[Français]
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 150e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Conformément au Règlement, il y a des membres qui y participent en personne dans la salle et d'autres à distance à l'aide de l'application Zoom.
Avant de commencer, j'aimerais demander à tous les participants en personne de lire les lignes directrices écrites sur les cartes mises à jour sur la table. Ces mesures sont en place pour aider à prévenir les incidents de rétroaction acoustique et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, en particulier nos interprètes.
J'ai un rappel à faire à tous ceux qui sont présents en personne et en ligne. Pour la sécurité de nos interprètes, il est important que votre microphone soit en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
[Français]
Je vous remercie tous de votre coopération.
[Traduction]
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du premier rapport de la vérificatrice générale, intitulé « ArriveCAN », qui a été renvoyé au Comité le lundi 12 février 2024.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins.
Nous accueillons Mme Karen Hogan, vérificatrice générale du Canada, du Bureau du vérificateur général. Je suis heureux de vous revoir.
Elle est accompagnée de M. Andrew Hayes, sous-vérificateur général. C'est un plaisir de vous revoir, monsieur.
Nous avons également M. Sami Hannoush, directeur principal. Vous avez déjà comparu devant le Comité, et je suis ravi de vous revoir.
Nous recevons Mme Arianne Reza, sous-ministre du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Je suis heureux de vous revoir. Vous avez également déjà comparu devant le Comité. Nous sommes ravis de vous retrouver, votre équipe et vous.
Elle est accompagnée de Mme Catherine Poulin, sous-ministre adjointe à la Direction générale de la surveillance ministérielle, et de M. Dominic Laporte, sous-ministre adjoint principal à la Direction générale de l'approvisionnement. Je suis heureux de vous voir également.
Encore une fois, nous allons commencer par les déclarations préliminaires.
Madame Hogan, nous allons commencer...
:
Je vous remercie. Je ne sais pas si je peux être aussi succincte que la vérificatrice générale, mais je vais essayer.
Monsieur le président, je vous remercie de nous avoir invités ici aujourd'hui pour discuter des processus d'approvisionnement liés à ArriveCAN.
Permettez-moi d'abord de souligner que nous sommes réunis sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Comme vous l'avez mentionné plus tôt, je suis accompagnée de M. Laporte et de Mme Poulin, tous les deux sous-ministres adjoints à Services publics et Approvisionnement Canada, ou SPAC.
Monsieur le président, avant de parler plus en détail des mesures que nous prenons, je tiens à souligner à quel point il peut être frustrant pour la population et les parlementaires de ne pas obtenir des réponses simples et claires concernant ArriveCAN.
À SPAC, nous demeurons déterminés à renforcer l'intégrité du processus d'approvisionnement et à faire le nécessaire pour regagner la confiance de la population canadienne. À cette fin, nous devons montrer que le système est équitable, ouvert et transparent.
Le premier contrat lié à ArriveCAN a été attribué en avril 2020, alors que nous vivions une période de grande incertitude et de risque. Quatre ans et demi plus tard, nous continuons de travailler avec divers examinateurs et organes de surveillance indépendants pour comprendre les lacunes qui ont permis cette situation, ainsi que mettre en place des mesures qui empêcheront que celle‑ci se reproduise.
[Français]
Dans ce contexte, Services publics et Approvisionnement Canada a mis en œuvre une série de mesures de surveillance, notamment en ce qui concerne la documentation des exigences et la prise de décisions au cours du processus d'approvisionnement.
Vers la fin de l'an dernier, Services publics et Approvisionnement Canada a pris une mesure sans précédent: il a suspendu les pouvoirs délégués de tous les ministères et organismes pour l'acquisition de services professionnels jusqu'à ce qu'ils acceptent officiellement un nouvel ensemble de conditions plus rigoureuses et qu'ils puissent lui démontrer qu'ils les respectent.
À ce jour, 99 ministères et organismes, y compris l'Agence des services frontaliers du Canada, ont signé ces ententes, qui les obligent à inclure, dans leurs demandes de soumissions, des dispositions visant à accroître la transparence des fournisseurs relativement à leurs prix et au recours à la sous-traitance.
[Traduction]
Voici quelques-uns des autres changements que nous avons apportés pour donner suite aux recommandations de l'ombud de l'approvisionnement et de la vérificatrice générale. Il y en a quatre. Premièrement, nous avons resserré les exigences en matière d'évaluation pour permettre de confirmer plus efficacement que les fournisseurs possèdent les qualifications et l'expérience de travail requises. Deuxièmement, nous avons renforcé les exigences en matière de documentation afin de permettre un meilleur suivi des travaux et des échéanciers. Troisièmement, nous exigeons des clients qu'ils vérifient les factures plus en détail. Enfin, nous améliorons la formation et l'aide offertes aux autorités contractantes, et ce, au sein de Services publics et Approvisionnement Canada et des ministères clients.
De plus, nous avons créé le Bureau d'assurance qualité des contrats et de conformité des dossiers, qui est chargé de vérifier l'exhaustivité et l'exactitude des dossiers. Cette mesure proactive vise à remédier aux lacunes concernant la documentation.
Monsieur le président, je souhaite dire quelques mots sur l'une des méthodes d'acquisition de services professionnels qui a beaucoup retenu l'attention du Comité.
La méthode d'acquisition des Services professionnels en informatique centrés sur les tâches, ou SPICT, comme on les appelle généralement, permet au gouvernement de présélectionner des fournisseurs et de classer leurs services dans des catégories précises. De cette façon, on peut faire correspondre efficacement les besoins du gouvernement aux bons fournisseurs de services. Avec cette méthode, le gouvernement acquiert différents services de technologie de l'information pour les ministères, comme des services de développement de logiciels, de gestion de projet, de cybersécurité, de soutien réseau, de gestion de bases de données, d'analyse en informatique de gestion, d'assurance de la qualité et de soutien technique. Les SPICT favorisent en outre la participation des petites et moyennes entreprises, car ils permettent de répartir les projets en éléments plus petits axés sur les tâches et d'offrir ainsi plus de projets de marchés à soumissionner, lesquels deviennent un facteur déterminant de la croissance économique du Canada.
