Alors, c'est adopté.
Conformément à l'article 108 du Règlement, nous reprenons notre étude sur les enjeux relatifs au dénombrement des ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.
[Traduction]
Nous avons le plaisir d'accueillir les représentants du Quebec Community Groups Network: le vice-président, M. Geoff Chambers; la directrice générale, Mme Sylvia Martin-Laforge.
[Français]
Nous recevons aussi deux représentants de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, dont M. Marcus Tabachnick, directeur général.
Chaque groupe dispose de 10 minutes pour faire une présentation. Par la suite, les membres du Comité pourront poser des questions ou faire des commentaires.
Commençons immédiatement par les représentants du Quebec Community Groups Network.
:
Bonjour, messieurs Paradis, Nater et Choquette.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des langues officielles, bonjour. Je me nomme Geoffrey Chambers. Je suis le vice-président des Quebec Community Groups. Je suis accompagné de notre directrice générale, Mme Sylvia Martin-Laforge.
Vous connaissez intimement le rôle central des écoles dans la préservation des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Certains d'entre vous ont détenu des postes de commande dans ces établissements, d'autres ont inscrit leurs enfants dans un système en situation minoritaire, et tous, vous continuez à manifester de l'intérêt et de la compréhension pour les difficultés qu'affrontent ces systèmes et pour la recherche de moyens par lesquels le partenaire fédéral peut les aider à survivre.
Nous venons appuyer les recommandations de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec et de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones sur les améliorations à apporter au recensement pour permettre une meilleure planification et une meilleure élaboration des mesures d'aide aux systèmes scolaires des minorités linguistiques. Ces deux organismes ont souligné l'importance de disposer de données sûres et objectives sur le nombre d'ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Ces données, il n'est pas dans l'intérêt de la province ou du territoire de les rassembler.
Sans doute, une communauté de langue minoritaire ne peut pas exister sans écoles qu'elle gère et contrôle ni sans les structures nécessaires pour les gérer et les contrôler. Sans données précises qui reflètent nos droits à l'instruction dans la langue de la minorité au sens de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, impossible de les gérer, de les contrôler ou d'exiger une reddition de comptes de la province ou du territoire.
Nous offrons les recommandations suivantes au Comité pour son étude sur le dénombrement des ayants droit en vertu de la Charte.
D'abord, il faut s'efforcer d'identifier et de dénombrer les ayants droit actuels et à venir. Dans cet exercice, ne vous égarez pas dans des enquêtes pour déterminer qui est membre ou non des communautés anglophones ou francophones des diverses provinces. Ce sont également des questions importantes, mais les discussions sur les définitions qui accompagnent l'examen des règlements en vigueur sur les langues officielles par le Conseil du Trésor devraient se concentrer sur les ayants droit. Les données sur l'instruction dans la langue de la minorité ne sont utiles que lorsque les ayants droit sont seulement évalués. Autrement dit, nous ne pouvons formuler de recommandation ni avancer d'argument au gouvernement de notre province en nous fondant sur des données qui ne correspondent pas aux règles d'accès. Nous faisons grand cas de ces règles et, dans d'autres circonstances, nous pourrions être en train de vous en parler, mais, compte tenu de ce que nous espérons obtenir du recensement, les données sur les ayants droit sont indispensables et, actuellement, elles ne sont pas collectées, et nous ne pouvons pas y accéder par d'autres sources.
Ensuite, Statistique Canada doit chercher à obtenir un avis juridique compétent pour la conception des questions permettant le dénombrement des ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte. On doit publier cet avis pour aider tous les acteurs de la discussion, vous compris, à comprendre la complexité des droits à l'instruction dans la langue de la minorité. Faute de savoir qui sont les ayants droit actuels et à venir, comment pouvez-vous les compter, puis parler en faveur de services dont ils auront besoin? Les investissements et la détermination des ressources ne peuvent être efficaces qui si les données sont sûres.
Enfin, à la séance de mardi de votre comité, s'est informé auprès de Statistique Canada sur la faisabilité de l'ajout d'une question qui porterait sur la préférence des parents pour la langue d'instruction de leurs enfants. Nous pensons que c'est une idée très intéressante qui mérite d'être poursuivie.
Nous entretenons des rapports étroits avec Statistique Canada, qui possède un excellent bilan de consultation dans notre communauté et avec qui nous avons hâte de collaborer sur les questions qui découlent de notre besoin de comprendre les sujets d'étude de votre comité.
