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La séance est ouverte. Bienvenue à la 19
e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre des communes adopté le jeudi 10 février 2022, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi portant exécution de certaines dispositions de la mise à jour économique et budgétaire déposée au Parlement le 14 décembre 2021 et mettant en œuvre d'autres mesures.
La réunion d'aujourd'hui a lieu dans un format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Certains membres participent en présentiel dans la salle, et d'autres le font à distance à l'aide de l'application Zoom. Les délibérations seront affichées au site Web de la Chambre des communes. Sachez que la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme de webinaire. Les webinaires sont organisés pour les réunions publiques des comités. Ils ne sont accessibles qu'aux députés, à leur personnel et aux témoins. Les membres y deviennent tout de suite des participants actifs. Toutes les fonctionnalités des participants actifs demeurent les mêmes. Les membres du personnel seront des participants non actifs et n'auront donc que la vue de la réunion prise depuis la galerie.
Je profite de cette occasion pour rappeler à tous les participants qu'il est interdit de prendre des captures d'écran et des photos de votre écran.
Comme nous sommes encore en situation de pandémie, nous respecterons les recommandations des autorités sanitaires ainsi que la directive que le Bureau de régie interne a publiée le 19 octobre 2021. Pour demeurer en santé et en sécurité, toutes les personnes qui assistent en présentiel à cette réunion doivent maintenir entre eux une distance physique de deux mètres et porter un masque non médical lorsqu'ils se déplacent dans la salle. Nous vous recommandons fortement de porter le masque en tout temps, même lorsque vous êtes assis. Nous vous demandons à tous de pratiquer une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant fourni à l'entrée de la salle. Dans mes fonctions de président, je vais appliquer ces mesures pendant toute la durée de la réunion, et je remercie à l'avance les députés pour leur collaboration.
Pour que cette réunion se déroule dans l'ordre, je vais vous rappeler quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Les services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Au bas de l'écran, vous pouvez choisir entre l'anglais et le français. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en informer tout de suite, et nous la rétablirons avant de reprendre les travaux. Vous pouvez utiliser en tout temps la fonction « lever la main » au bas de l'écran si vous désirez parler ou faire signe à la présidence.
Les députés qui participent en présentiel pourront procéder comme nous le faisons habituellement lorsque tous les membres sont présents dans la salle de comité. N'oubliez pas les lignes directrices du Bureau de régie interne sur l'utilisation du masque et sur les protocoles de santé.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole en vous appelant par votre nom. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Quand vous parlez, veuillez le faire lentement et clairement. Quand vous ne parlez pas, votre micro devrait être en sourdine.
Je vous rappelle que tous les députés et les témoins doivent adresser leurs commentaires à la présidence.
En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir un ordre d'intervention pour tous les membres, qu'ils participent virtuellement ou en présentiel.
Le Comité a convenu qu'au cours de ces audiences, le président appliquerait la règle voulant que la réponse d'un témoin à une question ne prenne pas plus de temps que le temps pris pour la poser. Cela dit, je demande que les députés et les témoins se traitent avec respect et décorum. Si un député pense que le témoin a dépassé la durée de sa question, il pourra l'interrompre ou poser sa prochaine question afin de respecter le temps de parole des autres membres.
Je demande aussi aux députés de ne pas dépasser le temps qui leur est alloué pour les questions. Nous ne vous interromprons pas pendant votre temps de parole, mais je tiens à vous informer que le greffier a deux horloges pour chronométrer les membres et les témoins.
Je souhaite maintenant la bienvenue à nos témoins. Dans le premier groupe de témoins, de 10 heures à midi, nous accueillons les hauts fonctionnaires du ministère de l'Emploi et du Développement social, du ministère des Finances, du ministère de la Santé et de l'Agence de la santé publique du Canada. Comme nous n'avons que très peu de temps pour les questions et les réponses, je ne les nommerai pas tous. Je crois que nous accueillons aujourd'hui 16 fonctionnaires. Les fonctionnaires partageront leur temps de parole entre eux. Ils disposeront de 20 minutes en tout pour faire une déclaration préliminaire.
Je vais demander à M. Max Baylor, directeur principal, Section de l'épargne et de l'investissement, Division de l'impôt des entreprises, Direction de la politique de l'impôt du ministère des Finances, de commencer.
Monsieur Baylor, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Je vais d'abord parler de deux mesures de la partie 1, soit le crédit d'impôt pour l'amélioration de la qualité de l'air des petites entreprises et la mesure visant à restituer aux agriculteurs le produit de la redevance sur les combustibles.
Le crédit d'impôt accordé aux petites entreprises pour améliorer la qualité de l'air est un remboursement temporaire de 25 % pour les entreprises qui engagent des dépenses pour apporter des améliorations à la qualité de l'air en accroissant l'apport d'air extérieur ou le nettoyage de l'air dans des propriétés commerciales. Les entreprises admissibles recevraient un crédit d'impôt sur les dépenses admissibles jusqu'à concurrence de 10 000 $ par emplacement, pour une dépense maximale de 50 000 $ pour tous leurs emplacements.
Ce crédit d'impôt s'appliquerait aux dépenses admissibles engagées entre le 1er septembre 2021 et le 31 décembre 2022. Les entreprises admissibles sont les sociétés privées sous contrôle canadien dont le capital imposable utilisé au Canada peut aller jusqu'à 15 millions de dollars. Ce crédit s'appliquerait aussi aux entreprises individuelles non constituées en société.
Les dépenses admissibles se regrouperaient en deux catégories.
La première comprendrait l'achat, l'installation, la conversion ou la mise à niveau de systèmes mécaniques de chauffage, de ventilation et de climatisation, ou systèmes CVC, qui satisfont à certaines conditions relatives à la valeur confirmée d'efficacité minimale, ou MERV, ou à certaines conditions relatives aux taux d'alimentation en air extérieur. La deuxième catégorie de dépenses admissibles comprend l'achat de dispositifs de filtration de l'air à l'aide de filtres à particules à haute efficacité, aussi appelés filtres HEPA.
Quant à la deuxième mesure, le retour des produits de la redevance sur les combustibles aux entreprises agricoles, elle respecte l'engagement pris dans le budget de 2021. Elle permettrait de retourner le produit de la redevance sur les combustibles, sous forme de crédits d'impôt remboursables à partir de l'année de redevance sur les combustibles 2021‑2022, directement aux entreprises agricoles situées dans les provinces assujetties au filet de sécurité, soit en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. Les entreprises agricoles admissibles comprennent les sociétés, les entreprises à propriétaire unique et les fiducies, notamment celles qui exercent leurs activités par l'entremise d'une société de personnes.
Pour être admissible, l'entreprise doit engager des dépenses agricoles totales de 25 000 $ ou plus. Les montants des crédits d'impôt remboursables seraient déterminés en fonction des dépenses agricoles admissibles de l'entreprise, multipliés par le taux de paiement précisé par le ministre des Finances pour chaque année de redevance sur les combustibles applicables. Ces deux taux de paiement ont été précisés dans les mises à jour économiques et financières de ces deux premières années. Les dépenses agricoles admissibles comprennent généralement les dépenses déduites du revenu agricole.
Voilà qui conclut l'aperçu des deux premières mesures.
Je vais céder la parole à mon collègue, Pierre Leblanc, pour qu'il continue à présenter la partie 1.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour. Je m'appelle Pierre Mercille. Je suis le directeur général responsable de la législation à la Division de la taxe de vente du ministère des Finances.
[Français]
La partie 2 du projet de loi instaure une nouvelle loi, la Loi sur la taxe sur les logements sous-utilisés, qui imposerait une nouvelle taxe aux propriétaires d'immeubles résidentiels au Canada, dans certaines circonstances, à compter de l'année civile 2022.
À compter de 2023, certains propriétaires d'immeubles résidentiels situés au Canada seraient tenus de transmettre une déclaration pour l'année civile précédente à l'Agence du revenu du Canada pour chaque immeuble résidentiel qu'ils possèdent. Dans cette déclaration, les propriétaires peuvent avoir le droit de demander, dans certaines circonstances, une exemption de la taxe pour l'immeuble résidentiel. Il peut s'agir, par exemple, d'un bien loué à long terme ou occupé par son propriétaire comme lieu de résidence habituelle.
Les propriétaires assujettis à la taxe seraient tenus de calculer, de déclarer et de verser le montant de taxe dû, qui serait égal à 1 % de la valeur de l'immeuble résidentiel, au prorata de leur participation respective dans l'immeuble. Les citoyens canadiens, les résidents permanents du Canada et certaines entités canadiennes ne seraient pas assujettis à la taxe et ne seraient pas tenus de produire une déclaration annuelle.
[Traduction]
Cette mesure a été annoncée pour la première fois dans l'Énoncé économique de l'automne 2020. Elle a été confirmée dans le budget de 2021, et elle a également fait l'objet d'une consultation publique l'été dernier.
Merci. C'était ma brève description de la partie 2 du projet de loi.
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Merci, monsieur le président.
Je vais concentrer mes questions sur la taxe sur les logements qui est proposée dans ces mesures.
J'ai cité à la Chambre des communes l'exemple de la Colombie-Britannique, où les municipalités imposent déjà une taxe pouvant atteindre 2 %, suivant qui est l'acheteur, sur les transactions étrangères effectuées dans le marché du logement. À cela s'ajoute une taxe provinciale pouvant atteindre 3 %, pour une taxe totale pouvant atteindre 5 %. Les acheteurs étrangers doivent aussi payer une taxe de transfert de 20 % . Malgré tout cela, 7,7 % de l'activité du marché immobilier de Vancouver comprend les transactions d'acheteurs étrangers à Vancouver et dans le Lower Mainland.
Ces faibles taxes n'ont pas beaucoup d'effet sur les achats, à moins que nous examinions la situation après coup. Comment pensez-vous que le fait d'outrepasser nos compétences par 1 % réglera le problème du logement au Canada?
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Sauf votre respect, la main droite devrait savoir ce que fait la main gauche dans la bureaucratie fédérale.
Pouvez-vous nous dire combien d'argent nous allons perdre au profit de pays étrangers en outrepassant notre compétence dans ce projet de loi?
Je vais passer à autre chose.
Nous parlons d'augmenter efficacement les taxes. Nous avons sept parties ici, et l'une propose un dépassement fiscal. Il est certain que nous faisons face à une crise du logement au Canada. Y aurait‑il une meilleure façon d'aborder cette crise en pénalisant les acheteurs étrangers chez nous, comme en resserrant nos lois sur le blanchiment d'argent, pour générer des recettes?
