:
J'ouvre maintenant la séance.
Je vous souhaite la bienvenue à la 128e réunion du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon un format hybride, conformément au Règlement. Des membres sont présents en personne dans la salle et d'autres participent à distance grâce à l'application Zoom.
Je demanderais à tous les députés et aux autres personnes présentes de consulter les fiches disposées sur la table pour connaître les consignes de prévention des incidents de rétroaction acoustique.
[Français]
Veuillez garder à l'esprit les mesures préventives en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
[Traduction]
Je vous rappelle aussi de vous servir uniquement des écouteurs noirs approuvés que vous voyez branchés, ou qui se trouvent devant vous. N'oubliez pas qu'au début des réunions, les écouteurs ne sont pas branchés. Branchez le vôtre si vous en avez besoin, évidemment, et tenez‑le à distance de tout microphone en tout temps. Si vous ne vous en servez pas, mais qu'il est branché, déposez‑le face vers le bas sur l'autocollant qui se trouve sur la table à votre droite ou peut-être à votre gauche.
Nous avons quelques questions d'ordre administratif à régler avant de commencer.
Votre sous-comité s'est réuni le lundi 3 juin 2024 pour examiner les travaux du Comité et a convenu de faire les recommandations suivantes. Il se réunit de nouveau aujourd'hui à 18 h 30 en raison des rapports de vérification qui ont été déposés aujourd'hui. Il est convenu, pour l'instant, qu'en ce qui concerne l'étude par le Comité du Rapport 1, ArriveCAN parmi les rapports 2024 de la vérificatrice générale du Canada, le Parti conservateur et le Parti libéral choisissent chacun un témoin parmi ceux qui restent et en informent la greffière. Le courriel a été envoyé. La raison est que chacun avait proposé un témoin et que ce témoin a refusé ou n'était pas disponible. Il a aussi été décidé que la Gendarmerie royale du Canada serait invitée à comparaître le jeudi 13 juin 2024, de 15 h 30 à 17 h 30.
Le Comité souhaite‑t‑il approuver le premier rapport du Sous-comité de la présente législature? Je m'attends à une réponse affirmative, s'il vous plaît.
Des députés: D'accord.
Le président: Très bien. Voilà qui fait plaisir à notre greffière.
À titre de rappel, dorénavant, tous les propos doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité entreprend l'examen du deuxième rapport de 2024 de la vérificatrice générale du Canada. Tiré des rapports 2 à 4 de 2024 et intitulé « Le logement dans les collectivités des Premières Nations », ce rapport a été renvoyé au Comité le mardi 19 mars 2024.
[Traduction]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons deux représentants de l'Assemblée des Premières Nations: le chef Lance Haymond et le chef Brendan Mitchell, qui est chef régional de l'APN à Terre-Neuve.
Merci à vous deux d'être ici aujourd'hui.
Le grand chef Cody Thomas, de la Confédération des Premières Nations du Traité no 6, se joint à nous par vidéoconférence.
Est‑ce que vous nous entendez bien, chef Thomas?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Veuillez vous lever, tout le monde.
Créateur, nous rendons grâce pour cette belle journée à Ottawa et pour cette occasion de nous réunir dans un esprit d'amitié, de parenté, de communauté, de collaboration et de réconciliation.
Créateur, nous vous demandons de nous éclairer dans nos délibérations d'aujourd'hui, dans les propos que nous tiendrons et dans l'écoute des questions qui seront posées.
Créateur, il s'agit d'une conversation importante aujourd'hui, car un grand nombre de nos communautés luttent pour obtenir les conditions de vie élémentaires dont jouissent la plupart des gens au Canada.
Créateur, nous vous demandons de nous aider dans cette cause, d'encourager tout le monde ici à faire de son mieux pour assurer un avenir meilleur aux gens de nos communautés autochtones.
Créateur, nous demandons aussi que vous nous encouragiez à incarner nos sept enseignements sacrés et à toujours faire preuve d'humilité, d'honnêteté, de respect, de vérité, de courage, de sagesse et, surtout, d'amour les uns pour les autres.
Msit no'kmaq.
Merci.
:
Merci de cette occasion que vous m'offrez de faire connaître notre point de vue sur le rapport de la vérificatrice générale concernant le logement dans les communautés des Premières Nations.
Nous ne sommes pas surpris de lire dans le rapport de la vérificatrice générale que le problème du logement persiste dans nos communautés, malgré tout ce qui a été relevé dans différents rapports depuis plus de 20 ans et même si le logement est un droit fondamental de la personne. Le premier message au tout début du rapport répète exactement ce que nous disons depuis longtemps, à savoir que l'amélioration du logement pour les Premières Nations est essentielle à leur bien-être physique, mental et économique. C'est parce que le logement tient une place fondamentale dans toute société. Je crois fermement qu'il est assez difficile pour moi, en ma qualité de chef, de m'attaquer aux problèmes sociaux des membres de ma communauté alors que tout le monde s'inquiète d'avoir un toit au‑dessus de sa tête.
Le dossier de la crise du logement dans les communautés autochtones du Québec et du Labrador est bien étayé depuis près de 25 ans. Nous avons des données fiables qui indiquent, entre autres, qu'il faudrait d'ici 5 ans ajouter 10 000 logements à notre parc actuel de 15 000 pour combler l'arriéré accumulé, notamment en raison du surpeuplement, de la croissance démographique, de la migration de membres qui aimeraient peut-être vivre dans leur communauté et du remplacement de logements condamnés. Nos chiffres indiquent aussi que 8 000 logements ont besoin de rénovation ou de réparations.
Les analyses, étalées sur une longue période, révèlent que lorsque le gouvernement fédéral investit dans le logement des Premières Nations au‑delà de ses budgets réguliers, l'effet est bénéfique pour nos communautés. Bien sûr, comme les besoins continuent de grandir, l'augmentation se fait à un rythme plus lent, ce qui m'amène à la recommandation 2.26 du rapport de la vérificatrice générale, qui se lit comme suit:
Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement, en collaboration avec les Premières Nations, devraient élaborer et mettre en œuvre une stratégie pour combler l'écart en matière de logement d'ici 2030. Cette stratégie devrait établir la façon dont ils coordonneront leurs efforts, détermineront les besoins et les fonds nécessaires, et définiront des cibles mesurables pour faire le suivi des progrès.
Nous croyons que les Premières Nations peuvent jouer un rôle important pour combler l'écart en matière de logement, non seulement dans l'élaboration d'une stratégie, mais aussi dans le cadre financier qui en découle. Par exemple, nous savons qu'il y a une continuité de besoins dans la collectivité, depuis les refuges jusqu'aux logements sociaux et l'accession à la propriété privée. Le logement privé est justement un modèle qu'une plus grande proportion de nos membres adopterait si les occasions se présentaient. Il y a là un potentiel qui mérite d'être exploité davantage. Les Premières Nations et leurs institutions financières pourraient alors contribuer de façon importante à combler l'écart en matière de logement. Le Réseau de financement du logement autochtone de Yänonhchia' offre une de ces occasions et fait partie de la solution.
Nous avons cependant besoin que nos partenaires s'engagent à renforcer les capacités, à prendre les rênes et à nous aider à obtenir des capitaux. Il existe de bonnes pratiques dans ce domaine. Nous avons mis à l'essai et pratiqué cette formule auprès des Premières Nations du Québec depuis des années. Nous savons qu'elle est nécessaire à l'échelle nationale. Le réseau de l'Association nationale des sociétés autochtones de financement et les institutions financières autochtones sont les outils à mettre à contribution pour régler ce problème.
En ce qui concerne, précisément, la question des capacités, la recommandation 2.46 du rapport de la vérificatrice générale cadre parfaitement avec notre stratégie régionale. Le renforcement des compétences et des capacités est un aspect crucial de tout plan d'action visant à améliorer le logement dans nos communautés, parce qu'elles sont souvent aux prises avec des situations complexes de grand besoin, qui augmentent dans un contexte de sous-financement continu.
La recommandation 2.60 porte sur le transfert des responsabilités de Services aux Autochtones Canada. Vous connaissez la situation du logement dans les communautés des Premières Nations. Le rapport en dit long sur ce sujet. Oui, nous voulons exercer plus de gouvernance en matière de logement, mais pas à n'importe quel prix.
Les conditions actuelles — notamment l'arriéré accumulé et les programmes tels qu'ils ont été conçus — ne se prêtent pas à un transfert de responsabilités. Il y a des conditions à remplir au préalable pour que les Premières Nations s'ouvrent à un tel changement et prospèrent dans ce nouveau cadre. Toute initiative de réforme, de modernisation et de transfert doit être accompagnée d'un financement en amont suffisant, prévisible et récurrent, qui ne repose pas uniquement sur les enveloppes de financement actuelles.
Je vous remercie de m'avoir invité et de m'avoir écouté. Je serai heureux de répondre à vos questions après les exposés des autres témoins.
Meegwetch.
:
C'est très bien. Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Brendan Mitchell. Je suis le chef régional de Terre-Neuve à l'Assemblée des Premières Nations.
Dans le cadre de mes fonctions à l'Assemblée, je préside le comité de gestion, mais je suis aussi titulaire de portefeuille et président du Comité des chefs sur le logement et l'infrastructure, où nous discutons aussi de l'eau et de l'itinérance.
Je suis honoré d'être ici avec vous aujourd'hui, et je reconnais que nous sommes réunis sur le territoire non cédé et non abandonné du peuple algonquin anishinabe.
J'aime toujours venir à Ottawa. Le chef Lance et moi, avec ceux qui sont en ligne, avons l'occasion ici aujourd'hui de parler à des personnes de ce pays qui, je crois, ont le pouvoir de nous aider, espérons‑le, à remédier à la pauvreté des conditions de vie dans nos communautés.
Un logement, de l'eau, des routes, des bâtiments communautaires, des services publics, une connexion Internet fiable, voilà autant de choses que de nombreux Canadiens tiennent pour acquises. J'étais l'un d'eux, vivant à Corner Brook, à Terre-Neuve, où nous avons toutes ces choses en abondance. Je peux encore aller pêcher dans une rivière à saumon et boire à même l'eau d'un ruisseau sans craindre de m'empoisonner ou de tomber malade. Nous sommes bénis, à bien des égards, de nous trouver dans cette région du monde, mais beaucoup de gens dans nos communautés n'ont pas accès aisément à ces choses‑là. Ils n'ont pas les conditions de vie dont jouissent la plupart des Canadiens.
Pour les Premières Nations, éliminer les lacunes en matière d'infrastructure est un des engagements les plus ambitieux, les plus importants et les plus attendus que le gouvernement du Canada ait pris.
Il est désolant de constater que le rapport de la vérificatrice générale met en lumière une tendance inquiétante et persistante à l'échec lorsqu'il s'agit pour le gouvernement fédéral de répondre aux besoins des Premières Nations en matière de logement. Je suis profondément troublé par ses conclusions, par l'absence de progrès et par l'inaptitude du gouvernement à s'attaquer efficacement à la crise actuelle des logements insalubres et inadéquats dans les Premières Nations du pays.
Le rapport de la vérificatrice générale réaffirme ce que les Premières Nations disent depuis des décennies: le gouvernement fédéral ne respecte pas ses obligations de logement envers les Premières Nations. Comme le souligne la vérificatrice générale, Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement, les deux organismes gouvernementaux responsables de ce dossier, n'ont pas amélioré de façon sensible les conditions de logement des Premières Nations depuis 2015.
Le rapport indique clairement que le gouvernement du Canada ne respecte pas son propre délai pour combler l'écart d'ici 2030. Les Premières Nations méritent mieux que des promesses non tenues. Tout récemment, j'ai été interviewé par APTN, et on m'a posé des questions au sujet du budget fédéral et du rapport de la vérificatrice générale. « Chef Mitchell, m'a‑t‑on demandé, quelles sont les chances de combler l'écart d'ici 2030? » J'ai dit: « Cela n'arrivera pas. Cela ne peut pas arriver. » En fait, ce que j'ai dit — et je vous en fais part ici —, c'est que, à mon avis, l'écart va se creuser d'ici 2030.
