Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 86e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien. Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinabe.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre des communes du jeudi 23 juin 2022. Par conséquent, pour ceux qui sont en ligne, si vous regardez en bas de votre écran, vous verrez quelque chose qui ressemble à un globe. C'est pour l'interprétation. Si vous appuyez dessus, vous pouvez obtenir l'interprétation en anglais ou en français, selon vos besoins.
N'oubliez pas non plus que, bien que les autorités sanitaires et le Bureau de régie interne n'exigent plus le port d'un masque à l'intérieur ou dans la Cité parlementaire, il est prudent de penser à porter un masque pour se protéger contre les maladies respiratoires et, si je puis me permettre, lorsque vous sortez, d'en porter un pour vous protéger contre la pollution extérieure.
Je voudrais profiter de cette occasion pour rappeler à tous les participants qu'ils ne peuvent pas faire de captures d'écran. Les délibérations du Comité seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Vous ne devez pas parler. Votre micro doit être en sourdine. Quand je vous nomme, vous pouvez désactiver le mode sourdine et prendre la parole — uniquement si la présidence vous nomme et vous cède la parole. Les questions et les observations doivent être adressées à la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 20 septembre 2022, le Comité se réunit pour poursuivre son étude de la pratique sécuritaire du sport au Canada.
Nous avons trois groupes de témoins aujourd'hui. À titre personnel, nous accueillons Kim Taylor, porte-parole pour joueurs et familles de hockey, Lukas Walter, et Thomas Gobeil, coach de santé. Ils se partageront cinq minutes pour faire une déclaration liminaire. J'ai pensé que vous devriez le savoir. De Boxe Canada, nous recevons Christopher Lindsay, directeur général. De Québec contre les violences sexuelles, nous accueillons Mélanie Lemay, cofondatrice.
Nous allons commencer avec Mme Taylor.
Vous pouvez commencer votre déclaration liminaire de cinq minutes...
Madame Taylor, vous pouvez commencer votre déclaration liminaire de cinq minutes.
Je vais donner à tous un avertissement. C'est un avertissement verbal, et non pas un bout de papier. Trente secondes avant la fin, je dirai, « Il vous reste 30 secondes ». Vous pouvez alors vous arrêter et rassembler vos idées.
Je suis désolée si j'ai du mal à m'exprimer. Je souffre d'asthme et la pollution me cause des problèmes respiratoires. Je m'en excuse.
Madame Taylor, vous pouvez commencer, je vous prie, pour cinq minutes.
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Merci, madame la présidente et honorables membres du Comité, de m'avoir demandé de m'adresser à vous tous aujourd'hui au sujet des abus dans le sport.
Je suis Kim Taylor. Je suis une citoyenne américaine et la mère d'un ancien joueur de la Ligue de hockey de l'Ouest, la WHL. Le hockey de mon fils avait atteint un niveau tel qu'on lui offrait de nombreuses possibilités et qu'il pouvait choisir où il jouerait la saison suivante. Au final, il a décidé qu'il voulait vraiment jouer au Canada, où le hockey représente tout pour les Canadiens. Il pensait que ce serait un bon endroit pour lui. Il pensait que cela lui donnerait les meilleures chances de progression et une voie rapide vers l'occasion de jouer dans la LNH. Rares sont ceux qui font le dernier saut vers la LNH, et ce rêve ne s'est pas concrétisé pour mon fils. Nous l'espérions, mais nous étions réalistes et nous avions toujours discuté d'un plan de rechange.
Ce que nous n'avions pas prévu, c'est que le rêve serait remplacé par un cauchemar. Nous ne nous attendions pas à ce qu'il revienne à la maison avec des problèmes de santé mentale. En tant que parent, je faisais confiance à la WHL pour qu'elle tienne ses promesses, qu'elle prenne notre fils adolescent sous son aile et qu'elle le fasse progresser non seulement en tant que joueur de hockey, mais aussi en tant que jeune homme et honnête citoyen, comme elle l'avait promis. Toutefois, nous avons rapidement appris qu'une fois que notre adolescent avait signé son contrat, la ligue le possédait et l'endoctrinait dans sa culture du hockey. Le message clair véhiculé aux joueurs était « tous pour un, un pour tous ». Ce qui se passe dans les vestiaires reste dans les vestiaires. La culture du silence est réelle et existe, non seulement pour les joueurs, mais aussi pour leur famille. On ne se plaint pas et on ne dévoile pas ce qui se passe derrière les portes closes. Si vous le faites, ils feront de vous un exemple sur la place publique. C'est un moyen d'intimider les autres joueurs quand quelqu'un dénonce une situation. Même des années après avoir quitté la Ligue canadienne de hockey, les joueurs ont encore du mal à parler publiquement des mauvais traitements qu'ils ont subis. Mon fils a été victime d'abus il y a 10 ans. Nous souffrons toujours et vivons avec cela. Il nous a fallu beaucoup de temps pour en parler par crainte de représailles. C'est difficile.
Le parfait exemple de la culture du silence est qu'après que la ligue a été informée des abus qu'a subis mon fils, à la suite de mon témoignage aux audiences du Sénat de l'État de l'Oregon, la LCH a demandé la tenue de sa propre enquête indépendante. Même après avoir admis qu'elle avait commis des erreurs dans la façon dont mon fils a été traité, elle n'a jamais appelé pour s'excuser. Elle ne nous a jamais permis de consulter le rapport de l'enquête privée ni de connaître les mesures qu'elle a prises pour éviter que ce type de traitement se reproduise.