Est‑ce une possibilité que vous envisageriez?
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Vous avez raison, on ne trouve pas cela dans le projet de loi.
Ce projet de loi propose une solution timide et inefficace au fait que les Canadiens perdent beaucoup d'argent sur les propriétés qu'ils possèdent à l'étranger. Vous proposez 750 millions de dollars sur cinq ans. J'essaie d'entrevoir le résultat final, parce qu'à l'heure actuelle, je le répète, il semble que ce soit un signe de vertu qui n'accomplirait rien au Canada, mais qui coûterait cher aux Canadiens.
Je vais céder le reste de mon temps au prochain intervenant.
Merci, monsieur le président.
Mon dernier point est un commentaire et non une question.
En réponse à ma question sur l'objectif de cette mesure, M. King a parlé d'augmenter les impôts afin de contribuer au financement de certains programmes de logement que le gouvernement cherche à mettre en place pour régler la crise du logement. Je suis tout à fait d'accord avec cet objectif.
Je voulais aussi affirmer que, de toute évidence, l'imposition d'une taxe sur les propriétés vacantes appartenant à des non-résidents inciterait les non-résidents à ne pas laisser leurs propriétés vacantes. Je suppose que cela contribuera à régler le problème de la pénurie de logements dont nous avons entendu parler ici. J'imagine que cela aiderait à accroître l'offre de logements, ce qui freinerait la montée en flèche des prix des logements.
Je vous remercie tous du temps que vous nous avez consacré aujourd'hui.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens d'abord à saluer tous les fonctionnaires et à les remercier de leur participation à cette séance du Comité. Nous leur en sommes reconnaissants.
Je ne serai pas très original, car je vais aussi poser mes premières questions sur la partie 2 du projet de loi.
Est-ce que le gouvernement fédéral prélève actuellement d'autres taxes en matière de taxation foncière, ou est-ce une première?
Messieurs King, Mercille ou Ives, l'un d'entre vous ou quelqu'un d'autre peut-il me répondre?
J'aimerais que les représentants du ministère puissent fournir au Comité une réponse à cet égard, parce que, à ma connaissance, ce serait une première.
Je veux bien me faire comprendre. Au Bloc québécois, nous sommes d'accord sur l'essentiel du projet de loi . Évidemment, nous sommes très sensibles à la question des prix de l'immobilier qui explosent, car nous croyons que les acheteurs étrangers peuvent jouer un rôle dans cette inflation.
Nous saluons donc les mesures prises par le gouvernement pour tenter de freiner cette hausse fulgurante des prix. En revanche, nous sommes très préoccupés par le fait que, à notre connaissance, ce serait la première fois que le gouvernement fédéral viendrait occuper une partie de l'assiette fiscale pour l'impôt foncier, dernier champ d'imposition d'où Ottawa était absent.
Je m'explique. Actuellement, au Québec, ce sont les municipalités qui occupent ce champ d'imposition. Cela est donc indirectement le privilège des provinces. Quand le gouvernement fédéral commencera à occuper un nouveau champ d'imposition, même pour une période temporaire et pour une bonne cause, nous craignons fortement qu'il ne se retire pas une fois la mesure prise, même si elle est exceptionnelle, qu'il prenne goût à occuper ce domaine et qu'il continue de le faire.
Nous savons que cela a été le cas lors des deux guerres mondiales pour l'impôt des sociétés et l'impôt des particuliers. La mesure était censée être temporaire et servir à collecter des fonds, mais le gouvernement fédéral a continué de prélever ces impôts par la suite. Nous savons aussi que les municipalités ont de graves problèmes liés aux recettes et qu'elles doivent faire face à de grands défis. Si elles devaient dorénavant, dans cinq ans ou dans dix ans partager ce champ d'imposition avec le gouvernement fédéral, leurs ressources seraient davantage limitées. Cela nous préoccupe beaucoup.
Monsieur Mercille, ma question allait donc dans ce sens. Selon nous, il s'agirait d'une première, et cela nous préoccupe.
Cela étant dit, j'aimerais revenir sur le choix arrêté quant au pourcentage de la valeur de l'immeuble résidentiel dont il a été question plutôt, qui a été fixé à 1 %. Quelles raisons sous-tendent ce choix fixé à 1 % plutôt qu'à 0,5 % ou à 2 %?
J'invite quiconque peut répondre à ma question à le faire.
Je reviendrai plus tard sur la question du pourcentage fixé à 1 %. Je comprends bien qu'il s'agit d'une décision politique.
Est-ce que le ministère effectue des analyses de l'élasticité, si je peux m'exprimer ainsi, de la réaction des acheteurs étrangers?
Selon vos analyses, est-ce que le pourcentage a une grande influence sur le choix des logements achetés par des étrangers?
Êtes-vous en mesure de qualifier le comportement des acheteurs étrangers en fonction des variations du pourcentage de la taxe?
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Je peux répondre à cette question.
Comme je crois l'avoir dit plus tôt, nous avons surtout analysé les répercussions qu'aurait cette taxe sur les recettes. Pour ce qui est des répercussions économiques plus générales de cette taxe ou de taxes semblables sur les logements inoccupés, le ministère n'est au courant que de très peu d'études menées à ce sujet, et cela reflète le fait que le Canada — et le reste du monde, d'ailleurs — n'impose que très peu de ces types de taxes et qu'il y a une véritable pénurie d'information sur les taux d'inoccupation dans le marché du logement en général.
Nous avons des données sur les taux d'inoccupation des logements locatifs, mais pas sur les autres types de logements, ce qui entrave notre travail empirique. Cela dit, nous sommes au courant de quelques études et de quelques situations. L'une de ces études a été réalisée en France il y a quelques années sur une taxe imposée au début des années 1990. Les paramètres étaient évidemment différents, mais pour un taux d'imposition de 10 à 15 % sur le revenu locatif potentiel d'une propriété vacante, les résultats de l'étude ont signalé une baisse d'environ 13 % des taux d'inoccupation dans les municipalités où cette taxe avait été imposée.
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Le problème, c'est que les règlements donnent un pouvoir assez étendu au gouvernement. S'il est en mesure de créer cette exemption, on peut supposer que ce pouvoir lui permettra d'en créer d'autres; son pouvoir de créer des exemptions est illimité. Si nous, les législateurs, approuvons la création d'une nouvelle taxe qui est censée avoir un objectif stratégique, le gouvernement pourra créer toutes les exemptions qu'il voudra...
Bien entendu, il lui faudra un certain pouvoir de réglementation pour apporter des modifications, parce qu'une décision comme celle‑ci peut avoir des conséquences imprévues, et nous ne ferons peut-être pas tout correctement du premier coup. Mais nous sommes dans une situation où le gouvernement veut créer un type d'exemption très précis pour cette taxe sans l'inclure dans la loi et sans la faire approuver par les législateurs. Il veut se servir de ce vaste pouvoir qui, normalement, ne sert qu'à apporter des modifications, pour que la nouvelle taxe corresponde à son objectif politique. Il ajoute en passant qu'il envisage d'utiliser cette exemption pour créer une nouvelle exemption importante. On peut alors se demander quelles autres nouvelles exemptions importantes pourraient être créées pour une taxe qui comporte déjà un certain nombre d'échappatoires. Je sais que ce terme est péjoratif, mais nous voyons déjà là de nombreuses manières d'éviter de payer cette taxe.
Envisage‑t‑on d'ajouter d'autres exemptions à cette taxe? Comment puis‑je être sûr, dans mon rôle de législateur, que le gouvernement n'utilisera pas ce même pouvoir réglementaire pour créer d'autres exemptions importantes à la taxe après son adoption au Parlement?
Ce qui me surprend dans ce cas, c'est qu'il s'agit d'une exemption qui permettrait à des gens — qui ne sont pas des citoyens canadiens ou des résidents du Canada — de posséder une maison et de laisser une propriété vacante pendant 11 mois de l'année, ou même plus. C'est 48 semaines par année. Cela semble vraiment aller à l'encontre de l'objectif de la taxe.
Dans ce cas-ci, ce qui me surprend aussi, c'est que cette exemption semble si éloignée de la raison d'être de la taxe, qui est censée être appliquée aux non-citoyens et aux non-résidents qui possèdent des biens inoccupés pendant la plus grande partie de l'année. Ici, le gouvernement dit qu'il envisage déjà une exemption qui permettrait aux gens qui laissent des propriétés inoccupées pendant 11 mois de l'année ou plus de ne pas avoir à payer la taxe.
Cela va au‑delà du pouvoir réglementaire de régler les différences d'interprétation. Il s'agit en fait d'un pouvoir réglementaire visant à miner l'objectif stratégique de la taxe.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier tous les fonctionnaires d'être ici aujourd'hui et de nous aider relativement à ce projet de loi très important.
En fait, je vais commencer par un énoncé tiré du budget de 2021 concernant le 1 %, la raison pour laquelle une taxe de 1 % est appliquée aux non-résidents du Canada au titre des propriétés inutilisées dans nos municipalités.
Dans l’Énoncé économique de l’automne de 2020, le gouvernement a annoncé qu’il prendrait des mesures au cours de l’année à venir pour mettre en œuvre une mesure fiscale nationale visant l’utilisation improductive des logements canadiens appartenant à des non-Canadiens qui sont non-résidents. Cette mesure aidera à s’assurer que les propriétaires étrangers non-résidents, qui se servent tout simplement du Canada comme un endroit où stocker leur richesse dans le logement, paient leur juste part.
De plus, dans le discours du budget de notre , elle a dit:
Les maisons ne devraient pas être des instruments de placement passif pour l'argent étranger. Elles devraient être un foyer pour les familles canadiennes. C'est pourquoi, le 1er janvier 2022, notre gouvernement instaurera la première taxe nationale du Canada sur les biens vacants appartenant à des non-résidents, non-Canadiens.
J'ai été un peu surprise, monsieur le président, d'entendre des fonctionnaires dire que la taxe de 1 % n'est imposée, en fait, que pour augmenter les recettes fiscales. En fait, je ne crois pas que ce soit le cas, et je pense que notre a été très claire au sujet de l'incitatif qui sous-tend cette taxe. Je pense qu'il est très clair qu'il existe au Canada une crise d'abordabilité. Il existe aussi une crise du logement abordable. Par conséquent, notre gouvernement prend un certain nombre de mesures, dont celle‑ci, la taxe de 1 %, pour tenter de régler ce problème.
Cela dit — et je ne sais pas quel fonctionnaire serait le mieux placé pour répondre à cette question —, je crois comprendre, d'après les consultations qui ont eu lieu, qu'on avait l'intention d'exclure les propriétés de vacances de l'application de cette taxe. Pouvez-vous le confirmer, s'il vous plaît?
