:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à tous.
Bienvenue à la vingt-septième réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je voudrais reconnaître que cette réunion a lieu sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinabe.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 12 mai, le Comité se réunit pour étudier le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois.
La réunion d'aujourd'hui aura lieu en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 novembre 2021. Les membres participent en personne ou avec l'application Zoom.
Conformément à la directive du Bureau de régie interne, tous ceux qui participent en personne doivent porter un masque. J'aimerais ajouter que vous pouvez garder votre masque lorsque vous intervenez, comme la greffière le fait tout le temps.
J'ai quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous donne la parole en vous désignant par votre nom avant d'intervenir. Ceux qui utilisent Zoom peuvent cliquer sur l'icône du microphone au bas de l'écran pour activer leur micro et le désactiver lorsqu'ils ne parlent pas. Vous avez le choix au bas de votre écran pour l'interprétation. Il y a un petit globe terrestre, et si vous cliquez dessus, vous pouvez obtenir l'interprétation dans la langue de votre choix. Pour ceux qui sont dans la salle, vous savez que vous pouvez utiliser l'oreillette sur le canal désiré.
Vous ne devez en aucun cas prendre de photos de cette réunion.
Toutes vos interventions doivent être adressées à la présidence.
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'assister à cette réunion aujourd'hui.
Nous accueillons Justin Tomchuk, producteur, qui comparaît à titre personnel. Nous recevons aussi Carol Ann Pilon, directrice générale de l'Alliance des producteurs francophones du Canada, Kevin Desjardins, président de l'Association canadienne des radiodiffuseurs, et Wyatt Sharpe, animateur du Wyatt Sharpe Show.
Pour la gouverne des témoins, chaque organisation dispose de cinq minutes pour son exposé. Je vous ferai signe 30 secondes avant la fin pour que vous sachiez que vous devez conclure. Pendant la période des questions, vous aurez le temps de terminer vos réflexions si vous n'avez pas eu assez des cinq minutes.
Nous allons commencer par Justin Tomchuk, pour cinq minutes, je vous en prie.
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Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Justin Tomchuk. Je suis cinéaste, musicien et entrepreneur à Montréal. Avec ma fiancée, je gère deux chaînes YouTube comptant un nombre important d'abonnés.
Nous produisons ce que l'on appelle couramment du contenu généré par les utilisateurs. Étant donné que nos productions génèrent des revenus « de façon directe ou indirecte », comme le décrit l'alinéa 4.2(2)a) du projet de loi , il est évident que nous serions visés par les règlements proposés.
La première chaîne YouTube que nous exploitons traite de la façon dont les produits canadiens sont fabriqués. La première entreprise que nous avons présentée était une nouvelle entreprise de Montréal qui fabrique des bonbons à la main. Toutes les vidéos que nous avons réalisées avec eux sont devenues virales, la plus populaire ayant atteint 30 millions de visionnements. À partir de là, l'entreprise a réalisé des milliers de ventes internationales et est devenue bien connue en ligne, au point où des touristes américains ont traversé la frontière simplement pour pouvoir visiter le magasin de l'entreprise en personne.
Nous avons depuis mis en vedette un guitariste montréalais dont la vidéo a été visionnée près de 10 millions de fois, une entreprise de planches à découper de la Nouvelle-Écosse qui a signalé une forte hausse de ses ventes en ligne, et un sirop d'érable cultivé près d'Ottawa pour lequel une commande en gros a été reçue d'aussi loin que le Koweït. Certaines de nos vidéos ont été tournées entièrement en français et elles ont tout de même reçu des millions de visionnements d'un public majoritairement américain.
Toutes ces vidéos ont été produites avec notre argent, ne se qualifiant pour aucune subvention pour les arts, malgré toute l'activité économique qu'elles ont suscitée. Nous n'avons jamais reçu de financement du gouvernement, parce que nous n'y sommes pas admissibles. Ou bien nos productions sont considérées comme trop petites et nous perdrions la propriété intellectuelle de notre contenu, comme avec l'ONF, ou bien nous ne sommes pas admissibles au financement des arts parce que nos productions sont de nature commerciale. En fait, comme notre entreprise paie des impôts, nous contribuons au financement de ces programmes qui nous excluent.
La deuxième chaîne YouTube que nous exploitons présente une série d'émissions animées, et la majorité des revenus proviennent de la vente de marchandises, comme des vêtements, des affiches, des jouets, des disques vinyle, etc., des produits que je me procure moi-même et dont certains proviennent d'entreprises manufacturières canadiennes. Ce sont des produits d'exportation qui rapportent des revenus au Canada et qui créent des emplois dans le secteur manufacturier.
Nos chaînes servent à mettre en valeur des produits canadiens que le monde entier peut voir et acheter. Malheureusement, le projet de loi compliquerait les choses pour nous et risquerait de détruire notre visibilité à l'échelle internationale.
Le projet de loi prévoit des changements vagues à ces plateformes, afin de donner la priorité au contenu canadien pour les Canadiens, mais cela aurait pour effet de dévaloriser le contenu canadien pour un auditoire international. Les plateformes de médias sociaux ne permettent pas au contenu canadien de profiter d'une plus grande diffusion aux Canadiens, sans nuire à la diffusion à l'échelle internationale, car elles créent des règles du jeu inégales. Cela aurait pour effet de réduire le contenu canadien diffusé à l'échelle mondiale.