J'ai de nombreux problèmes avec le modèle d'affaires de la LCH, mais je sais que ce n'est pas votre mandat. En revanche, il vous incombe d'assurer la protection des travailleurs et des athlètes, non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour les joueurs importés comme mon fils. Le Canada est un chef de file mondial dans le développement du hockey. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai confié mon fils au système de hockey canadien. Or, en vertu des politiques actuelles du Bureau du commissaire à l'intégrité dans le sport, ou BCIS, les joueurs de la LCH ne bénéficient d'aucune protection supplémentaire. Pour aggraver les choses, après les audiences de Portland et juste avant les audiences de l'Assemblée nationale du Québec sur les modifications de la loi sur les normes d'emploi, la LCH a tenté d'empêcher les joueurs de s'exprimer et les a menacés de les poursuivre en justice pour diffamation.
Ces audiences ont clairement permis au Comité de reconnaître l'existence de problèmes systémiques au sein de la Ligue canadienne de hockey. Il est évident que la Ligue canadienne de hockey ne peut pas se surveiller elle-même. Il est également évident que la LCH appartient à une catégorie qui ne l'oblige pas à rendre des comptes à qui que ce soit — ni à Hockey Canada, ni aux gouvernements fédéral ou provinciaux — et qu'elle cherche pourtant à obtenir le statut d'amateur dans le cadre du système gouvernemental canadien pour réaliser des gains financiers. Elle n'est pas affiliée à un syndicat ou à une association de joueurs.
Les Canadiens attendent du Comité qu'il fasse preuve de leadership dans la manière dont il va gérer ces incidents. Les yeux du monde entier sont également tournés vers le résultat.
S'il y avait eu des règlements provinciaux ou fédéraux en place ou une véritable association de tiers pour les joueurs, je me demande souvent si cela aurait permis d'éviter les mauvais traitements infligés à mon fils. Nous avons encore besoin qu'une enquête fédérale soit menée sur les abus dans le sport. Les parents ont à nouveau besoin d'être rassurés sur le fait que, s'ils envoient leurs enfants jouer dans la LCH, ils seront protégés.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé.
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Merci, madame la présidente.
Je suis Lukas Walter de Langley, en Colombie-Britannique, un ancien joueur de la WHL et de la LHJMQ. J'ai joué trois ans dans la LCH au Canada et aux États-Unis.
Je viens aujourd'hui de la Colombie-Britannique pour m'adresser au Comité sur la question très importante des droits des joueurs de hockey canadiens. Je souhaite faire part de mon histoire à cette instance afin de vous fournir des renseignements qui contribueront à rendre le hockey plus équitable et plus sûr pour les joueurs à l'avenir.
Au cours de mon expérience dans la LCH, j'ai été témoin de nombreux problèmes qui ne se seraient peut-être pas posés s'il y avait eu une tierce partie à laquelle les joueurs auraient pu avoir accès en cas de problème ou de crise de santé mentale. Si vous voulez des exemples, je peux vous en donner. Vous pouvez me le demander.
À l'époque où j'ai joué dans la LCH, des équipes m'ont exploité financièrement. Je fournissais un service pour lequel j'étais rémunéré. Depuis, je suis devenu un défenseur des joueurs pour ce qui est des salaires et des heures de travail. Je suis un plaignant dans l'action collective pour les salaires et les heures de travail. J'ai défendu des joueurs au cours de ma carrière sur la glace et j'ai été récompensé par des éloges et des avantages sous forme de rétributions financières.
J'ai joué trois ans dans la LCH et j'avais droit à trois années de bourses d'études. Lorsque j'ai tenté d'obtenir ma bourse d'études, la ligue m'a informé qu'elle était venue à échéance parce que je ne l'avais pas utilisée au cours de la première année suivant mon départ de la ligue. Je n'étais pas au courant. C'est un excellent exemple pour faire ressortir la nécessité d'une tierce partie pour protéger les droits des joueurs et pour exiger une meilleure communication de la part de la ligue.
Je veux maintenant faire de la ligue un endroit plus sûr, avec de meilleures conditions de travail, un endroit plus agréable pour les joueurs, avec une nouvelle culture qui permettra aux joueurs de s'exprimer sans qu'il y ait de répercussions. Je pense qu'une tierce partie est nécessaire pour superviser la ligue et le modèle commercial, tout en veillant à ce que les droits, l'éducation et la sécurité des joueurs soient protégés. Nous demandons à cette entité et à la de déclarer les joueurs de la LCH comme étant des employés.
Nous sommes également ici aujourd'hui pour briser la tendance où les joueurs ne dénoncent pas ces actes.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé.
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Madame la présidente et honorables membres du Comité, je suis Thomas Gobeil. Je tiens à vous remercier de m'avoir permis d'assister à l'audience d'aujourd'hui et de vous faire part de quelques-uns des problèmes dont j'ai été témoin et que j'ai vécus personnellement pendant mon séjour dans la Ligue canadienne de hockey.
J'ai joué dans la LHJMQ pendant trois ans, et j'aimerais vous parler un peu de ma dernière saison. Je venais de vivre ma première expérience dans la LNH avec les Ducks d'Anaheim. J'ai connu un bon début de saison individuellement, mais en tant qu'équipe, nous avions des difficultés.
Après quelques défaites, notre entraîneur a décidé qu'il n'était pas content, et il a décidé de nous faire participer à une séance de patinage avec des sacs de discipline. Vers la fin du patinage, il a proposé un exercice plutôt bizarre dans lequel les attaquants et les défenseurs s'affrontaient. Les attaquants devaient passer la rondelle à la ligne bleue aux défenseurs, et les attaquants devaient essayer de bloquer les tirs que les défenseurs tentaient d'envoyer au filet.
