[Français]
À l'ordre, s'il vous plaît.
[Traduction]
Bienvenue à la 56e séance du Comité permanent des langues officielles.
Souhaitons la bienvenue à M. Donnelly, Mme Dabrusin, M. Gerretsen et Mme Ratansi, qui se joignent à notre merveilleux groupe. Il est bon de voir de nouveaux visages autour de la table, quand nos membres permanents ne peuvent être présents.
Ce matin, nous allons écouter nos deux témoins: MM. Thompson et Bergman. M. Thompson représente le Quebec Community Groups Network, et M. Bergman, l'Association des juristes d'expression anglaise du Québec. Si j'ai bien compris, vous avez ensemble préparé des déclarations liminaires qui devraient durer 10 minutes en tout. À la suite de cela, nous allons passer aux questions des membres du Comité.
Vous avez la parole pour 10 minutes.
:
Bonjour à vous tous. Il y a de nouveaux visages, alors je vais vous préciser que le Quebec Community Groups Network est un organisme sans but lucratif qui représente les groupes minoritaires de langue anglaise au Canada, que nous appelons la communauté minoritaire anglophone du Québec. Nous sommes un peu plus de 1 million de Canadiens, et comme je l'ai dit, notre communauté de langue officielle en situation minoritaire se trouve au Québec.
Bonjour, messieurs Nater et Donnelly, et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des langues officielles. Je suis désolé; je ne savais pas que serait absent.
Nous sommes ravis d'être ici aujourd'hui pour témoigner dans le cadre de l'étude du Comité sur la mise en oeuvre intégrale de la Loi sur les langues officielles dans le système de justice canadien. Nous sommes aussi ravis d'être accompagnés par l'Association des juristes d'expression anglaise du Québec. Mon exposé sera très bref, ce qui permettra à Michael Bergman de présenter l'association et ses plans futurs.
Notre communauté est très enthousiasmée par la promesse d'une capacité organique d'accès à la justice. Veuillez noter que le QCGN a soumis un mémoire détaillé qui contient des commentaires sur les sujets que le Comité étudie. Je vais mettre en évidence les points saillants du mémoire maintenant et serai ravi de répondre à vos questions plus tard.
En ce qui concerne le processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada, le QCGN soutient un processus transparent, inclusif et responsable à l'égard des Canadiens. À cette fin, nous sommes aussi pour des mesures législatives qui feraient du bilinguisme fonctionnel, sans l'aide d'un interprète, une exigence pour la nomination des juges à la Cour suprême du Canada.
Nous avons deux raisons principales de soutenir le bilinguisme dans toutes les cours canadiennes, ainsi que le bilinguisme des juges de la Cour supérieure et des cours d'appel. Premièrement, où les droits existent, il faut offrir un système où les juges peuvent instruire les causes et rendre des décisions dans les deux langues officielles. Deuxièmement, les compétences linguistiques des juges à cet échelon doivent être suffisantes pour qu'on puisse assurer le respect des décisions des tribunaux supérieurs dans le contexte de l'évolution du droit canadien. Me Bergman pourra en dire plus là-dessus.
Nous avons trois réflexions au sujet de l'accès à la justice. Premièrement, avoir des droits et un système judiciaire bilingue a peu de valeur si l'infrastructure entourant l'accès à la justice n'est pas en mesure d'offrir des services dans les deux langues officielles. Deuxièmement, il faut une définition commune de l'accès à la justice, particulièrement lors des discussions visant l'élaboration d'une politique publique fondée sur des données probantes. Enfin, il faut que Justice Canada fournisse des capitaux de lancement stables pour favoriser l'expansion de l'association.
Nous sommes très préoccupés par l'application de la Loi sur les langues officielles dans le système correctionnel au Canada. Une visite récente au Centre fédéral de formation du Service correctionnel du Canada, à Laval, nous a laissés perplexes. Il y avait apparence de violation de la loi, et nous avons toutes les raisons de croire que c'est une situation systémique qui affecte vraisemblablement les détenus de minorités francophones et anglophones dans d'autres établissements. Nos préoccupations sont décrites en détail dans notre mémoire et pourraient motiver une visite du Comité.
Je suis ravi de vous présenter Me Michael Bergman, de l'Association des juristes d'expression anglaise du Québec.
:
Merci beaucoup, Stephen.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous adresser la parole.
Je crois fermement qu'une organisation dont le nom comporte plus de trois mots est extrêmement importante. Vous avez donc devant vous deux témoins très importants.
L'Association a vu le jour en août 2016. Nous en avons mis, du temps. Nos collègues du reste du pays — avocats et juristes de langue française — ont depuis fort longtemps des associations pour défendre leur milieu, exercer des pressions et faire de la recherche. La communauté anglophone du Québec ne s'est organisée que récemment, en partie à cause de la nature de cette communauté.