[Français]
Permettez-moi maintenant d'aborder les efforts que nous déployons pour prévenir et détecter la fraude ainsi que pour lutter contre les actes répréhensibles.
Comme vous le savez, grâce à l'analytique des données, Services publics et Approvisionnement Canada a mis au jour un certain nombre de facturations frauduleuses soumises au gouvernement du Canada par des sous-traitants. Nous avons entamé des procédures de restitution des montants dus à l'État.
À cet égard, Services publics et Approvisionnement Canada a pris des mesures pour renforcer la surveillance des processus d'approvisionnement fédéraux grâce à la mise sur pied du Bureau de l'intégrité et de la conformité des fournisseurs. En plus d'accroître notre capacité en matière d'analytique des données, ce nouveau bureau nous permet de mieux cerner les risques associés aux fournisseurs préoccupants.
Le Bureau contribue à promouvoir une concurrence équitable et à préserver la confiance du public dans les processus d'approvisionnement fédéraux en nous aidant à mieux connaître les fournisseurs avec lesquels nous faisons affaire.
[Traduction]
Pour conclure, mon ministère est chargé de gérer les processus d'approvisionnement et d'établir les contrats, au nom des ministères et des organismes, lesquels représentent collectivement une valeur d'environ 27 milliards de dollars chaque année. Nous prenons cette responsabilité au sérieux, et je sais que nos agents d'approvisionnement travaillent avec diligence chaque jour pour s'en acquitter. Services publics et Approvisionnement Canada reste déterminé à continuer d'améliorer et de protéger l'intégrité du système d'approvisionnement du gouvernement du Canada.
Je termine là où j'ai commencé. Pour gagner la confiance des parlementaires et des Canadiens, il faut renforcer l'intégrité du système de passation des marchés, et ce mécanisme doit redevenir ouvert, équitable et transparent.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui et de leur participation antérieure à de nombreux comités.
À mon sens, nous parlons aujourd'hui de l'examen en cours sur le scandale d'ArriveCAN, et de la poursuite. L'étude a manifestement mis en lumière les lacunes du système d'approvisionnement défaillant du Canada, et l'utilisation frauduleuse de l'argent que les contribuables ont durement gagné. Les Canadiens d'un océan à l'autre me disent sans cesse qu'ils exigent une reddition de comptes, des conséquences et une réparation. Ma première série de questions portera sur les deux derniers points, à savoir les conséquences et la réparation.
Madame la sous-ministre Reza, vous avez comparu à maintes reprises devant le Comité et celui des opérations gouvernementales. On vous a posé une question en juin dernier lorsque vous étiez devant le comité des opérations gouvernementales au sujet du nombre total de cas de sous-traitance frauduleuse qui avaient été renvoyés aux autorités légitimes, en particulier à la GRC. J'ai votre réponse à cette question. Vous avez dit: « Comme cela a été mentionné, nous avons déjà saisi la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, de plusieurs cas de surfacturation frauduleuse qui sont survenus en 2022, en 2023 et en 2024 », mais il n'y avait pas de détails.
Je vous demande si vous pouvez expliquer ce que vous entendez par « nous avons déjà saisi [...] de plusieurs cas ». Qu'entendez-vous par là? Pouvez-vous me donner un chiffre, s'il vous plaît?
:
Je peux certainement le faire. Je vous remercie infiniment de la question.
Je veux vous donner un point de référence. Le système d'approvisionnement du gouvernement canadien, tant à SPAC que de façon plus générale, effectue environ 400 000 transactions d'approvisionnement. Il s'agit de contrats et de modifications aux contrats.
Depuis 2022, sous la direction de SPAC, nous avons commencé à utiliser des approches d'analyse et d'exploration des données pour être en mesure de vérifier les données sur les contrats. À ce moment‑là — et je pense que nous devrons scinder la réponse en deux —, lorsque j'ai parlé des cas renvoyés, il y en avait quatre. C'était depuis 2022. À huis clos, nous avons fourni au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires les noms qui ont été remis à la GRC.
En octobre, trois autres cas ont été renvoyés à la GRC pour une surfacturation semblable au gouvernement du Canada.
Je vais revenir sur le rapport de la vérificatrice générale, qui fournit des exemples détaillés de la criminalité potentielle, à mon avis, de certains sous-traitants. Kristian Firth, qui dirige GC Strategies, ou Government of Canada Strategies, est l'un d'entre eux. Il fait l'objet d'une enquête de la GRC. En fait, sa résidence a fait l'objet d'une perquisition la veille de son témoignage à la Chambre des communes. Il fait face manifestement à des accusations de fraude.
Pour ce qui est de récupérer les fonds, une motion a été adoptée à la Chambre vers la fin de la dernière session, exigeant que le gouvernement fournisse des détails sur les mesures qu'il prend pour recouvrer les fonds. Depuis, je me suis adressé, par le biais de divers moyens, à un certain nombre de ministres, pour leur demander quelles mesures ils prenaient en vue de récupérer les fonds, et je n'ai jamais obtenu de réponse claire. Je n'ai obtenu aucune réponse en fait.
Madame Reza, quelles instructions le , ou tout autre ministre, ou le ou le Cabinet du premier ministre vous ont-ils données sur les mesures à prendre pour recouvrer les fonds?
:
Plusieurs mesures ont été mises en place à la lumière du rapport du BVG sur ArriveCAN. Je dirais que les autorisations de tâches sont précises. Dans le passé, des autorisations de tâches étaient parfois vagues. Maintenant, elles sont très précises.
La sous-ministre a également parlé des efforts considérables que nous avons déployés en matière d'assurance de la qualité et de conformité des documents. Nous avons réalisé trois cycles d'examens, au cours desquels 450 dossiers ont été examinés par des directeurs. Les directeurs eux-mêmes se sont personnellement engagés à examiner les dossiers dorénavant, afin de s'assurer qu'ils contiennent toute l'information nécessaire. Essentiellement, nous avons tiré des leçons de certains des problèmes auxquels nous avons été confrontés, dont le rapport du BVG fait état.
