:
Monsieur le président, membres du Comité, merci.
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui afin d'appuyer votre comité, qui joue un rôle important relativement à l'atteinte des objectifs de la Loi sur les langues officielles.
Depuis septembre 2016, je dirige le Secteur de la gouvernance, de la planification et des politiques, au sein du Bureau de la dirigeante principale des ressources humaines, qui fait lui-même partie du Secrétariat du Conseil du Trésor. Le Centre d'excellence en langues officielles fait partie de mon secteur. C'est pourquoi je suis ici afin de répondre à vos questions.
C'est un honneur pour moi de diriger les efforts du Secrétariat et ainsi contribuer à l'amélioration continue des résultats du gouvernement du Canada, plus particulièrement en ce qui a trait à la prestation des services bilingues au public et aux communications bilingues. Nous contribuons aussi à l'amélioration de l'utilisation de nos deux langues officielles en milieu de travail.
Comme vous le savez sans doute, le président du Conseil du Trésor a, le 17 novembre dernier, annoncé la révision du Règlement sur les langues officielles dans le but de le moderniser et de l'adapter aux réalités actuelles.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de Carsten Quell, qui est directeur des politiques et de la législation au Centre d'excellence en langues officielles.
Le 29 novembre 2016, j'ai comparu devant le Comité permanent des langues officielles, au même moment que les représentants de Patrimoine canadien, dans le cadre de l'étude du Comité sur la reddition de compte en matière de langues officielles.
[Français]
Comme je l'expliquais lors de cette comparution, le Secrétariat du Conseil du Trésor joue un rôle important pour appuyer la mise en oeuvre des parties IV, V et VI de la Loi sur les langues officielles.
Nos activités peuvent être regroupées sous trois grands thèmes : les politiques, l'appui et l'évaluation.
D'abord, nous appuyons le Conseil du Trésor en élaborant des politiques en matière de langues officielles et en lui recommandant l'adoption de celles-ci. Cela clarifie pour tous les intéressés, c'est-à-dire les fonctionnaires, les parlementaires et le public canadien en général, les attentes du Conseil du Trésor en matière de langues officielles.
De plus, nous jouons un rôle d'appui et de conseil auprès des institutions fédérales et de leurs administrateurs généraux, qui sont les principaux responsables de la mise en oeuvre de la Loi et des politiques afférentes. Il s'agit d'un point important à souligner aujourd'hui.
Enfin, nous appuyons la mission du Conseil du Trésor et l'évaluation de l'état général du programme des langues officielles dans les institutions fédérales. Les informations que nous recueillons à cette fin auprès des institutions fédérales alimentent la rédaction d'un rapport annuel que le président du Conseil du Trésor dépose devant le Parlement. Ce rapport joue plusieurs rôles.
D'une part, le rapport permet de cerner certains sujets qui méritent une attention particulière parce que leur mise en oeuvre demeure imparfaite. En soi, cela peut indiquer qu'il est nécessaire de modifier les politiques pour les clarifier ou les bonifier, ou encore indiquer que la mise en oeuvre d'une exigence particulière pose des défis plus importants et mérite donc que le Secrétariat concentre ses efforts de sensibilisation, de conseils et d'avis afin d'améliorer la mise en oeuvre de ces exigences particulières.
Le rapport est également un volet important de la vigie plus générale créée par le Parlement du Canada pour veiller à l'atteinte des objectifs de la Loi sur les langues officielles. Le rapport est la publication du bilan qui alimente l'administrateur général et lui permet de prendre acte du rendement de son organisation. Il lui revient en effet de prendre des mesures afin d'évaluer le rendement, d'en faire rapport et de prendre toutes les mesures correctives requises.
Le rapport annuel vise aussi à fournir les informations nécessaires aux parlementaires et aux deux comités qui ont été établis conformément à la Loi pour suivre son application, afin qu'ils puissent bien jouer ce rôle.
Le rapport annuel permet de constater que les institutions fédérales ont accompli des progrès notoires au fil des ans, notamment au titre de la proportion de titulaires de postes bilingues qui répondent aux exigences linguistiques de leur poste.
Le bilan que préparent les institutions est une autoévaluation, comme le sont d'ailleurs la plupart des mesures de reddition de comptes soumises au Secrétariat du Conseil du Trésor par les institutions fédérales. Cela ne signifie pas que les bilans ne sont pas fondés sur des données probantes. Plusieurs sources d'information servent de fondement aux bilans que soumettent les institutions, et la transparence qui les entoure encourage fortement l'analyse rigoureuse de l'état de la mise en oeuvre.
