:
J'ouvre maintenant la séance.
Bonjour tout le monde, et bienvenue à la 122e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, comme le permet le Règlement. Des députés sont présents dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
[Français]
Avant de commencer, j'aimerais rappeler à tous les députés et aux autres participants à la réunion présents dans la salle les importantes mesures préventives suivantes.
[Traduction]
Afin de prévenir la rétroaction acoustique dérangeante et potentiellement dangereuse qui peut causer des blessures, je rappelle à tous les participants dans la salle de tenir leur oreillette loin des microphones en tout temps.
[Traduction]
Les mesures suivantes ont été prises pour prévenir la rétroaction acoustique.
Toutes les oreillettes ont été remplacées par un modèle qui réduit considérablement la probabilité que cela se produise. Ces nouvelles oreillettes sont noires. Je demanderais donc à ceux qui sont dans la salle de veiller à utiliser une oreillette noire.
Toutes les oreillettes qui ne servent pas seront débranchées automatiquement au début de la réunion. Lorsque votre oreillette est branchée et que vous ne l'utilisez pas, veuillez la placer, face vers le bas, au milieu de l'autocollant qui se trouve habituellement à votre droite sur la table, en suivant les indications.
Veuillez consulter la fiche si vous avez des questions sur la marche à suivre.
Comme vous pouvez le constater, l'aménagement de la salle a été modifié pour accroître la distance entre les microphones et réduire le risque de rétroaction acoustique créée par une oreillette à proximité.
Ces mesures sont en place pour que nous puissions mener nos activités sans interruption et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, en particulier de nos interprètes.
[Français]
Merci à tous de votre coopération.
[Traduction]
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent, comme d'habitude, être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du rapport 1 de 2024 de la vérificatrice générale du Canada, intitulé « ArriveCAN », renvoyé au Comité le 12 février 2024.
[Traduction]
Avant de donner la parole à notre témoin, je voudrais souligner trois points.
Nous avons reçu une lettre de M. Paul Girard et de son médecin. Son état l'empêche de comparaître en ce moment. Selon les renseignements fournis, il serait préférable d'annuler l'assignation pour lui permettre de se concentrer sur sa santé physique. En fait, j'ai pris l'initiative, en tant que président, de l'informer de cela vendredi dernier.
Puis‑je obtenir le consentement du Comité pour annuler l'assignation à comparaître, afin qu'elle ne soit plus active, ou qu'il n'ait plus à y penser?
Des députés: D'accord.
Le président: Très bien. C'est réglé. Merci.
De plus, je tiens à assurer aux membres que, conformément à la motion adoptée mardi, ils peuvent s'attendre à ce qu'un rapport du sous-comité soit présenté à chaque réunion publique du comité plénier qui précède une réunion du sous-comité.
Je tiens également à souligner, aux fins du compte rendu, que c'est la première fois que le Comité demande ce type de rapports au cours de la présente législature, et je suis heureux de travailler avec le sous-comité pour faire rapport au comité plénier comme on le demande.
Les membres du Comité remarqueront que j'ai ajouté « travaux du Comité » après la réunion. C'est optionnel. Nous pourrons nous occuper de tout cela, ou de presque tout, mardi, mais j'aimerais qu'on discute d'un élément, qui concerne la divulgation de documents.
[Français]
Je sais que Mme Sinclair‑Desgagné a une question pour nous à ce sujet.
[Traduction]
Voici ce que je vais faire. Une fois que nous aurons terminé l'audition de nos témoins aujourd'hui, si nous passons aux travaux du Comité pour nous occuper de cet élément, je m'engage, si nous souhaitons ensuite lever la séance, à voter en faveur de la lever. Je vous promets que la réunion ne s'éternisera pas. Nous pourrons nous occuper des autres éléments mardi. Vous pourriez vouloir mettre fin à la réunion, et c'est très bien. C'est, bien sûr, votre décision, mais je m'engage... Tout ce que j'ai, c'est ma parole, et ma parole me lie à vous. Je voterai pour lever la séance si les membres veulent le faire sans autre discussion, si nous pouvons nous occuper du document en question.
