:
Merci, monsieur le président. Ce sera avec plaisir.
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité permanent des langues officielles, bonjour.
Je tiens à remercier chaleureusement le Comité de m'accueillir aujourd'hui.
[Traduction]
L’automne dernier, environ 10 associations linguistiques pancanadiennes, ainsi que plusieurs personnalités publiques, ont accordé leur confiance à l’Association des conseils en gestion linguistique et à son groupe de travail, le comité pour la promotion des services linguistiques canadiens, dont j’assure la présidence en toute humilité et avec fierté et conviction. Nous nous sommes donné comme mission de promouvoir la valeur distincte de la traduction professionnelle auprès des principaux acteurs économiques et politiques au pays.
[Français]
Je vous présente d'abord une rétrospective.
Nous nous sommes prononcés sur le rapport du Comité permanent des langues officielles et nous l'avons appuyé. Deux lettres ont été adressées à la ministre et nous avons exprimé notre profonde déception à la lecture de la lettre qu'elle a envoyée à votre comité.
Nous avons également rencontré plusieurs personnalités à Ottawa, dont deux membres de ce comité, deux conseillers principaux au Cabinet du premier ministre et des représentants de l'Association canadienne des employés professionnels.
[Traduction]
En tant qu’industrie et activité très intellectuelle et culturelle, la traduction professionnelle constitue le vecteur absolu des droits linguistiques des Canadiens. Elle joue un rôle essentiel dans la société et l’économie canadiennes, les échanges commerciaux et le tissu social du pays.
Environ 82,5 % des Canadiens se disent bilingues. Comment ces millions de Canadiens peuvent-ils interagir avec leurs concitoyens de tout le pays sans l’intervention de traducteurs professionnels?
Les traducteurs, et les traducteurs certifiés, sont les mieux outillés pour répondre aux besoins linguistiques des Canadiens et des clients et prospects internationaux et pour garantir leurs droits.
En tant que citoyen, si je fais une recherche Internet, dans la langue de mon choix, pour trouver un jugement ou des offres d’emplois pour un poste bilingue et que je n’obtiens aucun résultat, car les jugements et offres d’emplois ne sont pas traduits, ai-je toujours les mêmes droits que les autres citoyens?
[Français]
Le Bureau de la traduction est le plus important fournisseur et le plus important client au Canada. À ce titre, il a une responsabilité et un pouvoir structurant considérables.
L'éparpillement de la demande fédérale a morcelé l'industrie. Avec un grand nombre de microentrepreneurs, de cabinets petits, moyens ou grands et de grandes agences étrangères, l'éparpillement de la demande fédérale a créé un chaos. Son système d'approvisionnement fondé sur le plus bas soumissionnaire entretient une spirale descendante des prix, aggravée par la concurrence étrangère. Quand on sait que beaucoup de fournisseurs canadiens dépendent des contrats octroyés par le secteur public, on comprend l'enjeu crucial du système d'approvisionnement.
La traduction, vecteur de croissance qui soutient les entreprises nationales et les exportateurs, est une composante à part entière de l'économie de notre pays.
[Traduction]
Concernant la situation du Bureau de la traduction, depuis 1995, la demande en traduction a triplé, mais les budgets sont demeurés statiques, avec pour conséquence le report ou l’annulation de certaines traductions, [Inaudible] les obligations que doit remplir le gouvernement en matière de langues officielles. La transformation du Bureau de la traduction en organisme de service spécial a entraîné la décentralisation des pouvoirs contractuels en traduction à tous les ministères et organismes fédéraux, ce qui a eu pour conséquence une fragmentation de l’industrie canadienne de la traduction qui met en péril son existence même.
[Français]
La refonte du processus d'approvisionnement du Bureau de la traduction a permis l'invasion de nos marchés par des multinationales étrangères et a engendré une prolifération de cabinets de travailleurs autonomes, dont certains peuvent être peu compétents.
La politique d'approvisionnement et les pratiques des acheteurs de services de traduction doivent se fonder sur la conformité à une certification comme la norme canadienne. Les exigences de qualification doivent être renforcées. On doit demander l'agrément professionnel et des diplômes en traduction, exiger de la qualité et une gestion des risques, notamment pour les contrats du palier 3.
Pour toutes les offres à commandes, le fardeau du risque repose entièrement sur les fournisseurs, parce que le Bureau de la traduction ne garantit que 3 % du volume inscrit au contrat. Le statu quo porte préjudice à l'ensemble de l'industrie langagière canadienne.
[Traduction]
Au chapitre de la relève, force est de constater qu’aucune action n’est mise de l’avant. Le Bureau de la traduction, qui a encadré 3 000 étudiants pendant 10 ans au titre de stages de formation, est maintenant un grand absent. Les 19 stagiaires en traduction accueillis en 2016, comme l’a souligné Mme Foote, constituent un chiffre totalement dérisoire par rapport au nombre d’étudiants inscrits dans les écoles de traduction canadiennes. Les universités décernent chaque année des diplômes à des centaines de nouveaux traducteurs qui ne peuvent compter que sur les cabinets de traduction et les entreprises privées pour accueillir des stagiaires et des étudiants des programmes coopératifs.
