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Eh bien, pas sans interruption.
CBC a utilisé l'argent des contribuables pour répandre de fausses informations ou pour mentir de manière flagrante. Le réseau s'est servi de fonds publics pour être le porte-parole d'une organisation terroriste qui s'appelle le « Hamas », et c'est ignoble, et il est encore plus déplorable pour les députés d'en face d'essayer d'excuser le radiodiffuseur. Au mieux, il s'agissait de nouvelles irresponsables. Au pire, de la défense pure et simple d'une organisation terroriste. Je répète que l'argent des contribuables a été utilisé à cette fin...
C'était préjudiciable pour le peuple israélien, pour les Canadiens, pour la relation des Canadiens avec leurs journalistes et pour les journalistes proprement dits, car il y en a de bons qui font du bon travail et qui attendent d'obtenir les faits pour les rapporter correctement. Lorsque CBC ne le fait pas, cela inspire la méfiance de la population canadienne dans son ensemble, et lorsqu'on n'inspire pas confiance, on n'a pas de crédibilité.
Sans crédibilité, comment les Canadiens sont-ils censés croire ce qu'on leur dit? Comment sont-ils censés faire confiance aux nouvelles lorsque des journalistes et des radiodiffuseurs comme CBC ne prennent pas le temps et ne déploient pas les efforts nécessaires pour faire les choses avec soin ou pour s'accorder la latitude voulue afin de procéder comme il se doit?
Voici la motion que je soumets au Comité:
le Hamas est une organisation terroriste déclarée par le gouvernement du Canada depuis 2002;
que l'horrible attaque terroriste du Hamas contre Israël a fait des milliers de morts et de blessés parmi les innocents;
qu'une directive envoyée par courriel par le directeur des normes journalistiques de CBC News, M. George Achi, à tous les employés de CBC News, leur a demandé de minimiser la couverture de la violence horrible et sadique perpétrée par le Hamas contre des personnes innocentes en Israël en ne qualifiant pas les attaquants de terroristes, et d'affirmer faussement que Gaza continuait d'être sous occupation après le retrait d'Israël en 2005;
la CBC reçoit chaque année 1,4 milliard de dollars de fonds publics provenant de l'argent des contribuables, et ce Comité a pour mandat d'examiner les dépenses du gouvernement.
a. Dénonce les commentaires de M. Achi et en fait rapport à la Chambre
b. Assigne la présidente de la CBC, Catherine Tait, à comparaître seule pendant deux heures dans les sept jours suivant l'adoption de la motion,
c. Assigne le directeur des normes journalistiques de la CBC, George Achi, à comparaître seul pendant deux heures dans les sept jours suivant l'adoption de la motion,
d. Invite le médiateur de la CBC, M. Jack Nagler, à comparaître pendant au moins deux heures pour présenter la position de la CBC sur les normes et pratiques journalistiques.
Le dernier point concernant les normes et pratiques journalistiques est très important, car, encore une fois, non seulement les dirigeants de CBC ont donné la directive de ne pas qualifier le Hamas d'organisation terroriste, alors que c'est la position officielle du Canada aux yeux de la loi, mais CBC a également fait paraître un article qui jetait le blâme sur Israël pour l'explosion qui a eu lieu à l'hôpital, ce qui était faux. C'était un mensonge. C'était une fausse information que CBC a directement reçue du Hamas, une organisation terroriste.
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Les dirigeants de CBC ont non seulement donné la directive de ne pas qualifier le Hamas d'organisation terroriste — alors que c'en est une, d'après une décision rendue par le gouvernement du Canada en 2007, il y a plus de 20 ans —, mais aussi...
Pardon...?
Une voix: C'était il y a 15 ans.
Mme Rachael Thomas: Je suis désolée. J'ai dit 2007. Vous avez raison. Je m'excuse.
Je me permets une mise au point.
Les dirigeants de CBC ont demandé de ne pas qualifier le Hamas d'organisation terroriste. Le gouvernement du Canada a officiellement déclaré que c'en est une il y a plus de 20 ans. Cette décision est connue. C'est une décision officielle rendue par le gouvernement. Il n'y a pas matière à débat. C'est un fait, et il est donc inquiétant que CBC ait donné cette directive.
De plus, CBC a diffusé récemment un article qui accusait Israël de l'attaque contre un hôpital. On n'a pas vérifié les faits. On n'a pas pris le temps de confirmer la nouvelle. On a plutôt tout simplement pris de l'information transmise par le Hamas pour ensuite la diffuser. Quelques instants plus tard, le radiodiffuseur a dû changer le titre de l'article et l'information trompeuse qu'il contenait, car il avait reçu d'autres renseignements — des Canadiens lui ont demandé des comptes et ont dénoncé ses mensonges.
Il est absolument déplorable qu'un radiodiffuseur public prenne plus d'un milliard de dollars en fonds publics pour répandre un discours fallacieux provenant du Hamas. Il incombe au Comité de demander des comptes à CBC et de veiller à ce que les Canadiens reçoivent de l'information exacte.
C'est important parce que les fausses informations qui sont diffusées nuisent au peuple israélien. Elles font du tort à la population canadienne. Elles portent atteinte à la relation entre le Canada et Israël. Elles sont dommageables pour les journalistes qui font du bon travail, mais à qui on ne fait plus confiance parce que certaines personnes à CBC ont déterminé qu'il était dans leur intérêt de propager des mensonges.
Les gens n'ont jamais été aussi méfiants. CBC est financée par des fonds publics, et il incombe aux personnes qui en font partie de ne pas se tromper. Il est inacceptable de se ranger du côté des terroristes. C'est le mauvais camp. Honte à ceux qui le font. Honte à nous si nous ne prenons pas le temps de leur demander des comptes.
De plus, madame la présidente, honte à M. Noormohamed... qui trouve que c'est drôle.
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Merci, madame la présidente.
Disons que ce qu'on vient d'entendre était à tout le moins distrayant, parce que c'était une démonstration patente de l'ignorance de Mme Thomas en matière de journalisme. Cette propagation de son ignorance du métier de journaliste a des conséquences, parce qu'il y a des gens qui adhèrent et croient à cela. Il y a des gens qui croient effectivement que les journalistes sur le terrain se font influencer et laver le cerveau par le Hamas ou par n'importe quelle partie dans un conflit. Il faut vraiment penser que les journalistes sont naïfs et incompétents pour croire une chose pareille.