De plus, si nous constatons que nous nous engageons dans une longue discussion et que les membres veulent y mettre fin, je voterai également en faveur de cela. Si nous pouvons terminer le tout rapidement, nous le ferons, mais si nous ne pouvons pas le faire, nous mettrons fin à la réunion. Je m'engage à ne pas garder tout le monde ici tout l'après-midi; je veux essayer de régler cela rapidement. Par conséquent, je mentionne dès le départ comment je vais voter sur ces deux points: je ne permettrai pas qu'on se penche sur d'autres éléments à moins que le Comité le souhaite, et je ne permettrai pas que le débat se poursuive pendant des heures ou longtemps. Vous pouvez y réfléchir.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre témoin. Nous accueillons, à titre personnel, John Ossowski.
Monsieur, je vous remercie de vous joindre à nous aujourd'hui. Je vous en suis reconnaissant.
Vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions. Je vous cède la parole, monsieur. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par réfuter les allusions répétées au fait que j'ai menti ou que j'ai été manifestement malhonnête. J'ai corrigé mon témoignage en octobre dernier, et je me suis excusé de ne pas me souvenir de tous ceux qui ont participé à une réunion sur Teams il y a trois ans. Monsieur le président, ne pas se souvenir n'est pas mentir.
Qu'est‑ce que le Comité veut de plus de ma part?
Le mardi 14 mai, on a de plus laissé entendre qu'en raison de mon statut d'employé occasionnel à l'Agence des services frontaliers, je jouissais d'un avantage commercial indu. Le seul but de cet arrangement est de me faciliter l'accès à mes courriels et à mon calendrier et d'obtenir le soutien nécessaire pour me préparer à comparaître devant un comité.
Je veux être clair. Je n'ai demandé ou obtenu aucun avantage commercial dans le cadre de cet arrangement, et j'ai toujours respecté toutes les exigences en matière de conflit d'intérêts.
J'aimerais maintenant rappeler au Comité les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous sommes trouvés au printemps 2020. Nous fermions la plus grande frontière non protégée au monde tout en essayant de veiller à ce que les chaînes d'approvisionnement cruciales restent fonctionnelles pour fournir les produits essentiels: la nourriture, les médicaments, l'équipement de protection individuelle, etc. Nous organisions des vols pour rapatrier les Canadiens qui se trouvaient à l'étranger et nous gérions une myriade de problèmes avec les États-Unis.
Ma priorité était de coordonner tout cela avec nos homologues américains et de soutenir le gouvernement pendant cette période historique. ArriveCAN nous a aidés à administrer les mesures à la frontière liées à la pandémie, et je m'en suis remis à mes fonctionnaires pour régler les détails de l'approvisionnement.
En ce qui concerne le rapport de la vérificatrice générale, l'Agence a accepté les conclusions et mis en place des mesures pour s'assurer que ce genre de situation ne se reproduira plus. Comme l'a dit la vérificatrice générale, les règles étaient en place, mais malheureusement, il semble qu'elles n'aient pas toujours été respectées.
J'aimerais maintenant vous rappeler le contexte important qui suit. L'Agence de la santé publique nous a demandé de mettre au point une application pour remplacer un processus papier afin qu'elle puisse obtenir des renseignements essentiels sur la santé et les transmettre aux provinces en temps opportun. Cela n'avait absolument pas été prévu. Il est certain qu'au début, il n'y avait ni budget, ni plan de projet, ni aucun des autres éléments que nous aurions normalement en place pour élaborer un outil de ce genre. Il s'agissait de réagir le plus rapidement possible, et personne n'aurait pu prédire à ce moment‑là les dizaines de versions qui seraient nécessaires pour appuyer les décrets.
L'expertise en applications mobiles est un domaine relativement nouveau pour le gouvernement, et même si l'Agence disposait d'une capacité naissante, elle n'était pas suffisante, d'autant plus que l'application changeait fréquemment et devenait de plus en plus complexe. La vérificatrice générale a déclaré très clairement qu'il était raisonnable, au départ, d'obtenir un soutien externe. Toutefois, l'évaluation de l'optimisation des ressources semble reposer en partie sur le fait que nous aurions dû embaucher des fonctionnaires pour faire ce travail à un coût moindre. Je trouve que cette attente minimise certains faits importants.