Nous avons beaucoup de travail à faire.
Le rapport de la vérificatrice générale affirme que la solution commence par des investissements à long terme dans le logement des Premières Nations, ce que le budget de 2024 ne fait pas. J'ai réitéré mes préoccupations et mes opinions lors d'une conférence de presse qui a eu lieu ici, sur la Colline du Parlement, avec la cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak et d'autres chefs, tout de suite après l'annonce du budget, bien sûr, et le commentaire de la vérificatrice générale.
Nous faisons face à une dure situation.
L'APN a travaillé avec des experts de l'industrie et plus de 400 Premières Nations pour élaborer, de concert avec Services aux Autochtones Canada, un rapport marquant qui évalue les investissements en capital et en exploitation que le gouvernement du Canada doit faire s'il veut honorer son engagement à combler les lacunes d'infrastructure chez les Premières Nations d'ici 2030. On a fait beaucoup de travail pour dresser le portrait de la situation actuelle.
Comment faire pour combler l'écart d'ici 2030? J'estime quant à moi que nous n'y arriverons pas. Pour être précis, en matière de logement dans les communautés des Premières Nations, le rapport signale un écart de 135 milliards de dollars d'après les données de 2023. Et cet écart ne fera que se creuser davantage tant qu'on ne se résoudra pas à faire des investissements décisifs.
Un meilleur logement permet d'accéder à l'emploi, à la richesse et à une bonne santé physique et mentale. Je crois fermement en l'éducation de nos jeunes dans nos communautés, non seulement à Terre-Neuve‑et‑Labrador, mais partout au pays. Un meilleur logement pourrait faire toute la différence. Les jeunes ont de meilleures chances de s'instruire et de créer des ouvertures pour eux-mêmes et, plus tard, pour leur famille.
Bien sûr, c'est le contraire qui se produit aujourd'hui. Beaucoup de jeunes quittent leur localité et leur maison parce qu'ils n'aiment pas leurs perspectives de logement et la situation communautaire où ils sont pris. Où est‑ce qu'ils aboutissent? Ils aboutissent dans nos grands centres urbains, souvent dans la rue, sans abri, en difficulté et parfois incarcérés, et, oui, certains finissent par y trouver la mort.
Personnellement, je crois qu'un foyer d'appartenance solide, avec un soutien culturel, matériel et financier, est ce qui manque en ce pays pour renverser la situation des jeunes Autochtones d'aujourd'hui. La solution passe en partie par un meilleur logement.
Le rapport de la vérificatrice générale demande un changement fondamental dans le mode d'élaboration des programmes et des politiques fédéraux. Ce changement s'impose de toute urgence pour favoriser des progrès importants, ce qui signifie que les politiques fédérales en matière de logement doivent être élaborées avec le plein concours de l'APN et des Premières Nations.
Le budget fédéral de 2024 ne répond pas aux besoins immédiats et à long terme des Premières Nations du Canada.
Je reconnais que des investissements ont été faits ces dernières années pour combler le fossé socioéconomique entre les Premières Nations et le reste du Canada. Mais des écarts persistent et se creusent davantage dans des secteurs critiques comme le logement et l'infrastructure.
:
[
Le témoin s'exprime en langue crie.]
[Traduction]
Bonjour, distingués membres du Comité permanent des comptes publics. Je m'appelle Cody Thomas. Je suis le grand chef de la Confédération des Premières Nations du Traité no 6 et le chef de la nation crie d'Enoch.
Je m'adresse à vous aujourd'hui à partir de chez moi, dans la nation crie d'Enoch, sur le territoire visé par le Traité no 6.
Tout d'abord, je m'excuse, mais je dois saluer la prière d'ouverture et remercier le Créateur pour le jour inaugural de notre vie, la vie qui nous est donnée aujourd'hui. Je remercie le Créateur et je salue la prière d'ouverture.
Merci de l'occasion qui m'est donnée de vous parler aujourd'hui d'une question cruciale pour les communautés des Premières Nations: le droit fondamental au logement.
J'espère parler sans détour aujourd'hui, en commençant par le fait que le logement est un droit fondamental de la personne et un droit issu des traités, mais pour de nombreuses communautés autochtones, ce n'est pas une réalité. Soixante pour cent des sans-abri qui vivent dans les rues d'Edmonton sont des Autochtones. Il y a un manque flagrant de logements disponibles pour les membres des Premières Nations dans les réserves et à l'extérieur des réserves. Nous sommes en crise et nous avons besoin de plus de soutien maintenant.
Le cercle vicieux du logement inadéquat, du financement insuffisant, du surpeuplement et de l'itinérance continue d'affliger nos gens, aggravant les problèmes liés à la santé, à l'éducation et au bien-être général. Il est essentiel de comprendre que le logement ne se résume pas à avoir un toit au‑dessus de la tête. Il s'agit de créer une offre continue de possibilités de logement et d'établir des milieux sûrs et stables où les familles peuvent s'épanouir.
La crise du logement chez les Premières Nations tient à plusieurs facteurs. De nombreuses maisons sont délabrées et privées des commodités de base, comme de l'eau potable et des installations sanitaires adéquates. Le surpeuplement omniprésent crée des conditions qui nuisent à la santé physique et mentale. Il y a de la moisissure dans nos maisons. Le manque de logements convenables pousse souvent nos membres vers les centres urbains, où les attendent les embûches supplémentaires de la discrimination, du chômage et du manque de services, sans parler de la hausse des loyers qui touche tout le monde dans nos villes aujourd'hui.
Dire que nos nations n'ont pas le financement nécessaire pour régler ces problèmes est un grossier euphémisme. La nation crie d'Enoch, par exemple, reçoit 184 000 $ par année pour construire de nouveaux logements, mais nous avons 500 familles sur notre liste d'attente. Les autres chefs de notre confédération du Traité no 6 m'ont parlé de montants semblables offerts à leur nation, alors que les familles en quête de logement se comptent par milliers dans l'ensemble de la confédération. C'est carrément insuffisant pour nos besoins de logement. Comment sommes-nous censés assurer la sécurité de nos gens avec un financement aussi maigre?
Le récent rapport de la vérificatrice générale confirme nos préoccupations. On peut y lire qu'il n'y a eu « aucune amélioration significative des conditions de logement » depuis que le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir en 2015. Nous n'avons vu aucun progrès significatif pour combler l'écart entre la situation réelle et les besoins en matière de logement chez les Premières Nations. En 2021, l'APN estimait cet écart à 44 milliards de dollars, et nous savons qu'il est beaucoup plus important en 2024, peut-être de l'ordre de 60 milliards de dollars. Nous savons aussi que la SCHL se fonde sur les données du recensement de 2001, ce qui ampute de plus de 250 millions de dollars le financement auquel ont droit les Premières Nations de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba.
Des organisations d'envergure nationale nous sont présentées comme porteuses de solutions pour nos gens, mais nous n'y voyons pourtant aucune représentation des Premières Nations de l'Alberta.
En fait de santé et de bien-être, qu'est‑ce que tout cela représente pour nos gens? Il y a un lien direct entre le logement et la santé. Les logements insalubres contribuent à la prévalence des maladies respiratoires, des maladies infectieuses et des problèmes de santé mentale. Le stress et l'instabilité associés au logement inadéquat peuvent aussi faire grimper les taux de toxicomanie et de violence domestique. Régler la crise du logement n'est pas seulement une question d'infrastructure. C'est aussi une étape cruciale de l'amélioration de la santé et du bien-être général de nos communautés.
Nous sommes rendus à un point critique, où il faudra faire front commun devant ces problèmes, où il faudra un engagement de tous les ordres de gouvernement aux côtés des Premières Nations. Les solutions temporaires ne suffisent plus. Nous avons besoin de transformations profondes et durables qui puissent éradiquer la précarité du logement. Il faudra pour y arriver une collaboration entre les Premières Nations et les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, ainsi qu'entre les secteurs privé et non privé.
Quelles solutions proposons-nous?
Nous devons investir dans des projets de logement durable et dans la construction de maisons écoénergétiques qui répondent aux besoins culturels et environnementaux de nos collectivités. Ces projets devraient accorder la priorité aux possibilités locales d'emploi et de formation, ce qui permettrait à nos populations de faire partie de la solution. Ces projets devraient tenir compte de nos bases foncières limitées et appuyer la construction de logements à l'intérieur et à l'extérieur des réserves.
Il faut rénover les infrastructures existantes. Beaucoup de maisons ont besoin de réparations et de rénovations de façon urgente. Les programmes qui fournissent du financement et des ressources pour les rénovations peuvent aider à améliorer les conditions de vie et à prolonger la durée de vie du parc immobilier actuel.
Nous avons besoin de soutien pour les services de santé mentale et de traitement des dépendances. Les initiatives en matière de logement doivent être intégrées à des services de soutien complets, y compris des services de santé mentale et d'aide aux toxicomanes. La prestation de ces services au sein de la collectivité aide à assurer la stabilité dont les personnes ont besoin pour se rétablir et s'épanouir.
Nous avons besoin d'un financement à long terme et d'engagements durables sur le plan politique. Pour faire face à la crise du logement, il faut un financement et des engagements politiques durables, à long terme. Il faut notamment veiller à ce que les mécanismes de financement soient souples et adaptés aux besoins particuliers des communautés de Premières Nations, et à ce que les organismes responsables de ce financement comprennent des représentants de notre peuple, et non des personnes qui prétendent parler en notre nom.
Pour terminer, j'invite le Comité et l'ensemble du gouvernement à entamer un dialogue constructif avec les dirigeants des Premières Nations et nos techniciens. En travaillant ensemble, nous pourrons élaborer un plan d'action complet et concerté qui garantira à chaque membre de notre communauté l'accès à un logement sûr, adéquat et abordable. Il ne s'agit pas seulement d'une question de logement. Il s'agit d'une étape vers la réconciliation et un avenir plus égalitaire pour tous.
Merci de votre temps et de votre attention. Je serai heureux de répondre aux questions des membres du Comité sur la réalité du logement des Premières Nations signataires du Traité no 6.
Hay hay.
:
Je suis le chef Sidney Peters, de la Première Nation Glooscap. Je suis aussi coprésident de l'Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse. Je siège également au comité des chefs sur le logement et l'infrastructure, et je représente la région de l'Atlantique par l'entremise de l'Atlantic Policy Congress.
Je voulais simplement dire que je suis heureux d'être ici et d'écouter mes collègues. Certaines des choses que j'ai à dire peuvent être identiques à ce que tout le monde a dit, mais je pense qu'il est important que nous comprenions cela.
Comme nous le savons, le 19 mars 2024, la vérificatrice générale du Canada a publié un deuxième rapport à l'intention du Parlement du Canada sur le logement dans les communautés de Premières Nations. De nombreuses personnes vivant dans nos communautés de Premières Nations n'ont pas accès à un logement sécuritaire en bon état, ce qui est un droit fondamental. L'amélioration du logement pour les Premières Nations est essentielle au bien-être physique, mental et économique de tous les membres des Premières Nations du Canada.
C'est la quatrième fois depuis 2003 que le Bureau du vérificateur général soulève des préoccupations au sujet du logement dans les communautés de Premières Nations. Cependant, malgré les conclusions de chacune de ces vérifications et les recommandations formulées, Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement n'ont pas réussi à faire des progrès significatifs pour aider les Premières Nations à améliorer les conditions de logement dans leurs collectivités.
Le gouvernement du Canada a pris d'importants engagements envers les communautés de Premières Nations afin de financer des infrastructures essentielles pour améliorer les conditions de vie. Dans la lettre de mandat du à la ministre des Services aux Autochtones, , le gouvernement s'est engagé à effectuer « des investissements immédiats et à long terme pour appuyer les travaux en cours visant à combler les lacunes en matière d'infrastructure d'ici 2030 ».