Des collègues avocats et moi avons cofondé l'association il y a moins d'un an. Pour nous, il était clair qu'il y a au Québec un sérieux problème d'accès à la justice en anglais. L'accès diminue exponentiellement avec les années et continuera de diminuer. Le citoyen anglophone moyen du Québec a de plus en plus de difficulté à interagir en anglais avec le système à tous les échelons, y compris au fédéral. Si cela ne cesse pas, et si on ne trouve pas de moyens d'améliorer l'accès à la justice en anglais, le système de représentation de la population anglophone et la capacité du citoyen de s'adresser en anglais à une instance administrative ou à un tribunal au Québec vont graduellement disparaître.
Il y a d'autres aspects à cela. La Cour d'appel du Québec est réputée pour ses décisions, notamment en droit constitutionnel, en droits de la personne et en droit administratif. Cependant, dans le reste du Canada, très peu d'avocats ou de juges savent ce que la Cour d'appel a dit parce que 94 % des décisions qu'elle a rendues sont en français et que 6 % seulement des décisions sont en anglais. Il n'y a pas de ressources financières et de services de traduction permettant de donner accès à ces décisions en anglais. Vous aurez donc des anomalies: une cour d'appel d'une autre province dira ceci, alors que la Cour d'appel du Québec a déjà dit cela. Ce n'est pas bon pour le pays.
Vous remarquerez que l'Association ne vous a pas soumis de mémoire ce matin. C'est malheureux, mais ce n'est pas accidentel. La raison en est simple. Puisque nous démarrons, nous sommes un groupe de bénévoles. Nous sommes des avocats qui pratiquent le droit. Ce n'est que récemment, en janvier de cette année, que nous avons reçu du financement de programme de Justice Canada, soit 77 000 $. La plus grande partie de ce montant sert à la recherche préliminaire. La recherche est importante. Elle nous donne des données empiriques, des faits, et la capacité de baser notre travail de défense sur la vérité. Nous n'avons pas de financement de base. Nous ne pouvons embaucher un directeur général. Nous n'avons aucune structure permanente. Nous avons désespérément besoin de cela. Il faut un programme de financement de base pour l'Association et pour tout autre groupe de la même nature que nous. Cela ne se limite pas au Québec. Il faut cela partout dans notre formidable pays. Sans cela, nous sommes des bénévoles dévoués, mais nous n'avons qu'un nombre limité d'heures par jour, et je pense que les députés le savent trop bien.
Quelle est la conséquence du déclin de l'utilisation de l'anglais dans le système de justice du Québec? C'est un déclin pernicieux. Il aura des incidences structurelles importantes qui se manifesteront sur plusieurs générations. S'il y a déclin de l'anglais comme langue officielle en situation minoritaire dans le système de justice du Québec, tôt ou tard, dans le reste du pays, on se posera la question: si un des piliers de notre dualité est en déclin, qu'en est-il de l'autre pilier, soit les francophones à l'extérieur du Québec? Petit à petit, sans le vouloir, nous évoluerons malheureusement et tragiquement vers un pays où la justice est rendue en français au Québec, et en anglais dans le reste du pays.
C'est mauvais. Il faut arrêter cela. Nous avons besoin de mesures législatives, et de plus de fonds. Il y a un rôle important à jouer dans cela pour le gouvernement fédéral et le Parlement du Canada. Ce n'est pas que symbolique. Il s'agit de mettre en oeuvre des programmes et des mesures législatives qui reconnaissent que dans une société moderne — au XXIe siècle — chaque citoyen a le droit, la liberté, l'individualité de s'adresser à la justice dans sa propre langue officielle. Si nous ne le faisons pas, nous négligeons nos compagnons et collègues à l'échelle du pays.
Je serai ravi de répondre aux questions. Cinq minutes, c'est peu pour présenter beaucoup de mots et d'idées, mais comme je l'ai dit, le nom de notre association comporte plus de trois mots. Vous remarquerez que je n'ai dit que le mot « association », et non « Association des juristes d'expression anglaise du Québec ».
Merci beaucoup.
:
Je le crois, mais disons que maintenant, et depuis la Confédération en 1867, nous avons la moitié de ces droits. Selon l'article 133 de la Loi constitutionnelle, de la version originale de la Loi de 1867 sur l'Amérique du Nord britannique, on peut s'adresser à la cour en anglais ou en français au Québec ou au fédéral. Cependant, cela ne veut pas dire que la personne qui écoute doit comprendre ce que la personne dit. Il est tout à fait possible — et j'ai vu cela dans certains cas au Québec — qu'une personne s'adresse à la cour en anglais, et que le juge, incapable de s'adresser au plaideur en anglais, le fasse en français.
