:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour, tout le monde.
Bienvenue à la 110e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Conformément au Règlement, les députés participent ici-même et, pour certains, à distance au moyen de l'application Zoom.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du rapport no 1 de 2024 de la vérificatrice générale du Canada, intitulé « Pandémie de COVID‑19: ArriveCAN », renvoyé au Comité le lundi 12 février 2024.
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Du ministère de la Défense nationale, accueillons Bill Matthews, sous-ministre, Troy Crosby, sous-ministre adjoint, Groupe des matériels, et Isabelle Desmartis, sous-ministre adjointe, Ressources humaines—Civils.
Monsieur Matthews, je vous remercie d'être venu aujourd'hui à si bref préavis. Vous disposerez d'un maximum de cinq minutes pour votre exposé. Environ cinq minutes. Si vous êtes en train de conclure, je ne vous interromprai pas. Nous passerons ensuite aux questions.
Des votes sont prévus, je crois, à 17 h 45. Nous aviserons lorsque la sonnerie se fera entendre, mais je crois que nous aurons presque terminé à ce moment‑là. Nous pourrions terminer un peu avant, à moins qu'il y ait consentement unanime pour poursuivre jusqu'à la fin de la réunion, soit à 17 h 30, mais nous en discuterons le cas échéant si les votes sont retardés.
Monsieur Matthews, vous avez la parole pour environ cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Distingués membres du Comité, bon après-midi. Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur ArriveCAN et de vous aider à mieux comprendre les actions de M. David Yeo, un ancien employé du ministère de la Défense nationale.
Avant la réunion d'aujourd'hui, le Comité a reçu plusieurs documents qui décrivent les détails et le contexte de l'emploi de M. Yeo à la Défense nationale. J'espère que vous les trouverez utiles en vue d'établir un ensemble commun de faits au fur et à mesure que vous examinerez cette question.
Il est important de souligner que les personnes embauchées à la Défense nationale sont tenues de respecter les principales politiques, y compris le Code de valeurs et d'éthique et la Directive sur les conflits d'intérêts du Conseil du Trésor. Tout employé qui possède des actifs et des passifs non exemptés ou qui participe à des activités extérieures susceptibles de donner lieu à un conflit d'intérêts réel, potentiel ou perçu dans le cadre de ses fonctions officielles doit soumettre un rapport confidentiel sur les conflits d'intérêts dans les 60 jours suivant la signature de sa lettre d'offre. Ces attentes sont énoncées dans la lettre d'offre de chaque employé.
J'aimerais maintenant présenter une brève chronologie de la période pendant laquelle M. Yeo a été employé par la Défense nationale.
Avant d'occuper un emploi au ministère de la Défense nationale, M. Yeo était entrepreneur auprès de Dalian Enterprises et s'était vu attribuer plusieurs contrats par le ministère de la Défense nationale et par d'autres ministères au nom du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes.
Le 19 septembre 2023, M. Yeo a été embauché à titre d'employé de la fonction publique pour une période indéterminée au ministère de la Défense nationale en tant qu'IT‑03. Dans sa lettre d'offre signée, dont le Comité a une copie, M. Yeo a accepté le poste au ministère de la Défense nationale et toutes les conditions d'emploi, y compris l'obligation de signaler tout conflit d'intérêts dans un délai de 60 jours.
Le ministère de la Défense nationale n'a reçu le rapport confidentiel sur les conflits d'intérêts de M. Yeo que le 3 mars, après que des informations relatives à ses activités professionnelles eurent été portées à la connaissance du ministère. Je précise que ce rapport a été reçu après que M. Yeo eut été suspendu de son poste au ministère et 165 jours après qu'il eut commencé à travailler en tant qu'employé nommé pour une période indéterminée au ministère de la Défense nationale.
M. Yeo a déclaré au Comité qu'il avait pris des mesures pour s'isoler de Dalian. Même si cela était vrai, il aurait toujours l'obligation de divulguer ses activités professionnelles à son employeur. Qu'il ait omis de signaler ses autres activités à son employeur en raison d'une mauvaise compréhension des règles, d'un jugement erroné ou d'un manque d'éthique, nous avons la preuve que M. Yeo a continué d'exercer ses fonctions auprès de Dalian après son entrée dans la fonction publique.
Le 28 février, lorsque nous avons appris que M. Yeo participait aux activités de Dalian et qu'il était également membre de notre Équipe de la Défense, nous avons immédiatement lancé des enquêtes internes sur son processus d'embauche et nous l'avons suspendu avec traitement le jour même.
À ce moment‑là, la période d'essai de M. Yeo était encore en vigueur. Dans le cadre de notre évaluation visant à décider de mettre fin ou non à son emploi, nous avions organisé une entrevue avec M. Yeo le 6 mars 2024. Plutôt que de se présenter à l'entrevue, M. Yeo a choisi de remettre sa démission sans réserve le 5 mars 2024.
Ma priorité est de veiller à ce que nos enquêtes internes menées sur plusieurs fronts soient toujours approfondies et achevées en temps voulu. Cela comprend un examen de la procédure de recrutement de M. Yeo et des activités qu'il menait en tant qu'entrepreneur tout en travaillant comme employé.