Pour ce qui est des mesures de reddition de comptes, il existe un système de production de rapports, un cycle de production de rapports que les provinces et les territoires ont fournis au gouvernement fédéral.
Depuis janvier, comme vous le savez sans doute, le processus d'achat et de livraison de tests aux provinces s'est beaucoup accéléré, et l'accent mis dans nos processus de production de rapports dans les provinces et les territoires est passé de ce que j'appellerais les résultats d'utilisation au déploiement. Nous essayons de mieux voir où ces tests sont déployés et où ils sont utilisés, plutôt que de voir les résultats de cette utilisation. Comme vous le savez, les trousses sont de tailles différentes, mais il n'est pas possible d'obtenir les résultats de chaque test.
Je tiens d'abord à remercier M. King des explications qu'il a fournies en réponse à mes questions précédentes. C'était très instructif.
J'en suis toujours à la partie 2 du projet de loi, plus précisément au montant de la taxe égal à 1 % de la valeur de l'immeuble résidentiel. Je suis d'accord avec Mme Dzerowicz. L'objectif d'une taxe est en effet de récolter de l'argent, mais c'est aussi de modifier les comportements. C'est ce que nous avons compris des propos de la ministre des Finances.
Il s'agit en quelque sorte de l'idée avancée par l'économiste Arthur Pigou et de la taxe dite pigouvienne. Pourquoi taxe-t-on plus fortement le tabac et l'alcool? Pour inciter les gens à acheter moins de ces produits, étant donné les externalités négatives qui y sont associées. C'est donc la façon d'interpréter cette taxe après analyse.
À ce sujet, j'aimerais poser une question à M. King, à M. Mercille, à M. Ives ou à toute autre personne qui pourra y répondre.
Au ministère, avez-vous fait des projections, des analyses ou des évaluations pour déterminer si cette taxe dont le montant est égal à 1 % de la valeur de l'immeuble permettrait de brider l'augmentation des prix de l'immobilier dans certaines régions, l'achat de propriétés par des intérêts étrangers ou l'augmentation des loyers?
J'aimerais savoir si vous avez évalué cela et, le cas échéant, à quels résultats vous êtes arrivés. Quels liens de causalité avez-vous établis?
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Merci, monsieur le président.
La pandémie a mis en évidence l'état actuel des soins de santé au Canada. Les établissements de soins de santé sont débordés. Des lacunes et des insuffisances importantes ont été décelées. Le système dans son ensemble est au bord de l'effondrement, selon beaucoup de professionnels de la santé. Les unités de soins intensifs sont constamment remplies de patients. Des chirurgies et des interventions ont été reportées, et le personnel est manifestement très épuisé.
Le 4 février, les premiers ministres des provinces et des territoires du Canada se sont réunis et ont demandé l'aide du du Canada en plaidant pour une augmentation inconditionnelle de 28 milliards de dollars des transferts en santé. Plus tôt la semaine dernière, au Comité des finances et dans les semaines qui ont précédé, nous avons découvert 70 milliards de dollars de nouvelles dépenses dans ce projet de loi seulement, mais aucune partie de ce montant ne concernait les transferts canadiens en matière de santé.
Certains économistes ont laissé entendre que toute nouvelle dépense devrait viser les transferts au titre des soins de santé parce que le moment n'était pas nécessairement bien choisi pour prévoir des dépenses afin de stimuler l'économie, et nous avons rencontré plusieurs économistes qui avaient des opinions différentes.
Compte tenu des 70 milliards de dollars de nouvelles dépenses prévues dans ce projet de loi et du fait que les économistes disent que de nouvelles dépenses devraient être consacrées aux transferts au titre de la santé, a‑t‑on jamais envisagé d'inclure les transferts canadiens au titre de la santé dans ce projet de loi?
Je vous demande de répondre par oui ou par non, et peu m'importe qui veut bien répondre.
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D'accord. J'ai deux ou trois choses à dire à ce sujet.
Monsieur le président, en tout respect, je ne pense pas que vous ayez à répondre à la question à la place du témoin. De toute évidence, j'ai demandé si on en avait discuté.
Lorsque le gouvernement du Canada est sur le point de dépenser 70 milliards de dollars pour stimuler l'économie au moyen d'un projet de loi, alors que les économistes lui disent de ne pas le faire, qu'il a déjà imprimé trop d'argent et rempli le système de liquidités, que tous les premiers ministres provinciaux réclament une augmentation des transferts canadiens en matière de santé, c'est une très bonne question de savoir au moins si cette demande a fait l'objet de discussions.
Je voulais qu'on me réponde par oui ou par non. Je n'ai pas compris, ce qui me fait penser soit qu'on n'en a pas discuté, soit que, si c'était le cas, personne ne veut admettre qu'on en a discuté et qu'on a ensuite exclu cette possibilité.
Si vous allez dépenser 70 milliards de dollars, c'est beaucoup d'argent des contribuables dont nous n'apprenons jamais la provenance ici, mais il est important que les membres du Comité sachent ce qui a été exclu. Si vous devez dépenser 70 milliards de dollars, il est clair que des mesures dont on a discuté n'ont pas été incluses dans ce projet de loi.
Il serait intéressant de savoir si l'une de ces mesures était quelque chose que les premiers ministres, de l'ensemble des provinces et des territoires du pays, suppliaient le gouvernement de faire en première page tous les deux jours.
La semaine dernière, le a annoncé un financement CodeCan de 80 millions de dollars, je crois, à l'intention d'organismes sans but lucratif du pays. Je sais que nous parlons de crédits d'impôt pour les enseignants, qu'ils méritent bien d'ailleurs, car ils dépensent beaucoup de leur propre argent pour leurs classes. Bon nombre de ces enseignants travaillent également au sein de ces organismes sans but lucratif et font du travail supplémentaire après l'école.
Y a‑t‑il des exemptions pour les enseignants qui veulent acheter de nouvelles technologies s'ils travaillent avec des organismes sans but lucratif, par rapport à ceux qui sont énumérés dans la nouvelle présentation du cabinet du — les 80 millions de dollars?
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Merci, monsieur le président. Je peux répondre à cette question.
En ce qui concerne les travailleurs qui seront touchés par cette modification amendement, il y aura les travailleurs dont le régime de prestations saisonnières a été perturbé par le calendrier des mesures temporaires liées à la COVID‑19. S'ils sont visés par cette modification, une fois que le projet de loi sera adopté, qu'il recevra la sanction royale et qu'il entrera en vigueur, les semaines supplémentaires seront appliquées aux demandes de prestations régulières d'assurance-emploi. Les prestataires saisonniers admissibles pourront recevoir leurs semaines supplémentaires de prestations une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale.
Nous comprenons qu'il pourrait y avoir un écart de prestations entre le 9 janvier et la mise en œuvre complète de la mesure proposée, mais la nature de la modification est telle que tous les demandeurs admissibles recevront la prestation à laquelle ils ont droit, et tout sera mis en œuvre pour que les paiements soient traités le plus rapidement possible.
S'il y a une analyse, il est toujours important que le gouvernement effectue des examens des dépenses fiscales fondés sur des données probantes. S'il existe une analyse, j'espère qu'elle pourra être fournie au Comité.
Pour ce qui est de la taxe sur les logements sous-utilisés, oui, nous avons discuté des deux objectifs. Comme l'objectif principal consiste à générer des recettes, pouvez-vous fournir au Comité une analyse qui précise comment vous en arrivez à vos prévisions de recettes en ce qui concerne le nombre de logements touchés et leur emplacement?
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Merci, monsieur le président. Je peux répondre à cette question.
Comme je l'ai dit plus tôt, il y a une véritable pénurie d'information sur les logements vacants dans l'ensemble du pays. Tout ce que nous avons, ce sont les données sur la propriété étrangère du Programme de la statistique du logement canadien. Nous disposons de ces données pour quatre provinces. Nous avons des données provenant de la taxe de vente et de la taxe d'inoccupation de la Colombie-Britannique sur la propriété étrangère et des données sur le taux d'inoccupation parmi cette composante de propriété étrangère.
Nous devons extrapoler ce qui se passe dans les diverses autres provinces du pays pour établir l'estimation des recettes.
C'est une nouvelle taxe; elle n'a pas encore été imposée. Nous n'avons pas de déclarants. Nous aurons beaucoup plus d'information au bout du compte, mais il n'est probablement pas surprenant que l'incidence soit plus importante en Ontario, en raison de sa taille et de sa population, en Colombie-Britannique, au Québec et en Alberta.
J'espère que vous comprenez... Je reconnais que c'est difficile, mais il est très ardu de prévoir les recettes, et le bilan du ministère en matière de prévision des recettes sur les augmentations de taxe n'est pas très reluisant en général.
J'espère que vous pourrez fournir au Comité l'analyse en vertu de laquelle vous formulez des hypothèses ou les hypothèses que vous établissez, afin que nous puissions les évaluer.
Pour ce qui est du deuxième objectif de cette mesure, y a‑t‑il une analyse qui vise à déterminer combien de logements seront remis sur le marché?
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Oui, encore une fois, nous avons un exemple à utiliser au Canada. Il s'agit de la taxe de spéculation et d'inoccupation de la Colombie-Britannique. Après la première année de cette taxe, le nombre d'entités, de personnes ou d'organisations qui paient la taxe a diminué d'environ 50 %, parce que la propriété a été vendue ou louée.
Nous avons intégré des réponses comportementales à nos estimations de recettes. Vous verrez qu'au cours de la première année, elles passent de 170 à 145 millions de dollars, soit une baisse d'environ 10 %. La deuxième année, il y a une baisse d'environ 5 % des recettes, qui s'établissent à 140 millions de dollars.
Encore une fois, comme il y a très peu d'information, de données ou d'autres exemples sur lesquels fonder ces estimations, ce ne sont que des hypothèses pour l'instant.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais commencer par formuler un commentaire.
M. MacDonald a demandé plus tôt aux fonctionnaires si les provinces avaient participé à la consultation ou si elles avaient manifesté des craintes ou des doutes concernant l'occupation par le gouvernement fédéral du champ d'imposition lié à l'impôt foncier. Les fonctionnaires ont rappelé qu'il y avait eu des consultations et que les provinces n'y avaient pas participé.