En tant que responsable de formation professionnelle au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal, je travaille quotidiennement avec de futurs demandeurs d’emploi en traduction. J’espère qu’ils entendront un message d’espoir dans les prochains jours.
[Français]
J'en arrive à nos recommandations.
D'abord, il y a la reconnaissance. On ne vend pas des mots. Notre premier ministre doit reconnaître officiellement l'importance culturelle, identitaire, économique et stratégique de l'industrie langagière au Canada.
[Traduction]
Il y a ensuite le repositionnement du Bureau de la traduction. Tous les contrats pour l’ensemble de la fonction publique doivent être centralisés et leur exécution doit être confiée en priorité à des Canadiens.
Les conditions de travail et les conditions relatives à l’octroi de contrats doivent être revues. La pondération doit être éliminée, car les mémoires ne sont pas correctement entretenues et la qualité doit être le principal critère. Il est insensé de procéder par tirage au sort pour choisir entre deux fournisseurs qui proposent des services au même prix. Seriez-vous prêts à procéder par tirage au sort pour octroyer un contrat à l’une de deux sociétés d’ingénieurs pour la construction d’un pont?
Le modèle d’exploitation du Bureau de la traduction doit être révisé. La responsabilité du Bureau de la traduction doit être transférée à une autre autorité que Services publics et Approvisionnement, car la traduction constitue une activité très intellectuelle, et non un simple produit.
[Français]
Avec un chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars, le Canada accapare 10 % du marché mondial de la traduction. Nous nous attendons à un réinvestissement massif et à un soutien financier.
En ce concerne la relève et les programmes de soutien, je dirais que, en tant qu'expert au pays, le Bureau de la traduction doit encadrer une structure permanente d'accueil de stagiaires des universités canadiennes.
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité permanent des langues officielles, l'industrie a besoin de votre appui.
[Traduction]
L’industrie a besoin de votre appui. La doit être interrogée sur la question. Alors que nous célébrons le 150e anniversaire du Canada, en 2017, et que nous célébrerons le 15e anniversaire de la Loi sur les langues officielles, en 2019, nous croyons fermement qu’il s’agit d’une occasion unique pour agir, dès aujourd’hui, dès maintenant.
[Français]
Nous croyons fermement qu'il s'agit d'une occasion unique d'agir ici et maintenant.
Merci beaucoup.
[Traduction]
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président, honorables députés, merci de nous donner l'occasion de comparaître devant vous ce matin.
Permettez-moi également de remercier mes collègues qui oeuvrent dans l'anonymat de la cabine d'interprétation et de leur demander pardon si je presse le pas, faute de temps.
Je voudrais d'abord vous dire quelques mots sur la région Canada de l'Association internationale des interprètes de conférence, ou l'AIIC.
Fondée en 1953, l'AIIC compte environ 3 000 membres qui résident dans 89 pays et qui font partie de 24 régions AIIC.
Notre association professionnelle a pour raison d'être de promouvoir la qualité et la déontologie de la profession, d'encourager la formation et la recherche, et de veiller à ce qu'il y ait des conditions de travail garantes de la qualité de la prestation.
Unique en son genre, AIIC Canada compte 125 membres, dont la plupart sont des pigistes, mais certains d'entre eux sont à l'emploi d'institutions, dont le Bureau de la traduction. La grande majorité des membres pigistes sont accrédités par le Bureau de la traduction et travaillent pour le Service d'interprétation des conférences et le Service d'interprétation parlementaire.
Les pigistes fournissent 70 % des services d'interprétation aux conférences et environ 30 % des services d'interprétation parlementaire.
Cette petite communauté est d'une importance capitale pour les Canadiennes et les Canadiens qui veulent un accès de qualité égale aux délibérations des institutions fédérales dans la langue officielle de leur choix.
Je suis moi-même interprète de conférence, mais je ne vous cache pas que je me sens plus à l'aise en cabine que dans le fauteuil des témoins.
[Traduction]
Nous vous remercions de votre invitation et souhaitons vous entretenir de deux sujets. Nous voulons consigner officiellement nos points de vue sur les enseignements tirés et les recommandations faites à l'issue de votre examen du Bureau de la traduction. Nous tenons aussi à vous faire part de nos graves préoccupations face au nouveau système d'approvisionnement pour les services d'interprétation fournis par des pigistes, un système qui, au lieu d'améliorer la situation, ne fera au contraire, qu'aggraver les problèmes que vous avez identifiés au Bureau de la traduction.