Il faut quelqu'un pour faire l'interprétation, la traduction. Généralement, dans la plupart des cas, ce sera l'avocat. Le juge me regarde et dit:
[Français]
« Maître Bergman, à l'intention de votre client, pouvez-vous faire l'interprétation de mes mots? »
[Traduction]
Je suis soudainement l'avocat et l'interprète, et le procès se poursuit entretemps, ce qui signifie que je dois écouter ce qui se dit. Trois parties de mon cerveau sont sollicitées en même temps. Je peux peut-être mâcher de la gomme en marchant — c'est deux choses en même temps —, mais faire trois choses simultanément est extrêmement difficile. Ce qui se produit, du moins d'après mon expérience, c'est que la traduction en souffre, et il est ensuite très difficile de dire au juge,
[Français]
« Monsieur le juge, j'ai besoin d'une pause de quelques minutes pour résumer à mon client ce que vous avez dit. »
[Traduction]
Entretemps, mon client, qui est assis et qui, à tort ou à raison, ne comprend pas le français ou le comprend mal, est comme un chevreuil qui fixe les phares d'une voiture, et il se demande ce qui arrive à sa cause. Il ne comprend pas et ignore si c'est bon ou mauvais. « Sommes-nous en train de gagner ou de perdre? »
C'est inacceptable.
:
Merci. Je vais exercer mon droit de m'exprimer dans la langue de mon choix.
La réponse à cette question semble plutôt simple. Une loi oblige les juges nommés par le gouvernement fédéral à avoir atteint un certain niveau de bilinguisme. On leur fait passer un test linguistique. Cela fait partie du processus.
Pour revenir à ce que M. Donnelly a dit plus tôt, vous mettez l'accent sur les juges. Vous allez régler le problème auprès des juges et ils seront tous bilingues au Canada. Imaginez la situation. Cela n'aurait pas d'importance, car le greffier ne serait pas bilingue ni les gens qui entourent le juge, et les décisions des cours d'appel ne sont pas traduites dans les deux langues officielles.
[Français]
Ce ne sont pas seulement les juges, mais c'est le système.
[Traduction]
Il faut tenir compte du système dans lequel les juges évoluent. C'est l'aspect que votre comité pourrait vouloir examiner.
Je vais seulement mentionner que Justice Canada, par exemple, finance actuellement la formation linguistique des juges nommés par les gouvernements provinciaux. Les provinces, y compris le Québec, souhaitent donc que le gouvernement fédéral appuie la formation linguistique dans les champs de compétence des provinces, même les tribunaux provinciaux. C'est déjà commencé, mais il faut élargir la portée de la formation en incluant le personnel de soutien des tribunaux.
:
L'esprit au Québec est que la langue anglaise est une langue secondaire, mais il est préférable de parler français. Si vous voulez un service efficace, il faut parler français.
Je vais vous donner un exemple, qui est peut-être un peu extrême. J'étais dans une salle d'audience d'un palais de justice. Mon adversaire, le juge et moi étions tous anglophones. Il n'y avait aucun client, il ne s'agissait que d'un plaidoyer sur un point de droit. Or, tout le monde a parlé français. De plus en plus, la langue de Shakespeare ne fonctionne plus au Québec.
Est-ce une question de politesse pour la majorité? Est-ce la crainte que, si je parle anglais, personne ne va m'écouter, m'offrir un meilleur service ou autre chose du genre? C'est difficile à dire.
[Traduction]
La sagesse conventionnelle
[Français]
veut que si vous voulez vraiment quelque chose, par exemple un service attentif, vous devez parler français.
:
J'aimerais juste dire que c'est probablement la même chose pour les francophones à l'extérieur du Québec. C'est ce que vivent les minorités.
Il y a quelques années, j'ai reçu une contravention pour excès de vitesse et je me suis rendu à la cour municipale de Mont-Saint-Hilaire. J'étais nerveux. Je voulais contester la contravention, car j'étais d'avis qu'elle n'était pas justifiée. J'étais nerveux parce que je voulais me défendre. Je voulais comparaître devant un juge et dire que je n'avais pas commis l'infraction, que je n'étais pas là au moment de l'infraction. Je me suis rendu sur place et j'étais très nerveux, car je ne parlais pas assez français ou ne connaissais pas les bons mots pour m'expliquer.
Je suis arrivé sur place et tous les panneaux étaient en français. Tout était en français. J'ai trouvé la procureure de la Couronne. Ma femme m'avait fait répéter ce que je devais dire en français, et j'ai fait de mon mieux. La procureure m'a dit: « Arrêtez, monsieur; vous avez le droit de parler anglais. » Avez-vous une idée du soulagement que j'ai éprouvé lorsque j'ai appris que je pouvais parler anglais?
