:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais expliquer un peu l'origine de cette motion.
Comme vous tous, j'ai vu et lu la réponse de Mme au rapport que nous avons soumis sur le Bureau de la traduction. Nous avons travaillé très fort sur ce dossier. Nous avons même dû négliger certains autres dossiers, car celui-ci devait être réglé et approfondi convenablement.
Malheureusement, la réponse ne correspond à aucune des recommandations que le Comité avait mises en avant. Il faut dire que c'était un rapport unanime de tous les membres du Comité et de tous les partis. Nous avons travaillé très fort et nous avons formulé des recommandations basées sur les témoignages des experts.
Je n'ai pas besoin de lire beaucoup de titres à la une des journaux pour illustrer l'état de la situation, comme par exemple, « Statu quo pour le Bureau de la traduction », « Bureau de la traduction: les changements réclamés sont écartés » et ainsi de suite.
D'autres organismes qui oeuvrent dans le domaine de la traduction ont donc été également très déçus par cette réponse. Nous avons posé beaucoup de questions sur la gouvernance au Bureau de la traduction. Qui est responsable de la situation qui prévaut? Nous n'avons pas eu l'occasion de parler à Mme Judy Foote dans le cadre de cette étude exhaustive. Cela m'a déçu. Elle nous a répondu, mais je pense que si elle avait été présente lors de l'étude, elle nous aurait peut-être donné d'autres réponses et aurait peut-être considéré davantage nos recommandations.
Il y avait aussi des choses importantes sur le réinvestissement au Bureau de la traduction, notamment pour assurer la relève. À cet égard, nous n'avons pas eu non plus de réponse. Je pense qu'on se dirige encore vers l'abolition de 140 postes de traducteurs pour 2017-2018. Cela inquiète beaucoup les gens.
Nous aimerions donc avoir des réponses. Comme je l'ai dit la dernière fois, je suis prêt à travailler en équipe sur ce dossier parce que c'est un travail que nous avons fait en équipe.
Je vous présente donc cette motion et je suis prêt à en discuter et à la modifier selon le bon vouloir du Comité.
:
Oui, absolument. Je vous remercie de me le rappeler.
Ces centres offrent des services au niveau fédéral, provincial, municipal, et même communautaire, le tout sous le même toit.
Plus important encore, il s'agit de lieux où la langue de travail est le français et où les clients francophones sont certains de recevoir des services dans leur langue.
Une telle formule pourrait certainement permettre de faciliter l'offre active de services en français dans les régions où la population d'expression française est concentrée, mais elle pourrait surtout améliorer les relations entre les différents ordres de gouvernement.
À propos de la collaboration, j'aimerais attirer votre attention sur les nombreuses ententes auxquelles nous avons travaillé dans le cadre de mon mandat, entre autres avec mon homologue fédéral, le commissaire Graham Fraser. Nous avons travaillé conjointement à plusieurs reprises, et ce, dans le cadre de nombreux rapports portant sur beaucoup de sujets, notamment l'immigration, les Jeux panaméricains et l'accès à la justice en français.
[Traduction]
En juin, nous avons publié un rapport spécial sur l'offre active. C'est aussi le cas de M. Fraser, qui a tout récemment abordé la même question, mais au niveau fédéral.
Ces deux rapports ont démontré que, quel que soit le palier gouvernemental, le régime linguistique comporte encore des lacunes de nos jours. Il est donc devenu essentiel d'améliorer nos outils et nos pratiques pour permettre aux différents ministères, organismes et tierces parties de mettre en oeuvre une offre de services en français qui soit active et de qualité.
Permettez-moi de vous rappeler qu'une absence d'offre active peut, à long terme, avoir non seulement des effets néfastes sur la qualité des services offerts, mais aussi des conséquences graves pour les personnes vulnérables, surtout dans le domaine de la santé et de la justice. C'est la raison pour laquelle il est important que le gouvernement fédéral prévoie, dans son plan d'action, la mise en place d'une stratégie faisant la promotion de l'offre active des services en français.
[Français]
Dans un autre secteur névralgique, l'accès à la justice dans les deux langues officielles est au coeur de nombreux enjeux, que ce soit dans le cadre législatif fédéral, provincial ou territorial.
C'est ainsi qu'en 2013, nous avons collaboré à la publication d'un rapport avec le Commissariat aux langues officielles et la commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick.
À la suite d'une de mes recommandations, le procureur général de l'Ontario a créé le Comité consultatif de la magistrature et du Barreau sur les services en français qui, à son tour, a publié deux autres rapports en 2012 et en 2015. Essentiellement, ces rapports démontrent que si on procède en français devant les tribunaux de l'Ontario, cela coûte plus cher et prend plus de temps.
Ces rapports ont aussi fait ressortir les nombreux progrès réalisés, comme par exemple la formation de comités juridiques régionaux. Le mandat de ces comités va au-delà de seulement identifier les problématiques. Les comités proposent et mettent en place des solutions concrètes et durables. Cela représente un accomplissement fort remarquable pour les services en français.
Cependant, ces études ont également démontré que le processus en place ne garantissait pas un nombre suffisant de juges ayant des compétences linguistiques dans les deux langues officielles.
Le nouveau processus de sélection des juges à la Cour suprême constitue une avancée remarquable. Par contre, il sème le doute sur le degré de bilinguisme des juges qui seront nommés à la Cour.
