Monsieur le président, mesdames et messieurs, chers collègues, je vous remercie de m'accueillir à nouveau. C'est très apprécié.
Je suis accompagnée de M. Ahmed Hussen, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, et de représentants de son ministère.
Je vous présente les représentants de mon ministère, le gentil Hubert Lussier, sous-ministre adjoint, Citoyenneté, patrimoine et régions, et le sympathique Jean-Pierre Gauthier, directeur général des Langues officielles.
J'aimerais revenir sur votre rapport qui s'intitule « Vers un nouveau plan d'action pour les langues officielles et un nouvel élan pour l'immigration francophone en milieu minoritaire ». Ce rapport contient de très bonnes recommandations, notamment dans les domaines de la petite enfance et de l'infrastructure. Il souligne aussi le manque de financement pour les organismes communautaires. J'aimerais vous remercier de votre travail.
Nous avons répondu, en partie, à votre rapport. Bien entendu, nous compléterons cette réponse lors de la présentation de notre plan d'action sur les langues officielles qui sera annoncé d'ici la fin de l'année. J'y reviendrai dans quelques instants.
[Traduction]
Permettez-moi d'abord de parler des réalisations récentes de notre gouvernement.
En 2016 se sont déroulées des consultations sans précédent. Bien entendu, comme vous le savez très bien, la Loi sur les langues officielles nous oblige à mener de telles consultations. Celles de 2016 ont été les plus ouvertes de l'histoire de la Loi sur les langues officielles.
Mon équipe et moi avons invité plus d'une centaine d'organisations clés représentant les communautés de langue officielle, ainsi que des organisations qui s'intéressent activement au bilinguisme afin de faire le point sur les consultations. Cela s'est fait en décembre 2016.
Bien des choses ont été accomplies, cette année. Nous avons octroyé au Collège militaire royal de Saint-Jean le statut universitaire. Nous avons nommé un juge bilingue de Terre-Neuve-et-Labrador à la Cour suprême du Canada. Nous avons donné notre appui à l'immigration dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire grâce à de nouvelles initiatives.
De plus, l'automne dernier, le président du Conseil du Trésor Scott Brison et moi avons annoncé que notre gouvernement réviserait le Règlement sur les langues officielles qui régit les communications avec le public et la prestation des services en anglais et en français d'un bout à l'autre du pays.
[Français]
Depuis le début de l'année 2017, nous avons annoncé le rétablissement et la modernisation du Programme de contestation judiciaire. Ce programme restauré et modernisé inclura un financement dédié et l'établissement d'un groupe d'experts dédié aux cas de droits linguistiques.
Nous avons également octroyé 2,4 millions de dollars au Réseau de développement économique et d'employabilité, le RDEE. Cet appui va à un corridor patrimonial culturel et touristique francophone dans le cadre de Canada 150. C'était une demande des ministres provinciaux de la francophonie, et ce, depuis plusieurs années.
En fait, le budget de 2017 inclut: 80 millions de dollars sur 10 ans pour des infrastructures éducatives dans des communautés en situation minoritaire, le premier investissement explicite du gouvernement fédéral dans ce domaine; 2 millions de dollars sur deux ans afin d'accroître la capacité des cours fédérales de rendre les décisions disponibles en français et en anglais; 7,5 millions de dollars par année — en permanence — pour améliorer les services de traduction parlementaire; et l'expansion du crédit d'impôt pour les frais de scolarité afin d'inclure la formation professionnelle en langue seconde.
Par ailleurs, nous avons également ajouté une somme de 2,24 millions de dollars au programme Jeunesse Canada au travail pour des organisations qui font la promotion des langues officielles et qui voient à la vitalité des communautés linguistiques en situation minoritaire. Nous avons financé la Fête nationale du Québec et de la francophonie canadienne à l'échelle nationale dans le cadre des grandes célébrations du 150e anniversaire qui auront lieu le 24 juin.
J'ai travaillé avec mon collègue le ministre sur un nouveau protocole d'entente en matière de petite enfance afin de reconnaître l'importance des services francophones.
