:
Je vous remercie, monsieur le président.
D'entrée de jeu, puisque la réunion est télévisée, je croyais que le Comité offrirait un service de maquillage — pas à vous ou à moi, monsieur le président, étant donné que nous sommes jeunes et beaux, mais mon collègue, qui vit un stress énorme depuis deux semaines, aurait pu profiter d'un fond de teint et d'un peu de rouge. Passons.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, membres du Comité, bonjour.
Nous sommes très heureux de comparaître devant vous aujourd'hui afin de vous faire connaître notre position relativement à la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
[Traduction]
Le commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick est un agent indépendant de l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Son rôle est de procéder à des enquêtes, de présenter des rapports et de faire des recommandations visant le respect de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick. Le commissaire doit aussi promouvoir l'avancement des deux langues officielles dans la province. C'est en vertu de son mandat de promotion que le commissaire souhaite proposer des changements dans le cadre du projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles du Canada.
[Français]
Le Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick a préparé un mémoire sur cette question. Il y a quelques semaines, nous avons officiellement remis ce mémoire au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis heureux de vous en remettre un exemplaire aujourd'hui.
[Traduction]
La première partie de ce mémoire fait état de l'unicité juridique du Nouveau-Brunswick en matière de droits linguistiques et des lacunes du régime fédéral créé par la Loi sur les langues officielles en 1988 à l'égard de cette province.
La deuxième partie invite le Parlement à corriger ces écarts en reconnaissant dans une version modernisée de la Loi sur les langues officielles du Canada l'unicité du Nouveau-Brunswick et à harmoniser, lorsque cela s'avère possible, les régimes linguistiques fédéral et néo-brunswickois.
La troisième partie invite le Parlement à s'inspirer de la richesse des 50 années d'expérience néo-brunswickoise en matière de langues officielles et particulièrement de la plus récente mouture de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick.
[Français]
Permettez-moi de résumer brièvement les deux premières parties de notre mémoire. Le Commissariat recommande que la Loi sur les langues officielles fédérale soit modifiée afin d'harmoniser les obligations du gouvernement fédéral d'offrir ses services et de communiquer avec le public dans les deux langues officielles avec celles du Nouveau-Brunswick.
Comme vous le savez très bien, au niveau fédéral, le public a le droit d'employer le français et l'anglais pour communiquer avec les bureaux, les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada et pour en recevoir les services là où l'emploi du français ou de l'anglais fait l'objet d'une demande importante ou se justifie par la vocation du bureau. Ainsi, la loi fédérale permet à plusieurs bureaux d'institutions fédérales au Nouveau-Brunswick de pratiquer l'unilinguisme. À l'heure actuelle, au moins deux bureaux fédéraux offrent leurs services uniquement en français, et au moins 51 bureaux fédéraux au Nouveau-Brunswick offrent leurs services uniquement en anglais. Des exemples de cela se retrouvent dans notre mémoire.
Par contre, au niveau provincial, les gens du Nouveau-Brunswick ont le droit à l'emploi du français ou de l'anglais pour communiquer avec tout bureau des institutions de l'Assemblée législative et du gouvernement provincial, et pour en recevoir les services sans conditions. En d'autres termes, le critère de demande importante ne s'applique pas aux institutions provinciales du Nouveau-Brunswick.
[Traduction]
Au Nouveau-Brunswick, il existe donc une dissonance frappante entre, d'une part, le bilinguisme institutionnel complet en matière de communications et de services provinciaux et, d'autre part, le bilinguisme partiel et localisé dans les institutions fédérales. Le Parlement devrait donc adapter le libellé de l'article 22 de la Loi sur les langues officielles du Canada pour refléter, au Nouveau-Brunswick, le cadre constitutionnel dans lequel il opère et pour que le régime fédéral concorde avec le bilinguisme institutionnel complet du Nouveau-Brunswick.
Le Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick recommande que le Parlement modernise la Loi sur les langues officielles du Canada pour qu'elle oblige expressément le gouvernement fédéral à offrir ses services et à communiquer dans les deux langues officielles, partout au Nouveau-Brunswick. Il lui suffit, pour atteindre cet objectif, de prévoir que les obligations prévues à l'article 22 de la Loi sur les langues officielles du Canada valent pour tous les bureaux des institutions fédérales au Nouveau-Brunswick.
