[Français]
J'ouvre maintenant la séance.
Je vous souhaite la bienvenue à la 159e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément au Règlement. Des membres sont présents dans la salle et d'autres sont à distance grâce à l'application Zoom.
Avant de commencer, j'invite tous les participants en personne à lire les lignes directrices sur les affichettes. Ces mesures, qui ont été mises à jour, sont destinées à prévenir les incidents audio et les effets Larsen, et à protéger la santé et la sécurité de tous les participants, surtout celles de nos interprètes. Je rappelle à tous les participants en personne ou en ligne que, pour la sécurité de nos interprètes, il est très important de laisser son microphone en sourdine quand on ne parle pas.
[Français]
Je vous remercie de votre coopération.
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité entreprend l'examen des Comptes publics du Canada 2024 qui a été renvoyé au Comité le mardi 17 décembre 2024.
[Traduction]
Je vais d'abord présenter nos témoins, puis je dirai quelques mots par anticipation à d'éventuels commentaires.
Je vous remercie tous d'avoir accepté de comparaître à si court préavis, ce que j'apprécie, comme tous les députés.
Du Bureau du vérificateur général, nous accueillons Karen Hogan, vérificatrice générale du Canada. Merci à vous, madame, et à votre équipe. Nous accueillons avec vous Andrew Hayes, sous‑vérificateur général, Sana Garda, directrice principale, et Etienne Matte, directeur principal.
Du ministère des Finances, nous accueillons Chris Forbes, sous‑ministre. Je suis heureux de vous revoir.
Enfin, du Secrétariat du Conseil du Trésor, nous avons parmi nous Annie Boudreau, contrôleure générale du Canada. Bonjour, madame. Je suis heureux de vous voir avec votre équipe ce matin, qui est composée de Blair Kennedy, directeur exécutif, Politique comptable et rapports du gouvernement, et de John Daley, directeur principal, Comptes publics et services consultatifs.
J'ai maintenant quelques observations à faire à l'intention des députés avant d'entendre leurs rappels au Règlement ou récriminations concernant les comptes publics de 2024.
Ces documents ont été déposés hier, tout dernier jour de séance du Parlement. Depuis que je préside ce comité, rapport après rapport, nous réclamons que ces documents soient déposés avant la fin septembre. Ils le sont habituellement en octobre ou au début novembre, et notre supplique a toujours reçu l'appui de tous les partis.
Chers collègues, je vous laisserai le soin de demander à nos témoins pourquoi les documents nous sont parvenus aussi tard cette année, mais si vous protestez contre le fait que nous siégeons après le dernier jour officiel de séance, je vous exhorte à adresser vos questions aux ministres qui ne se sont pas organisés pour présenter ces documents au Parlement en temps opportun afin que les députés et le public bénéficient du type de reddition de comptes et de transparence qu'ils méritent.
Sur ce, je vais céder la parole à chacun de nos témoins qui pourra décider de s'en prévaloir s'il le souhaite.
Madame Hogan, vous avez la parole pour...
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Merci, monsieur le président.
Je pourrais utiliser mon temps de parole pour interroger nos témoins, et vous pourriez nous revenir plus tard. Ce n'est pas ce que je ferai.
Je me dois de dire que le gouvernement m'a profondément déçu. Je vois très bien ce que les libéraux cherchent à faire, c'est‑à‑dire, comme ils nous l'ont montré par le passé, à recourir à des motions guillotines pour nous empêcher d'étudier les scandales auxquels le gouvernement a été mêlé.
La question dont nous sommes saisis aujourd'hui — soit le caractère tardif de cette réunion sur les comptes publics — ne vise que le gouvernement. D'après ce que j'ai constaté, les comptes publics n'ont jamais été déposés aussi tardivement. Je conseille à quiconque de m'envoyer un courriel ou un texto si je me trompe. J'ai demandé à la Bibliothèque du Parlement de se pencher sur cette question, et il est ressorti que, si nous avons déjà assisté à des dépôts au mois de décembre, jamais cela ne s'est produit aussi tardivement. De plus, on parle du dernier jour de séance de la Chambre des communes. La loi exige que le dépôt se fasse avant le 31 décembre, mais la Chambre ne siège pas à cette date. Si les comptes publics n'avaient pas été déposés hier à la Chambre, ils auraient dû l'être à la fin janvier, soit 261 jours après la fin de l'exercice.
Pour les trois ou quatre personnes qui nous regardent à la maison...
M. Francis Drouin: Au moins, il est honnête.
M. Kelly McCauley: Salut, maman. Je suis sûr que les deux autres sont ma femme et l'un de mes deux fils, parce que l'autre a mieux à faire.
L'exercice financier du gouvernement fédéral se termine le 31 mars, et nous sommes maintenant en décembre. La Bourse de Toronto, le TSX, exige que les comptes de toute société cotée soient rendus publics dans un délai de 30 jours, je crois. Si le gouvernement du Canada était inscrit au TSX, il serait radié parce que ses comptes ne seraient pas accessibles.
Pourquoi est‑ce important? Pour plusieurs raisons: d'abord pour la reddition de comptes, mais les parlementaires sont appelés à voter sur les dépenses. On nous a demandé de voter au sujet du dernier budget supplémentaire des dépenses de 26 milliards de dollars avant même de savoir s'il y avait de l'argent en banque. Imaginez-vous quelle réponse vous recevriez si vous demandiez un prêt hypothécaire de 20 millions de dollars à votre banque pour acheter une maison en disant: « Vous devez me dire oui ou non avant que je vous indique si j'ai un emploi, de l'argent de côté, des finances saines et la capacité de payer »? C'est précisément ce que le gouvernement a fait en retardant l'étude des comptes publics. Le budget supplémentaire des dépenses a été déposé il y a deux semaines, et nous avons dû voter sur 26 milliards de dollars avant d'apprendre que le gouvernement avait dépassé de 55 % le plafond qu'il s'était établi.
La vice-première ministre et ministre des Finances congédiée, , avait déclaré que le déficit ne dépasserait pas 40 milliards de dollars, que nous n'irions pas au‑delà. Sa promesse s'est avérée aussi crédible la fameuse ligne rouge de Barack Obama tracée dans le sable au sujet des armes chimiques en Syrie: « Elle a été franchie? Eh bien, en voilà une nouvelle, mais cette fois‑ci au sujet du massacre des Kurdes. » Celle‑ci aussi a été franchie. Nous avons voté après avoir reçu à maintes reprises la garantie que nous ne dépasserions pas 40 milliards de dollars de déficit. Or, combien ce déficit a‑t‑il atteint, comme nous l'avons appris hier, quelques semaines après avoir approuvé les dépenses supplémentaires, nous en sommes à 61 milliards de dollars? Nous aurions dû avoir cette information il y a longtemps, et maintenant on nous demande de passer une journée de plus à la Chambre des communes pour examiner la situation, soit des dépenses de 61 milliards de dollars, dont 21 milliards en dépassements antérieurs. Et voilà les libéraux qui disent que cela ne les arrange pas, qu'il ne faudrait pas faire cette étude.