J'ai également travaillé de concert avec mes homologues des trois territoires afin de bonifier des ententes pour les services offerts en français.
Enfin, nous avons octroyé une somme de 35 millions de dollars qui sera applicable de 2016-2017 à 2019-2020.
[Traduction]
Enfin, compte tenu de l'importante rétroaction reçue au sujet des enjeux auxquels la communauté anglophone du Québec fait face, mon ministère a entrepris de travailler avec le gouvernement du Québec à la recherche de façons de soutenir la vitalité de cette importante communauté de langue officielle en situation minoritaire.
[Français]
Par ailleurs, le rapport sur nos consultations publiques est maintenant en ligne. J'aimerais, bien entendu, remercier les collègues qui ont participé aux consultations.
J'aimerais aussi m'adresser aux membres des différentes communautés qui y ont pris part. Merci de votre travail très bon et apprécié.
Le rapport est un sommaire des consultations, mais j'aimerais vous rappeler les priorités qui ont été exposées au cours de ce processus: le taux de bilinguisme de la population en général et le désir des Canadiens d'accroître ce taux; le rôle de la petite enfance dans la francisation des étudiants et des étudiantes francophones en situation minoritaire; le rôle de l'immigration dans la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire; les nombreux besoins en matière d'infrastructures communautaires; l'importance de l'accès aux services, ceux souvent offerts par les provinces, les territoires ou le secteur privé; et la pérennité des médias en situation minoritaire.
Pour la première fois, mon ministère a directement consulté chacun des conseils scolaires en situation minoritaire, soit pour les inclure dans des consultations existantes avec les ministres et ministères de l'Éducation des provinces et des territoires, soit à l'aide d'une consultation distincte.
[Traduction]
Pour notre plan d'action à venir, notre gouvernement a décidé d'assumer un rôle de leadership plus important en matière de langues officielles, après 10 années d'inaction. Les gouvernements libéraux ont toujours adopté des mesures concrètes en matière de langues officielles, comme en font foi les efforts relatifs à la Manitoba Schools Act, la Loi sur les langues officielles, la Charte ou le plan Dion. Dans les mois à venir, nous allons publier un nouveau plan d'action sur les langues officielles fondé sur des discussions détaillées avec les intervenants et les communautés. Dans ce plan, nous allons réaffirmer notre engagement aux trois grands rôles du gouvernement fédéral en matière de langues officielles.
Premièrement, nous allons accroître le bilinguisme. Nos deux langues officielles définissent notre pays. Elles constituent un aspect central de notre identité et de notre avenir.
[Français]
Le deuxième axe est la vitalité des communautés linguistiques en situation minoritaire. Il faut donc s'assurer qu'il y une vitalité au sein de la communauté d'expression anglaise du Québec, mais également au sein des communautés francophones dans le reste du pays.
Le troisième axe, qui nous préoccupe particulièrement comme gouvernement, consiste à être un gouvernement exemplaire qui montre la voie à suivre dans le domaine des langues officielles. Un nouveau plan d'action pour les langues officielles sera en place dès le 1e avril 2018. Comme je vous l'ai dit plus tôt, j'aurai l'occasion d'annoncer ce plan d'ici la fin de l'année.
Beaucoup de travail a été fait, mais comme vous le voyez, il nous reste du pain sur la planche. Nous aurons beaucoup d'occasions de travailler ensemble.
Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
[Traduction]
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par souligner le travail de ma collègue Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien, sur le dossier des langues officielles. J'aimerais également souligner les efforts soutenus de mon collègue Serge Cormier, mon secrétaire parlementaire, qui est également un important champion de l'immigration francophone.
[Traduction]
Je tiens également à remercier le Comité pour tout son travail dans la préparation du rapport intitulé Vers un nouveau plan d’action pour les langues officielles et un nouvel élan pour l’immigration francophone en milieu minoritaire.
[Français]
Mon discours d'aujourd'hui portera sur la réponse du gouvernement à ce rapport, et sur les façons dont Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada travaille dans le but d'améliorer l'immigration francophone en milieu minoritaire.