Tout d'abord, il s'agit de compétences qui sont en forte demande, et le Comité a appris qu'environ 30 % des postes en technologie de l'information sont vacants au sein du gouvernement, alors je ne suis pas certain que nous aurions pu réussir à recruter des gens.
Deuxièmement, il faut des mois pour embaucher quelqu'un.
Enfin, en ce qui concerne le financement, je rappelle au Comité que l'Agence a absorbé une partie importante des dépenses et qu'il n'y avait pas de financement permanent. Les décisions de « faire ou faire faire » sont prises par les gestionnaires, mais embaucher des fonctionnaires sans financement permanent n'est pas considéré comme une pratique de gestion prudente. Pour être clair, au moment où nous commencions à voir la fin de la pandémie et où les volumes à la frontière augmentaient, ce dont nous avions besoin, c'était d'un plus grand nombre d'agents des services frontaliers, et non de développeurs d'applications.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
C'est un plaisir de passer un peu de temps avec vous, monsieur Ossowski.
Je pense que le plus grand défi, bien entendu, est que pour les Canadiens, qui vivent tant de choses en cette période d'inflation et de crise du coût de la vie, le fait de voir toutes ces ressources disparaître a vraiment une incidence énorme sur eux. Je pense qu'une importante somme d'argent, comme 60 millions de dollars de profits, aurait fait une énorme différence dans de nombreuses circonscriptions partout au pays pour aider les gens à réduire l'insécurité alimentaire, par exemple.
À une réunion précédente avec le président national du Syndicat des douanes et de l'immigration, ce comité a entendu de précieux témoignages selon lesquels les agents de première ligne n'ont jamais été consultés sur l'élaboration de l'application et l'une de ses 70 mises à jour. Cela me préoccupe beaucoup, surtout en tant que personne qui travaille en étroite collaboration avec les agents de première ligne, car ce sont souvent eux qui ont les solutions les plus efficaces, puisque ce sont eux qui font le travail. Je sais que mon collègue a également soulevé cette question auprès de la présidente actuelle, Mme Erin O'Gorman, mais puisque vous étiez le décideur lorsque l'application a été conçue, pouvez-vous nous dire pourquoi les agents frontaliers de première ligne n'ont pas été consultés pour le développement de cette application?
M. Weber, le président du syndicat, nous a également dit qu'il manquait de 2 000 à 3 000 travailleurs à l'ASFC avant le début de la pandémie, ce qui a donné lieu à la nécessité d'une application. Je pense que cela montre que si vous ne travaillez pas sur le terrain lorsque la crise frappe, alors vous avez vraiment un problème. C'est difficile à comprendre, et c'est ce qui a donné lieu à l'application, et les fonds qui ont été alloués pour l'application d'ArriveCAN auraient pu permettre d'embaucher 500 agents à la place.
Je comprends que nous étions en pleine pandémie, mais je me demande s'il y a une réflexion sur ce qui s'est passé avant la pandémie et sur la façon dont le manque de personnel formé et prêt a créé cette crise où nous avons vu une grande partie de l'argent des contribuables aller à quelqu'un qui s'en tire avec un énorme profit alors que l'application n'a même pas fonctionné et que nous aurions pu avoir des agents sur le terrain, fournissant des services de façon sécuritaire, si une planification avait été en place. Je me demande simplement s'il y a une réflexion sur le fait de veiller à écouter le syndicat, et que lorsqu'il manque de personnel pour faire le travail, il faut corriger la situation.
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Vous savez, lorsque vous retournez en arrière et que vous regardez vos courriels, vous voyez la complexité de l'environnement qui régnait à l'époque.
Comme je l'ai mentionné, nous avons dû composer avec la peur au sein de notre propre personnel, chez nos agents de première ligne qui pouvaient être exposés malgré leur formation. Il y avait beaucoup d'éléments inconnus et d'hésitation par rapport à l'avenir. Nous étions constamment en train de réajuster nos ressources. Nous fermions la plus grande frontière non protégée au monde. Il a fallu déployer des efforts considérables pour assurer la coordination avec nos collègues américains afin de veiller à ce qu'il y ait une circulation continue de nourriture, de médicaments et de fournitures dans les deux directions. Il a fallu beaucoup de coopération de la part de toutes les parties concernées. Il fallait mettre la main à la pâte, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, jusqu'au prochain changement, quel qu'il soit.