J'ai fini par recevoir une rondelle au visage. Lorsque c'est arrivé, je me suis rendu moi-même à l'hôpital. J'ai été examiné et on m'a dit que j'avais une double fracture de la mâchoire. Je me suis rendu à la pharmacie pour obtenir des médicaments et j'ai dû rentrer chez moi pour me rétablir.
Quand je suis revenu de ma blessure, j'ai appris que l'équipe qui était censée prévenir mes professeurs de mon incapacité à suivre mes cours... En fait, j'ai appris que j'avais échoué à tous mes examens, et j'ai fini par quitter l'école. Le bouleversement émotionnel et la colère que j'ai ressentis à mon retour m'ont poussé à quitter l'équipe pour laquelle je jouais. J'ai fini par jouer pour la Ligue de hockey de la Colombie-Britannique, la BCHL, mais il a été très difficile d'obtenir une libération parce que mes droits en tant que joueur appartenaient à l'équipe, qui essayait de me vendre.
J'ai une question au sujet du temps où je jouais dans la BCHL. Comment se fait‑il que j'ai perdu mon admissibilité à jouer au hockey universitaire si les joueurs de la LCH ne sont pas considérés comme des athlètes professionnels ou des employés?
Comme je vous l'ai dit, les joueurs de la LCH doivent être dévoués et sacrifier leur corps pour aider leur équipe à gagner. Ce sont les conditions dans lesquelles travaillent les joueurs de la LCH. C'est pourquoi les joueurs de la LCH ont besoin d'une tierce partie pour les représenter et s'assurer que ces problèmes ne se reproduisent plus.
Je recommande que ce comité évalue la LCH et reconnaisse les joueurs en tant qu'employés fédéraux afin qu'ils bénéficient d'une protection supplémentaire. Cela permettrait aux joueurs de la LCH d'être des employés fédéraux en vertu du Code fédéral du travail.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé.
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Merci, madame la présidente, de l'invitation à comparaître devant le Comité et à contribuer à l'importante mission d'offrir aux Canadiens un système sportif sûr et sans abus.
Boxe Canada est l'organisme national qui régit le sport de la boxe de style olympique. Notre objectif est de promouvoir, d'organiser et de coordonner l'avancement de nos membres de tous les niveaux et de tous les âges. Notre mission est de faire du Canada une nation de boxe de calibre mondial. Nous promouvons, encourageons et développons la participation tout au long de la vie et la plus grande compétence dans la quête de l'excellence parmi nos membres.
La protection de la sécurité physique et psychologique de tous les participants de Boxe Canada est essentielle et fondamentale. Nos programmes vont de programmes de littératie physique pour les enfants aux équipes nationales fières de remporter des médailles sur la scène mondiale, en passant par les participants actifs pour la vie qui sont des entraîneurs et qui continuent de frapper sur le sac de boxe pour se garder en forme.
La culture de la boxe est intrinsèquement inclusive. Qu'il s'agisse de nos prestigieux athlètes olympiques ou de nos programmes de remise en forme, tout le monde est le bienvenu. Les gymnases de boxe de tout le pays s'adressent à tous les groupes démographiques possibles, et Boxe Canada est fière d'offrir des programmes sans égard au sexe, au revenu ou aux antécédents culturels. Offrir des espaces sécuritaires aux jeunes d'acquérir de la confiance, d'apprendre l'autodiscipline et d'atteindre leurs objectifs de forme physique est inhérent à notre succès.
Pour être tout à fait clair, la boxe consiste à frapper ses adversaires et, comme nos athlètes me le rappellent, à prendre quelques coups de temps à autre. Il va sans dire que la boxe prévoit une série solide et rigoureuse de contrôles médicaux et de dépistages des commotions cérébrales. Nous sommes fiers des protocoles mis en place par nos responsables et nos entraîneurs pour protéger la santé à long terme de nos participants.
Ces dernières années, cependant, ces protocoles et politiques ont été élargis pour répondre à une compréhension holistique de la santé. Boxe Canada a adopté, révisé et renforcé les politiques et les pratiques afin de mieux protéger tous nos participants.
Cela a amené Boxe Canada à adopter et à promulguer des politiques qui fournissent une structure et une reddition de comptes à nos participants et à nos partenaires financiers. Ces politiques comprennent l'adoption de rapports de tierce partie, le respect du programme de sport sans abus, une politique de dépistage pour nos participants, une politique en matière de dénonciation pour encourager les participants à parler des problèmes potentiels, une politique de diversité, d'équité et d'inclusion pour vérifier que nous sommes conscients des obstacles éventuels à la participation et une politique d'équité entre les sexes pour nous assurer que la représentation est présente à tous les niveaux de notre organisation.
Pour nous aider à évaluer les angles morts, nous avons renforcé la représentation des athlètes et engagé une tierce partie dans un examen de culture indépendant. Boxe Canada a fait partie de la première cohorte de sports à passer par l'outil d'évaluation de la culture disponible dans le cadre de l'initiative À nous le podium. Notre expérience de l'autoréflexion a été difficile, profonde, mais au final, positive.
Aucune organisation, y compris Boxe Canada, n'est parfaite. Certains participants ont vécu des expériences négatives dans le cadre de nos programmes. Tous les dirigeants du milieu sportif sont responsables des situations qui font surface dans notre sport. Nous nous engageons à prévenir ces situations à l'avenir.