Je veux profiter du temps dont je dispose présentement pour souligner le travail des journalistes qui sont sur le terrain, que ce soit ceux de la CBC ou de Radio‑Canada. Comme la plupart d'entre nous, je suis évidemment le conflit à distance, et je trouve que ces journalistes font un travail absolument remarquable. Cela mérite d'être souligné. Ce sont des conditions de travail inimaginables. On n'a aucune idée de ce qu'ils sont en train de vivre sur le terrain. Ils nous fournissent l'information avec le plus de professionnalisme et de précision possible.
Évidemment, c'est un conflit et, dans un conflit, il y a une tonne d'information qui circule. On la traite de la meilleure façon possible, mais il arrive que des informations soient erronées. Dans le cas du bombardement de l'hôpital à Gaza, à peu près tous les médias d'information, même les plus sérieux et les plus rigoureux au monde, se sont retrouvés à diffuser la même information et à se rétracter quand les informations se sont précisées par la suite. Alors, accuser la CBC d'avoir l'incompétence de véhiculer des informations fournies par le Hamas, c'est d'une crasse mauvaise foi que je veux dénoncer de toutes mes forces, parce qu'il est inacceptable que cela se fasse de cette façon-là.
En ce qui concerne la question de la directive, comme je l'ai souligné à la Chambre, il est inacceptable que la direction de la CBC envoie des directives à la salle de nouvelles. Les salles de nouvelles doivent être hermétiques et absolument indépendantes de toute influence de la direction et de toute influence idéologique. On sait qu'à la CBC, il y a présentement des situations qui soulèvent des questions quant au message ou à l'idéologie qu'on tente de pousser un peu partout. Ce n'est pas seulement le cas à la CBC, mais on y reviendra. L'indépendance journalistique est un principe dont on a déjà parlé quand nous avons fait l'étude du projet de loi . On a parlé de l'importance de la rigueur dans ce métier. S'il y a un endroit où je suis convaincu que les gens sont rigoureux, c'est bien à CBC et à Radio‑Canada.
Plusieurs journalistes chevronnés se sont prononcés au sujet de cette directive de ne pas qualifier une organisation ou de ne pas utiliser de qualificatif pour lui accoler une étiquette. À Tout le monde en parle, dimanche soir, Céline Galipeau, dont personne ne va mettre en doute la valeur, la compétence et la réputation, et Jean‑François Lépine, un journaliste qui a une expérience que personne ne va remettre en question non plus, ont tous deux expliqué pourquoi on n’accolait pas d'étiquette à des organisations dans le cas de conflits. Pourtant, on dirait que des gens n'écoutent pas ces arguments et ne veulent pas les comprendre. Ils veulent seulement regarder le côté sensationnaliste en disant qu'on ne veut pas coller l'étiquette de terroriste au Hamas parce qu'on veut ménager les gens. Ce n'est pas cela du tout. On veut simplement rendre l'information la plus claire, la plus précise et la moins partisane possible. C'est un principe qui est généralement débattu même au sein des grandes salles de nouvelles. Il y a des gens qui sont d'accord et d'autres qui ne le sont pas, mais il n'en demeure pas moins que c'est aux salles de nouvelles, aux journalistes et aux professionnels de l'information de prendre ces décisions.
J'ai lu un excellent article écrit par M. Shapiro dans The Conversation. Il y avait une petite phrase qui exprimait d'une belle façon la neutralité, l'objectivité et l'indépendance que le journaliste doit avoir dans le choix des mots quand il parle de situations aussi sensibles que celles qui se vivent actuellement dans le conflit entre Israël et le Hamas. À partir du moment où on accole une étiquette, on désigne un méchant et un bon, parce que, par défaut, si on désigne une partie comme étant le méchant ou qu'on la qualifie de terroriste, on déclare automatiquement que l'autre est le bon. Le journaliste n'a pas à faire cette distinction. Ce qu'il doit faire, lui, c'est s'assurer de rendre le plus précisément et le plus rigoureusement possible les faits constatés. Le journaliste rapporte des faits.
La maladresse, ce n'est pas le fait que la directive a été envoyée, c'est le fait qu'elle a été envoyée par écrit. Or c'est une directive qui existe depuis des années dans les plus grandes salles de nouvelles au monde, dans les salles de nouvelles qui couvrent ce genre de conflit. Cette directive existe à l'Associated Press et à La Presse canadienne. Elle existe dans les grandes agences, comme Reuters. Elle existe aussi à la BBC. D'ailleurs, la BBC a mené le même combat que celui que nous menons en ce moment. Le service de l'information de la BBC a dû se défendre, il n'y a pas si longtemps, pour se protéger de l'influence politique et de l'influence des lobbys. Cela aussi, c'est un défi pour le journalisme.
Personnellement, je ne suis pas totalement en désaccord sur la motion qui est présentée aujourd'hui, mais pas pour les mêmes raisons que mes amis conservateurs. Je suis assez d'accord pour que le Comité reçoive des représentants de CBC/Radio-Canada, afin qu'ils nous expliquent pourquoi c'est comme cela et pourquoi il y a une bonne raison à ce que ce soit comme cela. Il ne s'agit pas de leur reprocher quelque chose qui n'a pas été fait, comme cela a été rapporté, bien au contraire.
Je pense qu'il est important d'accorder la crédibilité que l'on doit aux salles de nouvelles de CBC/Radio-Canada, mais aussi des grands médias du monde qui couvrent les conflits dans des contextes et des situations extrêmement difficiles. Nous n'avons pas la moindre idée des défis auxquels ces gens sont confrontés tous les jours. Au lieu de les remercier, de les féliciter, de les honorer et de les encourager, on est en train de les traîner dans la boue, de leur prêter des intentions et de dire qu'ils se livrent à des pratiques répréhensibles. Je trouve cela gênant, je tiens à le dire.
Le travail des journalistes est essentiel. Il est extrêmement bien fait, présentement, dans le contexte actuel. Si on décide d'adopter la motion, celle-ci va devoir être amendée. Elle contient des éléments sur lesquels je suis totalement en désaccord. Si le Comité décidait de recevoir la haute direction de CBC/Radio-Canada, ce serait pour lui permettre d'expliquer de façon posée et claire pourquoi ces directives sont en place. J'espère que, à ce moment-là, mes amis conservateurs auront l'ouverture d'esprit requise pour entendre comment cela se passe réellement dans une salle de nouvelles et comment se fait le traitement de l'information.
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Merci, madame la présidente.
J'ai quelques observations à faire à propos de ce qui a été dit sur la motion.