J'aimerais rappeler au Comité qu'il n'est pas d'usage pour les provinces de participer à de telles consultations lorsque les gouvernements provinciaux ont des interrogations, des inquiétudes, des commentaires ou des avis en lien avec les projets de loi du gouvernement fédéral. La règle d'usage est plutôt d'écrire à la ministre, dans le cas présent. Évidemment, ces lettres sont confidentielles et seul leur expéditeur peut les rendre publiques. Il est donc tout à fait normal que les provinces n'aient pas participé aux consultations concernant l'imposition de cette taxe foncière. C'est conforme à la façon de faire et il ne faudrait pas en tirer quelque conclusion que ce soit.
Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais poser deux questions en lien avec la dernière partie du projet de loi, celle qui vient modifier le régime d'assurance-emploi.
Quel est le nombre estimatif de travailleurs saisonniers qui profiteraient de cette modification législative?
Le délai d'adoption de ce projet de loi vient-il jouer un rôle dans tout cela?
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Merci, monsieur le président.
Je m’excuse de la difficulté des questions.
Permettez-moi de revenir sur une question posée par un de mes collègues au sujet de la réciprocité entre les deux pays. Je vais citer le représentant Brian Higgins, un démocrate de Buffalo, qui a communiqué avec les fonctionnaires canadiens au sujet de cette taxe parce que, comme il l’a dit très clairement, si le Canada a vraiment l’intention d’imposer une taxe aux Américains, les États-Unis devraient envisager une taxe réciproque sur les biens appartenant à des Canadiens aux États-Unis.
Le ministère des Finances a‑t‑il examiné l’ampleur des pertes fiscales que les Canadiens vont subir aux États-Unis et a‑t‑il déterminé si les Canadiens vont réellement profiter de cette taxe ou s’ils vont subventionner des pays étrangers?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J’ai quelques observations à faire avant de poser ma première question. Tout d’abord, je pense que ce que nos fonctionnaires nous ont dit en résumé au sujet de la taxe sur les logements vacants, c’est qu’elle vise trois objectifs. Le premier consiste à recueillir des recettes pour aider à financer certains de ses programmes de logement qui, comme nous l’avons tous entendu au Comité, sont si importants pour permettre à certaines personnes parmi les plus vulnérables d’être propriétaires d’une maison et d’avoir accès à un logement abordable.
Deuxièmement, cela incitera certaines des personnes qui ne sont pas résidentes et qui possèdent des logements vacants à ne plus les laisser vacants, comme ma collègue, Mme Dzerowicz, l'a dit en citant les observations de la . Le bon sens veut aussi que les non-résidents ne voudront pas que leurs maisons demeurent vacantes s’ils sont obligés de payer une taxe de 1 %; sur une propriété de 1 ou 2 millions de dollars, 1 % c’est beaucoup d’argent.
Troisièmement, l’un de nos fonctionnaires a parlé du fait que certains investisseurs, certains propriétaires non résidents, sont plus susceptibles de vendre leur propriété. Je pense que c’est un troisième concept important. J’ajouterais qu’ils sont peut-être moins susceptibles d’acheter ces propriétés s’ils envisagent de ne les détenir qu'à des fins d’investissement.
Lors d’audiences précédentes, nous avons entendu dire que la principale raison pour laquelle le prix des logements continue de monter en flèche au Canada tient à une pénurie de logements. Il s’agit de l’une des mesures — parmi tant d’autres, comme nous le savons — qui visent à accroître l’offre en veillant à ce que les logements vacants soient occupés.
Je voulais simplement résumer ce que nous avons entendu jusqu’à maintenant. Je pense qu’il est vraiment important de réunir tout cela.
J’ai une question sur un autre sujet.
[Français]
Le projet de loi propose d'ajouter une somme complémentaire de 100 millions de dollars au Fonds pour une rentrée scolaire sécuritaire dans le cadre de l'engagement du gouvernement d'améliorer la ventilation dans les écoles ainsi que de soutenir les enseignants qui ont tant travaillé pendant cette période.
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Merci, madame Dzerowicz.
Chers collègues, je m’en remets à vous, mais la pratique veut que nous disposions d’un maximum d’à peu près sept minutes avant le vote pendant la sonnerie. Nous allons suspendre la séance à ce moment‑là.
En fait, à ce moment‑là, nous allons suspendre la séance et mettre fin à l’audition de ce groupe de témoins, car nous reviendrons pour entendre notre deuxième groupe de témoins après le vote.
Je me tourne vers tous les députés pour voir si tout est...
Je vois des pouces en l’air.
Je vais prendre les deux premières minutes, puis je vais partager le reste avec M. Stewart.
J’ai une brève question, que je vais adresser à M. Baylor, pour que nous n’ayons pas le même écart que lors du dernier tour.
Monsieur Baylor, en nous répondant par oui ou par non, pouvez-vous nous dire avec certitude si, grâce à ce remboursement, tous les agriculteurs récupéreront au moins 90 % de la taxe sur le carbone qu’ils ont payée?
Je pose ma première question par l’entremise du président.
Nous avons déjà établi que les fonctionnaires ne sont pas disposés à parler de la question de savoir si les transferts en matière de santé ont déjà fait l’objet de discussions dans le cadre des nouvelles dépenses de 70 milliards de dollars, même si les économistes ne réclament pas de dépenses pour la relance économique. De plus, selon les économistes, l’argent dépensé devrait servir aux transferts en santé.
Aujourd’hui, à la Chambre des communes, et pour moi ici au Comité, grâce à l’application de vote, nous allons voter pour que le gouvernement présente un plan pour vivre avec la COVID et mettre fin aux mandats. Le gouvernement demande plus d’argent frais pour les initiatives en matière de preuve de vaccination. Je vais vous lire ce qui suit: « La partie 5 autorise des paiements sur le Trésor en vue d’appuyer des initiatives en matière de preuve de vaccination contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID‑19). »
Quelqu’un peut‑il me dire d’où vient cette directive? Les deux tiers des Canadiens veulent que l’on mette fin aux passeports vaccinaux. Ils estiment que le gouvernement s’est montré très intrusif ces deux dernières années. Je me demande pourquoi nous dépensons des milliards de dollars de l’argent des contribuables pour augmenter le nombre de passeports vaccinaux et les mesures qui les entourent.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je pourrais peut-être apporter une précision. Au cours de la dernière année, le gouvernement du Canada, les provinces et les territoires ont travaillé ensemble à l’élaboration d’une preuve de vaccination normalisée, reconnaissant la nécessité pour les citoyens et les résidents d’avoir accès à un document sûr et vérifiable pour les voyages au pays et à l’étranger. Au cours de la dernière année, nous avons collaboré à l’élaboration d’une norme utilisant une norme d’application SMART en matière de santé.
L’objectif de ce fonds est d’indemniser les provinces et les territoires pour les coûts liés à l’établissement des programmes de preuve de vaccination, à la délivrance des justificatifs de vaccination et au maintien du programme aussi longtemps que nécessaire, que ce soit au pays ou pour les voyages internationaux.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour répondre aux questions de M. Stewart au sujet des mandats relatifs aux vaccins, je vais commencer par vous dire ce qui sous-tend cette logique. Je sais qu’un sondage a été effectué récemment. Éric Grenier l’a en quelque sorte annoncé sur Twitter. « J’ai vu beaucoup de références au sondage de l’Institut Angus Reid qui laisse entendre qu’une majorité veut mettre fin aux restrictions et “ laisser les gens s’isoler s’ils sont à risque ”, peu importe ce que cela signifie. La question plus simple de Léger montre encore que la majorité ne veut pas lever les restrictions [...] ». Je vais m’arrêter là.
Je voulais parler des petites entreprises. Comme nous le savons tous, elles sont le cœur et l’âme de notre économie. J’ai eu la chance de visiter un grand nombre de nos petites entreprises dans la circonscription de Davenport samedi, et je tiens à saluer The Green Jar, African Palace et Caribbean Queen. Ce sont des entreprises extraordinaires, et je pense qu’elles seront très heureuses d’apprendre que le projet de loi prévoit un crédit d’impôt remboursable temporaire de 25 % pour les entreprises admissibles relativement aux dépenses engagées pour apporter des améliorations à la qualité de l’air qui améliore la prise d’air extérieur ou le nettoyage de l’air dans les propriétés commerciales.
Je pense que tout le monde s’en préoccupe, alors que nous essayons d’entrer dans le monde de l’économie post-COVID. Comment pouvons-nous continuer à assurer la sécurité de notre personnel et de nos clients?
Les fonctionnaires peuvent-ils nous dire comment ce nouveau fonds fonctionnera? Comment les petites entreprises pourront-elles avoir accès à ce crédit d’impôt?
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Nous nous sommes fondés sur deux critères pour choisir les 13 régions. Le premier était le taux de chômage. Nous regardions les taux de chômage de chaque région et, s'ils étaient plus grands que ceux de la moyenne nationale, le premier critère était rempli.
Le second critère était la proportion de travailleurs saisonniers dans chaque région. Nous visions, si je me souviens bien, un taux de 4 %. Si le pourcentage des prestataires saisonniers était plus élevé que 4 % par rapport à la population active, le deuxième critère était rempli.
Toutes les régions qui répondaient à ces deux critères en même temps faisaient partie du projet pilote et, à la fin, cela nous a donné un total de 13 régions.
Pourriez-vous répéter le deuxième volet de la question? Je crois que j'ai perdu le fil.
C’est le deuxième groupe de témoins que nous recevons aujourd’hui. Nous tenons des consultations prébudgétaires en prévision du budget de 2022.
Nous accueillons aujourd’hui, à titre personnel, Brian Arnold, professeur émérite, et à titre personnel, Carol Anne Hilton, directrice générale, Indigenomics Institute.
De MNP S.E.N.C.R.L., s.r.l., nous accueillons Kim Drever, associée, Services fiscaux, et Amanjit Lidder, vice-président principal et associé, Services fiscaux.
De Moodys Private Client LLP, nous accueillons Kim Moody, directrice générale.
De Médias d’info Canada, nous accueillons Jamie Irving, président, et Paul Deegan, président et chef de la direction.
Du Réseau FADOQ, nous accueillons Gisèle Tassé-Goodman, présidente, Secrétariat provincial; Danis Prud’homme, directeur général, Secrétariat provincial; et Philippe Poirier-Monette, conseiller en droits collectifs, Secrétariat provincial.
Ils auront tous l’occasion de faire une déclaration préliminaire de cinq minutes.
Je vais me tourner vers les députés. Je conviens que nous devrions prendre l’heure. Nous avons perdu du temps pendant le vote.
Chers collègues, est‑ce que je vois un hochement de têtes pour que nous puissions dépasser 13 heures?
Des députés: D'accord.
Le président: Monsieur le greffier, avons-nous les ressources nécessaires? D’accord. C’est formidable.