En tant que nouveau dirigeant de notre organisme national de sport, ONS, je m'engage personnellement à créer un environnement qui protège la santé et la sécurité physiques et psychologiques de chacun de nos participants. Cependant, les efforts pour protéger nos membres ne seront jamais complets. Mesurer les résultats, intégrer les commentaires de nos participants et faire évoluer les normes de pratiques sont une responsabilité que le milieu de la boxe accepte avec humilité et gratitude.
Le fondement sur lequel la boxe réalisera sa mission, sa vision et ses objectifs est la sécurité dans le sport.
Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Mélanie Lemay. Je suis étudiante au doctorat en sociologie et cofondatrice de Québec contre les violences sexuelles.
Concrètement, en ce qui concerne le hockey et le football, j'ai été témoin, pendant une bonne partie de ma jeunesse et de ma vie professionnelle, des conséquences de la culture toxique dans le sport. Au fil des ans, j'ai reçu plusieurs confidences d'hommes traumatisés par les gestes posés à leur égard quand ils étaient jeunes, lors d'activités d'intégration, ainsi que par ceux qu'ils ont dû imposer à d'autres par crainte de ce qui leur arriverait en retour s'ils refusaient de le faire.
Je vais décrire un endoctrinement qui commence très tôt. Des séances de visionnement de pornographie dure et de masturbation en groupe sont organisées pour des jeunes âgés de 10 à 12 ans. En classe, certains joueurs recevaient comme défi de claquer les bretelles des soutiens-gorge des petites filles, de se frotter à elles ou de taper leurs fesses, en plus de se masturber sous les bureaux ou dans l'autobus. J'ai eu conscience d'actes de bestialité qui impliquaient, à l'époque, un jeune garçon de 14 ans. Il y a aussi le « rituel de la toast » ou le fait de manger des raisins ou des olives qui avaient précédemment fait un tour dans l'anus d'un autre joueur. J'ai aussi entendu parler d'un cas où il fallait choisir entre pénétrer quelqu'un faisant partie de la diversité sexuelle invité pour l'occasion ou être sodomisé par un balai.
Lors des victoires de tournois hors saison, les excès étaient fréquents et propices à toutes sortes de violences: bagarres, surconsommation d'alcool et de drogues, agressions et viols collectifs, tout cela suivant le principe que « les gars sont des gars » ou parce que cela se justifiait par l'excellence des résultats sportifs. J'ai aussi appris que certaines équipes tenaient des fichiers Excel dans lesquels elles consignaient les performances sexuelles des jeunes avec leurs conquêtes, elles se partageaient des vidéos filmées à l'insu de celles-ci, ou encore les jeunes s'échangeaient des photos intimes reçues, exactement comme ils le feraient avec des cartes de hockey.
Je vous laisse deviner la détresse psychologique que vivaient les filles ciblées, surtout qu'elles étaient perçues par leurs pairs comme étant responsables de la violence subie, notamment en raison du climat de sexisme systémique dans lequel nous étions tous et toutes immergés. De plus, en raison d'iniquités qui subsistent entre les sports féminins et masculins, les étudiants athlètes étaient dissuadés de déposer une plainte pour ne pas porter ombrage aux joueurs étoiles ni à l'image des programmes sportifs qui faisaient la réputation de l'établissement. C'est le financement, le rayonnement et le sentiment d'appartenance qui étaient en jeu aux yeux des administrateurs, et ce, bien avant la sécurité et l'intégrité des jeunes.
Plusieurs jeunes m'ont aussi confié la difficulté qu'ils ressentaient à assumer leur propre identité sexuelle ou à confronter leurs coéquipiers qui posaient un problème, en raison de la hiérarchie à respecter dans le vestiaire et du Bro Code. Cette fraternité est impénétrable, car, après tout, c'est bros before hoes. Même les entraîneurs ont peu de prise à ce sujet, et certains d'entre eux encouragent cette espèce de code parce qu'ils sont convaincus que cela contribue à l'esprit d'équipe.
Même s'il s'agit d'une vérité difficile à entendre, ces violences se produisent quotidiennement au sein des équipes sportives, dans nos écoles, dans nos activités parascolaires, dans les ligues et dans tous les espaces, finalement, où s'exerce le sport. Avant d'être des athlètes, ces jeunes sont des gens qui fréquentent des établissements scolaires, et l'absence de cadres et de limites favorise un climat où l'impunité règne.
Selon l'information recueillie dans le rapport d'enquête concernant l'école Saint‑Laurent, il n'existe pas de mécanismes officiels pour le partage d'information entre les fédérations sportives, les établissements d'enseignement, le gouvernement et les mécanismes de traitement des plaintes. Par conséquent, des plaintes peuvent être déposées à l'une ou l'autre de ces instances, notamment en utilisant la plateforme Je porte plainte sur le site de Sport'Aide, sans que les autres parties en cause en soient informées. Un entraîneur ou un athlète peut donc accumuler les signalements concernant des comportements inacceptables sans jamais faire l'objet d'un examen approfondi ou particulier.
Heureusement, des solutions existent. Plus que jamais, le pédopiégeage doit être officiellement reconnu comme étant un acte criminel, et il en est de même pour les violences psychologiques et celles exercées en ligne. Le statut d'athlète doit être reconnu formellement comme une forme d'autorité morale, et les entraîneurs doivent être tenus pour responsables de leurs gestes. Cela doit figurer dans un registre tant national qu'international. Il est urgent de redéfinir le sens même de l'excellence sportive, ses valeurs et, surtout, la sécurité offerte aux athlètes.