[Traduction]
Notre gouvernement reconnaît que la nature bilingue de notre pays renforce l'économie et la société, et il souhaite que les communautés francophones du Canada continuent de prospérer partout au pays.
[Français]
À cette fin, nous pensons que l'immigration a un rôle important à jouer dans l'avenir des communautés francophones en situation minoritaire du Canada.
[Traduction]
Cela comprend les efforts continus pour atteindre notre objectif d'immigration économique francophone à l'extérieur du Québec, qui correspond à 4 % des immigrants de la catégorie économique d'ici 2018.
Monsieur le président, permettez-moi de faire une pause pour vous dire qu'en priorité, je ne cherche pas seulement à atteindre cet objectif, mais j'encourage aussi mon ministère à le dépasser. Nous ne respectons pas cet objectif actuellement, mais nous avons entrepris certaines initiatives visant à accroître l'immigration francophone à l'extérieur du Québec.
[Français]
Par exemple, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada fait régulièrement la promotion des communautés francophones auprès des ressortissants étrangers francophones au Canada et à l'étranger. Nos missions encouragent les ressortissants étrangers francophones qui souhaitent immigrer au Canada à envisager de s'établir dans les communautés francophones hors Québec.
[Traduction]
Nous avons aussi lancé en juin 2016 le programme Mobilité francophone, qui est un nouveau volet du Programme de mobilité internationale. Dans le cadre de ce volet, les employeurs sont exemptés du processus d'étude d'impact sur le marché du travail quand ils embauchent à titre temporaire des travailleurs d'expression française étrangers pour des emplois de gestion, des emplois professionnels et des emplois spécialisés au sein de communautés francophones à l'extérieur du Québec. Cette initiative est vraiment importante.
[Français]
Il sera ainsi plus facile pour les employeurs de recruter efficacement des travailleurs étrangers francophones pour des emplois hautement qualifiés, sur une base temporaire. Nous savons que de nombreux demandeurs de résidence permanente dont la demande est acceptée commencent comme travailleurs temporaires au Canada. Il incombe donc aux employeurs, aux collectivités et aux gouvernements de travailler en étroite collaboration pour veiller à ce que le nouveau volet Mobilité francophone soit utilisé de manière efficace.
[Traduction]
L'objectif ultime de ce programme est de retenir les nouveaux travailleurs d’expression française dans les communautés francophones à l'extérieur du Québec, partout au pays.
Nous savons que les étudiants forment un autre groupe important de personnes qui pourraient aussi vouloir faire la transition vers la résidence permanente. Nous savons aussi que leur maintien aiderait considérablement les communautés francophones en situation minoritaire à l'échelle du Canada. En fait, les étudiants diplômés des collèges et des universités dans les communautés francophones ont créé des réseaux, amélioré leurs compétences linguistiques et tissé des liens dans la collectivité.
Les étudiants et les travailleurs temporaires ne sont que quelques exemples des groupes qui profiteront des modifications apportées récemment au système Entrée express et qui peuvent aider les candidats francophones en augmentant leurs chances d'être invités à présenter une demande. Avec les modifications apportées, on octroie maintenant des points supplémentaires à certains anciens étudiants étrangers au Canada; on a rééquilibré le système en réduisant les points relatifs à une offre d'emploi valable et on a ajouté certaines dispenses de l’étude d'impact sur le marché du travail généralement nécessaire pour justifier une offre d'emploi, y compris une exemption liée aux permis de travail délivrés dans le cadre du programme Mobilité francophone.
De plus, depuis le 6 juin, nous octroyons des points supplémentaires aux candidats à l'Entrée express qui possèdent de solides compétences en français, et encore plus de points aux candidats à l’Entrée express qui possèdent de solides compétences en français et une certaine maîtrise de l’anglais.
[Français]
En 2016, 2,9 % de tous les immigrants admis au Canada aux termes d'Entrée express étaient francophones.
[Traduction]
Les prévisions donnent à croire que ces modifications profiteront aux candidats à l’immigration d’expression française qui se classent favorablement dans le bassin Entrée express.
