:
À l'ordre, s'il vous plaît.
[Traduction]
Conformément à l'article 108, nous examinons les programmes d'appui aux médias des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Nous sommes ravis d'accueillir aujourd'hui Mme Sharon McCully, éditrice du Sherbrooke Record; et M. George Guzmas, co-éditeur du North Shore News. Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux.
Nous commençons un peu en retard, et je pense que nous devrons lever la séance plus tôt que prévu. Nous essayons de procéder le plus rapidement possible, mais il est très important que nous entendions ce que vous avez à nous dire.
[Français]
La va annoncer son plan d'action. Comme je vous le disais plus tôt, le plan d'action est toujours à la veille d'être mis en oeuvre.
[Traduction]
Il est très important que vous donniez votre point de vue à cet égard.
Vous disposerez de 10 minutes, ou de cinq à sept minutes chacun.
C'est Sharon qui commence. Je vous souhaite la bienvenue. Allez-y.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
J'ai commencé ma carrière en journalisme il y a 40 ans, en Gaspésie. À l'époque, nous essayions de créer un journal de langue minoritaire. Il n'y avait pas le moindre média anglophone dans la région, et les Gaspésiens avaient accès au contenu de CBC — la seule radio anglaise —, diffusé au Nouveau-Brunswick. Puisque les Gaspésiens n'avaient aucun moyen d'obtenir de l'information sur les politiques qui les touchaient, nous avons lancé un journal en 1977. Je suis ravie de dire qu'il va encore bien. Il y a également CBC. On parle du mont Carleton jusqu'à la Baie-des-Chaleurs, et tout va bien.
Je travaille au Sherbrooke Record. Vous le connaissez peut-être. C'est probablement l'un des journaux légendaires. C'était le premier journal de Conrad Black, de David Radler et de Peter White. Il a également appartenu à la famille Bassett, qui est très importante dans le milieu des journaux, et à Pierre Péladeau. Nous avons parlé à Pierre Karl de la collectivité anglophone, car il venait souvent nous visiter. De plus, c'est le journal, encore une fois, des mêmes propriétaires d'entreprise.
Le mois dernier, le Record a souligné son 121e anniversaire en lançant des archives numériques de tout ce qu'il a publié depuis 1897. Les pages de notre journal ont autant de valeur que toutes autres ressources d'archives quant à l'information sur le développement de nos collectivités. Elles racontent l'histoire d'une collectivité anglophone autrefois bien dynamique qui a construit un réseau d'écoles, d'églises, d'hôpitaux et de centres communautaires, dont bon nombre ont disparu. En tant qu'outil historique, les archives racontent la formation et l'évolution de nos collectivités.
Bien que comparativement à la situation des minorités francophones hors Québec, l'accès à des médias anglophones ne soit pas un problème pour les Québécois anglophones, le contenu des médias anglophones concerne rarement les anglophones qui ne vivent pas sur l'île de Montréal. C'est pourquoi l'existence de journaux communautaires est essentielle, surtout dans les régions éloignées, où le journal local est la principale source de nouvelles. Nous sommes heureux que la dise que le journalisme local est un facteur qu'elle examine.
Chaque jour, des sondages sur le lectorat nous indiquent que la presse — le journal communautaire — est la principale source de nouvelles malgré la présence des médias numériques.
Au fil des décennies, nous avons été confrontés à des difficultés. La nouvelle ère des médias numériques n'est pas le seul défi auquel nous avons fait face. Dans les années 1970, c'était la prolifération des hebdomadaires de langue française. Dans chaque collectivité du Québec, les petits, mais bien présents, journaux de langue anglaise par abonnement disparaissaient à toute allure dans le contexte de la distribution gratuite de petits journaux de langue française. Cette situation a changé les règles du jeu pour nous tous. Des propriétaires de journaux sont alors passés à la libre distribution. Avec un lectorat de seulement 10 % dans certaines régions du Québec, le journal de langue minoritaire devait publier 50 000 exemplaires pour 5 000 personnes, et il fallait donc être très sélectif dans la façon de faire la distribution.
Les changements technologiques constituent un défi constant. La technologie a changé la façon de produire les journaux, mais elle a également fourni aux consommateurs un certain nombre d'options électroniques différentes des journaux qui cadrent avec leur rythme de vie accéléré. Pour des journaux de langue minoritaire qui se battent pour survivre dans un marché de plus en plus concurrentiel, l'arrivée d'Internet et des médias sociaux a dressé de nouveaux obstacles tout en offrant de nouvelles possibilités, qui présentent elles-mêmes des défis lorsqu'on fait face à des géants comme Google et Facebook.