Nous avons appris que M. Yeo continuait d'exercer ses fonctions auprès de Dalian alors qu'il était employé du ministère de la Défense nationale et que, par l'intermédiaire de Dalian, il avait établi des stratagèmes avec d'autres entreprises également. Nous poursuivons notre travail pour nous assurer d'avoir une vue d'ensemble de toutes les autres entreprises auxquelles M. Yeo ou Dalian sont affiliés, le cas échéant. En même temps, nous continuons de collaborer avec d'autres ministères afin d'agir sur tout problème lié à la passation de marchés et à l'intégrité dans la fonction publique.
Nous avons également pris des mesures immédiates pour remédier à la situation. Le 14 mars, le chef d'état-major de la défense et moi-même avons informé tous les dirigeants internes que Services publics et Approvisionnement Canada avait suspendu les habilitations de sécurité de certaines entreprises, dont Dalian, émis un ordre d'arrêt des travaux pour tous les contrats connexes, et demandé à chaque organisation interne de faire le point sur les contrats qu'elle pourrait avoir conclus avec les entreprises mentionnées.
Le 15 mars, j'ai envoyé une lettre au Grand Prévôt des Forces canadiennes pour l'informer des événements en cours liés à M. Yeo et à Dalian, et je continuerai de tenir au courant le Grand Prévôt à mesure que nous progresserons dans nos travaux.
Enfin, nous travaillons à mettre en œuvre un nouveau processus en deux étapes pour nous assurer que les conflits d'intérêts sont mis au jour avant l'embauche et au moment de l'émission d'une offre d'emploi.
J'aimerais conclure mon allocution en remerciant les membres du Comité de leur travail dans ce dossier. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Cette question recouvre beaucoup de choses.
Je dirai d'abord que les fonctionnaires de la Défense nationale respectent les mêmes règles que tous les autres fonctionnaires. Ils sont assujettis aux mêmes règles. Ce qui est unique dans notre cas, c'est qu'il y a des militaires.
Je tiens à rappeler ici le rôle des réservistes. Nous escomptons effectivement qu'ils aient d'autres emplois. Nous aimons les réservistes. Nous en avons besoin. Et c'est bien ainsi. L'important est de s'assurer que leurs intérêts sont déclarés.
Je n'ai rien contre le fait que des fonctionnaires aient d'autres emplois durant les week-ends ou le soir, pendant leur temps libre, à condition que ce soit déclaré et évalué de façon appropriée par une personne indépendante et qu'il soit entendu qu'il n'y a pas de conflit. Il y a problème quand le conflit d'intérêts n'est pas déclaré.
:
Certainement. Je ne commenterai pas son service militaire, mais je vais vous parler de sa transition d'entrepreneur à employé.
Il a été entrepreneur à temps plein pour la Défense nationale pendant une période prolongée. L'équipe pour laquelle il travaillait a estimé — et c'était tout à fait indiqué, à mon avis — que ses compétences nous seraient utiles et qu'il serait plus économique de l'embaucher plutôt que de continuer à le payer plus cher comme entrepreneur.
Ces gens‑là ne savaient évidemment pas que ce monsieur serait en conflit d'intérêts, mais son travail était essentiellement le même comme employé. Il était chargé de mettre en place des systèmes automatisés et sécurisés pour permettre le partage d'information non classifiée avec un réseau plus sécurisé — classé secret ou plus — sans compromettre la sécurité du réseau supérieur.
C'était tout un expert technique, et son rôle était le même comme entrepreneur et comme employé civil. À l'époque, on a pensé que son embauche était une décision économiquement judicieuse. Les décideurs n'étaient évidemment pas au courant de l'existence de ses autres activités et du fait qu'il avait omis de le révéler.
:
Ces agences existent aussi pour les clients du secteur privé, mais elles sont effectivement très sollicitées par la fonction publique. Il y a probablement à cela trois raisons, mais ce n'est que mon opinion.
Premièrement, il n'est pas facile d'obtenir des contrats du gouvernement. Ils sont assujettis à un ensemble complexe de règles. Les exigences sont souvent multiples. L'évaluation prend du temps parce qu'on veut garantir un approvisionnement équitable. À vrai dire, certains entrepreneurs ne veulent carrément pas s'engager dans ce processus. Ils préfèrent payer une entreprise pour le faire en leur nom, en sachant que — dans le cas de Dalian ou de GC Strategies — l'entreprise prélèvera sa part. C'est une solution intéressante pour les entrepreneurs en TI qui ne veulent pas passer par cette bureaucratie.
Deuxièmement, l'embauche dans la fonction publique prend beaucoup de temps. Il faut du temps pour organiser un concours, et il faut aussi du temps pour trouver des employés qui répondent aux exigences techniques et qui soient intéressés. Les agences de recrutement sont en fait devenues la solution de facilité quand on a besoin de compétences à court terme. C'est très pratique. Et c'est rapide.
À l'examen, on constate que nos processus de recrutement et d'approvisionnement peuvent être très fastidieux et longs, et c'est ce qui a donné lieu à l'utilisation généralisée de ces agences de personnel TI.