Deuxièmement, les algorithmes de recommandation servent à déterminer si un spectateur reste pour regarder un contenu et pendant combien de temps. Le fait que les recommandations obligent les Canadiens à regarder du contenu canadien donne lieu à une rétention plus faible de l'auditoire, les recommandations n'étant plus fondées sur leurs intérêts. Cela réduit encore davantage la notoriété d'une vidéo et, par le fait même, sa visibilité. Ce projet de loi nuirait donc précisément au contenu qu'il vise à promouvoir.
Au total, 97 % de nos téléspectateurs sont internationaux. Le projet de loi ferait du contenu canadien un miroir plutôt qu'une vitrine. Il étoufferait les productions indépendantes, entraînerait davantage de piratage, susciterait du ressentiment chez les consommateurs et rendrait plus difficile d'attirer un auditoire international pour acheter des produits canadiens.
L'alinéa 4.2(2)a) proposé doit être retiré du projet de loi . Ce dernier doit faire la distinction entre les distributeurs à péage de lecture numérique de premier plan, comme Netflix, et les plateformes de médias sociaux générées par les utilisateurs, comme YouTube. Le projet de loi devrait être entièrement abandonné, car les obligations du CRTC s'appliquent à toutes les entreprises en ligne au Canada, peu importe leur taille, ce qui a pour effet de réduire l'accès des Canadiens au contenu international. Si ce projet de loi est adopté, d'autres pays pourraient voir cela comme un précédent et être incités à adopter des lois régressives semblables, ce qui entraînerait une diminution du contenu canadien diffusé à l'échelle internationale, détruisant ainsi tous les médias locaux et rendant plus difficile, même pour les médias bien établis, et non pas seulement pour les créateurs numériques comme moi, d'avoir accès à des distributeurs internationaux émergents de premier plan.
Une solution au problème que le projet de loi tente de régler est de faire en sorte que les plateformes de diffusion en continu donnent aux consommateurs la possibilité de filtrer le contenu par région, afin que le contenu canadien soit présenté à la demande et ne soit pas imposé de force. Si nous sommes préoccupés par la façon dont ces entreprises de médias sociaux influent sur nous en tant que Canadiens, nous devrions légiférer pour assurer la transparence dans la recommandation de contenu par les algorithmes, avant de les modifier et de nuire à toute une industrie en ligne florissante.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Bonjour à toutes et à tous.
Je vous remercie de me donner l'occasion de contribuer au processus menant à l'adoption nécessaire du projet de loi .
Je me nomme Carol Ann Pilon. Je suis la directrice générale de l'Alliance des producteurs francophones du Canada, ou APFC, un organisme qui regroupe les producteurs indépendants francophones des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.
Depuis plus de 20 ans, l'APFC assure la vitalité de l'industrie francophone des écrans et contribue à son rayonnement au Canada et dans le monde. Notre travail consiste à promouvoir le contenu exceptionnel produit par nos membres et à défendre sa valeur culturelle et économique auprès des responsables des politiques publiques, assurant ainsi l'expression d'une diversité de voix francophones au pays.
Le 2 février, l'APFC saluait la portée historique du projet de loi sur l'écosystème audiovisuel canadien, particulièrement la réintroduction de la considération formelle des communautés de langue officielle en situation minoritaire, qui s'appliquera désormais au système de radiodiffusion dans son ensemble.
La pression exercée sur le secteur de l'audiovisuel s'amplifie, et les iniquités grandissent. La production de services étrangers s'accroit, le désabonnement aux forfaits traditionnels s'accélère, l'écoute en ligne augmente à une vitesse fulgurante depuis la pandémie et les entreprises qui bénéficient de cette transformation ne sont toujours pas tenues de contribuer de façon notable à l'expression canadienne et aux objectifs de la politique canadienne de radiodiffusion.
Assujettir promptement à un cadre réglementaire toute entreprise qui exerce, en tout ou en partie, des activités de radiodiffusion au Canada, y compris les médias sociaux et les entreprises de télécommunication, est essentiel pour assurer un système véritablement inclusif, équitable et diversifié.
L'APFC est membre de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles, dont les représentants ont comparu devant ce comité la semaine dernière. Nous sommes solidaires quant aux demandes qu'elle formule dans le but de bonifier le projet de loi .
L'une de ces recommandations concerne le rétablissement de la terminologie utilisée dans le projet de loi . Je m'attarde plus particulièrement à la réintroduction de l'expression « communautés de langue officielle en situation minoritaire », qui a été remplacée par « minorités francophones et anglophones du Canada » dans le projet de loi C‑11.
Le contexte minoritaire du français en Amérique du Nord ne fait aucun doute. Toutefois, l'introduction de cette reconnaissance dans le projet de loi crée une ambiguïté quant à la signification de l'expression « minorités francophones », et cela pourrait mener à une interprétation voulant que les francophones du Québec, qui sont évidemment majoritaires dans cette province, soient aussi visés par les dispositions en question.