De plus, le droit n'est pas fait pour prévenir les injustices. Il est là seulement lorsque nous avons failli, en tant que société, à protéger les plus marginalisés d'entre nous et que le crime a déjà été commis. C'est donc pourquoi la capacité de prévenir ces violences tient de notre responsabilité collective. Conséquemment, un nouveau domaine du droit, axé sur les violences fondées sur le genre, doit voir le jour et permettre l'intégration de protocoles clairs, de ressources adaptées et intégrées dans le quotidien des jeunes, tant pour recevoir leurs révélations que pour les accompagner, ainsi que des mécanismes de plaintes répondant aux besoins des victimes.
Toute modification à la Loi canadienne sur la santé, à la Loi sur l’activité physique et le sport ou à tout autre texte de loi de compétence fédérale doit permettre de créer des espaces sécuritaires, intégrés, spécialisés et respectueux sur le plan culturel. Elle doit aussi rassembler les différents services d'aide, tout en unissant les différentes perspectives et approches thérapeutiques dont les victimes ont besoin pour être véritablement placées au cœur du processus. Il faut créer un corridor de services.
En outre, les provinces doivent absolument adopter une loi pour protéger les jeunes dans les écoles, comme le recommande La voix des jeunes compte, un groupe de jeunes qui luttent contre les violences sexuelles depuis plus de quatre ans.
Bref, comme le soutiennent les documentaristes Seaborn, qui m'ont aidée à créer le documentaire Pour une culture du consentement dans le hockey et dans le sport en général, la stratégie est d'apprendre de nos erreurs et de corriger notre jeu pour le prochain match. Il ne manque plus qu'à appliquer cela dans nos lois et dans la vie en général. Il est temps que nos sports redeviennent notre fierté nationale.
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Merci, madame la présidente.
Je pose mes questions par l'entremise de la présidence.
Je souhaite d'abord remercier tous les participants pour leur présence, y compris ceux qui ont raconté leur propre histoire. Je dirai — et je suis certain de m'exprimer au nom de l'ensemble du Comité — qu'il faut du courage pour être ici et il est important que votre voix soit entendue. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir pris le temps d'être là.
Je commence en m'adressant à Mme Taylor.
Madame Taylor, vous êtes un parent et en représentez tant d'autres dont les enfants jouent au hockey ou à d'autres sports. Comme parents, nous voulons nous occuper et protéger nos enfants. Nous voulons leur donner l'occasion de grandir et de réussir. Parmi ces occasions — vous en avez parlé —, il y a les compétitions.
En même temps — et de nombreuses personnes nous l'ont dit —, vous avez parlé de la culture autour de la création d'athlètes, des pressions qu'on exerce sur eux pour qu'ils atteignent des niveaux d'élite, et ce processus commence très jeune.
À votre avis, comment ce processus pourra‑t‑il se faire de manière équilibrée? Comment trouver un équilibre entre l'attitude compétitive où il faut gagner à tout prix et l'apprentissage des bonnes compétences pour affronter la vie?
:
En rétrospective, il était un peu naïf de ma part en tant qu'Américaine d'envoyer mon fils d'âge secondaire dans un autre pays. Nous sommes une famille de hockey de première génération. Nous vivons en Californie et, oui, il y a du hockey en Californie. Je ne savais même pas ce qu'était la Ligue canadienne de hockey à ce moment‑là. Je ne savais pas ce qu'était la United States Hockey League.
Mon fils a été repéré à un jeune âge, à 14 ans, dans le cadre du programme de développement de l'équipe nationale de hockey des États-Unis. C'est à ce moment‑là que tout a commencé. Toutes ces occasions se sont présentées au cours de cette année bantam. Le téléphone a commencé à sonner, et nous avions tous ces choix à faire. Nous avons pris la meilleure décision possible en fonction des renseignements dont nous disposions à ce moment‑là. Avec le recul, nous avons cru ce qu'on nous a dit.
Lorsqu'une personne très connue prend l'avion pour assister à un entraînement et voir votre fils patiner, et qu'on vous dit: « Il s'agit d'être au bon endroit au bon moment pour tomber sur une belle occasion, et nous lui offrons cette occasion », vous croyez tout ce qu'on vous dit.
Je suis ici pour dire qu'il ne faut jamais oublier que ce sont de grosses affaires. Ils sont là pour faire de l'argent, et ils ne sont pas toujours là dans l'intérêt supérieur du joueur.
J'étais aux États-Unis, et mon chèque de paie était d'environ 75 $ par semaine. J'avais une voiture, et tout le monde sait que l'essence coûte cher. Au bout du compte, j'ai dû contracter un prêt auprès de mes parents, puis cet été‑là, alors que j'étais censé m'entraîner et tout cela, j'ai dû rembourser le prêt et ensuite payer mon entraînement. Le hockey est un sport coûteux. C'est très coûteux.
Pour ce qui est de la ligue, je ne pense pas que quoi que ce soit ait vraiment changé. Vous disiez que vous étiez de la première génération. J'ai parlé à mon père et à mon oncle — je viens d'une longue lignée de joueurs de la WHL — et rien n'a vraiment changé, y compris la rémunération, depuis les années 1980. Regardez l'inflation et la façon dont cela se passe. Je ne sais pas quoi dire d'autre à ce sujet.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leurs témoignages, qui sont souvent difficiles. Nous leur sommes très reconnaissants du courage dont ils font preuve en venant nous donner ces renseignements. Ceux-ci sont extrêmement importants dans le contexte où nous devrons préparer un rapport à ce sujet. Cela nous aidera à éclairer le gouvernement quant aux mesures qu'il devra prendre.