Je voudrais ajouter en terminant que, compte tenu de l'évolution rapide du secteur de la TI, les compétences des consultants dans ce domaine n'ont pas souvent leur équivalent dans le secteur public, et c'est donc un moyen très utile d'attirer une ressource que nous n'avons pas.
:
Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins.
Ma première question est très courte et très directe.
Monsieur Matthews, hier ou avant-hier, vous nous avez fait parvenir six contrats supplémentaires, apparemment trouvés par une personne du ministère de la Défense nationale à la suite d'une recherche manuelle et du dépôt d'une motion.
Premièrement, ces contrats ne se retrouvent pas sur le site Web du gouvernement ouvert. C'est donc la première chose que je trouve dommage.
Deuxièmement, quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que ces contrats sont fortement caviardés. Quand je dis « fortement », c'est que, dans la section où l'on est censé voir le nom de la ressource qui a effectué le travail, le temps qu'elle y a consacré et à quel taux, on ne voit que le montant final.
Comment se fait-il que le Comité permanent des comptes publics ne puisse pas avoir accès à l'identité des personnes qui livrent un service au moyen de l'argent des contribuables?
:
Je remercie la députée de la question, monsieur le président.
D'abord, le ministère de la Défense nationale possède une base de données dans laquelle il conserve tous les renseignements liés aux contrats. Toutefois, étant donné qu'il mène des activités secrètes, certains secteurs du ministère n'utilisent pas cette base de données.
Nous avons donc trouvé les autres contrats en faisant une recherche manuelle parce qu'ils ne se trouvaient pas dans cette base.
[Traduction]
C'est pour des raisons de sécurité que nous ne mettons pas tous les contrats dans cette base de données. Certains groupes font un travail que nous ne pouvons pas rendre public en raison d'un risque pour la sécurité. C'est pourquoi nous les avons trouvés après coup, et je suis désolé de ne pas les avoir trouvés plus tôt.
:
Très bien. Passons à la question suivante.
Vous avez déclaré avoir accordé, depuis 2012, 86 contrats aux entreprises étudiées dans le cadre de l'affaire ArriveCAN. Ces contrats ont été attribués à des entreprises qui ne fournissent aucun service, puisque ce ne sont que des agents de contrat. Deux personnes qui ne livrent aucun service ont pourtant reçu 88 millions de dollars à même l'argent des contribuables.
Comment expliquez-vous que, dans le cadre de vos activités d'approvisionnement, vous ne soyez pas un peu plus lucide afin de trouver les vraies ressources qui peuvent fournir les véritables services, au lieu de passer par une agence ou par une entreprise, comme vous voulez l'appeler, qui, finalement, retient une commission et ne livre aucun service?
:
C'est une bonne question.
En ce qui concerne les services pour lesquels de l'argent a été versé, il s'agissait de services visant à fournir des ressources humaines.
Le fait est qu'il y a des personnes qui ne veulent pas signer leur propre contrat avec le gouvernement. Ils préfèrent utiliser un service comme GC Strategies ou Coradix. Je trouve la situation un peu frustrante.
[Traduction]
La marge imposée aux sous-traitants est importante, et je pense qu'il faudrait plus de transparence à cet égard.
[Français]
Permettez-moi de parler d'un autre point.
[Traduction]
Dans le cadre des ententes de sous-traitance réciproque entre entreprises — de Dalian à Coradix, de Coradix à GC Strategies, et vice versa —, je suppose que nous payons une marge sur la marge. Ce n'est pas acceptable, et je pense qu'il y a du travail à faire à cet égard.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d'être venus discuter de cette très grave question liée aux vulnérabilités de notre fonction publique.
C'est une vulnérabilité qui a été largement exploitée par des entrepreneurs privés. Comme l'a découvert la vérificatrice générale, M. Yeo fait partie d'un réseau d'entrepreneurs et de sous-traitants qui opèrent au Canada depuis un certain temps déjà. Elle a elle-même eu beaucoup de difficulté à trouver les documents nécessaires, les factures nécessaires et les autorisations de tâches nécessaires. C'est très clairement un risque pour le Canada, et très clairement un risque pour la sécurité, et cela ressemble beaucoup à ce dont mon collègue a parlé.
La vérificatrice générale a bien précisé que l'Agence des services frontaliers du Canada, par exemple, n'était pas dotée des freins et contrepoids nécessaires, dont des contrôles de sécurité, pour développer cette application. On doit donc se demander jusqu'à quel point notre ministère de la Défense et les gens qui travaillent dans le domaine de la défense, sur les bases militaires et en dehors, sont peut-être aussi engagés dans ce genre de réseau de sous-traitance. Le plus grand risque est évidemment que les Canadiens soient exposés à ce qui pourrait être des atteintes à la sécurité des renseignements, sous la forme d'atteintes à la sécurité des données, mais, pire encore, d'atteintes à la sécurité de renseignements susceptibles de nuire à notre sécurité nationale.
C'est une question extrêmement grave pour les Canadiens, et je crois que votre ministère devrait clarifier ses propres activités et ses propres relations dans le cadre des contrats et de la sous-traitance au pays.