Je rappelle que le système de radiodiffusion au Canada fonctionne en fonction de deux marchés linguistiques, soit le marché anglophone et le marché francophone. La possibilité de conférer un statut de minorité linguistique aux francophones du Québec pourrait miner la reconnaissance et la légitimité des deux marchés linguistiques.
Une telle conséquence serait inacceptable et constituerait un recul préjudiciable pour la protection des droits, non seulement des communautés francophones en milieu minoritaire, mais de tous les francophones du pays.
La solution pour éviter toute ambiguïté est très simple. En effet, il s'agirait de rétablir l'expression « communautés de langue officielle en situation minoritaire » et d'ajouter une définition énonçant que cette expression désigne expressément les communautés d'expression anglaise du Québec et les communautés d'expression française à l'extérieur du Québec.
De même, nous demandons que l'expression « émissions de langue originale française », qui a été remplacée par « émissions originales de langue française », soit aussi rétablie pour éviter de confondre du contenu original doublé ou sous-titré en français avec du contenu original produit en langue originale française.
L'APFC appuie également les amendements proposés par l'Association québécoise de la production médiatique, ou AQPM, et par l'Association canadienne des producteurs médiatiques, ou ACPM, visant à garantir aux producteurs indépendants du Canada la possibilité de négocier des ententes commerciales justes et équitables pour le contenu qu'ils développement et produisent. La plupart des entreprises indépendantes de production que l'APFC représente sont de petites et moyennes entreprises qui, laissées à elles-mêmes, ne peuvent exercer aucun rapport de force quant aux grands groupes de radiodiffusion et aux entreprises internationales en ligne qui contrôlent l'accès à la radiodiffusion et réalisent des revenus annuels de milliards de dollars. Un déséquilibre d'une telle ampleur doit impérativement être pondéré et encadré par le CRTC pour permettre aux entreprises canadiennes d'être propriétaires de leur contenu et pour leur assurer une croissance à long terme.
Enfin, la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion se fait attendre depuis trop longtemps. Son adoption en troisième lecture avant l'ajournement de la Chambre des communes est encore possible. Faisons en sorte que le projet s'ancre dans la réalité.
Je vous remercie de votre attention.
Je suis prête à répondre à vos questions.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Membres du Comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous au sujet de cet important projet de loi.
L'Association canadienne des radiodiffuseurs, ou ACR, est la voix nationale des radiodiffuseurs privés du Canada, et elle représente plus de 800 membres de partout au pays, y compris la grande majorité des stations de radio et de télévision privées et des services spécialisés.
[Traduction]
La Loi sur la radiodiffusion est essentielle à la façon dont les radiodiffuseurs sont réglementés au Canada et, comme vous l'avez certainement entendu, elle est désuète depuis longtemps.
Je sais que de nombreux intervenants se sont prononcés au sujet de ce projet de loi et de ceux qui l'ont précédé, et vous êtes au courant de l'essentiel, à savoir que les changements technologiques ont transformé la façon dont les Canadiens reçoivent et consomment du contenu audio et visuel, sans que la politique canadienne en matière de radiodiffusion ait été modifiée en conséquence.
Les acteurs étrangers non réglementés ont eu une décennie pour entrer sur le marché canadien, sans entrave ni surveillance, et les radiodiffuseurs canadiens sont en concurrence directe avec eux pour obtenir des abonnés, des droits sur le contenu, de la publicité et des auditoires. De plus, les radiodiffuseurs canadiens doivent payer des centaines de millions de dollars par année en droits, en vertu de la partie II, ce qui ne fait rien pour soutenir ou développer le système de radiodiffusion canadien, alors que les diffuseurs étrangers ne paient rien.
Les radiodiffuseurs canadiens doivent composer avec un lourd fardeau réglementaire. Autrement dit, ils doivent respecter les anciennes règles, alors que les plateformes étrangères non réglementées respectent leurs propres règles.
C'est pourquoi ce projet de loi est si important. Les entreprises canadiennes de radiodiffusion doivent planifier plusieurs années à l'avance pour déterminer comment investir dans le contenu et les talents canadiens. Face aux longs cycles de production et à la hausse des coûts, les entreprises modernes du secteur des médias ne peuvent pas se permettre de prendre des décisions en une fraction de seconde. C'est pourquoi les radiodiffuseurs canadiens ont désespérément besoin d'une certitude et d'une clarté au chapitre de la réglementation. Ils doivent connaître les règles que leurs concurrents étrangers et eux-mêmes devront respecter pour planifier leurs activités, et ils doivent savoir que ces règles seront justes et équitables.
C'est pourquoi nous accueillons favorablement le projet de loi .
Ce projet de loi a été présenté pour uniformiser les règles du jeu. Il reconnaît la présence de plateformes numériques étrangères et exigerait d'elles qu'elles contribuent aux objectifs de la politique canadienne de radiodiffusion. Pour les radiodiffuseurs canadiens, qui doivent entièrement supporter le fardeau de l'appui aux secteurs de la création audiovisuelle, le temps est venu de pouvoir compter sur un système qui est juste, équitable et souple.
Les radiodiffuseurs canadiens sont prêts à soutenir la concurrence, mais ils ne peuvent pas le faire dans le cadre d'un système qui permet à des acteurs de plus en plus dominants de prendre tout ce qu'ils veulent et de ne redonner que ce qu'ils veulent.