Tout d'abord, je veux revenir aux commentaires de M. Julian. Il a laissé entendre que ma collègue a menti en parlant de ce qui se trouvait dans la directive. J'ai devant moi le courriel que George Achi a transmis, et je veux le lire pour le compte rendu. Il est écrit:
Ne qualifier pas les militants, les soldats ou qui que ce soit d'autre de « terroristes ». La notion de terrorisme demeure grandement politisée et est un aspect de la situation. Même lorsque nous citons un gouvernement ou une source ou que nous utilisons une coupure de presse qui dit que les combattants sont des « terroristes », nous devons ajouter du contexte pour que le public comprenne que c'est une opinion, pas un fait. Cela comprend les déclarations du gouvernement du Canada et des politiciens canadiens.
Puisque le Parlement a affirmé que le Hamas est une organisation terroriste, ce n'est pas une opinion, mais un fait, et c'est donc inacceptable selon moi.
Cela dit, ma principale préoccupation ici, c'est que pour avoir une démocratie, nous avons besoin de la liberté de presse et d'un journalisme indépendant. C'est très important; la « liberté de presse » fait partie de la Charte. Par conséquent, lorsque je vois des directives qui indiquent aux journalistes comment ils doivent présenter les choses, je pense que c'est une atteinte à leur liberté au moment de brosser un portrait de la situation. Il y a toujours des opinions divergentes.
Je crains également que les reportages inexacts puissent jeter de l'huile sur le feu.
Lorsque j'ai vu cette directive, je me suis aussi demandé si on en avait donné d'autres à propos d'autres sujets d'actualité, si on a influencé ainsi des journalistes en les empêchant de rendre compte de ce qu'ils voient. Je crois qu'il est important que les gens de CBC viennent ici pour que nous leur posions des questions à ce sujet. Je pense que la population canadienne veut avoir l'assurance que nous avons vraiment une liberté de presse et un journalisme indépendant, qu'il n'y a pas de police des mots qui dit aux journalistes comment présenter les choses.
Merci.
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Pourquoi alors n'y a‑t‑il aucun conservateur qui dit que le mot « terroriste » est continuellement utilisé dans la couverture de CBC lorsque d'autres personnes sont citées?
Ce que Mme Gladu a omis, bien sûr, car ils tentent de déformer la réalité, ce sont les parties les plus importantes de la note de service. Elle dit notamment que: « Notre description doit reposer sur les faits, à propos de la fin de la présence militaire permanente d'Israël sur le terrain [...] ». C'est un fait.
Ceux parmi nous qui se sont déjà rendus en Israël et en Palestine — comme moi —, savent que l'armée israélienne contrôle l'accès à certaines zones. Encore une fois, c'est un fait.
Comme toujours, veuillez appuyer vos propos sur les faits et éviter les qualificatifs chargés ainsi que tout ce qui semble être une opinion. La situation, dans son contexte, parle d'elle-même. Il y aura évidemment beaucoup d'opinions externes à rapporter dans notre couverture: il est important que ces coupures de presse et ces citations soient très clairement attribuées aux bonnes personnes, que les faits soient vérifiés et que le contexte soit donné. La situation ne sort pas de nulle part; elle est profondément enracinée dans le contexte politique et militaire des dernières années.
Ce que CBC tente de faire, dans des circonstances difficiles, c'est adopter une approche fondée sur les faits pour couvrir les événements. On peut donc voir que CBC met de l'avant le même genre de normes journalistiques que nous voyons à la BBC, à l'Associated Press, à l'Agence France-Presse et à Reuters, pour ne nommer que ceux‑là. C'est une approche journalistique normalisée qui est essentielle pour que les Canadiens sachent ce qui est vrai à propos de l'horrible violence des attaques terroristes et du nombre croissant de victimes civiles que nous voyons à Gaza.
Nous avons besoin d'une approche fondée sur les faits.
[Français]
Souvent, les journalistes de CBC/Radio-Canada mettent leur vie en péril pour faire leur travail, pour donner des réponses aux Canadiens et s'assurer que ceux-ci reçoivent l'information qui compte. Il est très important de pouvoir prendre connaissance des faits, même si l'environnement est extrêmement difficile et la situation souvent nébuleuse. C'est ce à quoi on s'attend de la part de CBC/Radio-Canada, dont les journalistes ont, encore une fois, réussi en dépit de tous ces défis à donner des informations justes et importantes.
[Traduction]
L'autre aspect sur lequel, je pense, Mme Thomas et moi sommes d'accord, se rapporte à l'information mise en ligne à propos du bombardement de l'hôpital à Gaza, ou de la roquette qui l'a frappé. Il est très évident selon moi que nous avons besoin de cette information. Nous devons savoir d'où elle provient.
Je pense qu'elle a raison de dire que CBC a diffusé une nouvelle qui pourrait très bien être fausse. Le réseau s'est donc rétracté. C'est extrêmement important. Je pense que c'est le genre de norme journalistique élevée à laquelle nous nous attendons tous.
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J'ai écrit les mots qu'elle a employés et je pense que les faits sont là. Les gens ont entendu ce qu'elle a dit et comment j'ai répondu au Comité.
C'est un problème fondamental de désinformation. Je pense que CBC s'efforce de respecter les meilleures normes journalistiques. Je pense qu'il est important que le Comité entende le médiateur ainsi que le directeur des normes journalistiques de CBC. Comme M. Champoux l'a mentionné, il est important que CBC donne suite à notre demande et réponde à ces questions déterminantes dans une période difficile et troublante comme celle‑ci, mais il y a aussi des préoccupations plus vastes au sujet de la désinformation endémique, et elles ne proviennent pas du radiodiffuseur. Elles sont plutôt liées à la société Meta.
Comme vous le savez, madame la présidente, la communauté européenne et les législateurs américains ont cité en justice Meta à cause de la désinformation endémique concernant le conflit entre Israël et le Hamas. Je pense qu'il nous revient d'assigner Meta à comparaître pour répondre à ces questions.
Je vais citer ce qui suit pour le compte rendu avant de présenter mes amendements.
Le sénateur américain Michael Bennet a dit à propos de Meta — et, bien sûr, Google et X, ou Twitter — que dans bien des cas, les algorithmes des plateformes amplifient ce contenu, ce qui contribue à un dangereux cycle d'indignation, de mobilisation et de redistribution. Les commentaires du sénateur et ceux des législateurs américains font suite aux propos du chef de l'industrie de l'Union européenne, Thierry Breton, qui a vilipendé ces mêmes entreprises, en particulier Meta, et qui a exigé qu'elles prennent des mesures plus strictes pour lutter contre la désinformation face à l'escalade du conflit. Les législateurs de l'Union européenne et des États-Unis se sont donc attaqués plus particulièrement à Meta. Comme nous le savons, l'Union européenne a fait des mises en garde et exigé que Meta fasse quelque chose pour lutter contre le contenu illégal et la désinformation. À défaut de quoi, l'entreprise pourrait être visée par des sanctions réglementaires sévères.