Premièrement, en ce qui concerne votre rapport, nous croyons que la mise en oeuvre de vos recommandations concernant le Bureau de la traduction est cruciale pour donner au gouvernement fédéral les moyens de respecter ses objectifs et ses obligations concernant les langues officielles du pays, l'anglais et le français. Ces objectifs sont fondamentaux pour la préservation de la dualité linguistique du Canada. Le passage du Bureau de la traduction au statut d'organisme de service spécial, assujetti au système de recouvrement des coûts, a déclenché un nivellement des prix par le bas, reléguant à l'arrière-plan l'importance de la qualité des services de traduction et d'interprétation. Tout porte à penser que le principe de l'égalité d'accès des Canadiens aux délibérations des institutions fédérales dans la langue officielle de leur choix en est la première victime, tout comme en souffre la mise à disposition de documents de qualité dans les deux langues officielles. L'application des recommandations du Comité est de nature à remédier à cette sérieuse détérioration du service.
Votre comité a suggéré que Patrimoine Canada administre tous les autres programmes et politiques touchant aux langues officielles et nous considérons que la responsabilité du Bureau de la traduction devrait également lui revenir et pas à SPAC et au Conseil du Trésor. Comme l'a recommandé votre comité, il convient que la gestion des services linguistiques soit confiée à des interprètes, à des traducteurs et à des terminologues d'expérience, et non pas à des administrateurs de services publics et de systèmes d'approvisionnement. Nous appuyons en particulier vos recommandations 3, 4 et 8. Le Bureau a été privé de moyens pendant trop longtemps. II doit pouvoir disposer des ressources financières nécessaires comme votre comité l'a si éloquemment recommandé. Nous accordons une note d'ensemble très élevée à votre comité pour son rapport.
[Français]
Cependant, nous avons été consternés par la réponse désinvolte du gouvernement à votre rapport et à ses recommandations. Votre appel à une réforme majeure a reçu pour toute réponse une déclaration qui entérine le statu quo.
Je sais que la ministre Foote comparaîtra devant votre comité le jeudi 9 février. Nous l'écouterons attentivement, dans l'espoir qu'elle révise la réponse gouvernementale. Nous serons également à l'écoute de ses commentaires sur le système d'approvisionnement proposé par son ministère pour les services que fournissent les interprètes pigistes.
Avant d'aborder ce sujet, je me dois de préciser qu'AIIC Canada a engagé des discussions approfondies avec le gouvernement et le bureau de la ministre sur le système proposé. Nous avons sonné l'alarme, car le nouveau système portera gravement atteinte à la capacité du gouvernement de respecter ses obligations en matière de langues officielles. Nous avons alerté tous ceux qui étaient prêts à nous entendre au sein du gouvernement quant à la menace qui pèse sur les possibilités, pour les Canadiennes et les Canadiens, de suivre les délibérations des institutions fédérales dans la langue officielle de leur choix si ce nouveau système devait être implanté.
Dans l'ensemble, les personnes rencontrées nous ont réservé un accueil bienveillant. Elles ont semblé être à l'écoute, et leur rétroaction témoigne d'un appui à nos préoccupations. Mais en fin de compte, rien n'a changé quant au nouveau système proposé. En fait, certains éléments ont déjà été mis en place, dont le principe du plus bas soumissionnaire.
Néanmoins, après plusieurs reports, la date de clôture de la demande d'offres à commandes, ou la DOC, est maintenant fixée au 9 mars 2017.
J'aimerais vous donner quelques explications sur les changements que nous avons demandés.
Premièrement, ce nouveau système repose presque exclusivement sur le principe du plus bas soumissionnaire. La quasi-totalité des affectations seront octroyées aux interprètes qui offrent le tarif le plus bas. À moins d'un changement, votre comité et tous les autres comités permanents de la Chambre des communes et du Sénat se verront affecter les interprètes qui ont offert les tarifs les plus bas, sans aucune autre considération. lmaginez, un système à rabais pour le siège de la démocratie d'un pays bilingue!
Le système proposé est discriminatoire à l'égard de la qualité. II vise à établir un tarif unique, tout inclus, pour chacun des volets, quel que soit le mode d'interprétation. Par conséquent, les interprètes plus polyvalents, spécialisés et chevronnés seront écartés par les plus bas soumissionnaires. En somme, le petit bassin d'interprètes qualifiés fera peau de chagrin.
Dans ce domaine comme ailleurs, on en a toujours pour son argent. C'est pourquoi nous avons demandé à la ministre d'abandonner cette approche au profit d'un système d'attribution des contrats qui serait basé sur le principe de la meilleure adéquation entre l'interprète et la tâche à accomplir, et qui serait assorti éventuellement d'une prime équitable pour des compétences spécialisées et des responsabilités additionnelles.
Dans l'éventualité où la ministre adopterait cette approche du meilleur rapport qualité-prix au lieu du principe du plus bas soumissionnaire, nous avons demandé la mise en place d'un mécanisme de surveillance de la performance du Bureau lorsqu'il s'agit de distribuer les affectations selon le principe de la meilleure adéquation.