[Français]
L'article 16.1 de la Charte enchâsse les droits et privilèges égaux des communautés linguistiques française et anglaise du Nouveau-Brunswick, incluant leur droit à des institutions d'enseignement distinctes et aux institutions culturelles distinctes nécessaires à leur protection et à leur promotion.
Cette reconnaissance constitutionnelle, unique au Canada, ne se voit aucunement reflétée dans la loi fédérale actuelle. Pourtant, l'égalité des droits et privilèges des communautés linguistiques officielles du Nouveau-Brunswick doit influer sur les politiques publiques fédérales.
[Traduction]
Le Parlement devrait moderniser la loi fédérale, à la lumière de l'ajout de l'article 16.1 à la Charte en 1993, pour qu'elle prévoie et encadre une obligation du gouvernement fédéral de tenir compte des droits et des privilèges égaux des communautés linguistiques française et anglaise du Nouveau-Brunswick. Une telle modernisation pourrait être atteinte en prévoyant à la partie VII de la loi fédérale un engagement additionnel — accompagné d'une obligation de prendre des mesures positives afin de le mettre en oeuvre — du gouvernement fédéral en vue de reconnaître et de promouvoir le statut et les droits et les privilèges égaux des communautés linguistiques française et anglaise du Nouveau-Brunswick, notamment de leur droit à des institutions d'enseignement distinctes et à des institutions culturelles distinctes nécessaires à leur protection et à leur promotion.
Par exemple, l'égalité constitutionnelle des deux communautés linguistiques officielles au Nouveau-Brunswick doit également informer l'élaboration et l'application des politiques d'immigration du gouvernement fédéral. La Loi sur les langues officielles du Canada devrait obliger le gouvernement fédéral à tenir compte de l'équilibre linguistique spécifique du Nouveau-Brunswick et de la reconnaissance du statut, des droits et des privilèges égaux des communautés linguistiques française et anglaise de la province dans ses politiques d'immigration, de sorte à y maintenir l'équilibre linguistique existant.
[Français]
L'intégration de l'article 16.1 à la Loi sur les langues officielles du Canada doit ultimement servir à appuyer son application concrète et ce, par des articles de loi spécifiques à notre province. En d'autres termes, l'intégration de l'article 16.1 à la Loi sur les langues officielles du Canada doit servir à mettre en application le principe d'égalité entre nos deux communautés linguistiques. Une modernisation de la Loi sur les langues officielles du Canada a le pouvoir d'appuyer grandement la vitalité des communautés de langue officielle chez nous.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui.
Je suis accompagné de M. Joseph Morin, notre conseiller juridique. Je suis également très heureux de me retrouver encore une fois devant un comité parlementaire avec mon collègue du Nouveau-Brunswick.
J'aimerais vous remercier de m'avoir permis de comparaître aujourd'hui afin de vous présenter un mémoire sur les enjeux importants devant être pris en compte dans le cadre d'une modernisation de la Loi sur les langues officielles.
[Traduction]
Nous étions tous satisfaits lorsque le a annoncé qu'il s'engageait à moderniser la Loi. Vos collègues de l'autre chambre ont déjà entamé leur étude, et votre travail ici sera un excellent complément.
La Loi sur les langues officielles peut et doit être un phare dans le domaine de la coopération entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires. Toutefois, pour ce faire, elle doit être modernisée à plusieurs égards. Les acteurs n'ont peut-être pas changé depuis 50 ans, mais leurs rôles et leurs responsabilités en matière de langues officielles ont grandement évolué, tout comme ont évolué les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
[Français]
L'Ontario est aux prises avec le même débat. Il y a deux ans, j'ai recommandé au gouvernement de moderniser la Loi sur les services en français parce que, comme la Loi sur les langues officielles, elle ne répond plus aux réalités de la société. J'ai été entendu, mais peut-être pas de la bonne façon.
Premièrement, je passerai en revue le nouveau Règlement sur les langues officielles — communications avec le public et prestation des services. Cela dit, je suis convaincu que mes collègues fédéraux formuleront des commentaires beaucoup plus précis.