Je vais maintenant donner la parole à nos témoins. Nous allons commencer par M. Brian Arnold, professeur émérite.
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Merci, monsieur le président.
Joyeuse Saint-Valentin, tout le monde, bien que ce dont je dois parler, l'évasion fiscale et la disposition générale anti-évitement, n'aient pas grand-chose à voir avec l'amour.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner que je comparais à titre personnel. Je ne représente aucun intérêt particulier et j'aimerais donc vous parler un peu de mon parcours professionnel et de mon expérience en matière de fiscalité.
J'ai enseigné dans une faculté de droit canadienne pendant 28 ans et ensuite dans diverses facultés de droit à l'étranger, notamment à Harvard et à l'Université de New York. J'ai exercé à temps partiel pendant 35 ans dans deux grands cabinets d'avocats de Toronto. J'ai été conseiller auprès du ministère des Finances pour la rédaction et la conception de la disposition générale anti-évitement en 1986-1987. J'ai également prêté conseil au sujet de l'évasion fiscale à l'Organisation de coopération et de développement économiques, aux Nations unies et à divers gouvernements.
Inutile de vous dire que l'évasion fiscale est un grave problème pour notre régime fiscal. Elle prive le gouvernement de recettes dont il a grandement besoin, en plus de creuser les inégalités, car il n'y a que les sociétés et les riches qui peuvent en profiter. Par conséquent, les autres doivent payer davantage. L'évasion fiscale impose également des coûts énormes au régime fiscal, à l'Agence du revenu, au ministère des Finances et aux tribunaux. Enfin, elle mine la confiance du public dans le régime fiscal en général.
La disposition générale anti-évitement joue un rôle essentiel dans la prévention et le contrôle de l'évasion fiscale abusive. C'est une disposition relativement simple, qui dit essentiellement que les avantages fiscaux découlant de transactions dont l'objectif principal est l'évasion fiscale peuvent être refusés si ces transactions sont effectuées à mauvais escient ou si elles enfreignent la Loi de l'impôt sur le revenu. Cette règle vise à décourager l'évitement fiscal abusif. Or, elle date d'il y a une trentaine d'années et montre son âge, de sorte que son efficacité a diminué. Il s'agit donc de la remanier en profondeur.
Le gouvernement, le ministère des Finances, a annoncé une consultation publique sur la disposition générale anti-évitement dans son Énoncé économique de l'automne paru en novembre 2020. Quatorze mois et demi plus tard, la consultation n'a toujours pas été lancée. Je ne le comprends pas, pas plus que je ne comprends la nécessité de mener une consultation au sujet de cette disposition, Ses lacunes sont amplement connues des fiscalistes et, à mon avis, le ministère des Finances devrait se contenter de passer à l'action.
J'ai deux recommandations générales à faire au Comité. Tout d'abord, que le ministère des Finances annule sa consultation sur la disposition générale anti-évitement et qu'il demande que l'on y apporte des modifications pour la rendre plus efficace. Comme je l'ai dit, les lacunes sont bien connues, et je serais heureux de vous en fournir toute une liste.
Si le ministère insiste pour procéder à sa consultation, je suggère au Comité de recommander qu'il s'y prenne sans plus tarder.
Merci.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs, de nous avoir invités à vous faire part de nos réflexions aujourd'hui en prévision du budget de 2022.
Je m'appelle Am Lidder, je suis la vice-présidente principale des Services de la fiscalité à MNP, et je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Kim Drever. Nous sommes le plus grand cabinet de services professionnels ayant son siège social au Canada et nous sommes fiers de servir plus de 280 000 clients. Nous travaillons aux côtés d'entreprises canadiennes depuis plus de 60 ans dans 125 collectivités de toutes tailles partout au pays.
C'est avec l'expérience de nos clients à l'esprit que nous vous avons fourni un exemplaire de « Libérer le potentiel du Canada ». Dans le document qui vous a été distribué, vous trouverez un résumé des considérations stratégiques que nous avons élaborées en consultation avec notre réseau national de professionnels.
Au cours des deux dernières années, nos partenaires ont eu des centaines de milliers d'entretiens avec les Canadiens au sujet de leur vie et de leurs entreprises, et les ont aidés à composer avec les répercussions de la pandémie, ainsi qu'avec les feux de forêt, les inondations, les défis liés à la main-d'œuvre et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement. Qu'il s'agisse d'une exploitation de bleuets dans la vallée du Fraser, d'un magasin de fleurs à Brandon ou d'un atelier de fabrication à Halifax, chacun de nos clients a été touché d'une façon ou d'une autre.
Notre mémoire présente plusieurs considérations stratégiques fondées sur trois thèmes clés qui, à notre avis, peuvent renforcer la position économique du Canada et nous permettre de bâtir une économie résiliente et durable. Ces trois thèmes visent à renforcer la confiance des Canadiens, à favoriser l'innovation et à atteindre l'excellence canadienne.
Bien qu'il y ait de nombreux sujets possibles dans ces thèmes, notre allocution d'aujourd'hui portera sur un défi particulier pour les entreprises agricoles, les entreprises de pêche et les entreprises privées canadiennes, soit celui de veiller à ce que les entreprises familiales demeurent des entreprises familiales.
Auparavant, une règle de longue date de la Loi de l'impôt sur le revenu traitait les transferts intergénérationnels d'une entreprise comme un dividende plutôt que comme un gain en capital. Le projet de loi a modifié cette règle pour permettre l'accès à l'exonération cumulative des gains en capital et a apporté des changements positifs concernant le partage d'une entreprise familiale entre frères et sœurs. Bien que nous nous concentrions aujourd'hui sur l'aspect transition du projet de loi , nous estimons que la capacité de diviser une entreprise familiale entre frères et sœurs prévue dans la loi est nécessaire et qu'elle devrait être maintenue.
En raison de la structure actuelle de nos règles fiscales, la transition d'une exploitation agricole, d'une entreprise de pêche ou d'une petite entreprise d'une mère ou d'un père à ses enfants ou petits-enfants a été punitive, comparativement à la vente de cette même entreprise à une tierce partie. Le projet de loi prévoyait le transfert intergénérationnel de certaines entreprises familiales afin qu'elles bénéficient du même traitement fiscal que les entreprises vendues à un tiers. Le projet de loi représente un changement positif important pour la relève des entreprises familiales au Canada.
Avant l'adoption de ce projet de loi, lorsqu'un propriétaire d'entreprise vendait ou transférait les actions de son entreprise à son enfant ou à son petit-enfant adulte, il était imposé à un taux de dividende moyen pouvant atteindre 46 %. Cependant, si cette même entreprise était vendue à une personne qui ne faisait pas partie de la famille, le vendeur était imposé au taux inférieur des gains en capital, jusqu'à concurrence de 26 %, et il pouvait utiliser son exemption au titre des gains en capital pour réduire l'impôt à payer.
Nous croyons que la politique fiscale ne devrait pas dissuader les familles de vendre leur entreprise aux leurs. Le projet de loi constitue un bon point de départ pour s'attaquer au désavantage auquel les familles sont confrontées.
Le 19 juillet, le gouvernement du Canada a laissé entendre que des modifications seraient apportées à l'automne 2021. Cependant, les entreprises n'ont pas encore vu cet avant-projet de loi. Dans son communiqué de presse, le gouvernement a énoncé quatre caractéristiques possibles pour définir une succession qui se fait de bonne foi, et nous convenons que le traitement fiscal décrit dans le projet de loi devrait être utilisé dans le processus d'une véritable transition d'entreprise.
Il est important de se rappeler qu'il n'y a pas deux transitions d'entreprise familiale identiques, et que des caractéristiques trop normatives peuvent créer des obstacles différents qui nuisent à la relève des entreprises familiales. Par exemple, dans la vente d'une entreprise à un tiers, le gouvernement du Canada ne limite pas la participation du vendeur aux activités futures de l'entreprise après la vente. Il a cependant fait savoir qu'il limiterait le degré de propriété et de participation qu'un parent peut maintenir après le transfert. D'après notre expérience, il est courant, dans la succession de nombreuses entreprises, que le vendeur demeure engagé pendant une période de transition, mais la durée et la nature de cette période devraient être dictées par ce qui convient le mieux à l'entreprise et non par la législation fiscale.
Comme le gouvernement du Canada envisage des modifications, nous encourageons l'élargissement des transferts intergénérationnels pour inclure, par exemple, la vente d'entreprises entre frères et sœurs. De plus, il s'agirait de maintenir le traitement des gains en capital lors de la vente d'actions lorsqu'on ne peut opter à l'exemption à vie pour gains en capital.
Le projet de loi restreint par ailleurs le recours à l'exemption à vie pour les entreprises à plus forte intensité capitalistique, notamment dans le secteur agricole ou de la transformation. Le plafond du capital imposable a été instauré en 1989 et n'a pas été ajusté ni maintenu au rythme de l'inflation.
Nous serons heureux de répondre à vos questions sur ce que nous avons fourni dans notre mémoire ou présenté aujourd'hui.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui. Bonne Saint-Valentin. J'espère que chacun d'entre vous pourra passer une journée romantique avec quelqu'un de spécial. À l'instar de l'éminent professeur Arnold, dont je ne partage certainement pas les idées, ce dont je vais parler aujourd'hui n'a rien de très romantique.
Même si mes idées diffèrent de celles du professeur Arnold, j'ai une longue expérience de la profession fiscale. Je vais vous parler un peu de moi. Je suis ancien président de l'Association canadienne d'études fiscales, ancien coprésident du Comité mixte sur la fiscalité de l'Association du Barreau canadien et de CPA Canada, et président de la Society of Trust and Estate Practitioners. Je suis également coanimateur de Canadian Tax Matters, la principale plateforme canadienne d'information sur les tendances fiscales.
Je serai bref aujourd'hui, car nous sommes limités à cinq minutes. J'ai remis à chacun des députés une copie complète de mes observations. Je vous encourage à les examiner de plus près.
J'aimerais parler de deux choses, soit les dépenses et les déficits hors de contrôle de notre pays, et de certaines questions fiscales qui ont été suggérées.
Pour être clair, je ne suis pas économiste, mais on n'a pas besoin d'être très instruit pour comprendre qu'on ne peut pas dépenser indéfiniment plus que ce que l'on gagne — qu'il s'agisse d'un particulier, d'une entreprise, d'un organisme sans but lucratif, d'un organisme de bienfaisance ou d'un gouvernement — à moins de souscrire à l'idée qu'un gouvernement peut créer plus d'argent sans conséquence, comme le préconise ce qu'on appelle la théorie monétaire moderne de l'économie. Il demeure qu'il y a des conséquences à dépenser indéfiniment plus que ce que l'on gagne, même si l'on cherche à camoufler les dépenses en les rebaptisant du nom d'« investissements ».