[Français]
J'encourage donc les employeurs des communautés francophones à embaucher des candidats du bassin pour s'assurer que les candidats francophones s'établissent dans leur communauté.
[Traduction]
J’aimerais également mentionner notre Programme pilote d’immigration au Canada atlantique. Bien qu’il n’ait pas été spécialement conçu pour attirer des immigrants d’expression française, ce programme peut aider les communautés francophones du Canada atlantique à attirer de nouveaux arrivants. Le programme pilote se démarque dans le sens qu’il s’agit du premier programme d’immigration au Canada à être mené par les employeurs. Ceux-ci, de concert avec les gouvernements fédéral et provinciaux et les fournisseurs de services d’établissement aux immigrants, déploient beaucoup d’efforts pour attirer et garder les employés nouveaux arrivants et leurs familles. Pour la première fois, l’employeur participe à l’établissement non seulement des immigrants qualifiés, mais aussi de leurs familles. On espère que cela permettra le maintien d’un plus grand nombre d’immigrants qualifiés au sein des communautés francophones du Canada atlantique.
Le programme qui vise l’Atlantique prévoit le traitement prioritaire des demandes de résidence permanente et n’exige pas que les employeurs réalisent une étude d’impact sur le marché du travail pour les emplois offerts aux travailleurs qualifiés ou aux diplômés étrangers dans le cadre des nouveaux programmes pilotes. L’employeur doit aider les immigrants qualifiés et leurs familles à établir un plan d’établissement, prendre des mesures pour garder les immigrants et créer un environnement accueillant pour eux. En échange de cela, le gouvernement fédéral exempte l’employeur de devoir réaliser une étude d’impact sur le marché du travail, ce qui peut être onéreux et prendre beaucoup de temps. Ce programme mise sur une meilleure coordination pour cerner les besoins du marché du travail des régions et approuver les candidats qui répondent à ces besoins. C’est un programme qui a été conçu spécialement pour répondre aux enjeux liés à la démographie et au marché du travail du Canada atlantique. Il profitera aussi aux communautés francophones du Canada atlantique.
Chaque demandeur principal aura, à son arrivée dans le Canada atlantique, une offre d’emploi et un plan d’établissement individuel pour lui et les membres de la famille qui l’accompagnent. Il sera dirigé vers des services qui favoriseront son intégration et son maintien dans le Canada atlantique. Je le répète: le programme n’a pas été spécialement conçu pour attirer de nouveaux arrivants d’expression française, mais il donne aux provinces de l’Atlantique l’occasion de travailler en collaboration avec les employeurs afin d’attirer et de retenir de nouveaux arrivants francophones.
Cet automne, nous prévoyons également de mettre en oeuvre un autre changement qui nous aidera à accroître nos efforts de promotion. Nous allons envoyer des messages ciblés aux candidats francophones faisant partie du bassin Entrée express. Ces messages informeront les candidats potentiels de la possibilité de vivre dans une communauté francophone à l’extérieur du Québec et leur fourniront des renseignements sur les services mis à leur disposition pour favoriser leur intégration, leur établissement et leur succès au Canada. Ce dernier élément est extrêmement important. Pour attirer un plus grand nombre de nouveaux arrivants d’expression française dans les communautés francophones en situation minoritaire, ces derniers doivent impérativement savoir qu’ils pourront bénéficier du soutien dont ils ont besoin pour s’y établir. C’est un aspect de l’établissement pour lequel nous comptons beaucoup sur les partenariats et la collaboration.
[Français]
Nous pourrons y arriver notamment grâce à l'excellent travail des 14 réseaux d'immigration francophone qui reçoivent des subventions d'IRCC.
[Traduction]
De concert avec des partenaires locaux et régionaux, les Réseaux en immigration francophone ont mobilisé des acteurs communautaires et des représentants des gouvernements, ce qui a permis d’accroître la qualité des services offerts aux nouveaux arrivants francophones.
Nous procédons aussi à l'essai d’un nouveau service appelé Arrimages francophones, dans le cadre de notre Programme d’établissement.