Je suis conscient que c'est exactement le même soulagement que ressentent les francophones à l'extérieur du Québec. C'est la même chose. Je ne pense pas que mettre l'accent sur ce qui est différent ici ou différent là-bas... Nous pourrions nous concentrer sur ce qui est différent, mais il est peut-être mieux de mettre l'accent sur ce qui est pareil. L'expérience vécue par les minorités linguistiques est la même, peu importe l'endroit.
J'ai été déclaré coupable. C'était une injustice.
Des voix: Oh, oh!
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs, je vous remercie beaucoup de nous avoir livré votre présentation, que j'ai trouvée très intéressante. Vous avez pu donner des exemples très précis. Je dois dire, pour être honnête, que j'ai bien apprécié cela.
Vous avez dit tantôt que lorsqu'on était bilingue, les gens s'attendaient à ce qu'on parle la langue de la majorité. Je l'ai souvent constaté en Acadie. Étant donné que nous, les Acadiens, parlons les deux langues, on s'attend à ce que nous n'ayons pas besoin d'être servis en français. En réalité, nous avons besoin de services en français et nous pouvons le demander. C'est un droit que nous avons.
J'ai également aimé votre commentaire sur l'interprétation. Pour ma part, j'aimerais beaucoup plaider et interpréter; honnêtement, ce serait plus facile pour moi. Je vous dis cela à la blague.
Ce que je veux souligner, c'est l'influence des cultures dans la société. C'est ce qui m'inquiète. Je veux dire par là que si un plaidoyer ou un jugement n'est pas traduit dans l'autre langue, l'influence de cette culture dans la société est perdue, selon moi, et cela m'inquiète énormément.
Pouvez-vous nous parler davantage de cette situation?
:
Je serai très bref et je céderai ensuite la parole à Michael.
Le Comité a également étudié les définitions — et je pense que vous en parlez, pas directement, mais d'une certaine façon — ainsi que ce que signifie la prestation de services du gouvernement fédéral dans une langue officielle.
L'un des sujets que vous abordez et que vous aborderez certainement l'année prochaine, lorsque le Comité sera saisi des nouvelles règles du Conseil du Trésor, est l'incidence de la technologie. Les gens diront qu'un anglophone de la Basse-Côte-Nord qui reçoit des services en anglais à partir de Vancouver se fait servir en anglais. C'est formidable ce que Skype, la technologie, rend possible. Tout le monde est servi dans sa langue officielle. C'est fantastique, n'est-ce pas? Non, car la personne à qui vous parlez à Vancouver parle votre langue, mais n'a pas la moindre idée de ce que signifie vivre en Basse-Côte-Nord, au Québec; elle n'en a absolument aucune idée.
Qu'entend-on par service égal? Cela ne signifie pas seulement un service dans sa propre langue; cela veut dire que vous parlez à quelqu'un qui comprend d'où vous venez. Vos enfants jouent peut-être au baseball ensemble, ou peut-être pas, mais vous avez au moins une chose en commun dont vous pouvez parler. Vous communiquez verbalement, mais aussi à un niveau beaucoup plus élevé.
:
Mesdames et messieurs, ma présentation portera surtout sur la question de l'accès à la justice dans les deux langues officielles. J'aborderai plutôt le côté concret de l'accès à la justice et je laisserai mon collègue aborder le côté théorique. Je parlerai plus précisément de l'accès à la justice en français au Manitoba.
Je suis directrice d'Infojustice Manitoba, un centre d'information juridique situé à Winnipeg. Infojustice Manitoba est une initiative de la Société franco-manitobaine, un organisme à but non lucratif qui veille à l'épanouissement de la communauté franco-manitobaine et qui revendique le respect des droits de celle-ci. Infojustice Manitoba a été mis sur pied afin de promouvoir l'accès à la justice en français au Manitoba.
Infojustice Manitoba obtient son financement du Fonds d'appui à l'accès à la justice dans les deux langues officielles. En 2013, le gouvernement fédéral a créé deux piliers dans le cadre du Fonds d'appui à l'accès à la justice dans les deux langues officielles, soit le pilier de l'information et le pilier de la formation. Infojustice Manitoba obtient son financement du pilier de l'information, puisqu'il sert à encourager la sensibilisation, l'information et la formation quant aux droits linguistiques et aux questions d'accès à la justice au Manitoba.
Les centres d'information juridique font partie d'une initiative nationale qui vise à promouvoir l'accès à la justice dans les deux langues officielles. Il existe donc au Canada plusieurs autres centres d'information juridique, notamment en Nouvelle-Écosse, en Ontario, en Saskatchewan et en Alberta. Selon les réalités linguistiques de chaque province, certains centres sont désignés bilingues, tandis que d'autres offrent des services surtout en français. Au Manitoba, puisqu'il existe déjà des centres d'information juridique anglophones, les services d'Infojustice Manitoba sont offerts uniquement en français.