De plus, nous faisons face à des changements démographiques au Québec. Le nombre décroissant d'anglophones dans la province demeure un facteur majeur. Au journal, nous déplorons tous la perte de gens lorsque nous lisons les articles nécrologiques, car nous savons que lorsque la génération d'aînés anglophones sera disparue, à moins d'une intervention miraculeuse, le journal aura besoin d'une autre réincarnation pour survivre. Dans un milieu en constante évolution, attirer et retenir de nouveaux lecteurs est difficile à faire pour tous les journaux, peu importe la taille ou la langue, mais ce l'est d'autant plus pour une publication en situation minoritaire, qui fait aussi face à une situation où des lecteurs décèdent, quittent la province ou utilisent les médias sociaux pour s'informer.
La distribution d'un journal de langue minoritaire requiert de la créativité, une connaissance approfondie de la collectivité et beaucoup d'argent. Contrairement aux publications de langue majoritaire dont les frontières géographiques sont bien définies, la collectivité minoritaire est éparpillée en petits groupes sur un vaste territoire, qui ne sont pas tous sur une ligne droite. Le lancement de l'édition en ligne de notre journal nous a aidés à bien des égards.
Les journaux communautaires bénéficient du programme d'aide aux publications du gouvernement fédéral depuis plus d'un siècle, mais ce programme devrait également être révisé afin qu'il soit adapté aux changements dans l'industrie.
Une autre difficulté à laquelle se heurtent les journaux en situation minoritaire, c'est le manque d'une stratégie durable ou d'un engagement de la part du gouvernement fédéral à communiquer avec la population minoritaire au moyen d'annonces dans les journaux. Par exemple, lorsqu'un gel de la publicité gouvernementale a été imposé par un gouvernement précédent, les décideurs ont fait fi des répercussions qu'un tel gel aurait sur les journaux en situation minoritaire, tant sur le plan des revenus publicitaires que sur celui de la diffusion d'information gouvernementale essentielle pour la communauté minoritaire. Une commission spéciale a été créée dans le but d'étudier les répercussions, et le gel a été levé partiellement, bien que cela n'a jamais été rétabli entièrement.
Plus récemment, la décision qu'a prise le gouvernement fédéral d'utiliser des médias électroniques pour transmettre ses messages a pratiquement exclu des aînés anglophones et des milliers d'autres personnes qui ne vivent pas dans les centres urbains. Le manque de visibilité du gouvernement fédéral dans les journaux locaux témoigne également d'un manque de confiance à l'égard de nos journaux, et la perte de ces revenus menace la survie même des journaux.
Vous vous demandez peut-être pourquoi nous continuons de publier malgré toutes les difficultés auxquelles font face les journaux de langue anglaise au Québec. Eh bien, c'est que nous devons le faire. Tant qu'il y aura une collectivité anglophone, ce sera nécessaire, et on souhaite que le journal existe toujours. Pendant que nous faisions l'évaluation de nos pertes au Record après l'incendie majeur de 1999, j'ai reçu un appel de l'une de nos abonnées âgées. Elle n'avait pas reçu son journal. Je lui ai expliqué que la nuit précédente, nos presses, l'équipement et tout ce que nous avions avaient brûlé et que le journal avait disparu. Elle m'a alors demandé si elle allait recevoir son journal le lendemain.
Un député: Je m'en souviens.
Mme Sharon McCully: C'est tout à fait représentatif du lecteur moyen des journaux communautaires. Ce qui est demeuré constant au fil du siècle, c'est la volonté de nos journaux de répondre à ces besoins.
S'il s'agissait strictement d'activités commerciales, les propriétaires auraient probablement jeté l'éponge il y a longtemps. Cependant, nous ne sommes pas que des diffuseurs de nouvelles; nous sommes le ciment qui unit les membres d'une collectivité minoritaire qui sont éparpillés sur le plan géographique; un pont entre les francophones et anglophones; le lien entre le passé et le présent; et un exemple concret de l'existence d'une population anglophone au Québec. Tant qu'il y a un journal de langue minoritaire, il y a des preuves de l'existence d'un quotidien dans nos collectivités, dans nos écoles, nos églises et nos groupes de bénévoles.