Il est temps d'agir et de montrer l'exemple en requérant l'établissement d'une Cour suprême réellement bilingue. Par cela, je veux dire que les juges devraient être en mesure de comprendre et de converser en français et en anglais, et ce, sans l'aide d'un interprète.
J'ajouterai cependant que l'annonce de cette semaine vient, semble-t-il, confirmer que le processus actuel fonctionne puisque le nouveau juge, s'il est nommé par la Chambre des communes, le Sénat et le Bureau du premier ministre, semble être parfaitement bilingue. Ce serait donc une excellente nouvelle.
J'aimerais terminer mon allocution en vous parlant d'éducation, plus précisément du Protocole d'entente relatif à l'enseignement de la langue de la minorité et à l'enseignement de la langue seconde, soit le PLOE. Ce protocole est essentiel pour les volets destinés à l'éducation en français.
Comme vous le savez déjà, ce protocole arrive à échéance en 2018. Il me semble que c'est le moment opportun pour explorer de nouvelles pistes en vue de faciliter un continuum d'apprentissage en langue française, plus particulièrement en ce qui concerne les programmes de développement de la petite enfance et de l'éducation postsecondaire.
Les programmes de la petite enfance qui sont financés par le gouvernement provincial jouent un rôle crucial dans le maintien du lien entre le sentiment identitaire et la langue française chez les jeunes enfants, plus particulièrement chez les enfants issus de couples exogames.
Bien que louable, le financement fédéral pour les programmes de la petite enfance en situation linguistique minoritaire devrait s'inscrire dans le cadre du protocole sur les langues officielles en éducation, et ce, en concordance avec les programmes provinciaux. En fait, cela permettrait d'accorder un plus grand poids au volet de la petite enfance lors de la négociation du prochain protocole.
Je joins donc ma voix à celle du commissaire aux langues officielles qui, dans son récent rapport rendu public au début du mois d'octobre, demande au gouvernement fédéral de prévoir, dans son prochain plan quinquennal pour les langues officielles, des fonds suffisants pour les initiatives touchant la petite enfance dans les communautés francophones en situation minoritaire.
[Traduction]
Au niveau postsecondaire, l'éducation en langue française protège, transmet et, surtout, préserve la langue et la culture françaises, ce qui contribue grandement à la pérennité de la communauté franco-ontarienne.
Les collèges et les universités font partie intégrante du continuum éducatif et jouent un rôle essentiel dans la formation de futurs professionnels bilingues et francophones. Ce faisant, ils contribuent, à plus long terme, au bien-être de la province et, à une plus grande échelle, à la compétitivité de l'économie canadienne.
En Ontario, et surtout dans le sud-ouest de la province, nous constatons un accès insuffisant à des programmes d'études supérieures de qualité en français.
À cet égard, je me réjouis de la récente annonce de la ministre déléguée aux Affaires francophones de l'Ontario, Marie-France Lalonde, de la nomination de Mme Dyane Adam à la présidence du conseil de planification d'une université de langue française en Ontario.
[Français]
II s'agit en effet d'un grand pas en avant, mais il ne faut pas s'arrêter là. II faut continuer d'augmenter le nombre de programmes de langue française, de la petite enfance jusqu'aux études postsecondaires, et ce, dans les régions où la population francophone est en forte croissance et où l'offre est parfois limitée.
En conclusion, j'estime que nos gouvernements ont fait de nombreux progrès au cours des dernières années. II n'en demeure pas moins que ces avancées ont été accomplies trop lentement en ce qui a trait aux services en français. II est temps pour nos gouvernements de mobiliser les efforts et de collaborer à tous les niveaux, qu'ils soient fédéral, provincial, municipal et, pourquoi pas communautaire, afin de combler ce déséquilibre.
Je vous remercie toutes et tous pour votre écoute.
C'est avec un très grand plaisir, monsieur le président, que je répondrai maintenant à vos questions et à celles de vos collègues.
:
Merci, monsieur le président.
Hier, le Comité m'avait demandé de faire une présentation de 10 minutes. Je vais donc faire de mon mieux. Permettez-moi, encore une fois, de vous remercier de m'accueillir devant vous aujourd'hui.
Au cours des dernières années, l'Ontario a fait preuve de leadership en se fixant un objectif de 5 % en matière d'immigration francophone. À cet égard, comme je l'ai mentionné lors de ma précédente allocution, j'ai collaboré à la publication d'un rapport du Commissariat aux langues officielles visant à montrer comment pallier le déséquilibre en matière d'immigration francophone.
Ce rapport a permis la création d'un groupe d'experts qui comprend un représentant du gouvernement fédéral et qui vise notamment à élaborer un plan stratégique pangouvernemental afin d'atteindre l'objectif de 5 % en matière d'immigration francophone en Ontario. Nous attendons avec impatience le dépôt public du rapport de ce groupe d'experts. En effet, nous remarquons encore l'absence de données probantes sur l'indice de changements apportés depuis 2012 au système d'immigration du gouvernement fédéral.
La situation est critique en Ontario où l'on est encore loin d'avoir atteint la cible de 5 %.