De plus, je dirais que l'un des principaux points à retenir est la fonction d'examen critique de SPAC. Je demande à nos agents d'approvisionnement de procéder à un examen critique du travail du client. Si, par exemple, nous avons une préoccupation au sujet d'une stratégie d'approvisionnement, je leur dis: « Allez‑y, effectuez un examen critique du travail du client et assurez-vous que la stratégie d'approvisionnement est documentée dans son propre dossier. »
Un grand nombre des principales mesures à prendre ont été mises en œuvre à la lumière de ce rapport du BVG.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les témoins d'être parmi nous, aujourd'hui.
Notre comité arrive à la fin de son étude sur l'application ArriveCAN, pratiquement un an après l'avoir lancée.
C'est un bon moment pour faire un bilan, puisque plusieurs mesures ont été annoncées lorsque le rapport de la vérificatrice générale a été déposé. Pratiquement un an plus tard, nous sommes censés voir les premiers résultats. Je vais donc me concentrer là-dessus pour commencer.
Avant de poursuivre, madame Reza, j'aimerais dire que j'ai trouvé la question de ma collègue Mme Yip intéressante à propos de votre parcours.
Avant d'arriver à SPAC, vous avez passé de nombreuses années à l'ASFC. Les problèmes qui ont été soulevés par la vérificatrice générale dans son rapport n'ont pas pu commencer en 2016. Ils datent probablement de l'époque où les processus étaient en place et que vous étiez probablement en poste à l'ASFC. Avez-vous constaté la même chose au sujet des processus?
Selon la vérificatrice générale, la tenue de livres était l'une des pires qu'elle ait vues depuis plusieurs années.
Les problèmes n'ont probablement pas commencé en 2016. Aviez-vous constaté les mêmes problèmes lorsque vous étiez en poste à l'Agence?
:
Je vous remercie de la question.
Je n'ai pas constaté ces problèmes lorsque j'étais en poste à l'ASFC.
À la fin, quand j'étais sous-ministre adjointe, à titre intérimaire, j'avais la responsabilité de gérer les dépenses touchant les processus à la frontière qui avaient trait aux voyageurs. Dans le cadre de mon mandat lié à la reddition de comptes, j'avais aussi la responsabilité de m'assurer que les budgets étaient bien faits. Je n'ai donc pas vécu cette situation; je n'ai pas constaté la même chose.
Je pense qu'il est très important de dire que les contrats qui étaient attribués ne concernaient pas le dossier relatif à l'application ArriveCAN. Il s'agissait de contrats dont l'objectif était d'augmenter le nombre de consultants afin de nous aider pour ce qui est de la gestion du budget. Je pense que c'est l'un des points qui a été soulevé.
À l'heure actuelle, j'ai la responsabilité de gérer des contrats de services professionnels.
:
Je suis très fier du travail qui a été accompli par nos agents d'approvisionnement. Il y a beaucoup plus de transparence que par le passé.
Parmi les choses que nous avons accomplies, je pense, par exemple, à l'obligation des fournisseurs de divulguer le nom de leurs sous-traitants et leur marge de profit. Il y a aussi beaucoup plus de rigueur sur le plan des exigences relatives aux autorisations de tâches. Par exemple, la description des tâches doit être plus précise qu'auparavant. Ce qu'on a vu, dans le dossier lié à l'application ArriveCAN, ne doit pas se reproduire. La description des tâches était tellement vague que l'on n'était pas sûr de pouvoir lier ce qui était attendu de cette application à un autre projet des technologies de l'information.
Je suis donc très heureux de dire que nous avons beaucoup sensibilisé nos clients. Le Secrétariat du Conseil du Trésor nous a aussi beaucoup aidés au chapitre de la sensibilisation des gestionnaires, qui sont les premiers responsables quant à la définition des besoins quand ils demandent des fonds. Le Secrétariat du Conseil du Trésor a donc publié des lignes directrices destinées aux gestionnaires. En somme, beaucoup de mesures ont été prises.
Comme je l'ai mentionné, 450 dossiers d'approvisionnement ont été vérifiés, et le taux de conformité de ces dossiers était élevé. Quand nous nous rendons compte que certaines choses doivent être améliorées, par exemple si nous remarquons qu'un document était manquant, nous adoptons une approche très constructive à l'égard de nos agents d'approvisionnement. Nous avons aussi mis en place des listes de vérification pour qu'on puisse s'assurer que tous les éléments d'information qui doivent être versés au dossier d'approvisionnement sont présents.
Le changement de culture auquel nous assistons m'impressionne beaucoup. Tout cela est réalisé en parallèle avec des activités de formation. Environ 1000 agents d'approvisionnement ont suivi notre formation sur la qualité de la gestion des dossiers. Tout cela fait en sorte que nous allons dans la bonne direction.
:
Merci, monsieur le président. Mes questions s'adressent à Mme Hogan.
Il y a tellement d'autres sujets importants qui méritent de faire l'objet d'une vérification par le Bureau du vérificateur général par souci de transparence et de surveillance au profit des Canadiens. Mes collègues du NPD et moi-même nous nous intéressons notamment à la financiarisation du logement et au fait que les régimes de pension fédéraux contribuent au déplacement de locataires par le biais de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, l'OIRPSP, qui confie à des propriétaires la gestion de ses biens immobiliers multifamiliaux.
Je veux parler du rapport d'examen spécial sur l'OIRPSP, publié par le bureau de Mme Hogan en 2021. Nous savons que l'OIRPSP est une société d'État. Le rapport indique ce qui suit: « Au cours de notre audit, le Secrétariat a communiqué le seuil de tolérance au risque de financement du gouvernement et l'objectif de rendement réel à long terme pour les actifs des régimes gérés par la Société. » On a dit aux vérificateurs quels étaient les seuils de tolérance au risque et les objectifs de rendement. Le rapport indique également que « l'objectif de rendement réel à long terme du gouvernement était de 3,6 % pour les dix prochaines années et de 4 % par la suite. »
C'était en 2021. Aujourd'hui, tout récemment, le rapport annuel de l'OIRPSP montre que son rendement net annualisé sur 10 ans est de 8,3 %, soit plus du double de ces objectifs. Ces rendements sont en partie attribuables au déplacement de locataires. En fait, ACORN Canada soutient que la participation de l'OIRPSP dans la financiarisation abusive du logement cause du tort.
