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Conformément à l'article 108(3) du Règlement, nous poursuivons notre étude de la mise au point sur la francophonie canadienne.
Nous avons le plaisir de recevoir ce matin Mme Marie-Lison Fougère, sous-ministre au ministère des Services aux aînés et de l’Accessibilité et sous-ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario, ainsi que M. George Zegarac, sous-ministre au ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l'Ontario.
Bienvenue, madame et monsieur. Vous êtes accompagnés de Me McPherson, qui n'est pas ici pour témoigner, mais pour vous assister. Je voulais seulement en informer les membres du Comité.
Comme vous le savez déjà, les témoins qui comparaissent devant notre comité bénéficient du privilège parlementaire et sont donc protégés.
Nous poursuivons notre étude sur l'état des langues officielles au pays et nous devrons faire rapport à la Chambre des communes. Avant de terminer l'étude, qui porte plus particulièrement sur la crise linguistique en Ontario — c'est ainsi que nous la qualifions ici —, nous voulions avoir cet échange avec vous, que nous souhaitons le plus cordial possible, afin de voir comment nous pourrions améliorer le rapport que nous devrons déposer à la Chambre des communes prochainement.
Nous avons deux heures à passer ensemble au cours desquelles nous pourrons discuter de la question. Les commentaires et les questions visent à faire avancer le dossier des enjeux linguistiques partout au Canada.
Comme c'est la pratique ici, vous disposerez chacun de 10 minutes pour faire une présentation, puis nous passerons à la période de questions et réponses avec les membres du Comité.
Nous commençons par vous, monsieur Zegarac.
Je remercie le président et les membres du Comité de me permettre de présenter ma déclaration préliminaire.
Je m'appelle George Zegarac. J'ai été nommé sous-ministre de la Formation et des Collèges et Universités de l'Ontario le 29 juin 2018. Avant de mettre un peu la question en contexte, j'aimerais vous faire part rapidement de mon expérience au sein de la fonction publique ontarienne depuis plus de 32 ans.
Au cours des 10 dernières années, outre mes fonctions actuelles, j'ai été sous-ministre des ministères suivants: Infrastructure; Éducation; Services à l'enfance et Services sociaux; puis Agriculture, Alimentation et Affaires rurales. Pendant ma longue carrière au sein de la fonction publique, j'ai travaillé au service de tous les partis politiques et j'ai dirigé des dossiers d'importance cruciale pour les Ontariens, y compris des programmes et des services bénéficiant directement à la communauté francophone de l'Ontario.
Je vous parlerai aussi un peu de mon ministère actuel, le ministère de la Formation, et des Collèges et Universités. Ce ministère a la responsabilité des systèmes d'éducation postsecondaire, d'emploi et de formation de l'Ontario. Il octroie des fonds de fonctionnement et d'immobilisations aux collèges et universités et établit les objectifs provinciaux pour l'utilisation des fonds publics, en plus d'établir les cadres nécessaires pour leur atteinte.
Le ministère veille également à ce que tous les candidats qualifiés aient accès à une éducation postsecondaire de qualité grâce à la réglementation des frais de scolarité, à l'aide aux étudiants, au financement ciblé et à divers mécanismes de reddition de comptes. Plus particulièrement, la Division des services en français du ministère veille à ce que les étudiants francophones de l'Ontario aient accès à une éducation postsecondaire de qualité.
Pour ce qui est du perfectionnement de la main-d'oeuvre, le ministère se dote d'orientations stratégiques en matière de formation des adultes et de la main-d'oeuvre. De plus, il gère et finance les programmes et services provinciaux de formation à l'emploi, notamment le Programme d'alphabétisation et de formation de base, en plus d'effectuer de la recherche et de la planification sur le marché du travail.
J'ai eu le privilège, pendant ma carrière, de toucher à tous les volets de l'éducation, depuis les services à la petite enfance jusqu'à l'éducation postsecondaire. Au ministère de l'Éducation, d'abord à titre de sous-ministre adjoint, puis à titre de sous-ministre, j'ai contribué à la création de la Télévision française de l'Ontario, TFO, une chaîne indépendante. J'ai ainsi dû établir une relation de collaboration et de respect mutuel avec les gens de TFO pendant plusieurs années.