[Traduction]
C'est la raison pour laquelle nous tenions à donner l'exemple. En novembre 2014, mon collègue à l'échelon fédéral, M. Graham Fraser, et moi-même avons publié un rapport conjoint pour présenter une vue d'ensemble et une analyse des enjeux liés à l'immigration dans les collectivités francophones.
Nous avons formulé huit recommandations, surtout à l'intention du gouvernement fédéral, mais aussi à l'intention du gouvernement de l'Ontario. Ces recommandations concernent l'appui aux immigrants francophones par l'entremise d'établissements et d'organisations francophones, de renseignements et de ressources aux nouveaux arrivants francophones, de la collaboration avec les provinces, de mesures pour encourager les employeurs à recruter et à choisir des travailleurs francophones et bilingues, et de la reddition de comptes.
[Français]
Nous estimons qu'il est crucial que les deux ordres de gouvernement collaborent l'un avec l'autre et fassent preuve de leadership pour que l'immigration favorise réellement le développement et l'épanouissement des communautés minoritaires francophones.
Pour preuve, en 2014, le français était la langue officielle canadienne parlée par seulement 2,2 % de la population immigrante selon les données de l'Office des affaires francophones. Le plus alarmant dans tout cela est que cette proportion ne cesse de diminuer depuis 2012 puisqu'elle n'était que de 2 % en 2015.
Par conséquent, à l'instar de la population générale, les communautés francophones de l'Ontario ont besoin de l'immigration pour faire face à la baisse marquée de la natalité et au taux accru de vieillissement.
L'immigration a un impact direct sur la vitalité de la communauté. Force est de constater cependant, qu'au fil des ans, les communautés francophones du Canada, y compris en Ontario, ont peu bénéficié de l'immigration en comparaison des communautés anglophones majoritaires.
Sur une autre note, la toute récente annonce d'une entente signée entre tous les premiers ministres provinciaux et territoriaux, hormis le Québec, représente une avancée dans ce dossier. Ainsi, sans la mise en place d'un plan stratégique visant à attirer, recruter, accueillir, intégrer et retenir les immigrants francophones à l'échelle provinciale et nationale, il nous sera très difficile d'atteindre cet objectif.
Comme vous le savez, ce dossier est de compétence partagée entre le fédéral et les provinces, ce qui veut dire que les différents ordres gouvernementaux doivent collaborer entre eux pour faciliter les avancées à ce sujet.
Un autre défi que pose l'immigration est l'intégration au marché du travail. Les nouveaux arrivants continuent de faire face à de nombreuses obstacles en matière d'intégration, ce qui les empêche de trouver leur place sur le marché du travail et d'exercer notamment des professions réglementées.
[Traduction]
En fait, la nouvelle du lancement du programme Mobilité francophone par le gouvernement fédéral a été très bien accueillie, car la capacité d'attirer de nouveaux immigrants francophones en Ontario représente toujours un défi important aujourd'hui.
J'aimerais profiter de cette occasion pour souligner l'initiative innovatrice du Collège Boréal, qui a récemment signé ses deux premiers accords de mobilité des étudiants à l'extérieur du Canada avec la Belgique et la France.
Cette stratégie de recrutement à l'échelle internationale s'intègre bien au programme, car elle facilite le processus aux francophones qui souhaitent s'établir et travailler en Ontario. D'autres initiatives ont été mises en oeuvre par d'autres établissements d'enseignement postsecondaire, afin d'améliorer la formation de la main-d'oeuvre.
[Français]
Il faut tout de même noter que nous accueillons aussi des professionnels qualifiés comme des médecins, des infirmiers, des ingénieurs, des enseignants et ainsi de suite.
Malheureusement, ils font face à de nombreux défis et ne sont pas en mesure de travailler dans leur domaine de compétences. Ils doivent le plus souvent retourner sur les bancs d'école, ce qui peut être très coûteux surtout pour des personnes récemment arrivées.
C'est aussi une perte d'argent pour la société d'accueil qui ne profite pas de l'apport de ces professionnels. Certes, il s'agit d'une compétence provinciale, mais le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de leadership pour qu'un immigrant ayant réussi à faire reconnaître ses titres de compétence et à intégrer un ordre professionnel puisse le faire facilement en Ontario une fois qu'il a déménagé dans cette province.
De même, cet obstacle guette également les immigrants interprovinciaux, car les ordres professionnels des provinces et des territoires ne reconnaissent pas pour la plupart les titres de compétence acquis dans les autres provinces et territoires.
Il est donc de notre devoir de mettre en place un plan stratégique visant non seulement à faciliter leur transition au monde du travail, mais aussi à les outiller pour leur permettre de faire reconnaître leur expérience de travail et leur formation acquises dans leur pays, leur province ou leur territoire d'origine.
[Traduction]
Dans les dernières décennies, le gouvernement de l'Ontario a pris d'importantes mesures en vue de protéger et d'améliorer l'offre et la qualité des services en français. Fait encore plus important, ces mesures ont également contribué à améliorer le sentiment d'appartenance.
L'une des mesures les plus ambitieuses est l'adoption d'une nouvelle définition inclusive qui s'applique à la population francophone de l'Ontario depuis juin 2009. Cette nouvelle définition inclusive des francophones tient compte de la nouvelle diversité des Franco-Ontariens, peu importe l'endroit où ils sont nés, leur origine ethnique ou leur religion.
