce qui se passe au Comité. À mon avis, cela gruge un temps précieux et des ressources qui pourraient être consacrés à l'audition de témoins clés au sujet du projet de loi.
J'ai entendu un député conservateur dire plus tôt — je crois que c'était M. Hallan — qu'il avait des critiques à faire et des questions à poser à la . Elle a déjà comparu devant le Comité et elle a répondu pendant une heure à nos questions sur le projet de loi. Ce que les conservateurs disent aujourd'hui au Comité, cela ne colle pas avec la vérité, à savoir que la vice-première ministre et ministre des Finances a déjà répondu à des questions substantielles venues des partis de l'opposition. Je pense que c'est important. En tout cas, nous trouvions certainement important qu'elle vienne répondre à ces questions.
L'autre chose que je veux dire, c'est que lorsque vous voyez des membres lire la transcription d'un balado pour qu'elle figure au compte rendu, que cela ait rapport ou non avec le sous-amendement, cela montre simplement qu'ils ont l'intention de gaspiller du temps et qu'ils ne sont pas vraiment intéressés à étudier l'abordabilité. Ils ne sont pas vraiment intéressés à régler les problèmes qu'ils disent vouloir régler, puisque le projet de loi traite justement des questions d'abordabilité et de lutte contre le blanchiment d'argent.
Nous avons dit que s'ils voulaient inviter Mark Carney comme témoin, qu'ils le fassent. Je comprends que leur intérêt est purement partisan.
Je pense que M. Davies, lorsqu'il était ici, a très bien résumé la situation en montrant que les conservateurs disent depuis le début qu'ils veulent faire comparaître M. Carney uniquement pour servir les fins de leur parti. Ils veulent spéculer sur ses intentions, et je ne vois tout simplement pas... D'accord, invitez‑le, mais le fait de l'inclure dans une motion obéit clairement à un autre motif qui, à mon avis, constitue un abus de pouvoir parlementaire et nous ne devrions pas le faire à moins d'une bonne raison. On a déjà vu les conservateurs utiliser une assignation à comparaître pour amener des particuliers devant un comité. Je pense que nous ne devrions faire cela que dans des circonstances très limitées.
De mon point de vue — ce serait vraiment formidable —, si les conservateurs veulent vraiment s'atteler à la lutte anti-blanchiment ou à toute autre question qu'ils ont mentionnée, alors pourquoi nous empêchent-ils aujourd'hui de mettre aux voix le sous-amendement qu'ils ont proposé? Est‑ce parce qu'ils savent qu'ils vont perdre ce vote, ou est‑ce simplement qu'ils ne tiennent pas vraiment à entreprendre l'étude du projet de loi d'exécution du budget?
Il est assez clair pour moi qu'ils ne veulent pas du tout étudier le projet de loi, parce que s'ils le voulaient, nous pourrions utiliser le temps précieux et les ressources dont nous disposons cette semaine pour entendre des témoins, ce qui serait, je pense, utile.
J'ai 300 témoins qui, je parie, seraient prêts à comparaître devant nous pour parler du programme national d'alimentation scolaire et de son importance à la grandeur du Canada, et beaucoup d'autres pour parler de nombreuses autres mesures prévues dans le projet de loi. Je pense qu'il serait dans l'intérêt de nos électeurs que nous fassions le travail dont le Comité est chargé, c'est‑à‑dire étudier le budget dont il est saisi.
Je dirais qu'il faut passer au vote. Je n'ai pas grand espoir que les conservateurs le permettront, vu l'obstruction qu'ils pratiquent ici et dans de nombreux autres comités. Je sais que cela ne se limite pas à notre comité. Nous l'avons vu avec la . Nous l'avons vu lors des mises à jour des accords de l'Atlantique. Nous l'avons vu dans bien d'autres circonstances.
Depuis que je suis ici, depuis 2019, j'ai vu maintes fois les conservateurs se livrer à l'obstruction systématique. Ils ne veulent pas s'atteler aux travaux du Comité, même si, de bonne foi, nous avons dit: oui, étudions la lutte anti-blanchiment dès que nous en aurons fini avec le projet de loi d'exécution du budget. Ce n'est pas encore assez bon pour eux. Ils veulent faire à leur tête, ils ne veulent pas faire le travail qui est, je dirais, la priorité absolue d'un comité des finances, c'est‑à‑dire étudier le projet de loi destiné à mettre en œuvre le budget du pays.
D'accord, je m'arrête ici, monsieur le président. Merci beaucoup.