Pendant mon passage au ministère de l'Éducation, j'ai supervisé, en collaboration avec des partenaires de la collectivité, la création de diverses écoles de langue française dans la province et collaboré avec le personnel pour concevoir des programmes et des services sur mesure pour les étudiants francophones. Divers programmes ont ainsi été créés, dont la Majeure haute spécialisation et la double reconnaissance de crédit. Ces programmes ont changé l'expérience des étudiants des écoles de la province et ont facilité leur transition entre les études postsecondaires et le marché du travail. J'étais également sous-ministre à l'époque où les programmes de français langue seconde ont été élargis considérablement pour répondre aux besoins des élèves et des parents de plus en plus intéressés par une éducation en langue française.
Grâce à des investissements de base et à la collaboration de la communauté francophone, l'Ontario compte désormais presque 500 écoles en langue française et près de 110 000 étudiants francophones. Les programmes d'immersion française attirent désormais plus de 200 000 étudiants, et le financement des services en français atteint 1 milliard de dollars. Ces investissements continuent d'aider la communauté francophone aujourd'hui.
Dans mon rôle actuel de sous-ministre de la Formation et des Collèges et Universités, je suis guidé par les 620 000 francophones de l'Ontario, dont plus de 200 000 qui vivent dans le Sud-Ouest et le Centre de la province. Le gouvernement de l'Ontario continue de travailler avec la communauté francophone afin d'accroître l'accès des Franco-Ontariens à une éducation postsecondaire de qualité. Plus de 22 000 étudiants sont actuellement inscrits dans des établissements postsecondaires, dont près de 17 000 à l'université et plus de 5 500 dans deux collèges francophones, La Cité et le Collège Boréal.
Cette collaboration de longue date est telle qu'il y a actuellement 10 établissements d'enseignement postsecondaire qui offrent plus de 300 programmes bilingues ou en langue française dans les collèges et les universités de l'Ontario, y compris à l'Université d'Ottawa, à l'Université Laurentienne, au Collège Boréal, à La Cité, au Collège universitaire Glendon de l'Université York, et à l'Université de Hearst, ainsi que dans ses quatre campus associés.
Les programmes d'éducation postsecondaire en langue française, en Ontario, sont riches et diversifiés. Ils comprennent des baccalauréats en soins infirmiers, en droit civil et pénal, en nutrition, en travail social, en environnement, en administration des affaires, en économie, en mathématiques et en études internationales, pour n'en donner que quelques exemples.
De plus, les établissements postsecondaires de l'Ontario décernent des diplômes dans des domaines comme les technologies numériques et de l'information, les relations publiques, le génie civil, le génie électrique, l'architecture, la foresterie, les mines et l'agriculture.
Le gouvernement s'est aussi engagé récemment à investir dans l'éducation postsecondaire francophone en Ontario par l'octroi de 15 millions de dollars au Collège Boréal pour son campus de Toronto. Le ministère continue d'appuyer les modèles d'enseignement postsecondaire qui répondent aux besoins des étudiants francophones et de la communauté francophone, de même qu'à ceux du milieu des affaires de l'Ontario, dans un marché de l'emploi en constante évolution.
J'aimerais maintenant vous donner un aperçu des mesures que le gouvernement de l'Ontario a prises ces dernières années pour donner vie au projet d'Université de l'Ontario français. En avril 2011, le ministère a créé un comité d'experts chargé de le conseiller sur les modèles les plus efficaces pour offrir un enseignement postsecondaire en langue française dans le Centre et le Sud-Ouest de la province. L'une de ses recommandations était que le gouvernement appuie la création d'institutions postsecondaires désignées aux termes de la Loi sur les services en français.
En 2014, le ministère a élaboré et mis en place un plan d'action afin de donner suite aux recommandations du groupe d'experts et du commissaire. Le plan d'action du gouvernement prévoyait l'établissement d'un comité consultatif sur l'éducation postsecondaire en langue française; la diffusion d'un appel de propositions pour l'élargissement des programmes universitaires et collégiaux en langue française; l'octroi de financement au Collège Glendon, qui fait partie de l'Université York, pour étudier la possibilité d'une gouvernance accrue par et pour les francophones à l'Université York, qui se trouve dans le Nord de Toronto.