Le besoin d'informer les collectivités, surtout celles qui se trouvent dans des régions rurales isolées, est essentiel. D'anciennes éditions de nos journaux ont décrit la centralisation des services et le démantèlement des économies rurales. Le sort de VIA Rail et de Postes Canada et les compressions dans les bureaux régionaux de CBC témoignent des répercussions que les décisions ont sur toutes les régions rurales, mais plus profondément sur les collectivités en situation minoritaire qui y vivent.
Mes observations reflètent celles de tous les éditeurs et propriétaires de journaux de langue officielle. Nous travaillons tous très fort, avec beaucoup de passion, pour garder nos journaux en vie afin de continuer à couvrir, avec la rigueur journalistique voulue, les enjeux de nos collectivités locales et les gens qui ne sont couverts par aucun autre média. Nous faisons tout cela par miracle en quelque sorte, puisque les heures que notre personnel dévoué et nous y consacrons chaque semaine ne reflètent pas la rémunération reçue.
Je vous assure que tous les gens qui travaillent dans un journal de langue officielle local croient qu'il est de leur devoir d'aider leurs collectivités, surtout les aînés, qui doivent pouvoir lire leur journal dans la langue qu'ils comprennent. Autrement dit, tous les gens qui travaillent dans nos journaux de langue officielle croient en leur vocation, et ils en sont fiers.
Il est très difficile de publier un journal de langue anglaise. Les journaux de langue française hors Québec reçoivent de l'aide publicitaire de certains des gouvernements provinciaux. Pour notre part, les politiques du gouvernement provincial font en sorte que les journaux anglais n'obtiennent rien. De plus, ces dernières années, nous payons une taxe injuste de recyclage de papier de milliers de dollars parce que le gouvernement du Québec compare les annonces publicitaires avec les journaux qui publient des nouvelles.
En outre, vous devez savoir qu'au-delà d'une faible réduction de notre facture sur le recyclage, le gouvernement du Québec a annoncé récemment qu'il souhaite que chaque journal consacre jusqu'à 30 000 $ à une étude pour obtenir une même aide financière du gouvernement du Québec pour l'innovation. Par ailleurs, au Québec, l'adoption du projet de loi 122 fait en sorte que les municipalités ne sont plus obligées d'inclure des avis publics dans les journaux locaux, même si les journaux de langue anglaise de la province reçoivent rarement de tels avis. Voilà la situation des journaux communautaires au Québec.
Passons maintenant au gouvernement fédéral. À titre d'information, en 2002, les 35 journaux communautaires anglais du Québec ont reçu 350 000 $ en publicités fédérales. Au cours de l'exercice qui s'est terminé en mars 2018, ils n'ont reçu que 15 000 $, ce qui représente moins de 500 $ par journal. Le programme d'aide fédéral, l'ancien fonds pour les magazines, n'aide aucun des journaux communautaires, surtout les journaux anglais au Québec. C'est parce que, comme l'a dit Sharon, nous les distribuons gratuitement, à domicile pour la plupart d'entre nous, ce qui coûte cher à notre municipalité, et le seul soutien que nous obtenons, c'est la publicité.
Nous croyons en l'intégrité du journalisme. En tant que journaux communautaires, nous fournissons des nouvelles et du contenu local. Nous sommes les seuls journaux qui couvrent nos députés, leurs activités et les divers programmes que les différents ministères présentent. Nous écrivons sur tout. Nous faisons les vérifications qui s'imposent, car nous croyons au journalisme crédible et non aux fausses nouvelles.
Vous devez savoir que Google et Facebook utilisent le fruit de notre dur labeur pour créer du contenu et vendre des annonces. En fait, selon une récente analyse fondée sur des statistiques, le contenu génère 23 millions de dollars de publicité au Québec, de l'argent que nous ne recevons pas, bien entendu. Les analystes croient qu'au Québec, nous devrions en obtenir au moins la moitié, soit 11 millions de dollars, mais comme vous le savez, cela n'arrivera pas.
Sur le plan économique, le virage numérique n'est pas viable pour les journaux francophones hors Québec ou pour les journaux anglophones du Québec. Les chiffres sont éloquents. La publicité sur le Web ne peut pas soutenir les journaux financièrement parce que les revenus numériques sont calculés par 1 000 consultations. Si le journal la vend, c'est 5 $ par 1 000 consultations. Un maximum de trois publicités par page, comme le demande Google, rapporte 15 $ par page.