Madame Lemay, vous avez recommandé, entre autres choses, que le pédopiégeage soit considéré comme un acte criminel. Quand on parle d'abus, que ce soit dans le domaine du sport ou dans les écoles, cela commence toujours par cette forme de manipulation psychologique, ce type d'acte répréhensible.
Avez-vous plus de détails à nous donner là-dessus? Comment pourrions-nous encadrer cet élément dans le Code criminel?
[Traduction]
Monsieur Lindsay, j'aimerais m'adresser à vous.
En réponse aux questions de Mme Thomas, vous avez dit que, essentiellement, pendant environ un an, il n'y a pas eu de processus d'enquête en place en réponse à la lettre, qui parlait de la « culture toxique de peur et de silence » de Boxe Canada. Voici ce qu'ils écrivent dans leur lettre:
Plusieurs athlètes ont l'impression d'avoir subi des violences physiques et psychologiques et de la négligence de la part de l'organisation, en raison de leur refus de régler ces enjeux. Plusieurs tentatives ont été faites afin de mettre en lumière ces problèmes, et elles ont été ignorées ou carrément rejetées.
Je crois comprendre de votre témoignage qu'aucun processus de traitement des plaintes n'a été instauré.
Je remarque que, à Boxe Canada, il y a une disposition dans l'Accord de l'athlète du Programme de haute performance. On dit très clairement — et je cite le paragraphe ff) — que l'athlète doit faire ce qui suit:
S'abstenir de publiquement dénigrer Boxe Canada, son personnel, ses entraîneurs et tout membre de l'équipe nationale ou autre athlète du PHP (y compris sur les médias sociaux) ou présenter des doléances à leur endroit autrement qu'au moyen des politiques d'appel et de traitement des plaintes de Boxe Canada...
S'il n'y avait pas de processus pour le traitement des plaintes et des appels, ces athlètes étaient quand même régis par l'Accord de l'athlète. Comment se fait‑il que Boxe Canada ne fournit pas de moyen d'action, mais impose tout de même, en un sens, un accord de non-divulgation?
:
À un million de dollars par année, vous seriez l'un des plus petits des 62 organismes nationaux de sport, ou ONS.
Voyez-vous, c'est là mon problème avec tout le système, si vous me permettez de le dire. Vous n'avez pas d'argent pour vous battre contre quoi que ce soit. Je suis désolé. Vous faites partie de la moitié inférieure des ONS. Vous êtes foutu. Il y a 121 boxeurs qui se plaignent, et vous n'avez pas d'argent pour les aider. J'ai vu cela avec les trois quarts des sports représentés par les 62 ONS.
Nous avons eu de la chance. Nous avons accueilli des représentants de Hockey Canada et de Soccer Canada, parce que ce sont les deux plus grands acteurs. Mais sinon, vous êtes dans la moitié inférieure de la liste, et tout le monde se contrefiche de la boxe jusqu'à ce que tout se mette à foirer, et c'est ce qui est arrivé ici. Et c'est là que je blâme Sport Canada. Cela aurait dû être signalé il y a longtemps. On aurait dû arrêter le financement. Ils ne font rien. Avec eux, c'est Noël. Ils se contentent de distribuer des chèques sans jamais faire de suivi. C'est un problème avec ce gouvernement libéral. C'est le problème que posent les ministres du Sport que les libéraux ont eus et qu'ils continuent d'avoir. Personne ne fait de suivi à Sport Canada. Il n'y a pas de conséquences. Je l'ai vu quand ils étaient ici. Ils ne se souviennent de rien. Ils n'ont de comptes à rendre à personne. C'est honteux.
Sport Canada aurait pu arrêter cela bien avant que nous perdions Daniel Trépanier. Cela aurait pu être arrêté. L'un des athlètes est venu nous en parler en avril. Cela aurait pu être arrêté il y a longtemps, mais c'est Sport Canada qui pose problème. Le Bureau du Commissaire à l'intégrité dans le sport prendra le relais de Sport Canada et ne fera rien. Vous avez dû y adhérer parce que vous aviez besoin du million de dollars, sinon vous ne l'auriez probablement pas fait à la fin du mois de mai. On vous y a forcé.
Qu'en pensez-vous? Vous venez tout juste d'entrer en fonction, malheureusement, mais vous savez où je veux en venir avec Sport Canada. Ils ne signalent carrément rien. D'où les problèmes à Hockey Canada et à Soccer Canada, puis, malheureusement, avec les petits sports comme le vôtre — la boxe. Vous n'avez pas eu de succès aux Olympiques, et, donc, le financement est à l'avenant.
J'aimerais que vous nous parliez des problèmes que nous avons eus avec Sport Canada dans ce pays.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je veux prendre un moment pour remercier tous les témoins de leur engagement ainsi que pour le courage dont ils font preuve en venant ici pour parler de certaines de ces questions qui, je le sais, sont très personnelles.
Nous savons, d'après les témoins que nous avons reçus au cours des derniers mois, que ce n'est pas un problème relatif à Sport Canada. Il s'agit d'un problème systémique et historique qui dure depuis des décennies dans ce pays. Les propos du vice-président voulant que tout cela se résume à une question d'argent ne sont tout simplement pas vrais. C'est un problème systémique profondément enraciné dans bon nombre de nos cultures sportives au pays — par l'intermédiaire des organisations, voire au‑delà. Se contenter de dire qu'il faut dépenser plus d'argent pour trouver une solution ne me semble pas une approche viable pour régler ces problèmes systémiques.