Tout au long du rapport de la vérificatrice générale que vous avez lu, je crois, du moins je l'espère, monsieur Matthews... Vous l'avez lu, n'est‑ce pas?
:
Merci, monsieur le président.
Nous faisons face à une double rémunération. M. Yeo était à la fois fonctionnaire et directeur, membre du conseil d'administration, d'une société qui, selon son propre témoignage, signait des contrats non seulement avec le gouvernement du Canada, mais avec le ministère où il travaillait comme fonctionnaire.
Je tiens à souligner que le Comité a adopté la motion logique des conservateurs demandant d'interdire la double rémunération. Les libéraux que nous voyons rire maintenant ont en fait voté contre cette motion. Malheureusement, les membres de ce comité ne s'entendent même pas pour mettre fin à cette pratique scandaleuse. Cependant, l'opposition était certainement unie dans sa position. J'espère que les libéraux reconsidéreront leur attitude à cet égard...
:
Cette question comprend différents éléments, monsieur le président.
SPAC nous a fait savoir qu'environ 400 000 $ acquis frauduleusement dans le cadre des contrats qu'il examine sont liés à des activités de la Défense nationale. Nous n'avons pas encore de détails sur ces activités et sur les fournisseurs suspects, mais cette information nous parviendra sous peu.
Je tiens à souligner qu'il s'agit de l'information que SPAC a décelée jusqu'à présent et qu'il en trouvera peut-être plus. Il s'agit de travaux que SPAC avait entrepris il y a quelques années lorsqu'il numérisait toujours plus de renseignements contractuels dans des bases de données. Il analyse maintenant ces données pour y déceler les fraudes éventuelles. J'applaudis ce travail et je suis heureux d'avoir été mis au courant de ces préoccupations.
À part cela, nous avons des préoccupations au sujet de quelques contrats, et nous les examinons avec le grand prévôt. C'est tout ce que je peux vous dire à ce stade‑ci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Matthews, d'être venu avec votre équipe. Aussi important que le témoignage de M. Yeo ait été mardi devant ce comité, vous savez sans doute que nous n'avons pas l'habitude d'entendre le témoignage de fournisseurs du gouvernement fédéral. Toutefois, cette situation nous a obligés à le faire.
À mon avis, les préoccupations du Comité portent avant tout sur la structure et sur les processus en place qui auraient dû signaler les activités d'un M. Yeo beaucoup plus tôt. Il est évident que nous ferons toujours face à de tels individus, n'est‑ce pas? Il ne sera pas le dernier, nous le savons tous.
Ma première question est la suivante: a‑t‑il présenté une demande d'emploi à la Défense nationale, ou cet emploi lui a‑t‑il été offert? Vous avez dit qu'il a été muté.
:
Madame Desmartis, je vais vous demander de répondre à cette question, car elle concerne le processus de dotation.
Un processus de dotation externe a été lancé. Autrement dit, ce processus était ouvert aux personnes de l'extérieur de la fonction publique. C'était un concours générique. M. Yeo a postulé, son nom a été ajouté à un bassin de professionnels de TI qui pourraient nous être utiles. Je n'en suis pas certain, mais je pense que les gens avec qui il travaillait sous contrat l'ont encouragé à postuler, parce qu'il s'avérait plus efficient d'utiliser ses services à un poste d'employé permanent. Il a suivi le processus, et son nom a été ajouté au bassin, puis le gestionnaire d'embauche l'a choisi et lui a offert un emploi, qu'il a alors accepté.
La raison pour laquelle il est important de souligner qu'il s'agissait d'un bassin externe, c'est que la Commission de la fonction publique examinera toute enquête visant à déterminer si ce bassin a été utilisé de façon appropriée. J'imagine qu'elle examinera notre vérification des références qu'il a présentées et leur authenticité. M. Yeo n'a pas déclaré de conflits d'intérêts à ce moment‑là, mais nous allons examiner ce processus avec l'aide de la Commission de la fonction publique.
[Français]
Voulez-vous ajouter quelque chose, madame Desmartis?
:
Comme nous l'avons indiqué, nous examinons le processus de dotation avec l'aide de la Commission de la fonction publique. Pour ce qui est des contrats conclus avec la société Dalian, nous voulons également vérifier si nous avons reçu les services décrits dans le contrat. Jusqu'à présent, il semble que nous ayons bel et bien reçu ces services.
Nous allons également examiner les pratiques d'embauche de toute cette unité pour vérifier si elles sont conformes.
J'en ai discuté avec le major et le colonel pour qui M. Yeo travaillait. Ils savaient qu'il était fournisseur, mais ils n'étaient absolument pas au courant de ses autres transactions commerciales. Je leur ai demandé si, lorsqu'il travaillait comme permanent, il avait mentionné, au cours de conversations amicales, ce qu'il faisait pendant ses week-ends ou le fait qu'il dirigeait un cabinet d'experts-conseils. Ces questions n'ont jamais été soulevées dans leurs conversations, et ces personnes passaient beaucoup de temps avec lui.