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Cela soulève toutes sortes d'autres questions pour moi, et je ne sais pas si nous pouvons les aborder dans le cadre de cette conversation, mais d'après ce que le greffier vient de dire, je pense qu'il y avait un précédent en vertu duquel l'article 106(4) aurait pu être invoqué pour qu'une séance portant un numéro antérieur soit tenue en remplacement d'une réunion subséquente annulée. C'est au vu de ce précédent que le premier avis de convocation a été émis. J'ai, quelque part dans ma boîte de réception, un avis de convocation pour la réunion numéro 143. Parce que nous avons signé une lettre en vertu de l'article 106(4) qui respectait les dispositions de cet article du Règlement — étant donné qu'il y avait suffisamment de députés de plus d'un parti politique qui s'étaient inscrits —, cet avis de convocation a été retiré. Je n'ai jamais vu cela depuis que je suis ici: un avis de convocation retiré et remplacé par un autre. D'après ce que le greffier a expliqué, c'est parce que les fonctionnaires qui forment ce qu'il appelle la Direction des comités ont décidé qu'ils préféraient que ce soit le Comité qui prenne ce genre de décisions, ce qui est tout à fait normal.
C'est exactement ce que je veux dire. Nous venons d'apprendre que la Banque TD, aux États-Unis, a un énorme problème de blanchiment d'argent. Sept mois se sont écoulés depuis que la , dont M. Turnbull est le secrétaire parlementaire, nous a demandé de revoir cette législation, et nous avons eu l'article 106(4).
Malgré tout cela, monsieur le président, quand j'ai proposé que nous fassions exactement ce que le greffier pensait que le Comité pourrait envisager de faire — j'ai proposé cela au cours de cette réunion, et vous le verrez, quand vous écouterez l'enregistrement — c'est‑à‑dire de passer à l'examen de l'article 106(4), tous les libéraux et M. Davis ont voté contre. Je trouve stupéfiant qu'ils puissent dire, d'une part, qu'ils se préoccupent du blanchiment d'argent et, d'autre part, que nous devons examiner la LEB, dont ce comité n'est même pas actuellement saisi, puisqu'elle est en fait à la Chambre, et que les libéraux en profitent pour ne pas tenir de réunion sur le thème du blanchiment d'argent.
Cela dit, pour la gouverne des personnes qui nous regardent, voici ce que disent les paragraphes suivants:
iii. que tout amendement au projet de loi soit soumis au plus tard à 17 heures HE le jeudi30 mai 2024;
iv. que le Comité procède à l'étude article par article du projet de loi au plus tard à 12 heures HE le 3 juin 2024 et que la présidence soit chargée d'organiser une réunion prolongée et de demander des ressources supplémentaires de la Chambre, à cet égard; si le Comité n'a pas terminé l'étude article par article du projet de loi, au plus tard à 11 heures HE le 28 mai 2024, que tous les amendements restants soumis au Comité soient réputés proposés et la présidence mette aux voix immédiatement et successivement, sans plus ample débat, tous les articles et les amendements soumis restants, de même que toute question nécessaire
Et ainsi de suite.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de lire les dernières dispositions, mais je veux m'en tenir au sous-amendement, monsieur le président. Je veux parler de la partie du sous-amendement qui demande que nous entendions Mark Carney. Je ne veux pas que les libéraux et les néo-démocrates viennent nous dire qu'il ne devrait pas comparaître, qu'il est un simple citoyen et que nous ne devrions pas le citer à comparaître ou qu'une citation à comparaître ne peut être émise dans ce cas. Il est simplement dit que nous consacrerons une réunion à l'entendre pendant trois heures, et dire que nous essayons de citer M. Carney à comparaître s'apparente à de la désinformation.
Il est certes un simple citoyen, mais le simple citoyen le plus public du pays. En fait, je pense qu'il se fait bien voir. Je vois qu'il va collecter des fonds avec Bonnie Crombie lors d'une activité de financement du Parti libéral provincial le 11 juin 2024, sur la rue King, à Toronto. Je ne serais pas surpris qu'il ait organisé une collecte de fonds pour le parti fédéral; il se fait voir. Non seulement il fait cela, mais il a également comparu devant le comité sénatorial des banques, alors ce n'est pas comme s'il évitait le Parlement. Il est venu au Parlement.
En fait, cette réunion a donné lieu à des questions et des réponses très intéressantes. Il ne s'agit pas tout à fait d'un balado, mais il existe une transcription du comité sénatorial des banques. J'ai pensé vous en lire la transcription, étant donné que, M. Carney n'étant pas présent, ce comité peut au moins se faire une idée en se fondant sur les propos qu'il a tenus au comité sénatorial des banques.
Je vais commencer par le sénateur Housakos qui a demandé à M. Carney s'il soutenait la taxe carbone de Justin Trudeau, une taxe carbone qui, selon sept premiers ministres sur dix ainsi que la grande majorité des Canadiens, accable la classe ouvrière d'un bout à l'autre du pays.
M. Carney a déclaré avoir déjà indiqué dans ses remarques liminaires qu'un secteur financier qui divulgue les informations voulues, qui a des plans de transition et qui bénéficie, au même titre que l'économie, d'un marché de crédits carbone, a comme avantage de favoriser l'ajustement. Il permet de financer des solutions, ce qui est l'essentiel, ainsi que de gérer les risques et d'aider les travailleurs à accéder à de meilleurs emplois.