Le comité consultatif sur les services en français a été établi en février 2014. En mars 2016, le Comité consultatif de l'éducation postsecondaire en langue française dans le Centre et le Sud-Ouest de l'Ontario a recommandé la création d'une université gouvernée par et pour les francophones. Ainsi, un conseil de planification a été créé en juin 2016. Il se composait d'une présidente et de six autres membres. Le ministère a également demandé une étude sur l'intérêt des étudiants et la demande sur le marché et en mai 2017, il a reçu du cabinet R.A. Malatest and Associates Ltd. un rapport appuyant la création d'une université en langue française.
Le conseil de planification a mis la touche finale à son rapport en juillet 2017. Il recommandait que l'université en langue française commence à offrir des cours dès septembre 2020. La Loi de 2017 sur l'Université de l'Ontario français est entrée en vigueur le 9 avril 2018. Le premier conseil de gouvernance de l'Université de l'Ontario français a également été constitué le 9 avril 2018, par règlement ministériel.
Le 15 novembre 2018, le gouvernement a annoncé dans son plan intitulé « Perspectives économiques et revue financière de l'Ontario 2018 » qu'en raison de contraintes financières, le financement de l'Université de l'Ontario français serait suspendu pour l'instant. Le gouvernement a également indiqué qu'il pourrait réévaluer ce projet d'université en langue française quand la situation financière de la province se sera améliorée. Son conseil de gouvernance peut toutefois lever des fonds privés et publics auprès d'autres entités pendant que le projet est en pause.
Pour l'instant, la Loi de 2017 sur l'Université de l'Ontario français demeure en vigueur, son conseil de gouvernance demeure en place, et la présidente par intérim du conseil demeure en poste. Le gouvernement ne prévoit pas, pour l'instant, de révoquer ni de modifier la Loi de 2017 sur l'Université de l'Ontario français. Il a affirmé sa détermination à offrir une éducation postsecondaire en langue française de qualité, ainsi que de nombreux programmes en français dans les universités et les collèges de l'Ontario, pour offrir aux francophones les programmes d'études dont ils ont besoin pour réussir.
Le gouvernement a indiqué qu'il continuerait d'appuyer les collèges postsecondaires et les universités bilingues ou en langue française qui sont rentables et qui profitent aux étudiants francophones.
Je vous remercie de m'avoir fourni l'occasion de vous présenter cet exposé. Avec la permission du président, je céderai la parole à ma collègue.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs, distingués membres du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
Je vous remercie de me donner l'occasion, par l'entremise de cette invitation, de vous parler du mandat du ministère des Affaires francophones ainsi que de l'organisation des services en français au sein de la fonction publique de l'Ontario.
Je me présente. Je suis Marie-Lison Fougère, sous-ministre des Services aux aînés et de l'Accessibilité et sous-ministre déléguée aux Affaires francophones, et ce, depuis juin 2018.
Permettez-moi de faire un très bref survol de mon parcours.
D'abord, je tiens à le mentionner: le français est ma langue maternelle. J'ai grandi dans un milieu unilingue francophone, dans la région de Rimouski, dans l'Est du Québec. Comme ceux qui connaissent la région de Rimouski s'en doutent — quoique la situation a bien évolué depuis ces années-là —, j'ai dû apprendre l'anglais comme langue seconde.
J'ai à mon actif plus de 25 ans d'expérience au sein de la fonction publique de l'Ontario. J'ai eu l'occasion d'appuyer différents gouvernements et de travailler de très près avec eux.
Mon expérience m'a amenée à occuper plusieurs fonctions de direction et de haute direction au sein de divers ministères, par exemple au ministère de l'Éducation, au ministère de la Formation et des Collèges et Universités et, évidemment, au ministère des Affaires francophones.
À l'instar de mon collègue, j'ai travaillé de très près à une gamme de dossiers qui touchent l'éducation aux niveaux élémentaire, secondaire et postsecondaire ainsi que la formation menant au marché du travail, tant du côté anglophone que du côté francophone.
Bon nombre de dossiers qu'il m'a été donné de traiter au cours de mon cheminement professionnel se sont avérés d'une portée transversale. Les affaires francophones, y compris les services en français, comptent parmi ces dossiers.