Je suis heureux de siéger aujourd'hui, mais je préférerais être chez moi. J'avais des réunions prévues dans une autre ville, mais j'ai dû, encore une fois, annuler ma présence à des activités importantes. On parle de 21 milliards de dollars tandis que le dollar canadien bat de l'aile. Il a perdu 4 cents contre le dollar américain. Si quelqu'un autour de la table — ou les trois personnes, peut-être quatre maintenant, qui nous regardent à la maison — va aux États-Unis pendant la période des Fêtes, il sentira le recul de 4 cents de notre dollar ces derniers mois.
Nous sommes en pleine crise financière. Nous allons avoir un nouveau ministre des Finances, mais peut-être pas. Il s'agira peut-être de , mais peut-être pas. Qui sera notre prochain interlocuteur? ? Il faut que les choses aillent vraiment mal au gouvernement pour que celui‑ci congédie sa ministre des Finances avant de savoir à qui confier le poste.
Apparemment, Mark Carney était en lice. Par deux fois, il a été invité à marcher jusqu'à l'autel, mais il ne s'est jamais présenté. Combien de fois encore le gouvernement va‑t‑il planifier une union avec Mark Carney pour constater qu'il ne se présente pas, pour que les invités attendent en se demandant ce qui se passe à l'église?
Les libéraux ne sont même pas parvenus à mettre à jour la planification de la succession de la ministre des Finances. Peut-être n'ont-ils pas pu annoncer publiquement sur leur site Web que le flambeau allait passer à Mark Carney, parce qu'ils devaient le cacher à à l'époque, mais pourquoi le nom de , cet ancien ministre d'EDSC tombé en discrédit, y figurait‑il?
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Je suis choqué que M. Drouin prive nos témoins de mon offre de Noël de...
M. Francis Drouin: Ce sont des conseils gratuits.
M. Kelly McCauley: Oh, j'ai beaucoup de conseils gratuits à donner et beaucoup de questions à poser.
Pour en revenir à cette question pour la troisième fois, le gouvernement a inscrit sur son site Web que la ministre des Finances et le ministre de l'Industrie n'étaient pas disponibles, ce dernier étant bien sûr empêtré dans les problèmes de la caisse noire environnementale. Si les Canadiens se demandent ce qui se passe, eh bien voilà, c'est cela qui paralyse le Parlement depuis 10 semaines. Ce comité et le Parlement ont ordonné le dépôt des documents concernant la caisse noire environnementale, surtout en ce qui concerne le et son prédécesseur. Le gouvernement bloque le processus. Le ministre mêlé à la caisse noire était le prochain en lice pour présenter l'énoncé économique de l'automne. Bien sûr, il a refusé. Je ne le blâme pas, mais je trouve cela étrange.
Qui était le suivant après lui? J'y vois un problème de compétence. Quelqu'un aurait dû se demander qui était le prochain sur la liste après le ministre Champagne. Il y a beaucoup de gens aux Finances et au gouvernement. Il y a beaucoup d'employés politiques rémunérés et d'employés exonérés. Quelqu'un, quelque part, aurait dû dire: « N'est‑ce pas le même Randy Boissonnault qui vient d'être expulsé du Cabinet pour avoir frauduleusement revendiqué une identité autochtone? »
Quelqu'un aurait sûrement pu signaler qu'il venait d'être expulsé du Cabinet, notamment pour avoir poursuivi ses activités avec M. Anderson. Quelqu'un aurait sûrement dû savoir que dans cette situation de crise, il aurait peut-être mieux valu songer à inscrire quelqu'un d'autre sur la liste.
Nous avons même autour de cette table des députés qui auraient parfaitement pu lire l'énoncé économique de l'automne. Je le dis sincèrement. Sûrement que quelqu'un...
M. Nathaniel Erskine-Smith: Pas tous, cependant.
Des voix: Oh, oh!
M. Kelly McCauley: Non, mais je pense que vous auriez pu le faire, monsieur.
L'autre Randy demeure député d'Edmonton-Centre et profite de ses derniers mois avant les élections, avant qu'on lui montre la porte. Il a dû se dire que s'il était le prochain sur la liste, c'est qu'il serait de retour au Cabinet. Eh bien, non, cher Randy, vous n''êtes pas sur la liste. Au lieu de cela...
M. Francis Drouin: Ne vendez pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
M. Kelly McCauley: Je suis d'accord avec M. Drouin pour dire qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant les élections, mais je peux affirmer sans crainte de me tromper qu'Edmonton-Centre ne renverra pas à la Chambre des communes.
Si vous nous regardez, monsieur Boissonnault, je suis désolé de vous le dire, mais vous devez faire la part entre suppositions, espoirs et réalité. C'est ainsi, j'en ai bien peur.
En fin de compte, c'est la qui a fini par présenter l'énoncé économique de l'automne, juste avant de jouer les filles de l'air. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter de l'énoncé économique de l'automne.
Pour en revenir aux comptes publics, j'accepte certaines des observations de Mme Boudreau, mais nous avons constaté une augmentation massive du nombre de fonctionnaires. Il doit, sans nul doute, exister un plan de transition pour le bureau du contrôleur général. M. Huppé est parti, mais il y a beaucoup de gens au ministère qui sont très compétents et qui auraient certainement pu faire ce travail à temps.
Je n'adhère pas vraiment à certaines des explications fournies, parce qu'il y a deux ou trois ans, ce même gouvernement et ce même ministère ont rouvert les comptes publics après qu'ils eurent été approuvés, pour réinjecter de l'argent afin, peut-être, de mieux justifier... Il y a deux ou trois ans, je crois, nous avions déposé des demandes d'accès à l'information. Nous attendons toujours. Certaines de mes demandes d'accès à l'information seront admissibles à une pension avant que le chef du NPD, , ne touche la sienne. C'est peut-être à ce moment‑là que le gouvernement les rendra publiques.
Nous avons affaire à une équipe gouvernementale qui, pour la première fois depuis la Confédération, a rouvert les comptes publics, réapprovisionné les caisses a posteriori, puis fermé les livres. Les comptes publics n'ont jamais été déposés aussi tardivement que cette année, et nous avons entendu certaines des raisons, comme les 16 milliards de dollars supplémentaires prévus en passif éventuel. Je reconnais la parfaite légitimité de ces 16 milliards de dollars, mais je me demande pourquoi, tandis que le budget a été déposé au début du nouvel exercice financier, cette somme n'y figurait pas. Que s'est‑il passé pendant la courte période qui s'est écoulée depuis pour que, tout d'un coup, on voie surgir ces 16 milliards de dollars?
C'est une question que je me posais, parce que le document parle précisément des « des obligations possibles qui ont été considérées comme susceptibles de donner lieu à un paiement futur ». Quand un passif éventuel — que ce soit en lien avec des recours juridiques ou d'autres obligations — arrive à maturité, un paiement est effectué et c'est à ce moment‑là que la somme est inscrite aux livres.