Le personnel et tous mes collègues des autres ministères ont fait preuve d'une souplesse remarquable et ont fait de leur mieux. Il n'y avait pas de manuel.
En fait, je lisais dans le journal aujourd'hui qu'on craint la grippe aviaire et l'arrivée d'une autre pandémie. J'espère que beaucoup de leçons ont été apprises ici entourant ce que l'avenir pourrait nous réserver et la façon dont nous réagirions à une situation comme celle‑là.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
À l'instar de mon collègue, je trouve moi aussi absolument ahurissant d'entendre l'ancien président de l'ASFC dire qu'il demeure fier du travail accompli par son ministère. Pourtant, c'est en fait l'ASFC qui a servi de signal d'alarme pour tout le fiasco que nous étudions, qu'on appelle maintenant ArnaqueCAN, et pour tous les autres problèmes qui ont commencé à se poser en matière d'approvisionnement et de passation de marchés dans tous les ministères du gouvernement canadien.
Je vais revenir sur certaines des questions que mon collègue, M. Barrett, a posées, simplement pour m'assurer d'avoir bien entendu vos réponses, monsieur Ossowski.
Je vais commencer par réitérer que vous semblez vous offusquer que des personnes vous accusent de mentir lorsque vous avez comparu devant un comité. Pourtant, vous avez menti au Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires au sujet de votre rencontre avec Kristian Firth. Vous n'avez pas répondu « je ne m'en souviens pas » lorsqu'on vous a posé la question. Vous avez donné un non catégorique. C'est dans les témoignages.
Comme nous le savons, lors d'une réunion ultérieure, vous avez ensuite corrigé le tir en disant que vous l'aviez rencontré. Vous affirmez avoir pu apporter la correction parce que l'ASFC vous a payé pour vous fournir un document indiquant que vous aviez effectivement tenu cette rencontre. Je pense que la plupart des Canadiens trouveraient étrange qu'un ancien employé soit réembauché en tant qu'employé occasionnel dans le cadre d'un contrat temporaire afin d'avoir accès à l'information nécessaire pour rectifier les faits ou se défendre, alors que la plupart des gens paient pour avoir accès à l'information du gouvernement du Canada au moyen de demandes d'accès à l'information.
D'après votre réponse de tout à l'heure, devons-nous comprendre qu'il s'agit d'une pratique courante, que des gens sont embauchés pour avoir accès à l'information afin de pouvoir se défendre?
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D'accord. Avez-vous quelque chose à ajouter?
Vous savez quoi? Je comprends et je reconnais votre travail. Je tiens à remercier l'ASFC et les agents qui étaient en première ligne pendant la COVID‑19, qui a été la période la plus difficile que le Canada ait traversée depuis très longtemps. Nos agents de l'ASFC étaient là. Ils nous ont appuyés. Ils essayaient de protéger les Canadiens.
Avec tout cela... Pour recadrer la discussion, je tiens à préciser que nous parlons de l'application ArriveCAN, qui, selon nous, a coûté trop cher. Nous ne disons pas que l'application n'était pas efficace, qu'elle n'a pas fonctionné ou qu'elle n'a pas été utile pour les Canadiens. Ce qui nous préoccupe, c'est qu'elle a coûté trop cher, et c'est la façon dont le processus d'approvisionnement s'est déroulé.
Je veux simplement faire la distinction entre le travail de nos agents de l'ASFC et ce qui s'est passé ici avec l'application ArriveCAN.
Monsieur Ossowski, je vais vous laisser le mot de la fin, si vous avez quelque chose à ajouter.
Nous avons beaucoup entendu parler de la double rémunération, c'est‑à‑dire des gens qui fournissent des services au gouvernement du Canada tout en travaillant pour le gouvernement du Canada.
Nous savons que PricewaterhouseCoopers fait affaire avec le gouvernement pour des centaines de millions de dollars. Le fait qu'il s'agisse là d'une autre preuve de l'indifférence à l'égard des deniers publics dans le scandale actuel de la double rémunération n'est pas surprenant, bien sûr, mais tout de même troublant pour les Canadiens.