Ses activités n'ont jamais été signalées au gestionnaire d'embauche, car il aurait vérifié s'il y avait conflit d'intérêts. J'ai posé la question, et l'on m'a répondu qu'il n'avait jamais été question de ces autres activités.
:
D'accord, mais j'aimerais bien que vous répondiez plus précisément à ma question. Si vous extrapolez, vous n'y répondez pas.
Puisque je n'ai pas eu de réponse à ma première question, j'enchaîne avec la suivante.
Comment se fait-il qu'un employé du ministère de la Défense nationale puisse venir témoigner au Parlement pendant qu'il est officiellement un employé à temps plein, sans que ni son superviseur, ni son équipe, ni personne ne se rendent compte qu'il témoigne au nom d'une entreprise, qui n'est pas le ministère de la Défense nationale?
M. Yeo a comparu le 31 octobre 2023. Cela faisait plus d'un mois qu'il était officiellement un employé du ministère de la Défense nationale. Pourtant, il ne l'a jamais mentionné au ministère. Personne, dans tout le ministère, ne s'est rendu compte qu'un de ses employés témoignait au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Que pouvez-nous dire à ce sujet?
:
Justement, parlons des contrats de soins de santé complémentaires.
Excusez-moi, je vais revenir un peu en arrière. Selon son site Web, la société Calian est une entreprise d'experts-conseils en solutions d'affaires souvent engagée sous contrat par Construction de Défense Canada et par le ministère de la Défense nationale. Elle embauche sous contrat des travailleurs de la santé qu'elle rémunère aux taux du marché en y ajoutant les frais généraux.
Vous avez souligné que ces services coûtent très cher et que les inefficiences se multiplient dans votre ministère à l'heure actuelle. Pendant la pandémie, les employés contractuels de Calian ont reçu une rémunération plus élevée ainsi que des primes et une rémunération majorée lorsqu'ils travaillaient pendant les jours fériés. Nous savons que les travailleurs de la santé des Forces armées canadiennes ont souligné que les employés internes de la fonction publique quittent les Forces armées canadiennes et se retrouvent à leur ancien poste, à la même base, placés par la société Calian qui les paie mieux.
Savez-vous que cela se produit dans votre ministère?
Il me reste une minute.
Comme je l'ai dit, monsieur Matthews, nous nous retrouvons dans une situation d'apparence de conflit d'intérêts. C'est pourquoi le Comité s'est prononcé pour l'interdiction de la pratique de la double-rémunération. C'est ce qui crée cette situation dans laquelle une personne dispose de comptes bancaires à l'étranger, gagne des millions de dollars d'une façon qui, je pense, est tout à fait inadmissible pour le grand public. Cette personne prend 25 ou 30 % en commissions, en particulier sur des fonds réservés aux Autochtones, alors que le travail n'est pas effectué par des sous-traitants autochtones et elle se trouve ensuite un emploi au sein même de l'organisation auprès de laquelle elle cherche à obtenir des contrats.
Compte tenu de cela, affirmez-vous toujours qu'il est approprié que des fonctionnaires de votre ministère travaillent également à titre d'entrepreneurs pour votre ministère?
:
C'est une excellente question, monsieur le président, et je pense que l'employeur devra y réfléchir pour déterminer comment nous devrons procéder dorénavant. Je ne veux pas spéculer sur ce qui devrait être la bonne approche.
Je tiens à souligner que la situation de M. Yeo n'est pas tellement répandue. Je pense qu'elle ne concerne qu'un faible pourcentage de fonctionnaires. Je ne veux surtout pas les mettre tous dans le même panier.
Je m'inquiète pour ceux qui exercent des activités qu'ils n'ont pas divulguées. Pour ce qui est de ceux qui ont divulgué leurs activités comme il se doit et qui ont été autorisés à les poursuivre, il n'y a pas de problème.
Nous sommes peut-être en désaccord quant à la légitimité de cette situation. Je cherche surtout à m'assurer que tous les employés qui exercent d'autres activités les divulguent correctement et les font valider par une personne indépendante qui s'assurera qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts.
:
Je pense que ça dépend de la nature du travail. Prenons d'abord un exemple simple de nature plus générale pour en venir ensuite à un exemple concret concernant le ministère de la Défense nationale.
Si quelqu'un travaille comme traducteur à temps plein pour le gouvernement du Canada et si, les fins de semaine, il veut travailler à contrat comme traducteur pour d'autres ministères, c'est permis, pourvu que ce fait soit signalé.
Si nous nous tournons vers la Défense nationale, nous avons des employés dont les compétences sont très recherchées dans le monde de l'informatique et de la sécurité. Ils peuvent avoir l'occasion d'offrir cette expertise à d'autres ministères directement ou comme sous-traitants. S'ils veulent le faire pendant la fin de semaine, c'est parfait.
Cependant, la chose devient un peu plus compliquée lorsque le travail est sous contrat avec la Défense nationale. Le règlement en vigueur le permet à condition que l'activité de la personne n'ait rien à voir avec son travail quotidien, qu'elle s'y livre après les heures de travail normales et que ce soit divulgué.
Pour ce qui est de l'absence de conflit, nous ne savons pas du tout à quelle déclaration M. Yeo fait allusion. Il n'y a pas eu de déclaration de ce genre.