Nous avons souvent entendu dire que ce projet de loi a été présenté pour veiller à ce que nous continuions de présenter la réalité canadienne, et pour la plupart des Canadiens, le contenu le plus important qui les intéresse et qu'ils entendent tous les jours provient de nos salles de nouvelles. Le maintien de la proximité de salles de nouvelles essentielles, indépendantes et professionnelles, partout au pays, est un engagement fondamental des radiodiffuseurs canadiens. Toutefois, il convient de préciser que cet engagement leur a fait perdre des dizaines de millions de dollars au cours de la dernière décennie. Il est impossible à soutenir sans que des réformes urgentes soient apportées aux politiques.
À une époque de désinformation, il est essentiel que nous continuions d'appuyer les salles de nouvelles qui reflètent les collectivités canadiennes. Nous savons que les diffuseurs numériques n'ont pas l'intérêt ni les moyens de le faire.
Il a toujours été vrai que la programmation de divertissement, qui attire les plus grands auditoires au Canada, aide à soutenir la programmation des nouvelles et de l'information. Le fait de permettre aux diffuseurs étrangers de continuer à profiter de tous les avantages financiers de l'accès au marché canadien, sans redonner quoi que ce soit, réduira en fin de compte le nombre de voix canadiennes qui seront entendues — moins d'artistes canadiens et, surtout, moins de journalistes canadiens.
Bien que nous soyons tout à fait en faveur pour l'adoption du projet de loi , nous avons trois amendements très ciblés qui, à notre avis, sont essentiels pour qu'il ne consolide pas un système à deux vitesses inéquitable entre les radiodiffuseurs réglementés et les plateformes de diffusion en continu non réglementées.
Cela comprend des amendements à l'article 3, afin que les distributeurs étrangers contribuent à un fonds de production permettant de surveiller leurs dépenses, à l'article 5, pour nous assurer qu'il n'y a pas de système à deux vitesses d'obligations réglementaires, mais une approche juste et équitable à l'égard des entités canadiennes et de leurs grands concurrents étrangers, ainsi qu'à l'article 11, pour régler l'iniquité des droits prévus à la partie II.
Il est essentiel de bien faire les choses. Il faut que nous adoptions le projet de loi pour que notre industrie puisse aller de l'avant et mettre en place un système de radiodiffusion qui reflète les réalités d'aujourd'hui.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie de m'accueillir ici aujourd'hui.
Je m'appelle Wyatt Sharpe. Je suis un journaliste non partisan de 13 ans et j'anime le Wyatt Sharpe Show.
J'ai déjà eu l'occasion de m'entretenir avec de nombreuses personnes, y compris le du Canada, le chef du NPD du Canada, le chef de l'opposition officielle, les premiers ministres provinciaux, l'ancien premier ministre de la Finlande, des députés ukrainiens et plusieurs autres personnes.
Encore une fois, je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à me joindre à vous aujourd'hui. Je l'apprécie énormément.
Pour commencer, je dirai simplement qu'en tant que journaliste, je crois que ce n'est pas mon rôle de donner mon d'opinion. Je suis ici à titre de journaliste non partisan.
Pour régler cette question rapidement, avant d'accepter l'occasion de comparaître aujourd'hui, j'ai sollicité les conseils d'autres journalistes non partisans.
J'ai développé mon émission sur YouTube. J'ai interviewé de nombreuses personnes. J'ai publié des articles dans mon journal local et ici, dans ma petite ville et ma collectivité. J'ai écrit des articles pour le Toronto Star et looniepolitics.ca.
Il est évident que le projet de loi aura des répercussions sur YouTube et diverses autres chaînes de médias sociaux.
J'ai hâte de présenter aujourd'hui un point de vue non partisan sur ce projet de loi, ainsi que de discuter avec vous tous et de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Comme je le disais, j'ai présenté cette motion demandant un nouvel énoncé concernant la Charte. Vous verrez que c'est une motion vraiment raisonnable. Je dis que cela doit se faire le plus tôt possible. Nous allons demander au ministre de la Justice de le faire et nous allons inviter le et le , accompagnés des fonctionnaires pertinents. Nous les inviterons à comparaître devant le Comité le plus tôt possible, pour discuter de la version modifiée de cet énoncé concernant la Charte. Tout cela semble approprié et recevable.
Avant que M. Julian ne m'interrompe, j'étais en train d'expliquer que cette motion se justifie, car nous avons sous les yeux un énoncé concernant la Charte qui dit que le contenu généré par les utilisateurs n'est pas visé par le projet de loi , mais le président du CRTC nous a dit le 18 mai 2022 que ce contenu est visé par ce projet de loi. Les deux avis ne sont pas compatibles. Pour clarifier cela dans un cadre juridique, nous avons besoin d'un nouvel énoncé concernant la Charte.
Le Comité se souviendra que nous nous sommes retrouvés dans une situation semblable avec le projet de loi . Nous avons examiné cette mesure législative au printemps 2021. Il s'agit, bien sûr, de l'ancien projet de loi C‑11, le prédécesseur des projets de loi actuels. Nous débattions de cette mesure législative au printemps 2021. Les députés du Parti libéral qui siégeaient à ce comité à l'époque ont apporté des amendements à ce projet de loi, et ils ont retiré un article qui protégeait les personnes qui utilisent des plateformes en ligne pour publier leur contenu. Le retrait de cette disposition a considérablement modifié le projet de loi, par conséquent un nouvel énoncé concernant la Charte était nécessaire.