Vous avez dit que vous étiez fier d'ArriveCAN. J'ai parlé à des agents des services frontaliers de première ligne. Je leur parle régulièrement. Je leur ai parlé pendant la période difficile dont vous parlez, de 2020 à 2022, et depuis.
Vous avez dépensé 60 millions de dollars, et ce n'était pas nécessaire. Ce n'était absolument pas nécessaire. Vous savez, vous avez dit que vous auriez dépensé plus d'argent pour embaucher des agents des services frontaliers si vous en aviez eu les moyens. Cependant, vous aviez l'argent. Les agents des services frontaliers m'ont dit très clairement que s'ils avaient eu des ressources à leur disposition, ils auraient pu en faire plus que ce qu'on a fait avec l'application. Ils auraient également été en mesure de faire le travail pour lequel ils ont été embauchés: assurer la sécurité des voyageurs et le caractère approprié des échanges commerciaux au pays.
On a plutôt choisi de payer des escrocs. On a installé des piscines et des terrasses sur les maisons d'entrepreneurs qui n'ont ajouté aucune valeur à cette application, qui ont facturé 30 % de commissions et de primes versées aux cadres, alors que les agents des services frontaliers n'étaient pas en mesure d'exécuter leurs fonctions essentielles.
Pour être clair, vous êtes fier du coût de 60 millions de dollars de l'application.
:
Vous refusez donc de répondre à la question. D'accord.
Vous êtes ici en tant que citoyen. Vous refusez de répondre à la question, ce qui est quand même assez fou, puisque vous étiez président de l'Agence lorsque des fonctionnaires ont fait ça. Vous avez maintenant l'occasion de dire que, si vous l'aviez su, vous auriez pris des mesures importantes, dont le renvoi de ces employés. Il est vraiment dommage que vous refusiez de répondre à cette question.
Vous êtes ici en tant que citoyen. Mardi, nous apprenions que certains des employés ayant participé à ces événements étaient toujours à l'emploi de l'Agence des services frontaliers du Canada. Non seulement ils sont encore en fonction, mais ils n'ont subi aucune conséquence et ils ont même été promus. Considérez-vous que c'est normal, oui ou non? J'aimerais avoir une réponse précise, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président. C'est un plaisir d'être des vôtres alors qu'il est si tôt le matin ici en Colombie-Britannique.
Je siège au comité du commerce international, et nous avons étudié la situation d'ArriveCAN du point de vue de ses répercussions sur les mouvements et le commerce transfrontaliers. Nous voici aujourd'hui à parler davantage des méfaits financiers, si je puis dire.
Tous ces agissements irresponsables, en plus des faits mis au jour par la vérificatrice générale, me portent à croire qu'il y a eu inconduite ou, à tout le moins, que les pratiques en usage au plus haut niveau de la gestion de l'ASFC étaient déficientes. L'Agence de la santé publique du Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada n'ont conclu aucune entente officielle entre avril 2020 et juillet 2021 pour définir clairement les rôles et les responsabilités de chacun. Il n'y avait pas de responsable désigné, et on a fait fi des saines pratiques de gestion de projet — comme l'établissement d'objectifs, de budgets, d'estimations des coûts et de mécanismes de gestion des risques. Il y avait aussi un manque au chapitre de la tenue des registres financiers. C'est ainsi qu'il est devenu impossible de pouvoir compter sur un système de contre-vérification.
J'ai une seule question, tout ce qu'il y a de plus simple. Ne diriez-vous pas, en fin de compte, que c'est l'héritage que vous laissez et que l'ASFC a été responsable de cette situation pendant que vous étiez aux commandes?
:
Reprenons, s'il vous plaît. Nous reprenons nos travaux.
Je me suis engagé à être très bref et même, sous réserve de l'accord de tous, à aller de l'avant avec cette motion. C'est Mme Sinclair-Desgagné qui a porté la question à mon attention. Je vais la mettre en contexte, puis je lui céderai la parole.
Cela concerne l'information que nous a fournie le Secrétariat du Conseil du Trésor le 15 avril. Nous avons reçu des demandes des médias pour que ces documents soient rendus publics. Les documents en question ont été distribués aux membres, et comme ils ne sont pas de nature confidentielle, nous pouvons choisir de les publier sur notre site Web ou envisager d'adopter une motion de régie interne sur la façon de traiter ce type de demande, compte tenu du nombre de documents que nous avons reçus. Nous n'aurons peut-être pas une si longue discussion là‑dessus, à moins que les membres ne le souhaitent.