Que s'est‑il passé entre le dépôt du budget et tout récemment, quand les comptes publics ont été retardés? J'aimerais poser la question aux témoins ici présents, mais, bien sûr, les libéraux nous empêchent de le faire.
Mme Iqra Khalid: Demandez le vote.
M. Kelly McCauley: J'aimerais beaucoup leur poser des questions à ce sujet. Je le ferais bien tout de suite, mais je ne pense pas qu'on leur donne la possibilité de répondre. Ils pourraient donner leurs noms pour figurer dans l'ordre des interventions.
C'est très préoccupant. Les comptes publics sont en retard, apparemment à cause de l'excédent du régime de retraite de la fonction publique.
Je suis très préoccupé par cette situation, et pour plusieurs raisons. D'abord, je crois que le Conseil du Trésor et le gouvernement appliquent un taux d'actualisation qui est erroné. Nous avons vu des documents internes du gouvernement au sujet des pensions qui font état d'un taux d'actualisation que d'aucuns qualifient de trop élevé pour la partie financée par l'État. Or, le gouvernement nous dit qu'il doit maintenir un taux d'actualisation élevé parce qu'il prend plus de risques. Il s'attend à un rendement plus élevé parce qu'il prend des risques plus élevés, si ce n'est que la totalité du risque associé aux pertes éventuelles est en fait assumée par les contribuables. Au lieu d'utiliser un taux de rendement réaliste, comme cela a été fait pour la portion non capitalisée des pensions — je crois que c'était avant 2005 —, le gouvernement nous donne un chiffre artificiellement élevé qui camouffle sans doute une grande partie de sa responsabilité à l'égard des pensions de la fonction publique.
L'Institut C.D. Howe a estimé qu'il ne s'agit pas d'un excédent, mais d'un déficit de 80 milliards de dollars si l'on considère un taux de rendement réaliste pour les obligations, comme le font les autres fonds de retraite. Si vous regardez les comptes publics... Je ne les ai pas; je ne crois pas qu'ils ont été imprimés. Apparemment, il faut deux semaines à Services publics et Approvisionnement Canada pour imprimer trois livres de cette taille. , elle, a réussi à publier son nouveau livre de deux chapitres en une journée, disons en deux jours, mais il faut deux semaines au gouvernement pour imprimer un document comme celui‑ci. Nous ne l'avons donc pas sous les yeux, car il n'est qu'en format PDF. J'aimerais pouvoir vérifier, mais je ne le peux pas. Je vais vous expliquer à quoi correspond le taux d'actualisation.
Pour en revenir à ce que je disais, ce qui me préoccupe, ce sont les pensions. Mme Boudreau a expliqué une partie du retard. Je crois que, si l'excédent du fonds de pension était comptabilisé au cours du présent exercice, entamé le 1er avril dernier, cette somme apparaîtrait cette année dans les livres et pas l'année précédente. M. Cannings a soulevé la question, et mon collègue du Bloc l'a fait aussi. Nous aimerions bien poser des questions, mais, bien sûr, le gouvernement nous empêche d'examiner cet aspect.
Le gouvernement nous empêche de nous pencher sur tout le scandale entourant le congédiement de la ministre des Finances, un vendredi, mais à qui l'on a demandé de présenter malgré tout l'énoncé économique de l'automne avant de prendre le blâme d'un dépassement du déficit de 20 milliards de dollars et d'assumer ensuite un nouveau rôle au sein du Cabinet, sans personnel ni pouvoir, pour laisser sa place à Mark Carney. Je remercie le d'avoir accepté d'assumer ce rôle. Peut-être qu'il lui sera plus facile d'organiser un second tour de passe-passe ou d'obtenir d'autres faveurs pour la famille, comme il l'a fait par le passé. On est en droit de se le demander.
Vendredi dernier, le gouvernement savait que la allait quitter son poste. Nous sommes en pleine crise économique. Nous en sommes au sixième trimestre d'affilée où le PIB par habitant a chuté, ce qui signifie que la richesse par personne au Canada diminue. Le PIB est revenu à son niveau de 2018, tandis que celui des États-Unis a augmenté de 25 %, je crois. Avant cela, le PIB par habitant de notre voisin était presque égal au nôtre. Nous en sommes maintenant à environ 55 000 dollars américains par habitant chez nous, tandis qu'aux États-Unis, le PIB a grimpé à 81 000 dollars américains. L'Irlande, que les gens ont fui pour des raisons économiques, comme l'ont fait mes arrière-grands-parents, a maintenant un PIB par habitant qui dépasse les 100 000 dollars américains, tandis que nous n'en sommes qu'à 55 000 dollars, mais je m'écarte du sujet.
Notre économie s'effondre sous l'effet d'une crise conjoncturelle. Le taux de chômage atteint 6,8 ou 6,9 %. Qui sait s'il ne va pas arriver à 7 %. Il est de 10 % à Toronto et de 8 % à Edmonton. Je rappelle que ces chiffres ont été confirmés sur six trimestres consécutifs.
L'ancien gouverneur de la Banque du Canada, M. Poloz, a déclaré que nous étions en récession et il ne s'agit pas d'une récession technique après deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Il est d'avis que nous sommes en pleine récession et que les chiffres le montrent. La seule chose qui cache cette situation, c'est la croissance incontrôlée de l'immigration. Même le gouvernement a déclaré que les événements lui avaient échappé et qu'il devait réduire les niveaux d'accueil. Le gouvernement permet que des immigrants inondent le pays, tandis que nous manquons de logements, d'hôpitaux ou de médecins pour ces nouveaux arrivants, au motif que cela soutient notre économie et notre PIB. Voilà son excuse qui lui permet d'affirmer que nous avons la meilleure économie du G7.
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Pendant que les témoins se retirent, je vais leur crier un peu plus fort: joyeux Noël! Je vous remercie d'avoir essayé de nous faire parvenir les comptes publics avant Noël.
L'article 106(4) du Règlement ne permet pas la tenue de réunions sur les scandales. Tout ce qu'il permet, c'est une réunion pour décider s'il y aura des réunions. Quatre députés de différents partis pourraient donc signer la demande en vertu de l'article 106(4) et nous pourrions revenir à Ottawa pour assister à une réunion afin de discuter de certains scandales, comme celui de la caisse noire environnementale et du congédiement de la ministre des Finances juste avant l'énoncé économique de l'automne qui a révélé un déficit de 60 milliards de dollars. Ce déficit a provoqué la chute de notre devise, causé toute une incertitude et, comme l'a dit la presse, fait tout un cadeau à Trump dans sa lutte contre le Canada à coups de tarifs douaniers, parce que notre position financière montre que nous sommes un pays faible et chaotique. Cependant, les députés ministériels et leurs partenaires de la coalition libérale‑NPD pourraient tout simplement et sans plus tarder proposer l'ajournement de la réunion. Il s'agit donc d'une fausse tentative de relâchement de la mainmise du gouvernement. On nous dit: « Vous pourrez tout à fait organiser une réunion en vertu de l'article 106(4) n'importe quand en janvier ou février ou pendant une semaine de relâche », mais ce n'est pas tout à fait vrai.