[Traduction]
Le nouveau système propose la mise en place d'une structure à deux volets dans laquelle un très petit nombre de conférences et d'événements fédéraux se verrait affecter les interprètes les mieux qualifiés pour s'acquitter de la tâche. Toutes les autres réunions ou conférences — soit près de 95 — recevraient les services d'interprètes qui ne seraient pas choisis pour leurs aptitudes, leur expérience ou leur connaissance du sujet. Non. Ils seraient affectés à cette deuxième catégorie d'événements considérés comme « génériques », car ils auront pratiqué les prix les plus bas. C'est comme si les auteurs de ce nouveau système considéraient certaines conférences moins égales que d'autres lorsqu'il s'agit de l'obligation du gouvernement de fournir des services de qualité égale dans les deux langues officielles.
Compte tenu de l’évolution constatée au Bureau de la traduction, nous craignons que ce concept défaillant puisse mener à l'affectation d'interprètes non accrédités pour couvrir les délibérations de la plupart des institutions fédérales dont les travaux se retrouveraient dans la catégorie « générique », ou réputée moins importante. Étant donné qu'un tel système ouvrirait la voie à un régime de deux poids, deux mesures, nous avons demandé à la ministre l'abandon des volets « à enjeux élevés » et « génériques » et l'assurance que toutes les affectations seront traitées de manière égale pour ce qui est de la qualité.
[Français]
Vous savez sans doute que les interprètes doivent réussir un examen rigoureux du gouvernement du Canada afin de se qualifier et de pouvoir travailler pour le Bureau de la traduction. Ce processus d'accréditation fait l'envie du monde entier. C'est une référence absolue et tout à fait justifiée, étant donné la nature essentielle de ce travail. Toutefois, cette assurance de la qualité a été mise à mal au fil des ans.
Depuis plus de 20 ans, les ministères et organismes fédéraux ont obtenu le feu vert pour donner des contrats de services d'interprétation et de traduction à des fournisseurs autres que le Bureau de la traduction, sans aucune obligation de recruter des professionnels accrédités. Actuellement, un certain nombre de ces ministères et organismes gouvernementaux embauchent régulièrement des interprètes estimés non qualifiés, selon les normes du Bureau de la traduction.
Une telle situation de deux poids, deux mesures ne saurait perdurer. C'est pourquoi nous avons demandé à la ministre d'imposer l'exigence de l'accréditation par le Bureau de la traduction à l'ensemble du gouvernement, afin de maintenir la norme de qualité la plus élevée, et ce, conformément aux obligations découlant de la Loi sur les langues officielles. Nous avons également demandé un engagement écrit de la ministre Foote à cet égard, ainsi que l'assurance explicite que l'examen d'accréditation ne sera pas confié à des parties externes et que les normes n'en seront pas diluées.
L'élaboration de la DOC, dont la clôture est fixée au 9 mars prochain, a débuté en 2014. La version définitive, un document de 71 pages en français, a été publiée en juin dernier. Elle était et demeure truffée de dispositions types provenant d'autres documents de la DOC qui ne s'appliquent tout simplement pas à notre profession. Qu'est-ce qu'une clause « franco à bord » a à voir avec l'interprétation? Rien, bien sûr. Et pourtant, la DOC contient une clause « franco à bord ».
Depuis sa première publication, la DOC a été modifiée 15 fois pour tenter en vain d'en clarifier les dispositions, et d'autres modifications sont encore à venir. Plus de 300 questions et réponses ont été publiées sur le site Achats et ventes. Devant une situation aussi chaotique, nous demandons le report indéfini de la DOC jusqu'à ce que SPAC puisse fournir un document adéquat.
Par contre, si la date du 9 mars prévue pour la clôture de la DOC devait être maintenue, nous demanderions que, à tout le moins, la DOC actuelle soit retirée et publiée de nouveau en incluant toute les révisions appropriées.
Ce n'est peut-être pas la politique de l'actuel gouvernement, mais nous croyons que le but ultime de ce système consiste à privatiser le Bureau de la traduction dans le but de réduire les coûts, une démarche qui vient tout juste d'être écartée par le seul autre gouvernement officiellement bilingue du pays par crainte de miner indûment la qualité du service.
En conclusion, je tiens à redire que nous attendons avec grand intérêt la comparution de la ministre ce jeudi et que nous écouterons très attentivement ce qu'elle aura à dire.
Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, Madame Chartrand.
Bonjour à toutes et à tous. Je vous remercie de nous recevoir.
Comme tout organisme chargé de livrer un service, les conseils scolaires francophones ont besoin de connaître leur clientèle potentielle. Les règles d'admission aux conseils scolaires francophones varient d'une province à l'autre. Or, l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit à trois catégories d'individus le droit de faire instruire leurs enfants dans des écoles de langue française en situation minoritaire.