Madame la présidente, cette désinformation est à l'origine de profondes préoccupations. La réalité, c'est que Meta et Google, comme l'ont révélé la Bibliothèque du Parlement et le directeur parlementaire du budget, reçoivent chaque année plus d'un milliard de dollars de subventions indirectes des contribuables. Le gouvernement fédéral paye effectivement ces entreprises pour faire de la publicité sur leurs plateformes. Compte tenu de cette énorme subvention indirecte qui provient des contribuables, elles ont la responsabilité de lutter contre la désinformation.
Voici l'amendement à la motion que je propose.
Le libellé des premier et deuxième paragraphes ne changerait pas. Le troisième point sera quant à lui entièrement remplacé par « les législateurs de l'Union européenne et des États-Unis ont soulevé des inquiétudes concernant la diffusion sur les plateformes Meta de contenus faux et trompeurs sur le conflit entre Israël et le Hamas ». Le quatrième point serait modifié ainsi: « la CBC reçoit 1,4 milliard de dollars de financement public et que Meta et Google reçoivent plus d'un milliard de dollars de subventions indirectes chaque année grâce à l'argent des contribuables, et que le Comité a pour mandat d’examiner les dépenses du gouvernement. »
Ensuite, les paragraphes a) et b) sous « Le Comité » seraient remplacés par « Assigne Rachel Curran, responsable des politiques publiques de Meta Canada, à comparaître devant le Comité », puis le libellé des paragraphes c) et d) serait le suivant: « Invite George Achi, directeur des normes journalistiques de la CBC, et Jack Nagler, ombudsman de la CBC, à s'exprimer sur la position de la CBC en matière de normes et de pratiques journalistiques »
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai présenté cet amendement soulevant certaines préoccupations quant au rôle joué par Meta en matière de désinformation, un problème déjà relevé par l'Union européenne et les États-Unis. Meta s'est extrêmement mal comportée en faisant la promotion de la désinformation et en contribuant à alimenter des sentiments de haine.
Je propose cet amendement pour que l'on assigne à comparaître Rachel Curran, responsable des politiques publiques de Meta Canada, en raison du rôle déplorable joué par cette entreprise dans le contexte de la désinformation. Par ailleurs, deux autres facteurs doivent être considérés.
Premièrement, nous devons nous intéresser à la Société Radio-Canada et à son mandat. La présidente de Radio-Canada, Catherine Tait, doit comparaître devant le Comité le 2 novembre prochain. Il m'apparaît superflu de proposer une motion de la sorte alors même qu'il est déjà prévu que la représentante de Radio-Canada témoignera devant le Comité.
Deuxièmement, je veux porter à votre attention, madame la présidente, en même temps qu'à l'attention du Comité, l'extraordinaire reportage d'enquête diffusé pas plus tard que la fin de semaine dernière par Jesse Brown et Karyn Pugliese, deux excellents journalistes de Canadaland. Dans leur reportage intitulé « The anti-Trudeau hate farm based out of Cairo », ils se sont intéressés à ce qu'ils considéraient être une source majeure de désinformation.
Depuis avril 2022, la chaîne YouTube Street Politics Canada a publié quelque 600 vidéos s'adressant à un auditoire de conservateurs canadiens. Au cours des 12 derniers mois, les vidéos de cette chaîne ont été visionnées à plus de 10 millions de reprises. Jesse Brown et Karyn Pugliese se sont penchés sur ce phénomène en effectuant un véritable travail d'enquête. Il serait bon de voir Postmedia, une entreprise fortement subventionnée, en faire autant.
Les deux journalistes ont découvert que Street Politics Canada diffuse sa programmation à partir de l'Égypte, et plus précisément du 11e étage des locaux d'une entreprise appelée Geek Labs à Degla, un quartier du Caire. L'ancien gestionnaire des médias sociaux de Street Politics a avoué que l'entreprise n'aurait pas connu le même succès si les gens avaient su que ce sont des Égyptiens qui s'adressent aux Canadiens via cette tribune.
Il s'agit d'une source importante de mésinformation. Le même gestionnaire des médias sociaux a ajouté que l'entreprise savait que son auditoire était formé de conservateurs canadiens. J'ose espérer que le député de et ses collègues conservateurs ne vont pas jusqu'à retransmettre, voire amplifier, cette désinformation flagrante qui est en fait de l'ingérence étrangère. Je trouve consternant que de telles actions prennent une place aussi importante dans l'infrastructure des conservateurs.
L'amendement que je propose nous permettra de nous pencher sur la désinformation en provenance de Meta. Il n'est pas exagéré de dire que la désinformation est un problème généralisé. Il serait tout à fait approprié que notre comité s'y intéresse de plus près.
Je suis persuadé que mes collègues ont des commentaires à faire au sujet de mon amendement. À la lumière de ces deux importants éléments d'information, j'en viens à me dire qu'il nous faudrait sans doute une motion permettant à ce comité d'étudier de façon générale le problème de la mésinformation et de la désinformation, surtout dans un contexte aussi troublant que celui des attaques terroristes du Hamas. Nous voyons maintenant des civils perdre la vie à Gaza en raison des bombardements des Forces israéliennes de défense. C'est une situation qui inquiète grandement tous les Canadiens, et nous devons avoir accès à des informations véridiques sur ce qui se passe là‑bas.
En toute justice, Radio‑Canada accomplit un travail extraordinaire dans ce dossier. Ses journalistes ont maintes fois mis leur vie en danger, et continuent de le faire. Il est tout à fait inapproprié de remettre en doute le travail de Radio-Canada et son indépendance. Comme il est déjà prévu que nous allons accueillir la présidente de la Société Radio-Canada, la motion initiale de Mme Thomas ne nous apporte rien de plus dans les faits.
Il est essentiel selon moi que notre comité se penche sur les enjeux plus généraux touchant la désinformation. Je suis vraiment curieux d'entendre les commentaires de mes collègues quant à l'orientation que nous devrions prendre. Je commence à penser que mon sous-amendement n'est pas nécessairement la meilleure façon de parvenir à nos fins, étant donné l'étonnante campagne de désinformation s'appuyant sur l'ingérence étrangère mise de l'avant par l'infrastructure conservatrice et les actions aberrantes menées par Meta pour fomenter et amplifier la désinformation au cours des dernières semaines.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis très heureux de prendre la parole sur ce sujet.
Je suis surpris que M. Julian continue de défendre CBC/Radio-Canada alors que les Canadiens ne font plus confiance à cet organisme.