Il y a des années de cela, en d'autres temps, nous avons déjà tenu des réunions en vertu de l'article 106(4), et nous pourrions recommencer, mais le gouvernement et ses partenaires de la coalition pourraient alors nous dire qu'ils ne veulent pas travailler pendant une semaine de relâche. En fait, ils ne veulent pas que le Comité se penche sur leurs scandales. Ils ne veulent pas qu'on fasse la lumière sur la gestion pitoyable du gouvernement.
Je rejette l'argument selon lequel nous pourrions tenir une réunion en vertu de l'article 106(4) n'importe quand. C'est faux. En réalité, le gouvernement pourrait tout simplement proposer d'ajourner ou de bloquer toute réunion, sans plus, comme nous l'avons vu dans le passé à propose d'ArriveCAN.
Il est malheureux que la vérificatrice générale soit partie, parce qu'elle était d'avis que... Cela ne figure pas dans les comptes publics eux-mêmes. Vous devez chercher son commentaire en ligne. Soit dit en passant, les comptes publics — dont je suis très déçu — sont passés d'une opinion vérifiée à un document de propagande pour le gouvernement.
Une simple lecture cursive de ce document — et je vais appeler un chat un chat — permet de se rendre compte que c'est un mensonge. Le gouvernement dit que la taxe sur le carbone n'aura aucune incidence sur les recettes, mais ce n'est pas le cas. Cette affirmation est un mensonge. Nous avons ici un document du gouvernement avalisé par la contrôleure générale, avalisé par le receveur général, avalisé et déposé par le Conseil du Trésor et avalisé par la vérificatrice générale, en plus de notes d'accompagnement, ne comportant pas de chiffres, mais un énoncé de position du gouvernement. Dans ce cas précis, c'est un mensonge parce que la taxe sur le carbone n'est pas fiscalement neutre, puisqu'elle est soumise à la TPS. À elle seule, la province de l'Alberta paiera, je crois, 100 millions de dollars en TPS rien que sur la taxe sur le carbone.
S'il s'agissait d'un régime fiscalement neutre, chaque sou perçu auprès des contribuables retournerait aux contribuables. Or, ce n'est pas le cas. Une partie est détournée vers les opérations gouvernementales. Je crois qu'il y a quelques années, 100 millions de dollars ont été réaffectés aux opérations gouvernementales. Une partie est détournée au profit des petites et moyennes entreprises. Par conséquent, et encore une fois, on ne peut parler de neutralité fiscale. On s'en sert un peu comme d'une caisse noire.
Je l'ai quelque part dans mes documents, et j'espère pouvoir m'y référer. À propos du concept de « neutralité fiscale », l'OCDE dit qu'il s'agit de l'argent des impôts qui ne peut pas être utilisé pour établir une discrimination entre des habitudes de dépenses ou pour promouvoir certaines habitudes plutôt que d'autres, ce qui est exactement l'objet de la taxe sur le carbone. Je ne conteste pas l'intention de la taxe sur le carbone, qui est de faire grimper les prix d'un côté et peut-être d'imposer des habitudes de consommation de l'autre en vue de réduire l'intensité carbonique — c'est tout l'objectif visé avec la taxe sur le carbone —, mais l'OCDE affirme que de telles mesures n'ont aucune incidence sur les recettes. L'OCDE dit essentiellement qu'une simple taxe sur le carbone n'est pas fiscalement neutre.
N'oublions pas que, dans le cas de la merveilleuse province du Nouveau-Brunswick, d'où vient notre président, ainsi que dans d'autres provinces du Canada atlantique, le gouvernement a créé une exemption pour le pétrole. Dans son cynisme, le gouvernement libéral a ensuite dit à l'Alberta et à la Saskatchewan, qui connaissent des froids de ‑40 °C, qu'il allait leur imposer des taxes supplémentaires sur le chauffage domestique, qu'il allait alourdir leur fardeau fiscal, malgré des températures qui sont parmi les plus froides au pays. En revanche, dans les régions où ses sondages sont très mauvais et où ses députés font pression, où il risque de perdre les prochaines élections, il exempte les résidants de la taxe sur le carbone. Encore une fois, cette approche est contraire au principe de la neutralité fiscale associée à une taxe sur le carbone et contraire à ce qu'est la taxe sur le carbone selon l'OCDE.
Je vais vous relire un extrait au sujet de la taxe sur le carbone: « la tarification de la pollution par le carbone fédérale continuera d'être fiscalement neutre, » et ajouté un prologue qui est: « Pour les années à venir ».
Avant d'être interrompu par une telle sottise, je disais qu'il était prévu que la tarification de la pollution par le carbone fédérale demeure fiscalement neutre. À la Chambre des communes, le gouvernement n'a eu de cesse de répéter que cette tarification n'aurait pas d'incidence sur les recettes. Dans les comptes publics précédents, il avait été annoncé que la taxe était déjà fiscalement neutre, mais maintenant il est question de l'avenir et qu'elle devienne fiscalement neutre dans le temps. Peut-être que le budget s'équilibrera de lui‑même avec le temps. On ne peut pas garantir la certitude d'un chiffre comptable dans « les années à venir ». Soit une mesure est fiscalement neutre, soit elle ne l'est pas. Eh bien, celle‑ci ne l'est pas.
Je veux poursuivre sur d'autres aspects des comptes publics. Je me ferai un plaisir de les paraphraser si je ne peux pas lire textuellement le document des comptes publics.
D'après le gouvernement, « la part des produits de la redevance sur les combustibles reversée aux gouvernements autochtones » — ce qui est juste, mais qui est un énoncé de politique — « passera de 1 % à 2 % » à compter de l'exercice 2025. Je me demande d'où vient cette augmentation de 100 % des recettes? Je ne critique pas la décision politique. En fait, il fallait agir ainsi parce que, dans certaines régions, des communautés autochtones ont peut-être besoin d'une redevance nettement supérieure, soit les communautés rurales et du Nord. Je pense à la Première Nation Nk'Mip, en Colombie-Britannique, qui a des vins phénoménaux et un hôtel fantastique. La Colombie‑Britannique n'est pas visée par le programme — je ne fais que donner un exemple —, mais je pense que la province est beaucoup moins touchée par les coûts du chauffage que McLeod Lake, près de Fort McMurray.
J'aurais aimé que le gouvernement appuie cette affirmation en déclarant qu'il passera de 1 à 2 % au vu des données d'analyse ou des besoins constatés, plutôt que de dire: « Nous avons augmenté ce taux. Voyez comme nous sommes vertueux. » Ils devrait appuyer ses dires. Encore une fois, d'où vient ce 1 % additionnel? Eh bien, il vient du Trésor et c'est peut-être cela qui le rend fiscalement neutre.