Ainsi, la première catégorie parle de citoyens canadiens dont la langue maternelle est le français. La deuxième catégorie porte sur les citoyens canadiens qui ont fait une partie importante de leur scolarité au niveau primaire dans une école de langue française au Canada. Finalement, la troisième catégorie, mais non la moindre, parle de citoyens canadiens dont l'un des enfants fréquente ou a fréquenté une école de langue française au Canada. Telles sont les trois catégories pour être un ayant droit. Appartenir à l'une de ces trois catégories vous donne ce droit.
À plusieurs reprises, la Cour suprême du Canada a expliqué que les droits prévus à l'article 23 de la Charte dépendent de la justification par le nombre. C'est pourquoi il est crucial que les conseils scolaires de la minorité ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux aient des données complètes et fiables leur permettant de bien comprendre à la fois l'ampleur et la distribution de leur clientèle potentielle. Ces données leur permettent aussi de bien évaluer l'étendue de leurs obligations constitutionnelles en vertu de l'article 23 de la Charte.
À l'heure actuelle, le recensement canadien ne permet pas de bien dénombrer les titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte. Le recensement est la seule source de données permettant d'évaluer le nombre d'enfants admissibles aux écoles de langue française. De plus, on peut dire qu'un grand nombre de décisions importantes, notamment la construction de nouvelles écoles, sont prises en fonction de ces données.
Malheureusement, le formulaire actuel du recensement présente un portrait très incomplet du nombre d'enfants admissibles à fréquenter nos écoles. Seule la première catégorie de parents titulaires de droits fait l'objet d'une question du recensement, soit celle sur la langue maternelle.
Or, les données du recensement sous-estiment de façon importante le nombre de parents qui sont dans cette catégorie, car la question décourage les individus ayant plus d'une langue maternelle d'indiquer plus d'une réponse.
En effet, la question demande, et je cite:
Quelle est la langue que cette personne a apprise en premier lieu à la maison dans son enfance et qu'elle comprend encore?
3 : Autre langue — précisez
Ainsi, les répondants sont appelés à y inscrire la langue qu'ils ont apprise en premier lieu. On parle ici de langue singulier.
Or, qu'arrive-t-il dans le cas d'un enfant issu d'une famille exogame ayant appris en même temps le français et une autre langue? Ces individus sont incités à faire un choix entre leurs langues maternelles. Ils vont souvent choisir la langue qu'ils parlent le plus fréquemment. Savez-vous de quelle langue il s'agit? Il s'agit évidemment de l'anglais.
Les instructions accompagnant cette question incitent également les individus à inscrire une seule langue. Elles précisent que l'on doit inscrire deux langues seulement si la personne les utilisait aussi souvent l'une que l'autre avant d'aller à l'école et si elle les comprend encore.
L'article 23 de la Charte identifie aussi deux autres catégories de titulaires de droits qui ne sont bas basées sur la langue maternelle, mais plutôt sur la langue de fréquentation scolaire des parents et des enfants. Le recensement ne pose aucune question à ce sujet. Par conséquent, deux catégories sur trois de titulaires de droits sont complètement ignorées par le recensement.
Le recensement ne pose aucune question sur la langue d'instruction, que ce soit celle des parents ou de leurs enfants. Il ignore qu'un nombre important d'enfants, issus de couples exogames par exemple, apprennent véritablement le français une fois seulement qu'ils sont inscrits à l'école et non à la maison comme langue maternelle. De tels élèves devenus adultes ont le droit d'inscrire leurs enfants dans une école de langue française, mais le recensement ne permet pas de les dénombrer.
Cela ne tient pas compte non plus du fait que les écoles de langue française dans plusieurs provinces et territoires peuvent accepter des élèves dont les parents ne sont pas titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte et, de ce fait, accorder des droits en vertu de l'article 23 aux parents et à l'enfant.
Ces lacunes du recensement ont un effet néfaste sur la capacité des conseils membres de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones d'effectuer leur planification, incluant leur planification immobilière, ainsi que de justifier leurs demandes de financement en immobilisations auprès des gouvernements. Ces lacunes ont des effets néfastes sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire partout au pays.
Statistique Canada doit modifier le questionnaire court obligatoire du recensement de manière à ce qu'il permette de dénombrer l'ensemble des titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte. Des données fiables portant sur le nombre d'enfants dont au moins un parent est titulaire de droits en vertu de l'article 23 de la Charte sont nécessaires à la réalisation de son objet. C'est d'ailleurs ce que la Cour suprême de la Colombie-Britannique a conclu cet automne dans un jugement dans lequel elle concluait que la province de la Colombie-Britannique doit recueillir ces données. Il demeure clair, cependant, que la façon la plus simple, efficace et fiable d'avoir accès à de telles données est par l'entremise du recensement canadien.