J'aimerais profiter de l'occasion pour souligner que l'Ontario est la toute première province du Canada à mettre en oeuvre cette initiative. En fait, le Manitoba vient tout juste d'adopter une nouvelle loi, la Loi sur l'appui à l'essor de la francophonie manitobaine, qui contient également une définition plus inclusive et présente une vue d'ensemble plus réaliste de la communauté des Franco-Manitobains.
[Français]
La récente annonce de la candidature de l'Ontario à l'Organisation internationale de la Francophonie tombe à pic, car elle aura sûrement une incidence sur la stratégie de recrutement. En effet, les recherches effectuées par l'OIF ont démontré qu'il y aura plus de 700 millions de locuteurs francophones dans le monde d'ici 2050.
De plus, 85 % de cette population proviendra du continent africain et il faudra, pour cela, un échéancier de moins de 35 ans. L'Ontario doit donc miser sur l'Afrique subsaharienne qui offre d'énormes débouchés économiques pour les entreprises de la province, mais qui connaît aussi une croissance démographique importante, principalement dans les pays francophones.
C'est dans ce contexte que j'encourage les gouvernements du Canada et de l'Ontario à lancer une campagne de recrutement. En effet, il est important de miser sur cette nouvelle vague démographique et d'en tirer profit en recrutant et en attirant de nouveaux immigrants francophones qualifiés.
À l'aube des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération en 2017, il est devenu plus qu'essentiel pour les deux ordres de gouvernement de collaborer l'un avec l'autre et, plus particulièrement, de faire preuve de leadership en matière d'immigration francophone afin de favoriser la vitalité de la population canadienne. Il faut surtout trouver des moyens concrets de corriger le déséquilibre actuel que connaissent les communautés francophones en matière d'immigration.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux, monsieur le président, de répondre à vos questions ainsi qu'à celles de vos collègues.
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Ce n'est pas tellement ma place de commencer à discuter de stratégies fédérales. À cet égard, vous me comprendrez de garder une petite gêne.
L'important, pour moi, c'était de passer le message que les deux ordres de gouvernement doivent travailler ensemble. Je mets de la pression sur mon propre gouvernement, en Ontario, pour avoir une stratégie intégrée en matière d'immigration francophone.
Cependant, cette stratégie, c'est comme une danse. C'est comme un tango. Il faut vraiment deux personnes pour que cela fonctionne. Le gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Ontario doivent danser ensemble. C'est pour cela que dans le groupe d'experts dont je parlais dans ma présentation, il y avait un représentant d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Nous présumons donc que nous aurons un début de stratégie commune.
Cela dit, en ce qui concerne l'immigration francophone, le fédéral ne doit pas penser que nous faisons cela juste pour respecter la Loi sur les langues officielles, ou encore la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. C'est plutôt parce que nous en avons besoin. C'est une réalité.
Nous le voyons chez nous, à Toronto. Dans la grande région de Toronto, près d'un francophone sur deux n'est pas né au Canada. Cela représente beaucoup de gens. Il faut nous assurer de bien les intégrer quand ils arrivent chez nous. Le défi n'est donc pas seulement d'aller chercher les immigrants, mais il s'agit aussi de bien les intégrer quand ils sont rendus chez nous, en Ontario. Sinon, ils vont penser que toute la société ou l'État comme tel ne leur offrent que des services en anglais alors que ce n'est pas le cas.
:
C'est une bonne question.
Quand on considère le nombre d'immigrants nouvellement arrivés, on se dit qu'ils pourraient être substantiellement plus engagés dans la communauté francophone. On se demande si toutes ces personnes savent que des services en français et des écoles de langue française sont disponibles.
L'Ontario a quand même réagi. Les critères des commissions scolaires pour la sélection des futurs élèves étaient auparavant assez élevés. Il fallait passer un test d'admission et ainsi de suite. On a demandé au gouvernement d'émettre une directive pour faire en sorte que les conseils scolaires francophones fassent preuve de plus de souplesse. Or ces critères sont maintenant plus souples.
Dans le cas des nouveaux arrivants, le fait qu'à l'école de langue française les parents et les enfants sont interrogés alors que l'école de langue anglaise accepte ces personnes sans leur poser de questions peut susciter de la crainte. Cela ne facilite pas l'intégration. Ce sont des enjeux qu'on est en train de régler. Les choses vont mieux de ce côté.
Est-ce que les nouveaux arrivants connaissent la communauté francophone? Sont-ils au courant des services qui sont offerts? Lorsqu'ils sortent de l'Aéroport international Lester B. Pearson-Toronto, de l'Aéroport international Macdonald-Cartier, à Ottawa, ou de l'Aéroport international James Armstrong Richardson de Winnipeg, savent-ils que des communautés francophones offrent des services en français?
Il est important de bien les diriger dès le début. Dans bien des cas, ces personnes sont parfaitement bilingues, mais le français n'est pas nécessairement leur première langue officielle parlée. Qu'ils parlent l'arabe ou le walof, l'important est de les prendre en charge dès leur arrivée et de faciliter leur intégration.
:
Merci beaucoup, monsieur Paradis.
Monsieur le président et membres du comité, nous vous remercions d'abord d'avoir invité aujourd'hui l'Association franco-yukonnaise afin de vous parler de la feuille de route et de l'immigration francophone.