Deuxièmement, je vous recommanderai de renforcer les dispositions sur l'offre active des services.
Troisièmement, je soulignerai l'importance de confier la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles à une agence centrale.
Enfin, je prendrai les quelques minutes qui me resteront pour vous expliquer ma vision du rôle d'un commissaire linguistique.
[Traduction]
Le Canada d'aujourd'hui n'est pas celui des années 1980. La population francophone est riche par sa diversité grâce à l'immigration et aux jeunes issus de familles exogames et de francophiles.
Dans mon tout premier rapport annuel, je recommandais à la ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario — c'était le nom à l'époque — de revoir la définition de la population francophone afin de s'assurer de refléter adéquatement la nouvelle réalité de cette population. La méthode utilisée tenait compte seulement de la langue maternelle, ce qui excluait plus de 50 000 Franco-Ontariens.
[Français]
Par exemple, une famille immigrante ayant l'arabe comme première langue et qui communique à la maison soit en arabe soit en français n'était pas considérée par le gouvernement comme faisant partie de la population francophone de l'Ontario. Pourtant, elle vit en français. Dès lors que cette famille met le pied ou l'orteil dehors, elle vit en français. Elle envoie ses enfants dans les écoles de langue française, elle participe aux activités de la communauté francophone: elle va au théâtre francophone, lit des journaux francophones et regarde les médias francophones, mais elle n'est pas considérée comme étant francophone.
Je suis donc très heureux et fier que le gouvernement de l'Ontario ait adopté, en 2009, la Définition inclusive de francophone, ou ce qu'on appelle chez nous, la DIF.
Cette nouvelle méthode inclut maintenant ceux et celles dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français et qui l'utilisent à la maison, comme notre famille ayant l'arabe comme langue maternelle.
J'ai aussi exprimé le souhait qu'une définition inclusive des francophones soit adoptée dans d'autres provinces et auprès du gouvernement fédéral. Je crois sincèrement qu'une définition plus inclusive de la francophonie doit être une composante d'une fédéralisme coopératif renouvelé axé sur les intérêts et les besoins propres aux communautés minoritaires de langue officielle.
Le 25 octobre dernier, les ministres Joly et Brison annonçaient un projet de modifications au Règlement sur les langues officielles. La nouvelle méthode de calcul du Règlement proposée est plus inclusive et permet à plus de citoyens de recevoir des services. On assistera donc à une hausse importante de la demande et, conséquemment, à une augmentation du nombre de bureaux où le gouvernement va devoir servir les gens dans la langue de leur choix.
[Traduction]
Même si le Règlement n'est toujours pas très convivial, je suis heureux de constater que le nouveau Règlement va aussi tenir compte de la vitalité des communautés dans sa planification de la prestation de services. La manière dont ce sera pleinement intégré n'est pas vraiment claire. Cet aspect doit être précisé, de préférence avec votre aide et l'aide de mon collègue fédéral. N'empêche que nous l'avons.
Comme je l'avais recommandé, les écoles primaires et secondaires seront des indicateurs de vitalité importants et elles auront une incidence sur le calcul de la « demande importante ». Vous devez maintenant vous assurer que la Loi sur les langues officielles modernisée reprend la même vision du Règlement et qu'elle s'appuie sur une définition inclusive et qualitative de la « demande importante ».
[Français]
Je veux ajouter un mot sur le Règlement. Il comporte encore des zones grises. La question du public voyageur n'a pas vraiment été réglée dans le nouveau Règlement. Je pense que le Conseil du Trésor a fourni un bel effort en produisant ce règlement, mais il mérite d'être approfondi davantage, et votre comité devrait prendre le temps d'en examiner les détails.
Comme la Définition inclusive de francophone, l'offre active est l'une des priorités dans ma vision de la prestation de services en français en Ontario. J'ai déposé, en 2016, un rapport spécial auprès de l'Assemblée législative de l'Ontario sur l'offre active et son importance pour l'atteinte des objectifs de la Loi sur les services en français.
L'offre active est particulièrement essentielle lorsque le public en question est vulnérable. J'ai reçu plusieurs témoignages au sujet de l'importance de l'offre active, notamment dans le secteur de la santé.