[Français]
Ce service permettra aux immigrants d'expression française de tisser des liens solides avec les communautés francophones locales et régionales.
[Traduction]
Pour ce faire, on offrira des services directs aux immigrants d'expression française ou on les mettra en contact avec d'autres services d’intégration offerts dans la communauté.
[Français]
Ce type de collaboration est de plus en plus important pour l'atteinte de nos objectifs.
[Traduction]
J’aimerais également mentionner que nous faisons de notre mieux pour appuyer les communautés anglophones du Québec. Récemment, mon secrétaire parlementaire, Serge Cormier, et moi-même sommes allés au Nouveau-Brunswick où nous avons participé à un forum historique sur l’immigration francophone — le premier de l’histoire du Canada — réunissant les ministres des provinces et des territoires, et deux ministres fédéraux: le et la .
[Français]
J'ai eu de bonnes discussions avec mes collègues des provinces responsables des enjeux liés à l'immigration et aux francophones.
[Traduction]
Je me réjouis à la perspective de poursuivre les discussions avec eux, et je me réjouis également à l'idée de poursuivre l'engagement...
:
Bonjour, madame la ministre, monsieur le ministre. Soyez les bienvenus à notre comité indépendant des langues officielles.
Je vous remercie de nous avoir fourni le rapport. Cela dit, comme vous nous l'avez remis il y a une heure seulement, nous n'avons pas eu le temps de le lire, ce qui est malheureux. Nous aurions aimé l'obtenir un peu plus tôt afin de prendre connaissance de son contenu. Je me permets de vous le mentionner parce qu'habituellement, on nous fournit de tels documents un peu à l'avance.
Plusieurs questions me viennent en tête, mais je tiens d'abord à vous dire que l'un de vos propos m'a fait sursauter, madame Joly. Vous avez parlé d'inaction et du fait que cela avait duré 10 ans. La présente séance est télévisée, mais je tiens à dire que je n'accepte pas ces propos. Il y a 10 ans, je faisais partie du Comité permanent des langues officielles. Notre gouvernement faisait peut-être les choses différemment, mais on ne peut pas parler d'inaction. À cet égard, je tiens à remettre les pendules à l'heure.
Cela étant dit, j'ai regardé le nouveau plan d'action que vous proposez. Le premier axe de ce plan est le bilinguisme individuel. Aujourd'hui, en 2017, c'est très important, surtout quand on travaille sur la Colline du Parlement. C'est une perspective intéressante, et je vous en félicite.
Le deuxième axe est la vitalité des communautés francophones et des communautés anglophones. Je trouve cela très intéressant également. Or une motion visant justement à demander au premier ministre de rencontrer ces communautés a été présentée ici, mais les gens de l'autre côté de la table s'y sont opposés. J'aimerais clarifier cela parce qu'il serait important de rencontrer ces gens. Nous recevons des appels téléphoniques tous les jours. Même si nous faisons partie de l'opposition, nous essayons de faire en sorte que le travail se fasse de façon positive et non partisane.
On dit ce qui suit au sujet du troisième axe: « C'est celui d'un gouvernement exemplaire, qui montre la voie a suivre dans le domaine des langues officielles. »
Ce principe aurait dû être appliqué dans le cadre de la nomination de Mme Meilleur. Cela aurait peut-être suscité plus de collaboration de notre part.
Certaines personnes qui travaillent dans le domaine de l'immigration et qui ont comparu devant notre comité nous ont parlé de problèmes de structure dans les communautés. Avant ou après les Fêtes, certains nous ont dit que, dans certaines communautés francophones, c'était la communauté anglophone qui recevait le financement alors que la communauté francophone disposait déjà de toutes les structures nécessaires pour accueillir les immigrants.
Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette situation?
Tout d'abord, j'aimerais remercier mon collègue M. Hussen du fait d'avoir si bien parlé français. On constate l'importance du bilinguisme sur la Colline, justement, quand on prend l'exemple de M. Hussen, qui suit des cours de façon intensive présentement.