Je vous remercie de votre invitation. J'ai hâte de collaborer avec votre comité et de contribuer à tout ce qu'il fait pour les communautés anglophones et francophones du Canada en situation minoritaire.
:
Monsieur le président, monsieur le vice-président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je suis Marcus Tabachnick, un nom pas si facile à prononcer, mais c'est ça. Je suis le directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec.
Tout d'abord, au nom de notre présidente qui, malheureusement, doit être excusée en raison de problèmes survenus en cours de route à sa voiture, l'Association vous remercie de votre invitation à venir discuter de l'étude sur le dénombrement des ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.
L'Association salue cette occasion de participer avec vous à la discussion d'une question essentielle pour notre communauté minoritaire. Nous avons déclaré, dans notre comparution antérieure, à quel point il était important de consulter la communauté anglophone du Québec et, pour nous, d'être entièrement reconnus comme une communauté linguistique en situation minoritaire, comme la définit la Constitution et la Charte canadienne des droits et libertés. Sachez que le Québec ne nous reconnaît pas comme telle. Nos rencontres avec vous ont donc pour nous une importance d'autant plus particulière.
Notre association représente les neuf commissions scolaires plus une commission scolaire à statut particulier au Québec, de qui relèvent environ 340 écoles et un peu moins de 100 000 élèves.
L'instruction n'est pas seulement la pierre angulaire d'une société. C'est le facteur indispensable de la vitalité et de la longévité des communautés linguistiques en situation minoritaire. Notre communauté lutte pour conserver ses institutions et même sa masse critique. Nos droits à l'instruction sont consacrés. La fragilité de notre communauté, cependant, est aggravée par le fait que le Québec refuse de signer l'alinéa 23(1)a) de la Charte canadienne des droits et libertés, qui pourrait assurer à nos écoles un accès dont elles ont grand besoin pour se maintenir, particulièrement les petites, à l'extérieur des grands centres urbains.
On ne saurait exagérer l'importance de données dignes de confiance sur le nombre d'ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte qui vivent au Québec. En 45 ans, depuis 1971 environ, notre population scolaire dans le secteur anglophone est passée de 250 000 à 99 500, disons 100 000 élèves aujourd'hui. C'est une baisse des inscriptions de 60 % environ.
Le principal problème, pour nous, est que notre secteur jeunesse poursuit son déclin. Actuellement, notre secteur adultes et notre secteur de la formation professionnelle sont en croissance et maintiennent la stabilité de notre clientèle, mais c'est notre secteur jeunesse qui soutiendra notre système et non notre secteur adultes.
Les données actuellement collectées ne sont pas nécessairement représentatives de notre communauté en situation minoritaire quand il s'agit de déterminer les familles admissibles à la scolarisation publique en anglais. La Cour suprême du Canada a nettement précisé que les droits accordés sous le régime de l'article 23 de la Charte s'appliquent quand le nombre le justifie. Vu les effectifs et la taille de la communauté anglophone au Québec, nous avons droit au maximum des services accordés à l'instruction dans n'importe quelle province.
Beaucoup de communautés culturelles vivent dans la province, et, quand on le leur demande, elles seraient plus susceptibles de dire que l'anglais est leur langue préférée de communication quotidienne, mais pas nécessairement la langue parlée à la maison ni la première langue apprise.
Nous n'avons jamais d'estimation convenable, non seulement pour l'ensemble de notre communauté, mais, plus précisément, pour nos établissements d'instruction, quand nous cherchons des élèves admissibles à l'instruction en anglais. Beaucoup d'ayants droit choisissent pour leurs enfants l'école francophone, privée ou religieuse, sans jamais demander de certificat d'admissibilité à l'instruction en anglais. Le gouvernement du Québec nous renseigne sur le nombre d'ayants droit potentiels en se fondant sur le nombre de ces certificats. Beaucoup de petits Québécois ne sont donc jamais comptés comme admissibles. Bien sûr, cela influe à long terme sur la planification, les plans de répartition des écoles que nous préparons et, bien sûr, tous nos efforts de marketing ou ceux par lesquels nous tentons d'attirer notre clientèle.
Dans sa forme actuelle, le recensement ne procure pas un dénombrement exact des ayants droit de la minorité en vertu de l'article 23 de la Charte, et c'est le seul document à notre disposition pour connaître le nombre d'élèves anglophones admissibles au Québec.