L'Assemblée des Premières Nations, en partenariat avec Services aux Autochtones Canada, a élaboré un rapport exhaustif qui quantifie les coûts d'immobilisations et d'exploitation nécessaires pour combler l'écart en matière d'infrastructures dans les communautés de Premières Nations d'ici 2030. L'investissement nécessaire pour combler cet écart d'ici 2030 est de 349,2 milliards de dollars. En raison des décennies de sous-financement, d'un manquement aux obligations fiduciaires et de la répartition inéquitable de la richesse au Canada, ce montant comprend 135,1 milliards de dollars pour le logement, 59,5 milliards de dollars pour les infrastructures et 55,4 milliards de dollars en demandes directes de la part des Premières Nations.
Compte tenu de l'ampleur, de la portée géographique, des contraintes nationales en matière de construction et du manque d'investissements récents et significatifs du gouvernement, le mandat visant à combler l'écart en matière d'infrastructures d'ici 2030 pourrait ne pas être réalisable avant 2040, ce qui porte l'investissement total estimé à 527,9 milliards de dollars.
L'investissement total en immobilisations nécessaire pour combler l'écart dans le Canada atlantique est de 12,4 milliards de dollars, avec un investissement total de 2,6 milliards de dollars dans le fonctionnement et l'entretien, pour un investissement total de 15 milliards de dollars requis pour combler l'écart d'ici 2030 pour les Premières Nations de l'Atlantique. Si aucune mesure n'est prise, l'investissement total pour combler l'écart en matière d'infrastructures d'ici 2040 dans le Canada atlantique passera à 24,9 milliards de dollars.
L'étude sur les besoins en matière de logement a été envoyée au personnel chargé du logement dans le Canada atlantique, et 16 des 34 Premières Nations du Canada atlantique y ont répondu. La population totale déclarée des 16 Premières Nations qui ont répondu à l'enquête représente 75 % de la population totale enregistrée de nos Premières Nations membres dans le Canada atlantique. Cela indique donc que les données recueillies dans le cadre de l'étude reflètent ce qui se passe dans l'ensemble de la région.
Les Premières Nations de l'Atlantique ont besoin d'environ 12 799 logements pour répondre aux besoins immédiats dans les collectivités. Ce nombre de logements nécessitera un investissement de 3,4 milliards de dollars. Un montant supplémentaire de 158 millions de dollars est nécessaire pour effectuer les réparations et les rénovations à apporter aux logements existants.
À la lumière de ces informations, les Premières Nations du Canada atlantique sont d'accord avec le rapport de la vérificatrice générale. En l'absence d'investissements notoires dans le logement et les infrastructures, surtout en ce qui concerne le renforcement de la capacité des Premières Nations à l'échelle locale, les lacunes en matière d'infrastructures ne feront que s'aggraver. Le mode de fonctionnement actuel du gouvernement fédéral ne profite qu'à ceux qui ont leurs propres sources de revenus ou qui peuvent faire des demandes dans le cadre de programmes.
La façon dont le gouvernement fonctionne ne fait que perpétuer le cycle d'inégalité qui continue à creuser le fossé au lieu de le réduire. La seule façon d'avancer est de collaborer, de se responsabiliser les uns les autres et de trouver des solutions novatrices. Le statu quo n'est plus une option politique viable.
Je vous dis: wela'lin.
:
Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence dans le cadre de cette importante étude.
Nous parlons bien sûr du rapport de la vérificatrice générale sur le logement des Premières Nations. Nous sommes sûrement tous d'accord pour dire que c'est un rapport plutôt accablant. Il souligne un certain nombre d'échecs du gouvernement. On a mentionné plus tôt que la vérificatrice générale a constaté qu'il n'y avait aucun plan pour combler le déficit de logements d'ici 2030. Il n'y a pas eu d'amélioration significative des conditions de logement depuis 2015, ce qui préoccupe de nombreux Canadiens, Autochtones et non-Autochtones partout au pays. En fait, le nombre de maisons qui ont dû être remplacées ou dont l'état s'est détérioré a augmenté depuis 2015.
Je vais commencer par les messieurs ici présents. Si quelqu'un a des commentaires, essayez d'attirer mon attention. Levez la main ou faites ce que vous devez faire.
Je vais commencer par vous, chef Haymond.
Pourriez-vous nous donner des précisions quant à ce que vous avez dit dans votre déclaration préliminaire. Comment cela se passe‑t‑il sur le terrain pour les Premières Nations, et qu'est‑ce que cela signifie? C'est une chose d'examiner le rapport et de voir ces chiffres. Ils sont renversants. Pouvez-vous nous donner des exemples plus précis dont vous avez entendu parler et nous dire en quoi cela a une incidence sur la vie des Premières Nations?
:
Je peux vous donner des exemples concrets.
Nous parlons des montants disponibles pour construire des logements dans nos communautés. Je crois avoir entendu l'un des chefs dire qu'il ne reçoit pas beaucoup de financement. Au cours du présent exercice, en ce qui concerne le financement de la SCHL, le Québec reçoit 7 % du budget national. Historiquement, nous recevions 12 %. Cependant, en 2001‑2002, avec l'adoption du modèle d'affectation provisoire, le Québec a vu sa part proportionnelle du budget national chuter à 7 %. Au cours du présent exercice, le programme de la SCHL en application de l'article 95 — l'un de ses programmes hérités — prévoit la construction de 30 logements dans 43 collectivités au Québec. D'entrée de jeu, 10 de ces logements iront directement aux Cris, parce que ces derniers ont un traité et obtiennent 38 % du budget régional. Il reste donc 20 logements pour les 33 communautés que je représente.
C'est un exemple concret de sous-financement chronique et de ce que cela signifie pour les Premières Nations du Québec. La réalité étant ce qu'elle est, nous avons dû chercher des moyens novateurs de répondre à nos besoins en matière de logement. Un certain nombre de communautés ont mis sur pied un Yänonhchia', un modèle financier qui nous permet d'accorder des prêts hypothécaires dans les réserves sans garantie de prêt ministérielle ou sans que la bande n'ait à se porter garante. À l'heure actuelle, les Premières Nations sont les seules administrations au pays qui doivent garantir tous les prêts ou toutes les hypothèques que nos membres contractent pour le logement, et nous devons également garantir ces hypothèques pour le logement social. Chacune de ces hypothèques que nous garantissons vient s'ajouter à notre passif éventuel. Bon nombre de nos collectivités sont endettées en raison de prêts hypothécaires pour le logement, parce que le logement social ne répond pas aux besoins. Encore une fois, le Yänonhchia' offre une occasion pour les membres de notre communauté qui sont pris entre le marteau et l'enclume. La plus grande partie du financement gouvernemental est destinée au logement social.
Certains membres de notre communauté ont la capacité et le désir de payer et la solvabilité pour le faire. Malheureusement, ils n'ont pas accès à l'aide gouvernementale, si bien qu'ils sont coincés et laissés dans l'incertitude.
Nous avons beaucoup parlé des changements climatiques ces dernières années, et nous voyons bien que la météo fait des siennes un peu partout. Les catastrophes naturelles ne font qu'augmenter, tout comme la gravité de ces incidents. Ainsi, par exemple, un incendie de forêt pourrait décimer toute une collectivité autochtone. Que faire alors quand le logement vient à manquer?
D'autres chefs nous ont parlé aujourd'hui de la situation dans leur province et, de façon générale, de ce qui se passe au pays. Je pense que les changements climatiques continueront d'avoir des répercussions énormes sur les collectivités autochtones, surtout sur les plus nordiques ou éloignées, où, une fois qu'un feu de forêt se déclare, il est très probable que toutes les maisons y passent. Par conséquent, oui, ce serait certainement un facteur important, comme l'a dit le chef Peters, en ce qui a trait au coût du logement.
L'éloignement des collectivités rend la construction de logements encore plus difficile que dans ma ville ou la vôtre, par exemple. Nous voyons les coûts des logements et des matériaux de construction grimper de 40 % depuis la COVID‑19. Ce sont les chiffres qu'on me donne. Bien sûr, le chef Peters a également parlé de la pénurie de gens de métier ou d'une main-d'œuvre adéquate. Dans une petite collectivité, la situation est encore pire.
Oui, nous faisons face à un problème au Canada en ce qui concerne les changements climatiques. Sachez qu'à mon avis, les feux de forêt nous réservent un été vraiment infernal au Canada. Nous les voyons déjà dans toutes les provinces; nous les verrons à Terre-Neuve-et-Labrador et, bien sûr, en Colombie-Britannique et dans d'autres régions du pays.
Lorsque ces collectivités sont perdues, il est très difficile de remettre les choses en état ou de les améliorer dans un délai raisonnable. Les changements climatiques demeureront un facteur déterminant pour la subsistance et le bien-être de certaines de nos collectivités.
Merci.
:
Pour vous dire franchement, je travaille dans le domaine du bâtiment depuis 38 ans. Il y a des années, par l'entremise de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, la SCHL, il y avait une certaine formation pour le renforcement des capacités au sein des collectivités. Je sais que le chef Haymond en est au courant, lui aussi. Il y avait autrefois un programme d'inspection dans le cadre duquel les inspecteurs autochtones étaient parrainés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement. On nous a en fait retiré ce programme, ce qui est malheureux, car nous renforcions la capacité des inspections et des services dans toutes nos collectivités de sorte que les maisons étaient construites conformément au Code national du bâtiment et en tenant compte des répercussions des changements climatiques.
En fait, ce qui est arrivé, en supprimant tout ce service d'inspection et le renforcement des capacités... et la SCHL n'en a même pas la capacité. Pour vous dire franchement, la Société canadienne d'hypothèques et de logement était censée être l'expert en matière de logement au Canada. Comme le chef Haymond l'a mentionné, avec le budget qui s'en vient, vous n'arriverez jamais à répondre aux besoins. Par conséquent, il y a de graves problèmes dans les collectivités.
Cela dit, pour une raison quelconque, le gouvernement ne nous écoute pas. C'est très frustrant. Nous construisons des maisons dans certaines régions — peut-être pas nécessairement conformes au code du bâtiment —, mais nous avons perdu beaucoup d'expertise chez les Premières Nations. C'est seulement parce que le gouvernement fédéral ou la Société canadienne d'hypothèques et de logement ont voulu éviter leur part de responsabilité à l'égard de la formation des inspecteurs et des inspections qui s'ensuivraient. Honnêtement, je pense que nous avons fait un pas en arrière.
À l'heure actuelle, nous dépendons des inspecteurs municipaux dans bon nombre de nos régions...
:
Je pense que la solution et la réponse résident dans le fait que l'Assemblée des Premières Nations a fait énormément de travail au cours des dernières années pour cerner les besoins dans l'ensemble du pays. Ce que nous n'avons pas encore eu l'occasion de faire, c'est de nous asseoir avec le gouvernement pour discuter de la façon dont nous pouvons répondre à ces besoins, parce qu'il est certainement nécessaire de continuer à investir dans le logement social et abordable. Cependant, comme je l'ai dit tantôt, nous devons également tenir compte du fait qu'il y a d'autres aspects du logement qui, selon nous, nécessitent des investissements, et que l'accession à la propriété est un élément absolument essentiel de la discussion.
Il est essentiel que le gouvernement du Canada s'assoie avec les Premières Nations, que ce soit par l'entremise de l'Assemblée des Premières Nations ou qu'il invite les chefs, comme le chef du Traité no 6, à venir représenter ses électeurs et à travailler avec nous pour trouver une solution. De toute évidence, le gouvernement ne sera pas en mesure de fournir 135 milliards de dollars pour répondre à nos besoins en matière de logement. Nous avons donc besoin d'un mélange d'investissements publics et privés et, à un moment donné, il faudra absolument que les banques veuillent bien investir dans nos collectivités malgré leur aversion au risque que cela peut supposer. Les institutions financières autochtones sont prêtes à faire ce travail si les banques ne le font pas, mais nous devons avoir ce dialogue pour trouver une solution aux besoins globaux en matière de logement qui existent dans notre collectivité, des refuges à l'accession à la propriété, en passant par l'importance de la rénovation.