L'Ontario reconnaît, par voie législative, l'obligation d'offrir des services en français à la communauté francophone de la province. Le droit aux services en français s'est vu consacré par la Loi sur les services en français, qui a été adoptée en 1986 et mise en vigueur en novembre 1989. Elle se voulait, et se veut toujours, une loi couvrant de nombreux domaines tout en procurant une assise juridique au français dans la province. C'est grâce à cette loi que les francophones de la province bénéficient de services gouvernementaux en français dans les régions désignées de l'Ontario.
La Loi sur les services en français rappelle et souligne que la langue française occupe, en Ontario, une place historique et honorable, et que la Constitution du Canada lui reconnaît le statut de langue officielle. Elle souligne également que la langue française jouit, en Ontario, du statut de langue officielle devant les tribunaux et en éducation, et que l'Assemblée législative reconnaît l'apport du patrimoine culturel de la population francophone et désire le sauvegarder pour les générations à venir.
La Loi sur les services en français est le principal instrument législatif régissant la prestation des services en français dans la province. Cela m'amène à esquisser, très brièvement, les grandes lignes du mandat du ministère des Affaires francophones au sein de la fonction publique de l'Ontario.
Le ministère des Affaires francophones veille à l'application de la Loi sur les services en français; il travaille en partenariat — ceci est très important — et de très près avec les ministères et les organismes pour que les services en français soient offerts au public, particulièrement dans les régions désignées de la province. Nous formulons des recommandations quant à la désignation d'une nouvelle région et de nouveaux organismes. Mentionnons à titre d'exemple Markham, la dernière région désignée, dont la mise en œuvre des services en français a commencé l'été dernier, en 2018.
Nous menons aussi le processus de planification et de mise en œuvre des services en français une fois qu'une région est nouvellement désignée. Encore une fois, nous travaillons de très près avec les ministères qui sont sur le terrain pour offrir les services. Nous travaillons en collaboration avec les ministères et organismes gouvernementaux pour veiller à ce que les besoins et les intérêts de la communauté franco-ontarienne soient pris en compte. De plus, nous représentons le gouvernement de l'Ontario en matière de francophonie.
J'aimerais également souligner que le ministère appuie le Comité consultatif provincial sur les affaires francophones, lequel est responsable d'aviser la ministre des Affaires francophones au sujet d'un ensemble de dossiers et d'enjeux qui touchent la francophonie ontarienne. J'aimerais aussi souligner que Mme Fortier a déjà fait partie de ce comité il y a quelques années.
L'Ontario compte présentement 26 régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français, ce qui représente environ 80 % des francophones vivant en Ontario. La province compte aussi plus de 200 organismes désignés, lesquels sont répertoriés dans divers secteurs d'activité.
Cela dit, il est extrêmement important de souligner que la prestation de services en français ou, plus précisément, la responsabilité d'offrir les services en français relève des ministères. À cet égard, le personnel du ministère des Affaires francophones travaille en étroite collaboration avec une équipe de coordonnateurs et de coordonnatrices de services en français, et ces derniers se retrouvent dans les ministères.
Afin de faciliter la gestion horizontale des dossiers et des enjeux, ces coordonnateurs et ces coordonnatrices sont répartis dans cinq regroupements de ministères.
D'abord, il y a le groupement de la santé, qui inclut le ministère de la Santé et des Soins de longue durée.
Ensuite, le groupement de la justice inclut le ministère du Procureur général et celui de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels.
Le troisième groupement est celui de l'éducation et des services communautaires, qui inclut, entre autres, le ministère des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires, le ministère des Affaires municipales et du Logement ainsi que le ministère de la Formation et des Collèges et Universités.
Le quatrième est le groupement pour l'économie et les organismes centraux. Il est formé notamment du ministère du Développement économique, de la Création d'emplois et du Commerce, du ministère des Finances, du ministère des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs et du ministère du Travail.
Le dernier et non le moindre est le groupement pour les terres et les ressources. Il englobe le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales, le ministère des Transports, le ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts, et le ministère de l'Énergie, du Développement du Nord et des Mines.
J'ai pris quelques minutes pour vous présenter tous ces groupements, parce que cela démontre la complexité et l'ampleur de la tâche à aborder et des dossiers dans lesquels nous sommes engagés.