Supposons que mes journaux passent complètement au numérique. Pour conserver mes journalistes et mes quelques employés, j'aurais besoin de 25 000 $ par mois. Pour obtenir ces revenus, il me faudrait générer 1,7 million de pages vues, et ce sont des publicités que nous devons vendre. Si Google obtient ces publicités pour nous, alors nous recevons 1 $ par 1 000 consultations, et j'aurais besoin alors de 8 millions de consultations, le même nombre qu'obtient La Presse. La Presse a dépensé 47 millions de dollars pour son programme et génère des revenus de 2 300 $ par jour.
Il faut savoir que les journaux communautaires obtiennent entre environ 20 000 et 30 000 consultations par mois, ce qui représente 400 $ de revenus par mois ou 4 800 $ par année. Si ces annonces sont vendues par Google, on parle de 2 400 $ par année. Qui vais-je payer avec 2 400 $ par année? Je ne peux même pas payer le concierge. Vous savez maintenant tout sur les annonces insérées dans les journaux.
Nous avons fait ressortir l'importance qu'ont eue les annonces lorsque le H1N1 a frappé au Québec et partout au Canada. Il y a eu une grande campagne sur le H1N1 et tout le monde savait où aller et quels moyens prendre.
Nous sommes également confrontés à une taxation injuste. Nous devons facturer des taxes sur nos publicités, tandis que Google et Facebook n'ont pas à le faire. C'est injuste.
En terminant, je dirais qu'en soutenant la viabilité des journaux de langue officielle, on maintiendra des milliers d'emplois pour les Canadiens de la classe moyenne. On permettra à la salle de rédaction de survivre et on protégera le journalisme canadien. On favorisera le maintien des emplois de nos employés de classe moyenne qui travaillent pour nos journaux; des imprimeurs et de leurs employés; des employés du secteur de la fabrication de papier, qui produisent le papier que nous imprimons; et de l'industrie forestière d'où vient le papier. Comme vous pouvez le constater, soutenir les journaux de langue officielle a des répercussions positives sur l'emploi dans bien d'autres secteurs. C'est la situation réelle.
Il vous appartient de décider de l'avenir des journaux de langue officielle. En tant que membres du comité permanent, vous avez le pouvoir d'aider les journaux de langue officielle du Québec et d'ailleurs au pays, qui fournissent des nouvelles locales en respectant les valeurs journalistiques et avec intégrité.
Merci.
:
Je vois bien la motion.
Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu vraiment beaucoup de témoins représentant la communauté anglophone. Ce sont ces gens qui se présentent devant nous aujourd'hui. Vous savez très bien que les votes nous tiennent occupés et qu'il sera difficile d'entendre ces témoins et de leur poser des questions.
Je comprends ce que vous dites. Mercredi, la va faire la présentation technique de l'offre. Cela me pose un problème, d'autant plus que qu'il me tient à coeur de parler à M. Guzmas, qui a pris la peine de se préparer à nous rencontrer pendant un mois. Franchement, cela me pose problème. Ce n'est pas que je ne veuille pas débattre de la motion, mais nous sommes en train d'interroger des gens, des témoins qui nous parlent des problèmes qu'ils ont. Peut-on, à tout le moins, les entendre?
Le Plan d'action va être déposé cette semaine. Je crois que nous pouvons attendre une semaine encore pour discuter de cette motion.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux remercier les témoins d'être présents aujourd'hui.
Je tiens à vous dire que ce n'est pas du tout par manque de politesse que nous nous servons de ce temps précieux. Je sais que vous êtes bien préparés, et nous voulons prendre tout le temps que nous aurons pour vous écouter.
Par contre, ce que nous disent également les associations qui vous représentent, c'est qu'il y a actuellement urgence d'agir. Vous avez mentionné que des journaux ont fermé leurs portes. Par conséquent, nous voulons agir avant que d'autres journaux et radios soient dans l'obligation d'en faire autant.
De plus, on nous a dit que malgré le fait que le Plan d'action soit rendu public cette semaine, il ne permettra pas d'injecter l'argent nécessaire à court terme. Cela se fera dans 6 et même 9 ou 12 mois. Nous avons appris que votre cycle budgétaire se termine à la fin du mois et que c'est donc maintenant que vous avez besoin d'une mesure rapide et concrète.
Nous sommes d'avis que ce n'est pas compliqué. Il y a tant de millions qui sont donnés à Facebook et Google. Pouvons-nous en prendre une partie pour la remettre aux journaux et aux radios des communautés de langue officielle en situation minoritaire? Je crois que c'est ce qui est écrit dans la motion, et c'est pourquoi je l'appuie.