Si nous considérons que l'OIRPSP est l'une des plus grandes sociétés propriétaires milliardaires, il devrait certes faire l'objet d'une surveillance, car cela se produit sous l'égide du gouvernement actuel. Qui veille sur les locataires et les protège contre les investissements privés et les tactiques comme celles de l'OIRPSP?
Je dirais qu'il a recours à ces tactiques parce qu'il détient environ la moitié du portefeuille de Starlight, dont le siège est à Toronto. C'est ce que nous ont appris des documents divulgués à la suite d'une récente demande d'accès à l'information. Starlight est en fait Starlight Investments, l'un des plus grands propriétaires commerciaux au Canada, un gestionnaire privé de biens immobiliers et d'actifs qui gère plus de 65 000 logements. Avant de fonder Starlight, son PDG dirigeait TransGlobe, qui avait la réputation d'ignorer les demandes d'entretien des locataires et qui a fait face à des centaines d'accusations pour défaut de faire des réparations et violation du code de prévention des incendies. Starlight a également demandé plus d'augmentations de loyer supérieures aux lignes directrices que tout autre propriétaire à Toronto. Elle affiche aussi le plus grand nombre d'évictions pendant la pandémie et elle a surtout évincé des responsables d'associations de locataires.
Madame Hogan, l'OIRPSP est un partenaire du gouvernement en ce qui a trait aux fonds de pension. Êtes-vous consciente de cette réalité?
Les retraités que ce fonds est censé protéger demandent eux-mêmes qu'il fasse l'objet d'une surveillance. Je suis donc heureuse d'entendre les propos de Mme Hogan. Je vais attendre sa réponse avec impatience.
Je vais citer un article du Hill Times. Voici le titre:
Un syndicat exhorte les régimes de pensions du secteur public à ne pas augmenter les loyers et à ne pas procéder à des évictions massives dans des immeubles d'appartements de Toronto.
Je poursuis:
Un syndicat représentant des fonctionnaires fédéraux affirme que le fonds de pension qui gère l'épargne-retraite de ses membres s'est joint à l'une des plus grandes sociétés immobilières du Canada pour évincer des locataires qui s'opposent aux augmentations de loyer proposées dans trois immeubles [...] locatifs à Toronto.
Des représentants du syndicat et d'associations de locataires ont critiqué l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public (OIRPSP) et son organe opérationnel [...] pour sa collaboration avec Starlight Investments, une société de gestion d'actifs qui est l'une des plus grandes sociétés immobilières privées au Canada.
J'aimerais vous faire part de quelque chose, madame Hogan, et vous poser une question. J'ai essayé de communiquer avec le nouveau président du conseil d'administration. On a refusé à plusieurs reprises que je m'adresse au président de l'OIRPSP. Ils m'ont dirigée vers d'autres entités opérationnelles. De toute évidence, il n'y a aucune reddition de comptes aux Canadiens.
Je veux simplement comprendre pourquoi un parlementaire ne peut pas s'adresser au conseil d'administration de cette société d'État, alors que c'est précisément aux parlementaires que cette société doit rendre des comptes.
:
La réponse, c'est donc que vous n'en avez pas.
D'accord, je vous remercie.
Je suis désolée, mais j'ai beaucoup de questions à poser en peu de temps.
Je reviens de façon récurrente sur la question des contrats non concurrentiels, parce que j'ai toujours l'impression de ne pas recevoir de vraie réponse à ce sujet.
Depuis 2016, le nombre de contrats non concurrentiels signalés sur le site du gouvernement ouvert a explosé. On parle d'une augmentation d'environ 30 %. C'est le pourcentage qui a été rapporté pour l'année 2023 au complet, dernière année complète pour laquelle des données sont fournies au sujet des contrats non concurrentiels comparativement aux contrats jugés concurrentiels.
C'est justement le rapport lié au dossier ArriveCan qui a un peu aidé à creuser la question. Plus on creusait, plus on se rendait compte que le problème était beaucoup plus large.
Il revient donc à votre ministère de régler la situation en attribuant presque systématiquement les contrats de manière concurrentielle afin d'obtenir les meilleurs services possibles, au meilleur prix possible pour les contribuables qui payent les impôts.
Que faites-vous, concrètement, à ce sujet?
:
Pour commencer, je tiens à souligner qu'au sein du ministère, notre objectif est d'attribuer les contrats de façon concurrentielle dans une proportion d'environ 80 %, au minimum.
J'ai vérifié nos chiffres, parce que j'ai noté que vous parlez toujours du ratio 70-30, en fait de pourcentage, pour l'ensemble des ministères.
Or, les contrats sont attribués de façon concurrentielle dans une proportion d'environ 83 % des cas. Je suis très soulagée de cette situation.
Au ministère, nous nous occupons de seulement 20 % des contrats, parce que leur valeur est élevée. Je pense donc que l'élément que vous avez fait ressortir est très important.
Je cherche à voir les contrats que nous pouvons accorder de façon concurrentielle par le truchement du système afin que nous puissions toujours atteindre un niveau raisonnable. De mon point de vue, cela varie de 80 % à 85 %.
:
Je vous remercie beaucoup.
Encore une fois, mes questions s'adressent à Mme Hogan.
Compte tenu de la multitude d'audits que votre ministère et votre bureau doivent mener pour protéger les Canadiens, j'aimerais savoir si vous pensez que c'est une bonne utilisation de l'argent des contribuables et de votre temps que de vous faire comparaître ici encore et encore. Je crois comprendre que votre comparution est moins longue cette fois‑ci parce que vous avez déjà comparu devant notre comité à maintes reprises. Étant donné le grand nombre de sujets qui intéressent les Canadiens, s'agit‑il, à votre avis, d'une bonne utilisation de l'argent et du temps des contribuables?