Je suis également heureuse que vous ayez tous reçu le rapport. J'aimerais rappeler le fait que, lors des consultations du gouvernement précédent, le rapport avait été rendu public à peine avant l'annonce du plan d'action. De notre côté, nous avons voulu faire les choses autrement et vous l'envoyer, pour que vous puissiez l'étudier plusieurs mois à l'avance, et ce, avant la présentation de notre plan d'action.
En ce qui concerne le changement de vision au sujet des langues officielles, voici ce qui est très certainement arrivé au cours des dernières années. Peu à peu, les langues officielles ont été limitées au ministère du Patrimoine canadien. Nous avons voulu faire preuve de leadership et rétablir leur importance partout au gouvernement.
Nous l'avons fait de différentes façons, que cela soit en matière de défense — l'accréditation universitaire pour le Collège militaire de Saint-Jean —; d'immigration — mon collègue va pouvoir répondre davantage à votre question par la suite —; des infrastructures — 80 millions de dollars en 10 ans pour des infrastructures communautaires —; de justice — le rétablissement du Programme de contestation judiciaire et la nomination d'un juge bilingue à la Cour suprême —; de la petite enfance, grâce au protocole annoncé par mon collègue ; de la révision du Règlement sur les langues officielles en coopération avec le ministre , du Conseil du Trésor; et en matière de sécurité publique, pour s'assurer que la GRC ait des agents bilingues sur la Colline du Parlement. Je pourrais apporter encore d'autres exemples.
Tout cela s'est fait en 18 mois. C'est pour cela que je suis très fière de ce que nous avons pu accomplir au cours des 18 derniers mois. Bien entendu, avec l'annonce du plan, nous allons continuer à faire preuve de leadership de façon très prononcée.
J'espère pouvoir continuer à travailler avec vous, mes collègues du Comité permanent des langues officielles, parce que vous faites du très bon travail chaque fois que j'étudie cette question.
Je vais maintenant laisser la parole à mon collègue M. Hussen.
:
Monsieur le président, je remercie Mme la ministre et M. le ministre d'être ici avec nous.
Tout comme vous, monsieur le président, je dis « bravo » à l'équipe qui a réuni tant de gens ici. Il n'est pas facile de faire ce que nous faisons aujourd'hui et de recevoir deux ministres pour répondre à notre rapport.
Nous avons travaillé au rapport durant plusieurs mois, en ce qui concerne le futur plan d'action et l'immigration. C'est un enjeu très important, et le fait que ce soit un rapport unanime du Comité démontre son importance. Il contient 16 recommandations. J'aimerais vraiment en cibler deux.
Je vais discuter de la première avec M. Hussen et de l'autre avec Mme Joly.
Monsieur le ministre, en ce qui concerne l'immigration francophone, vous le savez, la cible est d'environ 4 %, au Canada. Malheureusement, cette cible n'a jamais été atteinte, loin de là. Le taux énoncé dans la dernière étude est d'environ 1,4 %.
Avant de vous poser ma question, j'aimerais vous féliciter de la restauration du volet Mobilité francophone. Cela va être très utile. Il y a également l'ajout de points additionnels au système Entrée express qui va beaucoup contribuer à améliorer la situation. Il s'agit là d'efforts concrets. Votre présence au Forum ministériel sur l'immigration francophone à Moncton, en compagnie de votre secrétaire parlementaire, était très importante. J'ai eu bien des échos très positifs à ce sujet.
Toutefois, étant donné que nous avons beaucoup de difficulté à atteindre l'objectif de 4 %, on nous a dit, ici, en comité, qu'il serait peut-être bon d'avoir, au sein du ministère, quelqu'un de responsable et de redevable en ce qui a trait à l'atteinte de cet objectif. Cela ne serait plus seulement l'un des objectifs internes du ministère, mais il y aurait une personne responsable et redevable vis-à-vis l'atteinte de cet objectif. Cela pourrait être soit un directeur général, soit un sous-ministre. On ne sait pas vraiment comment cela prendrait forme. Toutefois, comme il est dit dans la recommandation 15, nous voulons un principe d'égalité réelle appliqué à l'ensemble des programmes du ministère, en ce qui touche les langues officielles du Canada.