Nous avons besoin de pouvoir savoir qui est notre clientèle potentielle. Actuellement, le recensement ne questionne pas les parents sur la langue dans laquelle ils ont fait leurs études, à l'école élémentaire et secondaire, ni si ces études se sont faites au Canada.
Des données dignes de confiance sur le nombre d'enfants dont au moins un parent est un ayant droit en vertu de l'article 23 sont nécessaires pour donner effet à cette disposition. L'automne dernier, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a jugé que la province devait collecter ce type de données. Il est clair, cependant, que l'accès le plus simple, le plus efficace et le plus fiable à ces données passe par le recensement fédéral.
De plus, il faudrait collecter ces données dans tout le pays pour connaître le nombre d'ayants droit dans des régions particulières, par exemple, les bassins de recrutement scolaire, ce qui n'est possible que par le recensement fédéral. Le gouvernement du Canada est donc le mieux placé, grâce à ce recensement, pour assurer aux commissions scolaires en situation minoritaire et aux provinces et territoires des données dignes de confiance sur les effectifs des ayants droit.
Nous proposons trois pistes pour les questions: la langue parlée à la maison et la langue maternelle; les études en anglais d'un ou des deux parents au Canada et leur niveau, élémentaire, secondaire, postsecondaire; le nombre de nouveaux résidents permanents ou de nouveaux Canadiens ayant étudié en anglais à l'étranger.
En montant notre dossier pour un meilleur accès aux écoles anglaises, c'est le type de données dont nous avons besoin pour défendre la vitalité et la viabilité à long terme de notre réseau d'écoles anglaises.
Merci encore. Nous avons hâte d'entamer et de poursuivre avec vous les discussions.
Merci de prendre le temps d'être ici aujourd'hui. Je me rappelle la dernière fois que vous avez témoigné devant le Comité; nous avons parlé de l'importance d'une école pour une région, pour une communauté. La vitalité d'une communauté dépend en grande partie de l'éducation. C'est très important.
La décision prise dans l'affaire de la Colombie-Britannique concernant le droit d'aller à l'école et d'avoir des chiffres et des données fiables est importante, d'après moi. Le gouvernement devrait la considérer comme un signe qu'à l'heure actuelle, nous n'avons pas de données fiables. On pourrait dire que c'est la responsabilité de la province, mais la province a des politiques qui font en sorte que la collecte de données fiables n'est pas une priorité.
J'aimerais que vous me disiez pourquoi vous pensez que c'est très important pour le gouvernement fédéral d'avoir des données fiables et de les rendre publiques afin que vous puissiez y accéder et déclarer: « Vous voyez? Les chiffres sont bons. Nous avons besoin de services. » Pouvez-vous nous expliquer pourquoi c'est tellement important?
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M. Tabachnick a déclaré que les jeunes soutiennent le secteur de l'éducation — l'élémentaire, le secondaire, le postsecondaire et tout le reste. Nous sommes d'avis qu'ils soutiennent également le secteur communautaire. Les jeunes sont le seul point d'ancrage de la vitalité de notre communauté au Québec, donc plus les jeunes Québécois sont intéressés et engagés, mieux c'est pour nous.
À cet égard, le système d'éducation est fondamental. Nous nous intéressons tous aux jeunes, mais ils passent par nos écoles, et à mesure que nous fermons les petites écoles, nous perdons le pouvoir d'aider les élèves, de leur parler de la culture de la communauté anglophone et de promouvoir une communauté culturelle en vertu de l'article 23. L'école de langue anglaise n'est donc pas le seul enjeu; la présence de notre communauté dans ces écoles est aussi importante.
Notre situation diffère un peu de celle des francophones, car l'anglais n'est pas menacé, mais nos communautés le sont. Les écoles jouent un rôle essentiel dans les petites communautés. Nous devons en faire plus pour comprendre comment gérer non seulement les écoles, mais aussi le système afin de pouvoir nous rassurer que la communauté anglophone existera encore dans 20 ou 30 ans. C'est surtout au moyen des écoles; nous ne pouvons pas avoir des immigrants et... De plus, les gens s'associent à la communauté anglophone non seulement parce que leurs enfants vont à l'école, mais aussi parce qu'ils veulent avoir accès à des services de santé, à des services sociaux et autres.