Les coordonnateurs et coordonnatrices des services en français jouent un rôle extrêmement important, car ils veillent à la planification, à l'élaboration et à la mise en œuvre des services en français. Ils veillent aussi à ce que leurs ministères respectifs tiennent compte des besoins et des intérêts de la population franco-ontarienne. Ils travaillent donc de concert avec nous, le ministère des Affaires francophones, pour faire avancer l'accès aux services sur le terrain.
J'aimerais souligner que le ministère des Affaires francophones travaille constamment et en très étroite collaboration avec différents ministères, dont le ministère de la Formation et des Collèges et Universités.
En conclusion, vous le savez, la communauté franco-ontarienne a de multiples visages et est en évolution constante. Son dynamisme et sa créativité s'alimentent à même un mouvement associatif fort et un réseau d'organismes dont les actions se manifestent dans divers domaines d'activité, dont la santé, la justice, l'éducation, l'économie et les communications, pour n'en nommer que quelques-uns.
Le ministère des Affaires francophones entend continuer de travailler en collaboration avec l'ensemble de ses partenaires pour soutenir la vitalité de la communauté franco-ontarienne.
Je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que je répondrai de mon mieux à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour chers collègues, madame Fougère, monsieur Zegarac, monsieur McPherson. Bienvenue à Ottawa.
Je salue aussi tous les citoyens qui nous écoutent.
J'aimerais vous dire que ce n'est pas de gaieté de coeur que nous vous avons assignés à comparaître. Je comprends que c'est un moment difficile pour vous, mais nous n'avons nullement l'objectif de vous rendre mal à l'aise ni de vous acculer dans un coin. Notre comité a une responsabilité parlementaire, celle de veiller à ce que les droits linguistiques des communautés de langues officielles de partout au pays soient assurés et protégés. C'est dans ce contexte que nous vous avons convoqués et je vous remercie d'être avec nous ce matin.
J'aimerais maintenant vous parler de la partie 7 de la Loi sur les langues officielles, laquelle porte sur les mesures positives.
Comme vous l'avez dit, madame Fougère, les questions linguistiques au Canada évoluent d'une manière très rapide. Des communautés se créent un peu partout. On parle de 700 écoles francophones au pays. De nouvelles écoles secondaires continuent de voir le jour, comme c'est le cas à Whitehorse, où les travaux de construction ont débuté cette semaine, je crois.
Les questions linguistiques évoluent très rapidement au palier fédéral également. En 2005, sous le gouvernement de Paul Martin, conservateurs et libéraux ont voté presque unanimement en faveur de l'inclusion de mesures positives dans la partie 7 de la Loi. Cela a créé un nouveau paradigme en matière de langues officielles au Canada, puisque ces mesures compliquent la répartition des compétences entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et ceux des territoires. Pour nous, conservateurs, le respect des champs de compétence est fondamental. En tant que futur gouvernement dans quelques mois, nous nous devons d'être responsables et de participer aux travaux de ce comité qui visent à protéger la primauté constitutionnelle des deux langues officielles du pays.
Cela étant dit, les mesures positives de la partie 7 de la Loi pourraient permettre au fédéral d'accorder des fonds de manière exceptionnelle. Cela ne s’est jamais vraiment fait auparavant, sauf il y a quelques semaines lorsque Mme Joly a débloqué 2 millions de dollars pour que se poursuive la mise sur pied du projet de l'Université de l'Ontario français. C'est un début.
Par contre, le scénario lié au fait d'accorder 40 millions de dollars pour financer les quatre premières années d'existence de cette même université n'est pas le bon, car nous ne connaissons pas encore les coûts réels.