J'ai lu l'article publié jeudi dernier, qui a été écrit par Mme Catherine Tait elle-même, la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada. D'entrée de jeu, elle demande aux lecteurs s'ils font toujours confiance aux diffuseurs de nouvelles. De toute évidence, elle estime que les gens font moins confiance aux diffuseurs de nouvelles, y compris son organisme, puisqu'elle a organisé un sommet à Toronto, jeudi dernier, en collaboration avec le Toronto Star.
Je continue. Dans son article, elle annonce que « Nous avons un problème ». Oui, je suis d'accord, vous avez un gros problème. Les Canadiens investissent 1,4 milliard de dollars dans une agence de presse publique et, bien honnêtement, au cours des deux dernières semaines, nous avons perdu confiance en CBC/Radio-Canada. Si c'est le fait de ne pas appeler le Hamas une organisation terroriste qui nous a fait perdre confiance, nous venons maintenant de voir la BBC, en Grande-Bretagne, faire officiellement marche arrière à ce sujet, et CBC/Radio-Canada n'a toujours pas indiqué si elle allait ou non qualifier Hamas de ce qu'il est, c'est‑à‑dire un groupe terroriste.
C'est particulièrement troublant, madame la présidente, lorsque je regarde le Toronto Star. Certaines personnes voudront peut-être savoir pourquoi je consulte cette publication. C'est parce que je souhaite acquérir une perspective générale de tous les médias. Je lis de nombreux journaux. Je lis de nombreux blogues, même Rosie DiManno, qui a écrit un article d'opinion publié dans le Toronto Star le 23 du mois courant, dans lequel elle affirme que nous devrions appeler le Hamas pour ce qu'il est. Cela vient du même journal qui s'est joint à la CBC jeudi soir dernier pour discuter de la question de savoir si les gens font confiance aux médias. Rosie DiManno est elle-même chroniqueuse au Toronto Star, et cela ne l'empêche pas d'interpeller les médias d'information sur la nécessité d'appeler le Hamas pour ce qu'il est.
Le Hamas est visiblement une organisation terroriste, ce que n'a pas dit la CBC au début. Elle n'a pas appelé le Hamas pour ce qu'il est. C'est une organisation terroriste, et nous avons donc un problème.
J'aimerais certainement entendre le témoignage de la dirigeante de CBC/Radio-Canada, qui estime que près de 60 % des Canadiens pensent que les sources d'information canadiennes sont dignes de confiance, mais que 40 % des Canadiens ne sont pas certains ou ne sont pas d'accord pour dire qu'elles sont dignes de confiance.
J'aimerais qu'elle nous dise ce qu'elle fait avec CBC/Radio-Canada et qu'elle nous explique comment regagner la confiance des téléspectateurs et des auditeurs. Elle a admis qu'on ne fait pas vraiment confiance, dans notre pays, aux agences de presse.
J'ai été journaliste pendant plus de 40 ans. Je peux vous dire que la situation a vraiment changé, et pas pour le mieux, car les Canadiens commencent à remettre en question leurs sources de nouvelles et à se demander si ces sources sont dignes de confiance.
En ce qui concerne la réaction furieuse de nombreuses personnes qui estiment que CBC/Radio-Canada les a déçues, oui, vous nous avez déçus, et nous attendons avec impatience, madame Tait, que vous comparaissiez devant le Comité, car nous avons de nombreuses questions à vous poser.
Madame la présidente, je suis également d'accord avec le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, qui a envoyé une note d'information à de nombreux députés la semaine dernière. Je ne sais pas si les 337 députés l'ont reçue, mais elle faisait référence aux nombreuses preuves qui ont maintenant été diffusées par les autorités israéliennes pour démontrer que c'est le tir raté d'une roquette du Jihad islamique palestinien qui a en réalité percuté un hôpital de Gaza mardi dernier.
La note ne s'arrête pas là. C'est en fait une lettre assez détaillée que la plupart d'entre nous ont reçue du Centre consultatif des relations juives et israéliennes. Selon cette lettre, tous ceux qui se sont précipités pour condamner Israël sans aucune preuve ont la responsabilité de rectifier les faits et de s'excuser, et ils ont aussi la responsabilité de condamner.
J'aimerais revenir à CNN et à ses débuts, ainsi qu'à la guerre du Golfe. Madame la présidente, le succès de la chaîne CNN a été établi à la suite de la guerre du Golfe, lorsque la chaîne a commencé à diffuser 24 heures sur 24, sept jours sur sept et 365 jours par année. C'était la première fois que le monde entier pouvait véritablement voir une guerre.
Je suis contrarié lorsqu'une agence de presse est la première à annoncer un événement et, dans ce cas‑ci, qu'elle annonce qu'un hôpital a été touché et qu'il y a de nombreux blessés. La guerre ne se résume pas à être la première agence de presse à annoncer les dernières nouvelles. Toutes les agences de presse du monde doivent prendre du recul et, au lieu de tenter d'être la première à diffuser des informations, elles doivent plutôt s'assurer que ces informations sont exactes. Comment ces agences peuvent-elles être dignes de confiance lorsque nous apprenons, plus tard, que ces informations étaient fausses? En temps de guerre, il ne faut pas se précipiter pour être les premiers à diffuser une nouvelle. Il faut plutôt s'efforcer d'obtenir d'abord les faits exacts et les diffuser ensuite dans les médias, par exemple les médias sociaux, qui ont été nombreux à diffuser ces informations.
Madame la présidente, permettez-moi de dire que la CBC se débrouille très bien dans la sphère numérique, mais elle a commis une grave erreur ce jour‑là, car l'hôpital n'a pas été touché. C'est le stationnement qui a été touché, et il a fallu attendre un certain temps avant que la CBC rétablisse les faits.
D'un côté, la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, a déclaré que les Canadiens ne font plus confiance aux médias. D'un autre côté, nous voyons les deux exemples que je viens de citer. Mme Tait doit rendre des comptes à cet égard. J'éprouve de la sympathie pour le Centre consultatif des relations juives et israéliennes et je comprends ses membres, car comme ils l'ont dit, la diffusion d'informations non vérifiées a des conséquences dans la vie réelle, y compris ici, au Canada.
Lorsque des politiciens et des médias canadiens ont répandu la version du Hamas selon laquelle Israël avait pris l'hôpital pour cible, plusieurs rassemblements d'urgence ont été organisés à l'échelle du pays, et l'un d'entre eux, madame la présidente, s'est tenu la semaine dernière devant le centre de conférences Shaw, où tous les dirigeants étaient rassemblés pour parler d'antisémitisme. De nombreux rassemblements ont été organisés. L'expérience directe nous permet d'affirmer que tous ces rassemblements qui prétendent être des manifestations contre Israël ciblent en réalité les Juifs canadiens. Selon les organisateurs, plus de 1 000 personnes se sont rassemblées à l'extérieur de leur conférence sur l'antisémitisme, et des appels à la violence contre les Juifs ont été lancés ce soir‑là.