Une motion a été présentée à ce moment‑là qui est très semblable à celle que j'ai présentée aujourd'hui. Les membres du Comité à ce moment‑là étaient très raisonnables et l'ont adoptée, de sorte qu'un nouvel énoncé concernant la Charte a été rédigé et examiné par le Comité.
De même, nous nous retrouvons dans une situation où l'information n'est pas entièrement harmonisée, alors nous avons besoin de précisions. Maintenant je...
:
Merci, madame la présidente.
Je disais qu'en raison de l'écart qui existe entre les propos tenus par M. Scott le 24 mai 2022 et ce que dit l'énoncé concernant la Charte, je demande aux membres du Comité d'examiner la motion dont ils sont saisis, qui, bien sûr, demande une version révisée de l'énoncé concernant la Charte en lien au projet de loi , et qui serait accordée au Comité le plus tôt possible.
Bien sûr, je demande aussi que nous entendions le et le , ainsi que tous les fonctionnaires qu'ils jugent nécessaires.
Permettez-moi maintenant de vous expliquer pourquoi cette motion est si importante — pas la motion elle-même, mais ce qu'elle demande.
Les mesures sur lesquelles la motion insiste sont très importantes parce que nous avons deux sources différentes qui font autorité et qui proposent deux interprétations très différentes du projet de loi et de l'incidence qu'il aura sur les Canadiens, et les Canadiens méritent que le doute soit levé. Les créateurs de contenus originaux numériques, par exemple, au Canada, méritent de savoir si les contenus qu'ils produisent sont visés par ce projet de loi ou s'ils en sont exclus. Ils méritent cette clarification. C'est ce que je demande aujourd'hui.
Je vous renvoie à la transcription des délibérations de la réunion du Comité du mois de mai avec M. Scott. Lors de cette séance, j'ai dit ceci:
Le projet de loi C-11 ouvre en fait la porte à la réglementation par le CRTC du contenu généré par les utilisateurs. Je reconnais qu'il y a eu des arguments contraires. Cependant, Michael Geist a déclaré que la réalité incontournable, c'est que ces dispositions législatives auront pour résultat net que le contenu généré par les utilisateurs tombera sous le coup de la loi.
Jeanette Patell, de YouTube Canada, a dit, selon La Presse canadienne, que le libellé du projet de loi donne à l'organisme de réglementation de la radiodiffusion — autrement dit, à vous...
... c'est‑à-dire à ceux qui étaient dans la salle ce jour‑là...
... un pouvoir de surveillance sur les vidéos courantes produites à l'intention d'autres utilisateurs.
Selon le National Post, Scott Benzie, de Digital First Canada, a déclaré que même si le gouvernement affirme que la loi ne s'appliquera pas aux créateurs de contenus originaux numériques, le projet de loi les englobe clairement.
Madame la présidente, lors de cette réunion j'ai souhaité attirer l'attention du Comité et sonner l'alarme en montrant que M. Michael Geist, Mme Jeanette Patell et M. Scott Benzie ont tous dit que le contenu généré par les utilisateurs des premiers créateurs de contenus originaux numériques serait en fait visé par ce projet de loi.
Depuis, de nombreux autres témoins qui ont comparu devant le Comité nous ont dit que c'était également leur interprétation de ce projet de loi. M. Ian Scott croit le contraire — pardon, il est d'accord, en fait. Désolé, il est d'accord. C'est le qui essaie de faire valoir le contraire.
Lorsque j'ai posé cette question à M. Scott, en mai dernier, il a dit:
Dans sa forme actuelle, le projet de loi contient une disposition qui nous permettrait d'agir ainsi, au besoin. Cependant, si vous me permettez de répondre rapidement à l'idée générale qui ressort de ces commentaires, je signalerais que c'est déjà le cas aujourd'hui. En effet, nous pourrions exercer n'importe lequel de ces rôles appréhendés dès maintenant en vertu de la Loi sur la radiodiffusion.
C'est très intéressant. Il affirme que le contenu généré par les utilisateurs est en réalité visé par cette mesure législative et que le CRTC peut en fait mettre en place de prétendues dispositions qui s'appliqueraient à ceux qui génèrent du contenu en ligne à titre individuel.
Après la réponse de M. Ian Scott, j'ai dit ceci:
Ma question est donc la suivante. Ne s'agit‑il pas justement de moderniser la loi? Pourquoi lui laisser une si vaste portée en conservant l'article 4.2 proposé? Pourquoi ne pas le supprimer?
M. Scott a répondu la chose suivante:
Sauf le respect que je vous dois, il ne nous appartient pas de faire des recommandations au sujet des définitions dans la loi. Ce que je répondrais, c'est qu'il faudrait que l'on se fie davantage aux futures actions du Conseil. Il a démontré mériter une telle confiance au fil de 50 ans de réglementation de la radiodiffusion. Nous ne nous sommes jamais mêlés du contenu proprement dit.