Évidemment, comme vous le savez, malgré les obligations législatives et constitutionnelles existantes, il existe encore aujourd'hui, au Manitoba et dans plusieurs autres provinces et territoires, des lacunes en matière d'accès aux tribunaux et à de l'information juridique en français. Infojustice Manitoba cherche donc à assurer un accès égal à de l'information juridique en français par rapport à l'information disponible en anglais.
Une part importante de la population manitobaine est vieillissante et une autre est nouvellement arrivée au pays. Cette clientèle a des besoins particuliers sur le plan des services juridiques en français. La communauté francophone du Manitoba est composée d'une clientèle aînée qui est souvent plus à l'aise en français ainsi que d'une clientèle immigrante qui ne maîtrise pas l'anglais.
L'aide juridique au Manitoba offre des services bilingues. Toutefois, la plupart des individus qui font face à un problème juridique ne sont pas admissibles. Par conséquent, ces individus doivent se représenter devant les tribunaux et faire face à leurs problèmes juridiques avec peu ou pas d'information en français. Lorsque le service n'est pas disponible en français, l'individu doit accéder aux services disponibles en anglais ou avoir recours à une tierce personne qui l'aidera à naviguer dans le système juridique en anglais.
Il est important de noter que l'accès à la justice ne touche pas uniquement la possibilité de s'exprimer en français devant les tribunaux, mais touche surtout la possibilité de recevoir des avis ou des informations dans la langue officielle de son choix. La majorité des causes ne se rendent pas devant les tribunaux, et la plupart des causes sont réglées à l'aide d'avis juridiques ou de renseignements juridiques fournis aux justiciables. Par conséquent, afin d'assurer un accès à la justice en français, il est important que les individus puissent obtenir des avis ou des renseignements juridiques en français.
Infojustice Manitoba cherche à offrir des services en français non seulement aux Franco-Manitobains, mais aussi aux gens qui choisissent de s'exprimer en français. Il existe au Manitoba plusieurs centres d'information juridique en anglais avec lesquels Infojustice Manitoba collabore, tels que le Legal Help Centre et la Community Legal Education Association. Cette collaboration permet à Infojustice Manitoba de rejoindre tous les Manitobains et assure vraiment la promotion du français sur la scène juridique au Manitoba.
Malgré la création d'un centre d'information juridique en français, à l'heure actuelle, il existe toujours au Manitoba un sérieux déséquilibre entre l'information juridique offerte en français et celle offerte en anglais. Ainsi, nous demandons que le gouvernement fédéral s'engage, dans le prochain plan d'action pour les langues officielles, à appuyer les projets d'information juridique en français dans les provinces et les territoires.
Je vous remercie. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de m'accueillir aujourd'hui pour que je vous parle du bilinguisme judiciaire au Canada. J'ai préparé un texte, mais après avoir écouté les groupes qui m'ont précédé, j'ai décidé d'y aller a capella, c'est-à-dire de sortir de mon texte et de traiter de certains sujets qui ont été soulevés par le groupe représentant les avocats du Québec.
Dès le départ, je veux détruire le mythe selon lequel on peut parler de bilinguisme judiciaire à l'échelle canadienne. Il est vrai que l'article 18 de la Charte canadienne des droits et libertés reconnaît l'égalité des deux versions des lois au Canada. Il est vrai également que chacun a le droit d'avoir accès aux tribunaux canadiens dans la langue officielle de son choix. Il est vrai aussi que l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 garantit la même chose, tout comme l'article 23 de la Loi sur le Manitoba de 1870 garantit ces mêmes droits. Il s'agit du droit au bilinguisme judiciaire, sauf que parfois l'appareil judiciaire canadien fonctionne comme s'il n'existait qu'une seule langue officielle. C'est le cas au Québec, comme on l'a entendu tout à l'heure, mais également dans plusieurs autres provinces canadiennes. Autrement dit, nous n'avons pas un système de bilinguisme judiciaire, mais plutôt une certaine dualité en matière judiciaire.
Plusieurs avocats et tribunaux interprètent les lois fédérales adoptées dans les deux langues officielles en ne regardant qu'une version de la loi, c'est-à-dire la version anglaise dans certaines provinces. Plusieurs juges interprètent les lois fédérales et même les lois provinciales dans le cas du Nouveau-Brunswick en n'étant en mesure que d'en lire une seule version. Ils ne regardent jamais l'autre côté, soit la version de la loi adoptée en français. Pourtant, tous les juristes qui pratiquent dans un système de bilinguisme judiciaire savent très bien qu'il arrive très souvent que les deux versions d'une même loi ne disent pas la même chose et que, pour comprendre un texte dont les deux versions ont une valeur égale, il faut absolument être en mesure de lire et de comparer les deux versions.