Nous sommes désolés de prendre une partie du temps qui vous est accordé, c'est très important de vous écouter. Toutefois, la motion est tout de même prioritaire malgré tout, à mon avis.
Je vous prie de m'excuser de mon retard. Pour notre journal, c'est une journée de production à notre petit journal.
Ma soeur et moi sommes propriétaires de trois journaux. J'ai 43 ans. Nous sommes de jeunes femmes en entreprise. Nos journaux sont distribués en Outaouais.
[Traduction]
Nous sommes propriétaires du Pontiac Journal; du West Quebec Post, qui a été créé en 1896; et du Bulletin d'Aylmer.
Nous servons une collectivité à la fois rurale et urbaine vivant en milieu linguistique minoritaire. Nous avons des lecteurs qui vivent en anglais, au Québec. Nous envoyons des journalistes à des événements francophones, que nous couvrons, et nous publions les nouvelles en anglais, de sorte que les gens qui vivent au Québec, mais qui ne comprennent pas bien le français reçoivent les nouvelles. Ils savent quels règlements sont modifiés.
Dans ma salle de rédaction, nos capacités de faire du journalisme de recherche et de couvrir le conseil municipal et le conseil régional, sans compter toute autre nouvelle, diminuent constamment. De plus en plus, nous — c'est-à-dire les propriétaires — faisons des heures supplémentaires, avant et après le travail. Nous écrivons parce que nous n'avons pas les moyens de payer du personnel.
Je sais que vous avez le mémoire qui a été présenté à la ministre en octobre. Les plans d'action qu'il contient constituent le fondement de ce que nous faisons, et toute mesure prise à l'appui de ces plans d'action changera la donne pour les anglophones du Québec qui vivent en situation linguistique minoritaire. Je crois comprendre que c'est la raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui.
Je vous remercie vraiment, et je suis prête à répondre à toutes vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
On dit souvent de nous que nous parlons beaucoup dans les réunions de comité, mais que nous n'agissons pas. La semaine dernière, j'ai proposé une motion pour que le gouvernement ou le ministère du Patrimoine canadien mette sur pied un fonds d'urgence de 2 millions de dollars destiné à l'ensemble des journaux en situation minoritaire, dont vous êtes les représentants aujourd'hui. Je vous remercie d'ailleurs d'être ici aujourd'hui.
On appelle cela « une mesure ». Le gouvernement a prévu un fonds de 50 millions de dollars pour assurer la survie de vos organisations à moyen et à long termes. Or il y a un problème lié à la création de ce fonds. Tout gouvernement qui se respecte doit passer par tous les processus existants pour mettre en oeuvre ses politiques et pour s'assurer qu'il y a une équité entre les différents acteurs. Cela étant, il faudra attendre au moins de six à neuf mois avant que l'argent de ce fonds ne soit disponible. C'est une réalité politique et gouvernementale tout à fait normale. Nous ne nous en plaignons pas du tout. Bien au contraire, nous comprenons ce processus.
Comme Mme Lapointe, j'aimerais bien que nous puissions continuer à vous questionner. La semaine dernière, nous avons eu l'occasion d'entendre des représentants des associations qui vous représentent. Ils nous ont fait savoir clairement que vous, les membres de ces associations, êtes à l'agonie et sur le point de fermer, et qu'au mois de septembre ou de novembre, il sera trop tard.
Ce que nous proposons dans la motion est très simple. Nous voulons que les députés libéraux appuient cette demande, malgré le fait que demain ou la semaine prochaine...
:
Mercredi, on présentera le nouveau Plan d'action pour les langues officielles. C'est parfait et je n'y vois aucun problème. La a déjà annoncé une somme additionnelle de 400 millions de dollars. Il y aura probablement des mesures qui vont vous toucher. Nous l'espérons et nous le souhaitons.
Dans les faits cependant, cet argent ne sera pas disponible avant de six à neuf mois. Nous demandons simplement au gouvernement et au Comité d'être d'accord pour qu'un fonds d'urgence de 2 millions de dollars soit créé. Mon collègue M. Choquette a dit tout à l'heure que le gouvernement avait déjà prévu d'allouer des sommes pour de la publicité. Que le gouvernement prenne immédiatement 2 millions de dollars dans la somme allouée à de la publicité dans le budget de 2018 qui a été déposé et qui sera en vigueur dans une semaine exactement, le 1er avril. C'est très simple à faire mathématiquement.