De plus, de telles données devraient être recueillies pour l'ensemble du pays et permettre de dénombrer les titulaires de droits dans des régions spécifiques, comme une zone scolaire par exemple, ce que seulement le recensement peut faire.
Le gouvernement canadien, au moyen du recensement, est donc la source la mieux placée pour s'assurer que les conseils scolaires francophones en situation minoritaire, ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux, disposent de données fiables sur le nombre de titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte.
Je vous remercie de votre attention.
C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, bonjour.
Je m'appelle Isabelle Laurin et je suis la directrice générale de l'Association canadienne-française de l'Alberta, l'ACFA.
Je tiens à vous remercier de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
J'aimerais débuter en vous transmettant les regrets de notre président, M. Jean Johnson, qui ne peut être des nôtres ce matin.
Je désire aussi remercier le Comité d'entreprendre cette étude sur le recensement canadien et de reconnaître son importance en tant qu'outil permettant de mettre en oeuvre les droits linguistiques de la communauté d'expression française, tant en Alberta que partout au Canada.
Ce matin, je suis accompagnée d'un de nos avocats, Me Jean-Pierre Hachey, qui participera à la présentation.
Également, je tiens à vous informer que l'ACFA prépare présentement un rapport plus exhaustif sur ces questions et que nous en transmettrons une copie au Comité d'ici le 23 février prochain.
Tout d'abord, je vais dire quelques mots au sujet de notre organisme.
Depuis plus de 90 ans, l'ACFA est l'organisme porte-parole de la francophonie albertaine. Elle coordonne les actions de revendication et de développement de la communauté en collaboration avec les autres organismes francophones de l'Alberta, et en assure le suivi.
L'ACFA est également responsable de la concertation des organismes francophones de toute la province et de l'ensemble de la planification du développement communautaire. En collaboration avec les organismes francophones de la province, l'ACFA promeut la fierté et la culture d'expression française dans l'ensemble du territoire de l'Alberta, et projette une image positive de la francophonie albertaine dans la société civile.
L'ACFA soutient sans réserve la position des acteurs du domaine de l'éducation, selon laquelle il faut modifier la question du recensement sur la langue maternelle de manière à la rendre plus claire et ajouter des questions portant sur la langue d'instruction des parents et de leurs enfants.
Sans connaître le nombre et la distribution géographique de ces individus, il devient très difficile, pour nos conseils scolaires, de rejoindre l'ensemble des ayants droit et de s'acquitter pleinement de leur rôle. Cela dit, ces données démographiques ne sont pas seulement importantes pour les conseils scolaires, elles sont essentielles aux communautés d'expression française en situation minoritaire et aux organismes comme le nôtre qui les représentent, afin de réaliser d'autres objectifs visant à favoriser leur épanouissement.
Par exemple, les données du recensement permettent au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux et territoriaux de comprendre où se trouvent les populations de langue officielle en situation minoritaire et de prévoir des services gouvernementaux adéquats dans cette langue. Sur ce plan, il va sans dire que des données plus riches seraient d'une grande utilité pour le gouvernement fédéral, notamment dans le cadre de la révision du Règlement sur les langues officielles, annoncée en novembre dernier.
Les organismes communautaires ont pour mission de rejoindre les locuteurs du français, afin de promouvoir la langue et la culture françaises, de créer des espaces francophones et de lutter contre l'assimilation linguistique et culturelle. Pour réaliser leur mission, ces organismes ont aussi besoin de bien connaître la réalité démographique de leur population cible. Des données riches et complètes sur les locuteurs du français permettraient à l'ACFA et aux autres organismes communautaires de mieux cibler leurs interventions et leurs activités de sensibilisation.
Ces données sont aussi devenues nécessaires en raison des changements démographiques importants survenus au cours des dernières décennies. La francophonie albertaine compte un nombre grandissant d'immigrants, incluant des individus qui comprennent mieux le français que l'anglais mais qui ont une autre langue maternelle.
Notre francophonie est aussi composée d'anglophones ou d'allophones bilingues vivant dans des familles où le français est très présent, voire la langue principale. On compte également un nombre grandissant d'enfants issus de couples interlinguistiques, aussi appelés couples exogames. Certains enfants issus de ces unions ont grandi dans un environnement bilingue et ont appris le français et une autre langue dès leur plus jeune âge. D'autres n'ont appris le français qu'une fois inscrits dans une de nos écoles francophones ou dans un programme d'immersion.
Ces nouvelles réalités démographiques sont le signe d'une francophonie en évolution. Il est important, pour les gouvernements et les acteurs communautaires, d'avoir les meilleures données démographiques possible sur cette population afin de mieux la comprendre. Dans ce contexte, il est particulièrement important d'adapter le formulaire du recensement, par exemple en modifiant la question sur la langue maternelle et les instructions qui accompagnent cette question, qui suggèrent à bien des individus qu'ils doivent choisir entre leurs langues maternelles.