Par ailleurs, cet outil n'est qu'une des sources qui appuient le rapport déposé au Parlement, au même titre que le résultat des évaluations des audits, les données statistiques tirées des systèmes de ressources humaines du gouvernement ainsi que le résultat des sondages effectués auprès des fonctionnaires, pour ne nommer que ces sources-là.
[Traduction]
Nous comprenons que le Comité a des questions au sujet du rapport annuel et des bilans qui l'appuient. Lors de notre comparution du mois de novembre, nous nous sommes engagés à fournir au Comité des renseignements supplémentaires pour l'appuyer dans son rôle et nous sommes ici aujourd'hui pour continuer à le faire.
J'ajouterais que c'est avec enthousiasme et détermination que nous témoignerons aussi souvent que nécessaire devant le Comité pour répondre à vos questions au meilleur de nos capacités, en vue d'appuyer le précieux travail du Comité. Ceci étant dit, le Comité demandait une liste des institutions problématiques, que nous n'avons malheureusement pas. J'aimerais vous expliquer pourquoi, mais aussi vous expliquer les données que nous recueillons et les avantages qui en découlent.
[Français]
Les principes modernes de gestion des institutions publiques nous incitent à viser l'amélioration continue en appuyant les premiers responsables de la mise en oeuvre des exigences du Conseil du Trésor pour qu'ils réalisent mieux leur travail. Voilà pourquoi le Secrétariat, en appliquant les consignes qui lui ont été transmises par le Conseil du Trésor, examine l'état général de la mise en oeuvre afin de cerner les sujets qui soulèvent des défis pour plusieurs institutions fédérales et d'y diriger son attention pour ensuite offrir son aide, ses conseils et son appui à toutes les institutions.
Le Secrétariat vise donc l'amélioration continue de l'ensemble des institutions fédérales, tout en laissant à chaque administrateur général le soin de voir aux moyens qui s'imposent dans son organisme, et ce, à la lumière de sa réalité propre ainsi que de la reddition de comptes qui s'y rattache.
[Traduction]
Étant donné que le mandat du Conseil du Trésor est de surveiller la mise en oeuvre générale de ses politiques, et non d'interférer avec les responsabilités de surveillance de chaque administrateur général, le président du Conseil du Trésor fait rapport des résultats d'ensemble et ne fait pas le classement des institutions. Les bilans préparés par les institutions sont toutefois mis à la disposition des comités parlementaires et du commissaire aux langues officielles. Cette transparence permet de veiller à ce que la préparation des bilans soit prise au sérieux par les administrateurs généraux et elle permet un exercice de reddition de compte approprié.
Cette reddition de compte touche en effet le Secrétariat du Conseil du Trésor, mais l'intention du Parlement était clairement que le commissaire et le Parlement jouent un rôle important dans l'atteinte des objectifs de la loi. Afin d'appuyer le Comité dans sa compréhension, à la fois des résultats d'ensemble et des résultats individuels, nous lui avons fourni les renseignements que nous avons reçus des institutions visées pour les bilans sur les langues officielles de 2014-2015. Les tableaux que nous avons produits présentent les réponses de chaque institution visée à toutes les questions. Il s'agit des données sur lesquelles nous nous fondons pour aider le président à faire rapport des résultats d'ensemble du programme des langues officielles. Le rapport annuel analyse et présente ces résultats d'une manière transparente et ouverte dans le but d'améliorer la conformité à loi.
Enfin, avant de vous inviter à poser vos questions, je voudrais réitérer à quel point le rôle du Comité est important pour nous et pour tous les Canadiens, et je souhaite vous assurer que je demeurerai à votre disposition aussi longtemps et souvent que nécessaire pour répondre pleinement à vos questions.
Je serai heureux de répondre à vos questions. M. Quell pourra m'aider au besoin. Merci.
Il semblerait que la situation y soit plus difficile. À ce sujet, je vais vous lire ce qui suit :
[...] Il est intéressant de noter que la Monnaie royale canadienne se distingue de toutes les autres petites et grandes institutions par un score généralement faible au niveau de la langue de travail.
On parle ici de la langue dans laquelle on préfère travailler.
À cet effet, elle a répondu « quelques fois » aux quatre affirmations suivantes :
les titulaires de postes bilingues sont supervisés dans la langue officielle de leur choix;
Autrement dit, ce n'est pas toujours la cas, ou très rarement.
les gestionnaires et les superviseurs qui occupent des postes bilingues dans des régions bilingues supervisent chaque employé dans la langue officielle de son choix;
Nous sommes dans une région bilingue. Pourtant, c'est comme si c'était plus difficile à cet endroit.
les réunions sont menées dans les deux langues officielles et les employés peuvent utiliser la langue officielle de leur choix durant les réunions;
Il s'agit encore de la région d'Ottawa, et il semblerait que la Monnaie royale canadienne ait de la difficulté.
les employés peuvent rédiger des documents dans la langue de leur choix.