Vous savez, globalement, les jeunes sont notre avenir. Nous avons besoin de plus de données non seulement pour gérer le système scolaire, mais aussi pour assurer la vitalité de notre communauté.
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Je ne veux pas répondre à la place de Marcus. Il pourra répondre lui-même.
Du point de vue du QCGN, ces renseignements supplémentaires nous aideront à faire valoir notre point. Nous devons connaître ces chiffres, tant sur le plan des politiques que sur le plan de la promotion. Au Québec, on nous compte à titre de personnes dont l'anglais est la langue maternelle, puis il y a un autre groupe: les allophones.
Les allophones et les anglophones, en ce qui a trait à la première langue officielle parlée, représentent 1 million de personnes. Notre vision de notre communauté et la façon dont la communauté veut que nous la percevions sont presque aux antipodes. Quant aux personnes qui arrivent, comme les immigrants qui désignent l'anglais à titre de première langue officielle parlée, ils peuvent obtenir des services en anglais dans nos institutions bilingues. Ils peuvent obtenir ces services si les infrastructures le permettent.
Nous travaillons très fort dans le domaine de la santé et des services sociaux pour veiller à ce que les personnes qui souhaitent obtenir des services en anglais les obtiennent. C'est parfois plus difficile à Gaspé, par exemple, mais nous y travaillons très fort. Nous poursuivons notre progression et nous utilisons ces chiffres pour améliorer l'accès des membres de notre communauté aux services.
J'aimerais simplement clarifier un point.
Je suis l'exemple parfait. En effet, mon épouse est anglophone, plus précisément anglo-montréalaise. Nous demeurons à La Pocatière, dans une circonscription largement francophone. Mes enfants sont bilingues, du fait que nous parlions anglais à la maison. Par contre, ils n'ont pas fait leurs études en anglais.
Mon fils demeure dans la région montréalaise, dans l'ouest de l'Île, à Rigaud. En principe, ses enfants sont des ayants droit. Or d'après ce que vous dites, si je ne demande pas ce certificat au Québec, les générations futures n'auront jamais ce statut.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chaque fois que je rencontre des membres de la communauté anglophone du Québec, je suis impressionnée. Vous êtes tout de même très combatifs. On dit souvent que les francophones ont du sang latin. C'est aussi votre cas, d'ailleurs.
Le Québec ne vous reconnaît pas; c'est un fait. J'ai travaillé au gouvernement du Québec, alors je connais la situation. L'information dont nous disposons est nécessairement faussée. On reconnaît votre langue maternelle, mais on ne vous reconnaît pas comme des ayants droit. Est-ce exact? Certains d'entre vous sont reconnus comme des ayants droit au Québec, mais la plupart du temps, ce n'est pas le cas. Les données fournies par la province sont donc faussées, au Québec.
Monsieur Tabachnick, vous avez parlé plus tôt de discussions tenues au Conseil du Trésor. Nous avons rencontré des gens de Statistique Canada et nous avons discuté avec eux des questions du recensement. Je n'ai pas tout à fait compris ce que vous avez dit à propos des discussions du Conseil du Trésor. Pouvez-vous y revenir?
:
Je vais seulement donner un exemple à l'appui de ce que vous venez de dire.
Comme vous l'avez fait valoir, il y a une seule langue officielle au Québec. Ce n'est pas l'anglais et nous n'avons pas de problème avec cela; nous ne voulons pas nous attaquer à cette convention sociale, qui fonctionne relativement bien, mais par conséquent — et contrairement à l'Ontario qui a un ministère responsable de la question et qui est là pour représenter la minorité francophone —, il n'y a pas de minorité anglophone, alors il n'y a pas de ministère.
Nous tentons d'établir des voies afin que le gouvernement puisse tenir un dialogue avec la communauté et que nous ne soyons pas confrontés aux problèmes que nous avons connus avec les deux dernières lois sur la réforme. Ces lois ont été rédigées sans tenir compte des droits historiques de la communauté et ont dû être modifiées au cours du processus d'adoption à l'Assemblée nationale, ce qui a été compliqué, difficile et gênant. Ces lois ne visaient pas à placer la communauté dans une mauvaise situation. Ce n'était pas intentionnel; on ne savait tout simplement pas comment gérer une telle situation.