« Les élus canadiens » — c'est‑à‑dire nous tous ici présents et bien d'autres encore, mais j'aime encore plus la deuxième partie —, « les médias et d'autres personnes influentes ont la responsabilité de vérifier les faits avant de les commenter, en particulier en temps de guerre. La diffusion de ce mensonge du Hamas a mis en danger la vie de Juifs canadiens. »
Voilà qui résume le point de vue du Centre consultatif des relations juives et israéliennes. Je pense que Mme Tait, dans son éditorial publié dans le Toronto Star jeudi dernier, a mis le doigt sur le problème, mais je lui demanderais ce que fait son organisme pour regagner la confiance d'au moins 40 % des Canadiens de partout au pays qui ne se fient plus à ses salles de presse.
Je conclurai en disant que je suis troublé par le fait que… Lorsque j'étais journaliste, il y avait une ligne à ne pas franchir dans la salle de presse. Des gens venaient souvent nous demander de diffuser telle ou telle chose. Je m'excuse, mais il y a une ligne éditoriale à ne pas franchir dans une salle de presse. Je crains que cette ligne n'existe plus à CBC/Radio-Canada. Je suis inquiet au sujet des normes journalistiques fixées par George Achi et son équipe, et j'aimerais qu'il soit invité à comparaître — j'en parlerai dans une seconde — avec l'ombudsman, M. Jack Nagler, qui a reçu des centaines de réponses au sujet des deux faux récits véhiculés par la CBC. Le premier lorsqu'elle n'a pas qualifié le Hamas d'organisation terroriste, et le deuxième lorsqu'elle a parlé du bombardement de l'hôpital, qui n'a jamais eu lieu. L'ombudsman doit comparaître devant le Comité pour expliquer ce qu'il entend et ce qu'il va faire pour corriger les récits véhiculés dans les actualités canadiennes.
Je sais que M. Julian, de temps en temps, a son opinion sur un journal ou un autre, mais je veux que les représentants du radiodiffuseur national comparaissent devant le Comité. Les contribuables canadiens subventionnent ce radiodiffuseur à hauteur d'au moins 1,4 milliard de dollars, et je suis troublé par ce que j'ai vu et entendu sur les ondes de notre radiodiffuseur national au cours des deux dernières semaines. Oui, il est vrai que ses journalistes sont en Israël pour traiter des situations délicates, mais ils n'ont pas géré cette affaire dans le respect des normes professionnelles en matière de radiodiffusion. Ce n'est pas parce qu'une agence de presse est la première à diffuser une nouvelle qu'elle est la meilleure. CBC/Radio-Canada a commis deux graves erreurs.
Si vous me le permettez, madame la présidente, j'aimerais proposer un sous-amendement à l'amendement de M. Julian.
Le voici:
le Hamas est une organisation terroriste déclarée par le gouvernement du Canada depuis 2002;
l'horrible attaque terroriste du Hamas contre Israël a fait des milliers de morts et de blessés parmi les innocents;
les législateurs de l’Union européenne et des États-Unis ont soulevé des inquiétudes concernant la diffusion de contenus faux et trompeurs sur le conflit entre Israël et le Hamas;
Voici maintenant les changements. Si vous avez l'amendement de M. Julian sous les yeux, voici le libellé du quatrième point: « la CBC reçoit 1,4 million de dollars de financement public et... »
Un député: Milliard.
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Je vous remercie, madame la présidente.
J'aimerais remercier l'honorable député du Bloc québécois. Il a raison. Au troisième point, j'ai supprimé, intentionnellement, les mots « sur les plateformes Meta ». Toutefois, pour le quatrième point, je pense avoir une formulation qui pourrait convenir à tout le monde, si vous me le permettez.
Voici le libellé: « la CBC reçoit 1,4 milliard de dollars de financement public et que Meta et Google et d'autres plateformes reçoivent plus d’un milliard de dollars de subventions indirectes chaque année grâce à l’argent des contribuables, et que le Comité a pour mandat d’examiner les dépenses du gouvernement.
« a) Le comité invite... »
Je sais que j'ai éliminé le mot « assigne » — nous en avons déjà discuté —, mais je veux seulement utiliser le mot « invite ».
« ... Rachel Curran, responsable des politiques publiques de Meta Canada, à comparaître devant le Comité; et convoque la présidente de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, à comparaître seule pendant deux heures... »
Ce n'est pas une heure, mais bien deux heures.
« ... dans les sept jours suivant l'adoption de la motion. »
J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles Mme Tait comparaîtra le jeudi 2 novembre. J'aimerais qu'elle comparaisse pendant deux heures.
Voici la suite du libellé: « b) Invite George Achi, directeur des normes journalistiques de la CBC, et Jack Nagler, ombudsman de la CBC, à comparaître séparément pendant au moins une heure et demie chacun pour s’exprimer sur la position de la CBC en matière de normes et de pratiques journalistiques. »
Je vous remercie, madame la présidente.
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Oui, madame la présidente.
Je trouve que les discussions que nous avons présentement sont intéressantes, mais j'aimerais qu'on calme le ton légèrement. Il est manifeste que vous et Mme Thomas ne serez probablement pas au même party de Noël cette année.
Des députés: Ha, ha!
M. Martin Champoux: Il reste que les questions qui ont été soulevées par Mme Thomas et par M. Waugh sont tout à fait légitimes, madame la présidente. Moi aussi, je suis curieux de connaître la raison pour laquelle vous jugez que le sous-amendement est irrecevable. En tout respect, j'avoue que je suis un peu perplexe moi aussi.
Ce qui se trouvait dans l'amendement de M. Julian se retrouve aussi dans le sous-amendement proposé par M. Waugh. Tout à l'heure, je vous ai posé une question sur la recevabilité de l'amendement de M. Julian, car cet amendement élargissait énormément la portée de la motion de Mme Thomas. Vous avez répondu qu'il respectait l'esprit de la motion et qu'il ne faisait qu'élargir la portée de l'étude.
Nous avons maintenant exactement les mêmes paramètres. Quelques informations ont effectivement été changées, mais je ne crois pas que ce soit suffisant pour juger le sous-amendement irrecevable. J'avoue que je ne comprends pas. Je ne prends pas position sur le sous-amendement, je ne fais que dire qu'au-delà des tensions qui règnent continuellement dans ce comité, il y a peut-être un peu d'éducation à faire. Je trouverais intéressant d'entendre les arguments là-dessus sans qu'on se saute à la gorge.