Dans les comptes publics, on peut également lire: « Conformément à ce qui a été annoncé dans le budget de 2024, le gouvernement reversera les produits directement aux petites et aux moyennes entreprises des provinces où la redevance fédérale sur les combustibles est en vigueur par l'intermédiaire de la Remise canadienne sur le carbone pour les petites entreprises, un nouveau crédit d'impôt remboursable. » Si vous vous souvenez bien, cela a été annoncé il y a plusieurs années. D'où vient cet argent? S'il est débloqué « dans l'année » ou « pour l'année en cours », comme le laissent entendre les comptes publics, comment cela pourrait‑il être fiscalement neutre? Où est l'argent amassé depuis 2019? On parle de plusieurs milliards de dollars. Ce n'est pas indiqué dans les comptes publics. D'après ce que je peux voir, cela ne figure pas non plus dans l'énoncé économique de l'automne. Les sommes proviennent-elles des recettes générales?
Cela étant, deux problèmes demeurent non réglés. J'aurais aimé que nos témoins soient encore ici pour que nous puissions leur poser des questions à ce sujet. J'aurais aimé pouvoir poser la question à nos témoins précédents d'EDC, qui ont administré le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, mais bien sûr, cela a été bloqué par une motion guillotine libérale. Le gouvernement va remettre plusieurs milliards de dollars aux petites et moyennes entreprises pour compenser la taxe sur le carbone qu'elles ont dû payer, ce qui est merveilleux, mais pourquoi si tardivement? De plus, d'où vient l'argent? Qu'est‑il arrivé à toutes les entreprises qui ont cotisé de 2019 à 2024 et qui ont déclaré faillite depuis ou ont été mises sous séquestre? Vont‑elles recevoir l'argent?
En ce qui concerne le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, le CUEC, recevrons-nous l'assurance qu'aucune partie du remboursement de la taxe sur le carbone ne sera versée aux milliers d'entreprises qui ont fraudé les contribuables? Je crois qu'une entreprise sur 11 — soit 9 % des quelque 100 000 entreprises ayant bénéficié du CUEC — n'était pas admissible. À notre connaissance, cela représente jusqu'ici 3,5 milliards de dollars. C'est probablement beaucoup plus. La vérificatrice générale est du même avis. Quelles garanties aurons-nous que le gouvernement n'enverra pas de chèques de remboursement du carbone à des entreprises qui doivent cet argent aux contribuables? J'aurais aimé pouvoir poser la question, mais nous ne le pouvons évidemment pas.
Quand les paiements aux PME vont-ils débuter? D'où viendra l'argent? Cela concernera‑t‑il uniquement les petites et moyennes entreprises? L'argent a‑t‑il été versé dans un fonds distinct? Nous ne le savons pas.
Le plus étrange au sujet du remboursement de la taxe sur le carbone, c'est que les versements ont été faits avec une année d'avance. Nous en sommes maintenant à un rythme trimestriel et, selon la comptabilité de caisse, les sommes sont inscrites aux livres au moment du paiement. Par exemple, dans le cas d'un chèque reçu le 5 avril, le montant est inscrit cinq jours après le début du nouvel exercice financier, mais la somme était due au cours de l'exercice précédent. Les sommes recueillies seront accumulées durant l'année en cours, mais le paiement sera inscrit l'année suivante.
Je crois que le gouvernement a changé cette pratique il y a quelques années, quand nous avons déclaré à ce même comité qu'il y avait bel et bien un impact sur les recettes et que cet argent était utilisé par le gouvernement pour financer d'autres programmes. Cela a été reconnu dans les comptes publics, mais, ô surprise, que s'est‑il passé l'année suivante? Une compensation a été établie. Nous avons demandé au ministère des Finances et à la vérificatrice générale en fonction de quelles rentrées et de quelles sorties l'abattement a été calculé. Personne ne le savait parce que ces opérations faisaient désormais l'objet d'un calendrier différent. L'argent est perçu au cours d'une année et il est versé l'année suivante, parce que, bien sûr, il est payé au trimestre en fonction des sommes perçues l'année précédente. Le gouvernement voulait‑il cacher quelque chose? Certes, n'oublions pas le rasoir de Hanlon qui nous met en garde contre le fait d'attribuer à la malveillance quand on a davantage affaire à de l'incompétence, mais dans ce cas, je ne suis sûr de rien.
Comme je l'ai indiqué, une exemption a été accordée pour le chauffage au mazout au Nouveau-Brunswick et dans d'autres provinces. Une importante exclusion a été accordée pour le chauffage au mazout dans la région de l'Atlantique. J'ai vécu à Terre-Neuve, et toutes les pièces de notre maison étaient équipées de plinthes chauffantes électriques. Beaucoup de maisons étaient équipées de fournaises au mazout alimentées par des réservoirs en surface ou enterrés.
Le gouvernement a indiqué son intention d'appliquer une exclusion et de ne pas imposer la taxe carbone sur le chauffage au mazout, ce qui signifie qu'il allait percevoir moins d'argent. C'est logique. Il fallait logiquement s'attendre à ce qu'il y ait moins d'argent à distribuer, parce que la taxe devait être fiscalement neutre. Tout ce qui est recueilli doit être reversé, mais un document financier nous dit que les remboursements ne seront pas diminués. D'où vient donc cet argent?
Les Albertains se trouvent-ils ainsi à payer pour se chauffer et à devoir acquitter une taxe carbone élevée qui sert à subventionner les provinces de l'Atlantique? Nous avons posé la question au comité des finances et nous nous sommes fait dire qu'il n'était question que des sommes perçues. Cependant, selon une déclaration du gouvernement, nous savons que les remboursements ne seront pas réduits. Il n'est pas possible de percevoir moins d'impôt et de payer la même chose, mais apparemment c'est ce qu'imagine le gouvernement. J'aurais aimé pouvoir poser la question aux fonctionnaires.
En fait, la voici. Excusez-moi. Je l'avais sous les yeux depuis le début. Je vais vous en lire un extrait, mais il ne s'agit pas de mes notes, juste un passage d'un document de l'OCDE intitulé « Principes fondamentaux de la fiscalité ». Pourquoi cet ouvrage? Eh bien, pourquoi pas? Comme je l'ai dit la semaine dernière, j'ai un exemplaire de l'analyse réalisée par la Royal Bank of Scotland sur l'établissement des prix de l'énergie, et qui ne voudrait pas avoir un exemplaire de cette étude dans son portable?
Quoi qu'il en soit, voici l'extrait:
Une taxe fiscalement neutre contribuera à l'efficacité, car elle garantira une allocation optimale des moyens de production. Si des changements de prix entraînent des variations de l'offre et de la demande différentes de celles qui se produiraient en l'absence de taxe, il y a distorsion et perte sèche correspondante. En ce sens, la neutralité implique également que le système fiscal produise des recettes tout en minimisant la discrimination en faveur ou à l'encontre d'un choix économique particulier.