Il faut un meilleur dialogue. La collecte de meilleures données permettra d'améliorer ce dialogue. Même s'il n'y a qu'une seule langue officielle au Québec, la loi sur l'éducation fait référence à la minorité anglophone. La loi sur la santé et les services sociaux et le préambule de la Charte de la langue française font référence à la communauté anglophone. Nous ne sommes pas absents. La situation est confuse et il faut la préciser.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici. Nous sommes toujours heureux de recevoir des témoins qui nous nourrissent d'informations qui touchent de près les gens qui sont sur le terrain. Souvent, nous n'avons pas toutes les réponses, et nous avons besoin de gens qui connaissent les dossiers et qui peuvent nous faire part de leur perspective sur ces questions.
Je vais faire quelques commentaires. Vous pourrez peut-être y ajouter les vôtres ensuite.
Quand je pense à la Charte canadienne des droits et libertés, je pense à des droits qui sont accordés. Je pense aussi à ce qu'on a réussi à faire avec le gouvernement provincial de la Nouvelle-Écosse, en ce qui concerne le questionnaire pour s'inscrire dans les écoles, qu'il s'agisse d'écoles anglophones ou d'écoles francophones. Au moment de remplir le formulaire, si un Acadien francophone n'est pas au courant de ses droits, il va peut-être choisir de s'inscrire dans une école plus près de son domicile. Il faut donc que les gens soient au courant de leurs droits. Vous avez parlé de cela, mais j'aimerais en parler plus en profondeur.
Je peux vous dire que beaucoup d'Acadiens de la Nouvelle-Écosse ne sont toujours pas au courant qu'il existe des écoles francophones et qu'ils ont le droit de les fréquenter. Certains Acadiens de la Nouvelle-Écosse pensent même que les écoles francophones gérées par le Conseil scolaire acadien provincial sont des écoles privées. C'est l'impression qu'ils ont, je ne sais pas pourquoi. Il y a donc un manque de promotion.
Pour informer les citoyens qu'ils ont un droit, le gouvernement fédéral a accepté qu'une question figure dans le formulaire: on leur demande s'ils sont des ayants droit. Cette question est écrite dans les versions anglophone et francophone du formulaire. Ensuite, il y a une définition de ce qu'est un ayant droit en vertu de l'article 23. Je parle des trois paragraphes de cet article, et pas seulement du premier. Il a fallu quelques années de lutte pour convaincre le gouvernement. Vous pouvez imaginer que les conseils scolaires anglophones n'étaient pas tellement ravis. L'information se retrouve dans le formulaire qu'ils donnent. Combien d'efforts fait-on pour promouvoir ce droit? Je ne le sais pas, mais à tout le moins le questionnaire parvient à informer les gens de leur droit. Il s'agit simplement d'une question de droit et de promotion de ce droit.
En matière d'éducation, je compare souvent la situation à celles des enfants autistes. Quand un élève est autiste, les parents ont droit à des services supplémentaires. Ce n'est pas nécessairement aux parents de s'adresser au conseil scolaire ou à l'école pour signaler que leur enfant a le droit de recevoir une aide particulière. C'est l'école qui doit faire ce constat, reconnaître que l'enfant est autiste et qu'il a des besoins spéciaux, et présenter aux parents les services supplémentaires qui peuvent être offerts à l'enfant. C'est intéressant, n'est-ce pas? Ce sont l'école et la communauté qui donnent cette information. Il s'agit d'un droit. Si on ne le donne pas, on ne se comporte pas de façon responsable.
Le droit conféré par l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés n'est pas vraiment signalé, annoncé ou promu au sein des communautés, et cela m'inquiète énormément.
Pour obtenir les données nécessaires, l'ajout de questions au recensement aidera énormément. Cela ne réglera pas la question à 100 %, cependant. Je ne nommerai personne, mais on sait bien que certains parents vont remplir le questionnaire rapidement sans faire trop attention. Ils ne seront peut-être pas aussi consciencieux que d'autres. Au moins, cet outil existe. Il permet d'informer les gens de leur droit de fréquenter des écoles dans leur langue.
Permettez-moi de faire une autre analogie, même si je sais que mes collègues diront que le contexte de mes questions est souvent beaucoup plus large que mes questions elles-mêmes. En fait, je n'en étais pas au courant, mais le secrétaire parlementaire m'a appris aujourd'hui que j'avais même le droit d'agir à titre de témoin. Donc, à un moment donné, je serai un témoin, et alors vous pourrez me poser des questions et je contribuerai au débat.