[Traduction]
Je me souviens d’un exemple où je me trouvais dans un bureau gouvernemental situé dans un espace appartenant à un collège de langue française dans le nord de l'Ontario. Les employés se parlaient en français. Les clients conversaient aussi en français. L’affichage était dans les deux langues. Pourtant, l’employée n’a parlé qu’en anglais à la cliente, et le tout s’est déroulé dans la langue de Shakespeare.
[Français]
L'offre active est essentielle dans la prestation de services dans la langue de la minorité. Vous en conviendrez, ce n'est probablement pas en pleine procédure médicale qu'un francophone exigera qu'on respecte ses droits linguistiques. Ce n'est probablement pas non plus lorsqu'elle vient tout juste d'accoucher qu'une adolescente accablée de dépendances demandera à obtenir une évaluation psychosociale en français. C'est impossible. Il faut donc créer un environnement qui mettra ces personnes suffisamment en confiance pour demander des services en français. Pour cela, il faut qu'on les lui offre activement.
Je recommande que le Parlement modifie la Loi sur les langues officielles de manière à prévoir une obligation d'adopter un règlement sur l'offre active.
Le Parlement pourra inclure dans ce règlement une définition explicite de l'offre active, en plus de critères clairs à respecter, qui pourrait inclure: des mesures exactes et culturellement appropriées à prendre dès le premier contact; le choix de la langue du citoyen; le confort du citoyen; et une qualité du service égale ou équivalente au service offert en anglais.
Tout cela est aussi dans notre mémoire.
En ce qui concerne l'agence centrale, la Loi sur les langues officielles donne au Conseil du Trésor et à Patrimoine canadien la tâche de sa mise en oeuvre, mais ne leur impose pas d'obligations précises en matière de coordination des obligations dévolues aux institutions fédérales.
Cela cause plusieurs problèmes puisque, si le Conseil du Trésor n'accorde pas la priorité à la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles, c'est à Patrimoine canadien que revient la tâche. Or Patrimoine canadien n'a pas, et n'a jamais eu, l'autorité ni l'influence nécessaires sur les autres ministères pour faire ce travail.
À l'époque où l'honorable Stéphane Dion était le président du Conseil privé, cette agence centrale pouvait jouer un rôle plus déterminant. Par exemple, toutes les soumissions au Cabinet devaient d'abord passer sous la lentille de langues officielles.
Par contre, depuis ce temps, son rôle et son implication ont considérablement diminué.
Au fil des ans, j'ai proposé diverses recommandations en ce sens, chez nous en Ontario, afin de bonifier l'analyse de tous les dossiers soumis au Cabinet, par une filtre qui considère leur impact sur l'application de la Loi sur les services en français, mais sans trop de succès.
Je note donc qu'en tant qu'agence centrale visée spécifiquement par la Loi sur les langues officielles, le Conseil du Trésor pourra s'assurer que les ministères et autres institutions fédérales s'acquittent de leurs obligations en vertu de la Loi.
Je suis d'avis que le vrai travail de mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles revient donc au Conseil du Trésor et que la Loi doit être modifiée en conséquence.
Parlons maintenant du rôle du commissaire aux langues officielles. D'autres groupes vont se présenter devant vous et militer pour qu'on donne davantage de pouvoirs coercitifs au commissaire ou pour qu'on crée un tribunal sur les droits linguistiques. Ces idées méritent certainement toute votre attention, mais mon rôle, ce main, est de mettre en lumière un rôle qui semble être mal compris, soit celui de conseiller.
[Traduction]
Les commissaires linguistiques sont des ombudsmans. Ils reçoivent des plaintes du public et ils tentent de trouver des solutions acceptables pour les deux parties. En ce sens, ils sont aussi des médiateurs.
Cependant, être commissaire exige en plus d’être proactif. Une plainte recevable et fondée signifie qu’il existe une violation de la Loi sur les services en français. Cela pourrait vouloir dire qu’il n’y avait pas d’employés bilingues lorsqu'une personne va acheter son permis de pêche ou encore qu’il n’y a aucun hôpital dans la région du Grand Toronto qui a le mandat d’offrir des soins de santé en français.