Je dois dire aussi qu'il ne s'agit pas seulement de logement. Si vous vous contentez de nous donner 135 milliards de dollars pour construire des logements, il y a quelque chose qui vous échappe dans notre dialogue, car il faut beaucoup d'infrastructures. L'aménagement de terrains, les usines de traitement de l'eau et d'épuration des eaux usées font tous partie de l'équation, alors nous avons besoin d'une approche exhaustive, et nous ne pouvons y arriver que par un dialogue direct et des discussions avec les ayants droit et les parties prenantes, comme les Premières Nations que nous sommes.
:
Yänonhchia' offre la possibilité de diversifier l'offre de logements aux Autochtones. À l'heure actuelle, la plupart des Premières Nations attendent notre allocation de financement de la Société canadienne d'hypothèques et de logement et de Services aux Autochtones Canada. Nous allons de l'avant et nous élaborons des plans de logement. Yänonhchia' allège le conseil de bande du fardeau de devoir garantir et gérer chaque prêt.
Vous savez, dans le monde non autochtone, les gens obtiennent des prêts hypothécaires en fonction de leur solvabilité. Cela n'existe pas dans les collectivités des Premières Nations. Nous avons de nombreux membres parfaitement solvables qui ont de la difficulté à obtenir une hypothèque dans une réserve. C'est peut-être parce que la bande n'a pas la capacité financière de garantir le niveau de prêt requis. Les options sont limitées, et nous avons besoin d'un éventail complet d'options.
Yänonhchia' permet à la personne d'être reconnue en fonction de sa solvabilité. Cette relation existe entre l'institution financière et le particulier. Le conseil de la bande joue un rôle mineur qui consiste simplement à voir à ce qu'il y ait un recours en place en cas de défaut de paiement — au Québec, il n'y en a pas eu un seul depuis toutes les années où nous gérons le programme.
Donc, oui, je suis d'accord pour dire que le monde est peu enclin à prendre des risques, mais je pense que le plus grand risque auquel nous sommes confrontés, c'est que nous continuons de faire la même chose sans arrêt. D'ici 5, 10 ou 15 ans, le vérificateur général reviendra signaler des résultats identiques.
Le plus grand risque, c'est de rester les bras croisés.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Tansi au grand chef du Traité no 6. Je suis heureux de vous voir, grand chef Thomas. J'espère que vous allez bien. Je suis vraiment jaloux que vous soyez dans le pays des Oilers en ce moment. Moi je dois me contenter de les encourager de loin, puisque je me trouve à Ottawa.
Cependant, je sais que nous avons d'importantes questions à régler, alors je vais m'adresser directement à vous, grand chef, simplement pour clarifier certains des renseignements accablants qui ont été présentés par la vérificatrice générale.
Je vais d'ailleurs citer son discours:
Il s'agit de la quatrième fois depuis 2003 que nous soulevons des problèmes liés au logement dans les collectivités des Premières Nations et, 20 ans plus tard, bon nombre de ces problèmes persistent. En dépit de ces audits, nous avons constaté que Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement avaient fait peu de progrès pour aider les Premières Nations à améliorer les conditions de logement dans leurs collectivités.
Nous entendons aussi très souvent à la Chambre, grand chef, qu'il y a une crise du logement, même si cette crise dure dans les collectivités des Premières Nations depuis longtemps. Pouvez-vous nous dire depuis combien de temps et de générations?
:
Eh bien, je vous dis bravo!
Je suis heureux de vous voir, monsieur Desjarlais. Du pays des Oilers, je souhaite que tout aille bien.
Oui, cela dure depuis des décennies. Je dirais honnêtement que c'est depuis la conception — ou dois‑je dire la déception — de notre traité. Je pense que les données recueillies par la SCHL et Services aux Autochtones Canada sont désuètes. Il me semble tout simplement que le système ne fonctionne pas du tout en ce qui concerne la responsabilité fiduciaire de la Couronne.
Je pense que la vraie solution consiste à trouver un financement durable et à améliorer le niveau de vie des gens quand il s'agit de bâtir des maisons, sans se contenter de reprendre le même modèle un peu partout. J'entends les autres ogemas — les autres chefs — qui ont comparu. Il y a aussi l'aspect des matériaux qui conviennent compte tenu des changements climatiques et de l'efficacité énergétique. Il y a tant à dire.
Je sais que nous ne réglerons pas tout cela aujourd'hui, mais je tiens à souligner que nous ne demandons pas la charité. Nous cherchons un moyen de collaborer et de donner des conseils d'un point de vue autochtone sur nos réalités, dont la construction de maisons de trois ou quatre chambres à coucher. En ce moment, il y a 14 personnes qui vivent là‑dedans. Ces maisons n'ont qu'une seule citerne, une fosse septique qui déborde et elles sont faites des matériaux les plus minables.
Même avec l'Initiative pour la création rapide de logements, je pense que beaucoup d'Autochtones se voient refuser ce financement. Pour moi, le fait que nous soyons à la table, que nous trouvions ensemble des solutions et que nous vous donnions un point de vue plus large au sujet du manque d'infrastructure... Même avec le financement des hypothèques dans les réserves, nous travaillons actuellement sur un modèle de location avec option d'achat au sein de notre nation. Pour régler la crise du logement dans ma nation, il faudrait un peu moins de 300 millions de dollars. Cela comprend 56 millions pour l'infrastructure. C'est à peine si ça faisait quelque chose pour atténuer notre crise du logement. Nous n'avons pas assez de terres. Il nous manque environ 486 maisons. La moitié du coût serait donc couvert.
Je ne songe pas exclusivement à ma nation comme grand chef du Traité no 6. De nombreuses nations sont isolées et n'ont ni la capacité ni les normes appropriées pour bâtir des maisons. Nous voulons contribuer. Oui, il y a peut-être une pénurie de gens de métier, mais comment allons-nous apprendre si nous n'avons pas la possibilité d'investir dans nos gens et d'apprendre ces métiers spécialisés? Nous voulons contribuer.
Il s'agit aussi de certaines maisons. Je vais simplement en parler, et je le ferai sans ambages. Certains modèles que la SCHL a mis en place — des maisons sur dalles accessibles aux personnes handicapées; des maisons qui ont des fondations en bois — sont tout simplement inacceptables. J'apprécie vraiment la conversation sur l'introduction d'un catalogue différent, mais je ne suis pas de ceux qui sont satisfaits du statu quo. Je veux vraiment être un catalyseur du changement et améliorer le niveau de vie des nôtres, parce que nous le méritons. Nous ne devrions pas vivre de la sorte.
On tourne en rond invariablement, ce qui ne mène nulle part. Au départ, je pense que si nous devions trouver un meilleur processus ou faire entendre notre voix, ce serait une contribution où... Nous devons nous y mettre nous aussi. Nous devons en payer une partie, dans une certaine mesure, et il y a une responsabilité fiduciaire de diversifier et de ne pas se laisser guider par des données périmées.
Le système est défectueux. Si on veut régler le problème, il s'agit de se retrousser les manches.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
Comme je viens de Miramichi—Grand Lake, au Nouveau-Brunswick, et que je vis dans la région ancestrale micmaque, je préférerais que le chef Mitchell ou le chef Peters répondent aux questions, mais je suis également ouvert à ce que quelqu'un d'autre réponde à la même question.
Il est malheureux que le sujet d'aujourd'hui soit la façon dont Services aux Autochtones Canada et la SCHL ont mal géré les conditions de logement dans les collectivités des Premières Nations.
En ma qualité d'ancien ministre des Affaires autochtones du Nouveau-Brunswick, comme vous pouvez l'imaginer, j'ai vu cela de près pendant environ deux ans lorsque j'étais ministre.
Je vais répéter ce que j'ai dit à la vérificatrice générale lorsqu'elle a présenté ses premiers rapports sur le logement dans les collectivités des Premières Nations, et je vais commenter le travail de la première vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser.
Dans son discours d'adieu, Mme Fraser a également critiqué l'absence vraiment choquante d'améliorations dans les réserves autochtones et a déclaré: « Il est assez tragique de constater qu'il y a une population dans ce pays qui n'a pas le genre de services de base que les Canadiens tiennent pour acquis. »
Le récent rapport du Bureau du vérificateur général, intitulé Le logement dans les collectivités des Premières Nations, présente beaucoup de similitudes avec les observations de l'ancienne vérificatrice, Mme Fraser. Il est très malheureux de constater l'absence totale de progrès au cours des neuf dernières années.
Selon le Bureau du vérificateur général, Services aux Autochtones Canada et la SCHL n'ont pas de stratégie pour aider les Premières Nations à combler l'écart en matière de logement d'ici 2030. Pire encore, selon le Bureau, l'écart en matière de logement ne cessera de se creuser.
Je pense à quelque chose ici aujourd'hui, et je vais le mentionner, parce que je crois que c'est important. Avec tout ce qui vient d'être dit, nous parlons beaucoup du logement et de l'accession à la propriété et du fait qu'à l'avenir, les jeunes Canadiens, en général, auront beaucoup de mal à devenir propriétaires de leur première maison. Même si nous ne sommes pas ici pour débattre de la Loi sur les Indiens et qu'il pourrait y avoir des aspects positifs et négatifs de cette loi, je tiens à dire ceci. Nous oublions parfois que les Premières Nations et les peuples autochtones sont essentiellement privés d'un sentiment de fierté et d'accomplissement qui accompagne l'accession à la propriété, et ce, en raison de certains articles de cette loi. Même si cela ne s'applique pas à tous les Autochtones aujourd'hui, ils demeurent nombreux, comme j'ai pu déduire des délibérations antérieures.
J'aimerais connaître votre opinion. Je peux imaginer comment nous en sommes arrivés là. Nous parlons toujours de renforcer les capacités. Je me souviens d'une situation dans une communauté micmaque du Nouveau-Brunswick que j'ai visitée à la demande de son chef. J'ai trouvé une maison pleine de moisissures, et il y avait 16 ou 17 personnes qui y vivaient. Tout d'abord, il n'y aurait jamais dû avoir autant de gens. La maison était mal ventilée. C'était de la moisissure noire. Comme je suis asthmatique, je m'en suis tout de suite aperçu, car je pouvais à peine respirer.
Le chef de la collectivité et la bande de l'époque n'avaient pas les moyens de régler le problème de la moisissure. D'après ce que j'ai compris, il y avait beaucoup plus de problèmes que ceux que j'avais constatés de première main. La famille qui vivait dans ce logement n'avait pas non plus de quoi régler le problème. Il y avait un sous-sol en bois sous cette maison, comme quelqu'un l'a dit plus tôt. La maison n'avait probablement que 30 ans, mais elle était littéralement en train de s'écrouler.
Si vous me permettez de commencer, la vérificatrice générale a indiqué dans son rapport que la moisissure était l'un des principaux problèmes, selon elle, mais nous savons que dans nos collectivités partout au pays, particulièrement dans le Nord et dans les collectivités éloignées, la moisissure est toujours un problème avec lequel les gens doivent composer chaque jour. Cela a une incidence sur leur vie et leur système respiratoire. Comme vous l'avez mentionné, vous êtes asthmatique et vous l'avez ressenti dès que vous êtes entré dans cette maison.
C'est un problème fondamental qui doit être réglé. Je n'ai pas l'impression qu'on s'en est occupé autant qu'il l'aurait fallu.