Blague à part, je vous remercie d'être ici, monsieur Tabachnick.
J'aimerais que vous fassiez des commentaires généraux sur la détermination des droits, des commentaires que vous n'auriez pas encore faits dans vos réponses précédentes.
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Oui. Cela permettrait de déterminer qui sont les ayants droit.
Si une personne a fait sa scolarité en anglais, elle a le droit d'inscrire ses enfants dans une école anglophone. Plusieurs personnes ne savent pas cela. Je le sais, parce que nos commissions scolaires se font toujours demander par des parents s'ils ont le droit d'inscrire leurs enfants dans telle école anglophone.
Je ne répondrai pas directement à la question de M. Samson, mais je tiens à préciser ceci. Au Québec, si des parents veulent pouvoir inscrire leurs enfants dans une école anglophone, ils doivent remplir un formulaire et répondre à la question visant à établir s'ils sont des ayants droit. C'est ensuite le gouvernement provincial qui détermine si une personne est un ayant droit ou non.
La première question à poser consisterait à savoir où les parents ont fait leur scolarité et à quel niveau. C'est très important, parce que le gouvernement du Québec définit comme un ayant droit quelqu'un qui a fait sa scolarité en anglais au Canada à tel niveau.
:
Autour de 2002, lorsque le gouvernement du Canada songeait au premier plan d'action et qu'une enquête postcensitaire se tramait, on a consulté la communauté anglophone.
Je dois dire qu'à ce moment-là, la communauté anglophone n'avait pas la même capacité qu'aujourd'hui de travailler à des questions précises ou à comprendre les questions qui devraient être posées pour nous aider. La capacité de la communauté anglophone était moindre pour de nombreuses raisons structurelles.
Il faut dire que Statistique Canada, sous la direction de Jean-Pierre Corbeil à l'époque, travaillait au dossier et avait consulté la communauté anglophone. Nous étions là, mais je ne crois pas que nous étions habilités, comme nous le sommes maintenant, à donner les meilleurs renseignements possibles. M. Corbeil nous a été d'une grande aide. Il nous a bien conseillés, mais on comprend aujourd'hui beaucoup mieux l'art du possible dans la communauté anglophone. Je ne crois pas que j'aurais pu témoigner devant vous avec la même capacité en 2006.
Je crois qu'en tant que communauté, nous comprenons maintenant mieux ce dont nous avons besoin pour assurer notre avenir. Nous travaillons avec Statistique Canada de façon continue. Nous entretenons une très bonne relation avec l'organisme et je crois qu'étant donné son expertise et la nôtre, il pourrait répondre à M. Généreux. Quelles questions devons-nous poser? Nous ne sommes pas statisticiens et nous n'avons pas les bons mots pour poser les questions, mais je crois qu'au cours de 10 ou 15 dernières années, nous avons appris à mieux comprendre ce dont nous avons besoin et comment l'utiliser à notre avantage et à celui des communautés minoritaires au sens large, pour faire le travail; je vous remercie donc pour cela. Je sais que notre capacité est supérieure à celle que nous avions en 2000 et en 2006.
Je reviens à la charge, comme mes collègues, pour avoir une meilleure compréhension du sujet.
Lorsque M. Corbeil est venu nous rencontrer mardi dernier, nous lui avons posé des questions au sujet du recensement. Il nous a dit, dans ses propres mots, que ce n'était peut-être pas le meilleur véhicule, la meilleure façon d'obtenir ces données. Selon lui, le recensement contient déjà énormément de questions.
À votre avis, quel serait le meilleur moyen d'améliorer la façon de recueillir des données en vue de fournir au gouvernement une orientation simple et claire afin d'aider les communautés francophones minoritaires hors Québec ainsi que les communautés anglophones minoritaires au Québec? Le but est d'avoir une idée plus claire, un tableau plus précis de la situation des gens en milieu minoritaire. Quelle est la meilleure idée que vous avez à ce sujet?
:
Dans la communauté anglophone, nous encourageons l'éducation. Nous voulons que nos enfants aillent à l'école et y restent. S'il le faut, nous allons nous priver de nourriture pour que nos enfants puissent rester à l'école et avoir les fournitures dont ils ont besoin.