La taxe sur le carbone débouche exactement sur l'inverse, autrement dit, il y aura distorsion et perte sèche quand les changements de l'offre et de la demande déclencheront des variations différentes des prix.
Je suis tout à fait d'accord pour dire que la taxe sur le carbone vise à modifier la demande. Cette taxe a été augmentée et une autre augmentation est prévue le 1er avril. Je crois qu'elle sera haussée de 15 $ la tonne, ce qui représente 11 ¢ le litre. Elle vise à nous pousser à modifier nos choix, ou à infléchir la demande d'essence et de combustible domestique. Le fait que les contribuables albertains contribuent à subventionner les thermopompes dans le Canada atlantique signifie que nous nuisons au choix et à la demande, car la demande de mazout de chauffage au Nouveau-Brunswick va diminuer, tandis que la demande de thermopompes devrait augmenter. Cela fait partie du plan, mais contrevient à la définition de neutralité fiscale.
Le gouvernement du Canada exerce des pressions sur les comptes publics, qui sont soumis aux pratiques comptables... On ne peut pas diverger d'opinion au sujet des livres comptables. Un et un égale deux. J'ai constamment cet argument avec mon collègue de , que j'ai grand plaisir à taquiner. Il se réjouit de pouvoir me rendre la pareille, et je dois dire que nous entretenons ainsi une relation amusante.
Une fois, à la Chambre des communes, il a parlé des compressions à l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC. J'ai consulté les comptes publics de 2016 selon lesquels le gouvernement libéral avait réduit les dépenses de l'ASFC. Il a également réduit ses dépenses en 2017. Le député de s'est alors levé et a dit qu'il n'était pas juste que je cite de telles statistiques parce qu'elles ne sont pas toujours exactes. Je me suis dit: « Si les comptes publics ne mentent pas, alors qui ment? »
Les chiffres ne mentent pas. Il n'y a pas de neutralité fiscale, mais le gouvernement l'inscrit dans les comptes publics. Il ment dans les comptes publics, il induit les parlementaires en erreur dans les comptes publics et induit les Canadiens en erreur au sujet des comptes publics.
Nous avons un gouvernement qui a rouvert les comptes publics pour la première fois dans l'histoire et cela pour des raisons politiques. Apparemment, cette année, il a retardé le dépôt des comptes publics jusqu'à la veille de l'ajournement de la Chambre pour camoufler le fait que le déficit a dépassé les prévisions défaillantes de la , sa ligne rouge dans le sable.
Les comptes publics ont été signés le 9 décembre, mais je crois savoir que le rapport initial a été présenté pour la première fois à la vérificatrice générale dès le 30 septembre. Nous savions quel était le déficit avant qu'il ne soit révélé, mais pourquoi le gouvernement n'a‑t‑il pas rendu publics les comptes publics? Je ne crois pas à la fausse raison concernant les pensions, en raison des règles du Conseil sur la comptabilité dans le secteur public. Comme l'excédent a été réalisé au cours de l'exercice 2024‑2025, il ne peut avoir d'incidence sur l'exercice précédent. Il ne peut avoir eu un impact sur l'année passée, mais le gouvernement a invoqué ce fait pour justifier le report des comptes publics.
Je crois que le gouvernement a retardé l'examen des comptes publics pour éviter d'avoir à nous dire la vérité quand nous lui avons demandé quel était le déficit, en novembre. Quand nous lui avons posé la question en octobre, le gouvernement n'a pas révélé aux Canadiens qu'il avait dépassé son propre plafond. C'est pourquoi, la semaine dernière, quand nous avons demandé à répétition quel était le déficit, le gouvernement n'a pas voulu divulguer l'information.
C'est très curieux. Le gouvernement a notamment invoqué le passif éventuel de 16 milliards de dollars. Je l'accepte, mais je n'accepte pas ce qui a changé depuis la publication du budget, car il aurait pu le prévoir dernièrement. Ce n'est pas la seule chose, très différente du budget — lequel a été publié il y a quelques mois à peine —, à avoir été récemment rendue publique, à l'instar de l'énoncé économique de l'automne.
Certains vont peut-être réagir et vous m'en voyez désolé, mais je me propose de lire de nouveau un extrait des comptes publics de 2023‑2024. Rappelez-vous, il y a deux ans, le gouvernement avait promis que le déficit ne dépasserait pas 40 milliards de dollars et qu'il réduirait le ratio de la dette au PIB. « La dette fédérale, soit la différence entre le total des passifs et le total des actifs, s'établissait à 1 236,2 milliards de dollars » — c'est‑à‑dire 1 236 billions — « au 31 mars 2024. Le ratio de la dette fédérale au produit intérieur brut (PIB) s'est établi à 42,1 %, en hausse par rapport à 41,1 % l'exercice précédent. » C'est donc en hausse. « Le gouvernement maintient son engagement à l'égard de son point d'ancrage fiscal qui consiste à réduire la dette fédérale en proportion de l'économie à moyen terme. » Encore une fois, c'est en hausse.
Le gouvernement affirme son engagement à respecter sa « cible budgétaire ». Vous souvenez-vous du nombre de fois où la congédiée a affirmé sa détermination à respecter sa cible budgétaire de 40 milliards de dollars de déficit? Bien sûr, celui‑ci a fini par être de 61 milliards de dollars, comme il en est fait état dans les comptes publics.
Que trouve‑t‑on d'autre dans les comptes publics de cette année? Eh bien, c'est reparti pour un tour. La dette accumulée est en hausse par rapport à l'an dernier et c'est la même chose pour le ratio de la dette au PIB. « Le gouvernement maintient son engagement à l'égard de son point d'ancrage fiscal qui consiste à réduire la dette fédérale... » C'est exactement la même formulation que dans les comptes publics de 2022‑2023: « Le gouvernement maintient son engagement à l'égard de son point d'ancrage fiscal qui consiste à réduire la dette fédérale... ». Encore une fois, on constate que le ratio de la dette accumulée au PIB est à la hausse.
Dans ses comptes publics, le gouvernement admet que la dette est plus élevée — elle a augmenté —, mais « plus élevée » pour le gouvernement semble vouloir dire moins élevée grâce à son cadre financier, à son point d'ancrage pour le ratio de la dette au PIB et à une ligne tracée dans le sable, ce qui lui permet de mentir. Il peut mentir aux Canadiens à ce propos. Les chiffres comptables ne changent pas, mais il peut prétendre que, d'une façon ou d'une autre, le bas est en haut, la gauche est à droite et ce qui va de travers va en fait très bien.