Madame la présidente, il y a plusieurs choses intéressantes dans la déclaration de M. Scott ce jour-là. Premièrement, il affirme que, oui, le contenu généré par les utilisateurs est visé par le projet de loi et que le CRTC peut, en fait, réglementer les personnes qui publient de l'information en ligne.
Il poursuit en disant que les Canadiens n'ont qu'à nous faire confiance. C'est là le problème; ils n'ont qu'à nous faire confiance. Nous ne devrions pas nous inquiéter d'inclure cette disposition dans un document législatif. Nous ne devrions pas nous préoccuper de nous assurer que les dispositions sont concrètes et rédigées dans la loi. Les Canadiens devraient simplement nous faire confiance.
La question que moi-même et beaucoup de ceux que je représente ici aujourd'hui nous posons, c'est pourquoi devrions-nous simplement leur faire confiance? N'est‑ce pas là le but de la mise en place d'une loi et du processus en cours? Après tout, nous siégeons à ce comité parce que nous discutons du projet de loi et que nous entendons en ce moment des témoins. Nous passerons ensuite à l'étude article par article du projet de loi.
Tout au long de ce parcours, il nous incombe, en tant que législateurs, de comprendre ce projet de loi dans les moindres détails. C'est notre responsabilité de nous assurer que c'est pour le bien commun et que cela servira bien les Canadiens. Lorsque le libellé est délibérément vague, comme le signale M. Scott, cela devrait alarmer tout le monde. Peu importe votre couleur politique, peu importe votre allégeance politique, cela devrait être un signal d'alarme.
Ceux qui sont autour de cette table devraient souhaiter avoir une loi aussi claire que possible. Il ne faudrait pas laisser au CRTC le soin de déterminer dans quelle mesure il veut opérer dans le cadre de cette loi, dans quelle mesure il veut l'appliquer ou non. Ces prérogatives devraient être parfaitement définies par le projet de loi.
L'innovation se produit le plus facilement dans des environnements où la réglementation est connue, où les investisseurs et les créateurs peuvent avoir confiance dans les législateurs et dans le processus suivi. En laissant régner le flou à ce sujet dans le projet de loi et en permettant aux propos de M. Scott, qui sont contraires à ceux du ministre, , d'exister malgré tout, nous sapons le climat de confiance et de sécurité que les investisseurs et les créateurs recherchent tant.
Il ne s'agit pas seulement d'eux; il s'agit aussi de chaque Canadien qui publie quelque chose sur YouTube, TikTok, Twitter ou toute autre plateforme de son choix. Les Canadiens méritent la vérité. Leur contenu individuel sera‑t‑il visé par ce projet de loi, oui ou non? À l'heure actuelle, le ministre dit que non, mais M. Scott dit que oui. Au bout du compte, c'est M. Scott qui sera chargé de veiller à ce que le projet de loi soit mis en œuvre. Il est selon moi certain que les créateurs individuels — j'insiste, il peut s'agir de n'importe quel Canadien — qui ont publié ou qui prévoient de publier en ligne sont très préoccupés par ce projet de loi et la façon dont il pourrait les toucher. Selon M. Scott, ils sont visés par le projet de loi C‑11.
Cependant, j'aimerais avoir l'occasion d'entendre le nous dire ce qu'il pense du projet de loi et s'il englobe le contenu généré par les utilisateurs. Pour ce faire, nous cherchons à obtenir un énoncé concernant la Charte. Cet énoncé concernant la Charte serait ensuite rédigé. Il s'agit d'un document officiel qui indique si le projet de loi est conforme à la Charte et s'il englobe le contenu généré par les utilisateurs, c'est‑à‑dire les contenus que les Canadiens publient en ligne.
Cela permettrait au Comité d'aller dans la direction qui s'impose. Autrement dit, soit nous acceptons le projet de loi dans sa forme actuelle, soit nous proposons des amendements qui contribueraient à le renforcer et à offrir une certitude aux Canadiens, et surtout aux créateurs de contenus originaux numériques.
Je le répète, je dirais au Comité qu'il s'agit d'une demande raisonnable, fondée sur plusieurs éléments.
Premièrement, elle est semblable à une demande qui a été présentée après que des changements ont été apportés au printemps dernier au projet de loi , le prédécesseur de ce projet de loi.
Deuxièmement, il est toujours dans l'intérêt des législateurs d'être le plus clairs possible afin qu'ils prennent de bonnes décisions au nom des Canadiens.
Troisièmement, nous avons entendu de nombreux témoins à ce comité depuis que Ian Scott a pris la parole, et eux aussi ont soulevé cette préoccupation selon laquelle le contenu créé par les utilisateurs tombe sous le coup de cette loi.
Je ne parle pas seulement de personnes qui ont des opinions, je parle de personnes qui ont une formation juridique. Je parle de gens comme M. Peter Menzies, qui est un ancien commissaire du CRTC. Je parle de M. Michael Geist, qui est un expert dans ce domaine et qui est professeur et avocat. Je parle de personnes de la Société Internet, qui ont des dizaines d'années d'expérience avec ces contenus et qui sont beaucoup plus crédibles pour en parler que moi.