Par ailleurs, quand aura lieu la prochaine mise à jour au sujet d'ArriveCAN? Quelles sont les dates et les choses à venir? Enfin, à titre d'information pour les Canadiens et les parlementaires, sur quels sujets les prochains audits de votre bureau porteront-ils? Quelle est la prochaine étape? Qu'est‑ce qui est prévu?
:
À titre de vérificatrice générale du Canada, il m'incombe de servir le Parlement et d'appuyer la Chambre et le Sénat. Je comparaîtrai autant de fois que les comités m'y inviteront. Je pense qu'il est très important que nous parlions de notre travail. Plus nous parlerons de notre travail et plus les comités s'y intéresseront, plus des changements positifs et rapides, je l'espère, se produiront dans l'ensemble de la fonction publique, afin d'améliorer la vie des Canadiens. Je suis toujours heureuse d'être ici.
Nous ne prévoyons pas pour l'instant d'assurer un suivi complet de l'audit sur ArriveCAN. Je m'entretiens de temps en temps avec la sous-ministre, Mme Reza, au sujet des progrès réalisés par son ministère. Notre bureau est en train d'étudier la manière dont nous pouvons assurer un suivi plus étroit des nombreuses recommandations que nous avons formulées, mais je m'attends à ce que le Comité permanent des comptes publics demande des mises à jour fréquentes sur le plan d'action de gestion détaillé qui lui a été fourni.
En ce qui concerne les travaux à venir, je devrais présenter certains rapports à cet égard en décembre, si possible. C'est ce que nous prévoyons. Nous tentons de déterminer la date exacte.
Cinq audits sont prévus, et j'essaie de me rappeler les éléments qui seront visés. Il est certain que l'un d'entre eux portera sur le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, soit le CUEC. La question de l'identité numérique sera également traitée, et nous nous pencherons aussi sur les programmes pour les personnes âgées, le programme Emplois d'été Canada et les retombées industrielles et technologiques. Ce sont donc les thèmes qui devraient faire l'objet des cinq rapports qui seront déposés cet hiver.
:
Vous pourriez peut-être essayer de les faire parvenir au Comité à un autre moment. Je vais aborder un autre sujet.
L'entrepreneur lié à ArnaqueCAN, GC Strategies, a reçu beaucoup d'attention. Dalian en a reçu beaucoup moins, même s'il s'agit également d'une société composée de deux personnes qui est impliquée dans le contrat. De plus, il semble que cette société n'a pas réellement travaillé sur l'application.
Le gouvernement avait établi que Dalian était une entreprise autochtone. La société menait ses activités dans le cadre d'une coentreprise avec Coradix, ce qui permettait à Coradix, une entreprise plus importante et non autochtone, d'obtenir des contrats dans le cadre des marchés réservés aux Autochtones. Toutefois, Dalian a maintenant été retirée de la liste des entreprises autochtones.
Vos hauts fonctionnaires peuvent-ils nous expliquer pourquoi Dalian a été retirée de la liste des entreprises autochtones? N'a‑t‑elle jamais été une entreprise autochtone? A‑t‑elle cessé d'être une entreprise autochtone? Que s'est‑il passé?
:
Vous savez quoi? Je reconnais qu'il y avait d'autres problèmes, mais le nom de la société a été retiré de la liste.
Je dirai simplement qu'en ce qui concerne l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, nous sommes dans une situation comme celle de la blague avec Spiderman, c'est‑à‑dire que les responsables de l'approvisionnement pointent du doigt Services aux Autochtones Canada et que Services aux Autochtones Canada, à son tour, pointe du doigt les responsables de l'approvisionnement. J'ai posé une question à la Chambre à ce sujet, et c'est votre ministre, soit le , qui y a répondu. Je me demande si c'est la raison pour laquelle les dirigeants autochtones nous disent que le programme est un vrai gâchis. C'est parce que différents ministères se renvoient la balle et ne parviennent pas à faire avancer les choses.
À ce propos, j'aimerais poser une brève question à la vérificatrice générale. Des dirigeants autochtones vous ont demandé d'enquêter sur les abus commis dans le cadre du programme d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, des abus qui, selon eux, sont monnaie courante. Pouvez-vous nous fournir une mise à jour de vos plans et de votre calendrier provisoire en ce qui concerne une enquête sur le programme d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Madame la vérificatrice générale, vous avez déjà comparu au sujet d'ArriveCAN. Je n'étais pas ici lors de votre comparution, et je sais que le Comité a tenu de très nombreuses réunions sur ArriveCAN, mais il me semble étrange, d'après ce que je peux déduire des preuves et des témoignages qui ont été obtenus au cours de toutes ces réunions, que nous ne sachions toujours pas — du moins, je ne le sais toujours pas, mais peut-être que quelqu'un d'autre le sait — qui est responsable, au bout du compte, de l'approbation… Qui doit assumer cette responsabilité sur le plan individuel?
D'une part, nous avons Cameron MacDonald et Antonio Utano. Des allégations ont été formulées à l'encontre de Minh Doan. Dans toutes les vérifications que vous avez effectuées… Pouvez-vous nous donner votre point de vue, étant donné que vous avez étudié la question de façon plus approfondie que nous l'avons fait?
:
Je vais m'en tenir à la passation de marchés, car nous avons publié un grand nombre d'audits et de recommandations. En ce qui concerne ArriveCAN — et je parlerai aussi du travail que nous avons fait concernant les contrats de services professionnels —, nous avons vu les ministères en question agir au cours de notre audit. Ils ont fourni des précisions, par exemple, sur l'utilisation des offres à commandes principales et nationales pendant que nous faisions notre travail, de sorte que la réaction a été rapide.
Tout au long des deux audits, j'ai dit que je ne croyais pas qu'il fallait établir davantage de règles, mais que les règles existantes devaient être mieux appliquées. Je suis très heureuse de constater que des formations sont organisées et que les gens les suivent. J'espère qu'ils les mettront en pratique.