Que faudra‑t‑il pour régler ce problème? Eh bien, il faudra d'abord que les dirigeants communautaires prennent la parole. Il faudra un plan de collaboration entre la collectivité et les autres — gouvernement provincial, fédéral ou autre — pour essayer de corriger la situation.
C'est un problème, comme vous l'avez mentionné, et il ne va pas disparaître. La situation ne s'est pas améliorée. Au contraire, elle a peut-être empiré. La situation s'est détériorée au cours de la dernière décennie, disons, au lieu de s'améliorer dans l'ensemble.
Encore une fois, cela fait partie du problème global de logement que nous avons dans les collectivités autochtones du pays. Il y a beaucoup de travail à faire dans ce domaine.
:
Je peux intervenir. J'ai quelques points importants à soulever.
Yänonhchia' est le résultat d'une réflexion des membres de la communauté de Wendake qui, il y a de nombreuses années, ont constaté que le financement du logement social ne répondait pas à leurs besoins. Ils ont commencé à chercher une nouvelle solution et en ont créé une. En raison des restrictions de la Loi sur les Indiens, ils ont dû utiliser des ressources internes. Ils ont choisi d'avoir recours à l'institution financière autochtone, le réseau de l'Association nationale des sociétés autochtones de financement, ou l'ANSAF, comme mécanisme pour offrir des logements au Québec.
Le financement du logement assuré par Yänonhchia' s'appuie sur un réseau d'institutions financières autochtones expérimentées. Le logement à l'extérieur des réserves est l'un des plus importants moteurs économiques du Canada, et Yänonhchia' propose d'en faire une réalité dans les réserves également. L'augmentation des activités de construction et de rénovation liées à l'accession à la propriété procurera d'importants avantages économiques aux Premières Nations.
Comme je l'ai déjà mentionné, en raison des restrictions de la Loi sur les Indiens, Yänonhchia' est différent des autres programmes de prêts. Il s'appuie sur la solidité financière et la situation de crédit des particuliers pour financer le logement, sans que la Première Nation ou le gouvernement, par l'entremise du Programme de garanties d'emprunt ministérielles de Services aux Autochtones Canada, doive garantir ces prêts.
Ce n'est pas la solution à tout. Comme je l'ai mentionné plus tôt, compte tenu du niveau actuel de financement, probablement 60 % de nos besoins en matière de logement ne sont actuellement pas comblés au moyen d'un financement gouvernemental. Nous croyons que, grâce à la collaboration avec Yänonhchia' et à l'accession à la propriété, plus de 20 % de nos besoins en matière de logement peuvent être satisfaits.
Le succès que nous avons obtenu au Québec l'a été sans financement gouvernemental. Il est le résultat de la vente d'obligations et de l'épargne personnelle des gens, en plus de l'aide de fondations privées comme McConnell, qui ont investi de l'argent — 28 millions de dollars au total — avec les Premières Nations, afin que nous puissions offrir ce programme à nos membres dans les réserves.
:
Merci, monsieur le président.
On parle souvent de vérité et réconciliation.
Pour ce qui est de l'aspect lié à la vérité, ce que je vois quand je lis le rapport de la vérificatrice générale, c'est que Services aux Autochtones Canada reconnaît les besoins en matière de logement des Premières Nations et que, selon les chiffres de l'Assemblée des Premières Nations, il y a un manque à gagner de 44 milliards de dollars. C'est la somme qu'il faudrait pour construire 55 320 nouveaux logements afin de répondre à la surpopulation, pour construire 78 000 nouveaux logements destinés aux personnes qui retournent dans les collectivités, pour réparer plus de 80 000 logements existants et pour viabiliser 112 000 nouveaux terrains. Voilà ce qui en est pour la vérité.
Ensuite, pour qu'il y ait réconciliation, il faut au minimum qu'il y ait un dialogue, évidemment.
Chef Haymond, quel est l'état du dialogue avec le gouvernement fédéral, en ce moment, sur les questions relatives au logement?
:
Merci, monsieur le président.
Par votre entremise, monsieur le président, je remercie les témoins de s'être joints à nous aujourd'hui pour cette conversation.
J'aimerais parler d'une partie du rapport de la vérificatrice générale qui me préoccupe. Il en a été question à quelques reprises.
On peut y lire ce qui suit:
Les petites collectivités ayant les pires conditions de logement avaient reçu moins de financement ciblé, de 2018‑2019 à 2022‑2023, que les petites collectivités ayant de meilleures conditions de logement.
Cela est évidemment le contraire de ce à quoi on s'attendrait, c'est‑à‑dire que les collectivités ayant les plus grands besoins soient ciblées au chapitre du financement. De toute évidence, c'est préoccupant, et je pense que la plupart des gens seront d'accord avec moi.
Ce que j'ai trouvé tout aussi préoccupant, c'est que la SCHL et Services aux Autochtones Canada n'ont reconnu que partiellement cette préoccupation.
À l'époque, la vérificatrice générale avait dit:
Nous sommes préoccupés par le fait que Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement n'ont accepté qu'en partie notre recommandation de collaborer avec les collectivités ayant les pires conditions de logement pour s'assurer qu'elles reçoivent l'aide dont elles ont besoin afin d'améliorer leurs conditions de logement.
La sous-ministre de l'époque avait mentionné que la recommandation de la vérificatrice générale n'était acceptée que partiellement en raison d'un désaccord concernant la méthodologie utilisée par cette dernière pour en arriver à cette conclusion. Nous pouvons ergoter sur la méthodologie tant que nous voulons, mais la réalité est que c'est ce qui se passe sur le terrain.
Je veux poser la question à tous les témoins, mais je vais commencer par le chef Mitchell et le chef Haymond, qui sont dans la salle.
Tout d'abord, pouvez-vous confirmer que ce que vous constatez sur le terrain, c'est que le financement dont nous parlons pour les collectivités autochtones qui en ont le plus besoin ne se rend pas à elles? Que devrions-nous faire? Ne devrions-nous pas insister pour que la SCHL et Services aux Autochtones Canada remédient à la situation, plutôt que de discuter de la méthodologie de la vérificatrice générale?
Je pose la question aux quatre témoins.
:
C'est une très bonne question.
Je pense qu'il faut le faire d'une façon qui reconnaît qu'il n'y a pas de solution ou de situation parfaite. À l'heure actuelle, nous n'avons pas accès au financement conventionnel par l'entremise des banques, à moins d'être en mesure de garantir les prêts obtenus. Nous avons besoin de nouvelles possibilités et de nouvelles initiatives qui éliminent certaines des préoccupations et certains des risques.
Franchement, j'ai du mal à répondre à cette question, parce que je connais beaucoup de gens qui, toutes choses étant égales par ailleurs, obtiendraient une hypothèque s'ils en faisaient la demande hors réserve, en fonction de leur situation de crédit, de leurs antécédents de crédit et de leur capacité de rembourser. La même personne qui demande une hypothèque dans une réserve peut ne pas être admissible à cette hypothèque en raison du risque que la banque ou l'institution financière ne puisse pas venir saisir la propriété. Grâce à des initiatives comme Yänonhchia' et à des ententes partites, nous trouvons des façons pour que le terrain et l'unité soient toujours détenus en garantie, la relation demeurant entre l'institution financière et la personne qui a la solvabilité nécessaire pour obtenir l'hypothèque.
Il s'agit d'être prêt à prendre les risques que les institutions financières ne prendront pas. C'est pourquoi je dis que le réseau de l'ANSAF et les institutions financières autochtones jouent un rôle essentiel. Elles vont faire des affaires et elles vont prendre les risques que les banques conventionnelles ne prennent pas. Au bout du compte, nous croyons en notre peuple. Tous les profits générés par des initiatives comme Yänonhchia' seront immédiatement réinvestis dans de nouveaux prêts et de nouvelles hypothèques, afin que plus de membres de notre collectivité puissent en profiter.
Oui, le risque est un gros problème. J'espère que grâce au travail que nous faisons et à l'éducation des institutions financières et du gouvernement, le risque lié aux prêts hypothécaires consentis dans les réserves ne sera pas plus grand que celui des prêts hypothécaires consentis à des Canadiens non autochtones hors réserve.
Nous méritons, et nous devrions avoir, les mêmes outils et accès au logement que les Canadiens non autochtones hors réserve.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme pour mes premières questions, je vais commencer par les participants dans la salle, et j'inviterais les gens en ligne qui ont quelque chose à dire à ne pas hésiter à intervenir.
Le rapport mentionnait que le gouvernement n'avait pas reçu l'assurance que tous les logements construits sur les terres des Premières Nations ou réparés avec des fonds fédéraux respectaient les normes de construction pertinentes. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que cela ne serait acceptable nulle part ailleurs au pays, et que cela ne devrait pas l'être non plus pour les Premières Nations, mais c'est ce que la vérificatrice générale a constaté.
Par simple curiosité, est‑ce que cela pourrait être attribuable à la difficulté pour un inspecteur ou quelqu'un d'autre de se rendre dans les Premières Nations pour faire ce travail, ou est‑ce simplement de la négligence de la part du gouvernement?
Chef Haymond, si je peux commencer par vous, avez-vous des commentaires à ce sujet?
:
Les services d'inspection et l'assurance que les logements sont construits conformément au Code national du bâtiment sont des principes de base pour nous, les Premières Nations.
Cela dépend de la région d'où vous venez et des capacités que vous avez. Je viens du Québec où, heureusement, nous avons des conseils tribaux forts. Les collectivités comme la mienne, qui sont petites et qui n'auraient pas nécessairement les ressources financières nécessaires pour embaucher toute l'expertise dont nous avons besoin en matière de logement, sont en mesure de mettre en commun leurs ressources et de les faire administrer par un conseil tribal. Nous avons des ingénieurs, des architectes et des inspecteurs de la construction qui travaillent avec nos collectivités et qui les soutiennent pour veiller à ce que nos unités soient construites conformément au Code national du bâtiment.
C'est essentiel, car, au bout du compte, les besoins en matière de logement sont si grands dans nos collectivités que nous devons construire des logements de qualité qui dureront 25 ans. Autrement, 10 ou 15 ans plus tard, lorsque sa maison sera condamnée, une famille viendra soudainement s'ajouter à la liste des gens ayant des besoins, ces derniers étant constamment en augmentation.
Je pense que cela dépend vraiment de la province, de la région et du secteur de compétence. L'un des éléments clés dont nous devons nous assurer, pour être en mesure de respecter le Code national du bâtiment, c'est d'avoir les ressources financières nécessaires pour construire ces unités et, qui plus est, pour offrir les services de soutien technique.
:
Lorsqu'il est question d'élaboration conjointe, je pense que cela signifie que tout le monde travaille ensemble. J'ai participé à cette discussion dès le départ.
L'une des premières choses dont j'ai parlé, c'est de l'engagement véritable des deux parties, le conseil tribal et SAC. La SCHL a également participé à certaines des discussions.
Les choses semblent bien aller, mais prendre plus de temps. Nous avons l'impression que les parties changent constamment de l'autre côté de la table à mesure que nous avançons. La situation progresse, mais lentement. Je suis toujours très préoccupé par les délais et le non-respect des échéanciers.
Essentiellement, nous accusons toujours du retard. Je veux m'assurer que l'engagement est maintenu et que les choses continuent de progresser.
Comme vous le savez, la Confédération des Mi'kmaq continentaux représente huit collectivités ici en Nouvelle-Écosse. Il faut aussi s'assurer que les dirigeants sont bien au courant de la façon dont tout cela fonctionne et des personnes qui participent au processus.
Cela fonctionne, mais c'est très lent. La confiance est-elle là? Eh bien, quand les choses vont si lentement, les dirigeants essaient de comprendre ce qui se passe et pourquoi les choses ne vont pas plus vite.
Il y a un engagement. Je continuerai toujours d'essayer d'obtenir un engagement. Les choses avancent, mais pas aussi vite que nous le voudrions.
:
Merci, monsieur le président.