Cette situation m'inquiète souvent lorsque j'analyse les interprétations de certaines dispositions alors qu'une seule version a été prise en compte. À un moment donné, on risque de se retrouver dans un courant judiciaire où, selon la version lue, la loi ne dit pas la même chose et n'est pas appliquée de la même façon.
Sur ce plan, je crois qu'il est important de nommer un plus grand nombre de juges bilingues, non seulement au Québec, mais dans l'ensemble du territoire canadien.
Il faut également sensibiliser le monde judiciaire, à commencer par les facultés de droit, au bilinguisme juridique canadien pour s'assurer que, au bout du compte, les justiciables canadiens peuvent parler d'un véritable bilinguisme judiciaire où il est possible d'utiliser la langue officielle de son choix sans jamais être défavorisé du fait de la langue utilisée.
Il a également beaucoup été question tout à l'heure de la traduction des jugements. J'appuie totalement les commentaires de mes collègues qui disaient qu'un plus grand nombre de décisions canadiennes devaient être traduites dans l'autre langue officielle. Cependant, cela aussi soulève la question de la valeur égale des deux versions, parce que lorsqu'une décision est traduite, il se peut très bien que le texte original et sa traduction ne disent pas exactement la même chose.
Je viens de rédiger un livre sur les droits linguistiques au Nouveau-Brunswick, dans lequel je donne des exemples clairs de décisions judiciaires où le texte en anglais ne dit pas la même chose que le texte en français. Pour être en mesure de s'en apercevoir, encore faut-il avoir les compétences pour lire les textes dans les deux langues.
Dans un régime de bilinguisme judiciaire, il est inquiétant d'avoir une interprétation fondée sur une version d'une décision qui ne dit pas exactement la même chose que le texte original de la décision.
Il faut absolument trouver le moyen de mieux sensibiliser les avocats, les juges et l'appareil judiciaire canadien à la réalité du bilinguisme judiciaire canadien, en commençant par les facultés de droit du Canada, comme je l'ai dit un peu plus tôt.
Cela m'amène à parler du bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada.
Je suis très heureux de l'initiative prise pour s'assurer que les juges qui seront nommés à la Cour suprême dorénavant seront effectivement bilingues. Par contre, tout comme mes collègues qui m'ont précédé, j'irais plus loin. Je crois qu'il est essentiel que cette obligation soit inscrite également dans une loi.
J'ai personnellement eu l'occasion à plusieurs reprises de plaider des dossiers en français devant des juges de la Cour suprême du Canada qui n'étaient pas en mesure de suivre le débat. Quand un juge unilingue anglais écoute une plaidoirie en français, qu'il y a un échange rapide entre le banc et l'avocat qui plaide, que des termes techniques sont utilisés en français et que les parties parlent à un rythme trop rapide — comme je le fais probablement maintenant —, je peux comprendre qu'il devienne difficile pour les interprètes de suivre le débat.
Ce n'est pas la même chose qu'au Parlement canadien. À cet endroit, on peut écouter l'interprétation. Même si parfois on oublie ou on n'interprète pas bien ce qu'un député ou un ministre a dit, cela n'a peut-être pas la même importance que cela en aurait devant un tribunal, où chaque mot est important.
Au cours d'une soirée où j'avais de la difficulté à dormir, j'ai allumé le téléviseur à la chaîne CPAC et j'ai écouté une plaidoirie qui était interprétée de façon simultanée. Je me suis dit que cet avocat devait avoir de la difficulté, car l'interprète disait très souvent « cannot follow », c'est-à-dire que l'interprète n'arrivait pas à suivre, ou ne traduisait pas nécessairement ce que l'avocat était en train de plaider. J'ai réalisé que l'avocat, c'était moi. À ce moment, on se pose des questions sérieuses et on se demande si on sert bien ses clients en plaidant un dossier dans sa langue devant un juge qui ne comprend pas directement la langue qui est utilisée.
C'est pour cela que j'appuie fortement l'idée d'apporter une modification à la Loi sur les langues officielles, c'est-à-dire une modification visant à retirer de l'article 16 l'exception relative aux juges de la Cour suprême. La Loi sur les langues officielles prévoit que tous les juges fédéraux doivent être en mesure d'entendre les débats dans la langue officielle utilisée par les parties sans l'aide de l'interprétation, et c'est la même chose au Nouveau-Brunswick. Or, on a fait une exception pour la Cour suprême, et je crois que cette exception devrait être enlevée.
De plus, on devrait ajouter une disposition à la Loi sur la Cour suprême précisant que la compétence dans les deux langues est une exigence normale, puisque ces juges seront appelés à interpréter des lois dont les deux versions ont une valeur égale. Je n'ai aucune crainte quant à la valeur constitutionnelle d'une telle disposition. C'est totalement différent de l'affaire du juge Nadon, où il était question de la composition de la Cour. Je serais d'ailleurs prêt à répondre à des questions à ce sujet. Dans le cas qui nous occupe, il n'est pas question de la composition de la Cour, mais de la compétence de celle-ci.