J'aimerais vous entendre, monsieur le ministre, au sujet de la recommandation 15 que nous avons présentée.
:
Dans le cadre des consultations publiques, on a clairement entendu que les questions de l'immigration et de la petite enfance étaient importantes.
J'aimerais remercier aussi mon collègue le secrétaire parlementaire M. Sean Casey qui travaille très fort sur tous ces dossiers.
En ce qui a trait à la petite enfance, nous avons fait déjà deux choses avant même d'annoncer le plan.
La première chose que nous avons faite se trouve dans le budget de 2017. En effet, on a annoncé 80 millions de dollars sur 10 ans pour des infrastructures communautaires qui ont pour but de soutenir la vitalité des communautés linguistiques en situation minoritaire, qu'il s'agisse de garderies, de centres culturels ou de centres scolaires communautaires. On sait que cela va aider les communautés de façon générale et donner une infrastructure intéressante. Nous sommes en discussion avec les provinces et les territoires relativement à leurs demandes et à la gestion de celles-ci.
C'est un exemple de leadership horizontal, parce que j'ai travaillé très fort avec mon collègue le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, M. Amarjeet Sohi, pour veiller à ce qu'il y ait des fonds dédiés au sein de l'enveloppe d'infrastructures communautaires.
En matière de petite enfance, comme vous l'avez vu, notre collègue M. Duclos a fait une annonce importante cette semaine . Il s'agit de 7,5 milliards de dollars sur 11 ans et un cadre national en matière de petite enfance.
En ce qui a trait à ce cadre, il y a une mention directe de l'importance d'avoir des services en matière de petite enfance pour contrer l'assimilation des communautés francophones et d'assurer une continuité de l'éducation chez les enfants issus des différentes communautés linguistiques en situation minoritaire. Maintenant que le cadre est mis en place, une chose est très importante. Je fais le suivi avec le ministre Duclos sur cette question, c'est-à-dire de s'assurer que, dans le cadre des ententes bilatérales avec les provinces, il y a des cibles concrètes qui pourront être mises en place.
En fait, il va de soi, pour nous, que la question d'accroître notre leadership en matière de langues officielles est la responsabilité du gouvernement fédéral. Pas plus tard que la semaine passée, j'ai annoncé l'octroi de 2,24 millions de dollars pour 280 nouveaux emplois-jeunesse pour six organisations qui oeuvrent dans le secteur des langues officielles.
Une autre percée est très importante: nous avons mis 35 millions de dollars sur la table pour les trois territoires — le Nunavut, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest — pour améliorer les services en français là-bas. On parle de 35 millions de dollars, de 2016-2017 à 2019-2020. Cela s'étend sur trois ans, et c'est beaucoup d'argent.
De façon générale, lors de la dernière rencontre fédérale-provinciale des ministres de la francophonie et des langues officielles, nous avons clairement voulu mettre en avant l'importance du développement économique au sein des communautés linguistiques en situation minoritaire et le soutien au tourisme.
Le circuit touristique francophone est une demande qui date de plusieurs années. Finalement, dans le contexte du 150e anniversaire, nous avons annoncé un financement important pour la création du corridor touristique.
J'ai parlé un peu plus tôt de prestation de services bilingues. Nous avons imposé un moratoire sur la fermeture des centres de services bilingues. Au Bureau de la traduction, nous avons arrêté les compressions. C'est pour veiller à ce qu'on offre des services dans la langue de son choix, mais aussi pour faire en sorte que que ceux-ci soient rendus par des êtres humains compétents. Chacun sait que la fonction publique fédérale est reconnue en matière de traduction partout dans le monde, étant donné notre leadership en matière de langues officielles.
J'ai parlé plus tôt de la question du travail avec Jody Wilson-Raybould pour le Programme de contestation judiciaire, pour la nomination d'un juge bilingue à la Cour suprême et pour l'immigration. Bref, il y a de nombreux dossiers.
J'ai travaillé énormément avec mes collègues pour y arriver, faire preuve de leadership et agir au même moment où on travaillait sur le prochain plan. Vous savez, la feuille de route qui est en vigueur présentement a été développée par le précédent gouvernement. Elle va de 2013 à 2018.