Je pense que, dans ce cas-ci, les arguments que M. Waugh vous a présentés méritent que vous reconsidériez votre décision ou que vous l'expliquiez un peu plus précisément. Merci.
M. Julian a proposé un amendement à la motion initiale. Son amendement a élargi la portée de la motion pour inclure Meta et Google, et nous sommes maintenant saisis d'un sous-amendement visant à y réintégrer la dirigeante de CBC, Catherine Tait.
Il est évident que nous avons maintenant élargi la portée de l'étude de manière assez importante. La présidente a jugé que c'était recevable, et c'est donc la motion modifiée, puis modifiée par le sous-amendement, dont nous discutons, et cela a été considéré recevable.
Je crains que le Comité dépasse les limites quant à la portée de l'étude. Nous avons la capacité, voire le mandat, de demander des comptes à CBC parce qu'il s'agit du radiodiffuseur public du Canada, qui est financé uniquement par des fonds publics. Il incombe donc à la Chambre de lui demander des comptes.
Demander des comptes au réseau CBC, ce n'est pas lui dire ce qu'il doit rapporter. C'est très différent. Nous demandons des comptes en invitant des témoins à comparaître devant ce comité, en leur posant des questions, puis en leur demandant de fournir des réponses.
Il est absolument essentiel de demander à Mme Tait de comparaître, car elle est à la tête de l'organisation. D'ailleurs, son contrat vient d'être reconduit pour 18 mois. Il est donc clair qu'on a manifesté une certaine confiance à son égard, et son organisation, en ce qui a trait à l'information diffusée, prend certaines décisions qui sont assez inquiétantes pour un certain nombre de députés ici présents et, plus important encore, pour la population canadienne.
Je voudrais souligner ma principale préoccupation concernant Mme Tait et la manière dont elle choisit de diriger CBC, car je pense qu'il y a des choses qui méritent qu'on leur accorde toute l'attention voulue au sein de ce comité. C'est pourquoi il est si important de ne pas l'exclure de l'étude.
Mme Tait, la dirigeante de CBC, a récemment publié un article, le 18 octobre, dans lequel elle explique que la confiance dans le journalisme diminue et qu'il incombe donc aux journalistes de faire des reportages en se basant sur les faits. Dans cet article, elle parle de reportages reposant sur les faits à maintes reprises. Elle explique que les nouvelles doivent être rapportées avec exactitude.
Ce que je trouve intéressant, cependant, c'est qu'elle a publié l'article en question après que CBC a publié un certain nombre de faussetés dans ses articles, et je me demande donc ce qu'il en est de ces faits. Qu'en est‑il du fait que des centaines de personnes ont été massacrées pendant la nuit? Qu'en est‑il du fait que 40 bébés ont été décapités? Qu'en est‑il du fait que des femmes ont été tuées, violées et exhibées dans les rues? Qu'en est‑il de ces faits? Qu'en est‑il du fait que, depuis 2002, le Hamas est inscrit sur la liste des organisations terroristes au Canada?
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L'objectif du sous-amendement proposé que nous examinons porte sur la comparution de Mme Catherine Tait, présidente de CBC, pendant deux heures.
Si c'est important, c'est parce que Mme Catherine Tait, qui est au cœur du sous-amendement dont est saisi le Comité, est la dirigeante ou la responsable de l'organisme de radiodiffusion, qui est entièrement financé par la population canadienne à hauteur de plus de 1,4 milliard de dollars par année. Il est donc normal que Mme Catherine Tait vienne répondre aux questions que les membres du Comité peuvent avoir au sujet de sa conduite, des décisions qu'elle a prises et des décisions prises par les personnes sous sa gouverne.
L'objectif dusous-amendement présenté est de faire en sorte qu'elle comparaisse pendant deux heures. Nous aurions alors la possibilité de mieux comprendre ses intentions au sujet du radiodiffuseur public. Vous vous souviendrez, plus précisément, que l'objectif serait d'interroger Mme Catherine Tait — qui est au cœur de ce sous-amendement — sur les décisions qu'elle a prises concernant la couverture du conflit qui se déroule actuellement à Gaza. C'est l'objectif de ce sous-amendement.
Ce qui rend ce sous-amendement crucial, c'est le fait que Mme Tait a rédigé un article pour le Toronto Star qui est paru le 18 octobre. Dans cet article, elle plaide en faveur du rétablissement de la confiance à l'égard des médias. Elle affirme que la meilleure façon d'y arriver est d'avoir des articles qui sont « basés sur des faits ». Elle utilise cette expression à maintes reprises dans cet article.
La question que j'aimerais poser à Mme Tait est la suivante: qu'en est‑il des faits que son bureau a décidé de modifier ou dont il a omis de parler? Qu'en est‑il du fait que des centaines d'Israéliens ont été attaqués et massacrés pendant la nuit? Qu'en est‑il du fait que des femmes ont été violées, assassinées et paradées dans les rues? Qu'en est‑il du fait que 40 bébés ont été décapités? Qu'en est‑il de ces faits? Qu'en est‑il du fait que l'hôpital qui a été bombardé n'était pas, en fait, un hôpital, mais un stationnement? Qu'en est‑il du fait qu'il ne s'agissait pas d'une frappe aérienne des Israéliens, comme l'a rapporté CBC, mais d'un missile du Djihad? Qu'en est‑il du fait que le Hamas est une organisation terroriste considérée comme telle depuis 2002 par le gouvernement du Canada?
Ce sont là les faits que CBC a la responsabilité de faire connaître à la population, mais ce sont des faits qu'elle a décidé d'omettre ou de modifier. Le Comité doit donc absolument entendre ce que Mme Tait a à dire à ce sujet. C'est important, parce que c'est elle qui dirige cet organisme et qui est responsable des décisions qui ont été prises et des soi-disant normes journalistiques...
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... et de la désinformation répandue à ce sujet. Ce sont les mots utilisés dans la motion amendée et sous-amendée.
Je veux mentionner très clairement, donc, que l'objet de sa comparution dans ce cas est très différent de l'objet de sa comparution pour le renouvellement de son mandat pour une période de 18 mois.
Je conviens avec M. Julian que c'est important, et j'ai hâte que Mme Tait vienne témoigner pour lui poser des questions au sujet de son mandat général à la tête de CBC, assurément, mais le sous-amendement, dont j'ai eu l'occasion de parler, porte sur le fait que Mme Tait vienne témoigner pour répondre à des questions précises sur la couverture par CBC des événements à Gaza et de l'attaque du Hamas contre Israël.