J'en profite pour remercier tous les témoins d'être venus nous parler aujourd'hui d'une situation très importante. Je rappelle que le logement n'est pas un privilège, mais bien un droit. C'est notre devoir à nous, en tant que parlementaires, de nous assurer que le problème du logement pour les Autochtones sera réglé le plus rapidement possible.
Nous avons eu l'occasion d'entendre beaucoup parler du programme Yänonhchia'. C'est un très bel exemple de programme qu'il faut pousser.
Je rappelle un autre élément qui est très problématique et dont nous parlons aujourd'hui. Malgré les milliards de dollars qui ont été investis, aucune amélioration n'a été constatée en neuf ans. La situation est toujours aussi lamentable.
Fondamentalement, la question que je veux vous poser, monsieur Haymond, a trait à l'approche.
L'une des raisons pour lesquelles Yänonhchia' fonctionne et est un modèle, selon moi, c'est justement qu'on donne aux Autochtones une certaine autonomie, une autodétermination qui leur permet de construire et de financer leurs propres maisons sans passer par des institutions financières qui ne comprennent pas les réalités des réserves autochtones. Ce genre d'exemple devrait servir en particulier au gouvernement fédéral, qui continue à utiliser une méthode que je considère comme néocoloniale et qui se traduit par la construction de logements par le fédéral, comme si les Autochtones n'étaient pas capables de le faire eux-mêmes.
Pouvez-vous nous dire comment Yänonhchia' s'inscrit dans ce paradigme où les Autochtones peuvent s'organiser eux-mêmes, non seulement sur le plan du financement et du capital, comme vous l'avez bien dit, mais aussi en matière de ressources humaines, notamment?
:
Je pense que nous aurions toute la capacité nécessaire pour gérer toutes nos affaires du début à la fin si nous en avions l'occasion. Nous avons passé beaucoup de temps au cours des dernières années à renforcer nos capacités à différents niveaux. Comme je l'ai mentionné, nous travaillons à l'extérieur de nos collectivités pour que nos membres comprennent l'importance d'une cote de crédit et que leur accès au crédit constitue une option viable pour l'avenir.
Nous les renseignons également au sujet de la propriété et des responsabilités qui accompagnent le fait d'être propriétaire. Nous travaillons avec les institutions. Nous travaillons avec nos conseils tribaux de différentes façons pour renforcer les capacités dont nos collectivités ont besoin. Nous pouvons avoir des conversations sur la prise en charge, la responsabilité et le contrôle. Au Québec, nous travaillons à une stratégie qui porte vraiment là‑dessus. Il faut d'abord renforcer les capacités à tous les niveaux.
Nous examinons aussi les différentes options de financement de façon innovatrice, ce qui correspond exactement au travail que nous faisons à Yänonhchia'.
Enfin, nous savons que le gouvernement veut cesser d'offrir des programmes et des services à nos collectivités. Ils appellent cela le transfert des responsabilités. C'est un mot tabou pour nous. Ce que nous aimerions vraiment, c'est prendre en charge un programme, en assumer la responsabilité et en assurer le contrôle, plutôt que de nous le faire imposer.
Le président: Merci. Je soupçonne...
Le chef Lance Haymond: Je pense que nous avons la capacité de faire cela nous-mêmes.
:
Exactement. Je ne paie pas ces gens le gros prix pour rien. Je plaisante, évidemment.
J'aimerais insister sur le fait que, en ce qui concerne l'avoir des propriétaires dans les réserves, il y a beaucoup de banques qui ne nous permettent pas d'être financés par l'intermédiaire des prêts hypothécaires conventionnels. Nos membres ont la possibilité de construire des maisons en vertu de l'article 10, mais au bout du compte, nous ne pouvons pas obtenir de valeur nette de ces maisons non plus. Je pense que l'une des choses qui seraient vraiment utiles serait un mécanisme de rapport à l'agence d'évaluation du crédit pour nos membres qui vivent dans les réserves, afin qu'ils puissent se qualifier pour pouvoir éventuellement se payer une maison à l'extérieur des réserves.
Je pense que le fardeau nous incombe dans un domaine également, soit celui du code du bâtiment. C'est prévu dans le Traité no 6. Beaucoup de constructeurs d'habitations qui viennent chez nous n'offrent même pas de garanties, et c'est quelque chose que nous devons améliorer. Nous avons besoin d'une meilleure norme. C'est un élément clé.
Je pense que nous devons envisager un mécanisme de financement quelconque pour travailler avec toutes les banques au Canada, afin que nos générations actuelles et futures puissent avoir une maison. C'est un droit issu des traités et un droit de la personne. J'apprécie vraiment que la ministre parle du fond du cœur, parce que c'était l'intention de notre traité. Si nous ne faisons rien maintenant, jusqu'à quand faudra‑t‑il attendre?
Nous rédigerons un mémoire. Nous allons peut-être établir une sorte de modèle pour le Traité no 6 et peut-être pour l'île de la Tortue. Je félicite également les chefs pour le travail qu'ils ont fait. Au bout du compte, c'est pour cela que nous sommes ici: pour travailler.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité reprend l'examen du deuxième rapport de 2024 de la vérificatrice générale du Canada. Tiré des rapports 2 à 4 de 2024 et intitulé « Le logement dans les collectivités des Premières Nations », ce rapport a été renvoyé au Comité le mardi 19 mars 2024.
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre témoin, qui se joint à nous virtuellement. M. Michael Wernick est titulaire de la chaire Jarislowsky sur la gestion du secteur public à l'Université d'Ottawa.
M. Wernick a indiqué qu'il n'avait pas de déclaration préliminaire. Nous allons donc passer aux questions.
Je souligne, bien sûr, que M. Wernick est un ancien sous-ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien et qu'il a également été greffier du Conseil privé.
Monsieur Wernick, nous pensions que vous seriez un témoin idéal pour venir nous parler de cette question. Je suis certain que vous savez très bien, d'après les rapports de la vérificatrice générale, que c'est une question qui a miné plusieurs gouvernements pendant de très nombreuses années. Nous aimerions que vous nous expliquiez pourquoi il en est ainsi et que vous nous fassiez des suggestions ou nous donniez des indices sur les réformes qui pourraient fournir des solutions et offrir un éclairage.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, par votre entremise, je remercie M. Wernick de s'être joint à nous de façon virtuelle cet après-midi pour discuter du rapport de la vérificatrice générale.
De toute évidence, si je me fie à votre expérience, vous avez œuvré au Bureau du Conseil privé et au ministère qui s'appelait à l'époque Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, où vous étiez sous-ministre, pendant à peu près une quinzaine d'années. J'aimerais commencer par parler de votre expérience à titre de greffier du Conseil privé et d'une expression qui est devenue populaire au gouvernement, « résultologie ».
À l'époque, je crois que bon nombre d'entre nous considéraient la résultologie comme un slogan qui ne signifiait pas grand-chose. Avec le recul, il y a eu un article dans le Globe and Mail de mars 2020 où on pouvait lire que pour quiconque a travaillé au gouvernement, tout le concept de la « résultologie » a été associé à la théorie de l'administration réchauffée reformulée par d'anciens bureaucrates devenus consultants qui cherchaient à monétiser leurs connaissances internes de la fonction publique.
Je suppose que cela peut décrire M. Matthew Mendelsohn, qui a pris l'initiative à cet égard au sein du gouvernement.
De toute évidence, c'est M. Mendelsohn qui a rédigé le programme du Parti libéral en 2015, puis qui a été transféré au Bureau du Conseil privé. Personnellement, je pense qu'il est préoccupant, du point de vue de la partisanerie, de faire venir une personne qui a des liens clairs avec le parti au pouvoir, mais je vais en rester là et me concentrer précisément sur le concept de la résultologie pour l'instant.
À un moment donné, il y a eu un suivi de la lettre de mandat concernant l'engagement à l'égard des peuples autochtones. Lorsque le système de suivi a été abandonné, environ la moitié des données étaient incomplètes, mais vous étiez un ardent défenseur de cette idée de résultologie. J'ai vu une citation dans un article de la CBC, selon laquelle vous avez dit: « Vous devriez essayer de trouver des façons de mesurer si vous réussissez ou non. C'est une très bonne discipline, je pense, et cela mènera à un meilleur gouvernement ».
De plus, dans un discours que vous avez prononcé en octobre 2018, vous avez dit: « L'enjeu est de taille pour bien faire les choses. La confiance sera également mise à l'épreuve au cours d'une année électorale où nous aurons amplement l'occasion de communiquer avec les Canadiens au sujet des politiques, des lois, des programmes et des services. Les principes fondamentaux de la résultologie y sont au cœur. »
Je sais que c'est un long préambule, mais j'y arrive.
J'aimerais parler plus précisément de la résultologie en ce qui concerne Affaires autochtones et du Nord Canada. Dans un rapport de vérification interne d'Affaires autochtones et du Nord Canada de 2017, on lit: « Reconnaissant que la transition représente une occasion unique pour AANC d'améliorer l'efficacité de sa mesure du rendement et renforcer une culture de la mesure du rendement au sein du ministère, la haute direction a pris certaines mesures pour appuyer la transition vers la Politique sur les résultats et de l'adoption de la “résultologie”. »
Tout ce long préambule pour vous demander si vous êtes d'accord pour dire que la résultologie n'a pas donné de résultats dans ce cas‑ci, surtout en ce qui concerne le logement des Premières Nations. Toute cette insistance sur la résultologie, toute cette insistance sur la recherche de résultats, semble avoir été de beaux discours, alors qu'en réalité, rien n'a été réalisé. Quand nous nous concentrons sur un commentaire comme celui‑ci de la part d'Affaires autochtones et du Nord Canada, sur cette transition, mais que nous voyons résultats après résultats après résultats en 20 ans — nous parlons de 20 ans et de l'absence de résultats pour le logement des Premières Nations —, ne diriez-vous pas que c'était, dans un sens, trois ou quatre années perdues, au cours desquelles nous nous sommes concentrés sur la résultologie, mais n'avons rien accompli?
Je vais vous demander de répondre à mon long préambule.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Wernick. Nous nous rencontrons de nouveau après de nombreuses années et dans des circonstances tout aussi chaudes, je dirais.
Je suis très intriguée par vos antécédents de collaboration avec différents gouvernements, etc. Je veux vraiment parler de logement et de l'incidence des changements climatiques sur les communautés autochtones, en particulier en ce qui concerne le logement.
Vous pouvez peut-être nous guider, compte tenu de votre vaste expérience en la matière.
Quels étaient les plus grands défis à relever pour combler l'écart en matière de logement chez les Premières Nations quand vous étiez le sous-ministre chargé du dossier?
Pensez-vous que ces problèmes sont encore bien présents aujourd'hui? Que pouvons-nous faire pour les éradiquer?
:
Je pense que les principes fondamentaux qui sous-tendent cette question sont les mêmes que ceux de mes prédécesseurs. Ce sont les mêmes que ceux de mes successeurs. Les principes fondamentaux sont brisés. Tant que le Parlement n'aura pas modifié les lois et les structures, le ministère pédale dans le vide, essayant d'obtenir des résultats avec une très mauvaise trousse d'outils.
Si vous en passez quelques-uns en revue, je veux dire, pour la population vivant dans les réserves, qui représente environ la moitié des Autochtones canadiens, la configuration est le régime foncier communal et le logement social. C'est ce que certains ont appelé l'économie socialiste et les résultats socialistes, mais je ne veux pas faire de politique.
À cause de la Loi sur les Indiens, tout est une solution de rechange. C'est une solution de rechange au régime foncier. C'est une solution de rechange pour les hypothèques, dont vous avez entendu parler, parce que vous ne pouvez pas offrir le même genre de garantie hypothécaire. C'est une solution de rechange pour l'occupation assurée, qu'on appelle les certificats de possession. Il n'y a presque pas de marché de l'assurance privée. Il n'y a presque pas de secteur privé qui construit et gère des propriétés. Il y a très peu d'habitations à logements multiples. Ce sont presque tous des logements unifamiliaux. Il n'y a presque pas d'accès aux marchés financiers.