Le fait que ce témoignage figure au compte rendu et qu'il y ait une différence entre ce qui figure dans l'énoncé concernant la Charte et les propos de M. Ian Scott, le président du CRTC, nécessite des éclaircissements. La meilleure façon d'en obtenir, c'est de le demander.
Certains diront peut-être qu'ils n'ont pas vu l'énoncé concernant la Charte. Ne vous inquiétez pas. Ce n'est pas un problème. Je vais vous en parler.
Nous y avons accès. Il est en ligne. Il a été déposé à la Chambre des communes le 1er avril 2022. J'encourage mes collègues autour de cette table à le lire. L'objet de l'énoncé concernant la Charte se lit comme suit:
L’article 4.2 de la Loi sur le ministère de la Justice exige que le ministre de la Justice prépare un « Énoncé concernant la Charte » pour chaque projet de loi du gouvernement afin d’éclairer le débat public et parlementaire au sujet d’un projet de loi du gouvernement. L’une des plus importantes responsabilités du ministre de la Justice est d’examiner le projet de loi afin d’évaluer s’il est incompatible avec la Charte canadienne des droits et libertés [« la Charte »].
Le but de cette déclaration est de rechercher toute incompatibilité ou incongruité. En fait, il incombe au de veiller à ce que cela soit fait.
Je dirais qu'il lui incombe de s'assurer que cela est fait, pas seulement lorsque le projet de loi initial est déposé, mais si des changements sont apportés à ce projet de loi au cours du processus ou si des voix faisant autorité contestent cet énoncé concernant la Charte, en particulier dans ce cas‑ci, avec le président du CRTC qui mettra en œuvre le projet de loi . Si ce n'est pas clair ou s'il comprend mal l'intention...
:
Merci, madame la présidente.
Je trouve intéressant que mon collègue soulève la question du bien et du mal. Il vous dit, en votre qualité de présidente... Je crois qu'il disait par votre entremise, peut-être s'adressait‑il à moi, que je sais quelle est la bonne chose à faire.
Je trouve cela intéressant parce que je sais que la bonne chose à faire, c'est de défendre les Canadiens. Je sais que la bonne chose à faire, c'est d'insister sur la vérité. Je sais que la bonne chose à faire, c'est de lutter pour la justice, ce qui signifie que nous devrions chercher à clarifier le projet de loi et insister pour obtenir une version révisée de l'énoncé concernant la Charte, afin que nous puissions nous assurer que les contenus créés par les utilisateurs sont exclus de la portée de ce projet de loi et le doit rendre cela parfaitement clair.
Je sais que c'est la bonne chose à faire, au cas où M. Julian voudrait comprendre ma boussole morale et ce que je défends.
En ce qui concerne le projet de loi et l'énoncé concernant la Charte qui nous a été présenté, en date du 1er avril 2022... J'ai perdu le fil de ma pensée, alors je vais reprendre par la note explicative.
« L'article 4.2 de la Loi sur le ministère de la Justice exige que le ministre de la Justice prépare un Énoncé concernant la Charte pour chaque projet de loi du gouvernement afin d'éclairer le débat public et parlementaire au sujet d'un projet de loi du gouvernement. » Autrement dit, cet énoncé existe pour éclairer la conversation qui a lieu ici. Si l'énoncé concernant la Charte est mal interprété ou n'est pas clair, il ne nous informe pas correctement, au contraire, sur la façon dont nous allons de l'avant avec le projet de loi .
La note explicative se poursuit ainsi: « L'une des plus importantes responsabilités du ministre de la Justice est d'examiner le projet de loi afin d'évaluer s'il est incompatible avec la Charte canadienne des droits et libertés [« la Charte »]. Par le dépôt d'un Énoncé concernant la Charte, le ministre partage... ».
Je suis désolée, madame la présidente, mais il y a un certain nombre de députés dans la salle qui parlent, et c'est un peu dérangeant.
Je vais vous laisser régler cela.
Étant donné que, l'une des plus importantes responsabilités du consiste à examiner les projets de loi, puis à nous fournir cet énoncé concernant la Charte, et étant donné que le témoignage de M. Scott est incompatible avec ce que prétend le , je dirais qu'il est très important que nous comprenions mieux ce qui se passe ici.
Encore une fois, je tiens à rappeler au Comité, par votre entremise, madame la présidente, que cette information n'est pas destinée qu'à nous, membres du Comité, même si c'est très important, parce qu'au bout du compte, nous avons la responsabilité d'examiner ce projet de loi et de le comprendre dans les moindres détails. Encore une fois, c'est dans l'intérêt des Canadiens et pour s'assurer qu'ils ont accès à des renseignements exacts.
C'est aussi pour s'assurer que le projet de loi s'applique à eux comme le veut le . S'il a l'intention de légiférer le contenu créé par les utilisateurs, il faut que le projet de loi le dise très clairement. Je vois dans quelle mesure c'est le cas, mais d'autres diraient qu'il s'agit davantage d'une zone grise, alors précisons les choses. Si, en réalité, le projet de loi C‑11 ne vise pas à englober le contenu créé par les utilisateurs, dites‑le, mais quoi qu'il en soit, ce projet de loi doit être très clair. L'énoncé concernant la Charte peut aider à clarifier les choses:
L'Énoncé recense les droits et libertés garantis par la Charte susceptibles d'être touchés par un projet de loi et il explique brièvement la nature de ces répercussions, eu égard aux mesures proposées.