Compte tenu de l'état actuel des déficits et de la dette de notre pays et du fait qu'il n'y a aucun signe visible d'un plan pour les endiguer, conjugués à un taux d'inflation de près de 5 %, le plus élevé depuis 30 ans, le Canada est aux prises avec un grave problème. Trop d'argent pour acheter trop peu de biens ne fait qu'attiser l'inflation. Nous voyons des pressions en conséquence.
Au cours des six dernières années, et surtout des deux dernières, le gouvernement a énormément dépensé. Dans son article du 11 février 2022 intitulé « Modern Monetary Trauma », Douglas Porter, économiste en chef de BMO, a fait des remarques au sujet de la situation aux États-Unis, qui, sans être identique, est semblable à celle du Canada. Il a écrit que l'ambitieux plan de relance du début de 2021 était un cas évident de suralimentation pour une économie qui rebondissait déjà. La combinaison d'une politique monétaire et budgétaire très expansionniste était essentiellement une expérience pratique de la théorie monétaire moderne. Il achève en décrivant les résultats de cette politique: l'indice des prix à la consommation est à son plus haut niveau depuis 40 ans et la théorie monétaire moderne a lamentablement échoué à sa première épreuve. Je suis tout à fait d'accord avec lui.
Le Canada a beaucoup à apprendre de cette expérience. À mon avis, il faut commencer par contrôler les dépenses. C'est la saison où les gens ne manquent pas de demander au gouvernement d'injecter de l'argent dans les projets ou les domaines qui leur tiennent à cœur, notamment lors des séances de consultations prébudgétaires du Comité. Je crois que le gouvernement doit limiter les dépenses et resserrer ses politiques monétaires dans l'intérêt de tous les Canadiens. De telles politiques expansionnistes et l'absence d'un plan visible contribuent à d'énormes pressions inflationnistes, y compris sur le prix des logements, et tous les Canadiens en souffrent. Franchement, des mesures positives et concrètes s'imposent d'ores et déjà.
Je vais passer à la fiscalité, un domaine où je suis beaucoup plus futé. Je serai bref. Dans mes notes, j'ai décrit six aspects sur lesquels le gouvernement devrait se concentrer. Certains sont positifs, d'autres... attendez un peu...
Primo, renoncer à imposer une taxe anti-retournement sur le logement. En bref, la Loi de l'impôt sur le revenu actuelle contient tous les outils nécessaires pour s'attaquer aux commerçants de biens immobiliers qui tentent d'utiliser l'exemption pour résidence principale pour mettre leurs profits à l'abri. L'Agence du revenu du Canada a rendu obligatoire la divulgation du recours à l'exemption pour résidence principale dans les déclarations de revenus des particuliers à compter de 2016, se donnant par la même occasion les outils nécessaires pour repérer et vérifier les demandes injustifiées. L'introduction d'une autre taxe qui nie arbitrairement le recours à une exemption si une propriété est vendue dans les 12 mois suivant son acquisition, à quelques exceptions près, ne fera qu'ajouter une complexité inutile. Je suis persuadé que l'introduction de cette mesure ne se traduira pas par une réduction significative des demandes d'exemption pour résidence principale. Elle devrait donc être abandonnée.
Secundo, ne pas augmenter les taux d'imposition des particuliers. Je remarque que le programme électoral libéral de 2021 ne contenait pas de proposition explicite d'augmentation des taux. Cependant, compte tenu du besoin de recettes, je crains que le gouvernement ne considère les soi-disant « riches » comme une cible facile pour les faire payer un peu plus. De telles hausses d'impôt ne feront qu'augmenter la fuite des capitaux — ce que nous voyons fréquemment dans notre cabinet — et dissuader les meilleurs et les plus brillants de venir ou de rester au Canada, quelque chose qu'il faut éviter à tout prix, considérant la pénurie d'une main-d'œuvre qualifiée.
Tertio, ne pas augmenter le taux d'inclusion des gains en capital. Le programme électoral libéral de 2021 ne contenait pas de commentaires explicites à ce sujet, mais les lettres de mandat des ministres précédents mentionnaient des examens des dépenses fiscales pour s'assurer que les riches ne bénéficient pas d'allégements fiscaux. Comme le taux d'inclusion des gains en capital de 50 % est une dépense fiscale importante, beaucoup craignent que ce taux augmente dans le budget, ce qui serait dévastateur pour les investisseurs et pour la capacité de notre pays d'attirer des capitaux. Ne le faites pas.
Quarto...
:
Bonjour à tous. Merci de nous avoir permis de comparaître aujourd'hui.
[Français]
Au nom de Médias d'Info Canada, de nos membres éditeurs ainsi que des 3 000 journalistes que nous employons et qui informent chaque jour les Canadiennes et les Canadiens d'un océan à l'autre, nous sommes heureux de participer aux consultations prébudgétaires en prévision du budget de 2022.
[Traduction]
Les éditeurs de presse du Canada sont confrontés à une menace existentielle, Google et Facebook accaparant maintenant environ 90 % des revenus publicitaires en ligne. Pour mettre les choses en contexte, après avoir atteint un sommet de 4,6 milliards de dollars en 2008, les revenus de l'industrie de la presse ont chuté en flèche. Notre industrie se situe maintenant sous la barre des 1,5 milliard. Pendant ce temps, Google et Facebook ont vu leurs revenus canadiens confondus passer d'un peu plus d'un milliard de dollars par année à plus de 8 milliards l'an dernier.
Il y a un lien direct entre la baisse des revenus publicitaires des journaux et le fait que Google et Facebook exercent une emprise ferme sur le système de publicité en ligne, un système où ces monopoles ont plus que leur mot à dire. Selon un groupe de procureurs généraux d'État, dirigé par le Texas, les présidents directeurs généraux de Google et de Facebook ont personnellement supervisé une transaction illégale en 2018 qui les a avantagés lors d'enchères de publicités. Ces géants jouissent de tous les avantages d'être des éditeurs sans aucune obligation. Ils jettent quelques petites miettes par‑ci par‑là, mais ils n'emploient pas un seul journaliste au Canada.
Depuis 2013, nous avons perdu 300 médias dignes de confiance au Canada, et la COVID a aggravé le déclin à long terme. Les revenus publicitaires ont diminué de 35 % en 2020, et une quarantaine de journaux ont fermé définitivement leurs portes depuis le début de la pandémie.
À mesure que les médias disparaissent, ils laissent un trou désertique derrière eux sur le plan des nouvelles. Dans l'ensemble du secteur du journalisme canadien, 1 300 emplois ont été supprimés de façon permanente depuis le début de la pandémie. Il n'y a pas de solution miracle à ce problème, mais je vais céder la parole à mon collègue, Paul Deegan, qui vous décrira une mesure importante que vous, les parlementaires, pouvez prendre dès maintenant pour mettre fin à l'hémorragie et nous donner une assise commerciale plus stable.
:
Je vous remercie, monsieur Irving.
Au cours de la campagne électorale fédérale de 2021, le s'est engagé à présenter, dans les 100 premiers jours, une loi qui obligerait les plateformes numériques tirant des revenus de la publication de nouvelles à partager une part de leurs revenus avec les médias canadiens. Cette loi s'inspirait du modèle australien.
[Traduction]
Le modèle australien est simple et peut se passer de l'argent du contribuable. Il permet aux éditeurs de presse de négocier collectivement avec les grandes plateformes et les services technologiques afin de recevoir une rémunération raisonnable pour le contenu produit par les journalistes canadiens. Si les négociations ne débouchent pas sur un règlement équitable, il faut recourir à l'arbitrage final, un peu comme on fait au baseball.
En Australie, la première réaction de Google a été de menacer de cesser de rendre les recherches disponibles dans ce pays. En fait, Meta, ou Facebook, empêchait les membres des médias d'afficher, de partager ou de visionner du contenu australien sur Facebook. Le premier ministre australien, Scott Morrison, a riposté: « Nous ne nous laisserons pas intimider par les géants de la technologie qui cherchent à exercer des pressions sur notre Parlement alors qu'il doit se prononcer sur notre important code de négociation des médias d'information. Les actions de Facebook visant à rayer l'Australie de la liste des ‘amis’ en coupant les services d'information essentiels sur la santé et les services d'urgence, ont été aussi arrogantes que décevantes. »
Le code australien est en place aujourd'hui, et il fonctionne pour les éditeurs, grands et petits. Pour vous donner une idée du contexte, une bonne trentaine d'accords ont déjà été conclus, y compris avec Country Press Australia, qui représente quelque 180 médias régionaux, indépendants et plus modestes. Des rapports publics suggèrent qu'au total, ces transactions avec Meta et Google...
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les parlementaires, je vous remercie de nous avoir invités à participer à cette réunion du Comité.
Je m'appelle Gisèle Tassé‑Goodman, et je suis présidente du Réseau FADOQ. Je suis accompagnée de M. Danis Prud'homme, directeur général, et de M. Philippe Poirier‑Monette, conseiller spécial au Réseau FADOQ.
Le Réseau FADOQ est un regroupement de personnes âgées de 50 ans et plus qui compte près de 550 000 membres. Dans chacune de nos représentations politiques, nous souhaitons contribuer à l'amélioration de la qualité de vie des aînés. C'est donc avec plaisir que nous sommes présents aujourd'hui afin de vous présenter les priorités budgétaires de notre organisation.
Avant toute chose, il nous importe de revenir sur les différentes mesures que le gouvernement fédéral s'est engagé à prendre lors de la dernière campagne électorale. En effet, lors du dernier scrutin, le gouvernement fédéral a promis de rehausser le Supplément de revenu garanti de 500 $ par an pour les personnes âgées de 65 ans et plus qui vivent seules et de 750 $ pour les personnes âgées de 65 ans et plus qui vivent en couple. Il s'est également engagé à mettre en place un crédit d'impôt pour prolongation de carrière. Finalement, il a été proposé de modifier le crédit canadien pour aidant naturel afin de rendre cette mesure fiscale remboursable.
Il s'agit de trois mesures importantes qui étaient inscrites dans la plateforme électorale du Réseau FADOQ élaborée dans le cadre de l'élection fédérale de 2021. C'est donc avec satisfaction que notre organisation a constaté que le gouvernement fédéral s'était engagé à prendre ces mesures. Maintenant, il est temps de passer de la parole aux actes. Pour le Réseau FADOQ, il est évident que ces mesures doivent se retrouver dans le prochain budget fédéral. Il s'agit d'engagements pris solennellement auprès des aînés du Canada.