Je suis d'accord sur ce que mon collègue M. Sébastien Grammond a dit au Comité, quelque temps au mois de mars, lors d'une séance à laquelle je devais comparaître en même temps que lui. Il a dit que si on avait des doutes, on pouvait toujours faire un renvoi à la Cour suprême du Canada.
En terminant, je vais brièvement parler des associations de juristes d'expression française. Ma collègue a parlé de l'information juridique. Tout à l'heure, on parlait avec M. Bergman du financement de ces associations. L'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick va remettre sous peu à ce comité un mémoire dans lequel elle expliquera les problèmes de financement que ces associations vivent aujourd'hui. En vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, l'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick a déposé une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles, qui lui a donné raison. Le Commissariat a demandé à Justice Canada de rencontrer les représentants de cette association pour discuter de son financement de base. Or jusqu'à ce jour, c'est demeuré lettre morte.
Je préfère m'arrêter ici et répondre aux questions des membres du Comité sur mon exposé, s'il y a lieu.
Merci.
Selon la conception du gouvernement, pour être considéré comme un juge bilingue, ce dernier doit être fonctionnellement bilingue. Selon la définition du gouvernement, c’est un juge qui est capable de comprendre des débats dans l’autre langue, mais qui n’a pas besoin de s’exprimer dans cette langue.
Personnellement, je considère qu’il y a une différence fondamentale entre quelqu’un qui est fonctionnellement bilingue et quelqu’un qui est parfaitement bilingue.
La difficulté potentielle de trouver des juges parfaitement bilingues dans des provinces anglophones du Canada est-elle à ce point différente de celle de trouver des juges fonctionnellement bilingues, c’est-à-dire des juges qui peuvent parler l’anglais et le français de façon fonctionnelle? Voyez-vous là une dichotomie?
Vous venez d’expliquer la difficulté découlant du fait que les jugements ne sont pas exactement les mêmes en anglais et en français, qu’ils ne sont pas toujours traduits, compris ou interprétés de la même façon. Il faut prendre en considération les interventions orales qui ont eu lieu au départ entre les parties, les avocats et le juge.
J’ai de la difficulté à concevoir qu’on veuille enchâsser dans une loi l’exigence d’avoir des juges qui sont fonctionnellement bilingues, et non parfaitement bilingues.
Y voyez-vous aussi un problème?
:
Absolument, j'y vois un problème.
Je crois aussi qu'un des problèmes actuellement, c'est que les capacités linguistiques d'un juge ne sont pas vraiment évaluées avant sa nomination. Il s'agit plutôt d'une autoévaluation. Je pourrais vous parler d'une situation qui s'est passée récemment au Nouveau-Brunswick, mais je n'irai pas plus loin.
Effectivement, je crois qu'un juge de la Cour suprême du Canada devrait être en mesure de comprendre les échanges, de participer au débat avec les avocats et de lire les documents dans les deux langues. Il doit donc y avoir une évaluation de ses capacités linguistiques. Il ne suffit pas d'être bilingue dans un contexte social. Le juge doit être suffisamment bilingue pour comprendre un débat juridique sans l'aide de la traduction ou de l'interprétation simultanée. Je crois que ce niveau de bilinguisme nécessite une évaluation.
On dit qu'on a de la difficulté à trouver des juges qui satisfont à cette exigence dans les différentes provinces. Or, j'ai eu l'occasion de plaider dans plusieurs provinces canadiennes et je dois avouer que j'ai souvent été surpris de réaliser que, dans des provinces où on croyait qu'il n'y en avait pas, on trouvait des juges qui avaient cette capacité. Prenons l'exemple de la récente nomination du juge Rowe, qui est originaire de Terre-Neuve-et-Labrador. À un moment donné, plusieurs personnes nous disaient qu'il était impossible de trouver un juge ou un avocat parfaitement bilingue dans cette province. Pourtant, on en a trouvé un, en l'occurrence le juge Rowe.
Il est donc possible de le faire, mais il faut commencer la formation très tôt. C'est pour cela que je parlais des facultés de droit.
:
Je veux absolument traiter de l'accessibilité au poste de juge. Des avocats qui sont bilingues pourraient potentiellement avoir accès à cette fonction.
Je ne sais pas si vous êtes au courant de la nouvelle façon de trouver des juges, mais dans le nouveau formulaire, il est indiqué que les candidats doivent avoir plaidé devant telle ou telle cour, par exemple devant la Cour supérieure dans le cas du Québec.