[Français]
Une plainte recevable et fondée peut aussi venir du fait qu'une enfant francophone, Noémie, puisse être prise en charge par une Société d'aide à l'enfance et soit placée dans une famille anglophone, compromettant ainsi son identité culturelle et linguistique. Dans tous ces cas de plein potentiel, c'est un échec et le mal est déjà fait. C'est le devoir des commissaires de faire tout en leur possible pour prévenir ces échecs en proposant des recommandations, soit à la suite d'enquêtes, soit de leur propre initiative. Bref, c'est un rôle d'ombudsman. Les commissaires deviennent des acteurs importants et des conseillers utiles pour les ministres. On peut suivre leurs conseils pour éviter d'innombrables problèmes et de nombreuses plaintes.
[Traduction]
Si vous m'avez invité à comparaître devant vous aujourd'hui, c’est pour vous faire part de mon expertise et de mon expérience et donc vous conseiller sur une marche à suivre pour veiller aux intérêts des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
[Français]
Ce mandat de conseil est essentiel au rôle du commissaire. Nous devons pouvoir interagir directement avec les ministres et leurs fonctionnaires afin de suggérer des stratégies pour le développement et la mise en oeuvre de politiques publiques qui respectent les obligations législatives et qui répondent aux besoins des gens.
Le gouvernement, quel qu'il soit, a reçu la mandat de gouverner. Il revient souvent aux commissaires de rappeler au gouvernement qu'il a l'obligation de bien saisir les besoins propres aux communautés minoritaires de langues officielles afin d'adapter ses programmes et services en conséquence.
Cela m'amène à la deuxième composante du mandat de conseiller, soit la consultation et la promotion. Dès le début de mon mandat, je me suis acharné à comprendre les communautés à qui la Loi sur les services en français accordait des droits. C'est seulement en allant parler aux gens qu'on peut comprendre leur situation, leurs défis et leurs aspirations. En plus de faire de la consultation, je faisais la promotion de la loi et des obligations qu'elle impose aux organismes gouvernementaux et aux fournisseurs de services.
Je vous invite à repenser à Noémie, la jeune fille francophone placée dans une famille anglophone. Ce sont évidemment des situations que nous voulons éviter et arrêter, et je m'acharnais à rencontrer toutes les Sociétés d'aide à l'enfance, comme tous les autres fournisseurs des services en santé, en justice ou en immigration, pour leur expliquer l'importance de comprendre la situation des communautés francophones. Je leur soulignais aussi que, oui, la Loi sur les services en français leur imposait des obligations, mais qu'agir dans le meilleur intérêt des individus dépassait la loi. Il s'agit de faire la bonne chose pour un individu, pour sa famille et pour sa communauté.
Ce travail de consultation et de promotion s'inscrit dans une approche proactive. Si, dès le début de la création d'une politique publique, d'un service ou d'un programme, le gouvernement reçoit et suit des conseils judicieux de la part du commissaire, il pourra ainsi éviter le gaspillage de ressources et de temps, et ainsi renforcer son efficience.
J'aimerais ajouter que la consultation des communautés, la mobilisation des connaissances et la prestation de conseils peuvent prendre différentes formes.
[Traduction]
Dans mon dernier rapport annuel, j’ai effectué une projection de la communauté francophone de l’Ontario sur les 10 prochaines années. Le diagnostic n’est pas encourageant. Même si le nombre de francophones va augmenter, leur proportion va chuter dangereusement à moins de 4 %.
Ma recommandation à la ministre des Affaires francophones, qu’elle a acceptée, c’est de doter le gouvernement d’un Plan d’action sur le développement des communautés francophones et la promotion du français en Ontario.
[Français]
Afin de cimenter la portée du rapport annuel, lundi dernier, le Commissariat a organisé un symposium intitulé « Se préparer, se projeter ». Plus de 230 experts, membres du gouvernement et représentants de la communauté se sont réunis pour discuter d'enjeux importants en matière de santé, de numérisation des services publics, de vieillissement de la population, d'immigration, de restructuration des services en personne, de production et de diffusion de contenu numérique en français, y compris dans les médias. Cela, c'est du travail proactif et qui a été fait en fonction des intérêts de la communauté francophone et non en réaction à la suite de plaintes, comme le travail de l'ombudsman le laisse sous-entendre.