Je vais commencer par parler de notre organisme. L'Association franco-yukonnaise, ou AFY, est l'organisme porte-parole officiel des francophones du Yukon et le pilier du développement de la communauté franco-yukonnaise. Notre mandat est d'améliorer la qualité de vie en français des francophones du Yukon. Nous offrons des services dans plusieurs domaines, dont les arts et la culture, la santé, la formation, le développement économique et, évidemment, l'immigration. Notre association existe depuis 1982. Lors des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération, nous allons célébrer nos 35 ans.
Il y a un autre point qu'il serait peut être intéressant de mentionner afin que vous puissiez mieux nous connaître. Étant donné la taille de notre communauté et sa concentration géographique à Whitehorse, nous avons préféré regrouper la majorité des services sous un même toit au lieu de créer plusieurs organismes. Nous avons donc adopté un modèle de guichet unique, ce qui permet une meilleure intégration et une plus grande efficacité des services, en plus de favoriser des économies d'échelle.
Tous les services de l'AFY ont recours aux mêmes ressources en comptabilité, en informatique, en communications et à la réception. Nous avons ainsi optimisé l'argent que nous investissons dans des projets utiles à notre communauté.
Évidemment, cette approche favorise également les différents clients que nous recevons dans nos bureaux. Par exemple, la majorité des immigrants profitent de nos services de recherche en emploi. Avec ce modèle, ces immigrants reçoivent aussi des services d'établissement et des services d'aide à l'emploi avec la même personne, et ce, sous le même toit. Ils bénéficient donc de tous nos services sans devoir quitter l'édifice.
J'aborderai maintenant un autre point. Je ne sais pas si vous le savez, mais la francophonie yukonnaise est en expansion, autant sur les plans du nombre que de la proportion. L'école de français langue première et la garderie francophone manquent d'espace. Les écoles d'immersion en langue française ne peuvent répondre à la demande. D'ailleurs, on note que le Yukon se situe au troisième rang des provinces et territoires en ce qui a trait au bilinguisme. Avec un taux de 13 % de personnes bilingues, nous sommes au troisième rang après le Québec et le Nouveau-Brunswick, ce qui n'est pas négligeable.
L'AFY est également membre de plusieurs organisations nationales, dont la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, dont je crois que vous avez rencontré les représentants hier, et le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada, soit RDÉE Canada. Par l'entremise de ces réseaux nationaux, nous avons accès à plusieurs programmes et initiatives au bénéfice de notre communauté.
Sans plus tarder, je vais passer à la question de la feuille de route. Je l'appelle « feuille de route », mais je vais plutôt parler d'un plan d'action pour les langues officielles. Il est évident que la feuille de route qui prendra fin en 2018 ne répond que très peu aux besoins des communautés francophones en milieu minoritaire, comme la communauté franco-yukonnaise. C'est pourquoi nous insistons sur l'importance du futur plan pour les langues officielles.
Celui-ci doit accorder en priorité un appui au développement et à la vitalité des communautés francophones en milieu minoritaire. Cet élément est essentiel. Il faut tenir compte des réalités et des besoins de nos communautés en santé et en éducation. Chez nous, quand on parle d'éducation, c'est le concept d'éducation à vie. Cela commence par la petite enfance et va jusqu'aux aînés, en passant par les adultes. On parle d'alphabétisation, de compétences, de développement économique communautaire, de culture et d'identité, de médias et de faire en sorte d'inclure des services aux aînés, aux jeunes et aux immigrants francophones.
On a mis de l'avant depuis quelques années un nouveau service pour les aînés. Cette population est grandissante. Il est donc important de ne pas négliger cette partie de nos communautés francophones en milieu minoritaire.
Le gouvernement peut s'appuyer sur les dernières consultations qui ont été menées d'un bout à l'autre du Canada, mais aussi sur certains rapports du Commissariat aux langues officielles, notamment un des plus récents portant sur la petite enfance. Ce rapport insiste sur son importance cruciale pour nos communautés pour assurer la continuité linguistique et ajoute qu'il faut que nous ayons accès à des services de garde et des services préscolaires en français dans nos communautés. Nous parlons évidemment de services de qualité égale à ceux dont jouit de la majorité. La petite enfance est le fondement de notre survie.
Une approche unique n'est pas possible si on souhaite atteindre l'égalité réelle. On ne peut pas penser à une approche mur à mur et dire que la situation est la même de l'Île-du-Prince-Édouard au Yukon. C'est très différent. Comme vous le savez, l'Ontario a la plus grosse masse critique de francophones, mais cela ne veut pas dire qu'on peut appliquer des solutions pour l'Ontario au Yukon. Même si les francophones y représentent 4,8 % de la communauté, les chiffres sont très minimes. On impose parfois certains critères qu'il nous est extrêmement difficile de remplir.
Selon nous, il y a une autre chose qui est extrêmement importante. Tous les ministères fédéraux doivent être inclus dans ce plan et ils doivent tous s'acquitter de leurs obligations en matière de langues officielles. Il faut garder en tête que Patrimoine canadien n'est pas le seul responsable de la mise en oeuvre des mesures liées aux langues officielles. Qui doit s'assurer que l'argent identifié pour les CLOSM soit dépensé pour et par les CLOSM? Comment éviter les erreurs de la feuille de route à cet égard?