Madame Sinclair-Desgagné, voulez-vous en parler, puisque je sais que vous en avez parlé à la greffière et à moi?
À la lumière de l'article paru dans le Globe and Mail lundi matin, il semble assez évident pour ceux qui suivent le dossier ArriveCAN que ce journal a reçu copie des documents qui ont été envoyés au Comité le 15 avril. Pour être très claire, je précise que ces documents contenaient des réponses écrites à des questions posées par des députés à des témoins lors de réunions publiques. Ces réponses ont été transmises à un journaliste et, par le fait même, les données qui se trouvent dans ces documents sont devenues publiques, d'ailleurs sans le consentement du Comité, ce que je trouve dommage. J'aimerais réparer cette erreur au nom du Comité en rendant ces documents publics pour plusieurs raisons. Je parle juste des documents du 15 avril.
Premièrement, cet article a été publié en anglais et je crois que les journalistes des médias francophones devraient aussi avoir accès aux documents du Conseil du Trésor qui ont été traduits pour le Comité. Ce serait normal.
Deuxièmement, c'est une question d'équité envers le monde des médias, un monde important qui est le quatrième pouvoir dans une démocratie saine. Alors, lorsque des documents sont dévoilés à un journal, c'est la moindre des choses qu'ils soient rendus publics, pour qu'il y ait un peu de transparence dans cette démocratie.
J'aimerais donc avoir l'avis du Comité sur cette question. Il est important de réparer cette erreur. Je suggère que ces documents soient simplement mis sur le site Web du Comité. Encore une fois, je parle précisément des documents du 15 avril qui nous ont été envoyés et auxquels les membres du Comité ont accès. Il s'agit du document du Conseil du Trésor sur les conflits d'intérêts, ainsi que des sommes octroyées depuis au moins 15 ans, ce qui inclut donc des années des deux gouvernements qui se sont succédé, à Dalian, Coradix et GC Strategies. J'aimerais que ces deux documents soient rendus publics, maintenant que la majorité de l'information a été divulguée à un seul journaliste.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie Mme Sinclair-Desgagné d'avoir soulevé ce point très important.
Pour ma part, j'aimerais vraiment savoir qui, au sein de notre comité, est responsable de la fuite de ces documents, et qui, au sein de n'importe quel comité, est responsable de la fuite de documents qui sont censés être confidentiels. Nous sommes censés maintenir le respect et le décorum dans nos comités. J'espère que nous pourrons trouver les réponses à ces questions. Si Mme Sinclair-Desgagné a des réponses à ces questions, j'aimerais beaucoup qu'elle nous les donne.
Cependant, je pense qu'il y a un point très important à rappeler: il faut toujours maintenir le décorum à nos comités, monsieur le président. Je sais que je vous en ai parlé de bien des façons, à divers moments, pour m'assurer que chacun d'entre nous respecte le fonctionnement de nos comités, parce que si nous ne fonctionnons pas efficacement et ne respectons pas les valeurs démocratiques qui régissent nos comités, alors nous ne rendrons pas un grand service à notre pays, pour être honnête.
J'aimerais comprendre exactement ce qui s'est passé avant d'examiner en profondeur la motion de Mme Sinclair-Desgagné.
[Traduction]
Je ne vois pas d'autres mains levées. J'ai les noms de Mme Khalid, puis de M. Drouin.
Notre greffière habituelle n'est pas ici aujourd'hui pour faire le point sur ce qui s'est passé, du moins en coulisses. Je ne suis pas en mesure de le faire non plus.
Je m'en remets donc au Comité pour déterminer la suite des choses. Voulons-nous examiner la motion de Mme Sinclair-Desgagné visant à divulguer ces documents?
[Français]
Faut-il aussi s'assurer que ces documents sont disponibles en anglais et en français? Ce sont deux éléments qui ont été soulevés aujourd'hui.
[Traduction]
Nous pourrons aussi, bien sûr, rediscuter du protocole plus tard, parce que cela a mis la présidence dans une position bien délicate que ces documents soient transmis à certaines personnes, mais pas à tous.