Nous traitons aussi nos élèves de façon plus individuelle. Ils n'apprennent pas tous au même rythme. Bien franchement, à mon avis, qu'un jeune termine ses études à 16 ou à 17 ans, cela ne changera rien dans sa vie. Ce qui est important, c'est d'obtenir son diplôme, d'avoir accès à l'éducation postsecondaire et à un bon emploi. La philosophie n'est pas la même dans notre communauté, et nous le voyons. C'est un phénomène social plus qu'une mesure spéciale. C'est un réseau de soutien.
[Français]
Comme je l'ai dit tout à l'heure, nos écoles sont vraiment au centre de notre communauté. La réalité de l'école de quartier n'existe pas dans la communauté anglophone. Nous n'avons pas vraiment d'écoles de quartier. Alors, il faut que nos écoles donnent beaucoup plus de services que n'en donnent peut-être les écoles francophones.
Il n'y a pas de grand secret ou de baguette magique pour changer cela.
:
Toujours dans ce même contexte, sachez que les francophones hors Québec ont mené des luttes de longue haleine pendant des années et des années. D'abord l'article 23 de la Charte et ensuite l'affaire Mahé, en 1990, ont statué qu'il devait y avoir un nombre suffisant de francophones pour justifier l'instruction en français. Il faut maintenant se fier à Statistique Canada pour nous fournir, avec ses fameux formulaires, l'outil principal permettant de justifier ce nombre. Les éléments de preuve pour convaincre les gouvernements provinciaux de construire des écoles en milieu minoritaire francophone, ce n'est pas nous qui les contrôlons.
J'aimerais que vous me confirmiez si je fais erreur ou si ce que je lis est exact. Je veux parler de ce fameux droit québécois accordé à ceux qui peuvent aller à l'école anglaise en fonction des déclarations d'admissibilité. Je ne veux pas comparer les francophones hors Québec avec les anglophones du Québec. Cela dit, je trouve que ces déclarations sont permissives. Quand je lis cela, je me dis que si la communauté anglophone est organisée, c'est facile à obtenir. Évidemment, elle doit savoir qu'elle a ce droit.
Vous dites que la communauté anglophone du Québec s'effrite. Or, j'aimerais vous poser la question suivante en me concentrant strictement sur la communauté anglophone du Québec, sans parler des allophones. Ai-je raison de croire que ces déclarations d'admissibilité permettent aux anglophones vivant en situation minoritaire d'avoir accès beaucoup plus facilement à l'école anglophone, puisqu'il est facile d'obtenir ces déclarations d'admissibilité?
Plus tôt, M. Généreux parlait justement de ses enfants qui ont fréquenté l'école française même si son épouse est de langue anglaise. Les petits-enfants de M. Généreux ont donc accès à l'école anglaise, parce qu'il a été prouvé que la langue maternelle de leur grand-maman est l'anglais. Ai-je raison de dire cela?
J'aborde une autre chose rapidement. Vous savez que M. Samson est l'expert, ici, du monde de l'éducation. Il a été extrêmement impliqué dans le monde de l'éducation en milieu minoritaire. Si vous avez des récriminations, si vous souhaitez que le gouvernement mette en place des choses très particulières ou si vous avez des demandes très particulières pour Statistique Canada — bien que vous ayez une bonne relation avec cet organisme —, je vous inviterais à passer par le bureau de M. Samson, parce qu'il est
[Traduction]
le plus grand défenseur de cette question.
[Français]
Cela pourrait être intéressant. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Dans son cas, c'est véritablement le spécialiste de l'éducation en milieu minoritaire.
Je vous remercie de votre présence aujourd'hui. Cela a été très éclairant.
J'aimerais savoir si vous croyez que le Comité permanent des langues officielles peut faire autre chose, outre le fait de vous avoir reçus et de peut-être vous recevoir de nouveau si vous aviez des difficultés particulières relativement à Statistique Canada. On sait que Statistique Canada réalisera des études et des analyses au cours des prochains mois et des prochaines années pour en arriver à formuler des questions qui seront posées en 2021. M. Corbeil nous a dit que même au sein de Statistique Canada, il doit se battre pour s'assurer de pouvoir ajouter de nouvelles questions au recensement. Nous pouvons exercer des pressions sur Statistique Canada afin de nous assurer de voir apparaître des questions très particulières et très précises dans le recensement. Je vous invite à vous servir de nous, car nous sommes là pour vous.