Quant à l'emploi de M. Yeo, il a commencé en septembre 2023. C'est important, parce qu'il était encore à l'essai lorsque nous avons appris, il y a quelques semaines, qu'il avait d'autres activités commerciales. Dès que nous en avons pris connaissance, nous l'avons suspendu avec traitement le jour même et nous nous sommes mis à examiner les circonstances entourant son embauche pour déterminer s'il y avait un conflit d'intérêts non signalé.
Bien entendu, nous cherchions à mettre fin à son emploi pendant qu'il était encore à l'essai. Pour bien s'y prendre, il faut interroger l'employé et entendre sa version des faits, ce qui, à mon avis, est une bonne façon de procéder. Cette entrevue a été prévue pour un mercredi. M. Yeo a remis sa démission la veille et a refusé de se présenter à l'entrevue.
Je pense que nous aurions fini par le congédier, mais il a démissionné avant cela.
Il y a quelques aspects ici, monsieur le président.
Premièrement, faisons la distinction entre la vérification des références et la vérification de sécurité. Nous examinons si la vérification des références a été effectuée correctement. Elle aurait peut-être dû révéler certaines de ses activités commerciales. Ce travail est en cours par l'entremise de la Commission de la fonction publique.
Il se peut très bien que la vérification de sécurité ait permis de connaître les autres activités commerciales de M. Yeo. Cependant, on ne cherche pas de conflit d'intérêts lorsqu'on fait des vérifications de sécurité; ce qu'on cherche, ce sont les risques pour la sécurité. Au cours de cette réunion, on lui a demandé si les deux devraient être recoupés ou s'ils le sont. Ce n'est pas le cas.
L'autre élément, je dirais, monsieur le président, c'est que la Défense nationale est une organisation massive. Même au sein de notre groupe des contrats et de notre groupe des ressources humaines, il y a des équipes qui s'occupent de dossiers qui ne se recoupent pas. Par conséquent, il est tout à fait possible que Dalian ait obtenu des contrats avec la Défense nationale à l'insu de ses collègues de travail. Le fait qu'ils ne voient pas ce travail est logique.
En fait, vous vous fiez explicitement et exclusivement à la parole de la personne qui est engagée. Le ministère de la Défense nationale, malgré la nature délicate des dossiers qu'il gère, ne fait pas de recherche sur de potentiels conflits d'intérêts.
Il semblerait que M. David Yeo ait un frère qui travaille aussi au ministère de la Défense nationale, M. Christopher Yeo. Il est écrit, sur sa page LinkedIn, qu'il est responsable adjoint à la sécurité, ou enquêteur, bref une appellation de cet ordre.
Ne considérez-vous pas qu'il y a un conflit d'intérêts potentiel, sachant que cette personne, M. Christopher Yeo, a occupé un poste au ministère de la Défense nationale, alors que son frère obtenait beaucoup de contrats de ce même ministère?
Du moins, ne trouvez-vous pas qu'il existe une perception de conflit d'intérêts?
:
C'est extrêmement pertinent. Je peux vous le décrire. La pertinence tient au fait que votre ministère était au courant de l'existence de M. David Yeo. Il a travaillé au sein de votre ministère pendant un certain temps et a même postulé pour un poste chez vous, et vous l'avez embauché. Cette personne a présenté sa demande en grande partie en se prévalant d'un point d'accès particulier pour lequel votre ministère est également responsable d'assurer la conformité. L'ordre d'exécution pour ce programme exige 33 %. Je vais vous le citer:
« Les entreprises qui sont détenues et contrôlées à au moins 51 % par des peuples autochtones (Premières Nations, Inuits ou Métis et résidant habituellement au Canada) sont admissibles à la SAEA. »
Il s'agit de la stratégie d'approvisionnement pour le financement des entreprises autochtones.
« Les coentreprises formées d'entreprises autochtones partenaires admissibles et d'entreprises non autochtones sont permises, à condition que “l'entreprise autochtone puisse démontrer qu'elle effectuera au moins 33 % de la valeur des travaux” ».
Êtes-vous au courant de cela?
:
J'ai informé le grand prévôt, notre service de police militaire, du dossier. Il n'y a pas encore d'enquête de ce genre, mais je me suis engagé à tenir le grand prévôt au courant de notre travail. S'il estime qu'une enquête est justifiée, il me le fera savoir.
Pour ce qui est des dossiers plus généraux d'ArriveCAN, je sais que Services publics et Approvisionnement Canada a communiqué avec la GRC. Cette dernière n'a pas encore communiqué avec la Défense nationale dans le cadre de ce travail, mais, de toute évidence, nous l'appuierons et nous collaborerons si elle le fait.
Le travail que nous faisons consiste davantage à examiner le processus de dotation en personnel par l'entremise de la Commission de la fonction publique et à déterminer si nous avons effectivement obtenu les services qui ont fait l'objet de marchés de sous-traitance par l'entremise de Dalian. À ce jour, la réponse est oui.
Enfin, nous devons nous assurer de bien comprendre toutes les autres entreprises auxquelles M. Yeo est lié afin que nous puissions prendre les mesures qui s'imposent.