Après avoir clarifié cela et fait en sorte, je l'espère, que nous nous entendons sur ce point, j'aimerais ajouter ceci: il est important qu'elle témoigne sur cette question, car, comme nous le savons tous très bien, cette question occupe le devant de la scène, et à juste titre, dans l'actualité mondiale. C'est un sujet qu'il est très important pour nous, Canadiens, de bien comprendre.
Quand ce sont les Canadiens qui financent le radiodiffuseur public, il faut qu'ils puissent s'y reconnaître, et je pense que la population juive au Canada aurait beaucoup de mal à voir qu'on la défend ou même qu'elle est fidèlement représentée par CBC. Je pense qu'il est extrêmement malheureux de voir que CBC, un radiodiffuseur public, a pris la décision de diffuser de fausses informations et de diffuser des nouvelles rapidement, mais qui sont inexactes, comme mon collègue M. Waugh l'a si bien expliqué.
Mme Tait a beaucoup de réponses à nous donner. Il est important que ce soit elle qui réponde parce que c'est elle qui est grassement payée. C'est elle qui a été nommée à ce poste. C'est elle à qui on a confié le mandat de diriger cet organisme, le radiodiffuseur public.
Si nous négligions de le faire, comme l'amendement de M. Julian tentait de le recommander, le Comité ne ferait pas son travail. Il ne ferait pas le travail qu'il est censé faire. Il ne lui demanderait pas de rendre des comptes ou ne lui donnerait pas l'occasion de...
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Oui, comme je l'ai mentionné, Mme Tait vient témoigner le 2 novembre pendant une heure. C'est exact. Elle vient nous parler de son mandat dans son ensemble.
Le sous-amendement qui a été présenté, et sur lequel la présidente m'a demandé de me concentrer, demande que Mme Tait soit convoquée pour nous parler précisément de la couverture par CBC du conflit à Gaza. C'est l'objectif du sous-amendement qui a été présenté.
Il demande aussi que Mme Tait vienne témoigner pendant deux heures, ce qui nous donnerait, espérons‑le, suffisamment de temps pour lui poser des questions très importantes au nom des Canadiens, et en particulier des questions très importantes au nom de la communauté juive au Canada, qui a été vraiment négligée par CBC.
C'est donc la raison d'être du sous-amendement qui a été présenté par mon collègue, M. Waugh, et il est très important de noter que ce sous-amendement est très différent de la motion qui a été présentée précédemment il y a quelque temps pour inviter Mme Tait à venir témoigner à propos de son mandat en général.
Je pense qu'il ne fait aucun doute que nous avons hâte qu'elle vienne témoigner le 2 novembre. M. Julian, bien sûr, a mentionné qu'il souhaite la féliciter pour le genre de couverture qu'effectue CBC. Évidemment, mes collègues conservateurs et moi avons mentionné avoir des questions plus corsées à lui poser. Nous voulons obtenir des clarifications au nom de la population canadienne. Nous croyons au rôle de l'opposition officielle et au mécanisme de responsabilisation en place, car c'est ce qui fait la force d'une démocratie.
À ce sujet, dans l'article qu'elle a écrit à titre de chroniqueuse invitée au Toronto Star, Mme Catherine Tait a parlé de ce qu'exige une démocratie. Ce qui est intéressant — et le Comité pourrait aimer le savoir —, elle a dit qu'il est essentiel que tous les médias d'information relèvent ces défis ensemble. Elle parle des défis liés au fait de dire la vérité et d'être crédibles. Elle parle des défis liés au fait de rétablir la confiance.
Elle dit ensuite qu'il faut s'assurer que les Canadiens savent où ils peuvent avoir accès à des nouvelles et de l'information vérifiées et fiables sur leur quartier, leur collectivité et leur pays.
Je suis d'accord avec Mme Tait sur ce point. Il ne fait aucun doute que nous devons savoir où nous pouvons avoir accès à des nouvelles et de l'information vérifiées et fiables. Comme CBC a mal rapporté l'information à de multiples reprises au cours des dernières semaines, et étant donné que CBC refuse carrément de qualifier le Hamas d'organisation terroriste, je me demande si elle s'inclut quand elle parle de nouvelles et d'information vérifiées et fiables.
Je pense que les Canadiens méritent de connaître son raisonnement à ce sujet et ce qu'elle veut véhiculer dans sa couverture des nouvelles, qui est déficiente actuellement.
Nous parlions de démocratie et, bien sûr, du rôle que l'opposition officielle joue à cet égard. Elle ajoute que c'est ce que les Canadiens méritent et que c'est ce qu'exige notre démocratie.
Je suis encore une fois d'accord avec elle. Je crois qu'elle a tout à fait raison de dire que les Canadiens méritent des nouvelles et de l'information vérifiées et fiables, et que les Canadiens, en fait, l'exigent pour faire rayonner notre démocratie. C'est le cas en effet.
Dans cet article, elle souligne aussi l'importance de bâtir la confiance. Je suis d'accord aussi sur ce point. Jedirais que nos sources de nouvelles dans l'ensemble du pays ont l'occasion de rétablir la confiance de la population canadienne à leur égard.
Là où nous ne sommes sans doute pas d'accord, c'est sur le fait que pour rétablir la confiance, à mon point de vue, il faut dire la vérité. Elle dirait sans doute qu'en fait, on peut faire de son mieux pour rétablir la confiance simplement en refaisant la vérité. Je ne suis pas d'accord avec cela.
Sur ce, nous avons l'occasion d'entendre directement ce qu'elle a à dire, de comprendre ses intentions et de comprendre les intentions des autres membres au sein de CBC.
Qu'il s'agisse de l'ombudsman ou de M. Achi, qui est responsable des normes journalistiques, ils ont tous les trois l'occasion de comparaître devant notre comité, de se faire poser de bonnes questions et de nous faire part de la stratégie qu'ils emploient au sein de notre système de radiodiffusion publique.
En outre, ils ont la possibilité de nous dire comment ils comptent utiliser cette stratégie pour servir au mieux les Canadiens et restaurer la confiance dont Mme Tait parle dans cet article et qu'elle décrit comme étant incroyablement importante pendant que nous continuons d'évoluer dans un système démocratique et que nous voulons le protéger.
Voilà pourquoi il est très important que M. Waugh ait proposé ce sous-amendement et qu'il ne soit pas ignoré.
Je sais que M. Julian a essayé d'exclure la CBC, et Mme Tait en particulier, de la motion initiale. Je reconnais que, pour une raison ou une autre, il ne souhaite pas qu'elle...