Évidemment, le Canada est un grand pays composé de plusieurs régions. Cette semaine, le bâtonnier du Barreau du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, M. Clément Massé, m'a écrit, ainsi qu'à plusieurs députés de la région, au sujet du processus de sélection des juges. Il a dit que les avocats qui pratiquent en région vont plaider dans différents types de cours, mais pas nécessairement dans les cours supérieures ou les cours d'instance supérieure. Par conséquent, ils ne satisfont pas nécessairement aux exigences du nouveau formulaire.
Je ne sais pas si vous avez été mis au courant de cette situation. Ce doit être la même chose au Nouveau-Brunswick et partout au pays. À partir du moment où des avocats pratiquent en région — et je ne veux pas les qualifier de régionalistes ou de régionaux —, ils ont moins d'occasions de plaider devant des cours supérieures.
Est-ce quelque chose qui est venu à vos oreilles?
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Merci, monsieur le président.
Madame Pellerin, monsieur Doucet, je vous remercie d'être parmi nous, de nous faire part de vos connaissances et de nous informer davantage des défis que comporte le système judiciaire.
Je voudrais profiter de cette tribune publique pour vous féliciter. M. Bergman nous parlait plus tôt de ses activités de bénévolat. Ce que je dis s'adresse à tous ces gens également. Tout le travail que vous faites bénévolement pour le bien de la société et de vos communautés respectives, sans demander de comptes à qui que ce soit, vaut de l'or et des diamants. Merci beaucoup.
Sur ce, je vais poser une question à M. Doucet.
M. Bergman, qui a témoigné ce matin, nous a parlé de cet organisme nouvellement créé au Québec, l'Association des juristes d'expression anglaise du Québec. Au Nouveau-Brunswick, il y a une association équivalente pour les Acadiens, soit l'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick, l'AJEFNB. Maître Doucet, je crois que vous en êtes le fondateur ou l'un des fondateurs. Si ma mémoire est bonne, l'Association existe depuis plus de 25 ans.
Nous parlions de financement. L'association manitobaine reçoit du financement pour ses activités d'information, mais pour l'Association des juristes d'expression française, quels sont les défis au Canada, en général?
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C'est peut-être les deux. Je parle non seulement du jugement, mais aussi de la loi. Même si une loi est accessible dans les deux langues officielles, cela ne veut pas nécessairement dire que les deux versions disent exactement la même chose. Il en va de même pour la traduction d'une décision.
Si nous disons que les deux versions font autorité, les gens doivent pouvoir les lire. Et en cas de divergence entre deux versions, les gens doivent pouvoir comparer les deux. La Cour suprême du Canada a d'ailleurs prévu une façon d'y arriver.
Le problème est le même dans le cas des décisions qui sont traduites en français ou en anglais. Les traducteurs font un excellent travail, mais il arrive qu'une nuance se perde lors de la traduction. J'ai des exemples tirés des livres que j'ai écrits, où les versions françaises et anglaises ne disent pas exactement la même chose. Or, il faut lire les deux versions pour le remarquer. Si une personne est incapable de le faire, elle ne va rien constater. En fonction de la version qui est employée, il se pourrait éventuellement que l'interprétation d'une loi soit différente si on se sert du français ou de l'anglais.
Il y a même des décisions de la Cour suprême du Canada dont les deux versions ne disent pas exactement la même chose. Si l'égalité est favorisée dans le système judiciaire, il est de plus en plus important que les avocats et les juges comprennent, lorsqu'ils interprètent des lois fédérales, ou même des lois du Nouveau-Brunswick, du Manitoba, du Québec ou de l'Ontario, qu'ils doivent pouvoir lire les deux versions pour donner un avis juridique complet à leur client plutôt que de faire le travail à moitié.
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Merci, monsieur le président.
Pour ne pas perdre de temps, je vais poser toutes mes questions à la file. J'ai trois questions: deux s'adressent à M. Doucet et une à Mme Pellerin.
Tout d'abord, madame Pellerin, que demande la communauté francophone en situation minoritaire du Manitoba sur le plan des services en français?
Monsieur Doucet, ici, au Parlement, nous avons accès à beaucoup de formation pour nous aider à devenir bilingues. Avec les représentants du Bureau de la traduction, nous avons discuté de l'importance de la formation pour aider les gens à devenir bilingues. Il a aussi été question de mettre sur pied des programmes coop dans les universités afin de préparer la relève. Si cela se fait, cela ne devrait-il pas se faire aussi pour les avocats et les juges, compte tenu de l'importance du bilinguisme pour l'avenir?
Par ailleurs, monsieur Doucet, supposons que vous deveniez premier ministre demain matin pour un mandat de cinq ans. Quelles seraient les deux ou trois mesures que vous mettriez en oeuvre durant votre mandat pour assurer d'ici cinq ans un accès plus facile à la justice?
Je vous écoute.