:
C'est difficile pour moi de le dire, compte tenu de mon rôle et de son rôle comme employé du ministère.
Il semble qu'il en faisait toujours partie, du moins sur papier. Je pense que l'élément le plus important pour moi, c'est que M. Yeo n'a pas vu les conflits, dans les faits ou en apparence, avec son rôle d'employé et qu'il a omis de divulguer ces conflits à la Défense nationale, son employeur.
Qu'il croie ou non qu'il était en situation de conflit, il y a de toute évidence apparence de conflit. Il ne l'a pas vu et il n'a pas pris les mesures appropriées.
:
Nous avons beaucoup parlé aujourd'hui, monsieur le président, des obligations de l'employé d'informer l'employeur d'un conflit. Les entrepreneurs sont également tenus d'informer l'autorité contractante des conflits d'intérêts.
Dans le cas de Dalian, M. Yeo n'a fait ni l'un ni l'autre. Dans notre esprit, cela justifiait que nous nous préoccupions de ses actions et de ses activités.
De plus, SPAC examinait certaines des interactions concernant le dossier ArriveCAN et les diverses coentreprises entre Dalian, Coradix et d'autres, et a décidé de suspendre les habilitations de sécurité. Nous avons fait de même.
Je pense que ce que nous avions entendu justifiait pleinement cette mesure.
:
SPAC lancerait habituellement un processus pour un arrangement en matière d'approvisionnement ou une offre à commandes. Les soumissionnaires présenteraient ensuite une demande et se verraient attribuer le contrat.
Je vais demander à M. Crosby de me dire si la Défense nationale fait quelque chose de ce genre.
Services partagés Canada, pour ce qui est des TI, adopterait également une approche semblable de présélection des soumissionnaires. La Défense nationale chercherait certainement à avoir accès aux soumissionnaires figurant sur ces listes, parce que c'est efficace, mais je ne crois pas que nous ayons établi quoi que ce soit nous-mêmes à la Défense nationale.
Pouvez-vous m'aider à ce propos, monsieur Crosby?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'avoir comparu devant nous aujourd'hui pour que nous puissions mieux comprendre comment prévenir ce genre de fraude, faute d'un meilleur terme.
Je sais que des enquêtes sont en cours sur des activités douteuses, et je vous remercie, monsieur Matthews, d'avoir souligné que ce qui a vraiment été contraire à l'éthique — même s'il n'y a pas eu d'autres actes répréhensibles —, c'est la décision de M. Yeo lui-même de ne pas déclarer de conflit d'intérêts, estimant qu'il n'y en avait pas. Il nous l'a dit très clairement dans son témoignage de mardi.
Il demeure que la prévalence du nombre d'entrepreneurs par ailleurs employés dans la fonction publique ou vice versa... Vous avez mentionné les difficultés liées au recrutement des experts nécessaires. À mesure que les gens prennent leur retraite, on constate que des personnes continuent de travailler à temps partiel et deviennent en même temps entrepreneures. L'employeur et l'employé bénéficient incontestablement de ce genre de dispositif.
Comment pouvons-nous empêcher que ce genre d'activité scandaleuse et contraire à l'éthique se produise, lorsque l'employeur ne dispose pas d'un portrait global des activités de la personne?
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Monsieur le président, je vais mentionner deux ou trois choses.
D'abord, il est clairement indiqué dans la lettre d'offre que les conflits doivent être déclarés dans un délai de 60 jours. Je pense qu'a différents intervalles — une fois par an — les employés sont rappelés à leurs obligations et invités à revoir leur situation en matière de conflits d'intérêts.
À mon avis, l'une des choses que l'on pourrait ou devrait faire, serait de rappeler aux employés leurs obligations de manière plus ferme. Tous à l'heure, nous avons parlé de la possibilité d'aider les employés à mettre le doigt sur d'éventuels conflits. Ils doivent tenir compte de certaines questions dans leur évaluation de leur propre situation en matière de conflits d'intérêts.
Je préférerais que les employés divulguent tout ce qui pourrait devenir un problème et qu'une personne indépendante ait l'occasion de décider s'il y a conflit ou non. De toute évidence, il faut rappeler aux gestionnaires que, s'ils apprennent quelque chose au sujet de leurs employés tandis qu'ils en assurent la gestion au quotidien, ils doivent leur demander s'ils ont divulgué le conflit. Dans le cas contraire, je m'attendrais à ce que le gestionnaire amorce une discussion au sujet de la divulgation.
Il s'agit de sensibiliser les employés et de rappeler à leurs supérieurs que, s'ils sont au courant des activités commerciales de leurs collaborateurs, ils doivent leur demander a priori s'ils les ont divulgués, et peut-être rappeler les exigences annuelles à l'occasion des évaluations du rendement et d'ententes de rendement. Il faut insister davantage sur ces questions pour rappeler aux employés leurs obligations. Tout cela serait utile.