Vous savez, le message que je vous lance, à vous et à la vérificatrice générale, c'est qu'il n'y aura jamais assez d'argent des contribuables pour arriver là où vous voulez aller. Il faut puiser dans les marchés financiers, comme le reste des Canadiens.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Wernick, vous avez été sous-ministre d'Affaires autochtones et du Nord Canada de mai 2006 à juillet 2014. Ce rapport de la vérificatrice générale ainsi que des rapports précédents ont démontré qu'il y avait eu très peu d'amélioration, sinon aucune, en matière de logement dans les communautés autochtones à l'époque où vous étiez sous-ministre.
Vous avez ensuite été greffier du Conseil privé de 2016 à 2019. Le rapport de la vérificatrice générale qui vient de paraître et qui est à l'étude aujourd'hui indique qu'il n'y a eu que très peu d'amélioration, voire une détérioration de la situation en matière de logements. Pensons notamment à ceux qui nécessitaient des réparations majeures.
Pourtant, des milliards de dollars ont été investis.
Vous avez été greffier du Conseil privé. Ne pensez-vous pas qu'il y aurait des leçons importantes à tirer, entre autres à ce comité, quant aux démarches à entreprendre aujourd'hui pour résoudre ce problème? Celui-ci découle probablement, encore une fois, d'une erreur dans la démarche du gouvernement fédéral ou dans sa vision des Autochtones.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Wernick, de votre présence aujourd'hui.
Vous avez eu une longue carrière. Je suis certain que vous avez subi des attaques de la part de tous les partis, surtout que vous êtes un ancien membre du Conseil privé.
Vous avez la réputation, en territoire autochtone, d'être quelqu'un qui a largement contribué à maintenir les problèmes persistants qui affligent les collectivités autochtones aujourd'hui. Dans sa déclaration préliminaire sur ce rapport, la vérificatrice générale a dit que c'était la quatrième fois depuis 2003 que nous soulevions des préoccupations au sujet du logement dans les collectivités des Premières Nations, et 20 ans plus tard, bon nombre de ces préoccupations persistent. Malgré ces vérifications, nous constatons que Services aux Autochtones Canada et la Société canadienne d'hypothèques et de logement ont fait « peu de progrès » pour aider les Premières Nations à améliorer les conditions de logement dans leurs communautés.
Quelle est votre responsabilité à cet égard?
:
Eh bien, je pense que le logement et l'infrastructure vont de pair. Vous avez besoin de terres. Il faut avoir des terrains viabilisés, donc il faut de l'eau, des réseaux d'eaux usées, de l'électricité, Internet et tout ce qui convertit des terres en terrains viabilisés. Il faut ensuite construire des logements, qu'il s'agisse de logements unifamiliaux ou de logements collectifs. Il s'agit des terres, de l'infrastructure et du logement.
Si vous faites cela sur une base entièrement monétaire, au départ — ce que doit faire le ministère des Services aux Autochtones avec ce qu'il reçoit du ministre des Finances —, votre action est limitée. Il faut un algorithme ou une formule de financement pour répartir les ressources limitées entre un grand nombre de postes. L'infrastructure du logement n'est qu'un poste parmi d'autres.
Lorsque j'y travaillais, il y avait un plafond — le fameux plafonnement de 2 % du prix et l'indexation du volume qui couvraient tout. Les services à l'enfance et à la famille, l'aide au revenu, l'éducation, l'éducation postsecondaire, le logement et l'infrastructure ont tous été plafonnés par une indexation du programme de 2 % instaurée par Paul Martin et maintenue pendant 15 ans par les ministres des Finances. Elle a été levée par le gouvernement actuel, et les dépenses pour ces services ont presque triplé.
Cependant, si les résultats ne s'améliorent pas assez rapidement, force est de penser qu'il manque autre chose. Je dirais — et cela ne va pas vous plaire non plus — que vous n'obtiendrez pas ce que vous voulez avec le modèle du ministère, qui promeut des accords de contribution auprès des Premières Nations. Ce n'est pas la trousse d'outils adéquate pour créer des logements et des infrastructures.
:
En fait, très peu de ces fonds restent au ministère. La somme colossale d'argent que vous allouez aux ministères est versée sous forme de paiements de transfert aux collectivités des Premières Nations, aux conseils tribaux et à d'autres entités et organismes de service. Vous trouverez ces renseignements dans l'InfoBase du GC, sous Subventions et contributions.
Un accord de contribution consiste à dire: « Voici de l'argent — faites un rapport pour expliquer ce que vous en avez fait. » Les vérificateurs généraux et les comités des comptes publics précédents ont fait des observations et des critiques sur la confiance excessive à l'égard des accords de contribution. La seule véritable façon d'obtenir des données et de changer les résultats est d'inclure beaucoup de conditions dans les accords de contribution. C'est notamment ce que veut dire Sheila Fraser quand elle souligne qu'il n'y a pas de base législative.
Vous connaissez d'autres programmes, comme la pension de vieillesse, l'assurance-chômage, les prêts aux étudiants, etc., où l'admissibilité et la formule sont définies dans la loi et le libellé législatif. Il n'y en a presque pas lorsqu'il s'agit des Premières Nations. J'ai passé beaucoup de temps à travailler à la législation sur l'éducation des Premières Nations. Malheureusement, nous n'en avons toujours pas. Nous avons maintenant une loi sur les services à l'enfance et à la famille des Premières Nations, mais des mesures législatives sont nécessaires dans d'autres domaines.
Comme je l'ai dit, je pense que vous êtes aux prises avec une augmentation de la population et des coûts. Le coût des salaires des enseignants et ce qu'il faut verser aux commissions scolaires locales pour payer les frais de scolarité des enfants des Premières Nations qui vont à l'école à l'extérieur des réserves... Tous les coûts augmentent, de même que la population, de sorte qu'il faudra toujours plus d'argent pour obtenir des résultats.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens également à remercier M. Wernick d'être ici aujourd'hui pour contribuer à l'étude que nous faisons sur le rapport de la vérificatrice générale sur le logement.
J'aimerais revenir au sujet que vous avez évoqué dans votre déclaration préliminaire et que quelques-uns de mes collègues ont soulevé, à savoir la Loi sur les Indiens et la nécessité de s'en écarter.
Je suis tout à fait d'accord pour dire que si nous pouvions le faire, les collectivités autochtones en profiteraient grandement. Je dirais aussi que j'ai été un peu alarmé lorsque mon collègue, M. Stewart, a parlé des aspects positifs de cette loi, alors que nous savons qu'il s'agit d'une loi qui, de par sa nature même, est raciste et traite les Autochtones comme des pupilles de l'État. Elle comporte de nombreux obstacles à la construction de logements et au développement économique, entre autres.
Fixer un délai de 10 ans est un énorme défi. Comme vous l'avez mentionné, il y a 630 collectivités autochtones au pays. Bien que des progrès aient été réalisés dans le cadre des traités modernes, des ententes d'autonomie gouvernementale et d'autres ententes, il est extrêmement difficile d'aller de l'avant, parce que chaque collectivité autochtone est distincte.
Comment recommanderiez-vous au gouvernement ou aux gouvernements futurs d'aller de l'avant pour accélérer l'autodétermination et l'autonomie gouvernementale des nations?
:
Évidemment, cela doit se faire en partenariat, en cheminant ensemble. Je ne veux pas donner l'impression que cela devrait être fait unilatéralement par le Parlement du Canada, quel que soit son bord. La prochaine législature commencera en 2026, je pense, et après tout ce temps, nous ne pouvons pas continuer à blâmer la Loi sur les Indiens, la contourner et ne pas se rendre à l'évidence que ce logiciel a fait son temps et que nous devons passer à autre chose.
Apparemment, le prochain gouvernement va abolir la Banque de l'infrastructure du Canada et abandonner son portefeuille de prêts, alors je pense qu'il y a là une occasion de réunir le logement et l'infrastructure. Je conseille à tous vos comités électoraux d'inscrire dans leur plateforme un remaniement complet des rouages du gouvernement fédéral dans ce domaine. Il faut fusionner tous les programmes de logement et d'infrastructure. Retirez le logement des Services aux Autochtones. Retirez le logement de la SCHL. Ajoutez-les au portefeuille autochtone de la Banque de l'infrastructure du Canada et créez une société d'État qui s'occupera du logement et de l'infrastructure des Premières Nations de façon très professionnelle, en accord avec notre époque et avec l'année 2026, en quelque sorte.
Vous pourriez lui donner tous les outils dont dispose une entreprise du secteur privé comme Brookfield. Vous pourriez y nommer un conseil de gestion, un véritable conseil d'administration chargé de demander des comptes au personnel et aux cadres. Vous pourriez vous assurer que la majorité des membres de ce conseil sont nommés par les Premières Nations. Vous pourriez confier à cette société une fonction d'inspection.
L'un des problèmes, c'est qu'il n'y a tout simplement pas assez de gens, et si vous adoptez des codes du bâtiment et des codes de prévention des incendies applicables, vous avez besoin d'un service d'inspection. Si vous réunissiez tous ces éléments et qu'il pouvait y avoir des partenariats avec les marchés financiers et les entreprises du secteur privé, je pense que vous pourriez faire quelque chose. Si nous continuons d'investir dans les mêmes outils, ne vous attendez pas à ce que les résultats changent fondamentalement.
:
Eh bien, des logements ont été construits. Je pense que la vérificatrice générale a présenté des données en pourcentage qui donnent l'impression qu'il n'y a pas eu de progrès. Bien sûr, des logements ont été construits.
Pour revenir à une question précédente, il y a beaucoup de collectivités qui innovent, qui ont construit des logements de grande qualité et qui font toutes sortes de choses intéressantes. Le leadership communautaire joue un rôle énorme à cet égard.
Je pense que cela soulève la question de l'algorithme de financement. Il s'agit d'un programme, comme il en existe beaucoup d'autres, où il y aura toujours plus de demandes et d'utilisations possibles que de fonds disponibles. Même si vous continuez d'augmenter le financement, il sera limité et vous aurez besoin d'un algorithme pour l'allouer.
Lorsque j'étais en poste, il y avait pour ainsi dire des fonds régionaux, et donc la Colombie-Britannique avait un fonds, l'Alberta avait un fonds, l'Ontario avait un fonds et ainsi de suite. Ensuite, il y a eu beaucoup de négociations avec les chefs dans chaque région au sujet des formules de répartition pour des ressources très limitées, et le ministère a dû dire non très souvent.
Aujourd'hui, la vérificatrice générale a une vision très précise de ce qu'est l'équité, mais il s'agit pour l'essentiel d'une décision stratégique et même politique, sur la façon la plus équitable d'allouer des ressources limitées. Elle met beaucoup l'accent sur le fait de canaliser l'argent là où les besoins sont les plus criants.
De plus, il vous faudra peut-être saisir les occasions qui se présentent. Par exemple, construire un lotissement complet parce que des terres deviennent disponibles ou parce qu'il est possible pour une collectivité de conclure un règlement de revendication ou un règlement de litige. De ce fait, cette collectivité a soudain la possibilité de construire un lotissement complet de nouveaux logements. Il peut y avoir une collectivité qui a puisé dans les marchés financiers et qui peut verser 50 % de l'argent...
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Wernick, en répondant à la question de mon collègue M. Weiler, vous avez dit qu'une solution potentielle serait la création d'une société d'État, car cela permettrait, d'après vous, de construire de nouveaux logements de manière productive et efficace. Or, c'est précisément à l'opposé de ce que nous venons d'entendre de la part des grands chefs, notamment du chef Lance Haymond. Je vous invite fortement à vous pencher sur ce qu'il présente comme étant une solution qui fonctionne, soit le programme Yänonhchia'.