Je pense que l'étude que nous menons aujourd'hui et l'ouverture de la ministre à l'égard d'une réforme majeure montrent le genre de choses que le Comité et la ministre peuvent faire à l'avenir pour mettre en lumière ces questions et trouver des façons, dans le cadre de notre étude, d'offrir des pistes de solutions pour un changement systémique dans le sport.
J'aimerais commencer par Mme Taylor.
J'ai lu une partie de la documentation et il y avait un terme qui était utilisé: « traitement du sac à ordures ». Pouvez-vous nous parler plus précisément de ce terme et de son incidence sur votre famille?
Ensuite, je pourrais peut-être céder la parole aux deux joueurs pour qu'ils parlent de ce terme et qu'ils fassent la lumière sur le traitement réservé aux joueurs.
Mais d'abord, allez‑y, madame Taylor.
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Il existe une expression courante selon laquelle les joueurs sont qualifiés de « valises ».
Ils parlent de l'importance de l'éducation, mais ils choisissent des mineurs qui sont encore à l'école secondaire. Si l'éducation est aussi importante, pourquoi échangent-ils des enfants qui sont encore à l'école secondaire?
Dans le cas de mon fils, ils l'ont inscrit à l'école. Il y avait un conseiller pédagogique sur place. Cependant, s'il avait été échangé cette année‑là, cela aurait été un désastre. Je veux dire qu'ils parcourent de longues distances par transport routier. Ils travaillent 40 heures par semaine. Ils sont vraiment à leur service dans tous les domaines: apparitions publiques, visites d'hôpitaux ou d'écoles et signatures d'autographes. Je ne dis pas que ces activités leur déplaisent, mais c'est juste qu'elles ne sont pas indispensables. Elles visent à donner aux gens une bonne impression de la LCH.
Il y a aussi une autre expression connue que les joueurs utilisent parfois, c'est‑à‑dire les « brutes en costume ». De l'extérieur, ils ont l'air très professionnels et honnêtes, mais à l'intérieur, ils sont plutôt brutaux. Il arrive que les joueurs se sentent invisibles quand on leur demande de marcher dans le corridor. Les entraîneurs et le personnel passent à côté d'eux sans les reconnaître, et il y a beaucoup de punitions cruelles.
On les appelle des « pièces interchangeables ». Ils ont déjà atteint le niveau où ils font partie des 2 % des joueurs les plus performants. Ils savent qu'ils sont d'excellents joueurs de hockey. C'est comme couper les cheveux en quatre: « vous n'êtes qu'une pièce interchangeable pour l'instant ». Ils ont le don de vous faire sentir inutile.
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Si vous examinez simplement sa situation scolaire, il a été forcé de quitter l'école parce qu'ils ne tenaient même pas les enseignants informés. Thomas avait sa blessure. Si un tiers avait été là, il aurait pu dire: « Hé, qu'est‑ce qui se passe? ». Il aurait pu les appeler et leur dire: « Pouvez-vous vous assurer que mes frais de scolarité sont couverts et tout le reste? ». Manifestement, l'équipe ne l'a pas fait pour lui, alors c'est un exemple de négligence.
Il y a d'autres exemples, comme les problèmes de santé mentale. Ce sont des problèmes horribles. On n'aimerait pas voir un plus grand nombre de joueurs se retrouver dans de beaux draps, comme lorsqu'ils jouent au hockey et qu'ils sont éliminés de l'équipe. Il y a déjà eu un mauvais exemple de ce genre. Vous savez, un joueur se fait éliminer et « pousse des cris », puis il a des problèmes de santé mentale et des événements regrettables se produisent. Même s'il s'agit d'anciens joueurs, ils ont besoin d'un tiers à qui parler de la situation, d'un tiers pour faire avancer les choses afin que nous ne perdions pas de gens à cause de problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de toutes sortes d'autres problèmes. La liste d'exemples est encore longue.
J'aimerais aussi dire quelque chose aux athlètes au sujet de la vie après le hockey. Si je pouvais dire quelque chose aux futurs athlètes, ce serait qu'en fin de compte, c'est un jeu que nous aimons pratiquer. Pendant tous ces événements qui sont liés à la fin de ma carrière de hockey, je n'ai pas mis les pieds sur la glace. C'est devenu trop stressant. Les gens vont beaucoup trop loin, et il y a trop de fautes commises. Il faut donc que cela cesse tout simplement.
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Merci, madame la présidente.
Je suis reconnaissant à tous les témoins de leur présence. Je sais que ces histoires sont difficiles à raconter.
J'aimerais mettre l'accent sur le hockey.
Dans la région de Niagara, il est troublant d'assister à cette situation à plusieurs reprises. Deux directeurs généraux de l'équipe locale de la LHO ont été suspendus l'un après l'autre, malgré l'existence d'un nouveau propriétaire. Il semble que les problèmes perdurent, comme l'a mentionné M. Walter.
Madame Taylor, vous avez dit que vous ne vouliez pas parler du modèle opérationnel, mais pensez-vous qu'il est à l'origine des problèmes qui existent dans la LCH?
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Je ne connais pas leurs politiques et leurs procédures.
J'avais un problème. L'arrivée de mon fils dans la Ligue de hockey de l'Ouest et son départ ont tous deux été désastreux.