Nous profitons également de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui afin de revenir sur une décision prise par le gouvernement qui est difficile à accepter pour de nombreux aînés. Lors du dernier budget fédéral, le gouvernement a choisi d'exclure les personnes âgées de 65 à 74 ans de la bonification de 10 % de la pension de la Sécurité de la vieillesse, laquelle est destinée exclusivement aux personnes âgées de 75 ans et plus. Cette sous-division à l'intérieur même de la population admissible à la Sécurité de la vieillesse introduit un dangereux précédent.
Comprenons-nous bien. Toute forme de bonification est bien accueillie, mais le Réseau FADOQ estime que les personnes âgées de 65 ans à 74 ans devraient également en bénéficier. L'âge n'est qu'un chiffre, et nous constatons des situations de détresse financière tout autant chez les personnes âgées de 65 à 74 ans que chez celles âgées de 75 ans et plus. Ainsi, le gouvernement doit réviser cette proposition afin d'éviter de créer deux classes d'aînés.
En tant que présidente du Réseau FADOQ, je me dois d'aborder le sujet des milieux d'hébergement et de soins de longue durée. De nombreux aînés ont fait les frais d'un système de santé défaillant dans le cadre de la pandémie de COVID‑19. Depuis longtemps, les provinces souffrent d'un sous-financement dans le domaine de la santé de la part du gouvernement fédéral. Il est vrai que des sommes ont été injectées dans le cadre de la crise actuelle ainsi que lors du dernier budget fédéral. Néanmoins, cette aide n'est ni récurrente ni proportionnelle.
Le financement des soins de santé des provinces et des territoires accapare 40 % du budget de ces gouvernements, alors que le gouvernement canadien ne finance que 22 % de ces dépenses. Selon le Conference Board du Canada, la proportion fédérale consacrée au financement des soins de santé chutera à moins de 20 % d'ici 2026.
Le Réseau FADOQ demande au gouvernement fédéral d'effectuer un rattrapage dans le financement des soins de santé. Il importe également de rehausser l'indexation du Transfert canadien en matière de santé de 6 % annuellement, c'est-à-dire au niveau auquel il évoluait avant 2017. Par ailleurs, il est nécessaire que ce transfert tienne compte du vieillissement de la population des provinces et des territoires.
Je remercie les membres du Comité de votre attention.
M. Prud'homme répondra aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui ont pris le temps de comparaître aujourd'hui. Votre contribution est vivement appréciée.
Je vais adresser mes questions à M. Moody.
Monsieur Moody, au cours des deux dernières années, le gouvernement canadien a ajouté 560 milliards de dollars de dette au bilan canadien, dont 170 milliards qui n'avaient rien à voir avec la COVID. Il tente de se justifier en invoquant un ratio de la dette au produit intérieur brut de 50 %. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Je tiens également à souligner qu'il s'agit d'une hausse par rapport aux 30 % qui étaient justifiables avant la pandémie, et qui sont maintenant à 50 %, et on veut les maintenir comme s'il s'agissait d'une mesure à envisager sans tenir le moindrement compte de la dette provinciale, de la dette personnelle ou de la dette des sociétés.
Pouvez-vous nous parler rapidement de cette mesure, s'il vous plaît?
Vous avez parlé de la stimulation monétaire que le gouvernement a entreprise et qui a eu pour effet de remettre la dette fiscale dans le bilan de la Banque du Canada. Nous avons maintenant une dette de 1,1 billion de dollars au Canada, dont près de la moitié est inscrite au bilan de la Banque du Canada, soit 500 milliards.
Pouvez-vous nous décrire l'effet qu'aura, selon vous, la hausse des taux d'intérêt une fois que nous aurons renoncé au faible 0,25 % actuel?
C'est tout à fait exact. Les taux d'intérêt vont devoir augmenter, et ce sont les Canadiens qui en feront les frais.
Monsieur Moody, j'aimerais parler des mouvements de capitaux.
Vous travaillez dans le domaine fiscal, et vous avez vu de l'argent sortir du Canada. L'argent n'entre plus au pays parce que nous avons entravé l'essor de toutes nos industries.
Pouvez-vous nous parler des taux d'imposition des particuliers et nous dire combien d'argent de plus va sortir du Canada si nous continuons sur la lancée du gouvernement?
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Je regarde mes notes, oui, très rapidement.
Il s'agit de modifier le régime d'impôt sur le revenu fractionné; de nombreuses personnes ont comparu devant vous à ce sujet. Pour ce qui est de ces règles, même s'il y a peut-être un argument stratégique convaincant en faveur d'un régime de fractionnement du revenu, ce régime doit être entièrement remanié.
Quinto, il faut abolir les incitatifs fiscaux pour le journalisme. C'est une très mauvaise politique.
Sexto, et MNP en a parlé, il faut publier les amendements au projet de loi . C'est extrêmement important.
Enfin, il faut abandonner la taxe dite de luxe sur les automobiles, les avions et les bateaux. Si c'est ce que l'on entend par une bonne stratégie — ou plutôt une bonne politique — que d'imposer une taxe de luxe sur les avions, les automobiles et les bateaux, pendant qu'on y est, pourquoi pas aussi une taxe de luxe sur les sacs à main, les téléphones cellulaires coûteux, les bijoux, les meubles, les appareils électroménagers, les maisons, etc.
Il y a déjà trop de politique dans la Loi de l'impôt sur le revenu, et dans la Loi sur la taxe d'accise, plus que ce qu'il nous en faut.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Si cela est possible, j'aimerais partager mon temps de parole avec ma collègue Julie Dzerowicz. Je prendrai donc la parole pendant trois minutes.
[Traduction]
Ma question s'adresse à M. Arnold.
Merci d'être parmi nous aujourd'hui. Nous vous sommes très reconnaissants du temps que vous avez bien voulu nous consacrer.
J'ai quelques questions à vous poser. Je vais les poser et vous pourrez y répondre si nous avons le temps, mais si jamais ce n'est pas le cas, je vous prie d'y répondre par écrit.
Sachez avant tout que j'accepte volontiers votre offre de nous faire parvenir la liste de toutes les lacunes que vous voyez dans notre disposition générale anti-évitement.
J'ai trois questions à vous poser, monsieur Arnold. La première concerne la cause que le gouvernement a perdue devant la Cour suprême, Alta Energy Luxembourg. C'était une affaire de chalandage de conventions fiscales. Je m'inquiète du fait que notre assiette fiscale, surtout quand nos ressources naturelles sont en jeu, quitte le pays et profite, par exemple, au Luxembourg. La disposition anti-évitement a été invoquée, mais la Cour suprême a refusé de l'appliquer.
Que pensez-vous de la capacité du tribunal d'appliquer la disposition? Que pourrait faire le gouvernement pour prévenir les cas abusifs de chalandage fiscal à la suite de cette décision?
La deuxième question porte sur le fait qu'à l'heure actuelle, l'application de la disposition générale anti-évitement n'entraîne pas l'imposition d'une pénalité. Une telle pénalité aurait-elle un effet dissuasif? Améliorerait-elle l'efficacité de la disposition?
La troisième question que j'aimerais vous poser, monsieur Arnold, porte sur le fait que la disposition ne s'applique qu'aux transactions qui sont abusives. C'est un critère qui est parfois très difficile à faire valoir dans les tribunaux, comme on l'a vu dans l'affaire de la Cour suprême. Le critère servant à déterminer si une transaction est abusive en vertu de la disposition générale anti-évitement est‑il efficace, oui ou non? Pourrait‑on le rendre plus efficace, et dans l'affirmative, comment?
Je sais que ce sont beaucoup de questions, monsieur Arnold, mais songez que vous n'avez qu'une minute pour y répondre.
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Nous croyons qu'il peut être adapté au Canada de façon très simple. Ce que nous cherchons, essentiellement, c'est la capacité de négocier collectivement avec les grandes plateformes technologiques, avec l'appui d'un arbitrage des propositions finales, un peu comme on fait au baseball. Des ajustements ponctuels pourraient être nécessaires pour le Canada, mais c'est un modèle formidable à notre avis.
Nous avons constaté qu'il fonctionne pour les éditeurs, grands et petits, et c'est évidemment très important. Médias d'Info Canada représente non seulement de grands éditeurs comme Torstar, le Globe and Mail et Postmedia, mais aussi toutes sortes de très modestes éditeurs qui desservent de toutes petites localités, où les journaux sont pour ainsi dire imprimés sur la table de cuisine de quelqu'un.
Nous croyons que c'est un modèle formidable. Il a bien fonctionné en Australie, où il s'est traduit par des centaines de millions de dollars par année pour les éditeurs de nouvelles sans que le gouvernement ait eu à débourser un sou. Nous y voyons une véritable solution gagnante.
Comme M. Irving l'a si bien souligné, la baisse des revenus publicitaires dure depuis près d'une décennie, mais la pandémie a exacerbé la situation. L'heure est vraiment grave pour les éditeurs.
Nous avons repris espoir cet été, pendant la campagne électorale, lorsque les divers partis préconisaient une mesure législative semblable dans leur programme. Le Parti libéral a dit très clairement qu'il présenterait un projet de loi dans les 100 jours. Nous l'attendons d'ici deux ou trois semaines, si tout va bien.
C'est bien beau de présenter un projet de loi, mais ce que nous voulons vraiment, c'est que les parlementaires de tous les partis travaillent ensemble — à la Chambre aussi bien qu'au Sénat — et que ce projet de loi soit adopté d'ici le mois de juin, parce que c'est urgent. Si le projet de loi n'est pas adopté, de plus en plus de médias fermeront leurs portes, laissant derrière eux des trous désertiques, vides de nouvelles au Canada, ce qui n'a rien de bon pour notre démocratie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui. Je les remercie de leurs présentations et de la patience dont ils ont fait preuve pendant que nous votions à la Chambre.
Mes questions s'adressent à M. Prud'homme, du Réseau FADOQ. Cependant, je tiens à remercier Mme Tassé-Goodman de sa présentation riche en contenu et très claire.
Avant que je pose mes questions, j'aimerais rappeler ce qui suit à M. Arnold. Comme l'a fait Mme Chatel, j'aimerais lui demander de transmettre au Comité les pistes de solution qu'il recommande pour mieux lutter contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal. Nous lui en serions plus que reconnaissant. Évidemment, les travaux des économistes nous donnent plusieurs pistes de solution, notamment les travaux de MM. Saez et Zucman. J'imagine que nous pourrons faire des recoupements. Nous sommes impatients de voir les pistes de solution que vous proposerez, monsieur Arnold.