Devrions-nous identifier une entité fédérale qui coordonnerait le nouveau plan avec de vrais mécanismes efficaces de reddition de comptes, et ce, non pas seulement pour les communautés, mais aussi pour tous les ministères responsables? Le plan d'action doit être un des mécanismes qui appuie la pleine mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles et non pas un petit pansement pour soigner de petites plaies. Il faut éviter qu'on recommence dans deux ans et qu'on se trouve au même niveau.
II va sans dire qu'une augmentation substantielle des enveloppes budgétaires est requise. Si nous voulons réellement travailler à bâtir un Canada bilingue et fort, il faut investir en conséquence dans nos communautés. Le financement par projet est intéressant, mais il est insuffisant pour le développement des CLOSM. Il doit être pluriannuel et inclure un minimum de financement de base pour permettre aux organismes comme l'AFY d'embaucher des personnes qualifiées et engagées et de pouvoir observer des résultats à long terme.
Nous aimerions également souligner l'importance de ne pas confondre le bilinguisme et le droit constitutionnel de vivre dans la langue officielle de son choix. II faut faire la différence entre l'importance de préserver toutes les langues qui existent au Canada — l'importance comme choix personnel de parler une, deux ou trois langues — et la responsabilité fédérale de la dualité linguistique, ce qui implique que les citoyens ont le droit d'être unilingues anglophone ou francophone à la grandeur du territoire et d'avoir accès aux services dans la langue de leur choix.
Pour terminer sur cette question, je vous invite aussi à consulter un document bilingue de positionnement qui a été développé par l'AFY en septembre 2016 et qui est intitulé Agir pour une communauté francophone vibrante et dynamique au Yukon. Pouvez-vous le voir à l'écran? Ce document présente aux différents ordres de gouvernement les actions concrètes à prendre pour appuyer notre communauté. Dans le document que nous vous avons envoyé, nous avons mis l'adresse de notre site Web pour que vous ayez accès à ce document que vous pouvez télécharger.
C'était ce que j'avais à dire sur la feuille de route. Je crois m'en être tenue au temps qui m'était alloué.
Je vous remercie.
:
La feuille de route comprend plusieurs ententes reliées à ces questions, notamment l'entente bilatérale en éducation. Depuis au moins 2003, les montants disponibles sont identiques. À tous les quatre ans, nous retournons à la table de négociations. En fait, ce n'est pas une table de négociations. On nous dit plutôt quel est le montant que nous aurons. Ce montant est le même que celui de l'année précédente. On ne nous demande pas de présenter un plan qui va correspondre au montant. On ne nous demande pas de présenter un plan qui répond à nos besoins afin d'essayer de les financer.
On a bien conscience que l'enveloppe budgétaire n'est pas sans fond et que l'argent ne tombe pas des arbres. Cependant, il faut prendre conscience du fait que nos communautés ont besoin d'appui financier pour se développer et que des services en français pour l'éducation ont besoin d'un appui supplémentaire pour assurer une égalité réelle. Si on pense à ce qui existe dans les écoles anglophones, nous avons également besoin d'un service de psychologues, de conseillers pédagogiques et, en fait, des mêmes services dont disposent les écoles de la majorité. Ce n'est pas parce que nous sommes moins nombreux que nous n'avons pas besoin des mêmes services.
Il est donc important d'avoir des fonds qui sont liés aux besoins. Au cours des dernières années, il semble que ce soit plutôt l'inverse qui se soit produit, c'est-à-dire qu'on a essayé de satisfaire les critères du gouvernement. En ce qui a trait à nos besoins, il a fallu qu'on fasse des choix.
Si on parle d'espace, il faut savoir que l'école francophone au Yukon a été construite pour un maximum de 190 à 200 élèves, de la maternelle à la 12e année. Aujourd'hui, on compte plus de 240 élèves. Le niveau secondaire est en train de disparaître parce qu'il n'y a pas assez d'espace. Les jeunes quittent parce qu'ils sont dans des écoles portatives ou parce qu'ils partagent leurs locaux avec des enfants de la maternelle qui sont âgés de 4 ans. C'est un réel problème pour notre communauté.
Présentement, la commission scolaire négocie avec le gouvernement territorial et Patrimoine canadien pour construire une école secondaire communautaire. Les négociations vont bon train. On a bon espoir que la construction commencera en 2019, mais en attendant, on a quand même besoin de services. De plus, quand cette école sera construite, les services vont demeurer importants pour nos étudiants.
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
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C'est une question qui nous est souvent posée, à savoir s'il y a une formule magique qui explique que nous puissions inciter des francophones à venir chez nous? Il y a plusieurs raisons à cela. Nous aimons croire que notre organisation, l'Association franco-yukonnaise, y est pour quelque chose.
Il y a aussi une école francophone et il y a également une garderie francophone. On essaie d'offrir des services de grande qualité, mais le Yukon, en lui-même, attire les gens. Beaucoup de personnes viennent au Yukon pour les grands espaces, pour un changement de vie et pour diverses autres raisons.
Au cours des dernières années, de plus en plus de familles sont venues s'installer au Yukon. Les jeunes couples qui s'installent au Yukon ont des enfants. Ils y restent parce qu'on peut leur offrir un accès à une garderie et à une école françaises ainsi que d'autres services. Cela permet aux gens qui viennent ici d'y rester.