Je cède maintenant la parole à Me Hachey, qui vous parlera de l'importance de ces données pour les droits des minorités de langue officielle.
Bonjour à toutes et à tous.
En effet, il faut des données complètes et fiables sur les locuteurs du français hors Québec pour assurer le respect d'au moins deux droits constitutionnels: premièrement, le droit à l'instruction dans la langue minoritaire garanti par l'article 23 de la Charte, qui s'applique lorsque le nombre le justifie; et deuxièmement, le droit aux services fédéraux dans la langue de son choix, qui est garanti par le paragraphe 20(1) de la Charte et qui dépend de l'existence d'une demande importante.
Dans le cas de ces deux droits, les communautés et les gouvernements doivent pouvoir identifier le nombre d'individus qui pourraient se prévaloir de ces droits et connaître leur répartition géographique. Dans les deux cas, les données du recensement sont utilisées pour évaluer et justifier la demande de services. Le recensement fournit la preuve que les données sont exactes. Si les nombres ne sont pas confirmés par une solide preuve, il est beaucoup plus difficile, et parfois impossible, de démontrer que les critères numériques ont été atteints, ce qui fait perdre des droits à des communautés francophones minoritaires.
À titre d'exemple, dans le récent litige sur les écoles de langue française en Colombie-Britannique, mes collègues et moi avons eu à démontrer ce que les nombres dans plusieurs communautés le justifiaient. La décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique dans cette affaire, rendue en septembre dernier, montre les lourdes conséquences de l'absence de données complètes et fiables sur les membres des communautés de langue française et leurs enfants. Dans son jugement, la cour a reconnu que le recensement sous-estimait le nombre d'enfants ayant au moins un parent avec des droits, en vertu de l'article 23 de la Charte. Cependant, la cour a refusé d'inférer le nombre de ces enfants à partir d'autres éléments de preuve que les données du recensement. Cela a eu un impact très négatif sur les droits de plusieurs communautés. La cour a reconnu que les données du recensement omettaient des ayants droit et leurs enfants et, en effet, omettaient plusieurs catégories entières d'ayants droit, mais son analyse de ce que le nombre justifie était néanmoins basée sur les données des recensements. Il s'agissait uniquement des données relatives aux parents ayant le français comme langue maternelle selon le recensement.
La preuve incluait des témoignages de plusieurs parents qui ont des droits en vertu de l'article 23, qui ont des enfants dans les écoles de la CSF mais qui n'avaient pas été identifiés comme ayants droit par le recensement. Parmi ces témoins, il y avait des parents ayant le français et l'anglais comme langue maternelle, mais qui ont indiqué seulement l'anglais sur le formulaire du recensement, croyant qu'il fallait faire un choix. Il y avait aussi d'autres parents, ou conjoint ou conjointe de la personne, dont la langue maternelle était le français ou l'anglais, qui, en remplissant le formulaire pour toute la famille, ont tout simplement indiqué « anglais » pour tout le foyer, parce que c'était la langue dominante ou la langue commune du foyer.
Parmi les témoins, il y avait également des parents ayant des droits en raison de leur scolarité, que ce soit dans une école francophone au Québec ou que ce soit dans une école francophone minoritaire hors Québec, et d'autres parents ayant des droits en raison de la scolarité de leur enfant.
La leçon est claire: seul le recensement permet de dénombrer les titulaires de droits et leurs enfants. Il faut donc l'améliorer pour qu'il fasse mieux cela. Ce manque de données n'affecte évidemment pas seulement les dossiers qui se rendent devant les tribunaux. De nombreuses décisions gouvernementales qui sont prises sont basées sur les données du recensement, incluant les décisions d'accorder ou non le financement en immobilisations pour les écoles et les décisions par rapport à l'endroit où il faut offrir des services gouvernementaux dans la langue minoritaire.
Je note qu'il est important de recueillir ces données en posant les questions à 100 % de la population. Il s'agit véritablement de compter les membres de ces communautés, ce qui veut dire que les questions qui recueillent ces données devraient être posées dans le formulaire court du recensement, qui est distribué à 75 % de la population. Et toutes les questions dans le formulaire court sont également dans le formulaire long. Par conséquent, 100 % de la population répond à ces questions.
La question sur la langue maternelle est donc déjà posée à 100 % de la population. Cela ne devrait pas changer. Les questions sur la scolarité, qui devraient être ajoutées, devraient être également posées à 100 % de la population. Cela permettrait de véritablement compter ces personnes et pas seulement d'inférer leur nombre en se basant sur un échantillon de 25 % de la population.
D'ailleurs, l'expérience passée montre que les données relatives aux minorités linguistiques, qui sont estimées uniquement à partir des données provenant du questionnaire long, sont peu fiables, surtout pour les petites régions. M. Paul a d'ailleurs fait mention d'une zone de fréquentation d'une école. À cette échelle, ce n'est tout simplement pas fiable.