Des ressources autochtones, du capital autochtone et de l'autodétermination: voilà quels sont les ingrédients nécessaires à la construction de logements. Il faut que le gouvernement fédéral arrête de penser qu'il doit s'ingérer dans les affaires autochtones et tout gérer, comme si les Autochtones n'étaient pas capables de se gérer par eux-mêmes. C'est fondamental.
L'approche voulant qu'une société d'État construise les logements est la pire approche possible. Premièrement, au Comité permanent des comptes publics, nous n'arrêtons pas d'entendre dire que les sociétés d'État ne sont pas efficaces et qu'elles n'arrivent pas à faire le travail nécessaire. Les audits de performance nous le démontrent jour après jour. Donner plus de responsabilités au gouvernement fédéral, c'est exactement à l'opposé de ce qu'on souhaite, peu importe le domaine. De plus, dans ce contexte précis et très délicat, il est faux de penser que donner du pouvoir à une société d'État va permettre à celle-ci de miraculeusement régler la pénurie de logements dans les réserves.
Encore une fois, je vous invite fortement à écouter ce que M. Haymond nous a dit précédemment et à vous pencher sur le modèle que propose Yänonhchia'. C'est dommage que M. Haymond et vous n'ayez pas témoigné en même temps, car je pense que les discussions auraient été très intéressantes.
Dans la Loi sur les Indiens, il y a effectivement des barrières importantes. Vous l'avez mentionné et tout le monde ici est d'accord sur cela. Il existe toutefois des solutions. Je parle ici de solutions proposées par des Autochtones pour régler des problèmes autochtones. Voilà ce qu'on doit faire.
En tant que membre du Bloc québécois, je dois dire que l'autodétermination est un principe que j'aime beaucoup pour la société québécoise. L'autodétermination est également une très bonne idée pour les Autochtones.
C'est sur ces paroles que mon temps de parole se termine. Je vous invite fortement à regarder les programmes comme Yänonhchia'.
J'ai quitté la salle un instant et, à mon retour, j'ai entendu un député me reprocher d'avoir dit que la Loi sur les Indiens apportait des éléments positifs et négatifs. Si ce député libéral représentait les Premières Nations depuis aussi longtemps que moi, il saurait de quoi il retourne. Malgré les imperfections de la Loi sur les Indiens — elle a été créée en 1876 par Alexander MacKenzie, un premier ministre libéral —, il saurait pertinemment que les Premières Nations ont peur que ce dossier soit ouvert, parce qu'elles craignent toujours que le gouvernement leur retire quelque chose.
Ce n'est pas parfait, et ne me critiquez pas si vous ne connaissez pas le dossier. Il vaut mieux se taire quand on ne sait pas.
Voici ce que je vais vous dire, monsieur Weiler — écoutez bien. Vous êtes le gouvernement. Si vous voulez vous débarrasser de la Loi sur les Indiens, vous ouvrez le dossier et vous la supprimez. Voyons voir ce que vous allez faire. Vous avez le pouvoir. Vous êtes le parti au pouvoir. Voyons si vous changez enfin de nom.
Regardez le titre même: « Loi sur les Indiens ». Nous sommes en 2024, et nous avons toujours ce nom, et vous restez là à critiquer? Si vous parlez à des membres des Premières Nations, vous vous rendrez compte qu'ils ont très peur de ce qui se passera lorsque ce dossier sera ouvert dans notre pays.
Combien de temps me reste‑t‑il, monsieur le président?
:
Pour revenir en arrière, la seule chose importante dans le domaine du logement était le Fonds pour les logements du marché destinés aux Premières Nations, qui a été créé par l'ancien ministre Flaherty dans le budget de 2008, je crois. C'était peut-être en 2009, vous pourrez vérifier. Il a été conçu avec les conseils et les commentaires des Premières Nations précisément pour essayer d'accéder aux marchés financiers et de créer à titre expérimental quelque chose de plus proche des conditions du marché du logement.
Il existe toujours. Vous pouvez chercher dans Google le Fonds pour les logements du marché destinés aux Premières Nations. Il a permis de faire des progrès dans certaines collectivités.
Comme je l'ai dit, la Loi sur la gestion des terres des premières nations est très importante, car elle donne aux collectivités le plein contrôle de l'utilisation des terres, du zonage et de la façon dont les terres de leurs collectivités seront utilisées. La participation a été très importante. Nous avons essayé d'éliminer les obstacles pour rendre cela plus accessible.
À l'époque, le Parlement avait adopté une loi autorisant la mise en valeur de propriétés dans la nation Squamish, en Colombie-Britannique, en utilisant ce qu'on appelle la LDCIPN, qui est l'acronyme de la Loi sur le développement commercial et industriel des premières nations. Au moins, cela a rendu possible la construction de logements à Squamish, qui est encore en cours.
Au cours des 40 dernières années, tous les gouvernements ont mis en place des solutions de contournement et ont tenté de créer des voies de sortie de la Loi sur les Indiens et de créer de meilleurs modèles.
Encore une fois, ce sont des solutions de rechange qui permettent de contourner la loi. Certaines communautés ont tenté de s'en prévaloir. C'est le rôle de l'Autorité financière des Premières Nations. On tire parti des garanties ministérielles pour endosser un prêt consenti à une Première Nation par la Couronne.
La Première Nation s'occupe de la construction, de l'octroi de contrats, de l'embauche des architectes, des entrepreneurs et des entreprises. C'est une véritable lutte — la vérité est détenue par ceux qui détiennent le pouvoir —, car il s'agit souvent de petites collectivités, de petits gouvernements avec un personnel limité. Si c'est difficile pour la Ville de Montréal ou la Ville de Lethbridge, c'est extrêmement difficile pour une communauté de Premières Nations.
La plupart d'entre elles auront toujours besoin d'un partenaire quelconque et, à moins de cesser d'utiliser l'argent des contribuables, quelqu'un doit gérer les deniers publics que le Parlement débloque pour ces communautés. C'est pourquoi je pense qu'il faut essayer. Si le modèle que l'on utilise ne donne pas les résultats escomptés, il faut en changer.
La différence, c'est qu'il y a un débat politique animé sur le coût des hypothèques pour les jeunes familles au Canada. Ce débat se fonde sur le principe que, partout dans le monde et partout ailleurs au Canada, le logement et les infrastructures sont majoritairement financés par le biais d'emprunts. Les achats ne se font pas en argent liquide. Les seuls à payer en amont sont les Affaires autochtones, les Services aux Autochtones et peut-être les Saoudiens. Tous les autres ont recours à une forme quelconque de financement par emprunt pour constituer des actifs à long terme. Les infrastructures et le logement figurent dans cette catégorie, tout comme les réseaux électriques, l'eau, les eaux usées, les connexions Internet et ainsi de suite.
Nous avons réalisé beaucoup de projets en payant en liquide. Nous avons conclu une entente très novatrice de financement sur le marché dans le Nord de l'Ontario, l'entente Watay Power, que vous connaissez probablement. Elle a permis d'approvisionner en électricité une vingtaine de collectivités du Nord-Ouest de l'Ontario. La centrale sera en fonction cet automne, ce dont je suis ravi.
C'est la voie à suivre. Il ne faut pas simplement injecter plus d'argent dans un modèle défaillant de logement social: il faut trouver des façons d'accéder aux marchés financiers privés et d'obtenir un effet de levier de deux pour un, de trois pour un ou de quatre pour un — peu importe ce que peut fournir le Parlement.
:
Monsieur Wernick, nous nous entendons au moins sur un certain nombre de choses. Nous convenons qu'il est essentiel de modifier la relation entre le Canada et les peuples autochtones — les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Nous sommes d'accord là‑dessus.
Je fais appel à votre bienveillance par rapport à ce que je vais dire. Vous avez amplement exposé vos idées au sujet d'une société utopique rendue possible par la grâce des processus parlementaires et des pouvoirs législatifs du Canada, que le Parlement s'est arrogé.
Nous convenons que cette différence fondamentale doit exister. Ce changement est nécessaire. La question que vous venez desoulever, quant à la nécessité de... Même les tribunaux ne savent pas à qui appartiennent les terres... ou quoi que ce soit d'autre.
Dans un passé récent, on en a fait une question de compétence. Dans la cause Daniels c. Canada, en 2016, on a enfin réglé la question de savoir qui a compétence pour légiférer au nom des Métis. Nous avons une conversation en direct sur le pouvoir de prise en charge ou le pouvoir suprême de légiférer dans ce pays colonial qu'est le Canada. Cette question fait encore l'objet de débat, mais vous avez supposé qu'elle était réglée.
N'êtes-vous pas d'accord pour dire que cette question, dans votre esprit, est réglée? Que le Canada a le pouvoir suprême de légiférer. Vous avez mentionné que la Loi sur les Indiens devrait être abrogée par le Parlement et être remplacée par le Parlement. Celui‑ci a créé une société d'État. Le Parlement, une assemblée de non-Autochtones, devrait, en somme, continuer à exercer un paternalisme qui afflige principalement les Premières Nations.
Je veux vous donner l'occasion de vous exprimer sur la question de savoir qui est censé assumer la souveraineté du Canada.
:
D'accord, vous êtes donc un partisan de la partition. C'est incroyable. Cependant, ça reflète bien ce qu'est le Canada. Le partitionnisme, c'est ce qui a déclenché des guerres civiles partout dans le monde. Je prends bien acte de ce que vous venez de dire. C'est un propos qui est hautement dangereux. Je le note devant tout le monde. J'espère qu'il sera bien consigné dans le compte rendu que c'est comme ça que réfléchissent et pensent les anciens greffiers du Conseil privé du gouvernement fédéral. C'est honteux.
Je vais poser une dernière question.
Au Québec, la Société d'épargne des Autochtones du Canada a investi 28 millions de dollars en prêts en puisant dans les capitaux recueillis par l'entremise d'obligations d'épargne des Premières Nations. Vous avez demandé tout à l'heure d'où provient cet argent. Il provient d'épargnes recueillies par les Premières Nations chez les Premières Nations, aux sources de leurs marchés privés et de marchés particuliers. Ces initiatives ont eu pour résultat la construction de centaines de maisons, et des investissements additionnels sont nécessaires. Ce genre d'information provient du programme Yänonhchia'.
Bien sûr, le Québec a toute la capacité nécessaire pour son autodétermination. Dans son rapport, la vérificatrice générale constate que les choses se portent beaucoup mieux au Québec, pour ce qui est de la situation du logement autochtone, par exemple. C'est un fait.
En ce sens, ne croyez-vous pas que le Canada devrait s'inspirer du modèle québécois et de la manière dont nous traitons les Autochtones, c'est-à-dire de gré à gré, entre nations sœurs?
[Traduction]
J'ai une question du président.
Monsieur Wernick, je pense que vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion aujourd'hui. Ce n'est pas un témoignage auquel je m'attendais comme président. En fait, vos commentaires me rappellent l'époque, il y a 15 ans, où je suis allé étudier à la London School of Economics, qui était considérée comme un bastion de la pensée de gauche, du moins c'est ce qu'on m'en avait dit. En arrivant sur le campus, j'ai découvert que l'établissement valorisait plutôt la propriété privée comme élément essentiel à la construction. Je pense que vous avez mentionné cela aujourd'hui.
Voici une question à laquelle j'aimerais que vous répondiez. Lorsque vous étiez sous-ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, le gouvernement accordait la priorité à la création de débouchés économiques dans le secteur des ressources et à la responsabilité des Premières Nations en matière d'autonomie gouvernementale. On a fait valoir que ces priorités ont entraîné un sous-financement systémique des services publics de base, comme le logement, la santé et l'éducation, en particulier dans les collectivités éloignées où le coût de la prestation de ces services peut être beaucoup plus élevé et où la capacité administrative et l'activité économique sont limitées.
Quelle est votre réaction à cette critique? Veuillez nous faire part de vos réflexions à ce sujet.