Monsieur Zegarac, votre parcours professionnel est exceptionnel. Cela fait 35 ans que vous travaillez dans votre ministère, si j'ai bien compris, ou du moins pour les langues officielles ou la francophonie en Ontario. Pouvez-vous nous donner ce matin tous les montants liés à la nouvelle Université de l'Ontario français à Toronto? Au-delà des 80 millions de dollars en coûts de démarrage, quels seraient les coûts d'exploitation pour les huit prochaines années, surtout si l'on passe de 300 étudiants inscrits à 3 000? Nous avons besoin de savoir quel serait l'ensemble de ces coûts parce que nous ne pouvons pas nous embarquer dans une aventure financière au nom des mesures positives de la partie 7 de la Loi sans les connaître.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également les témoins d'être ici aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a une responsabilité envers les minorités francophones et anglophones partout au Canada. Nous célébrons le 50e anniversaire de La Loi sur les langues officielles. Il ne fait aucun doute qu'il faut apporter des améliorations à cette loi, ce que le gouvernement a clairement reconnu. Je m'excuse de le dire, mais le genre de décision qu'a pris le gouvernement de l'Ontario a démontré la faiblesse de la Loi.
Je remets toujours en question le leadership, car selon moi, c'est une question de leadership. Le leader doit prendre des décisions pour son peuple, mais pour cela, il doit connaître son peuple.
Monsieur Zegarac, je vais vous poser des questions au sujet de certaines réponses que vous nous avez fournies et je vous serais reconnaissant d'être bref.
[Traduction]
Vous avez affirmé que divers projets avaient été reportés à cause de la situation financière. Quelqu'un a-t-il réfléchi au fait que quand on sabre dans les budgets, quand nos dirigeants font des compressions, qu'ils peuvent en faire, ils doivent s'assurer qu'ils ne désavantagent pas un groupe?
[Français]
Il est clairement démontré que les compressions budgétaires faites aux dépens d'une minorité francophone font beaucoup plus de tort que les compressions dans d'autres domaines, parce qu'il faut plusieurs années pour se rattraper. C'est cela, la différence.
Dans l'affaire de l'Hôpital Montfort, le juge de la Cour d'appel de l'Ontario a reconnu l’importance des institutions francophones pour la minorité francophone de l'Ontario sur les plans linguistique, culturel et éducatif. En d'autres mots, si l'on perd ces institutions, ce sera peut-être pour toujours. Il faudra attendre très longtemps avant que le tort soit réparé.
Il y a un autre aspect très important. Le Québec protège ses institutions, et dans un milieu minoritaire, les institutions protègent les minorités. Vous ne pouvez pas faire ces compressions sous seul prétexte que vous ne réduisez le financement que de 10 %. Êtes-vous d'accord pour dire que des compressions peuvent causer plus de tort à un groupe qu'à un autre?
:
Si je peux me permettre, dans le cadre de l'entente sur les services en français, l'Ontario a investi le double de ce que le gouvernement fédéral a fourni.
Je sais que la partie VII de la Loi sur les langues officielles traite de mesures pour assurer la vitalité des communautés minoritaires. Il est extrêmement important de reconnaître qu'il est essentiel de soutenir les services en français. Très souvent, dans les diverses communautés, surtout celles qui sont éloignées, l'accès aux services n'est pas toujours facile. Je sais que le gouvernement fédéral a le même genre de responsabilités à l'intérieur de ses champs de compétence. Les services en français sont très importants.
J'aimerais ajouter qu'il a été demandé au gouvernement fédéral, par l'entremise de Patrimoine canadien, de regarder de plus près l'ampleur des investissements dans les services en français. Cette demande a aussi été faite par les ministres responsables des services en français des différentes provinces.
Revenons un peu en arrière. Dans le communiqué de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne de juillet 2018, ce qui est récent, on énonçait que les ministres provinciaux responsables des services en français ou de la francophonie trouvaient regrettable que le gouvernement fédéral n'ait pas majoré sa contribution en vertu de l'entente sur les services en français. Je parle strictement de cette entente. Ce n'est pas que l'Ontario qui a fait cette requête.
Compte tenu de la forte population et de la géographie extrêmement complexe et très diversifiée de l'Ontario, le gouvernement investit des sommes importantes par l'entremise de ses différents ministères pour soutenir les services en français. J'ai travaillé à ce dossier pendant plusieurs années et j'ai toujours été d'avis — et je l'ai d'ailleurs dit à plusieurs reprises — que les services en français jouent un rôle essentiel dans la vitalité des communautés.
Il y a plein de choses qui contribuent à la vitalité des minorités francophones, notamment les institutions et les organismes, mais l'accès aux services en français est extrêmement important. C'est important chez nous et j'imagine que c'est aussi très important ailleurs.