Un Énoncé concernant la Charte présente également les raisons pouvant justifier les restrictions qu'un projet de loi pourrait imposer aux droits et libertés garantis par la Charte. L'article premier de la Charte prévoit que ces droits et libertés peuvent être assujettis à des limites raisonnables, pourvu qu'elles soient prescrites par une règle de droit et que leurs justifications puissent se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique. Cela signifie que le Parlement peut adopter des lois qui limitent les droits et libertés garantis par la Charte. Il n'y aura violation de la Charte que si la justification de ces limites ne peut être démontrée dans le cadre d'une société libre et démocratique.
Autrement dit, si le projet de loi englobe effectivement le contenu créé par les utilisateurs, on peut soutenir qu'il contrevient à l'alinéa 2b) de la Charte, qui porte sur le droit des Canadiens de s'exprimer librement. Dans ce que nous appelons maintenant la « nouvelle place publique », qui se trouve en ligne, les Canadiens devraient être protégés afin de pouvoir partager leurs opinions, leurs pensées et leurs croyances sans être réglementés par le CRTC.
Vous pouvez voir le dilemme, madame la présidente. Si le contenu créé par les utilisateurs— le contenu que les gens publient en ligne — est visé par ce projet de loi, cela contreviendrait à l'alinéa 2b) de la Charte. Si c'est le cas, alors, cette note dit que le Parlement doit démontrer la « la justification de ces limites ». C'est ce qui est écrit. Cependant, je le répète, si le contenu créé par les utilisateurs n'est pas visé par ce projet de loi, si nous voulons qu'il soit très clair que ce n'est pas le cas — je devrais dire si le veut que ce soit très clair —, alors il faut apporter certains ajustements à ce projet de loi afin de le rendre définitif et de protéger les droits et libertés individuels des gens tels qu'ils sont rédigés dans la Charte et, en particulier, à l'alinéa 2b).
Dans cette note explicative, le ajoute ceci:
Un Énoncé concernant la Charte vise à fournir des informations juridiques au public et au Parlement se rapportant aux effets possibles d'un projet de loi sur les droits et libertés dans la mesure où ces effets ne sont ni négligeables ni trop théoriques. Il ne s'agit pas d'un exposé détaillé de toutes les considérations liées à la Charte envisageables. D'autres considérations constitutionnelles pourraient également être soulevées pendant l'examen parlementaire et la modification d'un projet de loi. Un Énoncé ne constitue pas un avis juridique sur la constitutionnalité d'un projet de loi.
Autrement dit, cet énoncé concernant la Charte peut être adapté, et c'est exactement ce que nous demandons — mes collègues conservateurs et moi — et, bien sûr, nous espérons obtenir l'appui des membres du Comité. Nous espérons qu'ils veulent eux aussi le plus de clarté possible au sujet du projet de loi et de la mesure dans laquelle il s'applique au contenu en ligne et le réglemente.
Je reconnais que mes collègues libéraux ne sont peut-être pas ouverts à cette idée parce que, à l'heure actuelle, affirme que le contenu créé par les utilisateurs est — selon lui — exclu du projet de loi, mais ce n'est pas ce que dit M. Scott. J'insiste, c'est lui qui est responsable de s'assurer que le projet de loi est mis en application, et s'il interprète ce projet de loi...
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Merci, madame la présidente.
Hier, à la période des questions, j'ai posé la question suivante:
Monsieur le Président, nous sommes en quelque sorte face à un dilemme, car le ministre du Patrimoine continue de dire aux Canadiens que le contenu généré par les utilisateurs, comme des vidéos YouTube, est exclu, tandis que M. Scott, président du CRTC, affirme que le contenu généré par les utilisateurs est en fait inclus. Ces hommes ne peuvent pas tous les deux avoir raison, donc je prie le ministre de bien vouloir dire la vérité.
C'est l'un ou l'autre. Ce ne peut pas être les deux.
Le ministre est ensuite invité à répondre. Ou bien il peut dire: « Madame Thomas, je dis la vérité depuis le début, cela n'a pas changé, le contenu généré par les utilisateurs est exclu », ou bien il peut dire: « Par votre entremise, monsieur le Président, j'aimerais dire à la députée que, après mûre réflexion et analyse, j'ai eu l'occasion d'examiner ce projet de loi de plus près — peut-être même avec M. Scott lui-même — et j'en suis venu à la conclusion que, oui, en fait, il est inclus. » À ce moment‑là, il avait le choix en répondant à ma question. Je lui demandais simplement de dire la vérité et je l'aurais acceptée pour ce qu'elle était.
Sa réponse est toutefois éclairante, car au lieu de me dire ce qui se passe, il a évité complètement la question. Voici la réponse de . Il a dit:
Monsieur le Président, à mon avis, ce n'est pas très parlementaire, mais, par respect pour la démocratie, je répondrai à la question.
Il est intéressant de constater que lorsque vous demandez des précisions, le pense que ce n'est pas parlementaire.
Il ajoute :
Je suis désolée, madame la présidente. Il y a un député d'en face qui me crie dessus, alors vous pourriez peut-être remettre M. Bittle à sa place.