Je continue de croire que le gouvernement doit prendre du recul. Depuis de nombreuses décennies, mon bureau réalise des audits et des audits internes, ou l'ombud de l'approvisionnement accomplit des travaux, et nous faisons toujours de nouvelles recommandations qui semblent entraîner l'ajout de règles.
Il est temps de prendre du recul et de se demander s'il y a trop de règles. Les règles ont été dépassées par les événements. Devrait‑on peut-être simplifier certaines des règles, afin que tout le monde puisse les comprendre et mieux les appliquer?
Je ne sais pas exactement pourquoi toutes ces situations se produisent. S'agit‑il d'aller plus vite pour contourner les règles? Y a‑t‑il trop de règles? Il reste à déterminer ce qu'il en est exactement, mais nous sommes toujours heureux de constater que des mesures sont prises rapidement.
:
Nous avons commencé à revenir en arrière. Nous disposons maintenant d'un nouvel ensemble d'outils d'analyse des données. Nous utilisons toutes sortes de logiciels différents. Nous examinons maintenant de manière globale le gouvernement du Canada dans son ensemble pour voir où il y a des fraudes de temps. Nous examinons différents contrats. Nous voyons les consultants qui y sont associés. Nous voyons s'ils travaillent en même temps, par exemple, au BVG ou à SPAC, et nous déterminons s'il y a eu des fraudes en matière de temps. Une méthodologie s'y rattache.
Les cas au sujet desquels nous constatons que c'est intentionnel et qu'il y a fraude sont transmis à la GRC. Depuis que nous avons commencé ce travail, Mme Poulin a renvoyé environ sept cas à la GRC.
Il y a également la question de la restitution. Ils nous doivent de l'argent pour la fraude de temps. Là encore, nous nous sommes d'abord adressés aux entrepreneurs — nous communiquons avec les entrepreneurs principaux — pour leur indiquer que l'une de leurs ressources avait été autorisée et travaillait, mais qu'elle fraudait l'État.
Comme je l'ai indiqué précédemment, nous avons établi un ensemble de mesures de restitution, avant que chaque ministère ne s'attaque à la fraude de façon individuelle. Ce n'était pas une façon efficace de procéder. Sous la direction de Mme Poulin... Elle a formé une équipe chargée de négocier avec les entrepreneurs qui ne savent pas — je pense que c'est ce que vous avez constaté — qu'ils sont mêlés à des fraudes ou que les ressources qu'ils ont approuvées ou qui travaillent ont commis des fraudes, et de les conseiller à ce sujet. Nous négocions ensuite pour récupérer l'argent. Je pense que la démarche a commencé vers le mois de juin.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre un peu dans la même veine que mon bon ami M. McCauley, mais j'aimerais revenir aux méthodes d'acquisition de Services professionnels en informatique centrés sur les tâches, ou SPICT, et de Services professionnels en informatique centrés sur les solutions, ou SPICS.
Je pense que lorsque les SPICS ont été créés, vers 2009 ou 2008, l'objectif était de miser sur des solutions qui... Il était plus facile pour le gouvernement de gérer les coûts comme cela, parce que je pense qu'il y avait peut-être souvent des ordres de modification apportés aux SPICT. Je me demande simplement si votre ministère effectue cette analyse.
Je pense également que la vérificatrice générale a soulevé un bon point. Je comprends et je respecte tout à fait notre obsession de faire en sorte de toujours utiliser un processus juste, ouvert, transparent et concurrentiel, mais les processus internes sont-ils trop longs? Est‑ce qu'ils découragent en quelque sorte vos ministères clients, au gouvernement, de sorte qu'ils ne sont peut-être pas incités à utiliser les mécanismes en place? Ils vous disent peut-être que c'est pour cette raison qu'ils sentent le besoin de conclure un contrat à fournisseur unique, par manque de temps.
J'espère avoir été assez clair, mais si vous pouvez nous en dire plus à ce sujet...
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Nous effectuons certainement des analyses, et nous allons pouvoir en faire davantage. Les SPICT sont quand même très populaires. On y traite des affaires d'une valeur de 1,7 milliard de dollars. Comme je le mentionnais, il y a 650 fournisseurs. Les SPICT utilisent aussi des catégories. Je dirais qu'il est beaucoup plus efficace d'utiliser les SPICT que de faire son marché public soi-même.
J'aimerais faire un lien avec la fraude. Une des mesures que nous avons mises en place, c'est l'utilisation de nouvelles feuilles de temps, qui sont beaucoup plus précises. Nous encourageons tous les ministères clients à les utiliser pour décrire ce qui a été fait à la demi-heure près. On leur demande de ne pas simplement facturer 7,5 heures sans justifier ce qui a été facturé.
Dans ce contexte, les processus comme les SPICT et les Services professionnels en informatique centrés sur les solutions, ou SPICS, nous aident à prévenir la fraude et à travailler avec le client.
De plus, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada sensibilise beaucoup les gestionnaires. Quand un gestionnaire signe l'attestation en vertu de l'article 34 de la Loi sur la gestion de finances publiques, cela veut dire quelque chose. Il sait que cela est associé à une responsabilité.
Il incombe aux gestionnaires de poser des questions pour s'assurer que, lorsqu'un client signe une feuille de temps, il a vraiment procédé à un exercice de vérification.
Nous avons mis en place plusieurs méthodes de vérification pour inciter nos clients à faire preuve de la plus grande discipline possible par rapport à leurs entrepreneurs.
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Résumons un peu pour les Canadiens les détails importants de ce scandale.
L'ancien ministre de la Sécurité publique, , aurait dit vouloir « la tête » de celui qui a choisi GC Strategies. Il y a Minh Doan, un ancien cadre supérieur de l'ASFC, qui a supprimé quatre années de courriels trois jours après la réception par l'ASFC d'une demande d'accès à l'information concernant GC Strategies.
Les plus hauts dirigeants tant de l'ASFC que de SPAC sont intervenus dans ce qui était censé être une enquête indépendante. Des hauts fonctionnaires, nommés par notre propre , ont comparu devant ces comités et ont induit le Comité en erreur, s'ils n'ont pas carrément menti.