Cela nous amène au service de la dette publique. « Les frais de la dette publique ont augmenté de 12,3 milliards de dollars (35,2 %), principalement en raison d'une augmentation du taux d'intérêt effectif moyen sur la dette portant intérêt, compensée en partie par la baisse des ajustements au titre de l'indice des prix à la consommation sur les obligations à rendement réel. » Si vous vous souvenez bien, j'ai parlé des obligations à rendement réel et du régime de retraite de la fonction publique. Si la valeur des obligations à rendement réel diminue, le taux d'actualisation ne devrait pas être aussi élevé, mais je m'écarte du sujet. Comme l'a déjà dit l': « Le fait d'émettre une plus grande part de nos titres de créances sous forme d'obligations à longue échéance garantit la viabilité des coûts du service de la dette [qui demeurent faible] ». Mme Freeland l'a répété à la Chambre, mais le gouvernement a déclaré que les paiements d'intérêts avaient augmenté. Combien les contribuables ont-ils perdu parce que le gouvernement n'a pas investi dans des obligations à plus long terme, comme il a dit qu'il le ferait?
L'Argentine, malgré ses problèmes économiques, a pu émettre une obligation à 100 ans. Il existe des obligations à 50 ans, et pourtant, même si le gouvernement a déclaré plusieurs fois, tant publiquement dans la mise à jour économique précédente, avant que ne soit congédiée, qu'à la Chambre... Elle a dit que nous n'avions pas à nous préoccuper des charges de la dette ou des intérêts parce que nous achetions des obligations à long terme.
Si vous vous souvenez, il y a quelques années, Glen McGregor — je crois qu'il travaillait pour CTV à l'époque — a interrogé le au sujet du risque que présentaient des coûts de service très élevés. Le premier ministre l'avait regardé avec condescendance en lui lâchant sur un ton entendu: « Les taux d'intérêt sont à des creux historiques, Glen. » Que s'est‑il passé ensuite? Ils ne sont pas restés à un creux historique; ils ont augmenté, et nous avons constaté une augmentation de 35 % des paiements d'intérêt.
J'aurais aimé que les fonctionnaires du ministère des Finances soient ici pour que nous puissions leur demander dans quelle mesure l'utilisation effrénée de la planche à billets a été la cause de la forte augmentation des taux d'intérêt qui a fait exploser la dette, ce que le gouvernement n'a pas compris. Si j'imprime de l'argent sans contrôle, je sais que je vais causer de l'inflation. On pourrait penser que je sais aussi — comme dans le cas des transactions d'initiés — qu'il faut émettre plus de titres de créance sous forme d'obligations à long terme pour obtenir le taux le plus bas possible, mais bien sûr cela n'a pas été fait.
Il y a quelques années à peine, dans le budget de 2022... Comme nous le savons, les budgets prévoient toujours ce que seront les coûts à terme de quatre ou cinq ans. Il avait donc été prévu qu'en 2023‑2024, quatre ans plus tard, les paiements d'intérêts seraient de 152 milliards de dollars. Cela n'est pas si vieux. Ce n'était pas en 1990. C'était il y a très peu de temps, dans le budget de 2022. C'est à ce moment‑là que nous avons commencé avec 152 milliards de dollars en paiements d'intérêts, ce qui est énorme.
La mise à jour financière qui vient d'être publiée — présentée par une ministre libérale choisie au hasard parce que je suppose que n'était pas disponible — fait état de 212,8 milliards de dollars en intérêts. Sur une période de quatre ans, soit à partir du dépôt du budget d'il y a deux ans, l'augmentation des intérêts sur la dette représente 60 milliards de dollars. Pensez‑y. Voilà qui prouve toute l'incompétence de ce gouvernement. Il a perdu 60 milliards de dollars — essentiellement à cause d'un service de la dette qui nous coûte 40 % de plus qu'il y a à peine deux ans.
Il en a été question dans le Budget supplémentaire des dépenses (A) étudié au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Deux milliards de dollars étaient prévus pour des taux d'intérêt plus élevés. Le Budget supplémentaire des dépenses (A) est publié peu après le budget principal des dépenses, soit peu de temps après le budget. Comment avez-vous pu manquer 2 milliards de dollars? Le fait de se présenter devant le Parlement deux mois après le début de l'année en disant qu'il vous faut 2 milliards de dollars parce que, quelques mois plus tôt, vous aviez mal évalué les paiements d'intérêts... Est‑ce que quelqu'un dans cette salle ou parmi les cinq ou six personnes qui nous regardent s'est dit, il y a deux ans « je vais radicalement me tromper »?
Je vais calculer le total exact, et je fais appel à votre patience. Donnez-moi deux secondes. Il y avait un écart de 39 %. Je suis certain que le gouvernement va soutenir que la dynamique a changé et que l'économie a ralenti, mais l'augmentation des recettes sur quatre ans, telle que projetée il y a deux ans dans la mise à jour financière, était de 17 %, et le budget dont je parle indique 16 %. Il prévoyait donc essentiellement les mêmes recettes, mais d'une façon ou d'une autre, ses prévisions ont loupé la cible de 40 %.
Malgré toutes les grosses têtes que nous avons au ministère des Finances et au Conseil du Trésor — après une augmentation massive des effectifs —, on s'est donc trompé de 60 milliards de dollars sur quatre ans. Cela, c'est pour les paiements d'intérêts. Autrement dit, le gouvernement a perdu la bagatelle de 20 milliards de dollars sur une période d'un an. C'est presque la même chose pour les paiements d'intérêts: 60 milliards de dollars. Nous percevrons peut-être 200 milliards de dollars en TPS, mais l'écart est de 30 % par rapport à la valeur de la TPS sur quatre ans... cela, en deux ans seulement.
On ne parle pourtant pas d'une prévision qui remonte au tournant du siècle, ni à l'ère Chrétien-Martin, à l'ère Stephen Harper ni même au début de l'ère Bill Morneau. C'est la congédiée qui a fait cette prévision il y a deux ans et qui a perdu 60 milliards de dollars en intérêts. C'est probablement la deuxième ligne la plus importante d'un budget derrière la Sécurité de la vieillesse. C'est plus que ce que nous payons aux provinces au titre des soins de santé.
J'espère que les gens s'en souviennent quand ils font la queue pendant 8, 10 ou 12 heures à l'hôpital pour se faire soigner. Le gouvernement, s'il avait mieux planifié son affaire, aurait pu consacrer davantage aux transferts en santé et à l'embauche de médecins, au lieu de se tromper de 60 milliards de dollars dans ses prévisions.
M. Cannings et Mme Sinclair-Desgagné ont parlé tout à l'heure du régime de pension de la fonction publique. Si j'étais un employé de la fonction publique, sachant que les mêmes personnes sont théoriquement responsables de mon dossier, je tremblerais dans mes culottes. C'est une bonne chose que les contribuables soient ultimement responsables des pensions du secteur public. Même en situation d'excédent, les fonctionnaires ne sont pas touchés. C'est comme si la caisse était déficitaire: les pensions ne seraient pas affectées parce qu'elles sont garanties par la loi. C'est la même chose pour les pensions antérieures à 2005, qui n'étaient pas financées séparément, et pour celles postérieures à 2005. Avant 2005, les pensions étaient essentiellement financées à même les recettes générales.