En conclusion, et je vais être très bref, j'aimerais vous parler de fédéralisme coopératif. On se doit de se doter de vrais mécanismes, et dans notre mémoire, on y fait suite.
Nous sommes ombudsmans, médiateurs, conseillers, protecteurs, promoteurs, rassembleurs. Voilà les rôles d'un commissaire aux langues officielles ou d'un commissaire aux services en français chez nous. Nous avons tous ces rôles.
En terminant, j'aimerais souligner que nous avons produit et que nous distribuerons à tous les membres du Comité une infographie sur les francophones en Ontario, qui vient tout juste de sortir lundi dernier. Nous en avons plusieurs copies. Cette infographie parle vraiment de la communauté francophone.
Nous avons commencé à organiser une conférence importante. Vous savez que notre organisation est membre de l'Association internationale des commissaires linguistiques et que celle-ci se réunit une fois par année. Ce sera à Toronto en juin 2019.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Dans notre mémoire, nous avons des libellés assez précis. Je vais en profiter pour sortir un peu du mémoire.
Je crois qu'il est temps d'avoir un peu plus d'imagination. Il y a une grande confusion entre la partie IV, qui traite des communications et des services, et les objectifs de la partie VII.
Par exemple, chez nous en Ontario, il y a 14 articles dans la Loi. Il n'y a rien sur l'offre active et nous n'avons évidemment pas d'équivalent à la partie VII.
Je suis entré en poste le 4 septembre 2007, et 10 jours plus tard, le 14 septembre, je rencontrais tous les sous-ministres en même temps. Je leur ai dit que le discours était toujours pertinent aujourd'hui. Il y avait la question de la communication, que nous espérions régler et nous avons finalement réglée au moyen d'une directive obligatoire sur les communications en français. Or il y avait aussi la question des services. Nous voulions nous assurer les services seraient adaptés aux besoins des communautés francophones, et ce, dans certains secteurs clés.
Quand nous avons proposé cela dans le cadre de la révision de la Loi sur les services en français d'il y a deux ans, nous nous demandé qui pourrait aider à déterminer quels étaient les secteurs clés. Eh bien, c'était le Comité consultatif provincial pour les Affaires francophones, le CCAF, de la ministre Mulroney qui pouvait aider établir quels secteurs clés étaient prioritaires.
Autrement dit, s'il existe une politique de recyclage de pneus usagés au ministère de l'Environnement, tant mieux si elle est dans les deux langues et si on les communique de façon efficiente sur les sites Web, mais si on parle de politiques qui vont toucher des femmes victimes de violence conjugale, de politiques qui vont viser des sociétés d'aide à l'enfance ou l'accès de la justice...
C'est dans la capitale nationale qu'il y avait le plus de plaintes, déposées au palais de justice d'Ottawa. Or, à la suite d'une de mes recommandations, nous avons mis en place un projet pilote sur l'accès à la justice en français, qui est devenu permanent depuis 2015. Savez-vous combien de plaintes nous avons reçues depuis que ce projet est en place? C'est zéro, nous n'avons reçu aucune plainte! Les gens d'Ottawa sont un peu chiâleux. Je ne devrai pas dire cela, mais ils sont très véhéments. Il faut que nous pensions au service à la communauté, qui doit être adapté aux besoins en matière de santé, entre autres.
Nous avons des entités de planification de services de santé en français. Je suis content d'en parler quelques secondes parce qu'ils jouent un rôle fondamental pour déterminer où sont les besoins et qui sont les fournisseurs pouvant offrir des services de santé en français.
Tout cela, c'est un travail proactif, du travail de terrain, et c'est là l'essence même du rôle de commissaire, qui est de favoriser cette émergence.
La justice, l'immigration et et services sociaux communautaires sont tous des enjeux clés. C'est là que nous devrions faire preuve d'imagination et adapter et moduler la notion de service aux besoins de la communauté. D'ailleurs, nous avons pu voir que le juge Gascon, dans son jugement, ne savait pas vraiment quoi faire de la partie VII.