Nous avons sous les yeux toutes les caractéristiques d'une opération de camouflage et de recherche de boucs émissaires. Je dis cela parce que j'ai en tête les commentaires de Mme Hogan, la vérificatrice générale, selon qui il y a de multiples niveaux de responsabilité.
Cependant, je suppose que je pourrais poser la question à n'importe qui à SPAC. Quelqu'un a‑t‑il été suspendu ou congédié à cause de la mauvaise gestion du scandale ArriveCAN, oui ou non?
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Cela ne me surprend pas du tout.
Il y a deux personnes, deux cadres intermédiaires ou subalternes de l'ASFC — Cameron MacDonald et Antonio Utano —, qui ont servi de boucs émissaires à l'ASFC et qui ont dû accepter la responsabilité des multiples problèmes révélés par ce scandale d'au moins 60 millions de dollars, selon la vérificatrice générale. Ce pourrait être beaucoup plus, mais en raison du fiasco administratif épouvantable à l'ASFC et à SPAC, elle n'a pu n'en donner qu'une estimation.
Par conséquent, ces deux personnes ont été suspendues, même sans solde à un moment donné. Personne d'autre n'a été suspendu. Personne d'autre n'a été congédié. Personne d'autre n'a été carrément congédié pour son incompétence dans la gestion de ce scandale.
J'aimerais parler un peu de Minh Doan.
Madame Hogan, aviez-vous été informée, avant la publication du rapport sur ArriveCAN, du fait qu'il manquait quatre années de courriels d'un cadre supérieur de l'ASFC, Minh Doan?
J'aimerais poursuivre dans la même veine que M. Brock, dans une certaine mesure. Pour être honnête, je partage ses préoccupations au sujet des courriels supprimés. Je trouve scandaleux que des courriels soient supprimés et qu'il ne soit pas possible de les récupérer. De même, je pense qu'il est scandaleux qu'on ait versé ce qui ressemble à des pots-de-vin aux fonctionnaires chargés de rédiger une demande de propositions, en contact étroit avec l'entreprise même qui, au bout du compte, a obtenu le contrat d'approvisionnement.
Ce qui me frustre, c'est qu'il y a des gens qui pointent du doigt d'un côté et d'autres qui pointent du doigt de l'autre côté. De nombreuses enquêtes internes ont été menées dans ce dossier. J'ai posé des questions à la vérificatrice générale, mais je pourrais peut-être solliciter le point de vue des responsables de l'approvisionnement.
Madame la sous-ministre, vous et votre équipe avez probablement réalisé un examen approfondi pour comprendre ce qui s'est passé. Quand je demande qui est le coupable, je ne parle pas seulement de la personne qui a signé le document. Mme Hogan a en quelque sorte dit que le directeur général en était l'ultime responsable. Oui, bien sûr, mais encore faut‑il comprendre à qui attribuer le blâme. Il ne s'agit pas de savoir qui avait la responsabilité d'apposer sa signature sur la ligne pointillée, mais qui est à blâmer pour ce qui s'est passé avec ArriveCAN.
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Merci. J'aime ce type de réponse.
Madame Reza, je veux revenir sur des questions intéressantes qui ont été posées précédemment.
Au moment de la pandémie, vous avez fourni des justifications à plusieurs reprises, et vous avez signé des contrats avec GC Strategies. Selon des échanges de courriels entre SPAC et l'ASFC, une de vos employées, soit Mme Angela Durigan, avait soulevé des doutes quant aux justifications. Elles ne semblaient pas suffisantes pour attribuer un contrat de manière non concurrentielle de plusieurs millions de dollars à GC Strategies.
Cette employée a reçu une réponse de l'ASFC. Cette réponse était plus ou moins bancale, mais elle s'est dit qu'elle avait toutes les réponses qu'il lui fallait. C'est comme si elle avait seulement besoin de cocher une case, c'est-à-dire obtenir des justifications, et que le contenu des justifications ne comptait pas vraiment. Pour approuver le contrat de SPAC, il fallait donc seulement obtenir des justifications. C'est ainsi que le contrat a progressé au ministère.
Je sais que, à votre niveau, vous ne regardiez pas les détails. Or, dans la chaîne d'approbation, il y a quand même eu un moment où SPAC n'a pas bien fait son devoir, qui est de s'assurer que les contrats sont attribués en bonne et due forme.
Concrètement, si une situation d'urgence devait encore survenir, qu'est-ce qui serait fait de façon vraiment différente? Évidemment, je souhaite que cela n'arrive jamais.
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J'ai donné l'approbation, mais je n'ai pas attribué les contrats. Il y avait trois niveaux d'approbation. Je veux seulement apporter cette nuance; je n'ai pas signé les contrats.
Deuxièmement, il y a la responsabilité du client. La vérificatrice générale a parlé du directeur exécutif. C'est la responsabilité du client de donner la justification quand il s'agit d'un contrat non concurrentiel. Nous en avons bien sûr discuté, car nous étions dans un contexte de pandémie. De plus, il faut savoir que les contrats qui ont été attribués de façon non concurrentielle n'ont pas attiré l'attention de l'ombudsman de l'approvisionnement ni de la vérificatrice générale. Il s'agit plutôt de ceux qui ont été attribués de façon concurrentielle.
Troisièmement, afin de nous préparer à une autre crise éventuelle, nous avons dressé une liste de situations à éviter, comme celles qui sont survenues pendant la pandémie. Il y a l'interruption de la chaîne d'approvisionnement. Nous nous sommes interrogés sur ce que nous devions faire dans un tel cas. On le sait, le risque est réel. Il y a ensuite les perturbations possibles quant à la qualité et au montant des contrats. Il fallait penser à prévenir la corruption et la fraude.
Enfin, il fallait se pencher sur ce que nous devions faire quand un contrat attribué de façon non concurrentielle est renouvelé, comme cela a été le cas dans l'affaire mettant en cause GC Strategies.