Monsieur Prud'homme, pour commencer, j'aimerais parler de la situation vécue par de nombreux aînés ayant des revenus modestes. Celles et ceux qui touchent le Supplément de revenu garanti n'ont pas pu travailler pendant la pandémie comme ils le faisaient. Ils ont donc demandé de recevoir la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU. Or les règles étaient floues et ils ont considéré la PCU comme un revenu de travail. Comme ce n'était pas le cas, on leur a coupé les prestations.
Dès le début, soit avant, pendant et après la campagne électorale, le Bloc québécois et plusieurs autres partis ont interpelé le gouvernement pour lui demander de corriger cette situation insensée.
En décembre dernier, la ministre des Finances a fait sa mise à jour économique, et elle a dit que le problème allait être réglé. Quand on pose la question aux fonctionnaires, ces derniers répondent que le paiement sera effectué en mai prochain. Si je me fie au projet de loi, la situation sera corrigée en juillet, cet été. Nous savons que toutes ces personnes vivent une situation financière difficile.
Que pensez-vous de cette situation, notamment de la question des délais?
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Je vous remercie de la question.
Il s'agit d'une question très importante. Plus de 30 % des aînés âgés de 65 ans et plus reçoivent le Supplément de revenu garanti. En moyenne, ils reçoivent 20 000 $ par année ou moins.
Bien entendu, si cela a une incidence sur le calcul pour l'année qui suit, on en tient compte. Pour les gens, cela équivaut à une diminution immédiate de leurs revenus. Non seulement ces gens sont vulnérables, à cause de leurs faibles revenus, mais une diminution supplémentaire de leurs revenus fait en sorte qu'ils vivent sous le seuil de la pauvreté.
Pour ce qui est du projet de loi, il est très bien, mais il n'entrera en vigueur qu'à compter de juillet 2022, si l'on respecte toutes les échéances.
Depuis la mise en place de la PCU, de la Prestation canadienne de la relance économique, ou PCRE, et des différentes mesures, soit depuis 2021, les aînés ont vu une diminution de leurs revenus et ils ont été pénalisés.
Le problème n'a pas été corrigé, et les gens manquent d'argent. Cela a des répercussions, car ils ne sont plus en mesure de payer leurs médicaments et leur nourriture. On peut donc dire que cela a aussi des répercussions sur leur santé. Si le problème n'est pas réglé, cela va entraîner d'autres coûts par la suite.
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Encore une fois, je vous remercie de la question.
Selon les statistiques, les proches aidants sont majoritairement des femmes âgées de plus de 50 ans, voire de près de 60 ans.
Pour ce qui est du crédit d'impôt, les revenus engendrés par ces gens sont faibles. Évidemment, si un crédit d'impôt est non remboursable, les proches aidants ne peuvent pas en profiter si leur revenu se situe dans la fourchette d'imposition la plus basse.
Pour qu'un crédit d'impôt profite à ceux qui en ont le plus besoin, il doit être remboursable. Un crédit d'impôt non remboursable ne donne absolument rien à ceux dont le revenu est faible.
Grâce à un crédit d'impôt remboursable, les gens pourront recevoir un chèque qui pourra les aider à sortir d'une situation financière vulnérable.
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Ce crédit d'impôt a été créé au Québec il y a, quand même, quelques années. Nous avons réussi à le faire bonifier. En effet, l'âge d'admissibilité a été abaissé et le crédit a été augmenté.
En raison du manque de main-d'œuvre qui sévit dans pratiquement tous les domaines partout au pays, notamment dans le secteur de la santé, nous croyons qu'il faut offrir certains avantages aux travailleurs, non seulement pour les garder plus longtemps au travail, mais aussi pour les ramener sur le marché du travail.
Ce crédit d'impôt pour prolongation de carrière est un avantage non négligeable, parce que les gens verront un côté positif au fait de continuer à travailler plutôt que de se retirer.
Il faut prendre en compte deux éléments.
Premièrement, certaines personnes doivent continuer de travailler. Un tel crédit d'impôt viendra alors bonifier leur revenu.
Deuxièmement, le crédit d'impôt peut inciter ceux qui songent à la retraite à demeurer sur le marché du travail un peu plus longtemps.
Le crédit d'impôt pourrait être jumelé à un autre dispositif. Pensons aux différentes cotisations que doivent payer les travailleurs. Nous pourrions même aller plus loin en procédant à des rajustements ou en faisant en sorte que la cotisation soit nulle après un certain âge.
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Je vous remercie de la question.
Comme je l'ai mentionné, les gens qui reçoivent le Supplément de revenu garanti sont les moins nantis. Ils frôlent le seuil de pauvreté. Lorsque le coût de la vie augmente rapidement, les gens qui ont un travail rémunéré sont en mesure d'absorber certains coûts, notamment ceux liés à l'épicerie. Dans le cas des gens qui reçoivent le Supplément de revenu garanti, il leur est difficile d'étirer davantage l'élastique, si je peux m'exprimer ainsi, pour ce qui est de leur revenu.
Lors de la dernière campagne électorale, on avait promis d'augmenter le Supplément de revenu garanti de 500 $ par année pour les personnes âgées de 65 ans et plus vivant seules et de 750 $ pour des personnes âgées de 65 ans et plus vivant en couple. Il est très important d'apporter des ajustements en raison de la situation actuelle, mais également pour compenser toutes les dépenses additionnelles qu'a occasionnées la pandémie.
Je ferais même un lien avec la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les personnes âgées de 65 ans à 74 ans. Cette augmentation serait la bienvenue pour elles aussi. Elles en ont réellement besoin.
Merci, madame Hilton, de vous joindre à nous. Je suis désolé que des difficultés techniques nous aient empêchés d'entendre votre déclaration préliminaire.
J'ai deux petites questions, une plus précise et une plus générale.
Je ne sais pas si vous avez pu entendre les délibérations du Comité avant de vous joindre à l'appel. Dans un témoignage précédent, il a été question des investissements de capitaux étrangers au Canada et de l'exploitation des ressources naturelles. Nous avons entendu dire que de nouvelles règles concernant l'exploitation des ressources naturelles dissuadaient les gens d'investir au Canada.
Pourriez-vous nous dire dans quelle mesure le respect des droits des Autochtones et des droits fonciers et le fait d'accueillir les Autochtones à la table en qualité de véritables partenaires dans l'exploitation des ressources naturelles au Canada pourraient créer un climat plus sûr pour les investisseurs dans le cadre de projets que les partenaires acceptent volontiers?
Ensuite, de façon plus générale, parce que vous n'avez pas fait de déclaration préliminaire, j'aimerais vous donner le temps de présenter vos recommandations sur le budget, surtout en mettant l'accent sur la façon dont les mesures budgétaires pourraient aider à autonomiser les peuples autochtones du Canada, les aider à prendre leur place à la table économique et à faire croître l'économie.
Je vais vous laisser le temps de répondre à ces deux questions.
Merci.
Il y a eu des difficultés techniques. Je vous parle depuis la Colombie-Britannique, alors je vous remercie de m'avoir comptée parmi les vôtres.
En réponse à votre première question, mon domaine d'intérêt particulier consiste à sensibiliser le Canada aux bases d'une économie nationale autochtone de 100 milliards de dollars et lui faire comprendre qu'elle se matérialise en dépit de la Loi sur les Indiens.
Que faut‑il pour se préparer à une économie autochtone de 100 milliards de dollars? Mon travail consiste essentiellement à réaliser cette force économique croissante des peuples autochtones, parmi lesquels nous constatons de plus en plus d'actionnariat et de participation aux grands projets. Les Autochtones commencent à suivre les tendances en matière d'investissement dans l'énergie propre, les investissements étrangers, même dans le secteur des ressources naturelles, comme vous l'avez fait entendre, et on commence vraiment à s'intéresser à la structuration économique autochtone.
Dans le cadre de mon travail, j'ai élaboré un concept qui va au‑delà de l'économie dictée par la Loi sur les Indiens, à savoir que celle‑ci a eu des répercussions négatives pour tous les Canadiens. Il s'agit de pouvoir intégrer dans notre réalité une conception économique autochtone et de vivre la structure de cette absence. À mon avis, la croissance de l'économie autochtone ne peut se limiter aux programmes et aux services. Elle doit exister dans...
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Essentiellement, il faut comprendre que la croissance de l'économie autochtone ne se produira pas si on se limite aux programmes et aux services. Il faut des outils, des structures. Il faut de la conception. Si on examine les budgets antérieurs pour voir où sont les outils, les structures et les ressources nécessaires à la conception, on retrouve des exemples comme le Fonds pour l'entrepreneuriat de 150 millions de dollars et des initiatives comme l'objectif de 5 % d'approvisionnement autochtone.
En revanche, si l'on prend cette dernière affectation budgétaire de 18 milliards de dollars destinée à combler l'écart socio-économique, elle ne fait rien pour déterminer les causes de cet écart. Par conséquent, j'estime que l'absence d'une conception économique autochtone ne contribue ni au produit intérieur brut du Canada ni à l'expérience globale de la force économique autochtone.
Pour répondre à votre question, particulièrement en ce qui concerne l'investissement étranger et l'environnement dans le secteur des ressources naturelles, nous devons trouver un équilibre entre le coût de l'inaction et le risque de ne rien faire pour instituer un nouveau climat d'équilibre juridique et économique. Historiquement, on a accordé trop d'importance à la relation juridique et trop peu à la relation économique. Nous devons créer un climat de certitude pour mieux comprendre les tendances mondiales en matière d'investissement dans l'économie canadienne. Cette certitude découle de la solidité de la relation économique avec les Autochtones et de notre participation à l'économie.
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Oui, monsieur Blaikie, votre temps est écoulé.
Merci, madame Hilton. Nous sommes très contents que vous ayez pu vous joindre à nous et nous faire part de vos observations et de vos réponses à ces questions.
Je tiens à remercier tous les députés, parce que nous avons travaillé en étroite collaboration pour donner le temps aux témoins de présenter leurs observations sur toutes les questions, même pendant le vote qui a eu lieu au Parlement.
Au nom de tous les membres du Comité, du greffier, des analystes, de tout le personnel, des interprètes et de toutes les autres personnes qui ont fait que cette séance ait pu avoir lieu, nous tenons à vous remercier infiniment d'avoir été des nôtres et de nous avoir aidés à documenter le rapport qui découlera de nos consultations prébudgétaires.
Merci beaucoup à tous.
La séance est levée.