À l'école, nous voyons la deuxième génération. En effet, les jeunes qui ont obtenu leur diplôme à l'École Émilie-Tremblay, à Whitehorse, ont eux-mêmes des enfants et ces enfants sont en 2e année ou en 3e année. C'est très encourageant pour nous.
Nous avons l'impression que les francophones restent au Yukon alors qu'auparavant, ils n'étaient que de passage. Les gens venaient, « trippaient » et repartaient. De plus en plus, on voit des gens qui s'installent de façon permanente. Nous travaillons fort à mettre des services sur pied avec l'aide du gouvernement territorial. Il y a présentement une campagne électorale, mais jusqu'à maintenant, le gouvernement a fait preuve d'ouverture en travaillant avec nous afin d'augmenter les services en français.
Évidemment, il y a encore de gros défis relativement aux services de santé en français et en éducation. Comme je le disais, la Garderie du petit cheval blanc manque d'espace. Les noms de plusieurs enfants francophones sont sur une liste d'attente. C'est problématique pour nous parce que si on ne rejoint pas ces jeunes tout de suite dès la petite enfance, on risque de les perdre. Il y a alors beaucoup plus de chances qu'ils aillent vers le secteur anglophone et qu'ils fassent toutes leurs études en anglais.
Une des raisons principales est selon moi que les gens viennent au Yukon pour le Yukon. Une fois qu'ils sont ici, ils se rendent compte qu'ils peuvent vivre beaucoup en français. Beaucoup de gens qui viennent nous visiter disent même que le nombre de francophones ou de gens qui parlent le français est incroyable. Si vous allez à l'épicerie, vous aurez du service en français. Si vous allez au restaurant, une serveuse va vous servir en français. Le service dans cette langue dépasse parfois ce qu'on retrouve à Ottawa. C'est assez impressionnant.
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Je vous remercie de la question.
Je ne dirais pas que l'immigration francophone va bien au Yukon, car on a beaucoup de besoins dans ce secteur. Il faut faire beaucoup de promotion parce que, contrairement à d'autres régions du pays, les gens ne savent pas nécessairement où est le Yukon, tout simplement.
Mobilité francophone est un excellent outil. Nous avons été heureux de constater qu'un programme de ce genre était de retour. Nous avons commencé à en parler aux employeurs d'ici. D'ailleurs, nous retournons à Destination Canada cette année pour la première fois depuis 2011.
La réponse de nos employeurs est que c'est très pertinent. Cela va surtout fonctionner, par exemple, pour des gens avec des permis du programme vacances-travail Canada-France qui ont déjà un emploi. Ils vont pouvoir prolonger leur séjour.
Cela étant dit, comment rendre cette immigration permanente? Il y a plusieurs francophones qui sont présentement au Yukon et qui veulent y rester. Comment s'assurer qu'ils n'ont pas besoin de faire continuellement des démarches? C'est notre plus grand obstacle présentement. Comment faire passer ces gens d'un statut temporaire à un statut permanent?
Je pourrais vous citer un cas précis. J'ai obtenu au préalable sa permission pour parler de son cas.
Chrystelle Houdry vient de France. Elle est venue ici avec un permis vacances-travail en 2008. Elle est revenue en 2013, tout juste après l'abolition d'Avantage significatif francophone. Depuis ce temps, elle est retournée aux études pour obtenir un permis. Son fils est allé à la Garderie du petit cheval blanc et fréquente maintenant l'École Émilie-Tremblay. Chrystelle siège maintenant au conseil d'administration de l'AFY. Leur rêve est d'avoir une entreprise de traîneaux à chiens ici, au Yukon, mais il n'y a aucun programme pour les aider. Nous ne connaissons aucun moyen pour leur permettre d'avoir un statut plus permanent au Canada. Pour nous, il est important qu'on puisse retenir ce type de personnes.
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Merci, monsieur le président.
Parlons d'immigration francophone. Pendant cinq ans, de 2005 à 2010, l'AFY a offert des services d'établissement en français et en anglais à la population du Yukon.
En 2010, nous avons perdu ce contrat et un organisme anglophone l'a obtenu. Ce dernier n'avait pas l'obligation d'offrir des services en français et ne le fait toujours pas. Depuis 2010, l'AFY s'est heurtée à de nombreuses réticences de la part d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, dont l'acronyme était CIC auparavant.
Quant à la légitimité du besoin de services en français pour les immigrants francophones au Yukon, nous avons dû nous battre pendant deux ans avant d'obtenir un financement minimal afin d'offrir un appui aux immigrants francophones. Ce financement ne nous permettait pas d'engager une personne à temps plein.
Nous avons calculé qu'entre 2012 et 2015, pour faire le même travail que l'AFY faisait, deux organismes francophones des Territoires du Nord-Ouest ont obtenu quatre fois plus de financement. Cela est légitime et permet aux organismes francophones des Territoires du Nord-Ouest d'offrir des services de qualité. Nous ne croyons évidemment pas que ce n'est pas positif qu'ils aient eu autant d'argent. Cependant, nous ne comprenons pas pourquoi il y a une telle différence entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest.
Nous tenons à souligner que, pour l'accueil des immigrants francophones en milieu minoritaire, il est primordial que le service soit offert par la communauté francophone. Le « par » et le « pour » prennent toute leur importance dans le domaine de l'immigration francophone si nous voulons intégrer les immigrants à notre communauté. C'est un peu la même chose qu'avec la petite enfance. Si on ne les rejoint pas tout de suite dès leur arrivée, on les perd à coup sûr. Un organisme anglophone ne va pas diriger les francophones vers la communauté francophone.