:
Merci pour la question, monsieur le député.
La réunion que nous avons tenue à Moncton à la fin mars a marqué un point tournant, car nous avons tous convenu, le fédéral comme les provinces, que nous devrions collaborer sur le plan non seulement des services d'intégration et d'établissement, mais aussi de la promotion afin d'attirer un plus grand nombre d'immigrants francophones au Canada. Une des façons dont nous voulons accélérer ce travail, c'est en nous réunissant une fois par année plutôt qu'une fois tous les deux ans afin d'améliorer la coordination.
Nous collaborons avec les groupes qui font la promotion et nous nous sommes engagés à continuer de travailler avec eux. Comme je l'ai déjà dit, en ce qui touche les immigrants qualifiés et les immigrants économiques, le ministère tient à veiller à ce que tous les efforts promotionnels incluent et élargissent les possibilités de cibler les immigrants francophones et de les attirer au Canada. Nos projets pilotes vont aussi en ce sens, par exemple, le programme pilote en matière d'immigration dans l'Atlantique, et j'ai déjà parlé des autres changements.
De façon générale, même par rapport aux étudiants étrangers, lorsque je voyage à l'extérieur du Canada, j'essaie de vendre le Canada comme destination pour les étudiants étrangers. Je parle de nos universités et de nos collèges de calibre mondial, mais aussi de nos centres de recherche. En outre, je souligne toujours que nous avons des établissements francophones dynamiques qui peuvent accueillir les étudiants étrangers d'expression française. J'espère que nous réussirons à attirer beaucoup plus de gens que dans le passé.
:
Je vous ai félicité pour votre travail parce que je crois vraiment que vous faites du bon travail. Je reconnais l'apport de tous les membres du Comité.
En matière de bilinguisme, de façon générale, on peut toujours faire mieux et, au pays, c'est un défi constant. Je l'ai dit à plusieurs reprises. C'est pourquoi le Comité est si important et c'est pour cela que tous les alliés des langues officielles sont importants, peu importe le parti.
Par ailleurs, je pense que, étant donné qu'il y a eu une baisse du financement au cours des dernières années et une baisse, je pense, de l'importance des langues officielles, il y a eu nécessairement une baisse des capacités du gouvernement.
Récemment, lorsque j'ai donné une conférence à tous les hauts fonctionnaires au pays, je leur ai lancé un cri du coeur. Je leur ai dit que, partout au sein du gouvernement et de la fonction publique, on doit à nouveau valoriser les langues officielles et en souligner l'importance. Je pense que ce travail doit être fait en collaboration.
Je pense aussi que tous, au sein de la fonction publique, du gouvernement et de l'opposition, nous pouvons faire mieux relativement à la question du bilinguisme et des langues officielles au pays.
Je passe maintenant à M. Hussen.
Monsieur Hussen, vous me dites qu'il y a déjà une politique en place sur l'immigration « visant à accroître le poids démocratique des communautés linguistiques en milieu minoritaire », comme le demande la recommandation 10 du rapport du Comité.
Comment se fait-il que, lorsque des milliers de Syriens sont arrivés au pays, rien n'ait été prévu ou préparé en fonction de leur arrivée, que les communautés de langues officielles n'aient pas été consultées et que, partout au Canada, les communautés se soient rendu compte qu'elles n'étaient pas prêtes à les prendre en charge? Au Nouveau-Brunswick, par exemple, une plainte a été déposée auprès du Commissariat aux langues officielles, qui a répondu que, effectivement, les communautés n'étaient pas prêtes et que rien n'avait été fait. Par conséquent, la plainte s'est avéré fondée et le gouvernement a maintenant le devoir de s'assurer que, lorsque des réfugiés sont dirigés vers certains endroits, les communautés sont consultées.
Avez-vous fait votre travail? Avez-vous mis en place une politique en vue de consulter tous les gens qui s'occupent de l'immigration, au sein des communautés, lorsque des réfugiés arrivent au Canada?