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Bien sûr. Il est dirigé par SPAC. L'analyse des données est essentielle. SPAC y travaille depuis quatre ans environ. À mesure que les documents d'approvisionnement sont numérisés et soumis en ligne plutôt que sur papier, SPAC tient à jour une base de données qui permet la tenue d'analyses et l'établissement de recoupements entre les sous-traitants pour voir s'ils sont parties prenantes à plusieurs contrats.
À la Défense nationale, comme nous établissons nous-mêmes nos contrats, je pense que nous allons devoir revoir la façon dont nous communiquons nos données à SPAC pour nous assurer que ce ministère a également accès à nos données afin de dépister d'éventuels conflits d'intérêts. Services partagés Canada est dans la même situation.
Si un entrepreneur devient fournisseur du ministère de la Défense nationale et a besoin d'avoir accès à notre réseau — d'avoir sa propre adresse de courriel, etc. — nous envisageons aussi de rechercher les noms apparaissant en double dans le système. Des personnes peuvent figurer dans les courriels de plusieurs ministères. Il peut s'agir d'un nom très répandu, mais de deux personnes différentes. À mesure que ces types d'analyses deviendront plus accessibles, nous aurons plus d'informations dans nos bases de données et dans nos systèmes.
Nous n'en sommes qu'au début, mais nous veillerons à collaborer avec SPAC et Services partagés Canada afin de nous échanger le même type d'information.
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Je suis d'accord sur ce que vous dites, mais cela ne correspond pas à ce qu'on a entendu jusqu'à présent dans les dernières semaines ni à ce qu'on voit aussi dans le rapport de la vérificatrice générale. En fait, des entreprises se sont vu imposer des contrats de sous-traitance avec GC Strategies, sans leur consentement. C'est le cas de Botler AI, et le ministère de la Défense nationale n'est pas en cause ici.
Ce serait difficile de penser que tous les sous-traitants de GC Strategies ou de Dalian qui ont travaillé pour le ministère de la Défense nationale voulaient absolument voir une part de marché attribuée à un intermédiaire comme GC Strategies ou Dalian. C'est leur part de marché qui s'en va quand ils sont sous-traitants.
Si le ministère de la Défense nationale sait qu'il y a des sous-traitants et que les sous-traitants sont prêts à faire le travail, il devrait y avoir une façon de traiter directement avec ces personnes. L'objectif est d'économiser et d'en donner plus pour leur argent aux contribuables. On sait que plusieurs de ces personnes auraient préféré traiter directement avec le gouvernement.
Comment se fait-il que le gouvernement ne puisse pas traiter directement avec ces personnes et, surtout, qu'il ne s'assure pas que ces contrats ont une bonne valeur monétaire?
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Je suis d'accord sur le fait qu'il y a une meilleure valeur lorsqu'on n'utilise pas de sous-traitants.
[Traduction]
En définitive, quand on regarde qui a les contrats et les ententes contractuelles, ce sont des entreprises comme Dalian, Coradix, GC Strategies et d'autres. Si des personnes n'ont pas demandé à participer au processus de passation de marchés, il est très difficile pour nous d'accorder un contrat.
Par ailleurs, si nous parvenons à recruter ces gens‑là, c'est encore mieux. Encore une fois, je salue la tentative d'intégrer M. Yeo à la fonction publique. Ce fut une bonne affaire pour le contribuable, mais le modèle le plus répandu parmi les entreprises bénéficiaires de contrats du gouvernement est celui des ateliers de carrosserie, autrement dit de commerces faisant de l'argent en tant qu'intermédiaires entre l'État et les ressources employées. Si des particuliers ou des sous-traitants n'ont pas présenté de demande d'arrangement en matière d'approvisionnement, il nous est très difficile de contourner cette réalité et de leur adjuger des contrats.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais conclure sur votre dernier commentaire, soit que vous trouvez très encourageant que M. Yeo ait pu intégrer le ministère, car c'est une bonne utilisation de l'argent des contribuables.
En fait, je suis d'accord avec vous, monsieur Matthews, et le paragraphe 1.30, à la page 8 du rapport de la vérificatrice générale, le confirme:
Nous avons effectué une analyse pour déterminer les économies de coûts qu’aurait pu réaliser l’Agence si elle avait réduit sa dépendance à l’égard des ressources externes au fil du temps. Nous avons estimé que le coût journalier moyen des ressources externes ayant participé au projet ArriveCAN était de 1 090 $, alors que le coût journalier moyen pour un poste équivalent dans le secteur des technologies de l’information au gouvernement du Canada était de 675 $.
Cela rejoint la situation de Dalian qui a été « prêtée » au ministère de la Défense nationale pendant un certain temps.
Voici ma question: comment allez-vous créer un environnement qui incite les travailleurs à présenter leur candidature à votre ministère? Si votre intention est de réduire la vulnérabilité du ministère de la Défense nationale par rapport à des acteurs malveillants comme Dalian, et si vous proposez de recourir au recrutement par la fonction publique comme outil d'atténuation des inefficacités, mais aussi de réduction des coûts, je vous en félicite également, monsieur Matthews. Ce à quoi j'applaudis moins, par contre, c'est le fait que cela ne se passe pas dans votre ministère.
Le personnel des fonds non publics est en grève depuis deux mois. Le saviez-vous?