Madame Khalid, allez‑y.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis très favorable à la motion principale, mais je pense qu'on néglige malheureusement un aspect important de la question, soit la raison pour laquelle nous nous trouvons dans cette situation en ce moment. Je pense qu'il faudrait modifier la motion afin de déterminer qui a divulgué ces documents et de donner au président le pouvoir discrétionnaire de prendre des mesures en conséquence.
Je pense que c'est très grave. Nous devons respecter des règles très strictes concernant ce qui se passe à huis clos, les documents de nature délicate qui nous sont présentés et la façon dont nous les étudions. J'ai déjà siégé au Sous-comité des droits internationaux de la personne, où la divulgation de documents ou de noms de témoins avait souvent de graves répercussions sur la sécurité des témoins qui comparaissaient devant notre comité. Je pense qu'il est très, très important de protéger le caractère sacré de ce qui est présenté à notre comité. En tant que membres du Comité des comptes publics, je pense qu'il nous incombe vraiment d'enquêter sur cette affaire et de comprendre pourquoi cela s'est produit, qui est à l'origine de la fuite et quelles en seront les conséquences.
Je crois sincèrement, monsieur le président, qu'il devrait y avoir des conséquences à cela.
:
Je suis tout à fait disposé à en entendre davantage à ce sujet. J'ai consulté la greffière. Je ne veux pas parler en son nom, alors j'inciterais le Comité à reporter l'étude de cette question et à en discuter lorsque la greffière sera ici pour parler des travaux menés à huis clos, de l'information confidentielle et de l'information qui ne l'est pas.
De mon point de vue, d'après les discussions que j'ai eues avec la greffière et la pratique courante, une réponse donnée à une question publique ne peut certainement pas être considérée protégée par le huis clos. Cela dit, il ne fait aucun doute que les renseignements fournis aux membres font partie de la documentation du Comité, sans toutefois avoir le même poids qu'un rapport rendu public.
Nous pouvons toujours en discuter, mais je pense que nous devrions entendre la greffière avant de nous aventurer trop loin sur ce terrain.
La parole va à Mme Sinclair-Desgagné.
Madame Khalid, avez-vous levé la main de nouveau ou était‑ce pour une intervention précédente?
[Français]
La parole est maintenant à Mme Sinclair‑Desgagné.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous appuyons la motion principale. En ce qui concerne la question secondaire soulevée par Mme Khalid, à la lumière de vos observations, en théorie, il n'y aurait pas de problème. Je m'en remets à la suggestion du président, de sorte que j'en ferais une question distincte dont nous pourrons discuter quand la greffière sera de retour.
De manière générale, cependant, en ce qui concerne l'idée que le président fasse rapport au Comité après une enquête sur les circonstances en l'espèce, c'est très bien, mais nous pourrions peut-être trancher sur la motion principale et ensuite, s'il y a consensus, instruire le président et la greffière de se préparer à faire rapport au Comité à ce sujet à la prochaine séance. Ce serait parfait. Cela permettrait d'atteindre les deux objectifs. Cela répondrait tout à fait à la demande contenue dans la motion de Mme Sinclair-Desgagné, tout en nous permettant de bien respecter la procédure.
Nous entendrions la greffière, par l'entremise de la présidence, à la prochaine réunion. Si d'autres mesures sont nécessaires, de façon générale, nous les appuierons, mais occupons-nous de la motion principale d'abord. Nous sommes en faveur de la motion.
L'essence de la demande de Mme Khalid est bonne, mais si nous pouvions entendre la greffière et ensuite voter sur cette question séparément, cela nous semblerait préférable.
:
Merci, monsieur le président.
Cette heure, que vous aviez prévue à l'ordre du jour, devait être consacrée à un témoin qui... Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je l'entendais très clairement, depuis Mississauga—Erin Mills. Je me demande vraiment comment ces problèmes techniques ont pu se produire.
Cela dit, je crois que l'amendement que j'ai proposé constitue une partie importante de la motion que Mme Sinclair-Desgagné a présentée.
Je suivrai votre conseil, monsieur le président. Je pense que nous devrions peut-être attendre que notre greffière soit de retour au Comité. Ainsi, pour suivre votre conseil, monsieur le président, je propose que la séance soit levée.