Nous avons essayé de faire le maximum avec les ressources disponibles, mais la rétention du personnel est très difficile quand on n'a qu'un poste à temps partiel à proposer. Il est inquiétant de constater que nous sommes toujours obligés de convaincre les fonctionnaires d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada de notre région de la nécessité de soutenir l'immigration francophone au Yukon.
En fait, c'est toujours la même question, à savoir celle de l'oeuf ou de la poule. Les fonctionnaires nous disent que le financement dépend du nombre d'immigrants admissibles qui profitent de nos services. Par ailleurs, nous pensons que, sans un financement et des services adéquats — notamment le travail de promotion et de recrutement —, il est impossible d'atteindre ces chiffres.
Nous tournons donc un peu en rond depuis plusieurs années, en particulier parce que peu d'immigrants potentiels ont entendu parler du Yukon. S'ils en ont entendu parler, ils s'imaginent parfois qu'on vit dans des iglous et que nos rues sont hantées par les ours polaires.
Pourtant, notre modèle offre la possibilité d'avoir tout le continuum de services pour les immigrants, que ce soit de la promotion, du recrutement et de l'accueil ou de l'intégration à la fois sociale, culturelle et économique.
Nous croyons avoir un certain momentum car, comme l'a mentionné M. Nolet, nous participons à Destination Canada pour la première fois depuis 2011 grâce à du financement du gouvernement du Yukon. Notons quand même qu'encore une fois, nous avons dû travailler très fort pour convaincre les autorités de nous appuyer à la suite des compressons de CIC survenues il y a quelques années et qui n'aide plus les provinces et les territoires à financer Destination Canada.
La cible de 4,4 % est une cible du ministère, mais il est essentiel qu'elle soit atteinte. Nous croyons pouvoir être un bon partenaire afin d'atteindre cette cible et d'accroître le nombre d'immigrants francophones au Yukon. L'AFY a récemment publié, comme je vous le disais précédemment, le document intitulé Agir pour une communauté francophone vibrante et dynamique au Yukon. Ce document regroupe les demandes de la communauté franco-yukonnaise destinées aux gouvernements fédéral et territorial ainsi qu'à la Ville de Whitehorse.
En ce qui a trait à l'immigration, l'AFY présenté trois demandes spécifiques: mettre en place une stratégie qui permettra d'atteindre la cible de 4,4 % pour l'immigration francophone au Yukon et d'y inclure tous les éléments du continuum en immigration, soit le recrutement, l'accueil, l'intégration et la rétention. Cette cible est très importante. Pourtant, sans une stratégie et un plan d'action, elle ne sera jamais atteinte. De janvier à septembre 2015, les programmes d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n'ont admis aucun immigrant francophone au Yukon. Il faut que cela change.
L'autre demande que l'on trouve dans notre document est de financer l'AFY afin qu'elle puisse offrir des services en français à temps plein aux personnes immigrantes francophones qui arrivent au Yukon. Tel que mentionné plus tôt, les ressources sont tout de même essentielles pour faire le travail. Les seuls outils de recrutement que nous avons en ce moment sont une page Web et une page Facebook. Nous irons quand même à Destination Canada cette année grâce au financement du gouvernement du Yukon.
De plus, les critères d'IRCC pour les clients admissibles sont très restrictifs. Plusieurs personnes passent par nos bureaux sans être des clients admissibles. Nous les aidons du mieux que nous pouvons sans enfreindre les clauses de nos ententes, mais ils ne comptent pas dans les résultats et le calcul de la charge de travail de nos employés.
Par ailleurs, nous demandons de rendre disponible au Yukon le test de français exigé dans le cadre du processus d'obtention du statut de résident permanent au même coût que le test d'anglais. La situation actuelle est selon nous aberrante. Non seulement le test de français coûte plus cher que celui en anglais, mais il est n'est même pas disponible au Yukon. Quelqu'un qui a besoin de le faire doit donc aller à Vancouver ou à Montréal. Il faut donc ajouter le prix du billet d'avion et de l'hébergement sur place.
Il est évident que le Yukon n'est pas fait pour tout le monde, mais, malgré tout, il y a plusieurs immigrants francophones au Yukon. Ils viennent avec des permis temporaires ou des permis vacances-travail. Ils veulent rester, mais trouver des façons pour le faire est très compliqué pour eux. Le financement d'IRCC devrait permettre aux organismes responsables du recrutement et de l'offre de services aux immigrants de servir toute personne potentiellement intéressée à devenir résidente permanente, y compris les étudiants internationaux.
Enfin, pour conclure, je répète que, pour atteindre la cible identifiée par le gouvernement, il est essentiel de se donner les vrais moyens de l'atteindre. Il ne faut pas que ce soit un voeu pieux de plus. IRCC doit tenir compte des différentes réalités des provinces et des territoires. Un élément important et non négligeable est qu'il ne faut pas voir l'immigration en silo. Il faut encourager une collaboration de tous les intervenants qui oeuvrent à l'accueil et à l'intégration des immigrants francophones.
Encore une fois, nous vous remercions de votre invitation. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.