Selon M. Carney, les résultats sont optimisés quand on peut s'appuyer sur une politique climatique crédible et prévisible. Même si cette politique peut s'inscrire dans un avenir lointain, si elle est crédible, l'ajustement peut commencer dès maintenant, ce qui nous permet de bâtir une économie meilleure.
Pour lui, la politique climatique comporte bien des aspects différents, comme la réglementation, les subventions, les crédits d'impôt, la tarification du carbone et les crédits d'émission de carbone, mais il estime essentiel, tandis que nous érigeons ce système financier qui permet de trouver des solutions pour les Canadiens, que tout ce qui doit être changé soit remplacé par quelque chose d'au moins aussi bon.
Ainsi, toujours selon M. Carney, pour tout changement devant être apporté, il convient de mettre en place une option encore plus efficace qui conservera cette crédibilité et cette prévisibilité ayant le pouvoir de stimuler l'investissement. Nous sommes actuellement dans une situation où il faut trouver 2 billions de dollars d'investissements pour alimenter le cœur de notre économie.
Je n'ai pas entendu de réponse à la question de M. Housakos. C'est une bonne chose que le sénateur Housakos ait repris les choses en main pour lui dire: « Monsieur Carney, pouvez-vous répondre à la question? Êtes-vous en faveur de la taxe carbone de Justin Trudeau? Un oui ou un non suffira. »
Quand M. Carney a commencé par dire: « Ce que je veux dire... », le sénateur Housakos est intervenu pour lui lancer: « Je n'ai pas entendu de oui ou de non ».
M. Carney n'a pas répondu à la question. Je veux dire par là qu'il a totalement évité la question pour déclarer: « C'est l'avantage d'être témoin. On peut dire ce que l'on pense… »
C'est un excellent exemple de la raison pour laquelle il devrait comparaître ici, parce que s'il continue à se positionner pour devenir le prochain chef du Parti libéral... et c'est clair, comme vous le savez et comme je l'ai dit. On ne sait pas clairement s'il veut supprimer la taxe, mais il est clair qu'il veut supprimer le .
Il n'a pas pu répondre à une simple question du sénateur Housakos, ce qui a amené celui‑ci à lui rétorquer: « Et la joie d'être sénateur, c'est de pouvoir poser la question.
Il a insisté: « Êtes-vous en faveur de la taxe carbone de Justin Trudeau? Je dois en effet vous rappeler que le Canada est actuellement en 62e position sur 67 pays pour ce qui est de l'indice de vulnérabilité au changement climatique. »
Le sénateur a reposé sa question: « La taxe carbone fonctionne-t-elle et êtes-vous en faveur de la taxe carbone de Justin Trudeau? »
M. Carney a alors dit: « Il est important que nous ayons un système financier tourné vers l'avenir et disposant des informations nécessaires à sa bonne gestion, et que nous ayons une politique climatique crédible et prévisible. »
Encore une fois, c'est pénible à lire, en fait. M. Carney a simplement évité cette question, qui est si importante. S'il veut faire de la politique, il doit pouvoir répondre à cette question, et il ne le fait pas.
À ce moment, il s'approche un peu plus de la réponse, et la sénatrice Martin a fait du bon travail. Elle a ensuite pris la parole et a déclaré: « Je voudrais revenir à la question de mon collègue, à savoir si vous êtes pour ou contre la taxe carbone. Je n'ai pas entendu de réponse claire. »
M. Carney a répondu: « Je pense que cette taxe a eu son utilité jusqu'à présent. »
Que c'est intéressant! Là encore, cela soulève de nombreuses questions. Que veut‑il dire? Veut‑il dire que nous devrions la garder? Veut‑il dire qu'il faut la modifier? Veut‑il dire qu'elle doit être supprimée? Nous ne le savons pas, mais il a manifestement des opinions à ce sujet. Il n'est tout simplement pas très clair au sujet de ces opinions.
Il a déclaré: « Je crois que l'on peut toujours chercher à optimiser les choses et qu'un pays devrait toujours être ouvert à de meilleures solutions.
Mais il faut que ces solutions… ».
La sénatrice Martin lui a alors lancé: « Désolée, monsieur Carney. Je vais prendre cela pour un oui, mais je dois passer à ma prochaine question. »
M. Carney a répondu: « J'ai indiqué que la taxe a été utile jusqu'à présent. C'est ce que j'ai dit. »
La sénatrice Martin dit: « Oui, merci. »
Il y a d'autres éléments dans la transcription qui ne sont pas directement liés à la taxe sur le carbone. Je n'insisterai pas sur ce point auprès de mes collègues.
Je crois que je suis prêt à céder le micro au prochain intervenant, monsieur le président.