Pour conclure, je note qu'en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, il incombe au gouvernement fédéral de prendre des mesures positives afin de favoriser l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Il est difficile d'imaginer, pour ces communautés, une mesure plus positive que le fait de modifier le recensement de manière à pouvoir identifier leurs membres de façon complète et fiable. Cela permettrait d'assurer le respect du droit à l'éducation et aux services dans la langue de la minorité et outillerait les gouvernements ainsi que les organismes communautaires en vue d'assurer le développement et l'épanouissement des communautés.
Nous répondrons à vos questions avec plaisir.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins d'être ici avec nous aujourd'hui.
En sept minutes, je vais essayer de dresser le portrait de la situation et de vous expliquer comment je la vois. Par la suite, vous pourrez me donner des informations.
Mon collègue, M. Généreux, qui a certainement le coeur à la bonne place, n'a pas mentionné que c'est le gouvernement conservateur qui a réduit la longueur du questionnaire du recensement. C'est un aspect très important à souligner. L'autre aspect très important, c'est que si les enfants qui sont des ayants droits ne fréquentent pas les écoles françaises, ils peuvent perdre leur statut d'ayants droits, ce qui est très grave. Cela me chagrine un peu.
La Charte canadienne des droits et libertés existe depuis 35 ans, soit plus que la moitié mon âge. Cela dit, l'occasion est vraiment propice au changement. Nous sommes vraiment à la croisée des chemins. Selon moi, le moment est idéal, parce qu'il y a beaucoup d'ajustements à faire.
Je vais d'abord vous parler de la common law, que j'aime beaucoup parce qu'elle s'appuie sur des précédents. Par contre, il faut parfois attendre longtemps avant d'obtenir des résultats. C'est d'ailleurs ce qui pose problème. La Charte des droits et libertés dit qu'il y a trois groupes de Canadiens qui ont droit à l'instruction dans la langue de la minorité. Ce qui me plaît et ce qui pave la voie au changement aujourd'hui, c'est que notre ami M. Corbeil, de Statistique Canada, a confirmé au Sénat en décembre 2016 — soit il y a deux mois de cela — que le recensement touche seulement le paragraphe (1) de l'article 23 de la Charte. Il a donc clairement admis que, depuis 35 ans, on ne fait pas le travail qui doit être fait en vertu des paragraphes (2) et (3) de l'article 23. C'est crucial. Cela pave la voie au changement.
Pardonnez-moi de tracer ici un bref historique.
En 1990, dans le jugement relatif à la cause Mahe, la cour a dit qu'il faut des critères numériques, des nombres et des données chiffrées.
En 2006, il y a eu une très bonne enquête sur la vitalité des minorités qui a avancé des chiffres bien plus élevés que ceux publiés auparavant. Même le commissaire aux langues officielles a dit que l'exercice était très, très louable, et qu'il fallait continuer à mener de pareilles enquêtes. Qu'est-ce qui a été fait? Aucun sondage à ce sujet n'a été effectué depuis 2006. Il est dommage que le commissaire ait dit cela. S'il ne l'avait pas dit, peut-être que les enquêtes auraient continué.
Cela dit, en 2016 — nous nous rapprochons de l'époque actuelle —, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a dit, comme vous le mentionniez, que les provinces doivent avoir ces données et qu'il faut fournir ces données qui sont nécessaires et fiables. Voilà l'histoire qui nous rappelle Christophe Colomb.
En tant qu'ancien directeur général, je me sens mal à l'aise aujourd'hui. J'ai été directeur général pendant onze ans. J'ai travaillé à partir des données que me fournissait Statistique Canada. En Nouvelle-Écosse, il y avait 8 000 ayants droits. Mon association en regroupait 4 000, donc 50 % de l'ensemble de ceux-ci. Cependant, le calcul n'était pas effectué correctement. C'était 50 % en fonction seulement du paragraphe (1) de l'article 23. Trente-cinq ans plus tard, nous sommes encore en train de nous interroger à cet égard. Cela veut dire que comme directeurs généraux de tous les conseils scolaires, nous avions l'obligation, en vertu de notre poste, de notre rôle et en tant qu'employés, de nous assurer d'offrir ces services aux ayants droits. Nous ne l'avons pas fait parce que nous n'étions pas au courant des données touchant les paragraphes (2) et (3). C'est un péché mortel qui me fait me sentir mal.
Je vous poserai rapidement trois questions.
Premièrement, comment vous sentez-vous, monsieur Paul? Vous avez passé 31 ans comme directeur d'écoles, comme directeur général et maintenant directeur général de la Fédération nationale des conseils scolaires. Que pensez-vous de cela? Que pensez-vous du fait qu'on n'ait pas pu s'occuper de tous ces élèves?