L'opinion actuarielle pour l'exercice traite séparément des deux fonds. Je pense que celui de 2005 est sous-financé de 7 milliards de dollars, ce qui devrait s'appliquer à la période postérieure à 2005 et qui, techniquement, devrait porter sur tout excédent inférieur à la barre des 25 %. En fait, pourquoi le gouvernement essaie‑t‑il de faire main basse sur l'excédent de 1,9 milliard de dollars et à quoi cela servira‑t‑il? L'argument ne devrait pas être que le surplus doit revenir aux employés, selon des prestations moins élevées. Il n'y a qu'un seul fonctionnaire. Il n'y a qu'un contribuable. Mais il y a deux fonds. L'un d'eux est sous-financé et l'autre est surfinancé. Pourquoi le gouvernement ne comptabilise‑t‑il pas le déficit par rapport à l'excédent, comme n'importe lequel d'entre nous le ferait?
Si vous avez un compte en banque et une hypothèque, vous ne direz pas: « J'ai 10 000 $ à la banque; voyez à quel point je suis riche » tandis que vous avez, par ailleurs, contracté une hypothèque de 10 millions de dollars. Vous compterez les deux éléments ensemble — tout comme une entreprise le ferait —, mais le gouvernement, lui, traite les deux séparément. Je m'adresse à mes collègues, M. Cannings et Mme Sinclair-Desgagné. La question ne porte pas tant sur ce que le gouvernement fait de ses excédents, mais plutôt sur ce qu'il considère comme tel. Le gouvernement a modifié la loi en 2019 pour le budget. Il a modifié le montant de l'excédent.
J'aimerais que des fonctionnaires soient présents pour nous expliquer pourquoi la portion non capitalisée de 2005 n'a pas été prise en compte dans le prétendu excédent. Qu'est‑ce que le gouvernement a l'intention de faire avec cet argent pour réduire le déficit? Est‑ce que Mark Carney allait intervenir pour dire que l'erreur de 61 milliards de dollars est attribuable à , que nous avons un excédent et que nous avons trouvé 2 milliards de dollars? J'aimerais le savoir. Nous pourrions le savoir la semaine prochaine, lors de réunions ou dans deux ou trois semaines, mais nous ne le saurons pas si les libéraux arrivent à leurs fins.
Je vais revenir à la pension de la fonction publique. J'aimerais que les choses soient un peu plus transparentes au sujet de cette caisse. Comme je l'ai indiqué, elle ne détient pas de portefeuille d'actions et d'obligations, contrairement à ce que beaucoup d'entre nous pensent. Quand d'aucuns déclarent que le Fonds a augmenté de x %, c'est de capitalisation boursière et d'ajustements au pif dont on parle, plutôt que d'un montant ferme. La vérificatrice générale en a parlé dans ses notes au rapport sur les comptes publics de l'an dernier. Elle s'inquiétait de la façon dont le gouvernement calculait la valeur, les évaluations, et il en allait de même pour le financement du Régime de pension du Canada, le RPC.
En ce qui concerne le RPC, j'aimerais que les fonctionnaires soient ici pour que nous puissions leur demander, comme je le fais chaque année, comment le gouvernement calcule le PIB net le plus bas. Quand le gouvernement parle de son PIB net, il considère que l'argent du RPC est un actif, mais il ne tient pas compte du passif, ce qu'il doit à grand-maman et à grand-papa, c'est‑à‑dire à moi dans cinq ans. Eh oui, j'ai déjà atteint ce vieil âge. Il ne compte pas les obligations, mais les actifs.
Quand l'ancienne , qui a été congédiée, affirmait à la Chambre que nous avions le meilleur ratio de la dette nette au PIB des pays du G7, c'était vrai d'après sa formule, mais comme l'ancien sous-ministre des Finances l'a dit il y a quelques années, il lui a fallu faire des « pirouettes mentales » pour arriver à cette conclusion. L'Institut Fraser a cité ces chiffres, mais le FMI, tout en reconnaissant que l'on pouvait toujours voir les choses ainsi, a indiqué que d'après les calculs de l'OCDE, le Canada se retrouvait 22e sur 29. Nous sommes à sept places de la fin du classement au titre du ratio de la dette au PIB, seulement parce que nous comptons le RPC.
J'ai posé une question à M. Sabia, le sous-ministre aux Finances de l'époque, et à son sous-ministre adjoint. Je leur ai dit que la seule façon de comptabiliser le RPC en tant qu'actif était d'y avoir accès pour l'utiliser. M. Sabia a commencé par dire « Oui, effectivement », avant de se raviser parce qu'il ne voulait pas dire la vérité, à savoir qu'on ne peut compter l'actif du RPC, soit l'argent mis de côté pour les aînés, que si... Ce sont les employés, les futures personnes âgées, et les entreprises qui contribuent, pas le gouvernement. Le RPC est provisionné pour moitié par les contribuables et pour moitié par les entreprises. Tout ce beau monde cotise à la caisse de retraite de l'État. Selon le FMI, le seul moyen pour le gouvernement de comptabiliser ces fonds à des fins financières ou comptables, serait qu'il ait accès à ces fonds pour des raisons opérationnelles.
Le gouvernement n'embabouine personne quand il affirme que son ratio de la dette nette au PIB est le plus bas du G7. C'est vrai, le cas des États-Unis est désespéré, mais on ne doit jamais sous-estimer les États-Unis à qui il ne faut pas grand-chose pour renverser la vapeur, comme l'a fait Bill Clinton. En fait, il a enregistré des excédents. Ce pays a la capacité de passer à la vitesse supérieure. Quant à l'Allemagne, on peut dire que son ratio de la dette nette au PIB est inférieur au nôtre. Elle vient d'annoncer des réductions d'impôt de 100 milliards de dollars et elle ne va pas s'arrêter là. Nous ne pouvons prétendre présenter le ratio le plus bas que si l'on compte l'argent du RPC — je crois qu'il s'agit de 700 milliards de dollars —, sans comptabiliser le passif.
Tous ceux qui nous regardent à la maison et qui touchent des prestations du RPC, ou dont les parents reçoivent de telles prestations, doivent savoir une chose: quand le gouvernement dit qu'il a le plus faible ratio de la dette au PIB, c'est parce qu'il ne tient pas compte de ce qui revient à nos aînés, mais plutôt de ce qui a été mis de côté pour eux. En effet, dans le jargon comptable, on dit qu'il ne peuvent comptabiliser cette réserve en tant qu'actif que s'ils sont en mesure de s'en servir pour des raisons opérationnelles.
Je ne pense pas que le gouvernement le fasse un jour. Ce serait suicidaire. Je ne dis pas que c'est l'intention des libéraux, mais je dis qu'ils mentent aux Canadiens quand ils affirment que nous avons le plus faible ratio de la dette au PIB. D'après les données de l'OCDE, quand on compare ce qui est comparable, nous sommes 22e sur 29. Nous sommes à sept places de la queue pour ce qui est du ratio de la dette au PIB.
Je vois que le président me fait signe.