Monsieur Guzmas, je ne sais pas si vous êtes comptable, mais si vous n'êtes pas éditeur, vous êtes assureur. Vous connaissez bien les chiffres, car vous avez été très éloquent à ce sujet.
Nous y reviendrons tout à l'heure, en espérant que nous allons passer au vote rapidement.
Je dis tout cela pour faire valoir qu'il serait très facile, pour le gouvernement, de créer ce fonds d'urgence très rapidement. Nous devons aller de l'avant, c'est aussi simple que cela.
Cela termine mon intervention.
Après le vote, je constate qu'il y a égalité des voix. Je vais me reporter à la décision du Président Regan. Vous vous rappellerez qu'il y a quelques mois, il était arrivé la même chose à la Chambre des communes. Il y avait eu égalité des voix et le Président Regan avait dû trancher.
Concernant la poursuite du débat, je souligne que nous n'avons pas encore entendu tout le monde. Il y a encore des gens qui veulent donner leur point de vue. Nous sommes des députés et il est important que nous puissions tous faire entendre notre point de vue.
Je vais voter en faveur de l'ajournement du débat, afin que nous puissions y revenir et entendre ceux qui n'ont pas encore pris la parole à ce sujet.
(La motion est adoptée par 5 voix contre 4.)
Le président: Revenons à nos moutons.
Quand je dis que le débat est ajourné sur ce sujet, cela veut dire qu'il n'est pas clos: il est ajourné. Quand nous le reprendrons, il nous sera loisible d'entendre ceux qui n'ont pas pris la parole sur le sujet.
Monsieur Choquette, vous avez la parole.
:
Merci, madame Lapointe.
Je suis certain que vous avez beaucoup d'employés qui essaient de déterminer comment ils nous aideront, mais peu importe ce qu'ils feront, à mon avis, il faut que cela soit fondé sur du contenu, du vrai contenu, du contenu local, et non sur le contenu que les gens achètent auprès de Reuters ou de La Presse canadienne, par exemple.
Tout d'abord, nous disons que le Conseil du Trésor et Travaux publics nous oublient depuis des années, en un sens. Je vous ai donné les chiffres. En 2002, nous avions 350 000 $ en publicité, et maintenant, pour l'exercice qui se terminera dans deux ou trois jours, nous avons eu seulement 15 000 $. Quelqu'un quelque part à Travaux publics ou au Conseil du Trésor a mis un X sur tout ce qui concerne les journaux anglais au Québec et les journaux français d'ailleurs au pays. Cette situation doit changer. Il doit y avoir des changements dans la volonté politique, car cela fait des années qu'il n'y en a pas.
Nous sommes les victimes de la Commission Gomery, car chaque année, nous recevions une partie du budget de publicité. Or, après la Commission Gomery, c'est dans la publicité dans les journaux locaux qu'il y a eu des compressions en premier lieu, qu'il s'agisse des journaux anglais au Québec ou des journaux français à l'extérieur du Québec. C'est ce qu'ils ont fait, et vous pouvez le vérifier auprès de votre agence de coordination, Cossette. Vous pouvez le vérifier auprès du Conseil du Trésor et de Travaux publics.
:
Je m'excuse, monsieur Choquette, mais je dois vous interrompre. Nous allons devoir aller voter.
Je tiens à remercier nos trois témoins, soit Mme Ryan, M. Guzmas et Mme McCully.
[Traduction]
Je vous remercie beaucoup d'être venus témoigner aujourd'hui.
[Français]
Vous nous aidez à mieux comprendre la situation des journaux de langue officielle en situation minoritaire.
[Traduction]
Il est très important que nous fassions de notre mieux pour que vos journaux survivent et que vous puissiez continuer à bien vivre.
[Français]
Vous pouvez être certains que tous les membres de ce comité sont là pour vous donner un coup de main. Je vous remercie de vous être déplacés pour nous rencontrer.
Je répète aux membres du Comité qu'il n'y aura pas de réunion mercredi prochain, dans le but que vous puissiez assister à la présentation de la sur le Plan d'action pour les langues officielles. Par la suite, nous serons dans nos circonscriptions pendant deux semaines. Mme la greffière et moi allons tenter d'établir un genre d'horaire pour la suite de nos travaux. Nous vous le soumettrons à votre retour. Je vous remercie tous.
La séance est levée.