Avez-vous noté cela, principalement à la Monnaie royale canadienne?
Je n'ai aucun grief particulier contre cet organisme, soit dit en passant.
:
Merci beaucoup, monsieur Trottier.
Merci, madame Boucher.
Permettez-moi d'intervenir rapidement pour mentionner que la Loi sur les langues officielles est une loi quasi constitutionnelle. Je suis un peu estomaqué de voir qu'on parle d'autoévaluation par rapport à une loi quasi constitutionnelle.
J'aimerais attirer l'attention des membres du Comité sur la partie VIII de la Loi, intitulée « Attributions et obligations du Conseil du Trésor en matière de langues officielles », où il est dit ceci :
(2) Le Conseil du Trésor peut, dans le cadre de cette mission :
c) donner des instructions pour l'application des parties IV, V et VI;
d) surveiller et vérifier l'observation par les institutions fédérales des principes [...]
Il y a donc des obligations solides. Cependant, à l'alinéa g), il est question de « déléguer telle de ses attributions aux administrateurs généraux ». Cela donne l'impression que, peu importe les alinéas a), b), c) et d), on s'est contenté de dire, à l'alinéa g), que le Conseil du Trésor allait déléguer ses pouvoirs aux administrateurs généraux. Or je pense que les membres du Comité souhaitent que vous soyez plus actifs et que vous soyez le chien de garde des langues officielles.
Je vais maintenant céder la parole à M. Arseneault.
:
Monsieur Trottier, dans l'échelle de priorité du Conseil du Trésor allant de 1 à 10, quel rang occupent les langues officielles?
Je reviens sur ce que M. Samson a dit tout à l'heure. Dans ma vie personnelle, je travaille en entreprise privée. Dans ce milieu, on analyse régulièrement les éléments mis en place pour s'assurer que le système fonctionne, donne des résultats et génère des profits. C'est aussi simple que cela. C'est ainsi que cela se passe dans le secteur privé.
Par ailleurs, au gouvernement, on donne des services à une clientèle constituée de l'ensemble de la population canadienne.
En ce qui concerne la priorité du français et des langues officielles, où se situe le Conseil du Trésor? Comment vous évaluez-vous à cet égard? Êtes-vous à 2, en bas de l'échelle? Est-ce qu'on s'en sacre des langues officielles?
J'ai des connaissances qui sont ici à Ottawa depuis de nombreuses années. Ce sont des fonctionnaires qui travaillent dans certains ministères. Examinons une situation très tangible en matière de langues officielles qui se produit dans des bureaux et dans des ministères. En effet, lorsque des réunions sont tenues, il s'agit qu'une seule personne autour de la table ne parle qu'anglais et ne comprenne pas le français pour que tous les francophones parlent anglais. Depuis des années, cela s'observe à de multiples reprises à Ottawa.
Nous parlons d'autoévaluation. Je crois que tous ici ont décrié assez vivement cette manière de faire. Comment peut-on changer un système si, lors de l'évaluation, on dit que tout fonctionne bien, qu'il n'y a pas de problème, alors qu'en réalité, les réunions se tiennent en anglais seulement?
Il y a une différence réelle entre l'application de la Loi, ou l'évaluation que les gens en font, et ce qui se passe véritablement lors des rencontres de personnel.
:
Je suis quelqu'un de visuel et j'aime bien voir où on s'en va et à qui on s'adresse quand on veut faire des choses.
Depuis des années, des personnes que je connais me disent que, sur le terrain, le bilinguisme ne s'articule pas toujours de manière aussi belle que ce qu'on présente dans une réalité qu'il nous est demandé de présenter. C'est malheureux.
Encore une fois, je reviens à l'autoévaluation. Je comprends bien que c'est un des éléments du casse-tête qui fait qu'on arrive à un résultat à la fin.
Dans un des paragraphes, vous dites que vous n'avez pas véritablement l'information. Laissez-moi le retrouver. Vous dites que, cela étant dit, le Comité demandait une liste des institutions problématiques, mais que, malheureusement, vous n'en aviez pas.
J'ai de la difficulté à comprendre que vous n'ayez pas une image ou, à tout le moins, une idée de cela.
Si je vous demandais quel est l'organisme gouvernemental qui a le plus de difficulté actuellement en matière de bilinguisme, pourriez-vous me donner une réponse à vue de nez? Je ne vous demande pas une liste.