Je sais que, dans l'avenir, nous allons mettre en place des mesures pour éviter que de telles situations se reproduisent. Je vous assure que, si une autre crise survient alors que je suis sous-ministre et que des ministères me demandent d'accorder des contrats de façon non concurrentielle pour des services professionnels parce qu'il y a une situation d'urgence, je vais leur dire d'oublier cela.
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Merci, monsieur le président. Mes questions s'adressent à nouveau à Mme Reza.
Il a été question aujourd'hui d'un éventuel manque de formation ou d'un non‑respect des règles. L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada en parle depuis des années: la fonction publique connaît une érosion de sa base de connaissances, en particulier en informatique, et a de plus en plus recours à la sous-traitance.
L'Institut a déclaré ce qui suit:
Au Canada, la sous-traitance des services gouvernementaux, particulièrement des TI, coûte des milliards de dollars aux contribuables chaque année. Le recours à la sous-traitance est parfois nécessaire, par exemple pour augmenter les effectifs ou pour bénéficier d’une expertise et de compétences externes. Par contre, les années de dépenses incontrôlées en sous-traitance ont produit une fonction publique fantôme composée de consultants travaillant aux côtés des employés de l’État.
J'ajouterais que l'Institut déclare ensuite qu'il existe une inégalité entre les sexes au sein de la fonction publique du Canada. Le texte se lit comme suit:
Dans le secteur des technologies de l’information, les contrats lucratifs sont attribués à une industrie à prédominance masculine, reconnue pour résister à l’équité entre les sexes. Par contre, les contrats de service d’aide temporaire moins bien payés et précaires sont le plus souvent attribués aux femmes.
J'aimerais savoir quelle incidence la disparition de l'expertise au sein de la fonction publique a eue sur la valeur ajoutée fournie aux contribuables canadiens.
Par ailleurs, comment ces « gentlemen's agreements », comme je les appelle au Parlement, influent‑ils sur la manière dont les contrats sont attribués et distribués au sein de la fonction publique?
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Merci beaucoup. Je n'aime pas trop le mot « distribués », mais nous y reviendrons dans un instant.
Comme je l'ai dit devant d'autres comités, j'estime que la prestation de services aux Canadiens est un tabouret à trois pieds.
Il y a le processus de dotation en personnel et en ressources humaines du gouvernement. Disposons-nous de l'effectif et de la formation nécessaires?
Il y a la gestion de projet. Dans le domaine des technologies de l'information en particulier, comme vous le savez tous, nombre des systèmes en place sont désuets et la transition vers de nouvelles solutions est extrêmement complexe, en raison des risques liés à la cybersécurité et à l'infonuagique. Nous devons nous assurer que nous disposons des bonnes compétences à l'interne.
Il y a enfin l'approvisionnement. Quels services professionnels devons-nous ajouter pour nous assurer que nous disposons de cette capacité?
Je pense qu'il s'agit d'un tabouret à trois pieds. Nous ne pouvons pas recruter les bonnes personnes si nous n'adoptons pas la bonne stratégie en matière de ressources humaines et si nous n'attirons pas les bons talents. Nous devons examiner la façon dont nous gérons les projets, en particulier dans le domaine des technologies de l'information, et nous assurer — j'ai d'ailleurs eu cette discussion pas plus tard que la semaine dernière avec les syndicats — que notre personnel est bien formé pour que nous ne dépendions pas de services professionnels.
Depuis que je...
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C'est une offre très généreuse, car, comme vous pouvez le voir, j'ai apporté mes classeurs de témoignages devant les comités.
Il y a tellement d'éléments différents, et je veux m'assurer que nous sommes... J'entends par exemple que l'on « ne dit pas la vérité ». Je viens au Parlement depuis 2010. J'ai dit la vérité devant chaque comité — mon premier comité concernait le crime organisé — et je continue à le faire. Je pense que nous essayons d'être crédibles et utiles.
Si je devais aborder une question particulière, j'aimerais revenir un peu sur un commentaire relatif à la différence entre les contrats à fournisseur unique et les contrats concurrentiels. Pour autant que je sache, l'inquiétude de la vérificatrice générale ne porte pas sur les contrats non concurrentiels. Bien entendu, nous examinons les différents éléments. Nous nous efforçons en permanence d'être compétitifs. L'une des questions sur lesquelles je n'ai pas eu l'occasion de revenir est celle de... Souvent, la fonction de contestation génère tellement de va‑et‑vient que le processus concurrentiel aurait pris moins de temps. Je pense que c'est un élément clé.
L'autre point que je souhaite faire comprendre aux parlementaires et aux Canadiens est que ces contrats de services professionnels octroyés pour renforcer le personnel ne sont pas nécessairement contrôlés — non pas du point de l'approvisionnement, mais du point de vue de la gestion de projet — et c'est là que je pense que nous devons nous améliorer pour être en mesure d'établir les résultats attendus et d'en maintenir la précision, afin d'éviter des situations comme celles que nous avons évoquées.
[Français]
Je vais demander à M. Laporte d'apporter des précisions.
Je tiens à remercier Mme Hogan, du Bureau du vérificateur général, et Mme Reza, du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, de leur témoignage et comparution aujourd'hui, ainsi que de leur participation à l'étude du « Rapport 1: ArriveCAN ».
[Français]
Si vous avez des questions à poser ou de l'information complémentaire à fournir, vous pouvez vous adresser à la greffière.
[Traduction]
Madame Zarrillo, je veux porter quelque chose à votre attention. Vous aviez des questions. Bien que les témoins n'aient pas pu y répondre aujourd'hui, je vais travailler avec M. Cannings et vous, car , qui est un membre de ce comité, avait des questions concernant les placements servant aux pensions.
Vous êtes au bon endroit et je vous en suis reconnaissant. Je laisse aux membres de la latitude pour poser des questions. Vous l'avez fait aujourd'hui, mais vous êtes au bon endroit pour poser certaines de ces questions. Nous avons des réunions à venir sur les comptes publics, et je travaillerai avec le NPD pour essayer de choisir la bonne personne de votre parti pour poser des questions. La greffière, l'analyste ou moi communiquerons avec vous, et nous travaillerons avec M. Cannings.
Sur ce, la séance est levée.