Dans le cas de mon fils, il était blessé à l'aine. Il a rejoint l'équipe en retard. Je crois que nous avons dû le conduire à Los Angeles. C'était avant qu'il y ait des vols directs entre San Diego et Calgary. Nous l'avons conduit à Los Angeles. Il est monté à bord d'un avion tout seul, alors qu'il était adolescent. Il est passé par Denver pour rejoindre Calgary, puis il a pris un vol vers Lethbridge. Le directeur général est venu le chercher, a déposé ses bagages à la résidence de la famille d'accueil et lui a dit de s'habiller, de se rendre à l'aréna, de rencontrer les entraîneurs, d'enfiler son équipement et de jouer une partie hors-concours.
Il ne s'était jamais échauffé avec l'équipe. Il ne s'était jamais familiarisé avec leurs systèmes d'équipe. Il fait partie de ceux dont on entend parler. Au cours de son premier quart sur la glace, il est sorti, s'est fait mettre en échec par-derrière — la tête la première dans la bande — et est sorti avec une commotion cérébrale. L'autre joueur a été suspendu pendant plusieurs parties, mais le mal était fait. Il était fatigué. Il n'avait pas mangé. Il n'avait pas son propre équipement. Il portait un nouvel équipement, et il ne s'était pas échauffé avec l'équipe.
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D'accord. Alors, merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup aux témoins.
[Français]
Comme vous le savez, un ancien entraîneur de hockey est parmi nous aujourd'hui. Ses questions sont peut-être un peu plus précises que les miennes.
[Traduction]
Je voudrais poser mes questions qui portent sur le hockey d'abord.
Comme vous le savez, nous avons eu des échanges intenses avec Hockey Canada. Les ligues sont membres de Hockey Canada.
Je me demande si, au cours de la dernière année, depuis qu'un nouveau conseil d'administration a été mis en place, vous avez constaté un changement dans l'attitude de Hockey Canada à l'égard de la LCH ou de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, ou LHJMQ. Avez-vous remarqué quoi que ce soit...?
Je crois que je vais d'abord donner la parole à M. Gobeil, puis ensuite à M. Walter.
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Encore une fois, je comprends. Je pense que cela fait partie du paradigme du hockey.
M. Martel se demandait si c'était différent d'une équipe à l'autre. Comme vous l'avez dit, je pense que c'était la même chose lorsque votre père était dans la ligue dans les années 1980. Qu'il s'agisse d'une nouvelle famille de hockey ou d'une famille de hockey de plusieurs générations, la ligue reste relativement la même. Étant donné que l'objectif de ce comité est de formuler des recommandations sur...
Chaque sport est différent, mais dans le cas du hockey, nous avons examiné quelque peu la question de la pratique sécuritaire du sport. Je pense que le nouveau conseil d'administration est déterminé à rendre le milieu plus sécuritaire.
En ce qui concerne les conditions de travail au sein du hockey junior, quelles sont les principales recommandations que nous devrions formuler, à votre avis? Nous ne pouvons vraiment les mettre en œuvre que par le financement que Sport Canada accorde à Hockey Canada. Nous n'avons pas nécessairement de levier pour influencer les ligues elles-mêmes. Quelles sont les principales choses...?
M. Bittle s'est penché sur la question de savoir s'il devrait y avoir un syndicat, si la ligue devrait avoir des politiques. En gros, on retire des jeunes qui sont pour la plupart mineurs à leurs parents, on les place dans des familles d'accueil et on ne s'occupe pas vraiment d'eux comme il se doit. Que devrions-nous recommander?
J'aimerais peut-être que vous répondiez tous les deux à la question.
Comme je l'ai dit, je pense que les joueurs de la LCH devraient être reconnus comme des employés fédéraux, parce que, si nous regardons...
Si vous me le permettez, je vais parler un peu de mon expérience.
J'avais 15 ans lorsque j'ai quitté la maison. On me disait exactement comment m'habiller et quand m'habiller d'une telle façon, quand aller à la patinoire et quand manger. Je ne pouvais pas manger la nourriture de mon choix. Je mangeais ce qu'on me donnait. On me disait comment je devais agir et parler dans certaines situations. On faisait également des commentaires sur ma coiffure et ma façon de marcher.
Si cela ne ressemble pas à un régiment ou à une entreprise qui essaie de construire une image autour de ses employés, je ne sais pas ce que c'est.
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Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins. Vous avez fait preuve de beaucoup de courage.
Depuis des décennies, notre système sportif est irresponsable et ne répond pas aux besoins des victimes. Ces problèmes ont été balayés sous le tapis et je pense que vos témoignages d'aujourd'hui nous aideront. Il est certain que les quatre partis ici présents sont convaincus que nous devons commencer à prendre des mesures et qu'il n'est plus possible que les organisations sportives agissent tantôt bien, tantôt mal, mais toujours en toute impunité et que le gouvernement fédéral continue de financer ces organisations. Je pense que nous nous entendons tous pour dire que cela doit cesser. Pour recevoir du financement, elles doivent maintenant garantir la sécurité des athlètes, du public, des jeunes — de tout le monde.
Nous avons un long chemin à parcourir avant d'en arriver là, mais vos témoignages d'aujourd'hui nous ont permis de commencer à formuler les recommandations qui nous orienteront dans la bonne direction.
Monsieur Lindsay, j'aimerais vous poser une question sur Boxe Canada, car vous avez également un chemin à parcourir. Il y a un an, la crédibilité de Boxe Canada a subi un dur coup. Des gens ont pris courageusement la parole. Quelles sont les autres choses que Boxe Canada doit faire pour que sa crédibilité et la confiance des gens soient rétablies?